Six mois après la sortie de l’Electribe 2, c’est au tour de l’Electribe Sampler, la version échantillonneur, de pointer le bout de ses samples. Qu’apporte-t-elle de différent ?
Depuis plus de quinze ans, les Electribe font les beaux jours de la scène EDM. Généreuses en commandes, solides, elles s’adressent tout particulièrement aux DJ et/ou musiciens live qui aiment donner du spectacle. Déclinées en quatre versions après l’introduction de la première en 1999, les Electribe se sont ensuite fondues en deux modèles, l’un orienté synthèse, l’autre sampling. Déjà en 2003, les EMX représentent une montée en gamme, avec leur moteur audio vitaminé et leur cosmétique très soigné. Il faudra alors attendre plusieurs années pour qu’une évolution majeure pointe le bout de ses potentiomètres. Et c’est à la rentrée 2014 que Korg a annoncé le lancement de deux toutes nouvelles Electribe, revues de fond en comble : l’Electribe 2 et l’Electribe Sampler. Nous avons testé la première fin 2014 et c’est maintenant au tour de la seconde de rejoindre le studio. Cette fois, c’est un modèle commercial, avec un OS abouti, que nous avons eu entre les oreilles…
Petit noir
À part la couleur noire, L’Electribe Sampler a la même cosmétique et mécanique que l’Electribe 2. Nous allons donc reproduire en grande partie la description du test initial.
Avec toutes ses commandes en façade, l’Electribe Sampler est faite pour les tripoteurs. On trouve d’abord 5 gros encodeurs éclairés à leur base (data, forme d’onde de l’oscillateur, fréquence de coupure du filtre, type de modulation et type d’effet d’insertion) ; l’encodeur de filtre est lisse, alors que les autres sont crantés ; le choix de mettre un encodeur sur le filtre est judicieux, puisqu’il permet un contrôle direct sans rupture de la fréquence de coupure. 13 potentiomètres plus classiques les accompagnent, certains crantés en leur centre lorsqu’ils pilotent une valeur bipolaire. Korg a prévu 3 modes de réponse pour les potentiomètres : saut, seuil et relatif, merci. Côté boutons, nous sommes tout aussi gâtés, puisqu’il y en a 34 en caoutchouc (certains lumineux bicolores). S’y ajoutent 16 pads éclairés au centre par deux LED indiquant leur statut (en rouge) et/ou la piste sélectionnée (en bleu) ; ils sont dynamiques et répondent agréablement à la vélocité de frappe (lorsqu’on active l’option).
Nous n’avons pas oublié le LCD et le Touch Pad un peu granuleux, répondant correctement à la frappe et au déplacement. Il peut déclencher le son de la piste sélectionnée (coup unique ou répété) ou moduler l’effet maître suivant deux paramètres prédéfinis (axes X/Y). La qualité de construction est quasi irréprochable : coque en alliage métallique embouti bien dur (seule la plaque du dessous est en plastique bien rigide), encodeurs et potentiomètres bien ancrés, écran visible sous des angles confortables, pads très expressifs en caoutchouc… la réponse des boutons poussoirs est cette fois irréprochable (ce qui tend à prouver qu’il s’agissait d’un problème d’OS primitif que nous avions relevé dans notre test de l’Electribe 2). La sérigraphie blanche sur fond noir est bien visible cette fois aussi, même en lumière tamisée… on a vu moins visible !
