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Test du Multi/Poly de Korg - Un petit gars bien élevé…

8/10

Après le Wavestate, l’Opsix, le Modwave et le KingKORG Neo, la série des synthés compacts signés Korg s’enrichit d’un nouveau modèle mêlant différentes formes de synthèse et de filtrage. Trouvera-t-il sa place dans la gamme tout en se démarquant de la concurrence ?

Test du Multi/Poly de Korg : Un petit gars bien élevé…

S’il existe une famille de synthés qui marque aujour­d’hui le paysage de la musique numé­rique par sa profon­deur et sa largeur de gamme, c’est bien la série des Waves­tate/Opsix/Modwave et King­KORG Neo. Chacun y va de ses moteurs de synthèse spéci­fiques injec­tés dans une plate­forme de modu­la­tions et d’ef­fets assez simi­laire entre modèles, le tout empaqueté avec un clavier compact facile à trans­por­ter. Certains modèles ont commencé à être décli­nés en modules, grands claviers (tout le reste étant égal par ailleurs), puis amélio­rés en révi­sion II, suivant l’an­cien­neté, béné­fi­ciant des avan­cées tech­no­lo­giques au fil du temps. Sans parler des séries limi­tées… Ainsi chacun peut aujour­d’hui choi­sir un synthé de la gamme selon ses préfé­rences en matière de synthèse, de place dispo­nible à la maison, de parc exis­tant ou de desti­na­tion (studio/scène). Dernier modèle en date, le Multi/Poly promet l’ac­cès aisé à diffé­rentes formes de synthèse complé­men­taires dans un synthé multi­tim­bral compact, avec tout ce qu’il faut pour les contrô­ler…

Synthé compact : Design, ergo­no­mie et trans­por­ta­bi­lité

Multi Poly 2tof 03 trois quart gaucheJPGLe Multi/Poly est livré avec une housse de trans­port légère. Il reprend la physio­no­mie des King­KORG Neo, Modwave, Opsix et Waves­tate. On retrouve la coque plas­tique recou­verte d’une façade en alu aux couleurs bleue et noire façon Mono/Poly, auxquelles s’ajoute une lame boisée pour les flancs, ce qui rehausse la présen­ta­tion. Le poids s’en trouve un poil augmenté, puisqu’on passe à 3,5 kg sur la bascule. La qualité de construc­tion est plutôt moyenne et le clavier plas­tique de 37 touches stan­dard n’est toujours pas au niveau du tarif demandé, bruyant et mou, sensible à la vélo­cité initiale et de relâ­che­ment, mais pas à la pres­sion. Dans notre souve­nir, il semble toute­fois un peu meilleur que celui des prédé­ces­seurs de la série. Le panneau est recou­vert de commandes orga­ni­sées par section (pad, couches, édition/modes, effets, oscil­la­teurs, filtres, enve­loppes, LFO, boutons assi­gnables, sélec­tion des programmes, des pas ou pistes du séquen­ceur…). On dénombre 22 poten­tio­mètres rota­tifs (modes saut/rela­tif), 1 enco­deur, 53 boutons rectan­gu­laires, 16 boutons carrés rétroé­clai­rés, 2 molettes et 1 pad de modu­la­tion, sur une surface compacte de 57 × 32 cm. L’or­ga­ni­sa­tion est un peu confuse, d’au­tant que beau­coup de modules se partagent les mêmes commandes : oscil­la­teurs, filtres, enve­loppes, LFO, effets… autre­ment dit, presque tout ce qu’on sera amené à tripo­ter ! À cela s’ajoute l’usage fréquent de la touche Shift qui double bon nombre de commandes, ce qui n’ar­range rien. Des touches dédiées permettent de sélec­tion­ner/acti­ver/couper les quatre couches sonores que peut conte­nir une Perfor­mance, mode dans lequel le synthé se trouve en perma­nence. Une cinquième permet la rota­tion entre les couches (avant, arrière, alter­née, aléa­toire), ce qui donne des résul­tats inté­res­sants rappe­lant le compor­te­ment des oscil­la­teurs du Mono/Poly. Hélas, cette rota­tion ne s’ap­plique pas à l’ar­pé­gia­teur qui déclenche toutes les couches acti­vées simul­ta­né­ment, une décep­tion. Quatre boutons assi­gnables permettent de créer des modu­la­tions directes en leur assi­gnant des desti­na­tions ; ils trans­mettent et reçoivent des CC Midi.
Multi Poly 2tof 10 zoom trois quart gaucheComme sur le Modwave, le pad permet de créer deux modu­la­tions simul­ta­nées en coor­don­nées carté­siennes (X/Y) ou polaires (rayon/angle), suivant deux modes possibles : soit pad clas­sique contrôlé manuel­le­ment, soit surface 3D para­mé­trable (type colline, pente, gouffre, cuvette, etc.), sur laquelle roule une bille virtuelle qu’on lance avec le doigt, qui progresse sur la surface et rebon­dit sur les parois. Toujours aussi sympa ! Pour accé­der aux nombreux menus, on trouve un écran OLED mono­chrome 128 × 64 points. La navi­ga­tion se fait au moyen des touches <>/Pages +/-, de l’en­co­deur cranté et de la touche Enter. L’en­co­deur est sensible à la vitesse de rota­tion, la touche Enter pouvant augmen­ter son action, bien vu ! La plupart des pages menu affichent l’en­semble des para­mètres acces­sibles, on utilise rare­ment l’as­cen­seur ; le cas échéant, on peut filtrer certains para­mètres. Autres points d’er­go­no­mie impor­tants : l’écran affiche en temps réel les séquences de mouve­ments et les courbes d’en­ve­loppe ; on peut sélec­tion­ner les sons par caté­go­rie et les trier par ordre alpha­bé­tique ; les valeurs sont souvent expri­mées dans leur véri­table unité (dB, demi-tons, secondes, Hz…) ; il existe une fonc­tion d’aide contex­tuelle et une fonc­tion Compare ; on trouve aussi une fonc­tion de créa­tion sonore aléa­toire, agis­sant à diffé­rents niveaux et sur diffé­rents para­mètres à défi­nir ; dans le mode utili­taire, on contrôle les voix actives, le vol de voix, la charge du CPU et sa tempé­ra­ture.
Compa­rable à ses prédé­ces­seurs et toujours aussi mini­ma­liste, la connec­tique est inté­grée au panneau arrière : prise casque stéréo (jack 6,35), paire de sorties stéréo (2 jacks 6,35 TRS symé­triques, merci !), prise pour pédale de main­tien (jack 6,35 TS), prise USB type B (Midi, données de programmes, mise à jour du micro­lo­gi­ciel, mais pas d’au­dio), entrée/sortie Midi DIN, inter­rup­teur secteur et borne pour alimen­ta­tion externe (12 VDC à centre posi­tif avec bloc à l’ex­tré­mité bien cheap). Toujours pas très géné­reux…

