Après le Wavestate, l’Opsix, le Modwave et le KingKORG Neo, la série des synthés compacts signés Korg s’enrichit d’un nouveau modèle mêlant différentes formes de synthèse et de filtrage. Trouvera-t-il sa place dans la gamme tout en se démarquant de la concurrence ?
S’il existe une famille de synthés qui marque aujourd’hui le paysage de la musique numérique par sa profondeur et sa largeur de gamme, c’est bien la série des Wavestate/Opsix/Modwave et KingKORG Neo. Chacun y va de ses moteurs de synthèse spécifiques injectés dans une plateforme de modulations et d’effets assez similaire entre modèles, le tout empaqueté avec un clavier compact facile à transporter. Certains modèles ont commencé à être déclinés en modules, grands claviers (tout le reste étant égal par ailleurs), puis améliorés en révision II, suivant l’ancienneté, bénéficiant des avancées technologiques au fil du temps. Sans parler des séries limitées… Ainsi chacun peut aujourd’hui choisir un synthé de la gamme selon ses préférences en matière de synthèse, de place disponible à la maison, de parc existant ou de destination (studio/scène). Dernier modèle en date, le Multi/Poly promet l’accès aisé à différentes formes de synthèse complémentaires dans un synthé multitimbral compact, avec tout ce qu’il faut pour les contrôler…
Synthé compact : Design, ergonomie et transportabilité
Le Multi/Poly est livré avec une housse de transport légère. Il reprend la physionomie des KingKORG Neo, Modwave, Opsix et Wavestate. On retrouve la coque plastique recouverte d’une façade en alu aux couleurs bleue et noire façon Mono/Poly, auxquelles s’ajoute une lame boisée pour les flancs, ce qui rehausse la présentation. Le poids s’en trouve un poil augmenté, puisqu’on passe à 3,5 kg sur la bascule. La qualité de construction est plutôt moyenne et le clavier plastique de 37 touches standard n’est toujours pas au niveau du tarif demandé, bruyant et mou, sensible à la vélocité initiale et de relâchement, mais pas à la pression. Dans notre souvenir, il semble toutefois un peu meilleur que celui des prédécesseurs de la série. Le panneau est recouvert de commandes organisées par section (pad, couches, édition/modes, effets, oscillateurs, filtres, enveloppes, LFO, boutons assignables, sélection des programmes, des pas ou pistes du séquenceur…). On dénombre 22 potentiomètres rotatifs (modes saut/relatif), 1 encodeur, 53 boutons rectangulaires, 16 boutons carrés rétroéclairés, 2 molettes et 1 pad de modulation, sur une surface compacte de 57 × 32 cm. L’organisation est un peu confuse, d’autant que beaucoup de modules se partagent les mêmes commandes : oscillateurs, filtres, enveloppes, LFO, effets… autrement dit, presque tout ce qu’on sera amené à tripoter ! À cela s’ajoute l’usage fréquent de la touche Shift qui double bon nombre de commandes, ce qui n’arrange rien. Des touches dédiées permettent de sélectionner/activer/couper les quatre couches sonores que peut contenir une Performance, mode dans lequel le synthé se trouve en permanence. Une cinquième permet la rotation entre les couches (avant, arrière, alternée, aléatoire), ce qui donne des résultats intéressants rappelant le comportement des oscillateurs du Mono/Poly. Hélas, cette rotation ne s’applique pas à l’arpégiateur qui déclenche toutes les couches activées simultanément, une déception. Quatre boutons assignables permettent de créer des modulations directes en leur assignant des destinations ; ils transmettent et reçoivent des CC Midi.
