Se connecter
Se connecter

ou
Créer un compte

ou
Test écrit
35 réactions

Test de l'Elektron Analog Keys - Les clés du succès

8/10

Présenté fin 2013, l’Analog Keys fait évoluer le concept de l’A4, en y ajoutant un hardware amélioré et de nouvelles fonctions. Serait-ce le concept clavier-séquenceur analogique parfait ?

Un an après l’Analog Four sorti fin 2012, Elek­tron a tenu les promesses annon­cées au départ : combler les péchés de jeunesse en faisant évoluer l’OS. Ce que n’avait pas dit le construc­teur suédois, c’est qu’il lance­rait en même temps un modèle clavier, retar­dant du coup la sortie dudit OS évolué. Mais non seule­ment les heureux proprié­taires d’A4 ont pu boos­ter leur machine avec de nouvelles fonc­tion­na­li­tés, mais elles ont en même temps décou­vert qu’elle était déjà équi­pée du +Drive, en hiber­na­tion, et que ledit OS réveillait tout cela gratui­te­ment : résul­tat, une nouvelle archi­tec­ture par projets, une mémoire éten­due de 4096 sons et un véri­table mode poly­pho­nique. Autre­ment dit, 90 % des faiblesses initiales envo­lées, pour pas la moindre Krona ! Lors du test de mars 2013, nous avions égale­ment repro­ché à l’A4 quelques griefs d’ordre physique et ergo­no­mique. Nous en profi­te­rons donc pour voir s’il y a eu des amélio­ra­tions de ce côté-ci pour le modèle clavier. Pour l’AK, nous repar­ti­rons donc du test de l’A4 en faisant une solide mise à niveau, tant sur le plan maté­riel que logi­ciel. Le point sera alors de conclure si le modèle clavier s’im­pose en ayant atteint la perfec­tion.

Mono­lithe à clavier

L’AK est construit tout en alu bien épais. Il est compact, massif et très robuste. Il reprend l’en­semble des commandes de l’A4, mais la dispo­si­tion a un peu changé. Sélec­tion des pistes à gauche, choix des Patterns orga­ni­sés en banques juste à côté et commandes de trans­port non loin. Au centre, il y a le bien trop petit écran (122 × 32 pixels) avec ses touches d’édi­tion/navi­ga­tion. À droite, on trouve les 2 × 5 enco­deurs lisses à fonc­tions variables selon le contexte et les touches de contexte juste en dessous (perfor­mance, arpèges, modules de synthè­se…) ; lorsqu’on pousse sur ces enco­deurs, on accé­lère leur action, bien vu ! Au-dessus du clavier vers la gauche, on accède aux 64 pas de chaque Pattern via 16 touches de pas et 1 touche Page de sélec­tion de section (1 à 4). À droite, ce sont les touches de sélec­tion des modes de jeu/enre­gis­tre­ment (Kit, Sound, Track, Pattern, Song) qui remplacent le mini-clavier de l’A4.

Elektron Analog Keys

Un gros enco­deur-pous­soir a été ajouté : très utile, il faci­lite la sélec­tion des sons et l’édi­tion au sein des menus. Le mini-clavier à boutons a fait place à un véri­table clavier 3 octaves semi-lesté de taille stan­dard, sensible à la vélo­cité et à la pres­sion. Il est très certai­ne­ment de marque Fatar, car il ressemble de très près à nos claviers de Voya­ger et Andro­meda, sans les lests sous les touches. Le jeu est agréable et souple, certains pour­ront le trou­ver un peu mou. Au-dessus de chaque touche du clavier se trouve une LED rouge qui s’al­lume dès qu’une note est jouée, bon. Ce qui nous a surpris, c’est que le clavier déborde sans être protégé par le dessous, la tôle formant un décro­che­ment sur plusieurs centi­mètres. Sur sa gauche, on trouve un joys­tick en plas­tique à 2 axes, capable de contrô­ler 15 para­mètres en même temps (5 sur un axe hori­zon­tal bipo­laire, 5 vers le haut et 5 vers le bas, à choi­sir parmi une liste complète de para­mètres de synthèse) ; il fait un peu plus fragile qu’il ne l’est à l’usage. À proxi­mité, il y a des touches de trans­po­si­tion d’oc­taves bien pratiques.