Excel­lentes sono­ri­tés : Une poly­va­lence sonore impres­sion­nante

Multi Poly 2tof 09 trois quart droiteLe Multi/Poly démarre en une dizaine de secondes, un très bon point pour le live. La machine est livrée avec plus de 300 Perfor­mances multi­tim­brales et plus de 500 programmes prêts à l’em­ploi. La mémoire est gérée sous forme de base de données ; sa capa­cité n’est pas connue (plusieurs Go), mais on parle de plusieurs milliers d’em­pla­ce­ments pour les diffé­rents éléments (Perfor­mances, programmes, listes de favo­ris, lignes de séquences, tempé­ra­ments, effets…). Les programmes et les éléments asso­ciés sont sauve­gar­dés auto­ma­tique­ment au sein de Perfor­mances, c’est instan­tané et pas du tout prise de tête, merci. On peut faire des sauve­gardes sépa­rées, au risque d’en mettre un peu partout, mais on pourra ensuite faire le ménage dans la base de données, notam­ment avec l’édi­teur/biblio­thé­caire fourni. Pour la scène, on peut créer des listes de favo­ris poin­tant vers 64 Perfor­mances, acces­sibles rapi­de­ment avec la rangée de 16 touches ; le nombre limite des listes n’est pas connu, mais cela ne devrait poser aucun problème pour les cent prochains concerts…
Multi Poly 2tof 17 arrière zoomLa qualité audio est excel­lente, les niveaux sont élevés, il n’y a pas de bruit de fond, on appré­cie les jacks symé­triques. Toujours dans une orien­ta­tion scène, la tran­si­tion en douceur entre les Perfor­mances multi­tim­brales (SST) est la bien­ve­nue. Dans certains cas, on peut lancer une séquence, la main­te­nir, et en lancer une seconde sans inter­rup­tion (pour peu qu’on ne dépasse pas la multi­tim­bra­lité ou la poly­pho­nie, évidem­ment). La qualité sonore est tout aussi excel­lente, avec ce qui fait la signa­ture Korg depuis le milieu des 90’s : un son ample, large, profond, occu­pant tout le spectre sonore et tout l’es­pace stéréo, sans pour autant être enva­his­sant (tant qu’on reste modéré sur les effets d’en­semble et la réverbe). Même en pous­sant dans les hautes fréquences, on ne décèle quasi­ment pas d’alia­sing, parfait. Les domaines de prédi­lec­tion sont nombreux, allant des textures éthé­rées aux pêches de cuivres couleur analo, en passant par les grosses basses synthé, les pianos élec­triques tran­chants, les orgues jazz envoû­tants, les percus­sions métal­liques coupantes, les tables d’ondes évolu­tives, les ambiances West Coast hallu­ci­no­gènes et les effets spéciaux spec­ta­cu­laires, tout cela réalisé en synthèse pure. La multi­tim­bra­lité et le séquen­ceur à quatre couches permettent des ryth­miques bien élabo­rées. Le Multi/Poly surprend vrai­ment par sa poly­va­lence sonore, revi­si­tant diffé­rentes époques de la synthèse, tout en étant capable de produire des sono­ri­tés contem­po­raines.

