Après notre dossier sur le choix de sa guitare acoustique folk, nous allons faire ensemble le tour des caractéristiques d'une guitare électrique. Un guide à consommer sans modération !
Depuis que vous avez vu Angus Young courir partout armé de sa Gibson SG, l’idée ne vous quitte plus : il vous faut une guitare électrique. Mais l’offre est tellement importante que le choix de LA bonne guitare, celle qui correspond à vos besoins, peut s’avérer compliqué. Dans ce guide d’achat, nous allons dans un premier temps détailler toutes les caractéristiques techniques d’une guitare électrique, pour, dans un second temps, entrer dans le vif du sujet en vous donnant des conseils pour aiguiller votre choix. Mais commençons avec un peu d’Histoire.
Petite Histoire de la guitare électrique
C’est en 1936 que le guitariste de Jazz Charlie Christian a eu l’idée d’attacher un micro magnétique sur sa guitare acoustique dans le but de l’amplifier et ainsi d’être mieux entendu lors de ses solos. Pendant la fin des années 30 et jusqu’en 1940, le problème majeur rencontré par les guitaristes qui utilisaient les premiers modèles de guitares électriques était le risque certain de larsen. Il s’agissait de guitares entièrement creuses qui résonnaient énormément, encore plus une fois un fort volume sonore atteint dans l’environnement où jouait le musicien. Cette résonance était ensuite reprise par le micro ce qui causait un phénomène de larsen. Les fabricants de guitares se sont alors mis à plancher sur un instrument plein, « solid body ». Ce n’est que 9 ans plus tard que les travaux de Clarence Leonidas Fender ont débouché sur la première guitare « solid body » en vente libre : l’Esquire.
Gibson a de son côté sorti la première Les Paul en 1952, modèle qui a évolué jusqu’en 1960 pour être remplacé par la fameuse SG qui ne portera ce nom-là qu’à partir de 1964, le musicien Les Paul étant encore sous contrat avec Gibson. La marque de Kalamazoo a démontré son savoir-faire et son inventivité en 1958 en dévoilant au public l’ES-335, première guitare creuse à poutre centrale.
Dans le même temps, Gretsch, Rickenbacker et Epiphone continuaient leur chemin en concevant des guitares pleines et creuses aux designs particuliers. Il faudra attendre les années 80 pour que le marché de la guitare électrique explose avec l’arrivée de marques comme PRS, Jackson, Charvel (Grover Jackson et Wayne Charvel étaient deux luthiers associés qui modifiaient des Fender pour les rendre plus aptes à jouer du Heavy Metal), BC Rich, ESP et beaucoup d’autres. L’instrument n’a alors jamais cessé de se moderniser, que ce soit pour la lutherie avec différents chanfreins garantissant un meilleur accès aux aigus, ou encore par l’ajout d’une, deux ou trois cordes pour aborder des styles de Metal extrême mais également au niveau de l’électronique. Récemment, la marque Fishman a encore développé de nouveaux micros actifs qui connaissent un franc succès auprès de nombreux guitaristes de Rock.
L’Histoire récente a fait évoluer la guitare électrique sur un plan écologique et écoresponsable. Les quotas d’abattage de l’ébène ayant été revus à la baisse, les fabricants ont dû changer leur fusil d’épaule et on a vu apparaître sur les Gibson Les Paul Custom de nouvelles touches en Richlite, un matériau synthétique se substituant à l’ébène. De la même manière, Fender et tous les autres ont remplacé le palissandre par le pau-ferro ou le laurier indien quand l’espèce était menacée. Malgré ces considérations environnementales, le marché est surchargé de guitares à petits prix, et même les géants de la vente en ligne, qui n’ont pourtant rien à voir avec l’industrie musicale, se lancent dans la fabrication de guitares. Et même si le débat revient souvent dans les colonnes des forums de votre site bleu préféré, on est bien obligé de se demander dans quelles conditions sont fabriquées ces guitares vendues entre 60 et 100 €…
Bien que la guitare électrique ne cesse d’évoluer, les modèles les plus vendus restent les « grands classiques ». La Telecaster, bien qu’inventée en 1950 (elle s’appelait Broadcaster à l’époque) reste par exemple un modèle de référence toujours au goût du jour, qui trouve sa place sur de très nombreuses scènes et dans de nombreux styles.