Elektron Analog Keys

Sur le panneau arrière, la connec­tique semble géné­reuse : en plus des sorties casque (1 jack 6,35 stéréo asymé­trique) et lignes stéréo prin­ci­pales (2 jacks 6,35 symé­triques TRS), l’AK dispose de 4 sorties sépa­rées stéréo (1 pour chaque piste au format jack 6,35 stéréo asymé­trique type prise casque), ce que n’a pas l’A4. On trouve aussi deux entrées ligne stéréo (2 jacks 6,35 asymé­triques) permet­tant d’en­voyer un signal externe mono ou stéréo vers les filtres et les effets. La connec­tique dorée est parfai­te­ment ajus­tée au châs­sis pour ne pas bouger. S’en­suivent 2 sorties CV/Gate/Trig­ger pour pilo­ter des synthés analo­giques (en V/octave ou Hz/Volt, nous en repar­le­rons), un trio MIDI (trans­for­mable en 2 sorties synchro) et une prise USB2 (MIDI/dumps/OS, mais pas d’au­dio pour le moment, en atten­dant la mise à jour Over­bridge prévue fin 2014). L’ali­men­ta­tion est interne de type univer­sel, avec borne à deux broches pour cordon et inter­rup­teur secteur. L’AK comble donc l’in­té­gra­lité des défauts de l’A4 niveau connec­tique… mais, mais, mais où sont les prises pour pédales ? Pas de pédales chez les Vikings, juste une touche Hold en façade, la colère d’Odin va être terrible !

Dur à cuire !

Amélio­ra­tions depuis l’OS 1.04C testé sur l’A4

Depuis l’OS 1.04C testé sur l’A4 en mars 2013, bien des amélio­ra­tions ont été faites, notam­ment fin 2003 avec l’OS 1.1. Nous venons de passer en OS 1.11. Raison de plus pour faire le point sur les fonc­tion­na­li­tés communes à l’A4 et à l’AK :

  • OS 1.05 : mode 5th pour le Sub Oscil­la­teur (impul­sion ajou­tée à –7 demi-tons)
  • OS 1.1 :
  • Acti­va­tion de la mémoire +Drive, une archi­tec­ture à 128 projets conte­nant 128 Patterns, 128 Kits, 16 Songs, 128 Sounds, 4 confi­gu­ra­tions globales, auxquels s’ajoute une biblio­thèque sépa­rée de 4096 sons
  • Mode poly­pho­nique 4 voix, pour le jeu et le séquen­ceur, avec allo­ca­tion dyna­mique, réserve de poly­pho­nie par piste et mode unis­son
  • Mode poly­pho­nique pour l’ar­pé­gia­teur, permet­tant d’ar­pé­ger des accords
  • Fonc­tion permet­tant de boos­ter la réso­nance sur le filtre passe-bas
  • Mode Multi Map : zonage multiple de notes, chaque zone étant capable de déclen­cher un son, une piste ou un pattern donné (pas de recou­vre­ment de zone possible toute­fois)
  • OS 1.11 : fonc­tion Swing dispo­nible par pas et par piste

La concep­tion des machines Elek­tron a toujours néces­sité un temps de prise en main. L’AK n’évo­lue pas sur ce point par rapport à l’A4, parce qu’il permet un tas de choses sur une surface propor­tion­nel­le­ment très réduite. On aurait fran­che­ment préféré qu’Elek­tron profite de la place dispo­nible à droite du panneau avant pour étendre les commandes directes, élar­gir l’écran, voire repen­ser l’ap­proche. Ce n’est pas le cas et c’est d’au­tant plus dommage que la dispo­si­tion des commandes est diffé­rente de l’A4 (donc la carte élec­tro­nique du panneau est nouvelle). Autre remarque, un design avec panneau incliné aurait amélioré l’er­go­no­mie plutôt qu’un pavé parfai­te­ment hori­zon­tal, passons…

Pour appe­ler un Pattern, il faut choi­sir le groupe de banques (supé­rieur/infé­rieur), appuyer sur l’une des 4 touches de banque et appuyer sur l’un des 16 boutons alignés au-dessus du clavier ; cela paraît simple de prime abord, mais on peut se plan­ter assez vite si on oublie les premières étapes… du coup on peut muter/acti­ver une piste sans faire exprès !