Multi_Poly_1audio 01 Wake up
00:0001:34
  • Multi_Poly_1audio 01 Wake up01:34
  • Multi_Poly_1audio 02 Gorgeous pad00:54
  • Multi_Poly_1audio 03 So string00:47
  • Multi_Poly_1audio 04 Acid combo01:06
  • Multi_Poly_1audio 05 Toto brass00:24
  • Multi_Poly_1audio 06 Digi­tal motion01:00
  • Multi_Poly_1audio 07 Multi tech01:18
  • Multi_Poly_1audio 08 Machi­nery layer00:38
  • Multi_Poly_1audio 09 Pad max01:25
  • Multi_Poly_1audio 10 Dodo pad00:41

 

Orga­ni­sa­tion globale : Une archi­tec­ture tech­nique bien pensée

Multi Poly 2tof 20 graphiqueLe Multi/Poly est un synthé à modé­li­sa­tion analo­gique et synthèse numé­rique poly­pho­nique 60 voix (au maxi­mum) et multi­tim­bral sur 4 couches. L’al­lo­ca­tion des voix est dyna­mique, mais on peut fixer des limites par couche (1 à 8 voix). Les sons sont orga­ni­sés par Perfor­mance, conte­nant chacune 4 couches de programmes (ABCD) et 2 effets globaux (réverbe, EQ). Chaque couche comprend des modules de synthèse, des modu­la­tions, trois effets et une séquence à mouve­ments. L’ar­pé­gia­teur est quant à lui global. Pour chaque couche, on peut impor­ter un programme, puis régler le volume, la tessi­ture et la vélo­cité (avec fondus hauts et bas pour les deux). Cela se fait via le menu ou le clavier, c’est bien pratique. On peut trans­po­ser par octave/demi-ton/centième, défi­nir le type de déclen­che­ment (à l’en­fon­ce­ment ou au relâ­che­ment de touche, sympa !) et forcer le main­tien de touche.
Vient ensuite l’as­si­gna­tion des voix : mono avec prio­rité de jeu + unis­son (nombre de voix, désac­cor­dage, épais­seur et largeur stéréo) ou poly (empi­lage ou redé­clen­che­ment d’une même note, utile pour les percus­sions) avec allo­ca­tion dyna­mique ou réserve de voix. On passe ensuite au canal Midi de récep­tion (global ou 1–16), à la récep­tion de la pédale de main­tien et à la récep­tion des CC Midi. Tout cela est rapide à éditer, grâce à une orga­ni­sa­tion claire en pages menu. Au niveau supé­rieur de la Perfor­mance, on peut régler le volume, la trans­po­si­tion, le tempo et le tempé­ra­ment de clavier (plusieurs présé­lec­tions avec possi­bi­lité d’im­port via l’édi­teur/biblio­thé­caire fourni). En posi­tion « Extrême », la fonc­tion suréchan­tillon­nage, dispo­nible par programme, permet d’amé­lio­rer la qualité au détri­ment de la poly­pho­nie ; en pratique, elle est surtout utile pour certaines modu­la­tions à hautes fréquences.