Comme sur le Modwave, le pad permet de créer deux modulations simultanées en coordonnées cartésiennes (X/Y) ou polaires (rayon/angle), suivant deux modes possibles : soit pad classique contrôlé manuellement, soit surface 3D paramétrable (type colline, pente, gouffre, cuvette, etc.), sur laquelle roule une bille virtuelle qu’on lance avec le doigt, qui progresse sur la surface et rebondit sur les parois. Toujours aussi sympa ! Pour accéder aux nombreux menus, on trouve un écran OLED monochrome 128 × 64 points. La navigation se fait au moyen des touches <>/Pages +/-, de l’encodeur cranté et de la touche Enter. L’encodeur est sensible à la vitesse de rotation, la touche Enter pouvant augmenter son action, bien vu ! La plupart des pages menu affichent l’ensemble des paramètres accessibles, on utilise rarement l’ascenseur ; le cas échéant, on peut filtrer certains paramètres. Autres points d’ergonomie importants : l’écran affiche en temps réel les séquences de mouvements et les courbes d’enveloppe ; on peut sélectionner les sons par catégorie et les trier par ordre alphabétique ; les valeurs sont souvent exprimées dans leur véritable unité (dB, demi-tons, secondes, Hz…) ; il existe une fonction d’aide contextuelle et une fonction Compare ; on trouve aussi une fonction de création sonore aléatoire, agissant à différents niveaux et sur différents paramètres à définir ; dans le mode utilitaire, on contrôle les voix actives, le vol de voix, la charge du CPU et sa température.
Comparable à ses prédécesseurs et toujours aussi minimaliste, la connectique est intégrée au panneau arrière : prise casque stéréo (jack 6,35), paire de sorties stéréo (2 jacks 6,35 TRS symétriques, merci !), prise pour pédale de maintien (jack 6,35 TS), prise USB type B (Midi, données de programmes, mise à jour du micrologiciel, mais pas d’audio), entrée/sortie Midi DIN, interrupteur secteur et borne pour alimentation externe (12 VDC à centre positif avec bloc à l’extrémité bien cheap). Toujours pas très généreux…
Excellentes sonorités : Une polyvalence sonore impressionnante
Le Multi/Poly démarre en une dizaine de secondes, un très bon point pour le live. La machine est livrée avec plus de 300 Performances multitimbrales et plus de 500 programmes prêts à l’emploi. La mémoire est gérée sous forme de base de données ; sa capacité n’est pas connue (plusieurs Go), mais on parle de plusieurs milliers d’emplacements pour les différents éléments (Performances, programmes, listes de favoris, lignes de séquences, tempéraments, effets…). Les programmes et les éléments associés sont sauvegardés automatiquement au sein de Performances, c’est instantané et pas du tout prise de tête, merci. On peut faire des sauvegardes séparées, au risque d’en mettre un peu partout, mais on pourra ensuite faire le ménage dans la base de données, notamment avec l’éditeur/bibliothécaire fourni. Pour la scène, on peut créer des listes de favoris pointant vers 64 Performances, accessibles rapidement avec la rangée de 16 touches ; le nombre limite des listes n’est pas connu, mais cela ne devrait poser aucun problème pour les cent prochains concerts…
La qualité audio est excellente, les niveaux sont élevés, il n’y a pas de bruit de fond, on apprécie les jacks symétriques. Toujours dans une orientation scène, la transition en douceur entre les Performances multitimbrales (SST) est la bienvenue. Dans certains cas, on peut lancer une séquence, la maintenir, et en lancer une seconde sans interruption (pour peu qu’on ne dépasse pas la multitimbralité ou la polyphonie, évidemment). La qualité sonore est tout aussi excellente, avec ce qui fait la signature Korg depuis le milieu des 90’s : un son ample, large, profond, occupant tout le spectre sonore et tout l’espace stéréo, sans pour autant être envahissant (tant qu’on reste modéré sur les effets d’ensemble et la réverbe). Même en poussant dans les hautes fréquences, on ne décèle quasiment pas d’aliasing, parfait. Les domaines de prédilection sont nombreux, allant des textures éthérées aux pêches de cuivres couleur analo, en passant par les grosses basses synthé, les pianos électriques tranchants, les orgues jazz envoûtants, les percussions métalliques coupantes, les tables d’ondes évolutives, les ambiances West Coast hallucinogènes et les effets spéciaux spectaculaires, tout cela réalisé en synthèse pure. La multitimbralité et le séquenceur à quatre couches permettent des rythmiques bien élaborées. Le Multi/Poly surprend vraiment par sa polyvalence sonore, revisitant différentes époques de la synthèse, tout en étant capable de produire des sonorités contemporaines.
