Faire tenir 4 voix de synthèse analogique dans un module séquenceur orienté live bourré d’astuces pour faire bouger le son, tel est le pari d’Elektron. Voyons en quoi l’Analog Four a de quoi séduire…
Premier produit signé Elektron il y 15 ans, la Sidstation combinait une génération sonore hybride, oscillateurs numériques et filtre analogique, qui a fait son succès. Au début des années 2000, la société suédoise a commencé à décliner une gamme de puissantes machines numériques conçues pour la performance live, basées sur la multisynthèse, les percussions ou l’échantillonnage. Citons respectivement la Monomachine, la Machinedrum et l’Octatrack. Mais quelle ne fut pas notre surprise, fin 2012, de découvrir, dans un clip original d’inspiration SF, une petite bombe embarquant un générateur analogique multitimbral et un séquenceur à pas bien agité. D’abord commercialisé en direct puis maintenant via le réseau d’importateurs Elektron, l’Analog Four a vu son OS peaufiné depuis quelques mois. La marque vient tout juste de nous proposer un modèle flambant neuf en test. Nous l’avons immédiatement passé en OS 1.4C et installé au milieu de notre arsenal sonore…
Monolithe ventilé
Tout comme le Magma d’Eowave testé récemment, l’Analog Four est un monolithe noir mat compact, au format à l’italienne plus conventionnel ; on peut l’installer à plat ou en rack 4U (cornières en option). L’instrument respire la classe dès le déballage : débarrassé du carton décor extérieur, il nous faut ouvrir un second carton noir haut de gamme où repose la machine, tel un bijou dans son écrin (si, si…). La classe ! On trouve un petit compartiment avec la connectique : alimentation secteur (type bloc au milieu) et câble USB. Un manuel papier de prise en main est fourni, mais le manuel complet est téléchargeable sur le site constructeur, uniquement en anglais ou japonais…
Sorti de son plastique de protection, l’Analog Four se présente sous la forme d’un module tout en métal extrêmement robuste. Un petit coup d’œil sur chaque côté laisse apparaître de petites ouïes de ventilation… le pépère chauffe un peu, c’est bon signe. La qualité est aussi au rendez-vous au niveau des boutons, à course généreuse et confortable, avec un ressort de rappel parfaitement calibré ; on apprécie… d’autant que la façade renferme pas moins de 64 boutons poussoirs.
Côté rotatifs, on trouve un potard de volume, un encodeur niveau de partie / entrée de données et 2 rangées de 5 encodeurs d’édition temps réel, de part et d’autre de l’afficheur. Ces 11 encodeurs sont parfaitement lisses, bien ancrés à la façade et offrent une fonction poussoir permettant d’accélérer leur action, bien vu ! On peut regretter la trop grande proximité des 10 encodeurs d’édition, il nous est arrivé de modifier une valeur d’un encodeur voisin sans le vouloir ; ce n’est pas trop grave pour les valeurs continues, puisque les encodeurs sont en prise directe (pas d’effet de saut), mais c’est plus gênant pour les valeurs discrètes (genre choix du type de filtre). Tant qu’on râle, signalons la toute petitesse du LCD rétroéclairé monochrome (à vue de nez un 122 × 32 pixels), limitant à 3 caractères le nom de certains paramètres, bien serrés !
Le panneau arrière regroupe l’ensemble de la connectique : prise pour alimentation externe 12V, interrupteur secteur, prise USB 2.0 type B (données Midi / dumps programmes / OS), trio Midi (commutable en double sortie synchro), 2 sorties CV / Gate / Trigger pour raccordement à du matériel 100% analogique, 2 entrées audio (paire stéréo), 2 sorties audio (paire stéréo, donc pas de sorties séparées par voix) et une prise casque. Les entrées audio permettent d’envoyer un signal externe mono ou stéréo vers les filtres et les effets, nous y reviendrons. Fort de cette connectique, l’Analog Four est connectable avec des instruments électroniques de toutes les époques.
Dur à cuire !
La conception des machines Elektron a toujours nécessité un temps de prise en main. L’Analog Four n’échappe pas à la règle, parce qu’il permet un tas de choses sur une surface proportionnellement très réduite. La partie gauche de la façade est réservée à la sélection du mode de jeu et des banques de patterns ; pour choisir un pattern, il faut choisir le groupe (supérieur / inférieur), appuyer sur l’une des 4 touches de banque et sélectionner l’un des 16 gros boutons de la rangée inférieure ; cela paraît simple de prime abord, mais on peut se planter assez vite… Au centre, on trouve les touches d’édition, de navigation dans les menus et de transport simplifié du séquenceur (enregistrement, lecture / pause, arrêt). À droite, les 2 rangées d’encodeurs permettent de modifier des paramètres en temps réel, suivant la page sélectionnée au moyen des boutons situés juste en-dessous et selon la piste activée : c’est ainsi qu’on modifiera les évolutions d’un filtre ou d’un temps de réverbe, en temps réel, voire plusieurs paramètres sur des pistes différentes, en un seul tour de vis !
