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Test du Streichfett de Waldorf - La fête du string

9/10
Award Qualité/Prix 2014
2014
Qualité/Prix
Award

Dévoilé à Frankfort au printemps 2014, c’est au cœur de l’été que le Streichfett a décidé de se montrer pour la première fois en boutique. Sitôt sorti, nous l’avons attrapé et mis à nu !

En 2013, Waldorf présen­tait le Rocket, un synthé para­pho­nique hybride sous forme de module de la taille d’un pavé. Plus récem­ment, dans la même série, le filtre analo­gique 2-Pole propose de réchauf­fer les signaux audio un peu ternes. Mais la grande surprise fut de décou­vrir le troi­sième module du genre cette année à Franc­fort, déli­ca­te­ment baptisé Strei­ch­fett. Outre son nom impos­sible à pronon­cer sans envoyer sur la foule des morceaux de saucisse-moutarde, le petit module intrigue dès lors que l’on connait sa raison d’être : imiter les String Machines des années 70 et certains de leurs effets fétiches, tout cela pour quelques centaines de grammes et d’eu­ros. Alors allons-y à fond sans préli­mi­naires !

Robe noire 

Le Strei­ch­fett partage le même module que ses prédé­ces­seurs, avec une coque en plas­tique rigide et une façade en acier peint : moins de 1 kg sur la bascule, pour une surface de 19 × 19 cm… La séri­gra­phie blanche et fuch­sia sur fond noir est immanquable. Les commandes sont assez géné­reuses : 10 potards, 8 sélec­teurs (à 2 ou 3 posi­tions) et 5 pous­soirs carrés rétro-éclai­rés. La qualité de construc­tion est globa­le­ment correcte : les potards, de dimen­sion respec­table, se baladent un poil sur leur axe, rien d’ex­ces­sif ; nous avons dû réajus­ter le capot d’un des boutons pous­soir qui frot­tait à la façade ; enfin, les sélec­teurs à bascule sont francs au manie­ment.

Waldorf Streichfett

La machine est divi­sée en 4 sections : Strings, Solo, Effets et Mémoires. Tout est très clair sur le Strei­ch­fett, pas d’exo­tisme fumeux. Le potard de volume n’a pas été oublié et il affecte bien (cette fois) les sorties audio ligne ET casque (pas comme sur le Rocket…)

La face arrière du Strei­ch­fett comprend une connec­tique basique non vissée : sortie casque mini-jack stéréo, sorties ligne stéréo gauche/droite (jacks 6,35 asymé­triques), prise USB et duo MIDI (entrée/sortie). L’USB permet à la fois l’ali­men­ta­tion élec­trique de la machine et le MIDI. Le transfo secteur/USB amovible est heureu­se­ment fourni (avec des termi­nai­sons pour se connec­ter dans le monde entier), mais on peut très bien alimen­ter le Strei­ch­fett avec un PC ou un contrô­leur capable de déli­vrer via USB l’éner­gie néces­saire. Hormis l’ali­men­ta­tion, l’USB permet le trans­fert bidi­rec­tion­nel de données : émis­sion/récep­tion de CC MIDI (vive l’au­to­ma­tion !), trans­fert global des programmes et mise à jour de l’OS (1.08 testé). Donc pas d’au­dio via USB… euh au fait, il est où l’in­ter­rup­teur marche/arrêt ? Ben il n’y en a pas ! 

Corde lisse

Notre expé­rience de jeu avec le Strei­ch­fett s’est avérée très plai­sante telle­ment la machine est simple à prendre en main : on dose fine­ment le type de son de la partie Strings avec le potard Regis­tra­tion, on enclenche l’ef­fet Ensemble typique sur ce genre de machine, on ajuste l’at­taque et le relâ­che­ment ; puis on bascule sur la partie Solo, avec à peu près la même méthode et les mêmes réglages, hormis l’ef­fet Ensemble remplacé par un trémolo ; ensuite, on mélange les deux parties, on les empile sur tout ou partie du clavier, on choi­sit le point de split, c’est immé­diat. Enfin, un peu d’ef­fets addi­tion­nels pour animer la section Strings ou créer des espaces. Une fois les réglages satis­fai­sants, on main­tient l’une des 4 touches mémoire puis on choi­sit l’une des 3 banques avec le petit sélec­teur ; dès qu’on relâche la touche mémoire, nos précieux réglages sont immor­ta­li­sés. En plus de ces 12 mémoires, on aurait aimé un mode panel reflé­tant les réglages en façade, pour éviter les effets de saut quand on édite un programme ; une sugges­tion pour une future mise à jour de l’OS.