- Multi_Poly_1audio 01 Wake up01:34
- Multi_Poly_1audio 02 Gorgeous pad00:54
- Multi_Poly_1audio 03 So string00:47
- Multi_Poly_1audio 04 Acid combo01:06
- Multi_Poly_1audio 05 Toto brass00:24
- Multi_Poly_1audio 06 Digital motion01:00
- Multi_Poly_1audio 07 Multi tech01:18
- Multi_Poly_1audio 08 Machinery layer00:38
- Multi_Poly_1audio 09 Pad max01:25
- Multi_Poly_1audio 10 Dodo pad00:41
Organisation globale : Une architecture technique bien pensée
Le Multi/Poly est un synthé à modélisation analogique et synthèse numérique polyphonique 60 voix (au maximum) et multitimbral sur 4 couches. L’allocation des voix est dynamique, mais on peut fixer des limites par couche (1 à 8 voix). Les sons sont organisés par Performance, contenant chacune 4 couches de programmes (ABCD) et 2 effets globaux (réverbe, EQ). Chaque couche comprend des modules de synthèse, des modulations, trois effets et une séquence à mouvements. L’arpégiateur est quant à lui global. Pour chaque couche, on peut importer un programme, puis régler le volume, la tessiture et la vélocité (avec fondus hauts et bas pour les deux). Cela se fait via le menu ou le clavier, c’est bien pratique. On peut transposer par octave/demi-ton/centième, définir le type de déclenchement (à l’enfoncement ou au relâchement de touche, sympa !) et forcer le maintien de touche.
Vient ensuite l’assignation des voix : mono avec priorité de jeu + unisson (nombre de voix, désaccordage, épaisseur et largeur stéréo) ou poly (empilage ou redéclenchement d’une même note, utile pour les percussions) avec allocation dynamique ou réserve de voix. On passe ensuite au canal Midi de réception (global ou 1–16), à la réception de la pédale de maintien et à la réception des CC Midi. Tout cela est rapide à éditer, grâce à une organisation claire en pages menu. Au niveau supérieur de la Performance, on peut régler le volume, la transposition, le tempo et le tempérament de clavier (plusieurs présélections avec possibilité d’import via l’éditeur/bibliothécaire fourni). En position « Extrême », la fonction suréchantillonnage, disponible par programme, permet d’améliorer la qualité au détriment de la polyphonie ; en pratique, elle est surtout utile pour certaines modulations à hautes fréquences.
Six sources : Oscillateurs et générateurs sonores en détail
Chaque voix de synthèse est constituée de 4 oscillateurs, un générateur de bruit, un modulateur en anneau, 2 filtres, un ampli, 4 enveloppes, 5 LFO, 3 générateurs de suivi de clavier, une matrice de modulation et une séquence de mouvements, ouf ! Chaque oscillateur peut fonctionner suivant trois modes : classique, numérique ou Wave Shaper. Le mode oscillateur classique modélise des oscillateurs analogiques : dent de scie, impulsion variable, triangle, mélanges dent de scie/impulsion, dent de scie triangle, impulsion/triangle, carré/triangle, doubles dents de scie désaccordables avec différentes phases et onde trapézoïdale façon Minimoog. Les mélanges/désaccordages/déphasages des ondes complexes (suivant le cas) sont modifiables et modulables, notamment via un LFO directement assigné (mais pas que, cf. matrice de modulation plus tard).