Autre point d’er­go­no­mie, chaque bouton dispose de 2 fonc­tions (parfois 3 pour celles assi­gnées aux para­mètres de synthèse). Ceci permet, en conjonc­tion avec la touche « Func­tion », d’ac­cé­der à la très grande majo­rité des para­mètres dispo­nibles, l’écran se conten­tant souvent d’af­fi­cher la page d’édi­tion, les para­mètres et les valeurs modi­fiables. Incon­vé­nient, on se prend parfois les pieds dans le tapis, notam­ment lors de la sélec­tion, l’ac­ti­va­tion ou la coupure des pistes. En résumé, on ne peut pas dire que l’er­go­no­mie soit mauvaise, c’est juste que la machine est bour­rée de para­mètres, donc il faut être vigi­lant à l’usage.

Poly­pho­nique et multi­tim­bral

L’AK est un synthé-séquen­ceur poly­pho­nique et multi­tim­bral 4 voix, orga­nisé autour de Patterns ryth­miques à 6 pistes. Les pistes 1 à 4 contiennent chacune un son (mono­dique à poly­pho­nique), la piste 5 contient les réglages dyna­miques des 3 effets dispo­nibles et la piste 6 contient les réglages dyna­miques de 4 CV/Gate/Trig­ger permet­tant de pilo­ter des synthés analo­giques purs externes. Chaque voix de synthé est produite par un moteur analo­gique (oscil­la­teurs + filtres + ampli stéréo) sous contrôle numé­rique (accor­dage, modu­la­tions). Depuis l’OS 1.1 (cf. enca­dré), les voix de synthèse sont indé­pen­dantes des pistes. L’al­lo­ca­tion est dyna­mique, c’est-à-dire que les pistes (et le jeu au clavier) piochent dans les voix dispo­nibles et coupent les plus anciennes en cas de besoin. L’AK permet toute­fois de spéci­fier une réserve de poly­pho­nie par piste et un mode d’ap­pel des voix réser­vées (rota­tion, ré-assi­gne­ment). Cela n’est pas sans rappe­ler les derniers poly analo vintage les plus évolués, comme le véné­rable Matrix 12 du studio.

Avan­tages de l’AK sur l’A4

L’AK dispose de proprié­tés physiques et de fonc­tion­na­li­tés avan­ta­geuses sur l’A4 :

  • Clavier de 3 octaves avec vélo­cité et pres­sion
  • Enco­deur-pous­soir pour navi­guer rapi­de­ment dans les nombreuses mémoires
  • Joys­tick multi-modu­la­tions
  • 2 touches pour la trans­po­si­tion rapide d’oc­taves
  • 4 sorties sépa­rées stéréo addi­tion­nelles
  • Alimen­ta­tion interne
  • Mode Exter­nal Keyboard pour contrô­ler un instru­ment MIDI externe : notes jouées au clavier, joys­tick, volume, CC assi­gnables aux 10 enco­deurs

L’écoute des quelques Patterns de démons­tra­tion permet déjà de se faire une bonne idée de ce qu’est capable la machine : des basses biens dodues (grasses ou rondes, avec Sub destruc­teur, à l’oc­tave ou à la quinte), des pads mono filtrés très agréables, des leads aigre­lets ou violents, des effets spéciaux variés et d’ex­cel­lentes percus­sions analo­giques que l’on pourra monter en kits. Les enve­loppes sont suffi­sam­ment rapides pour casser la baraque, comme en témoignent les diffé­rentes percus­sions synthé­ti­sées ; en abusant de la distor­sion, le son bouillonne, le filtre sature, la réso­nance siffle (encore plus qu’avant avec le mode F1 Reso­nance Boost !).

Elek­tron nous offre là un son analo moderne, parfois brillant, parfois bien crade quand on en a envie. Le tout est rehaussé par une très belle réverbe dont nous repar­le­rons… Mais c’est en commençant à jouer au clavier ou tripa­touiller les enco­deurs en live qu’on s’éclate vrai­ment : on lance un motif, on active une partie, on modi­fie les para­mètres de synthèse, on trans­pose, on modi­fie un effet, on enchaîne les motifs, on ajoute un accent ou un Slide… le pied ! On crée assez rapi­de­ment des séquences évoluées, d’au­tant que les sons et les modu­la­tions peuvent être consi­dé­ra­ble­ment diffé­rents d’un pas à l’autre. On a d’ailleurs souvent l’im­pres­sion d’en­tendre plus de 4 lignes sonores en même temps ! Mais autant la banque sons de l’A4 était adap­tée aux pistes mono­diques, autant la nouvelle banque d’usine (512 sons préchar­gés parmi les 4096 dispo­nibles) ne fait pas honneur aux possi­bi­li­tés poly­pho­niques : pas de grands clas­siques types strings, cuivres et autre poly­synths, hormis des nappes mini­ma­listes mollas­sonnes. C’est l’âge, mon vieux !

