Deux ans après les premiers Volca, le Volca Sample incorpore des échantillons dans une mini-boîte à rythmes, agrandissant par là-même une petite famille attachante et ludique.
Cette année, à l’ombre du Minilogue, presque en toute discrétion, un cinquième Volca a été annoncé : alors, qu’est-ce qui a 32 algorithmes, 6 opérateurs FM et un tas de paramètres qu’on touille au Data Entry sans toujours comprendre ce qu’on fait ? Ah facile, un DX7… Eh bien plus seulement, car désormais, il y a aussi le Volca FM !
Couleur DX7
Au premier regard, le Volca FM affiche clairement sa filiation au DX7 pour ce qui est de la parure : robe brun foncé, boutons verts, bruns et rouge pastel, sérigraphie dorée… Il reprend par ailleurs le format parallélépipédique, la taille réduite (19 × 11 × 4 cm) et le poids plume (360 grammes) de ses frères.
La construction est aussi robuste que le Volca Sample, avec une caisse en plastique translucide et une façade en alu. La répartition des commandes s’apparente aux autres Volca : la partie supérieure renferme l’ensemble de la connectique, avec, de gauche à droite, l’interrupteur marche/arrêt, l’entrée pour alimentation externe (DC 9V à centre positif, KA-350, hélas toujours en option), l’unique entrée MIDI, les mini-jacks d’entrée/sortie Sync et la sortie casque (mini-jack stéréo) ; cette dernière est toujours la seule sortie audio disponible. Nouveauté, un afficheur à 8 diodes de 7 segments rouges prend place en haut à gauche ; il va vite s’avérer incontournable pour éditer les programmes, nous y reviendrons en détail. La partie centrale est réservée aux commandes pour le son et le transport du séquenceur. Enfin, la partie basse est occupée par un clavier capacitif tactile multizone, à savoir 2 rangées de 27 touches positionnées comme un clavier piano, identique à celui du Volca Keys.
Comme sur les autres Volca, un petit haut-parleur est intégré sous la machine, ce n’est pas le meilleur choix possible, mais c’est l’un des seuls endroits disponibles ; il est automatiquement coupé dès qu’un min-jack est inséré dans la sortie casque. C’est aussi sous la machine que l’on trouve la trappe pour l’alimentation par piles (6 AA/LR6 fournies), rendant ainsi le Volca FM parfaitement autonome. Le constructeur annonce une autonomie de 10 heures avec des piles alcalines. La mise à jour de l’OS ne se fait pas par l’entrée MIDI, mais via l’entrée Sync, au moyen d’un fichier audio, comme sur un Monotribe. C’est également par cette entrée que l’on peut récupérer les programmes et séquences en provenance de la sortie Sync d’un autre Volca FM. Bien évidemment, l’entrée Sync permet aussi de synchroniser le tempo à partir d’un autre Volca/Monotribe ou tout instrument compatible avec des impulsions positives/négatives, en les reliant avec le cordon mini-jack stéréo fourni. La réciproque est également vraie…
Sons DX7
Le Volca FM est un module à arpégiateur et séquenceur intégrant un synthé FM modulable en temps réel. On a dû parler plusieurs fois de DX7 depuis le début de ce test, non ? Ah bon ? Pas remarqué… si on est aussi lourd, c’est que la machine renferme un DX7 complet. Complet ? Oui, complet, à la polyphonie près, qui est de 3 notes ici alors qu’un DX7 peut envoyer 16 notes. Alors oui, 3 notes c’est peu, c’est moins que 4, mais c’est mieux que 2 ou 1… Ce n’est pas non plus une workstation, mais un module monotimbral spécialisé, un complément sonore original, car faire de la musique avec de la synthèse FM seule n’est pas chose aisée. Et ceci étant posé, le Volca FM est assez balaise. Il est d’autant plus balaise qu’il intègre tous les paramètres de synthèse du DX7 ; tous sont accessibles, éditables et mémorisables au sein de 32 programmes. Au point qu’on peut dumper des banques Sysex complètes de 32 programmes de DX7, la compatibilité est sur ce point totale.
Question résultats sonores, c’est le DX7 tout craché : basses, marimbas, pianos électriques, orgues, cuivres, textures métalliques, cloches, percussions, effets spéciaux… rien ne nous est épargné, c’est conforme à l’original, pour le meilleur et pour le pire ; là encore, c’est le talent du programmateur qui fait la différence… ou pas. Quand on monte dans les aigus (à partir du Do 5), un infâme aliasing gargouille souvent de tout son être, autant que sur notre DX7 ; il nous semble même que l’aliasing est un poil plus présent sur le Volca FM que sur le vénérable DX7. La machine se paie le luxe d’offrir un chorus stéréo, venant réchauffer et élargir le signal, bien utile sur certaines nappes ou cuivres (une simple affaire de marche/arrêt, mémorisable dans chaque séquence). Les niveaux de sortie sont corrects et le souffle inaudible.