Six sources : Oscil­la­teurs et géné­ra­teurs sonores en détail

Multi Poly 2tof 06 face gaucheChaque voix de synthèse est consti­tuée de 4 oscil­la­teurs, un géné­ra­teur de bruit, un modu­la­teur en anneau, 2 filtres, un ampli, 4 enve­loppes, 5 LFO, 3 géné­ra­teurs de suivi de clavier, une matrice de modu­la­tion et une séquence de mouve­ments, ouf ! Chaque oscil­la­teur peut fonc­tion­ner suivant trois modes : clas­sique, numé­rique ou Wave Shaper. Le mode oscil­la­teur clas­sique modé­lise des oscil­la­teurs analo­giques : dent de scie, impul­sion variable, triangle, mélanges dent de scie/impul­sion, dent de scie triangle, impul­sion/triangle, carré/triangle, doubles dents de scie désac­cor­dables avec diffé­rentes phases et onde trapé­zoï­dale façon Mini­moog. Les mélanges/désac­cor­dages/dépha­sages des ondes complexes (suivant le cas) sont modi­fiables et modu­lables, notam­ment via un LFO direc­te­ment assi­gné (mais pas que, cf. matrice de modu­la­tion plus tard).
Le mode oscil­la­teur numé­rique permet de travailler avec des tables de 64 ondes (compo­sées chacune de 2048 échan­tillons 32 bits à virgule flot­tante) en scan­nant la posi­tion de lecture en temps réel (via une source à défi­nir, comme une enve­loppe ou un LFO), en modi­fiant le contenu harmo­nique de la table (filtrage/ampli­fi­ca­tion/quan­ti­fi­ca­tion statique du contenu harmo­nique suivant une bonne tren­taine de présé­lec­tions) et en appliquant du morphing en temps réel (compres­sion, expan­sion, inver­sion, effet miroir, assi­gnable — entre autres — à un LFO). On peut même régler le temps de fondu entre les ondes consé­cu­tives d’une même table. Bref, de quoi bien d’amu­ser ! Le synthé est livré avec plus de 200 tables prêtes à l’em­ploi, mais on peut en impor­ter d’autres via l’édi­teur/biblio­thé­caire fourni.
Le troi­sième mode d’os­cil­la­teur est le Wave Shaper, notam­ment pour les amateurs de synthèse West Coast. Le prin­cipe est de défor­mer une onde sinus ou triangle avec un gain et un déca­lage plus ou moins pronon­cés. Il existe de très nombreux modèles de défor­ma­teurs : triangle, carré, sinus, pickups, satu­ra­teurs, séries addi­tives, multi­plieurs, FM, lampes, diodes, fuzz, Berke­ley (modé­li­sa­tion du Wave Folder origi­nel de Don Buchla) et 60 modèles issus du Korg 01/W, une Works­ta­tion du début des 90’s, succes­seur du M1, qui permet­tait déjà à l’époque de défor­mer des ondes et multié­chan­tillons dans le domaine audio. Les autres réglages des oscil­la­teurs sont essen­tiel­le­ment liés au pitch : octave, demi-ton, centième, pente de suivi de clavier, action de l’en­ve­loppe de pitch (bipo­laire), porta­mento (type de déclen­che­ment, temps/vitesse, durée) et modu­la­tion du pitch (commune) par le LFO.
Multi Poly 2tof 12 zoom trois quart gaucheAux quatre oscil­la­teurs s’ajoutent un géné­ra­teur de bruit avec densité et couleur ajus­tables (pour aller des effets de vent aux vagues, en passant par la tempête et le tonnerre) et un modu­la­teur en anneau (avec choix du porteur et du modu­la­teur parmi les quatre oscil­la­teurs + dosage de l’injec­tion de bruit). Les oscil­la­teurs peuvent ensuite se synchro­ni­ser en mode simple (1 sur 2–3–4) ou double (1 sur 2 et 3 sur 4). De plus, ils peuvent se cross-modu­ler (en fréquence), avec les mêmes possi­bi­li­tés et un dosage fin de la modu­la­tion. Le bruit peut égale­ment s’in­vi­ter aux modu­la­tions. Tout cela permet, avant même d’uti­li­ser les filtres, une impor­tante diver­sité sonore, d’au­tant que tout est dispo­nible par oscil­la­teur, par voix, dans quatre programmes simul­ta­nés. Dommage que les commandes directes en façade soient en nombre limité et parta­gées…

