Se connecter
Se connecter

ou
Créer un compte

ou
Test écrit
10 réactions

Test du Korg Volca Keys - La clé des chants

5/10

Deux ans après la sortie du Monotribe, Korg récidivait avec 3 modules synthés/BAR nomades. C’était en 2013, il nous aura fallu près d’un an pour récupérer le trio. Allez hop, sous le bras, direction les pistes enneigées !

Comme chaque année à cette époque, c’est les vacances à la montagne entre potes. L’an­née dernière, Paulo, accom­pa­gné de sa gratte, s’est pris une bonne bran­lée par le Mono­tribe (cf. test). Il va donc sans dire que cette année, il a mis les bouchées doubles : Strat vintage, préam­pli vintage, ampli vintage, effets vintage, réper­toire vinta­ge… aucun doute, les grou­pies vont succom­ber. Mais juste avant le départ, trois petits cartons estam­pillés Volca Bass, Beats et Synth sont arri­vés. Vu leur taille rikiki, ils sont rentrés sans problème dans les valises, entre les gants et le blou­son… Est arrivé le grand soir, est venu le moment où San Fran­cisco allait s’em­bru­mer et tout d’un coup, paf, panne de jus ! Suivie d’un grand blanc (si on peut dire). Et Paulo qui a laissé la Folk au studio…

À peine une bougie provi­den­tielle allu­mée que surgit du fond de la nuit un beat élec­tro-pop bien (modes­te­ment) construit avec un soupçon de basse acidu­lée, une poignée de percus­sions synthé­tiques et une pointe de lead inci­sif. Avec leurs piles, leur câble synchro et leur HP inté­gré, les Volca donnent de la voix en cadence et dans le noir. Quelques petits coups de potards rétroé­clai­rés bien dosés, des enchaî­ne­ments judi­cieux et des slides faits main suffisent à détour­ner les grou­pies du pauvre Paulo qui maudit le transfo EDF du coin sur 25 géné­ra­tions. Voyons la suite…

Points communs

Korg Volca Keys

Chaque Volca est dédié à une appli­ca­tion : synthé lead, synthé basse et BAR. Toute­fois, tous partagent un certain nombre de carac­té­ris­tiques. D’abord, le physique : format paral­lé­lé­pi­pède rectangle, construc­tion plas­tique moyen­ne­ment robuste (certains potards bougent large­ment sur leur axe), taille réduite (19 × 11 × 5 cm), poids plume (moins de 400 grammes). Ensuite, la répar­ti­tion des commandes en façade : en partie supé­rieure, on trouve l’en­semble de la connec­tique, avec de gauche à droite : inter­rup­teur marche/arrêt, entrée pour alimen­ta­tion externe (DC 9V, modèle KA-350 hélas en option), entrée MIDI unique (donc pas de sortie), entrée & sortie synchro (format mini-jack) et sortie casque mono (mini-jack) ; c’est d’ailleurs la seule sortie audio dispo­nible sur un Volca. En partie centrale, on trouve l’es­sen­tiel des commandes, diffé­rentes pour chaque modèle (nous en repar­le­rons). Enfin, la partie basse est dédiée au clavier capa­ci­tif tactile : une rangée de 16 touches pour les Volca Bass et Volca Beats, ou deux rangées tota­li­sant 27 touches posi­tion­nées comme un clavier piano (Volca Keys).

Korg Volca Keys

Un petit haut-parleur est inté­gré sous la machine, ce n’est pas le meilleur choix possible, mais c’est l’un des seuls endroits dispo­nibles ; il est auto­ma­tique­ment coupé dès qu’un mini-jack est enfoncé dans la sortie casque. C’est aussi sous la machine que l’on trouve la trappe pour l’ali­men­ta­tion par piles (type 6AA four­nies), rendant ainsi les Volca tota­le­ment auto­nomes. Le construc­teur annonce une auto­no­mie de 10 heures avec des piles alca­lines. La mise à jour de l’OS ne se fait pas par la prise MIDI In, mais via l’en­trée Sync, au moyen d’un fichier audio WAV, comme sur une Mono­tribe ; nous avons d’ailleurs passé notre Volca Beats de test en OS 1.02 (en veillant bien à désac­ti­ver les sons système et les effets sur la sortie casque de notre PC). En temps normal, cette entrée Sync permet, en conjonc­tion avec un petit cordon fourni connecté à une sortie Sync, de synchro­ni­ser le tempo de plusieurs Volca /Mono­tribe. Voilà pour les points communs aux 3 Volca.

Inspec­tion des lieux

Korg Volca Keys

Comme pour ses frères de son, la façade du Volca Keys est divi­sée en trois sections : connec­tique en haut, commandes au centre et clavier capa­ci­tif en bas. Commençons par détailler les commandes : 2 sélec­teurs rota­tifs multi-posi­tions, 16 potards (dont 15 éclai­rés) et 4 boutons pous­soirs (trans­port, sélec­tion/écri­ture des mémoires, fonc­tion). Les potards sont un peu serrés ; atten­tion en live ! Ils commandent les diffé­rentes sections de synthèse (VCO, VCF, LFO, enve­loppe) et d’ef­fet (temps et feed­back de délai) et le tempo de la machine. La touche de fonc­tion permet d’ap­pe­ler des para­mètres de synthèse supplé­men­taires, ainsi que d’autres raffi­ne­ments dont nous parle­rons plus tard.