Ce tour d’horizon réalisé, il est temps de mettre les pieds dans le patch comme diraient nos amis Red Led et Los Teignos et d’analyser ce qui constitue une guitare électrique.
Choisir son type de guitare électrique
Comme nous l’avons vu, l’histoire de la guitare électrique a évolué vers la disparition de la caisse de résonance. Les progrès en matière de microphones comme de lutherie font toutefois qu’on distingue aujourd’hui trois grands types de guitares suivant que leur corps est plus ou moins creux
Guitares pleines (Solid Body)
Appelées aussi « solid body », les guitares pleines possèdent, comme leur nom l’indique, un corps plein avec des défonces destinées à accueillir l’électronique. Elles présentent plusieurs avantages, notamment le fait de ne pas générer de larsen à fort volume. Le corps plein permet aussi aux luthiers les plus créatifs de développer des gabarits très originaux.
Précisons-le enfin : lorsqu’on parle de guitares électriques, c’est d’abord aux Solid Body qu’on pense tant elles représentent le gros du marché.
Guitares creuses et semi-creuses (Hollow Body & Semi-Hollow Body)
Les guitares creuses sont classées dans plusieurs catégories en fonction de la profondeur de l’éclisse : pleine caisse, demi-caisse ou quart de caisse. Plus l’éclisse est fine, moins la guitare projettera de son à vide. Elle sera également moins sensible au Larsen. Leur construction est dictée par les règles classiques de lutherie, nous vous renvoyons ici au précédent guide d’achat sur la guitare folk. Le plus souvent équipées d’ouïes, ces guitares offrent l’avantage de pouvoir être jouées à vide. Elles développent, une fois amplifiées, une sonorité ronde et chaleureuse qui correspond parfaitement à certains styles de jazz et de blues. Certaines guitares comme la très célèbre ES-335 possèdent une poutre centrale sur laquelle sont montés l’électronique et le chevalet. Cette poutre permet de rigidifier la table et de diminuer encore le risque de Larsen qui est véritablement le talon d’Achille des guitares électriques creuses. Enfin, d’autres modèles comme la signature de B.B King sont creuses mais ne disposent pas d’ouïes sur la table.
Guitares à chambre de résonance
Certaines marques ont développé des guitares à chambre de résonance comme Fender avec la Telecaster Thinline. Ces chambres sont visibles ou non de l’extérieur et apportent un côté plus rond au son. L’instrument vibre différemment et renvoie donc une sonorité différente aux cordes qui vibrent donc différemment. Ces différences de vibrations sont ensuite captées par les micros. Gibson a également produit quelques guitares solid body (les Les Paul, principalement) équipées de chambres de résonance. Ces guitares sont d’ailleurs appelées « chambered » (chambrées en français dans le texte). Cependant, le but ici est plus fonctionnel que sonore ; la Les Paul étant un instrument particulièrement lourd, la marque a eu l’idée d’évider le corps à certains endroits en créant des chambres de résonance.
En marge de ces grandes familles viennent ensuite les modèles iconiques qui ont jalonné l’histoire de la guitare et dont la quasi-totalité des guitares contemporaines sont inspirées. Il convient donc de détailler les plus célèbres d’entre elles…
Les guitares électriques de légende
Fender Telecaster (1950)
C’est la toute première guitare électrique solid body. Elle est apparue en 1950 sous le nom Broadcaster. Gretsch qui possédait un kit de batterie du même nom a demandé à Fender d’appeler sa guitare autrement. Pendant quelques mois, la Telecaster ne répondait à aucun nom. Les instruments de cette époque ont été baptisés par la suite les Nocaster. Enfin, en 1952, avec l’essor que prenait la télévision, les équipes marketing de Fender ont opté pour le nom Telecaster.