Paire de filtres : Modé­li­sa­tion et diver­sité sonore

Multi Poly 2tof 07 face centreLes six sources sonores sont soigneu­se­ment mélan­gées avant d’at­taquer les deux filtres : volume, pano­ra­mique, pola­rité et balance vers les filtres A/B. Tout cela peut se faire en mono ou en stéréo, la stéréo consom­mant évidem­ment plus de poly­pho­nie, puisqu’elle est conser­vée à travers l’en­semble de la chaîne filtres => satu­ra­teurs => ampli. Les filtres peuvent être routés en série ou en paral­lèle, ce qui accroit les possi­bi­li­tés avec le réglage de balance indé­pen­dant par source sonore. On peut désac­ti­ver chacun pour réduire la consom­ma­tion de poly­pho­nie. Pour chacun, on trouve 17 modèles, dont les plus emblé­ma­tiques sont direc­te­ment sélec­tion­nables en façade. Citons la modé­li­sa­tion de Mono/Poly (4 pôles passe-bas réso­nant), Mini­moog (4 pôles passe-bas réso­nant en échelle de tran­sis­tors), MS-20 (2 pôles passe-bas ou passe-haut ultra réso­nant), Prophet-5 (4 pôles passe-bas réso­nant), SEM (2 pôles moyen­ne­ment réso­nant à variables d’état conti­nues). On trouve aussi des modes passe-bande et réjec­tion de bande pour parfaire le tableau. Les modé­li­sa­tions sont une vraie réus­site, l’un des atouts du Muli/Poly (avec ses oscil­la­teurs).
On peut régler le niveau d’en­trée dans le filtre, la fréquence de coupure (hélas par demi-ton, ce qui génère des pas audibles lorsque la réso­nance est élevée), la réso­nance (avec auto-oscil­la­tion plus ou moins douce ou criarde suivant les modèles, hormis le mode SEM) et le niveau de sortie (compen­sa­tion permet­tant notam­ment d’ajus­ter les diffé­rences de niveau entre filtres en mode paral­lèle). Dans certains modes, un réglage permet de contrô­ler le compor­te­ment du filtre dans les graves lorsqu’on pousse la réso­nance (restreinte comme sur un Mini­moog ou ronde comme sur un Prophet-5). Il existe un mode Multi où on peut passer progres­si­ve­ment entre deux types de filtrage, choi­sir des présé­lec­tions de combi­nai­sons ou régler à la main la balance entre les modes HP/HP/BP (comme sur un Andro­meda). Puis­sant ! Chaque filtre possède sa propre enve­loppe (avec action de la vélo­cité), son propre LFO et un suiveur de clavier pour modu­ler sa fréquence. Ce dernier est très fourni, avec 3 points de sépa­ra­tion et 4 pentes. On peut aussi injec­ter une source audio de modu­la­tion de fréquence (oscil­la­teurs 1/2/3/4, modu­la­teur en anneau et bruit), excellent !
Multi Poly 2tof 05 flanc droiteEn sortie de filtre, on trouve la section d’am­pli­fi­ca­tion : quan­tité d’over­drive en entrée (avec anti­alia­sing), volume, modu­la­tion directe par un LFO, vélo­cité et suiveur de clavier (géné­ra­teur multi­seg­ments compa­rable à ceux des filtres, avec limi­ta­tion à deux fois le gain), sans oublier l’en­ve­loppe dédiée (sans dosage direct de quan­tité de modu­la­tion, sauf à utili­ser la matrice de modu­la­tion). Viennent enfin les réglages de pano­ra­mique — posi­tion stéréo et modu­la­tion aléa­toire — le reste se faisant via la matrice. Tout cela est toujours aussi complet. Les voix peuvent être soumises à une simu­la­tion de dérive plus ou moins pronon­cée (Drift). Le Multi/Poly modé­lise même des varia­tions entre cartes voix virtuelles. On peut y doser les modules affec­tés (pitch global, oscil­la­teurs, filtres, enve­loppes, LFO) suivant une confi­gu­ra­tion de cartes voix choi­sie au niveau global (sans plus de détails).