La ligne de 7 boutons verticaux située tout à droite permet de sélectionner une piste, de l’activer / muter la piste ou de la transposer à la volée. Pour ce dernier point, on peut utiliser le groupe de 13 boutons blancs et noirs arrangés en mini-clavier une octave, lui-même transposable sur 5 octaves. En partie inférieure, une ligne de 16 gros boutons permet de suivre et éditer les Patterns par pas ; elle est agrémentée de 16 diodes (l’Analog Four en regorge des dizaines, parfois bicolores). Chaque bouton dispose de 2 fonctions (parfois 3 pour celles assignées aux paramètres de synthèse). Ceci permet, en conjonction avec la touche « Function », d’accéder à la très grande majorité des paramètres disponibles, l’écran se contentant souvent d’afficher la page d’édition, les paramètres et les valeurs modifiables. Inconvénient, on se prend parfois les pieds dans le tapis, notamment lors de la sélection, l’activation ou la coupure des pistes. En résumé, on ne peut pas dire que l’ergonomie soit mauvaise, c’est juste que la machine est bourrée de paramètres, donc il faut être vigilant à l’usage.
Sound of Four Voice
L’Analog Four est un synthé – séquenceur multitimbral organisé autour de Patterns rythmiques 6 pistes. Les pistes 1 à 4 contiennent chacune un son monophonique (une voix de synthé), la piste 5 contient les réglages dynamiques des 3 effets disponibles et la piste 6 contient les réglages dynamiques de 4 CV / Gate / Trigger permettant de piloter des synthés analogiques purs externes. Chaque voix de synthé est produite par un moteur analogique (oscillateurs + filtres + ampli stéréo) sous contrôle numérique (accordage, modulations). On ne peut pas allouer plusieurs voix à une seule piste donnée pour produire directement un accord ; le constructeur réfléchit encore à l’implémentation d’un tel mode polyphonique. Les Patterns peuvent ensuite être assemblés, comme nous le verrons plus tard.
L’écoute des quelques Patterns de démonstration permet déjà de se faire une bonne idée de ce qu’est capable la machine : des basses biens dodues (grasses ou rondes, avec ou sans Sub destructeur), des pads filtrés très agréables, des leads aigrelets ou violents, des effets spéciaux variés et d’excellentes percussions analogiques. Les enveloppes sont suffisamment rapides pour casser la baraque, comme en témoignent les grosses caisses, les caisses claires, les hi-hats et autres percussions synthétisées ; en abusant de la distorsion, le son bouillonne, le filtre sature, la résonance siffle (parfois un peu trop…). Elektron nous offre là un bon son analo moderne, parfois brillant, parfois bien crade quand on en a envie. Le tout est rehaussé par une très belle réverbe dont nous reparlerons…
Mais c’est en commençant à tripatouiller tous ces encodeurs et boutons qu’on s’éclate vraiment : on lance un motif, on fait apparaitre une partie, on modifie les paramètres de synthèse, on transpose à la volée, on bloque certaines valeurs, on modifie le temps de réverbe, on chaîne un autre motif… pendant que ça tourne, on coupe des pas un à un, on ajoute un accent ou un petit Slide bien placé… le pied ! Avec 4 voix, on crée assez rapidement des séquences évoluées, d’autant que les sons et les modulations peuvent être considérablement différents d’un pas à l’autre. On a d’ailleurs souvent l’impression d’entendre plus de 4 lignes sonores en même temps, tellement c’est souple !