C’est une guitare très basique équipée de deux micros simple, mais redoutablement efficace. Elle possède un timbre très reconnaissable et son son est qualifié de « twangy » en raison de la sonorité très métallique qu’elle dégage. Le micro chevalet est en effet monté sur une plaque de métal qui lui donne une sonorité particulière. Pensez à Keith Richards et aux plus grands riffs des Rolling Stones pour vous faire une idée du son. En micro manche, une Telecaster possède un tout autre visage, beaucoup plus doux et velouté, mais quand même avec une bonne dose d’aigus. Jeff Buckley a enregistré son tube "Hallelujah" sur le micro manche de sa Telecaster.
Utilisateurs célèbres : Keith Richards (The Rolling Stones), Bruce Springsteen, Graham Coxon (Blur), John 5 (Marilyn Manson, Rob Zombie), Jonny Greenwood (Radiohead), Joe Strummer (The Clash), Andy Summers (The Police), Steve Cropper (The Blues Brothers), Jeff Buckley, Jeff Buckley…
Gibson Les Paul (1952)
Les Paul est le nom d’un célèbre guitariste américain qui a développé un modèle signature chez Gibson. Ce modèle, la Les Paul, est sorti en 1952 et a connu diverses apparences et configurations électroniques. La guitare est sorti au départ équipée de deux micros simples, des P-90. À partir de 1957, on y trouve des micros humbucker récemment conçus par Seth Lover. La Les Paul possède une lutherie plus compliquée que celle employée par Fender. Le corps de la guitare est en acajou, il est surmonté d’une table bombée en érable. Le manche, aussi en acajou, est collé au corps, alors qu’il est vissé sur les modèles Fender.
Une grande partie du travail sur une Les Paul concerne la sculpture du galbe de la table et le collage des différents éléments. Il s’agit d’un modèle iconique de guitare électrique qui, comme la Stratocaster, est extrêmement polyvalent et a servi à écrire les grandes heures du rock.
Utilisateurs célèbres : Jimmy Page (Led Zeppelin), Slash (Guns’n’Roses), Ronnie Wood (The Rolling Stones), Bernie Marsden (Whitesnake), Billy Gibbons (ZZ Top), Bob Marley, Randy Rhoads (Ozzy Osbourne), Ace Frehley (Kiss), Pete Townshend (The Who), Zakk Wylde (Black Label Society), Billie Joe Armstrong (Green Day), Stone Gossard (Pearl Jam), Joe Perry (Aerosmith), Noel Gallagher (Oasis), John Fogerty (Creedence Clearwater Revival), Peter Green (Fleetwood Mac), Paul Kossoff (Free)
Fender Stratocaster (1954)
Il s’agit probablement de la guitare électrique solid body la plus copiée de l’histoire. Son design est devenu iconique, comme les sonorités de la guitare. Cet instrument est apparu en 1954. Il s’agit d’une guitare assez simple dans sa conception, comme la Telecaster. L’électronique est ici montée entièrement sur une plaque en plastique. On dispose de trois micros simples reliés à un secteur à trois positions (qui évoluera plus tard vers un sélecteur à cinq positions offrant deux positions supplémentaires pour rendre la guitare encore plus polyvalente), un volume général et deux réglages de tonalité pour les micros manche et central.
La Stratocaster ou Strat pour les intimes, est une guitare très polyvalente et avec un caractère sonore très reconnaissable. La liste de guitaristes ayant joué sur Stratocaster est très longue car elle est très à l’aise dans de très nombreux styles, du Rock à la Funk en passant par le Reggae. Elle dispose le plus souvent d’un Vibrato flottant, brillante invention de Clarence Leonidas Fender, toujours utilisé de nos jours.