Des modu­la­tions à profu­sion : Créa­ti­vité et contrôle avan­cés

Multi Poly 2tof 08 face droiteCôté modu­la­tions, chaque voix compte 5 LFO, 4 enve­loppes DAHDSR, une matrice de modu­la­tion, 4 proces­seurs de modu­la­tion et 3 suiveurs de clavier (déjà mention­nés pour les filtres et l’am­pli, nous n’y revien­drons donc pas). Les LFO sont préas­si­gnés au pitch, à la modu­la­tion d’onde/PWM de chaque oscil­la­teur, aux filtres et au volume. Leur vitesse peut être synchro­ni­sée au tempo ou oscil­ler libre­ment entre 0,001 et 32 Hz. On dispose de 19 formes d’onde plus ou moins complexes (clas­siques, vibrato, expo­nen­tielles, discré­ti­sées, bend de guitare, aléa­toires). On peut aussi régler la phase, le déca­lage verti­cal, le fondu d’en­trée, la courbe de l’onde (arrondi) et le mode de cycle (libre ou forcé). Les 4 enve­loppes sont de type DAHDSR (avec réglage supplé­men­taire du niveau de Release à la fin du segment). Elles sont préas­si­gnées au pitch, aux filtres et au volume. Le Sustain est bipo­laire pour les enve­loppes de pitch et de filtres. Les segments de temps varient de 0,001 à 90 secondes. On peut modi­fier leur courbe en continu, entre linéaire et expo­nen­tielle/log. Le cycle peut être redé­clen­ché par une source assi­gnable ou une note.
Multi Poly 2tof 13 zoom trois quart droitePassons main­te­nant à la matrice de modu­la­tion. Le nombre maxi­mum de cordons est inconnu, on peut tabler sur plusieurs dizaines voir centaines, en plus des modu­la­tions préas­si­gnées. Chaque cordon comprend une source prin­ci­pale, une quan­tité bipo­laire, une source laté­rale (modu­la­tion de modu­la­tion) et une desti­na­tion. L’as­si­gna­tion des sources et desti­na­tions est très intui­tive, via les commandes directes, les contrô­leurs physiques (y compris la vélo­cité clavier), les CC Midi ou les menus (en dernier recours, lorsque les para­mètres à assi­gner y sont cachés). Les sources concernent les contrô­leurs physiques (clavier, molettes, pad, pédale de main­tien), les géné­ra­teurs (enve­loppes, LFO) et les CC Midi. Côté desti­na­tions, tout ou presque est assi­gnable, y compris les para­mètres d’ef­fets et les lignes de séquences de mouve­ments. Des pages menu spéci­fiques permettent de visua­li­ser et éditer les routages et quan­ti­tés de modu­la­tion. La liste pouvant être longue, une fonc­tion permet de filtrer les modu­la­tions par type. On termine ce grand tour par les proces­seurs de modu­la­tion. Ils permettent d’al­ter­ner, déca­ler, quan­ti­fier, étaler, incur­ver, adou­cir, sommer une ou plusieurs modu­la­tions. Il y en a 4 par voix, 2 par couche sonore et 2 par Perfor­mance. Ils se diffé­ren­cient suivant le type de desti­na­tion qu’ils modulent. Au global, une bien belle section modu­la­tion…

Plein d’ef­fets : Une section d’ef­fets puis­sante et dyna­mique

Multi Poly 2tof 11 zoom trois quart droiteLa struc­ture des effets du Multi/Poly est consti­tuée de 3 effets en série par couche et 2 effets globaux de Perfor­mance, ce qui fait un total de 14 blocs d’ef­fets. Au-delà du nombre, les fonc­tion­na­li­tés sont iden­tiques à celles des précé­dents synthés de la série, nous allons donc nous permettre un copier-coller dans cette partie du test. Au niveau de chaque couche, on a un Pre-FX, un Mod-FX et un Delay. Pour chacun, on choi­sit l’al­go­rithme et, si on le souhaite, l’une des présé­lec­tions asso­ciées, puis on règle les para­mètres. On peut ainsi ajus­ter les diffé­rents niveaux (entrée, balance, sortie) et trois para­mètres assi­gnés à des poten­tio­mètres dédiés. Parmi les algo­rithmes Pre-FX, citons un déci­ma­teur (effet numé­rique lo-fi), des EQ, des compres­seurs, un modu­la­teur en anneau, un trémolo, un Wave Shaper et un simu­la­teur de pédales vintage. Parmi les algo­rithmes Mod-FX, citons des chorus, phaser, flan­ger, phaser, wahwah. Certains effets sont des modé­li­sa­tions de célèbres produits vintage sur lesquels Korg a une bonne expé­rience. Enfin, il reste à choi­sir et para­mé­trer le délai, de type LCR, stéréo, inversé ou encore écho à bande. La qualité sonore est excel­lente, on sent la maîtrise de longue date de Korg dès qu’il s’agit d’ef­fets.
Au niveau global de la Perfor­mance, on trouve une réverbe et un EQ 4 bandes semi-para­mé­triques. On peut doser le départ de chaque couche sonore vers la réverbe, ce qui permet de ne pas tout assai­son­ner de la même manière. Il y a deux grandes familles de réverbes, basées sur une quaran­taine de présé­lec­tions éditables, là encore avec des réglages de niveau sonore et trois para­mètres variables. La réverbe est très bonne, on peut vrai­ment embel­lir les sons en utili­sant les diffé­rents modes. On aime­rait d’ailleurs en avoir plus (quelques plaques notam­ment…). Il y a évidem­ment moins d’al­go­rithmes et de para­mètres éditables que sur une station de travail, mais les choix faits par Korg sont judi­cieux et offrent un bon rapport puis­sance/ergo­no­mie. Autre point à noter, les effets sont dyna­miques, puisqu’on peut assi­gner leurs para­mètres via la matrice de modu­la­tion. Super !