Entrée sampling
Toute la différence Pour les plus pressés, voici un condensé des différences plus ou moins subtiles entre les Electribe 2 et Electribe Sampler. En fait, les deux machines sont à la fois proches et différentes (donc complémentaires, bien vu Korg !) ; elles partagent désormais le même manuel (mais pas le même guide des paramètres). Voici donc ce qui les différencie : L’Electribe 2 possède 409 ondes (dont des multisamples) et 200 motifs d’usine, contre 421 ondes (mais pas de multisamples) et 150 motifs pour l’Electribe Sampler. L’Electribe 2 modélise les filtres de machines vintage (MS20, Minimoog, SEM, Prophet-5, TB-303) soit 16 filtres en tout, pas l’Electribe Sampler qui se contente de 3 filtres de base « Electribe ». L’Electribe Sampler est la seule capable d’échantillonner et importer/exporter ses samples. Elle possède en outre une mémoire de 499 samples utilisateur (270 secondes en Flash Ram). Lorsque l’oscillateur est un sample, le paramètre Osc Edit module le point de début et le sens de lecture, tandis que le paramètre DR de l’enveloppe se transforme en temps de lecture (Gate). |
À l’arrière, la connectique est plutôt basique ; seulement 2 sorties audio gauche/droite en jack 6,35 mm, insuffisant compte tenu des 16 pistes que l’Electribe Sampler est capable d’envoyer en même temps. Toutes les autres prises sont au format mini-jack : l’entrée audio (pour le sampling et le traitement de signaux externes via filtres/effets), le duo d’entrée/sortie Synchro (l’entrée pouvant également recevoir des données de séquences ou des mises à jour d’OS), le duo d’entrée/sortie MIDI (2 cordons mini-jack vers DIN femelle sont heureusement fournis dans la boîte) et la prise casque stéréo. Sans oublier la borne pour alimentation externe fournie, de type bloc à l’extrémité comme on n’aime pas vraiment…
Sur le flanc gauche, on trouve un connecteur micro-USB (transmission de données MIDI uniquement) et un lecteur de cartes SD/SDHC (capacité de 512 Ko à 32 Go). Autant l’Electribe 2 n’a pas besoin de 32 Go pour vivre, autant nous l’apprécions particulièrement ici avec l’Electribe Sampler pour sauvegarder nos banques de samples. Sous la machine, une trappe permet d’accueillir 6 piles de type AA, pour une autonomie totale, du moins pendant les 5 heures annoncées avec des piles alcalines. Ah oui, nous allions oublier les 4 LED multicolores du dessous qui clignotent inutilement en rythme, comme si on allait lever l’Electribe Sampler sur scène ou la poser sur une table en verre : pour les désactiver, il faut passer en mode économie d’énergie, mais du coup l’intensité lumineuse du LCD baisse ; on n’a heureusement plus le balayage désagréable d’écran que nous avions constaté sur l’Electribe 2 en mode d’économie d’énergie… mais toujours pas d’option « F.cking Fricking LEDs disable » dans l’OS actuel !
Entre les mains
La prise en main était un point fort des Electribe, cette nouvelle incarnation ne vient pas ternir la réputation de la famille. Nous l’avons dit, l’essentiel des commandes est directement accessible en façade. Il y a également des raccourcis avec la touche [Shift], il faudra juste les mémoriser dans sa tête, car ils ne sont pas sérigraphiés. Les commandes de transport se trouvent sous l’écran et les fonctions d’édition juste à droite (navigation, entrée/sortie, valeurs, écriture). Les sections de synthèse et d’effets sont facilement repérables, avec de gauche à droite : oscillateur, filtre, modulation, ampli, effets. Juste en dessous, on trouve une série de touches de fonction : choix de la piste (touches < >), coupure de piste, effacement de piste, déclenchement de son, activation du pas, mode accord, mode clavier, saut direct sur un pas, lancement de motifs (pour enchaîner directement 4 ensembles de 16 motifs).
Les 16 pads sont alignés sur 2 rangées, comme la Tempest de DSI, ce qui nous semble une disposition intelligente (le top étant d’avoir des pads ET une rangée pour les pas, comme sur l’Analog Rytm). En mode accord, un pad peut jouer jusqu’à 4 notes simultanées suivant un réglage prédéfini (5 types seulement). En mode clavier, les 16 pads suivent une échelle de tempérament prédéfinie (35 types), avec une note de référence programmable et une transposition sur plus ou moins 4 octaves. Là encore, on peut jouer jusqu’à 4 notes, mais on doit se contenter de paraphonie (filtre, ampli, enveloppe, IFX communs). Les volumes de sortie et d’entrée audio disposent de leur propre potentiomètre ; ce n’est pas le cas pour le tempo, que l’on règle avec l’encodeur après avoir appuyé sur [Shift] + [Tap], ou en tapant 2 fois sur [Tap]. Certains réglages (pistes, motifs, généraux) se font via les menus. L’écran affiche le nom des motifs, les valeurs du paramètre en cours d’édition et les pages de menu. On y navigue facilement avec des touches de déplacement, [Enter]/[Exit] et l’encodeur. L’arborescence est courte (un seul niveau le plus souvent), tant mieux.