Utilisateurs célèbres : Jimi Hendrix, Jeff Beck, Stevie Ray Vaughan, Rory Gallagher, Eric Clapton, Nile Rodgers (Chic), David Gilmour (Pink Floyd), John Frusciante (Red Hot Chili Peppers), Mark Knopfler (Dire Straits), Dick Dale, Dave Murray (Iron Maiden), Curtis Mayfield, Buddy Holly, Hank Marvin (The Shadows), John Mayer, Ritchie Blackmore (Deep Purple), Ry Cooder, Yngwie Malmsteen, The Edge (U2), Eric Johnson, Buddy Guy, David Byrne (Talking Heads)
Fender Jazzmaster (1958)
Présentée au NAMM en 1958, la Jazzmaster était au départ, comme son l’indique, destinée aux guitaristes de Jazz. Ironiquement, ce sont les guitaristes de Surf Music des années 60 qui en ont fait leur instrument de prédilection. Son design « Offset » lui donne un look très particulier et sa configuration électronique intègre deux micros qui sont des dérivés des P-90. Ils sont en effet un peu plus larges que des P-90 et développent un son tout à fait unique.
L’électronique regroupe deux circuits différents, un circuit Lead et un circuit Rythm. Le circuit Lead fonctionne normalement et permet de basculer entre les deux micros. Le circuit Rythm en revanche sélectionne automatiquement le micro manche en lui appliquant un léger filtre. il possède ses réglages de volume et tonalité dédiés.
Utilisateurs célèbres : J Mascis (Dinosaur Jr), Clara Luciani, Alex Turner (Arctic Monkeys), The Ventures, The Beach Boys, Tom Verlane (Television), Elvis Costello, Kevin Shields (My Bloody Valentine), Robert Smith (The Cure), Lee Ranaldo (Sonic Youth), Thurston Moore (Sonic Youth), Steve Drozd (The Flaming Lips), Stephen Malkmus (Pavement), Thom Yorke (Radiohead), and Nels Cline (Wilco), Jim Root (Slipknot)
Gibson ES-335 (1958)
Ce modèle est apparu en 1958 et c’était une manière pour Gibson de démontrer son avancement technique et technologique. La guitare disposait de deux pans coupés afin de garantir un bon accès aux aigus et elle était équipée d’une poutre centrale en érable alors que ses deux ailes étaient totalement creuses. Cette poutre était destinée à réduire les phénomènes de Larsen et à rigidifier la table de l’instrument.
L’ES-335 tient son nom de son prix et de son design : Electric Spanish 335, pour $335. Comme la Les Paul version 1957, elle était équipée des nouveaux micros Humbucker de la marque. La sonorité de l’ES-335 (et des autres modèles dont la construction est identique, ES-345 et ES-355) est chaleureuse et assez ronde. On la retrouve entre les mains de B.B King notamment, mais des guitaristes plus Rock l’ont utilisée également ; on pense à Dave Grohl, Chuck Berry ou encore Eric Johnson.
Gibson Flying-V et Explorer (1958)
Bien que leur look soit totalement futuriste, les Explorer et Flying-V sont apparues la même année que l’ES-335, en 1958. Elles étaient alors fabriquées entièrement en Korina, un acajou d’Afrique très recherché pour ses propriétés acoustiques et sa sonorité très brillante. Ces deux instruments ont littéralement ouvert une brèche dans laquelle se sont engouffré des marques comme Jackson, ESP ou encore B.C Rich, dans les années 80.
Malgré un design très typé, ces guitares sont également assez polyvalentes. Jimi Hendrix a joué une Flying-V pendant quelques concerts, les guitaristes du groupe Metallica l’ont beaucoup utilisée également. Keith Richards joue une Flying-V au concert de Hyde Park en 1969 et on peut aussi voir le guitariste des Kinks, Dave Davies en jouer une en 1965. Pour l’Explorer, on retiendra surtout James Hetfield sans oublier évidemment The Edge ni Lzzy Hale.