Le mode oscillateur numérique permet de travailler avec des tables de 64 ondes (composées chacune de 2048 échantillons 32 bits à virgule flottante) en scannant la position de lecture en temps réel (via une source à définir, comme une enveloppe ou un LFO), en modifiant le contenu harmonique de la table (filtrage/amplification/quantification statique du contenu harmonique suivant une bonne trentaine de présélections) et en appliquant du morphing en temps réel (compression, expansion, inversion, effet miroir, assignable — entre autres — à un LFO). On peut même régler le temps de fondu entre les ondes consécutives d’une même table. Bref, de quoi bien d’amuser ! Le synthé est livré avec plus de 200 tables prêtes à l’emploi, mais on peut en importer d’autres via l’éditeur/bibliothécaire fourni.
Le troisième mode d’oscillateur est le Wave Shaper, notamment pour les amateurs de synthèse West Coast. Le principe est de déformer une onde sinus ou triangle avec un gain et un décalage plus ou moins prononcés. Il existe de très nombreux modèles de déformateurs : triangle, carré, sinus, pickups, saturateurs, séries additives, multiplieurs, FM, lampes, diodes, fuzz, Berkeley (modélisation du Wave Folder originel de Don Buchla) et 60 modèles issus du Korg 01/W, une Workstation du début des 90’s, successeur du M1, qui permettait déjà à l’époque de déformer des ondes et multiéchantillons dans le domaine audio. Les autres réglages des oscillateurs sont essentiellement liés au pitch : octave, demi-ton, centième, pente de suivi de clavier, action de l’enveloppe de pitch (bipolaire), portamento (type de déclenchement, temps/vitesse, durée) et modulation du pitch (commune) par le LFO.
Aux quatre oscillateurs s’ajoutent un générateur de bruit avec densité et couleur ajustables (pour aller des effets de vent aux vagues, en passant par la tempête et le tonnerre) et un modulateur en anneau (avec choix du porteur et du modulateur parmi les quatre oscillateurs + dosage de l’injection de bruit). Les oscillateurs peuvent ensuite se synchroniser en mode simple (1 sur 2–3–4) ou double (1 sur 2 et 3 sur 4). De plus, ils peuvent se cross-moduler (en fréquence), avec les mêmes possibilités et un dosage fin de la modulation. Le bruit peut également s’inviter aux modulations. Tout cela permet, avant même d’utiliser les filtres, une importante diversité sonore, d’autant que tout est disponible par oscillateur, par voix, dans quatre programmes simultanés. Dommage que les commandes directes en façade soient en nombre limité et partagées…
Paire de filtres : Modélisation et diversité sonore
Les six sources sonores sont soigneusement mélangées avant d’attaquer les deux filtres : volume, panoramique, polarité et balance vers les filtres A/B. Tout cela peut se faire en mono ou en stéréo, la stéréo consommant évidemment plus de polyphonie, puisqu’elle est conservée à travers l’ensemble de la chaîne filtres => saturateurs => ampli. Les filtres peuvent être routés en série ou en parallèle, ce qui accroit les possibilités avec le réglage de balance indépendant par source sonore. On peut désactiver chacun pour réduire la consommation de polyphonie. Pour chacun, on trouve 17 modèles, dont les plus emblématiques sont directement sélectionnables en façade. Citons la modélisation de Mono/Poly (4 pôles passe-bas résonant), Minimoog (4 pôles passe-bas résonant en échelle de transistors), MS-20 (2 pôles passe-bas ou passe-haut ultra résonant), Prophet-5 (4 pôles passe-bas résonant), SEM (2 pôles moyennement résonant à variables d’état continues). On trouve aussi des modes passe-bande et réjection de bande pour parfaire le tableau. Les modélisations sont une vraie réussite, l’un des atouts du Muli/Poly (avec ses oscillateurs).
