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Test du Waldorf Rocket - Le son du pavé

6/10

Alors que nous attendions impatiemment le Pulse 2 depuis plus d’un an, c’est un petit module au doux nom de Rocket qui est venu nous jouer des salades sonores début 2013. Ignition !

Quelques semaines avant Frank­furt 2013, nous scru­tions la moindre infor­ma­tion concer­nant la dispo­ni­bi­lité du Pulse 2. Mais Waldorf nous a fait la surprise de présen­ter un petit synthé au format module à un prix ultra compact : le Rocket. Tota­le­ment diffé­rent du Pulse 2 dans la concep­tion, il offre pour deux centaines d’eu­ros un oscil­la­teur élaboré et un véri­table filtre analo­gique. Voyons ce que les autres éléments permettent d’en faire et comment ça sonne. 

Pavé noir

Waldorf Rocket

Le Rocket reprend le même code couleurs que le Pulse 2 : séri­gra­phie verte sur fond noir. La coque est cepen­dant en plas­tique assez rigide, seul le dessus est en métal. Le module est trapu (19 × 19 cm) et ressemble à un pavé une fois posé à plat sur ses petits patins. Le panneau de commandes est assez dépouillé : 10 potards, 8 sélec­teurs à 2 ou 3 posi­tions et un bouton à diode (« Launch ») servant à déclen­cher le son sans faire appel à un clavier externe et à visua­li­ser l’ac­ti­vité MIDI. Les potards sont assez gros, mais bran­lants sur leur grand axe ; les sélec­teurs à bascule sont en revanche francs. Les 4 sections sont immé­dia­te­ment iden­ti­fiables : oscil­la­teur, VCF, VCA / enve­loppe et LFO / arpé­gia­teur. Tout est clair, une fois qu’on a pigé les réglages exotiques de l’os­cil­la­teur. Parmi les potards, il y a un réglage de volume casque qui n’af­fecte pas la sortie ligne, elle-même dépour­vue de potard de volu­me… quel choix bizarre !

À l’ar­rière, la rigueur est de rigueur : entrée/sortie MIDI doublée d’une prise USB, entrée ligne VCF IN (jack 6,35) pour trai­ter un signal externe (bien vu !), sortie audio ligne (jack 6,35) et sortie casque (mini-jack). La prise USB a un double rôle : le MIDI et l’ali­men­ta­tion de la machine, soit via un cordon USB, soit via le transfo secteur / USB fourni. Sans oublier le petit inter­rup­teur en retrait pour chan­ger de canal MIDI. Par contre, pas d’in­ter­rup­teur marche / arrêt. Rien de trans­cen­dant donc, à part l’en­trée audio.

Terri­toire sonore

Waldorf Rocket

Dès la première écoute, le Rocket affiche un son moderne, épais et franc. On appré­cie la poly­va­lence de l’os­cil­la­teur unique, sans être gênés par sa nature numé­rique. Le son est propre des graves aux aigus, pas d’ar­te­fact numé­rique en vue d’oreille. Le mode para­pho­nique réserve une belle surprise avec ses 8 dents de scie simul­ta­nées bien larges ; après avoir maîtrisé les phéno­mènes de redé­clen­che­ment de l’en­ve­loppe unique lors du jeu en accords, on modi­fie son style de jeu pour des résul­tats plus natu­rels.

Le filtre multi­mode est agréable, avec une belle colo­ra­tion ; nous en avons parti­cu­liè­re­ment appré­cié le mode passe-haut qui main­tient un niveau audio élevé. La réso­nance très pronon­cée permet des créer des percus­sions bien claquantes, atten­tion aux niveaux ! La distor­sion Boost salit le son de manière assez peu subtile, mais c’est a priori pour cela qu’elle est prévue. Un dosage progres­sif du gain aurait été préfé­rable, surtout pour mieux maîtri­ser le mode para­pho­nique où les satu­ra­tions sont souvent trop pronon­cées.

Wave­Fil­te­rArp
00:0001:10
  • Wave­Fil­te­rArp 01:10
  • Wave­Fil­te­rArp Boost 01:04
  • Para­pho­nic 00:30
  • Para­pho­nic Boost 00:28
  • HPF 00:32
  • HPF Boost 00:26
  • Chor­dArp 00:34
  • Chor­dArp Boost 00:38
  • Fast band-pass filter FX with a variety of different cutoff levels00:15
  • Saw patch twea­ked through various chords in real time00:25
  • Filthy raved up stabs using one of the synth’s chords00:08
  • A dirty unison saw bass with a high glide time00:09

Synthèse maison

Monde exté­rieur

Le Rocket se connecte au monde numé­rique via le MIDI et l’USB, sur un canal à déter­mi­ner. Cela permet de pilo­ter le Rocket à distance, de dumper un programme (dans les 2 sens) et mettre à jour l’OS. Il n’existe à ce jour qu’une appli­ca­tion gratuite maison pour iPad, bapti­sée Rocket Control. Elle permet d’édi­ter les sons depuis l’iPad (repré­sen­ta­tion de la façade à l’iden­tique), d’en jouer via un mini-clavier et de gérer les sons. Un flyer dans la boîte du Rocket parle d’un plug-in VST télé­char­geable gratui­te­ment en version LE, mais le code de déblo­cage ne fonc­tionne pas. Pour une poignée de dollars, on se rabat­tra donc sur un éditeur stan­da­lone (stable et dispo) ou VST (en fina­li­sa­tion) ici.