Gibson SG (1961)
Ce modèle est le successeur de la Les Paul. Il est d’ailleurs sorti en 1961 sous le nom Les Paul, la production des Les Paul ayant cessé en 1960 suite au très faible succès rencontré par le modèle. La SG est une guitare plus simple dont le corps est confectionné en une pièce d’acajou, sans table rapportée. La guitare est beaucoup plus fine donc plus légère et plus facile à manier. Elle possède un look immédiatement reconnaissable et une sonorité plus directe et centrée sur les médiums que celle de la Les Paul. SG signifie « Solid Guitar » ; le nom a changé parce que le contrat entre Gibson et Les Paul touchait à sa fin et ce dernier ne l’a pas renouvellé.
Même si elle reste polyvalente, la SG est surtout connue pour se trouver entre les mains de guitariste de Rock et de Blues. On pense bien évidemment à Angus Young et Frank Zappa mais également Pete Townsend qui jouait un modèle Special équipé de deux P-90 ou encore Sister Rosetta Tharpe, la femme qui a véritablement inventé le Rock’n’roll avec sa SG (encore appelée Les Paul) Custom dans les mains.
Utilisateurs célèbres : Angus Young (AC/DC), Frank Zappa, Sister Rosetta Tharpe, Pete Townshend (The Who), Tony Iommi (Black Sabbath), Ian MacKaye (Fugazzi)
Et les autres…
Il existe bien entendu quantité d’autres modèles de guitare mais force est de constater que la plupart sont des variantes des modèles illustres qui sont présentées ci-dessus.
Choix des bois
La forme est une chose mais les matériaux de fabrication en sont une autre, sachant que l’utilisation de tel ou tel type de bois pour la fabrication de tel ou tel élément jouera sur le son comme sur le confort de jeu… Nous allons donc faire le tour des principaux bois utilisés en lutherie de guitare électrique.
Les bois pour le corps
Malgré beaucoup d’idées reçues, le bois du corps de la guitare a une influence fondamentale sur la manière dont elle va sonner. Les micros captent la vibration des cordes et la transforment en signal électrique. Cette vibration est influencée par l’ensemble corps-manche-accastillage. L’acajou résonnera différemment du frêne et de l’aulne et générera donc une sonorité différente. On se rend bien compte de ces différences en écoutant les différences de timbre (même à vide) entre une Les Paul entièrement en acajou et une Les Paul avec une table en érable.
Cette essence assez dense permettra à la guitare de développer pas mal de sustain. Il transmet très bien les vibrations et génère des sonorités assez équilibrées bien qu’assez rondes. C’est une des essences les plus utilisées dans la facture de guitares électriques.
On le retrouve sur des modèles emblématiques comme les Gibson SG et Les Paul. Sur les modèles d’entrée de gamme, l’acajou est remplacé par ses cousins moins onéreux comme l’Agathis ou le Nato.
Essence reine chez la marque californienne Fender, l’aulne développe des sonorités assez précises et un peu moins rondes que celles développées par l’acajou. En termes de densité et de poids, les deux bois sont comparables.
On le retrouve sur l’ensemble des modèles de la gamme Fender, de la Stratocaster à la Jaguar en passant par la légendaire Telecaster.
Ce bois dur dont nous avons déjà parlé dans le guide d’achat des guitares folks est aussi souvent employé dans la confection des guitares électriques. On le retrouve surmontant le corps en acajou des Les Paul mais également en assemblage de multiplis pour la fabrication des guitares creuses ou à poutre centrale. La Gibson ES-335 en est un bon exemple. Les fabricants choisissent parfois des morceaux d’érable particulièrement figuré notamment lors de l’utilisation de vernis translucides.