Enfin, la partie infé­rieure du Volca Keys est consti­tuée d’un mini clavier multi­tac­tile 27 touches, avec une rangée de 16 LED juste en dessous. Contrai­re­ment aux 2 autres Volca testées en paral­lèle, le jeu est ici assez casse-gueule. On peut certes jouer en poly­pho­nie selon le mode des VCO, mais on a souvent le droit à un gros buzz quand on appuie entre 2 touches sans le faire exprès (ou sur 2 touches consé­cu­tives à la fois). Plutôt que de tailler nos gros doigts, il faut alors se rabattre sur l’en­trée MIDI pour pouvoir tirer rapi­de­ment parti de la machine. Bref, c’est un peu galère pour ceux qui veulent une auto­no­mie complète sans prise de tête !

Sons et synthèse

Korg Volca Keys

Le Volca Keys est un petit séquen­ceur à pas inté­grant un synthé analo­gique modu­lable en temps réel. Le son est généré par 3 VCO à 2 formes d’ondes. Problème, l’ac­cès aux para­mètres des VCO est très limité, puisqu’il faut se conten­ter de 6 présé­lec­tions régis­sant à la fois les fréquences, les formes d’ondes et les modu­la­tions : « Poly » permet une poly­pho­nie à 3 VCO avec des ondes en dent de scie ; on devrait plutôt parler de para­pho­nie, car il n’y a qu’une chaîne VCF, VCA, EG (jouer une note sur une note tenue redé­clenche tout) ; « Unison » produit 3 dents de scie au même pitch ; « Octave » joue 2 VCO au pitch et 1 VCO à l’oc­tave, toujours avec des ondes en dent de scie) ; « Fifth » place 2 VCO au pitch et le 3e à la quinte, avec des ondes en dent de scie ; « Unison Ring » produit une modu­la­tion en anneau des 3 VCO, joués à l’unis­son avec des ondes en carré ; enfin « Poly Ring » permet des accords para­pho­niques 3 voix avec modu­la­tion en anneau et ondes carré sur les 3 VCO. Bref, pas très souple… La tessi­ture est ajus­table de 1 à 32 pieds. On peut aussi régler le Detune, le porta­mento et l’ac­tion de l’en­ve­loppe sur le pitch. Pour que les VCO restent accor­dés, un auto­tune est lancé dès que le jeu s’ar­rête plus de 10 secondes.

Korg Volca Keys

Le signal passe ensuite dans le VCF passe-bas 2 pôles, avec réso­nance auto-oscil­lante. De manière clas­sique, on peut en régler la fréquence, la réso­nance et l’in­ten­sité de l’en­ve­loppe. Pour modu­ler le son, une enve­loppe ADSR (avec D et R communs) permet d’agir sur le pitch, le filtre et le volume, dont la phase peut être redé­clen­chée à chaque nouvelle note ou lais­sée libre. Sans oublier un LFO à ondes en dent de scie, triangle ou carré, assi­gnable au pitch et au filtre, avec inten­si­tés ajus­tables. Bref, un condensé de synthé bridé au niveau des VCO.

Ques­tion son, le dépouille­ment de la section VCO est frus­trant pour sculp­ter le signal à sa guise ; le mode poly est injouable au clavier tactile, les Ring Mod sont diffi­ci­le­ment contrô­lables ; seuls les modes Unis­son, Octave et Fifth permettent de peser dans le mix. Le filtre est acidulé, trash dans les aigus et un peu faiblard dans les basses ; il reprend la concep­tion du Korg 700, avec ajout de réso­nance. On entend nette­ment les pas sur la coupure du filtre quand on pousse la réso­nance (ce qui n’est pas le cas sur la Volca Bass, contrô­lée en tension, mais du coup pas pilo­table ou enre­gis­trable). L’en­ve­loppe est moyen­ne­ment nerveuse et le LFO tend à décro­cher un peu quand on le pousse dans les valeurs audio. Il y a aussi du souffle, qui augmente avec le volume, mais rien de rédhi­bi­toire, sauf peut-être avec l’ef­fet délai…

Volca Keys 1 Poly1
00:0000:13
  • Volca Keys 1 Poly1 00:13
  • Volca Keys 2 Poly2 00:27
  • Volca Keys 3 Unison1 00:28
  • Volca Keys 4 Unison2 00:21
  • Volca Keys 5 Fifth 00:14
  • Volca Keys 6 Unison RM 00:18
  • Volca Keys 7 Poly RM 00:23
  • Volca Keys 8 Presets 00:51

Effet inté­gré

Korg Volca Keys

Comme nous venons de le dire, le Volca Keys est équipé d’un effet de délai simpliste mais utile pour enri­chir le son, parfois un peu trop aigre­let. On en règle le temps et le feed­back direc­te­ment en façade. Contrai­re­ment au Stut­ter du Volca Beats, il est de facture numé­rique. Ce n’est pas gênant. Ce qui l’est plus en revanche, c’est la couleur toujours métal­lique et la tendance à géné­rer du bruit addi­tion­nel quand on pousse le feed­back, même si c’est plus discret que sur la Mono­tribe. Le bon côté de la concep­tion numé­rique, c’est qu’on a la possi­bi­lité de synchro­ni­ser le délai au tempo, interne ou externe. Atten­tion toute­fois aux varia­tions rapides de tempo, le délai à tendance à décro­cher, produi­sant des arte­facts pas très agréables.