- 1MorphBass 00:42
- 2EBass 00:36
- 3ChewyBass 00:41
- 4AnaBass 00:20
- 5Volcanic 00:39
- 6MusicBox 00:47
- 7SmashHit 00:34
- 8GlassPad 00:47
- 9ThroatKey 00:51
- 10EPiano 00:23
- 11BrassEns 00:36
- 12StringSection 00:41
Synthèse DX7
Alors, on y va pour la FM DX7 ? Tant de choses ont déjà été écrites sur le sujet que l’on va s’en tenir à l’essentiel : à quoi ça sert (et non pas comment ça marche).
Les sources sonores sont constituées de 6 opérateurs générant une onde sinusoïdale. Ces opérateurs peuvent prendre le rôle de porteurs (générateurs sonores) ou modulateurs (générateurs de modulations de phase audio). Ils sont arrangés en algorithmes (32 types différents) qui définissent qui sont les porteurs, qui sont les modulateurs et comment tout cela interagit. Prenons le schéma d’un algorithme : à la verticale, les opérateurs se modulent, leurs signaux sont multipliés, ce qui crée de nouvelles harmoniques au sein du porteur en bas de chaîne. À l’horizontale, les signaux des porteurs sont additionnés en bas de chaîne. Suivant l’algorithme, on peut avoir plusieurs modulateurs qui se modulent ou qui modulent un même porteur ; ou encore plusieurs porteurs alignés à l’horizontale, modulés ou pas. Un feedback réinjecte le signal de modulation au sein d’un ou plusieurs opérateurs pour ajouter davantage d’harmoniques. Un opérateur peut agir à fréquence variable ou fixe. Si c’est un porteur, on a un son dont la fréquence suit le clavier dans le premier cas ou reste fixe dans le second ; si c’est un modulateur, on crée des harmoniques dans le premier cas (fréquence ratio de la fondamentale) ou des formants dans le second (modulation à taux fixe).
Tout cela serait très simple si le son était statique. Or, l’amplitude de chaque opérateur peut varier dans le temps (enveloppe 4 pentes/4 niveaux et LFO) et l’espace (suivi de clavier avec point d’inflexion et courbes gauches/droites, linéaires/exponentielles, à signe positif ou négatif). La vélocité peut également piloter l’amplitude de chaque opérateur. En sortie, on peut aussi ajuster l’amplitude de chaque opérateur. Qu’y a-t-il de sioux là-dedans ? Quand un opérateur est un porteur, modifier l’amplitude revient à modifier le volume : enveloppes, LFO, suivis de clavier, réponse en vélocité ou amplitudes de sortie mixent donc des signaux audio ; mais quand un opérateur est un modulateur, faire varier son amplitude (avec les mêmes types de sources que précédemment) revient à faire varier son action sur le porteur ou le modulateur auquel il est attaché dans l’algorithme ; et au final, faire varier le contenu harmonique du porteur, donc son timbre. Dit autrement, pousser le volume d’un modulateur ne pousse pas le niveau du son, mais le niveau de sa modulation de fréquence. Tout cela, c’est pour l’un des 6 opérateurs, ce qui nous fait plus de 130 paramètres. S’y ajoutent les paramètres communs aux 6 opérateurs : enveloppe de pitch (4 pentes/4 niveaux), feedback, LFO (forme d’onde, action sur le volume, action sur le pitch, départ synchro), réponse en vélocité, vibrato… donc environ 150 paramètres. Tout d’un DX7, on vous avait prévenus !
Tout ce qui bouge
Ce qui manque au Volca FM pour égaler l’expressivité d’un DX7, ce sont les contrôleurs physiques traditionnels (clavier, molettes, pédales, contrôleur de souffle…). Toutefois, l’objet de la machine est tout autre, puisque c’est un module intégrant potentiomètres, arpégiateur et séquenceur ; en somme, d’autres moyens de faire varier le son en temps réel. L’arpégiateur offre 9 mouvements (vers le haut, vers le bas, aléatoire sur 1–2–3 octaves) et 11 divisions temporelles (de 1/12 à 4 fois le tempo). Il est utilisable avec les séquences, comme nous le verrons après. La mémoire interne renferme 16 séquences polyphoniques (à une seule piste) de 1 à 16 pas. Le numéro de programme, le mode de voix (polyphonique, mono ou unisson) et le statut du chorus sont sauvegardés dans chaque séquence. La programmation se fait uniquement en temps réel en Overdub, avec l’aide d’un métronome intégré que l’on peut activer si besoin. Les notes sont enregistrées avec leur durée (note on/note off) et quantifiées au pas le plus proche ; il n’y a pas de fonction Flux (zéro quantification) comme sur le Volca Keys ou de quantification alternative. Le tempo peut être synchronisé à une horloge externe selon 3 divisions temporelles : identique, à moitié ou au quart. On peut également chaîner une plage de séquences (2 à 16) qui seront reproduites à la suite puis bouclées ; ce n’est pas aussi puissant qu’un véritable mode Song, qui fait hélas défaut.