Séquences mouve­men­tées : Un séquen­ceur créa­tif et inno­vant

Multi Poly 2tof 15 arrièreLe Multi/Poly reprend le séquen­ceur à mouve­ments du Modwave. Chaque voix est pilo­tée par une séquence orga­ni­sée en 7 lignes de 64 pas, chaque ligne gérant des para­mètres diffé­rents : Timing, Pitch, Shape et quatre lignes de mouve­ments assi­gnables. Chaque ligne a ses propres nombres de pas, point de bouclage, répé­ti­tion, sens de lecture (avant, arrière, alterné, aléa­toire), mode d’in­cré­men­ta­tion de note et proba­bi­li­tés de déclen­che­ments de pas. Une (8e) ligne maitresse défi­nit le temps ou le nombre de batte­ments au bout duquel toute la séquence redé­marre. On peut impor­ter l’une des lignes de la base de données (des centaines sont déjà préchar­gées pour chaque type de ligne, ainsi que des séquences complètes !) ou partir de zéro.
Multi Poly 2tof 14 OLEDChaque touche du clavier déclenche une voix mono trans­po­sée suivant la note racine, si bien qu’on peut jouer des solos, des accords ou des notes déca­lées. Les notes de la ligne de pitch sont enre­gis­trées en pas à pas au clavier, avec incré­men­ta­tion auto­ma­tique. On peut tout de suite corri­ger les notes et se bala­der dans les pas avec les touches <>, bien vu ! Les quatre lignes de mouve­ments se programment en temps réel, en bougeant un poten­tio­mètre par ligne. Les valeurs sont mémo­ri­sées pour chaque pas, le temps d’une boucle complète, puis lissées entre les pas si l’uti­li­sa­teur le souhaite, avec diffé­rentes courbes au choix. Les pas mémo­risent des valeurs rela­tives, que ce soit pour la ligne de pitch (écart par rapport à la note racine défi­nie et la trans­po­si­tion jouée au clavier), ou pour chaque ligne de mouve­ments (pour­cen­tage par rapport au para­mètre de synthèse mémo­risé dans le programme).
L’édi­tion se fait ensuite ligne par ligne, pas par pas. C’est ainsi qu’on accède aux lignes de Timing (durée ou divi­sion tempo­relle du pas, facteur de swing, type note/silence/pause) et de Shape (enve­loppe de modu­la­tion par pas, assi­gnable au volume, à la ligne de pitch et aux quatre lignes de mouve­ments). Pour la ligne de pitch, on peut défi­nir un tempé­ra­ment global puis modi­fier, dans chaque pas, le déca­lage de note et l’ac­cor­dage par demi-ton. De nombreux réglages sont modu­lables (points de bouclage, proba­bi­li­té…), ce qui ajoute du piment dans les séquences. Il est toujours impos­sible d’édi­ter plusieurs pas d’une ligne en même temps, dommage. Si on est perdu dans les menus, on peut passer par l’édi­teur externe, qui donne une vision globale de la séquence. Les lignes utili­sa­teur peuvent être sauve­gar­dées dans la base de données, sans restric­tion connue de taille mémoire, mais sont aussi sauve­gar­dées avec la Perfor­mance en cours, ce qui simpli­fie les choses, bien vu ! Les notes séquen­cées ne sont pas trans­mises en midi ; en fait, dans l’es­prit, il s’agit plus de déca­lages de pitch que de notes à propre­ment parler, mais nous pensons que l’un n’em­pê­chait pas l’au­tre…

Arpé­gia­teur global : Des possi­bi­li­tés encore à amélio­rer

Multi Poly 2tof 18 trois quart arrièreL’ar­pé­gia­teur est global pour les quatre couches d’une Perfor­mance, impos­sible d’en désac­ti­ver certaines ou de les alter­ner à chaque pas, ce qui diffère des oscil­la­teurs du véné­rable Mono/Poly. Des amélio­ra­tions sont vive­ment souhai­tées dans ce domaine ! On peut utili­ser l’ar­pé­gia­teur en conjonc­tion avec le séquen­ceur à mouve­ments, en parti­cu­lier le mode d’in­cré­men­ta­tion de pas. On trouve les motifs haut, bas, alterné (2 types) et aléa­toire. Les notes peuvent être répé­tées dans l’ordre où elles ont été jouées ou triées selon le motif. La réso­lu­tion va de 1/32T à 1/4 de note et le swing de –100 à +100 %. Les notes peuvent être arpé­gées sur 1 à 4 octaves, avec un temps de Gate de 0 à 100 %. Les arpèges peuvent être ou non synchro­ni­sés aux séquences de mouve­ments. Le mode Latch permet de main­te­nir l’ar­pège en cours tout en reti­rant les doigts du clavier. Ques­tion deve­nue habi­tuelle : l’ar­pé­gia­teur trans­met-il les notes en Midi ? Eh bien toujours pas, nous avons suggéré au construc­teur d’ajou­ter cette fonc­tion, à suivre donc…

Section FAQ

  • Qu’est-ce que le Korg Multi/Poly ?