Envoyez la purée
Comme l’Electribe 2, l’Electribe Sampler est un séquenceur à motifs 16 pistes. Chaque piste comprend le réglage des samples, sons et effets, le statut des pas et les mouvements des paramètres. La polyphonie est de 24 notes maximum, suivant les types de son, filtre et effets utilisés. On trouve en mémoire 419 sons d’usine réinscriptibles, décomposés en 16 formes d’onde synthétiques modélisées et 413 échantillons : 37 Kicks, 44 caisses claires, 12 claps, 37 hi-hats, 8 cymbales, 77 pêches, 31 voix, 37 effets, 10 Toms, 31 percussions, 15 phrases, 33 boucles et 31 instruments PCM. Les 16 ondes synthétiques sont différentes déclinaisons (solo, unisson, synchro) d’ondes de base modélisées (dent de scie, impulsion, triangle, sinus) et de bruits (blanc, rose, Lo-fi, résonant). Les samples sont très orientés musiques qui bougent (en coup unique, en boucles liées ou passées au Time Slice), ce qui est bien l’objet de la machine. Les PCM sont de simples sons instrumentaux non multisamplés : piano, EP (Rhodes, Wurlitzer, Clavinet), orgue, guitares, basses, flûtes, saxes, cuivres, cordes, voix et cloches. Plutôt gadgets qu’autre chose, car assez peu jouables au-delà de la note de référence. L’entrée audio peut également être choisie comme base d’oscillateur, en mono ou stéréo, pour traiter un signal externe via les filtres et les effets internes. Comme pour l’Electribe 2, les niveaux audio sont très élevés et il n’y a pas le moindre souffle.
Côté motifs, on trouve 250 emplacements, dont 150 sont préchargées d’usine. Ce sont essentiellement des boucles typées EDM et dérivés (pardon encore pour le raccourci…). Elles sont pour la plupart très bien programmées et représentatives de ce que la machine est capable de produire ; ce ne sont pas des gadgets ou du remplissage sonore comme on trouve souvent à la concurrence. On pourra avantageusement s’en inspirer pour ne pas partir de zéro et récupérer quelques programmes sonores au passage, puisqu’il n’y a pas de bibliothèque de sons indépendante. Dernier point important sur cette partie consacrée aux essais audio : sur l’Electribe 2 de pré-série que nous avions testée, nous avions signalé un problème de transitions audibles entre les motifs, le temps que le DSP recalcule les nombreux paramètres de synthèse et d’effets, au moment de la bascule d’un ensemble de réglage à un autre. Ce n’est plus du tout le cas depuis l’OS 1.03, et l’OS 1.06 qui équipe notre Electribe Sampler fait preuve d’une robustesse sans faille dans la transition des motifs. Enfin !
- Advisory 00:52
- AtlanticSun 01:05
- BackStreet 01:07
- BeatDaRapper 01:11
- Bop 00:36
- Bujinkan 00:43
- HereIsJungle 01:06
- Hopback 00:59
- Jamaica 01:15
- Kitty 00:53
- Tatler 00:38
- Volcano 00:43
- XcrossAlert 00:57
- You 00:59
- Zampa 00:52
Sampling en série
L’Electribe Sampler, comme son nom l’indique, est un échantillonneur à part entière. La source est soit externe (capturée via l’entrée stéréo) ou interne (resampling des sorties stéréo ou d’une piste rythmique spécifique). La machine permet de stocker 270 secondes en mono (ou la moitié en stéréo), en 16 bits/48 kHz ; c’est assez peu de nos jours, surtout pour les amateurs de boucles ; cela oriente un peu la machine sur des samples à coups uniques. Pour sampler, on commence par régler le signal à l’aide du niveau d’entrée et de l’indicateur de saturation. En appuyant sur [Shift] et [Rec], on arme l’échantillonnage. C’est là qu’on choisit la source (entrée audio ou resampling interne) et la forme de signal (mono ou stéréo) ; on peut vérifier à ce stade la mémoire disponible (durée mono). On déclenche le sampling avec [Play/Pause] et on l’arrête avec [Stop] quand c’est fini. Enfin, on l’assigne à l’une des 16 pistes rythmiques d’un motif via la section Oscillateur. Un sample stéréo sera joué en stéréo s’il est assigné à une piste impaire ; il sera par contre joué en mono mix s’il est assigné à une piste paire. Pour le resampling, on lance la capture de l’ensemble du motif en appuyant sur [Start/Play], alors qu’on appuie sur l’un des 16 pads pour ne sampler qu’une des pistes.