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Pistes de synthé…
Les 4 premières pistes, comme nous l’avons dit, sont dédiées à la synthèse. Chacune renferme un synthé analogique monophonique, doté de 2 DCO, 2 Sub DCO, un générateur de bruit numérique, 2 filtres, 1 distorsion et 1 VCA stéréo pour produire le son. Les DCO ont un paramètre Drift, pour ceux qui aiment l’instabilité de la fréquence propre aux VCO. Chaque DCO propose un accordage grossier sur plus ou moins 64 demi-tons et un accordage fin, qui peut être constant ou suivre le clavier, bien vu ! La fréquence peut être fixe, très utile pour les percussions. On règle ensuite le niveau d’entrée dans le filtre, dont les valeurs les plus élevées saturent ce dernier et agissent sur la résonance. C’est alors le moment idéal pour choisir sa forme d’onde ; si on ne peut en activer qu’une à la fois par DCO, toutes ont la particularité d’avoir un contenu harmonique continûment variable, que ce soit la dent de scie, l’impulsion transistor (type TB Roland), l’impulsion classique ou le triangle. La « largeur d’impulsion » varie de 0 à 100% et peut être modulée par un LFO indépendant à intensité et vitesse programmables. On peut aussi substituer à l’onde l’une des entrées audio ou créer une boucle de filtre, sympa ! S’ajoute un Sub oscillateur pour chaque DCO (carré à –1 ou –2 octaves, impulsion à –2 octaves) et un unique générateur de bruit numérique avec couleur variable et fondu (en entrée et en sortie, idéal pour créer des percussions sans consommer d’enveloppe).
Elektron a eu l’excellente idée de rendre les DCO interactifs et de bien belle manière : au programme, modulation d’amplitude de 1 par 2 et de 2 par 1 (double Ring Mod comme sur le Synthex) puis synchro de 1 par 2, de 2 par 1 ou croisée (mode Metal comme sur le JX-3P) ; mieux, un paramètre continu permet de passer progressivement d’une Soft Sync à une Hard Sync. Un autobend programmable en intensité (bipolaire) et en temps permet de générer des glissements plus ou moins rapides vers la note en cours. Dommage qu’on ne puisse le désactiver de l’un des DCO. On peut ensuite forcer la phase des DCO à redémarrer à chaque appui de note, idéal pour ajouter du punch aux sons percussifs. Enfin, un vibrato peut agir sur le pitch global, avec vitesse et intensité programmables. Tout cela commence très bien !
… et de modulations
Le signal ainsi produit (2 DCO ou entrées audio + 2 Sub + Noise) attaque ensuite un premier filtre analogique passe-bas résonant 4 pôles en échelle de transistors (façon Moog). La résonance est plus importante sur les fréquences élevées, voire très sifflante à partir de l’auto-oscillation. On peut ajouter du feedback dans ce premier filtre : les valeurs négatives créent un écrêtage doux, alors que les valeurs positives apportent une distorsion plus marquée. La fréquence de coupure peut suivre le clavier et être modulée par une enveloppe ADSR dédiée, avec des valeurs bipolaires pour chaque modulation. Le second filtre, placé uniquement en série, est un filtre multimode analogique 2 pôles à VCA, avec une résonance relativement constante quelle que soit la fréquence. Ce filtre possède 7 modes : passe-bas 2 pôles, passe-bas 1 pôle, passe-bande, passe-haut 1 pôle, passe-haut 2 pôles, réjection de bande et peak. Là encore, la fréquence de coupure peut être modulée par le suivi de clavier et l’enveloppe de filtre, tout cela en bipolaire. La section ampli stéréo analogique permet de régler le volume final, le panoramique, les départs vers les 3 effets et l’enveloppe ADSR de volume.
Pour moduler les paramètres, on dispose de 3 enveloppes ADSR : une figée sur l’ampli, une assignée aux filtres et une libre ; les 2 dernières ADSR peuvent moduler 2 destinations de façon bipolaire, à choisir parmi 50 paramètres : quasiment tous les paramètres des DCO, leurs interactions, leur vibrato, les filtres (FC et Q), l’ADSR sur l’ampli, le volume, le panoramique, les départs effets et l’accent. Chaque enveloppe possède des segments à forme variable (log, linéaire, exponentiel), ce qui la rend assez passe-partout, dans les registres rapides comme lents. S’y ajoutent 2 LFO synchronisables assez complets : vitesse (synchro à l’horloge globale / Midi et facteur multiplicateur), fondu en entrée ou sortie, phase, mode de déclenchement (libre, redéclenché, demi-cycle unique, cycle unique) et forme d’onde (triangle, sinus, carré, dente de scie, courbe exponentielle, rampe, aléatoire). Les LFO sont capables d’osciller jusqu’aux niveaux audio (ils se règlent par multiplication de la fréquence de base, ce jusqu’à 2000 fois !), mais le résultat est plutôt sale (aliasing et autres bruits métalliques peu musicaux) ; ils peuvent moduler chacun 2 destinations, là encore à choisir dans une liste de plusieurs dizaines de paramètres (les mêmes que précédemment plus les enveloppes et les LFO). Pour sauvegarder ses sons, l’Analog Four offre 128 emplacements mémoire que l’on pourra rappeler au sein de chaque piste de Pattern.