Séquences et modu­la­tions

L’in­té­rêt du Volca Keys serait limité s’il ne compor­tait pas un séquen­ceur interne. Celui-ci permet de mémo­ri­ser 8 séquences de 1 à 16 pas, ce qui n’est pas ce qu’on trouve de plus géné­reux. On aurait fran­che­ment préféré le double sur les deux tableaux, car pour une perfor­mance live, c’est un peu court (ou alors il faut en ache­ter 2 !). Contrai­re­ment aux autres Volca, le Volca Keys se joue et programme unique­ment en temps réel, d’où l’in­té­gra­tion d’un métro­nome. D’ailleurs, on peut ou pas quan­ti­ser nos œuvres, de manière réver­sible (fonc­tion Flux). Via la fonc­tion Motion, le mouve­ment des potards assi­gnés aux para­mètres de synthèse et d’ef­fets peut être enre­gis­tré en temps réel. Comme pour les notes, on peut les quan­ti­ser sur les pas, les lais­ser en continu ou les muter. Cela permet de belles évolu­tions spec­trales, hélas limi­tées à un cycle d’une mesure. Lorsqu’un potard est animé, il s’éclaire en rythme, ce qui permet de s’y retrou­ver. Seule manque à la fête la réso­nance du filtre, domma­ge…

Korg Volca Keys

Par contre, le sens de lecture se fait unique­ment à l’en­droit, aucun mode alterné ou aléa­toire n’est prévu. La lecture peut s’opé­rer suivant 3 divi­sions tempo­relles déri­vée du tempo prin­ci­pal (1/1, 1/2 ou 1/4). Dans une séquence donnée, on peut choi­sir d’igno­rer certains pas, qui ne seront donc ni repro­duits, ni enre­gis­trés. C’est le seul moyen de faire des divi­sions tempo­relles un peu exotiques et c’est global pour la séquence. On a la possi­bi­lité de redé­clen­cher l’en­ve­loppe à chaque pas, tant que le mode Flux n’est pas utilisé. Le Volca Keys répond aux CC MIDI sur pratique­ment tous ses para­mètres de synthèse, mis à part la réso­nance du filtre, un oubli aussi curieux qu’en­nuyeux… Le MIDI sert aussi à pilo­ter les notes (avec vélo­cité assi­gnée au volume), le pitch­bend, les commandes du séquen­ceur et bien évidem­ment l’hor­loge. Ce qu’il manque par contre, c’est une fonc­tion d’ac­cen­tua­tion de certains pas. Dès qu’on est satis­fait, il ne faut pas oublier de sauve­gar­der la séquence dans l’un des 8 empla­ce­ments mis à dispo­si­tion. En revanche, aucun moyen d’ex­por­ter son travail, c’est bien dommage !

Conclu­sion

Le Volca Keys est fina­le­ment assez diffé­rent du Volca Bass, même s’il partage certains compo­sants. Plus orienté temps réel, plus évolu­tif, avec des mouve­ments conti­nus ou discrets, il en est un bon complé­ment. Le work­flow est tout aussi bien pensé, même si le mode pas-à-pas n’existe pas. De même le son est là, mais la concep­tion de la section VCO est frus­trante, quand on a le poten­tiel qu’elle renferme, avec les 3 VCO indé­pen­dants et les modu­la­tions en anneau. Autres griefs, le clavier est diffi­cile à maîtri­ser seul et on a souvent eu recours à un contrô­leur externe pour arri­ver à nos fins. On regret­tera aussi une mémoire un peu light, comme sur tous les Volca, l’orien­tant forte­ment vers le live spon­tané.

Merci à LaBoi­te­Noi­re­Du­Mu­si­cien.com qui nous a prêté le maté­riel !

Télé­char­gez les fichiers sonores (format FLAC)

 

 

Notre avis : 5/10

  • Le grain du filtre passe-bas résonant
  • L’effet délai intégré
  • La fonction Flux, pour des évolutions tout en douceur
  • Les animations de (presque) tous les paramètres
  • Le workflow sans interruption
  • La réponse à de nombreux CC MIDI
  • Le côté totalement autonome (modulo le clavier)
  • Le prix abordable
  • Le souffle en toile de fond
  • Le clavier multitactile difficile à jouer
  • L’accès limité aux fréquences/formes d’onde/Ring Mod des VCO
  • La résonance du filtre absente des animations et CC MIDI
  • Lecture des séquences uniquement à l’endroit
  • La mémoire un peu chiche
  • L’alimentation externe non fournie

Vous souhaitez réagir à cet article ?

Se connecter
Devenir membre