Waldorf Streichfett

Pour la petite histoire, les équipes de Waldorf n’ont pas cher­ché à modé­li­ser une String Machine en parti­cu­lier, mais se sont inspi­rés de certaines d’entre elles, à savoir : Korg Lambda ES50, Eminent Solina String Synthe­si­zer (un modèle rare, diffé­rent du Solina String Ensemble), Hohner String Perfor­mer et Elka Elkat­win 61. À l’écoute des sons, on constate déjà que les niveaux audio sont élevés et qu’il n’y a aucun bruit de fond, ce qui n’est pas le cas des String Machines vintage dont les BBD repissent parfois.

Deuxième réjouis­sance, on retrouve bien un grain typé 70’s, c’est fran­che­ment très réussi. Il faut pour cela régler préci­sé­ment le potard Regis­tra­tion, car le Strei­ch­fett permet diffé­rents mélanges de sons, comme nous le verrons en détail. On entend parfois ponc­tuel­le­ment des pas lorsqu’on change lente­ment de registre, mais c’est loin d’être rédhi­bi­toire. Les sons de strings sont vivants avec un bas granu­leux et des aigus tran­chants sans agres­si­vité ; la posi­tion initiale génère une onde carrée, mais on arrive rapi­de­ment au son carac­té­ris­tique des cordes synthé­tiques en tour­nant le potard de Regis­tra­tion. Les chœurs ont un côté orga­nique très vivant ; on peut en modi­fier les formants en chan­geant la Regis­tra­tion.

Waldorf Streichfett

Enfin, les orgues font preuve d’une densité extrême, surtout quand on combine 2 octaves grâce à la touche idoine. La section Solo vient pimen­ter le tout avec des sons plus percus­sifs et évolu­tifs, sur tout ou partie du clavier, en couche globale, en basse ou en lead. Les effets apportent une contri­bu­tion indé­niable, que ce soit pour modu­ler les sons ou leur donner de l’es­pace. L’ef­fet Ensemble joue ici plei­ne­ment son rôle ; les exemples audio du test comprennent d’ailleurs un enchaî­ne­ment de tous les registres avec et sans Ensemble.

Burnt­Beds
00:0000:51
  • Burnt­Beds 00:51
  • CandyX 00:26
  • LayAll 00:17
  • Layer2 00:39
  • Organe 00:16
  • Phased 00:30
  • VocDark 01:08
  • VocFor­Mod 00:46
  • VocOr­gan­Synth 00:36
  • Z0 Chorus Both String 00:27
  • Z1 AllString­s16­wi­thE2 01:23
  • Z2 AllString­s168­wi­thE2 01:17
  • Z3 AllString­s16­noE2 00:59
  • Z4 AllSo­lo1 00:50
  • Z5 AllSo­lo2 00:46

À ce sujet, nous présen­tons sépa­ré­ment quelques exemples audio des String Machines vintage du studio ; l’objec­tif n’est pas de faire un compa­ra­tif strict mais un repère, car le Strei­ch­fett n’est pas inspiré de ces 4 machines-là : Logan String Melody II (Cock­tail), Roland RS-505 (Mixed­Strings), Eminent Solina String Ensemble (Relay et String­Pha­ser) et Roland VP-330 (VocS­trings), avec de la Small Stone et une pointe de H3000D/SE.