Analog Keys A01
00:0000:59
  • Analog Keys A01 00:59
  • Analog Keys A04 01:06
  • Analog Keys A06 01:01
  • Analog Keys A07 01:12
  • Analog Keys A09 00:59
  • Analog Keys A11 01:07
  • Analog Keys A13 00:52
  • Analog Keys B01 01:05
  • Analog Keys B12 01:04
  • Analog Keys C03 00:55

Pistes de synthé…

Elektron Analog Keys

Les 4 premières pistes du séquen­ceur, comme nous l’avons vu, sont dédiées à la synthèse. Elles permettent de pilo­ter le module sonore interne, mais sont inca­pables de bascu­ler en pistes MIDI pour comman­der un module externe (via MIDI), un choix marke­ting qui laisse évidem­ment le champ libre à l’Octa­track. Chaque piste peut donc comman­der tout ou partie des 4 voix analo­giques dispo­nibles, en mono­dique, poly­pho­nique ou à l’unis­son (avec Detune et élar­gis­se­ment stéréo). Chacune des voix est dotée de 2 DCO, 2 Sub DCO, un géné­ra­teur de bruit numé­rique, 2 filtres, 1 distor­sion et 1 VCA stéréo pour produire le son. Les DCO ont un para­mètre Drift, pour ceux qui aiment l’in­sta­bi­lité de la fréquence propre aux VCO. Chaque DCO propose un accor­dage gros­sier sur plus ou moins 64 demi-tons et un accor­dage fin, qui peut être constant ou suivre le clavier, bien vu ! La fréquence peut être fixe, très utile pour les percus­sions. On règle ensuite le niveau d’en­trée dans le filtre, dont les valeurs les plus élevées saturent ce dernier et agissent sur la réso­nance. C’est alors le moment idéal pour choi­sir sa forme d’onde ; si on ne peut en acti­ver qu’une à la fois par DCO, toutes ont la parti­cu­la­rité d’avoir un contenu harmo­nique conti­nû­ment variable, que ce soit la dent de scie, l’im­pul­sion tran­sis­tor (type TB Roland), l’im­pul­sion clas­sique ou le triangle. La « largeur d’im­pul­sion » varie de 0 à 100 % et peut être modu­lée par un LFO indé­pen­dant à inten­sité et vitesse program­mables. On peut aussi substi­tuer à l’onde l’une des entrées audio ou créer une boucle de filtre, sympa !

Elektron Analog Keys

S’ajoute un Sub oscil­la­teur pour chaque DCO (carré à –1 ou –2 octaves, impul­sion à –2 octaves ou –7 demi-tons donc à la quinte) et un unique géné­ra­teur de bruit numé­rique avec couleur variable et fondu (en entrée et en sortie, idéal pour créer des percus­sions sans consom­mer d’en­ve­loppe). Elek­tron a eu l’ex­cel­lente idée de rendre les DCO inter­ac­tifs et de bien belle manière : au programme, modu­la­tion d’am­pli­tude de 1 par 2 et de 2 par 1 (double Ring Mod comme sur le Synthex) puis synchro de 1 par 2, de 2 par 1 ou croi­sée (mode Metal comme sur le JX-3P) ; mieux, un para­mètre continu permet de passer progres­si­ve­ment d’une Soft Sync à une Hard Sync. Un auto­bend program­mable en inten­sité (bipo­laire) et en temps permet de géné­rer des glis­se­ments plus ou moins rapides vers la note en cours. Dommage qu’on ne puisse le désac­ti­ver de l’un des DCO. On peut ensuite forcer la phase des DCO à redé­mar­rer à chaque appui de note, idéal pour ajou­ter du punch aux sons percus­sifs. Enfin, un vibrato peut agir sur le pitch global, avec vitesse et inten­sité program­mables. Tout cela commence très bien !