C’est une essence qui apporte de la brillance au son en absorbant pas mal de fréquences basses. Un bois ne va pas naturellement générer des fréquences graves ou aiguës, mais absorber telle ou telle partie du spectre, laissant s’échapper telle ou telle autre partie. L’érable donne l’illusion de développer pas mal de brillance dans la mesure où il absorbe les graves, laissant les aigus ressortir.
Il est un peu plus lourd que l’aulne mais résonne davantage, ce qui se traduit par un meilleur sustain. Sa sonorité est légèrement plus brillante que celle de l’aulne. Le frêne offre également un très joli motif que les fabricants laissent souvent transparaître en utilisant des finitions transparentes. Certaines Fender Telecaster sont construites en frêne.
Le frêne des marais est une essence particulièrement recherchée dans la mesure où il développe les mêmes propriétés acoustiques que le frêne mais en étant beaucoup plus léger grâce à ses microalvéoles. Il est évidemment plus onéreux et devient assez rare de nos jours.
Les guitares avec un corps en palissandre sont assez rares mais on en croise de temps en temps. Il développe des sonorités très riches et assez chaleureuses. Le palissandre est un bois très résonnant et sa densité lui permet de générer un bon sustain. Fender a conçu quelques guitares entièrement en palissandre dont la Telecaster qui est devenue célèbre grâce à l’utilisation qu’en a fait George Harrison. C’est un bois très rare dans la confection de corps de guitare, ce qui fait bien évidemment grimper le prix de l’instrument.
Les bois pour le manche et la touche
Comme pour le corps, on rencontre beaucoup d’idées reçues sur l’influence de l’essence de bois utilisée pour le manche sur le son. Il faut bien garder à l’esprit qu’une guitare électrique est un système complexe où tous les éléments sont interdépendants. En en changeant un seul, on change le son de la guitare. On peut dégager deux essences principales pour la construction des manches : l’acajou et l’érable. Certains fabricants comme Fender ou Paul Reed Smith proposent un manche en palissandre en option. Comme pour les guitares folks, la touche sera confectionnée dans un bois dense et dur.
Essence très dure qui génère un son très précis et détaillé. Son grain très resserré offre un très bon confort de jeu et un toucher très lisse.
C’est un bois dont nous avons déjà parlé à maintes reprises qui développe des sonorités rondes et offre un bon confort de jeu. Gibson utilise quasi exclusivement le palissandre pour la confection de ses touches.
L’érable génère des sonorités plus aiguës que le palissandre ou l’ébène, avec beaucoup de brillance. On peut le rencontrer sous plusieurs formes : il peut être verni ou non.
Caractéristiques du manche et de la touche
Profil de manche
Le manche est une partie très importante de la guitare, c’est naturellement par cette partie qu’on attrape l’instrument. C’est également la composante de la guitare avec laquelle on est le plus en contact. Quelques détails sont à connaître pour bien choisir son manche, et donc sa guitare.
Différents profils existent, développés par différents constructeurs, différentes marques. Par convention, un manche dispose d’un profil symétrique (sauf quand le profil est asymétrique, ce qui reste assez rare mais se répand de plus en plus) décrit par des lettres dont il épouse les contours. On trouve, notamment chez Fender, des profils en « C », en « U », en « D », en « V », comme vous pouvez l’observer sur la photo ci-contre.
Certaines marques ont fait évoluer le profil des manches de leur guitare de manière assez drastique. On pense à Gibson, sur la Les Paul en particulier. Les modèles de 1952 à 1958 possèdent un manche très épais, qui donne l’impression d’avoir beaucoup de matière dans la main. Certains aiment, d’autres pas. À partir de 1959, la marque s’est mise à réduire de taille le profil des manches des Les Paul pour arriver en 1960 au fameux « SlimTaper » qui sera adopté de manière définitive sur la SG. Il faut garder à l’esprit que ces instruments étaient fabriqués à la main ; les profils de manche de chaque guitare étaient donc légèrement différents.