Une fois le sample capturé, on peut lui faire subir quelques traitements numériques basiques : troncature début/fin, réglage du point de bouclage, accordage, découpage et boost +12 dB. Ce dernier paramètre permet de contourner l’atténuation automatiquement appliquée aux samples pour conserver une certaine réserve de dynamique. La fonction de découpage (Slice) tranche un sample (monophonique uniquement) en différents points, suivant une signature temporelle à définir (16, 32, 8T, 16T) et un seuil de détection d’attaque paramétrable. L’Electribe Sampler place les tranches de samples à différents pas, ce qui permet de relire la boucle à différents tempos sans trop la détériorer. On peut ensuite ajouter des régions non détectées ou supprimer des régions détectées pas par pas. Les tranches de samples peuvent aussi être utilisées dans les pistes comme de simples échantillons. Le découpage fonctionne parfaitement sur les boucles rythmées avec des attaques franches, mais pas du tout sur des boucles progressives. Il manque à notre sens une fonction de Time Stretch pour ajuster de telles boucles au tempo, ou encore un Pitch Shift pour ajuster la hauteur d’une boucle sans en changer la vitesse. Il faut donc passer par un éditeur externe pour cela (donc export/ré-import). Cela colle avec l’orientation « coups uniques plus que boucles » de la machine évoquée précédemment. L’éditeur externe sera d’autant plus utile que le tripotage des samples dans l’Electribe Sampler se fait sans aucune représentation graphique des ondes ; que des chiffres, comme jadis ! Les échantillons utilisateur sont sauvegardés dans l’un des 499 emplacements internes disponibles (en plus des 409 ondes Preset), mais il faut tout sauver en Flash Ram interne ou sur une carte SD avant d’éteindre les feux. On peut écraser les samples d’usine pour récupérer de la mémoire ; pour les restaurer, rien de tel que la fonction Factory Reset. Les samples peuvent être exportés / importés vers / depuis une carte SD, séparément ou tous ensemble, au format WAV ou ALL (propriétaire). Toute la mémoire de samples sauvegardée en une seule fois est chargée automatiquement à l’allumage, pratique. Par contre, il n’est pas possible à ce stade de gérer facilement des banques globales patterns + samples associés à partir de la carte SD, une amélioration qui sera la bienvenue pour ceux qui font du live.
Synthèse allégée
La synthèse sur l’Electribe Sampler se passe en grande partie comme sur l’Electribe 2. On assigne un son à une piste et on ajuste quelques paramètres basiques : le sample ou la forme d’onde de l’oscillateur, le pitch, le temps de Glide et la variation d’onde (paramètre Osc Edit). Lorsqu’un sample est sélectionné, Osc Edit règle à la fois le point de départ et le sens de lecture du sample (bipolaire). Lorsque c’est une forme d’onde, Osc Edit dépend de la forme d’onde : largeur d’impulsion pour les 4 types standards, désaccordage pour les 4 types Detune, pitch de l’oscillateur esclave virtuel pour les 4 types Sync et coupure du filtre/réduction de bit pour les 4 types de bruits… Le sample traité par la section Oscillateur est envoyé dans le filtre multimode résonant. Là, on perd des plumes, puisqu’il n’y a plus que 3 filtres basiques : LP, HP et BP. Adieu donc les 13 excellents filtres du KingKorg, modélisant les Minimoog, MS20, SEM, Prophet-5 et TB-303. On se contentera donc d’en régler la fréquence et la résonance. Ce manque de choix par rapport à l’Electribe 2 dans les paramètres de synthèse pousse intelligemment à acheter les deux !