Le séquenceur permet d’enregistrer le mouvement des commandes situées en façade, en temps réel et sur un cycle. Il s’agit de la transposition (curseur agissant par demi-ton ou par octave), de la vélocité (second curseur), des segments AD des modulateurs, des segments AD des porteurs, de la vitesse du LFO, de l’action du LFO sur le Pitch, du numéro d’algorithme, du type d’arpège et de la division temporelle de l’arpégiateur. Les 9 derniers paramètres cités précédemment sont assignés à des potentiomètres lumineux, qui clignotent lorsque leur valeur change. En jouant sur les commandes de sélection de motif et de vitesse d’arpège, on peut créer des fioritures additionnelles intéressantes, sortant des fourches caudines de la grille de quantification. Les mouvements enregistrés peuvent être calés sur les pas, joués en continu ou annulés (sans être effacés de la séquence). De même, on peut éliminer certains pas, qui ne seront ni reproduits, ni enregistrés. La fonction Warp Active Step permet de ralentir la vitesse de lecture d’une mesure pour qu’elle dure l’équivalent de 16 pas, quel que soit le nombre de pas activés, une alternative bienvenue à l’absence de divisions temporelles exotiques. Une fois la séquence satisfaisante, il faut penser à la sauvegarder dans l’une des 16 mémoires.
Entrée MIDI
Le Volca FM est équipé d’une entrée MIDI pour piloter les notes, le pitchbend, les commandes du séquenceur et bien évidemment l’horloge (arpèges, séquences, mais pas le LFO). Malheureusement, la réponse aux CC MIDI est limitée aux paramètres de synthèse directement en façade (ceux qui sont automatisables) ; par contre, la réponse aux commandes physiques telles que molette de modulation, vélocité, pression, Sustain, contrôleur de souffle est ignorée, ce qui est très surprenant quand on connait l’expressivité de la FM (le CC qui règle la valeur du curseur de vélocité est reconnu, mais pas la vélocité jouée au clavier). Autant on peut comprendre que les commandes physiques soient absentes d’un module si petit et bon marché, autant on est déçu par leur absence de la liste des CC reçus : le Volca FM n’est pas un expandeur classique. Enfin, comme déjà dit, l’entrée MIDI permet aussi de recevoir des banques DX7 de 32 programmes via Sysex. En absence de MIDI Out ou de prise USB, la sortie Sync permet d’envoyer le contenu de la mémoire interne (programmes et séquences) vers un autre Volca FM ; on imagine aussi bien des applications se développer (éditeurs ou bibliothécaires…) pour gérer tout cela à partir de tablettes, smartphones ou portables…
Conclusion
Le Volca FM est le cinquième module de la famille Volca. Tout aussi autonome avec son mini clavier tactile multizones, son petit HP et son alimentation par piles, c’est aussi le plus puissant d’entre eux, fort de ses 32 programmes et 16 séquences. Côté synthèse, il s’agit d’un DX7 à part entière, avec le même son et les mêmes paramètres de synthèse, tous éditables et mémorisables, au point d’être compatible avec ses banques via Sysex MIDI. Comme tout bon Volca, il permet aussi de séquencer des notes et des mouvements de commandes en temps réel, avec un Workflow exemplaire. On note çà et là quelques améliorations au concept initial, tels qu’un petit arpégiateur, un effet chorus, une fonction Warp et l’export des mémoires via la sortie Sync. Le prix étant très serré, la machine a toutefois ses limites : 3 voix de polyphonie, des séquences courtes, l’absence de mode Song, une réponse limitée aux commandes MIDI externes (dont la vélocité) et une connectique épurée. Mais pour ceux qui veulent ajouter à leurs performances scéniques l’authentique son FM 6 opérateurs piloté par des mini-séquences, sans se ruiner et avec une certaine autonomie, le Volca FM est à considérer plus que sérieusement…
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