Plus récemment, des marques comme Ibanez ont développé des manches beaucoup plus fins, facilitant le jeu rapide et apprécié des shredders. Comme pour beaucoup d’aspect de la guitare, le profil du manche est réellement une affaire de goût personnel. Il n’y a pas du tout de « mieux » ou « moins bien ».
Le « Radius » de la touche
Quand on parle de « radius » ou de « rayon » de la touche, on parle de la courbure de cette dernière. Une touche de guitare électrique n’est jamais plate, mais possède systématiquement une courbure, plus ou moins prononcée. Cette courbure représente le fragment d’un cercle dont le rayon est égal à la mesure donnée par le constructeur (exemple : rayon de 7.25 pouces). Plus le rayon du cercle augmente, plus la touche sera plate.
Les différentes marques possèdent leurs habitudes en termes de rayon ; Gibson a toujours travaillé avec des rayons de 12 pouces, sauf pour certains modèles Signature. Fender en revanche, a commencé son activité en formant un rayon de 7.25 pouces sur les touches de ses guitares. Cette courbure très prononcée apporte un bon confort de jeu en bas du manche pour plaquer des accords, mais peut constituer un inconvénient majeur pour les solos, notamment lors des bends. Il peut arriver que la note jouée meure pendant le bend, la corde étant entrée en contact avec le bois de la touche.
C’est pour cette raison que certaines marques proposent des touches au rayon compensé. Le plus répandu évolue entre 12 et 16 pouces, du bas au haut du manche (des cases les plus graves aux frettes les plus aigus). Si l’instrument est très bien réglé, un radius de 7.25 pouces ne devrait pas empêcher certaines pratiques guitaristiques. Cependant, il faut être très vigilant et surtout conserver une action (distance entre les cordes et la touche) assez haute.
Les frettes
Les frettes sont, sur un instrument fretté, les petites barres métalliques qui rythment la touche et la fragmentent par demis-tons. Son nombre peut varier ; on trouve des guitares à 21, 22, 24 et même 27 frettes ! Ces petites barres métalliques sont réalisées le plus souvent dans un alliage de 18% de Nickel, 80% de Cuivre et un peu de Zinc. Les frettes de très haute qualité possèdent davantage de Zinc que de Cuivre. Certains fabricants et luthiers utilisent des frettes en inox qui sont virtuellement inusables. Les métaux utilisés pour la confection des frettes étant assez mous, elles auront besoin d’être remplacées à un moment ou à un autre de la vie de la guitare.
Si dans les années 50, les petites frettes étaient gage de confort de jeu (on se souvient de Gibson qui appelait la Black Beauty la « fretless wonder » à cause de la petite taille de ses frettes), ce n’est plus trop le cas de nos jours. À l’époque, les guitaristes utilisaient beaucoup moins les Bends et avaient tendance à jouer sur des cordes à filets plats. De nos jours, les guitaristes utilisent beaucoup la technique du Bend qui fait forcément frotter la corde sur les frettes, et avec des cordes à filets ronds de surcroit. Pour cette raison, on privilégie de nos jours les frettes un peu plus hautes, le plus souvent des médiums Jumbo, pour disposer de suffisamment de matière pour ne pas aller faire re-fretter la guitare au bout de deux semaines de jeu.
Des frettes plus hautes facilitent les bends et le jeu rapide dans la mesure où il ne faut pas fretter jusqu’à toucher la touche pour que la note sonne. Comme pour le profil du manche, le choix de la taille des frettes est une affaire personnelle qui dépendra de vos goûts.
Choix de l’accastillage
L’accastillage regroupe les parties métalliques de la guitare électrique : mécaniques, chevalet, cordier, pontets, cache-micros éventuels. Ces pièces peuvent être chromées, dorées, noires, brillantes ou mates. Le sillet et le pickguard sont également inclus dans l’accastillage. Vous trouverez d’ailleurs un article ici pour en savoir plus sur le sillet.
Mécaniques
On peut dégager deux grandes familles de mécaniques : les mécaniques traditionnelles et les mécaniques à blocage.