… et de modu­la­tions

Elektron Analog Keys

Le signal ainsi issu des sources audio (y compris via les entrée audio externes) attaque ensuite un premier filtre analo­gique passe-bas réso­nant 4 pôles en échelle de tran­sis­tors (façon Moog). La réso­nance est plus impor­tante sur les fréquences élevées, voire très sifflante à partir de l’auto-oscil­la­tion. Une fonc­tion permet de boos­ter davan­tage la réso­nance. On peut aussi y ajou­ter du feed­back : les valeurs néga­tives créent un écrê­tage doux, alors que les valeurs posi­tives apportent une distor­sion plus marquée. La fréquence de coupure peut suivre le clavier et être modu­lée par une enve­loppe ADSR dédiée, avec des valeurs bipo­laires pour chaque modu­la­tion. Le second filtre, placé unique­ment en série, est un filtre multi­mode analo­gique 2 pôles à VCA, avec une réso­nance rela­ti­ve­ment constante quelle que soit la fréquence. Ce filtre possède 7 modes : passe-bas 2 pôles, passe-bas 1 pôle, passe-bande, passe-haut 1 pôle, passe-haut 2 pôles, réjec­tion de bande et peak. Là encore, la fréquence de coupure peut être modu­lée par le suivi de clavier et l’en­ve­loppe de filtre, tout cela en bipo­laire. La section ampli stéréo analo­gique permet de régler le volume final, le pano­ra­mique, les départs vers les 3 effets et l’en­ve­loppe ADSR de volume.

Elektron Analog Keys

Pour modu­ler les para­mètres, on dispose de 3 enve­loppes ADSR : une figée sur l’am­pli, une assi­gnée aux filtres et une libre ; les 2 dernières ADSR peuvent modu­ler 2 desti­na­tions de façon bipo­laire, à choi­sir parmi 50 para­mètres : quasi­ment tous les para­mètres des DCO, leurs inter­ac­tions, leur vibrato, les filtres (coupure et réso­nance), l’ADSR sur l’am­pli, le volume, le pano­ra­mique, les départs d’ef­fets et l’ac­cent. Chaque enve­loppe possède des segments à forme variable (loga­rith­mique, linéaire, expo­nen­tiel), ce qui la rend assez passe-partout, dans les registres rapides comme lents. S’y ajoutent 2 LFO synchro­ni­sables assez complets : vitesse (synchro à l’hor­loge globale/MIDI et facteur multi­pli­ca­teur), fondu en entrée ou sortie, phase, mode de déclen­che­ment (libre, redé­clen­ché, demi-cycle unique, cycle unique) et forme d’onde (triangle, sinus, carré, dent de scie, courbe expo­nen­tielle, rampe, aléa­toire). Les LFO sont capables d’os­cil­ler jusqu’aux niveaux audio (ils se règlent par multi­pli­ca­tion de la fréquence de base, ce jusqu’à 2000 fois !) ; nous avions trouvé de l’alia­sing et autres bruits métal­liques peu musi­caux lors du test de l’A4, ce n’est plus le cas désor­mais ; ils peuvent modu­ler chacun 2 desti­na­tions, là encore à choi­sir dans une liste de plusieurs dizaines de para­mètres (les mêmes que précé­dem­ment plus les enve­loppes et les LFO). Pour sauve­gar­der ses sons, l’AK offre 128 empla­ce­ments mémoire dans le projet en cours, que l’on pourra rappe­ler au sein de chaque piste de Pattern.

Piste d’ef­fets

Elektron Analog Keys

L’AK offre 3 effets numé­riques placés en paral­lèle du signal analo­gique. Le premier effet est un chorus plutôt quel­conque, avec pré-délai, vitesse, profon­deur, feed­back (assez diffi­cile à maîtri­ser), filtrage passe-bas et passe-haut, niveau final et départs vers le délai et la réverbe. Deuxième effet, le délai se synchro­nise au tempo ; cette synchro ne décroche pas lors des varia­tions lentes de tempo, mais se met à coui­ner joyeu­se­ment lorsqu’on change la donne de manière exagé­rée. Il peut fonc­tion­ner en place­ment stéréo ou ping-pong, avec éten­due ajus­table. Comme tout bon délai, on trouve un feed­back, des filtrages passe-bas et passe-haut ; mieux, un over­drive permet de percer les tympans de ceux qui souffrent d’otite aigüe. Le niveau final est aussi réglable, tout comme le départ vers la réverbe. Ce troi­sième et dernier effet embarqué est une simu­la­tion de pièce très réus­sie, avec une belle queue sans aspé­ri­tés métal­liques ou bouclages courts désa­gréables. Les para­mètres dispo­nibles sont le pré-délai, le temps de réverbe, la fréquence de Shel­ving, le gain, le filtrage passe-bas, le filtrage passe-haut et le niveau global. Vrai­ment une magni­fique réverbe !