Cock­tail
00:0000:49
  • Cock­tail 00:49
  • Mixed­Strings 01:17
  • ReLay 00:17
  • String­sPha­ser 00:31
  • VocS­trings 00:48

Section Strings

Waldorf Streichfett

Cœur du réac­teur sonore, la section Strings propose suffi­sam­ment d’in­gé­nio­sité pour que l’on s’y attarde un peu. La poly­pho­nie est totale (128 notes), donc on peut se coucher seul ou à plusieurs sur n’im­porte quel clavier MIDI, le Strei­ch­fett répond toujours présent. Le potard Regis­tra­tion permet de régler le type de son souhaité, comme nous l’avons vu. Le Strei­ch­fett ne se contente pas d’imi­ter les cordes synthé­tiques ; il embarque violons, altos, contre­basses, cuivres, orgue et chœurs, soit à peu près tout ce que l’on trouve sur les machines vintage à divi­seurs d’oc­tave (le premier qui dit qu’il manque un clave­cin ou un vibra­phone est pendu !). Plutôt que de choi­sir l’un ou l’autre son (c’est-à-dire un ensemble prédé­fini de réglages de filtrage, formants et égali­sa­tion appliqués à l’os­cil­la­teur), le Strei­ch­fett crée un passage progres­sif entre des sons consé­cu­tifs, ce qui permet des mélanges : violons + altos, altos + violon­celles, violon­celles + cuivres, cuivres + orgue, orgue + chœurs… en milieu de course, on accède au son de chœur seul, avec diffé­rents réglages de formants lorsqu’on tourne le potard Regis­tra­tion… en bout de course du potard, on va même avoir jusqu’à 4 sons mélan­gés : chœurs + violon­celles, chœurs + orgue + violon­celles, orgue + violon­celles, orgue + cuivres + violon­celles, et l’énorme chœurs + orgue + cuivres + violon­celles ! Les mélanges sont certes choi­sis par Waldorf, mais ces choix sont très judi­cieux…

Le son peut être joué selon trois modes d’oc­tave : base, octave supé­rieure ou les deux octaves à la fois, histoire de bien peser dans le mix ! Une enve­loppe Cres­cendo (attaque)/Release permet de faire varier le volume, comme sur les String Machines vintage. Chaque voix dispose de sa propre enve­loppe, comme sur un Logan String Melody (contrai­re­ment aux Solina, VP-330 ou RS-505 qui sont para­pho­niques, donc un nouvel appui sur une touche redé­clenche l’unique enve­loppe qui module toutes les voix). Enfin, un effet Ensemble inspiré du Solina String Synthe­si­zer crée le son typique des String Machines, qui se rédui­rait autre­ment à une fade complainte d’orgue bas de gamme, notam­ment pour les cordes et les chœurs. Mais plutôt que de se conten­ter du seul effet clas­sique d’En­semble (appelé ici String), Waldorf nous grati­fie égale­ment d’un Chorus et d’une combi­nai­son String + Chorus. Disons-le tout de suite, cette modé­li­sa­tion est une belle réus­site, à tel point qu’on regrette l’ab­sence d’en­trée audio pour trai­ter des signaux exter­nes… 

Section Solo

Le Strei­ch­fett serait déjà un module extra­or­di­naire avec sa seule section Strings. Mais l’équipe de Waldorf était déci­dé­ment très géné­reuse lorsqu’elle a conçu la machine, puisqu’elle l’a égale­ment dotée d’une section Solo.

Waldorf Streichfett

Déjà le terme Solo est inap­pro­prié, puisqu’on a 8 voix de poly­pho­nie indé­pen­dam­ment de la section Strings. Un potard dédié permet de doser la balance Strings/Solo ; mieux, on peut jouer la section Solo en Split (bas ou haut, avec note program­mable) ou en couche (sur tout le clavier). Côté MIDI, le Strei­ch­fett émet sur un seul canal mais les sections Strings et Solo peuvent répondre sur deux canaux sépa­rés consé­cu­tifs (de 1–2 à 14–15), merci !

Voyons cela de plus près : tout comme pour la section Strings, on commence par choi­sir le type de son à jouer, là encore avec un passage progres­sif de deux sons consé­cu­tifs (mais pas d’em­pi­lages à 3 ou 4 cette fois) : Bass, E-Piano, Clavi (net), Synth (bien gras) et Pluto (qui n’est pas l’ami de Mickey mais la reprise du son Planet du Hohner String Perfor­mer !). On décide ensuite où la section Solo doit être jouée : sous le point de Split, en couche, ou au-dessus du point de Split. Puis on dose l’ef­fet Tremolo stéréo, avec hélas un seul potard pour régler simul­ta­né­ment la vitesse et la profon­deur. Vient enfin l’en­ve­loppe, assez origi­nale puisqu’elle peut fonc­tion­ner en mode AD ou ASR (avec Sustain calé au maxi­mum) grâce à un sélec­teur dédié. Suivant le son sélec­tionné, elle agit sur le timbre et le volume. Les sons Solo disposent d’une attaque percus­sive (la même pour tous), dont le volume est réglé dégres­si­ve­ment dans le premier tiers de la course du potard d’At­taque, bien vu ! 