On peut régler le niveau d’entrée dans le filtre, la fréquence de coupure (hélas par demi-ton, ce qui génère des pas audibles lorsque la résonance est élevée), la résonance (avec auto-oscillation plus ou moins douce ou criarde suivant les modèles, hormis le mode SEM) et le niveau de sortie (compensation permettant notamment d’ajuster les différences de niveau entre filtres en mode parallèle). Dans certains modes, un réglage permet de contrôler le comportement du filtre dans les graves lorsqu’on pousse la résonance (restreinte comme sur un Minimoog ou ronde comme sur un Prophet-5). Il existe un mode Multi où on peut passer progressivement entre deux types de filtrage, choisir des présélections de combinaisons ou régler à la main la balance entre les modes HP/HP/BP (comme sur un Andromeda). Puissant ! Chaque filtre possède sa propre enveloppe (avec action de la vélocité), son propre LFO et un suiveur de clavier pour moduler sa fréquence. Ce dernier est très fourni, avec 3 points de séparation et 4 pentes. On peut aussi injecter une source audio de modulation de fréquence (oscillateurs 1/2/3/4, modulateur en anneau et bruit), excellent !
En sortie de filtre, on trouve la section d’amplification : quantité d’overdrive en entrée (avec antialiasing), volume, modulation directe par un LFO, vélocité et suiveur de clavier (générateur multisegments comparable à ceux des filtres, avec limitation à deux fois le gain), sans oublier l’enveloppe dédiée (sans dosage direct de quantité de modulation, sauf à utiliser la matrice de modulation). Viennent enfin les réglages de panoramique — position stéréo et modulation aléatoire — le reste se faisant via la matrice. Tout cela est toujours aussi complet. Les voix peuvent être soumises à une simulation de dérive plus ou moins prononcée (Drift). Le Multi/Poly modélise même des variations entre cartes voix virtuelles. On peut y doser les modules affectés (pitch global, oscillateurs, filtres, enveloppes, LFO) suivant une configuration de cartes voix choisie au niveau global (sans plus de détails).
Des modulations à profusion : Créativité et contrôle avancés
Côté modulations, chaque voix compte 5 LFO, 4 enveloppes DAHDSR, une matrice de modulation, 4 processeurs de modulation et 3 suiveurs de clavier (déjà mentionnés pour les filtres et l’ampli, nous n’y reviendrons donc pas). Les LFO sont préassignés au pitch, à la modulation d’onde/PWM de chaque oscillateur, aux filtres et au volume. Leur vitesse peut être synchronisée au tempo ou osciller librement entre 0,001 et 32 Hz. On dispose de 19 formes d’onde plus ou moins complexes (classiques, vibrato, exponentielles, discrétisées, bend de guitare, aléatoires). On peut aussi régler la phase, le décalage vertical, le fondu d’entrée, la courbe de l’onde (arrondi) et le mode de cycle (libre ou forcé). Les 4 enveloppes sont de type DAHDSR (avec réglage supplémentaire du niveau de Release à la fin du segment). Elles sont préassignées au pitch, aux filtres et au volume. Le Sustain est bipolaire pour les enveloppes de pitch et de filtres. Les segments de temps varient de 0,001 à 90 secondes. On peut modifier leur courbe en continu, entre linéaire et exponentielle/log. Le cycle peut être redéclenché par une source assignable ou une note.