Chaque piste de synthé possède un départ séparé vers chacun des effets, comme sur une table de mixage. On peut aussi trai­ter chacune des entrées audio, avec départs gauche et droit sépa­rés vers chaque effet. La piste FX a ses 2 LFO dédiés, qui possèdent les mêmes para­mètres que les LFO des pistes synthé, chacun capable de modu­ler 2 desti­na­tions. On y trouve une tren­taine de para­mètres assi­gnables : les départs d’ef­fets, le volume et le pano­ra­mique de chaque entrée audio, ainsi que tous les para­mètres d’ef­fets, rien que cela ! Les réglages d’ef­fets et toutes les modi­fi­ca­tions en temps réel les concer­nant sont mémo­ri­sés au sein de la piste FX, dans chaque Pattern, ce qui permet des évolu­tions temps réel complé­men­taires aux varia­tions des pistes synthés, en parfaite synchro­ni­sa­tion.

Piste CV

Grâce à sa piste CV, l’AK est capable d’en­voyer des messages CV / Gate / Trig­ger séquen­cés vers le monde exté­rieur, en synchro avec tout le reste. Ceci se fait à l’aide des 2 connec­teurs CV Gate Out (AB et CD) au format jack TRS (câbles d’in­sert par exemple) situés sur le panneau arrière. Pour chaque port (ABCD), on choi­sit au niveau global le type de signal qui doit être envoyé : CV sur Pitch en V/Octave (valeur en Volt de la note C centrale, suivi de clavier en Volt), CV sur Pitch en Hz/V (accor­dage, profon­deur d’oc­tave), CV linéaire (tension mini, tension maxi, réglables entre –10 et +10 V par déci­volt), Trig­ger (longueur et pola­rité), Gate (pola­rité, niveau réglable de 0 à 10 V par déci­volt) ou mise à la masse.

Elektron Analog Keys

Le reste des réglages est mémo­risé dans chaque piste : accor­dage par demi-ton et fin (modes CV sur Pitch), le niveau de voltage du CV (mode linéaire) et la piste de base pour envoyer les valeurs de CV (l’une des 6 pistes peut être utili­sée). Pour modu­ler le tout en direct (en plus des modu­la­tions de pistes), on dispose de 2 enve­loppes ADSR et 2 LFO, iden­tiques à ceux des autres pistes. Ce qui change, ce sont les 2 desti­na­tions de chacune des modu­la­tions, cette fois dédiées aux CV : accord gros­sier, accord fin, niveau, valeur, piste source, ce pour les 4 ports ABCD. Pour les LFO, on ajoute à cette liste les para­mètres d’en­ve­loppes (ADSR, temps de Gate, profon­deurs de modu­la­tion). Une concep­tion vrai­ment origi­nale qui trans­forme l’AK en puis­sant séquen­ceur de type analo­gique, parfai­te­ment inté­gré à des synthés purs analo, vintage ou contem­po­rains, là où le CV/Gate règne en maître absolu et où la main du MIDI n’a jamais mis le pied.

Nouvel ordre…

Elektron Analog Keys

Depuis l’OS 1.1 et l’ac­ti­va­tion du +Drive, une grosse mémoire perma­nente présente dans tous les AK et A4, l’or­ga­ni­sa­tion des fichiers a été revue. On dispose désor­mais de 128 projets, chacun consti­tué de 128 Sounds, 128 Kits, 128 Patterns, 16 Songs et 4 confi­gu­ra­tions globales de la machine. C’est donc 128 fois plus de mémoire qu’avant, puisque l’A4 des débuts n’avait qu’un projet, celui en cours. À ceci s’ajoute une grande biblio­thèque de 4096 sons en réserve, que l’on peut char­ger selon besoins. Tout ce beau monde peut par ailleurs être envoyé et reçu via MIDI/USB. Les réglages statiques des 6 pistes (4 pistes synthés, 1 gérant 3 effets et 1 gérant 4 CV) sont assem­blés dans des kits, liés à des Patterns ryth­miques ; il y a 128 kits et 128 Patterns par projet. C’est au niveau du Pattern qu’on peut régler l’ac­tion de quelques contrô­leurs externes : la courbe de réponse de la vélo­cité assi­gnée au volume (3 types), 5 choix de desti­na­tions pour la vélo­cité (avec quan­ti­tés bipo­laires de modu­la­tion), 5 pour le pitch­bend, 5 pour la molette, 5 pour le contrô­leur de souffle et 5 pour la pres­sion (où leurs CC corres­pon­dants). De quoi faire… Chaque Pattern peut conte­nir de 1 à 64 pas (4 sections de 16 pas acces­sibles avec la touche Page). Dans un Pattern, chaque piste peut avoir une longueur diffé­rente de pas, ce qui permet des évolu­tions très complexes. Par contre, il n’y a pas d’in­ver­sion du sens de lecture ou de mode aléa­toire, l’exo­tisme s’ar­rête là…