Section effets

Waldorf Streichfett

En plus des effets Ensemble/Chorus et Tremolo dédiés à leurs géné­ra­teurs respec­tifs, le Strei­ch­fett offre 3 effets addi­tion­nels dispo­nibles simul­ta­né­ment : Animate et Phaser pour la section Strings unique­ment, puis réverbe pour tout le monde. L’Ani­mate est consti­tué d’un LFO balayant lente­ment le type de son de la section Strings, créant des évolu­tions sonores cycliques comme si on bougeait le potard Regis­tra­tion de part et d’autre de sa posi­tion physique, mais cette fois sans effet de pas. Le Phaser crée un balayage plus ou moins rapide et coloré de la section Strings ; les réglages du dernier tiers du potard génèrent un filtrage fixe. Enfin, la réverbe offre diffé­rentes colo­ra­tions de pièce dans un esprit vintage.

Pour chaque effet, on ne dispose que d’un potard agis­sant simul­ta­né­ment sur tous les para­mètres prévus par Waldorf : vitesse et profon­deur du balayage pour l’Ani­mate ; feed­back, profon­deur et vitesse pour le Phaser (sans oublier les réglages à phase fixe) ; mix, taille de pièce et atté­nua­tion des fréquences pour la réverbe. La qualité est au rendez-vous, comme nous l’avons dit ; ces effets n’ont donc rien de gadgets et parti­cipent plei­ne­ment au sculp­tage du son. Même si les pré-réglages propo­sés par Waldorf sont là encore judi­cieux, on regrette fran­che­ment l’ab­sence d’édi­tion distincte des para­mètres et de routages sépa­rés pour/vers chaque effet. De même, on aurait bien aimé une petite entrée audio pour trai­ter un signal externe via les effets, en parti­cu­lier l’ef­fet Ensem­ble… 

Corde à sauter

Le Strei­ch­fett est une véri­table petite bombe. Il se permet d’ap­pro­cher une flopée de para­pho­niques à divi­seurs des années 70 de fort belle manière, ce qu’au­cun autre module hard­ware ne propose à ce jour. Doté de mémoires, de MIDI et d’USB (donc pilo­table à distance), facile à prendre en main, aussi à l’aise en studio que sur scène, il fera rare­ment doublon dans un set musi­cal. À notre sens, il y a même un marché pour un Strei­ch­fett clavier avec plus de commandes, la possi­bi­lité de mélan­ger fine­ment tous les sons, un séquen­ceur de type motion pour balayer le mixage, un routage plus souple des effets, une entrée audio pour trai­ter des signaux exter­nes… et un inter­rup­teur secteur ! Quoi qu’il en soit, pour son origi­na­lité sonore, son prix tendu comme un string et ses fonc­tion­na­li­tés atypiques, le Strei­ch­fett mérite ample­ment son Award Qualité Prix 2014. Bravo Waldorf pour ce joli coup !

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Notre avis : 9/10

Award Qualité/Prix 2014
2014
Qualité/Prix
Award
  • Le côté original et unique
  • Le caractère sonore des 70’s
  • La variété de timbres possible
  • Le morphing entre les sons
  • Les deux sections combinables en Split/Layer
  • La polyphonie totale de la section Strings
  • Les deux enveloppes AD séparées
  • Les effets intégrés
  • La prise en main immédiate
  • L’encombrement minimum
  • Les mémoires internes avec dump MIDI/USB
  • L’émission/réception de CC MIDI/USB
  • Le rapport performances/prix
  • Pas de mode panel reflétant la position des commandes
  • Effet Ensemble non disponible pour la section Solo
  • Édition et routage limités pour les effets
  • Escaliers parfois audibles quand on change de registration
  • Pas d’interrupteur marche/arrêt

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