On passe ensuite dans la section ampli, où on règle le volume de la piste, le panoramique, l’attaque de l’enveloppe d’amplitude et le déclin/release (ou le temps de Gate pour un sample). À part cette enveloppe indépendante, les modulations sont toutes prédéfinies, tant au niveau des sources que des destinations. On trouve 72 couples sources/destinations figés. Il y a une liste de 12 sources : enveloppe (AD positive, AD négative) et 6 formes d’ondes de LFO (triangle, dente de scie, rampe, carré ascendant, carré descendant, S&H, aléatoire), certaines déclinées en version avec ou sans synchronisation au tempo. Elles modulent l’une des 6 destinations possibles : coupure du filtre, pitch, Osc Edit, niveau, panoramique, IFX. Une fois le type de modulation choisi, on peut en régler l’intensité et la vitesse ; on aurait bien aimé avoir plusieurs modulations simultanées, mais il faudra se contenter d’une source et d’une destination, bof… la plupart des paramètres possèdent 128 valeurs, certaines bipolaires.
Effets en masse
Sur l’Electribe Sampler, les effets sont identiques à ceux de l’Electribe 2. Ils sont donc scindés en deux sections : ceux disponibles pour chaque piste (16 IFX) et un effet maître global (MFX), vers lequel on peut assigner chaque piste. Les IFX proposent chacun 38 algorithmes variés : distorsions, compresseur, décimateur, réducteurs, EQ, filtres, délais (un tas !), chorus, flangers, phasers, trémolo, pompeur, répéteur, découpeur… Mais pas de réverbe parmi les IFX. Elles sont donc globales et réservées au MFX, qui pour sa part offre 32 algorithmes, qui nous permettent au passage de répéter quelques néologismes tentés précédemment : délais, réverbes, boucleurs, découpeurs, décaleurs, craquements vinyle, doubleurs, steppers, filtres, wah wah, décimateur, distorsion, compresseur, limiteur, chorus, flangers, phasers, autopan…
La variété et la qualité est au rendez-vous, indéniablement Korg sait faire un tas de bons effets. Par contre, l’accès aux paramètres d’édition est on ne peut plus restreint et pas du tout sélectionnable. Pour les IFX, c’est un paramètre prédéfini par Korg, via le potentiomètre IFX Edit. Pour le MFX, on en a deux paramètres, là encore prédéfinis, modifiables via le Touch Pad (en X/Y). Seule consolation, la possibilité d’enregistrer au sein des motifs les variations de ces paramètres ou leur activation/désactivation à chaque pas d’une piste/d’un motif, comme nous le verrons. Tiens mais au fait, où sont passées les lampes de la précédente série Electribe X ?
Pattern mania
L’Electribe Sampler est structuré comme l’Electribe 2. Elle fonctionne donc en permanence en mode Motif, ce qui permet au passage de signaler qu’il n’y a pas de mode Song ; décidément, c’est une orientation bien regrettable que prennent les constructeurs ces derniers temps. D’autant que les motifs n’ont pas une durée infinie, puisqu’ils sont limités à 64 pas (4 sections de 16 pas). C’est toutefois plus généreux que la concurrence à ce niveau de prix, qui souvent se limite à 32 pas, voire 16. La lecture des motifs se fait uniquement à l’endroit. On peut les enchaîner avec l’encodeur ou directement avec les pads, puis jouer par-dessus et modifier les paramètres de synthèse de chaque piste. Les pistes 13–14 et 15–16 peuvent être exclusives, pour créer des coupures type hi-hats ouverts/fermés ou caisse claire/bord de caisse. Une fonction Gate Arpeggiator permet de déclencher/découper les motifs avec le Touch Pad, en agissant sur la vitesse de Gate et la longueur de porte, suivant une liste de 50 motifs présélectionnés. Pour ajouter un peu de piment, rien de tel qu’un peu de Groove (25 modèles agissant sur le décalage temporel et l’accent), du Swing (plus ou moins 50 %) ou des longueurs différentes de pistes (1 à 64 pas). La signature temporelle des motifs peut varier selon quatre valeurs de Beat : 16, 32, 16T, 8T. On retrouve ici la quantification du Time Slice des samples.