Elektron Analog Keys

En lecture, on peut lancer un Pattern, couper une piste, modi­fier des para­mètres (synthèse, effets, CV), reve­nir aux valeurs initiales instan­ta­né­ment (sons/effets, pistes, Patterns). Mieux, le mode Perfor­mance permet d’as­si­gner 10 para­mètres aux enco­deurs, ou plutôt des macro-commandes, afin de pilo­ter plusieurs para­mètres diffé­rents sur plusieurs pistes simul­ta­nées ; ainsi, pendant que le Pitch plonge sur la piste 1, la réso­nance du filtre explose sur la 3 ! On peut ajou­ter un peu de Swing (50 à 80 %), accen­tuer certains pas, lier certaines notes ou des para­mètres enre­gis­trés (pour les lisser). Chaque piste dispose égale­ment d’un arpé­gia­teur avec sens de lecture variable (ordre initial, haut, bas, alterné, aléa­toire x2), vitesse multiple de l’hor­loge globale/MIDI, plage de 1 à 8 octaves, mode legato et durée de note. L’ar­pé­gia­teur travaille sur 16 pas, chacun étant débrayable et peut être utilisé en lecture comme en enre­gis­tre­ment.

… & chaî­nages variés

Elektron Analog Keys

En enre­gis­tre­ment, les Patterns se programment indif­fé­rem­ment en pas à pas ou en temps réel. On peut natu­rel­le­ment quan­ti­ser les pas ou béné­fi­cier d’un micro timing précis au 384e de double-croche. Outre l’en­trée de notes avec le clavier inté­gré ou un clavier externe, la toute-puis­sance de l’AK réside dans ses génia­lis­simes modes Locks. Le premier, Sound Locks, permet de placer un son diffé­rent à chaque pas des 4 pistes synthé : on pense tout de suite à une alter­nance grosse caisse/caisse claire/percus­sions. Le second, Para­me­ter Locks, permet de modi­fier, à chaque pas de chaque piste, tous les para­mètres program­mables, à concur­rence de 128 maxi­mum par Pattern ; ceci se programme et s’édite en temps réel ou en pas-à-pas, avec les 10 enco­deurs et les 6 boutons de pages de para­mètres situés en dessous ; par exemple, alors que filtre et pano­ra­mique se baladent sur la piste 1, la piste 2 alterne les percus­sions, alors que sur la piste 3, les DCO synchro­ni­sés gémissent en rythme, tandis que sur la piste 5, le temps de réverbe s’al­longe sur les temps pairs… tout cela se fait de manière discrète ou avec lissage pas par pas (Para­me­ter Slide), ce qui permet de rendre les modu­la­tions conti­nues… plus conti­nues. En 3 mots, ma-gni-fique !

Les Patterns peuvent ensuite être assem­blés en Chains (64 Chains de 2 à 256 pas maxi­mum, à parta­ger entre toutes les Chains). Au stade ultime, Chains et Patterns peuvent être regrou­pés en Song ; à chaque pas d’une Song, on peut spéci­fier jusqu’à 99 répé­ti­tions du Pattern ou de la Chain en cours, puis muter / acti­ver chacune des 6 pistes. Très vite, on crée des Songs complexes, évolu­tives, subtiles, à partir de quelques Patterns / Chains bien choi­sis. Et si on se trompe dans tout cela, on peut rechar­ger chaque Kit / Sound / Track / Pattern / Song / Project tel qu’il était enre­gis­tré avant modi­fi­ca­tion.