Il n’y a quasi­ment rien en commun entre le Rocket et le Pulse 2. Le Rocket n’est pas un Pulse 2 dégradé, chacun ses compo­sants. D’abord, les oscil­la­teurs sont tota­le­ment numé­riques. À la base, le Rocket est mono­dique et peut géné­rer des ondes impul­sion à largeur variable ou dent de scie. Une fois l’onde choi­sie via un sélec­teur à 2 posi­tions, on en fait varier le contenu harmo­nique à l’aide des potards Wave et Tune : avec l’onde impul­sion, Wave fait varier la largeur d’im­pul­sion de 0 à 50 % sur sa première moitié de course ; sur la seconde moitié, on règle tour à tour la modu­la­tion de largeur d’im­pul­sion puis la vitesse de modu­la­tion ; un peu curieux tout ça…

Avec l’onde dent de scie, Wave a un rôle diffé­rent : sur sa première moitié de course, on règle le temps de synchro­ni­sa­tion de l’os­cil­la­teur avec un oscil­la­teur fictif inté­gré, tandis que Tune règle la fréquence initiale de l’os­cil­la­teur esclave ; sur la seconde moitié de course de Wave, on ajoute progres­si­ve­ment de 2 à 8 formes d’ondes en dent de scie ; Tune permet alors de doser le Detune, de créer des inter­valles fixes ou de passer en mode para­pho­nique ; dans ce dernier cas, on peut jouer un accord jusqu’à 8 notes. C’est sympa d’avoir autant d’op­tions acces­sibles avec seule­ment 1 sélec­teur et 2 potards, mais la prise en main n’est quand même pas aisée. Un Glide permet de gérer le temps de porta­mento sur les notes liées. 

Variable d’état

Waldorf Rocket

La sortie de l’os­cil­la­teur est alors routée vers le VCF, accom­pa­gnée le cas échéant du signal externe présent à l’en­trée audio. Là encore, le filtre n’a rien à voir avec celui du Pulse 2. Il s’agit d’un VCF multi­mode réso­nant de type variable d’état 2 pôles, alors que celui du Pulse 2 est un filtre en échelle. On trouve les modes passe-bas, passe-haut et passe-bande, sympa !

La coupure est modu­lable par le suivi de clavier (0 – 50 – 100 %), l’en­ve­loppe (modu­la­tion posi­tive unique­ment) ou le LFO. La vélo­cité pilote la quan­tité de modu­la­tion de l’en­ve­loppe. Le filtre peut entrer en auto-oscil­la­tion quand on abuse de la réso­nance. En sortie de filtre, le signal peut être saturé dans la section VCA. Une fois de plus, ce circuit n’a rien à voir avec celui du Pulse 2. Déci­dé­ment, ces machines n’ont rien en commun, mis à part les VCA à OTA.

Modu­la­tions limi­tées

Waldorf Rocket

L’unique enve­loppe est peu puis­sante : l’at­taque est fixe à 1 ms, le para­mètre Decay règle à la fois le temps de déclin et le temps de relâ­che­ment (sauf si le para­mètre Release est sur off) et le Sustain est une simple affaire de marche (100 %) / arrêt (0 %). On a connu fran­che­ment mieux comme enve­loppe, là c’est un peu limite ! Le LFO est tout aussi basique : 3 formes d’onde (carré, triangle, dente de scie – donc pas de S&H), un réglage de vitesse (0,05 Hz à 50 Hz ou synchro MIDI suivant diffé­rentes divi­sions tempo­relles) et un réglage de profon­deur – il peut être assi­gné au pitch ou au VCF.

S’y ajoute un vibrato « caché » pilo­table via la molette de modu­la­tion ; sa vitesse est modi­fiable via CC MIDI unique­ment. Enfin, un tout petit arpé­gia­teur peut se super­po­ser au LFO (les deux ne peuvent coexis­ter). On peut en régler la tessi­ture (1 à 4 octaves), le sens de lecture (haut, alter­na­tif, aléa­toi­re… mais pas bas !) ou sélec­tion­ner l’un des 8 motifs élabo­rés en mémoire.

Conclu­sion

Le Rocket est donc un petit module sympa­thique avec un carac­tère sonore bien trempé. La consti­tu­tion origi­nale de son oscil­la­teur et son filtre multi­mode forment une belle paire d’ou­tils sonores. La distor­sion est utile mais un peu raide en mode para­pho­nique. Les modu­la­tions sont incon­tes­ta­ble­ment le point faible de la machine, tout comme la connec­tique limi­tée. Pour le prix d’un plug, il appor­tera au musi­cien live un grain origi­nal et de quoi s’ex­pri­mer pour sortir du lot.

Télé­char­gez les fichiers sonores (format FLAC)

 

Notre avis : 6/10

  • Le caractère sonore bien trempé
  • L’oscillateur assez souple
  • Le mode paraphonique
  • Le filtre multimode résonant
  • La saturation en sortie de VCA
  • Le petit arpégiateur bienvenu
  • La mémoire interne
  • L’entrée audio bien utile
  • Le prix plancher
  • L’ergonomie de la section oscillateur
  • L’enveloppe trop dépouillée
  • Le LFO sous-spécifié
  • Les potards un peu lâches
  • La connectique minimaliste

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