Passons maintenant à la matrice de modulation. Le nombre maximum de cordons est inconnu, on peut tabler sur plusieurs dizaines voir centaines, en plus des modulations préassignées. Chaque cordon comprend une source principale, une quantité bipolaire, une source latérale (modulation de modulation) et une destination. L’assignation des sources et destinations est très intuitive, via les commandes directes, les contrôleurs physiques (y compris la vélocité clavier), les CC Midi ou les menus (en dernier recours, lorsque les paramètres à assigner y sont cachés). Les sources concernent les contrôleurs physiques (clavier, molettes, pad, pédale de maintien), les générateurs (enveloppes, LFO) et les CC Midi. Côté destinations, tout ou presque est assignable, y compris les paramètres d’effets et les lignes de séquences de mouvements. Des pages menu spécifiques permettent de visualiser et éditer les routages et quantités de modulation. La liste pouvant être longue, une fonction permet de filtrer les modulations par type. On termine ce grand tour par les processeurs de modulation. Ils permettent d’alterner, décaler, quantifier, étaler, incurver, adoucir, sommer une ou plusieurs modulations. Il y en a 4 par voix, 2 par couche sonore et 2 par Performance. Ils se différencient suivant le type de destination qu’ils modulent. Au global, une bien belle section modulation…
Plein d’effets : Une section d’effets puissante et dynamique
La structure des effets du Multi/Poly est constituée de 3 effets en série par couche et 2 effets globaux de Performance, ce qui fait un total de 14 blocs d’effets. Au-delà du nombre, les fonctionnalités sont identiques à celles des précédents synthés de la série, nous allons donc nous permettre un copier-coller dans cette partie du test. Au niveau de chaque couche, on a un Pre-FX, un Mod-FX et un Delay. Pour chacun, on choisit l’algorithme et, si on le souhaite, l’une des présélections associées, puis on règle les paramètres. On peut ainsi ajuster les différents niveaux (entrée, balance, sortie) et trois paramètres assignés à des potentiomètres dédiés. Parmi les algorithmes Pre-FX, citons un décimateur (effet numérique lo-fi), des EQ, des compresseurs, un modulateur en anneau, un trémolo, un Wave Shaper et un simulateur de pédales vintage. Parmi les algorithmes Mod-FX, citons des chorus, phaser, flanger, phaser, wahwah. Certains effets sont des modélisations de célèbres produits vintage sur lesquels Korg a une bonne expérience. Enfin, il reste à choisir et paramétrer le délai, de type LCR, stéréo, inversé ou encore écho à bande. La qualité sonore est excellente, on sent la maîtrise de longue date de Korg dès qu’il s’agit d’effets.
Au niveau global de la Performance, on trouve une réverbe et un EQ 4 bandes semi-paramétriques. On peut doser le départ de chaque couche sonore vers la réverbe, ce qui permet de ne pas tout assaisonner de la même manière. Il y a deux grandes familles de réverbes, basées sur une quarantaine de présélections éditables, là encore avec des réglages de niveau sonore et trois paramètres variables. La réverbe est très bonne, on peut vraiment embellir les sons en utilisant les différents modes. On aimerait d’ailleurs en avoir plus (quelques plaques notamment…). Il y a évidemment moins d’algorithmes et de paramètres éditables que sur une station de travail, mais les choix faits par Korg sont judicieux et offrent un bon rapport puissance/ergonomie. Autre point à noter, les effets sont dynamiques, puisqu’on peut assigner leurs paramètres via la matrice de modulation. Super !
Séquences mouvementées : Un séquenceur créatif et innovant
Le Multi/Poly reprend le séquenceur à mouvements du Modwave. Chaque voix est pilotée par une séquence organisée en 7 lignes de 64 pas, chaque ligne gérant des paramètres différents : Timing, Pitch, Shape et quatre lignes de mouvements assignables. Chaque ligne a ses propres nombres de pas, point de bouclage, répétition, sens de lecture (avant, arrière, alterné, aléatoire), mode d’incrémentation de note et probabilités de déclenchements de pas. Une (8e) ligne maitresse définit le temps ou le nombre de battements au bout duquel toute la séquence redémarre. On peut importer l’une des lignes de la base de données (des centaines sont déjà préchargées pour chaque type de ligne, ainsi que des séquences complètes !) ou partir de zéro.
Chaque touche du clavier déclenche une voix mono transposée suivant la note racine, si bien qu’on peut jouer des solos, des accords ou des notes décalées. Les notes de la ligne de pitch sont enregistrées en pas à pas au clavier, avec incrémentation automatique. On peut tout de suite corriger les notes et se balader dans les pas avec les touches <>, bien vu ! Les quatre lignes de mouvements se programment en temps réel, en bougeant un potentiomètre par ligne. Les valeurs sont mémorisées pour chaque pas, le temps d’une boucle complète, puis lissées entre les pas si l’utilisateur le souhaite, avec différentes courbes au choix. Les pas mémorisent des valeurs relatives, que ce soit pour la ligne de pitch (écart par rapport à la note racine définie et la transposition jouée au clavier), ou pour chaque ligne de mouvements (pourcentage par rapport au paramètre de synthèse mémorisé dans le programme).