Piste d’effets
L’Analog Four offre 3 effets numériques placés en parallèle du signal analogique. Le premier effet est un Chorus plutôt quelconque, avec pré-délai, vitesse, profondeur, feedback (assez difficile à maîtriser), filtrage passe-bas et passe-haut, niveau final et départs vers le délai et la réverbe. Deuxième effet, le délai se synchronise au tempo ; cette synchro ne décroche pas lors des variations lentes de tempo, mais se met à couiner joyeusement lorsqu’on change la donne de manière exagérée. Il peut fonctionner en placement stéréo ou ping-pong, avec étendue ajustable. Comme tout bon délai, on trouve un feedback, des filtrages passe-bas et passe-haut ; mieux, un overdrive permet de percer les tympans de ceux qui souffrent d’otite aigüe. Le niveau final est aussi réglable, tout comme le départ vers la réverbe. Ce troisième et dernier effet embarqué est une simulation de pièce très réussie, avec une belle queue sans aspérités métalliques ou bouclages courts désagréables. Les paramètres disponibles sont le pré-délai, le temps de réverbe, la fréquence de Shelving, le gain, le filtrage passe-bas, le filtrage passe-haut et le niveau global. Vraiment une magnifique réverbe !
Chaque piste de synthé possède un départ séparé vers chacun des effets, comme sur une table de mixage. On peut aussi traiter chacune des entrées audio, avec départs gauche et droit séparés vers chaque effet. La piste FX a ses 2 LFO dédiés, qui possèdent les mêmes paramètres que les LFO des pistes synthé, chacun capable de moduler 2 destinations. On y trouve une trentaine de paramètres assignables : les départs effets, le volume et le panoramique de chaque entrée audio, ainsi que tous les paramètres d’effets, rien que cela ! Les réglages d’effets et toutes les modifications en temps réel les concernant sont mémorisés au sein de la piste FX, dans chaque Pattern, ce qui permet des évolutions temps réel complémentaires aux variations des pistes synthés, en parfaite synchronisation.
Piste CV
Grâce à sa piste CV, l’Analog Four est capable d’envoyer des messages CV / Gate / Trigger séquencés vers le monde extérieur, en synchro avec tout le reste. Ceci se fait à l’aide des 2 connecteurs CV Gate Out (AB et CD) au format jack TRS (câbles d’insert par exemple) situés sur le panneau arrière. Pour chaque port (ABCD), on choisit au niveau global le type de signal qui doit être envoyé : CV sur Pitch en V/Octave (valeur en Volt de la note C central, suivi de clavier en Volt), CV sur Pitch en Hz/V (accordage, profondeur d’octave), CV linéaire (tension mini, tension maxi, réglables entre –10 et +10 V par déci-Volt), Trigger (longueur et polarité), Gate (polarité, niveau réglable de 0 à 10 V par déci-Volt) ou mise à la masse.
Le reste des réglages est mémorisé dans chaque piste : accordage par demi-ton et fin (modes CV sur Pitch), le niveau de voltage du CV (mode linéaire) et la piste de base pour envoyer les valeurs de CV (l’une des 6 pistes peut être utilisée). Pour moduler le tout en direct (en plus des modulations de pistes), on dispose de 2 enveloppes ADSR et 2 LFO, identiques à ceux des autres pistes. Ce qui change, ce sont les 2 destinations de chacune des modulations, cette fois dédiées aux CV : accord grossier, accord fin, niveau, valeur, piste source, ce pour les 4 ports ABCD. Pour les LFO, on ajoute à cette liste les paramètres d’enveloppes (ADSR, temps de Gate, profondeurs de modulation). Une conception vraiment originale qui transforme l’Analog Four en puissant séquenceur de type analogique, parfaitement intégré à des synthés purs analo, vintage ou contemporains, là où le CV / Gate règne en maître absolu et où la main du Midi n’a jamais mis le pied.