    • Le Korg Multi/Poly est un synthé­ti­seur compact combi­nant des tech­no­lo­gies de synthèse analo­gique et numé­rique, idéal pour les musi­ciens en studio et sur scène.
  • Quels types de sons peut-on créer avec le Multi/Poly ?

    • Ce synthé­ti­seur offre une variété sonore immense, allant des basses puis­santes aux textures éthé­rées.
  • Le Multi/Poly est-il adapté aux débu­tants ?

    • Bien qu’il propose des fonc­tion­na­li­tés avan­cées, son inter­face intui­tive le rend acces­sible aux débu­tants passion­nés.
  • Quelle est la connec­tique dispo­nible sur le Multi/Poly ?

    • Il inclut des sorties audio symé­triques, une prise USB pour MIDI et une prise casque stéréo.

Carac­té­ris­tiques tech­niques

  • Dimen­sions : 57 × 32 cm
  • Poids : 3,5 kg
  • Clavier : 37 touches sensibles à la vélo­cité initiale et de relâ­che­ment, mais non à la pres­sion
  • Poly­pho­nie : Jusqu’à 60 voix dyna­miques
  • Oscil­la­teurs : 4 oscil­la­teurs par voix avec modes clas­sique, numé­rique et Wave Shaper
  • Effets : 14 blocs d’ef­fets, incluant réverbe, délai et modu­la­tion
  • Écran : OLED mono­chrome pour une navi­ga­tion claire et fluide
  • Connec­tique : Sorties audio symé­triques, entrée/sortie MIDI DIN, prise USB (MIDI unique­ment), prise casque stéréo

Notre avis : 8/10

Multi Poly 2tof 19 housseLe Multi/Poly complète intel­li­gem­ment la gamme de synthés spécia­li­sés Korg, déjà compo­sée des Waves­tate, Opsix, Modwave et King­KORG Neo. La variété d’os­cil­la­teurs et les filtres modé­li­sés donnent accès à une large pano­plie sonore, avec diffé­rentes couleurs très complé­men­taires (analo­giques, numé­riques, West Coast). On appré­cie la largeur et la profon­deur sonore, ainsi que la qualité audio irré­pro­chable. Les séquences à mouve­ments mettent beau­coup de vie et de frai­cheur aux sons, en complé­ment à la matrice de modu­la­tion géné­reuse et à la section effets d’ex­cel­lente qualité, malgré le nombre limité de para­mètres acces­sibles. La mémoire gigan­tesque et bien struc­tu­rée permet de sauve­gar­der son travail très effi­ca­ce­ment, parfait pour la recherche sonore en studio. Avec ses dimen­sions compactes, son poids limité, sa housse de trans­port, ses listes de Perfor­mances et sa tran­si­tion sonore douce entre les programmes, le Multi/Poly s’avère égale­ment une redou­table arme pour le live. Nos reproches concernent la dispo­si­tion des commandes un peu confuse, la qualité du clavier au vu du tarif proposé, le manque de trans­mis­sion Midi des notes arpé­gées/séquen­cées, la connec­tique somme toute mini­ma­liste et l’ab­sence d’au­dio via USB. Un synthé compact sérieux et puis­sant, aussi à l’aise en studio que sur scène.

  • Panoplie sonore très vaste
  • Son ample et large bande
  • Excellente qualité audio
  • Multitimbralité à quatre couches
  • Différents oscillateurs complémentaires
  • Edition et import de tables d’ondes
  • Souplesse des routages oscillateurs / filtres
  • Matrice de modulation
  • Effets séparés par couche
  • Puissant séquenceur à mouvements
  • Rotation des couches sonores
  • Énorme capacité mémoire
  • Format compact et léger
  • Pavé de modulation très ludique
  • Sorties audio symétriques
  • Éditeur/bibliothécaire fourni
  • Arpégiateur intégré…

  • …mais global pour les quatre couches sonores
  • Notes arpégées non transmises en Midi
  • Clavier moyen et sans pression
  • Interface confuse avec de nombreuses fonctions secondaires
  • Beaucoup de paramètres dans les menus
  • Effets assez peu éditables
  • Pas d’audio via USB
  • Alimentation externe cheap
Pays de fabrication : Vietnam
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