Nouveaux modes clavier

Elektron Analog Keys

Outre la fonc­tion Hold, l’AK béné­fi­cie de modes de clavier spéci­fiques. Le mode Multi Map permet de défi­nir diffé­rentes zones clavier (jusqu’à 128 si on crée des zones d’une touche) et d’y assi­gner un son, un Pattern ou un canal MIDI externe. Cela permet de se consti­tuer des splits à zones multiples (kits de percus­sions, basse, nappes, lead…) ou des zones de commande externes sur un même clavier (en conjonc­tion avec les touches de trans­po­si­tion d’oc­tave). Pour chaque zone, on défi­nit le statut, la tessi­ture (note basse et note haute), la note (ou le Pattern) de réfé­rence, la trans­po­si­tion initiale, le suivi de clavier et la vélo­cité ; lorsqu’on est en pilo­tage externe, on peut spéci­fier le canal MIDI à émettre pour chaque zone. Les LED situées au-dessus du clavier prennent alors tout leur sens pour s’y retrou­ver.

Le mode Exter­nal Keyboard permet à l’AK de pilo­ter un instru­ment MIDI externe. Les commandes sont disso­ciées du module sonore interne, le séquen­ceur pouvant conti­nuer à tour­ner comme avant. Sont envoyés via MIDI Out les notes jouées (mais pas celles séquen­cées), les mouve­ments du joys­tick, le volume via l’en­co­deur Level et les mouve­ments des 10 enco­deurs auxquels on peut assi­gner un CC MIDI de son choix ; tout cela se fait sur un seul canal MIDI. Les réglages Multi Map et Exter­nal Keyboard sont mémo­ri­sés en mode Global (donc 4 réglages de chaque par projet).

Conclu­sion

Au final, l’Ana­log Keys (1896€) comble 99 % des lacunes de l’A4, par son évolu­tion tant maté­rielle que logi­cielle. Il sonne, il est puis­sant, il est poly­pho­nique, il a des effets, il incor­pore un séquen­ceur à pas modu­lables, il a des sorties sépa­rées, il est très robuste et il est très compact. Que rêver de plus ? Sans le clavier, ce serait l’A4 idéal, car dès que l’on commence à mani­pu­ler, l’er­go­no­mie Elek­tron prend le dessus ; et ce n’est pas celle que l’on trouve habi­tuel­le­ment sur un clavier ! Du coup, l’AK est plus un module-séquen­ceur à pas auquel on aurait greffé un clavier, qu’un synthé de scène doté d’un séquen­ceur à pas. On aurait aimé plus de commandes directes, un écran plus grand, car il y avait de la place pour cela ; égale­ment une incli­nai­son quand on le pose et une archi­tec­ture plus clas­sique programmes/combi/effets/séquences. L’AK est incon­tes­ta­ble­ment une excel­lente machine, qui véri­fie simple­ment l’adage que la perfec­tion n’est pas de ce monde.

Télé­char­gez les extraits sonores (format FLAC)

  • Elektron Analog Keys
  • Elektron Analog Keys
  • Elektron Analog Keys
  • Elektron Analog Keys
  • Elektron Analog Keys
  • Elektron Analog Keys
  • Elektron Analog Keys
  • Elektron Analog Keys
  • Elektron Analog Keys
  • Elektron Analog Keys
  • Elektron Analog Keys
  • Elektron Analog Keys
  • Elektron Analog Keys
  • Elektron Analog Keys
  • Elektron Analog Keys
  • Elektron Analog Keys
  • Elektron Analog Keys
  • Elektron Analog Keys
  • Elektron Analog Keys
  • Elektron Analog Keys
  • Elektron Analog Keys
  • Elektron Analog Keys

 

Notre avis : 8/10

  • Qualité et variété sonores
  • Très grosse mémoire (+Drive)
  • Savant mélange analogique et numérique
  • Puissance de la synthèse
  • Oscillateurs à ondes variables
  • Modes interactifs avancés des oscillateurs
  • Double filtre analogique résonant
  • VCA analogique stéréo
  • Possibilités étendues de modulations
  • Enveloppes très rapides
  • Fonctions Sound et Parameter Locks
  • Longueur des pistes indépendantes
  • Section d'effets intégrée
  • Modes Multi Map et External Keyboard
  • Sorties stéréo pour chacune des 4 pistes/voix
  • Entrées audio vers les filtres/effets
  • Interfaces multiples (MIDI, USB, CV/Gate)
  • Qualité de construction
  • Pas d’émission MIDI des notes séquencées
  • Pas d’audio via USB à l’heure actuelle
  • Ergonomie éloignée de celle d’un clavier
  • Commandes aussi serrées que sur le module
  • Écran trop petit pour les paramètres à afficher
  • Sons d’usine pas terribles en polyphonie

Vous souhaitez réagir à cet article ?

Se connecter
Devenir membre