Assemblages sauvages…
Les réglages statiques des 6 pistes (4 sons, 3 effets et 4 CV) sont assemblés dans des kits, liés à des Patterns rythmiques ; il y a 128 kits et 128 Patterns en mémoire utilisateur. C’est au niveau du Pattern qu’on peut régler l’action de quelques contrôleurs externes : la courbe de réponse de la vélocité assignée au volume (3 types), 5 choix de destinations pour la vélocité (avec quantités bipolaires de modulation), 5 pour le pitchbend, 5 pour la molette, 5 pour le contrôleur de souffle et 5 pour la pression (où leurs CC correspondants). De quoi faire… Chaque Pattern peut contenir de 1 à 64 pas (4 sections de 16 pas accessibles avec la touche Page). Dans un Pattern, chaque piste peut avoir une longueur différente de pas, ce qui permet des évolutions très complexes. Par contre, il n’y a pas d’inversion de sens lecture ou de mode aléatoire, l’exotisme s’arrête là…
En lecture, on peut lancer un Pattern, couper une piste, modifier des paramètres (synthèse, effets, CV), revenir aux valeurs initiales instantanément (sons / effets, pistes, Patterns). Mieux, le mode Performance permet d’assigner 10 paramètres aux encodeurs, ou plutôt des macro-commandes, afin de piloter plusieurs paramètres différents sur plusieurs pistes simultanées ; ainsi, pendant que le Pitch plonge sur la piste 1, la résonance du filtre explose sur la 3 ! On peut ajouter un peu de Swing (50 à 80%), accentuer certains pas, lier certaines notes ou des paramètres enregistrés (pour les lisser). Chaque piste dispose également d’un arpégiateur avec sens de lecture variable (ordre initial, haut, bas, alterné, aléatoire x2), vitesse multiple de l’horloge globale / Midi, plage de 1 à 8 octaves, mode legato et durée de note. L’arpégiateur travaille sur 16 pas, chacun étant débrayable et peut être utilisé en lecture comme en enregistrement.
… & chaînages variés
En enregistrement, les Patterns se programment indifféremment en pas à pas ou en temps réel. On peut naturellement quantiser les pas ou bénéficier d’un micro timing précis au 384e de double-croche. Outre l’entrée de notes avec le clavier intégré ou un clavier externe, la toute-puissance de l’Analog Four réside dans ses génialissimes modes Locks. Le premier, Sound Locks, permet de placer un son différent à chaque pas des 4 pistes synthé : on pense tout de suite à une alternance grosse caisse / caisse claire / percussions. Le second, Parameter Locks, permet de modifier, à chaque pas de chaque piste, tous les paramètres programmables, à concurrence de 128 maximum par Pattern ; ceci se programme et s’édite en temps réel ou en pas-à-pas, avec les 10 encodeurs et les 6 boutons de pages de paramètres situés en-dessous ; par exemple, alors que filtre et panoramique se baladent sur la piste 1, la piste 2 alterne les percussions, alors que sur la piste 3, les DCO synchronisés gémissent en rythme, tandis que sur la piste 5, le temps de réverbe s’allonge sur les temps pairs… tout cela se fait de manière discrète ou avec lissage pas par pas (Parameter Slide), ce qui permet de rendre les modulations continues… plus continues. En 3 mots, ma-gni-fique !
Les Patterns peuvent ensuite être assemblés en Chains (64 Chains de 2 à 256 pas maximum, à partager entre toutes les Chains). Au stade ultime, Chains et Patterns peuvent être regroupés en Song ; à chaque pas d’une Song, on peut spécifier jusqu’à 99 répétitions du Pattern ou de la Chain en cours, puis muter / activer chacune des 6 pistes. Très vite, on crée des Songs complexes, évolutives, subtiles, à partir de quelques Patterns / Chains bien choisis. Et si on se trompe dans tout cela, on peut recharger chaque son / kit / piste / Pattern tels qu’ils étaient enregistrés avant modification. Niveau mémoires, on ne peut pas dire que l’Analog Four batte des records de générosité : 128 sons, 128 kits, 128 Patterns assemblés en 64 Chains et 16 Songs. Heureusement qu’on peut envoyer et recevoir tout ce beau monde via Midi / USB.
Conclusion
Au final, l’Analog Four est une excellente surprise. Nous avons apprécié la qualité de construction irréprochable, la génération sonore analogique subtilement cuisinée à la sauce numérique, la multitimbralité, la puissance de la synthèse, la chouette réverbe, les modulations temps réel, les automations géniales du mode Pattern et la connectivité avec le monde extérieur. Cette puissance concentrée sur une surface proportionnellement réduite complique un peu la prise en main ; et pour être parfaite, l’Analog Four mériterait un mode polyphonique, plus de mémoires et des sorties séparées. Mais le prix ne serait pas aussi modéré… Voici donc un module sonore de très belle facture, destiné aux accros de la synthèse, des performances live et des séquences multitimbrales évolutives. Une très belle rencontre !
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