L’édition se fait ensuite ligne par ligne, pas par pas. C’est ainsi qu’on accède aux lignes de Timing (durée ou division temporelle du pas, facteur de swing, type note/silence/pause) et de Shape (enveloppe de modulation par pas, assignable au volume, à la ligne de pitch et aux quatre lignes de mouvements). Pour la ligne de pitch, on peut définir un tempérament global puis modifier, dans chaque pas, le décalage de note et l’accordage par demi-ton. De nombreux réglages sont modulables (points de bouclage, probabilité…), ce qui ajoute du piment dans les séquences. Il est toujours impossible d’éditer plusieurs pas d’une ligne en même temps, dommage. Si on est perdu dans les menus, on peut passer par l’éditeur externe, qui donne une vision globale de la séquence. Les lignes utilisateur peuvent être sauvegardées dans la base de données, sans restriction connue de taille mémoire, mais sont aussi sauvegardées avec la Performance en cours, ce qui simplifie les choses, bien vu ! Les notes séquencées ne sont pas transmises en midi ; en fait, dans l’esprit, il s’agit plus de décalages de pitch que de notes à proprement parler, mais nous pensons que l’un n’empêchait pas l’autre…
Arpégiateur global : Des possibilités encore à améliorer
L’arpégiateur est global pour les quatre couches d’une Performance, impossible d’en désactiver certaines ou de les alterner à chaque pas, ce qui diffère des oscillateurs du vénérable Mono/Poly. Des améliorations sont vivement souhaitées dans ce domaine ! On peut utiliser l’arpégiateur en conjonction avec le séquenceur à mouvements, en particulier le mode d’incrémentation de pas. On trouve les motifs haut, bas, alterné (2 types) et aléatoire. Les notes peuvent être répétées dans l’ordre où elles ont été jouées ou triées selon le motif. La résolution va de 1/32T à 1/4 de note et le swing de –100 à +100 %. Les notes peuvent être arpégées sur 1 à 4 octaves, avec un temps de Gate de 0 à 100 %. Les arpèges peuvent être ou non synchronisés aux séquences de mouvements. Le mode Latch permet de maintenir l’arpège en cours tout en retirant les doigts du clavier. Question devenue habituelle : l’arpégiateur transmet-il les notes en Midi ? Eh bien toujours pas, nous avons suggéré au constructeur d’ajouter cette fonction, à suivre donc…
Section FAQ
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Qu’est-ce que le Korg Multi/Poly ?
- Le Korg Multi/Poly est un synthétiseur compact combinant des technologies de synthèse analogique et numérique, idéal pour les musiciens en studio et sur scène.
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Quels types de sons peut-on créer avec le Multi/Poly ?
- Ce synthétiseur offre une variété sonore immense, allant des basses puissantes aux textures éthérées.
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Le Multi/Poly est-il adapté aux débutants ?
- Bien qu’il propose des fonctionnalités avancées, son interface intuitive le rend accessible aux débutants passionnés.
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Quelle est la connectique disponible sur le Multi/Poly ?
- Il inclut des sorties audio symétriques, une prise USB pour MIDI et une prise casque stéréo.
Caractéristiques techniques
- Dimensions : 57 × 32 cm
- Poids : 3,5 kg
- Clavier : 37 touches sensibles à la vélocité initiale et de relâchement, mais non à la pression
- Polyphonie : Jusqu’à 60 voix dynamiques
- Oscillateurs : 4 oscillateurs par voix avec modes classique, numérique et Wave Shaper
- Effets : 14 blocs d’effets, incluant réverbe, délai et modulation
- Écran : OLED monochrome pour une navigation claire et fluide
- Connectique : Sorties audio symétriques, entrée/sortie MIDI DIN, prise USB (MIDI uniquement), prise casque stéréo