Jeu/programmation/édition se font en temps réel ou pas à pas, sans interrompre le flux créatif, excellent ! Les notes entrées en temps réel sont obligatoirement calées sur le pas le plus proche, la quantisation stricte est de mise. On peut effacer une portion de piste à la volée, en maintenant la touche [Part Erase] et le pad de la piste à traiter au moment opportun. Les pads étant dynamiques, on peut enregistrer des nuances précises (128 valeurs, avec courbe de vélocité paramétrable). L’Electribe Sampler permet aussi d’enregistrer le mouvement de certaines commandes sur chaque piste : paramètre d’oscillateur, pitch, fréquence de coupure du filtre, résonance, intensité de l’enveloppe de filtre, vitesse de la modulation, profondeur de modulation, niveau, panoramique, attaque, déclin/relâchement, valeur de l’IFX, activation de l’IFX, activation de l’envoi vers le MFX, valeurs X/Y du MFX via le Touch Pad. Ces mouvements peuvent se faire de manière continue ou discrète (sauts). On peut ainsi créer jusqu’à 24 pistes de Motion par motif. Enfin, un éditeur pas à pas permet d’aller dans le détail des réglages après coup : statut du pas (joué ou muet), numéro de note (C-1 à G9), durée (0 à 96 %, puis note liée avec la suivante) et vélocité (volume de 0 à 127). Pour chaque piste, on peut copier/effacer les notes, effacer les mouvements de commandes ; on peut même copier un son d’une piste vers une autre.
À la carte
Le premier intérêt de connecter une carte SD à l’Electribe Sampler est de sauvegarder des samples de la Flash Ram interne et d’exporter/importer d’autres samples, comme nous l’avons vu. Cela permet aussi d’enregistrer, au sein de 100 mémoires, toutes les manipulations effectuées sur la machine : appui sur les pads, enchaînements de motifs, changement de tempo et, d’une façon générale, l’ensemble des mouvements des commandes en façade. Une manière de contourner l’absence de mode Song, même si tout cela se fait en temps réel et en attendant que les enchaînements de motifs se soient produits. Autre avantage à connecter une carte mémoire, l’export des motifs au format WAV ou Ableton Live Set ; dans ce dernier cas, on peut aussi importer des Live Sets dans l’Electribe Sampler, les amateurs du logiciel apprécieront ; d’autant que la version Ableton Live 9 Lite est téléchargeable gratuitement, le code d’activation étant fourni dans le carton de l’Electribe Sampler. Cela aurait été sympa de pouvoir transférer les données via USB…
Côté MIDI, tous les événements MIDI, notes et CC, sont transmis et reçus sur leur piste (pad) respective (tif). On ne peut en revanche pas modifier les canaux MIDI, chaque piste possède le sien, correspondant à son numéro. On peut donc utiliser l’Electribe Sampler pour séquencer des instruments MIDI ou plugs externes. Seule restriction, régler le type d’oscillateur sur Audio In pour ne pas entendre le générateur interne, puisqu’il n’y a pas de mode Local Off par piste et qu’un volume à zéro enverrait la même commande à l’instrument relié en MIDI…
Mot de la fin
Avec son nouvel emballage, ses nouvelles fonctionnalités, son nouveau moteur sonore et ses nouveaux effets, l’Electribe 2 nous avait séduits il y a quelques mois… L’Electribe Sampler (449 € tarif généralement constaté) y ajoute tout naturellement le sampling, à partir d’une source externe ou interne. L’édition des samples reste toutefois basique, sans représentation graphique des ondes, avec du Time Slice efficace sur des rythmes déliés (mais uniquement monophoniques), mais pas de solution pour les boucles progressives. Nous apprécions toujours autant la patate sonore, l’automation des paramètres, le workflow avec enchaînement parfait des motifs et la qualité de construction. Nous regrettons la mémoire de sampling interne limitée (qui oriente la machine sur des samples de type coups uniques plutôt que de longues boucles évolutives), la disparition des filtres modélisés, le peu de paramètres d’effets, la simple paraphonie, l’absence de Songs et le manque de sorties séparées… Incontestablement, l’Electribe Sampler est judicieusement positionnée par rapport à l’Electribe 2, au point de nous pousser à posséder les deux, pour peu qu’on aime les musiques turbulentes, et qu’on ait envie de se faire plaisir en live avec des samples bien à soi…
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