Les mécaniques à blocage permettent, comme leur nom l’indique, de bloquer la corde. Cela présente plusieurs avantages : des changements de cordes très rapides et une meilleure tenue d’accord. Elles sont cependant plus onéreuses et peuvent être un peu plus lourdes que les mécaniques traditionnelles. Le principe de base est identique sur toutes les mécaniques.
Pour en savoir plus sur les mécaniques, vous pouvez vous reporter à ce dossier.
Chevalet
Pour les débutants, on déconseillera les chevalets flottants de type Floyd Rose qui sont délicats à régler et rallongent le temps de changement des cordes. Les chevalets fixes sont beaucoup plus simples que ce soit pour le changement de cordes ou le réglage général de l’instrument. Gibson a développé dans les années 50 un chevalet baptisé ABR-1 qui a changé la donne en offrant un excellent transfert des vibrations et des options de réglage très complètes. On peut en effet agir sur la longueur de chaque corde, ce qui permet d’ajuster l’intonation, donc la justesse de la guitare ; on peut aussi monter ou descendre le chevalet pour ajuster l’action (la hauteur des cordes par rapport à la touche).
On trouve aussi des chevalets flottants comme sur la Fender Stratocaster par exemple. Il s’agit d’un système qui joue sur la tension des cordes et permet donc de changer la hauteur de note. Ce système développé par Leo Fender dans les années 50 est toujours d’actualité de nos jours et présent sur de nombreuses guitares. Il est assez fiable si toutes les pièces sur lesquelles s’exerce une friction sont bien lubrifiées. L’essentiel est de garantir un bon retour des cordes à leur point « zéro ». Il existe aussi un type de chevalet extrêmement simple baptisé « Wrap Around ». Ce système est très basique : on enroule simplement les cordes autour, d’où son nom. Il n’offre cependant aucune option de réglage de l’intonation. On les trouve sur les Les Paul des années 1952, 1953 et 1954.
Cordiers
Un chevalet type ABR-1 ou Tune-o-Matic (on place dans cette catégorie tous les chevalets type Gibson) est souvent accompagné d’un cordier Stop Bar. Certains instruments n’ont pas de cordier, les cordes sont alors dites traversantes : elles traversent le corps et se fixent au dos de la guitare grâce à des férules métalliques. Les premières Gibson disposaient de cordiers en forme de Trapèze, que l’on retrouve encore su certains modèles de chez Gretsch.
Une autre catégorie de cordiers permet de varier la hauteur de la note, à la manière d’un chevalet flottant. Sous cette catégorie se trouvent les cordiers Bigsby, les systèmes Sideways Vibrola et Vibrola de chez Gibson et le cordier Duesenberg.
Choix de l’électronique
Micros guitare
De nombreux micros, tous différents, existent pour la guitare, avec des différences de conception parfois assez importantes. Cependant, on peut dégager deux catégories : les micros simples bobinage et les micros doubles bobinage, aussi appelés Humbucker. Deux autres catégories se dégagent : les micros actifs et les micros passifs. Les micros actifs fonctionnent à l’aide d’une pile 9 volts qui alimente un préampli. Ils génèrent donc un niveau de sortie supérieur à celui des micros passifs. Ils sont très silencieux.
Tout d’abord, rappelons brièvement le principe de fonctionnement d’un micro magnétique.C’est un concept assez basique mais pourtant extrêmement efficace : un aimant (qui peut être de différente nature et composition) entouré d’un fil de cuivre (le nombre de tours varie d’un micro à l’autre et influe sur la résistance de sortie globale du micro). Au repos, le dispositif émet un champ magnétique fixe. Quand les cordes vibrent, ce champ magnétique est perturbé ce qui produit un courant électrique de faible intensité. La fréquence du courant est identique à la fréquence de la vibration de la corde. Simple, basique.
Micros simples : ce sont les premiers micros inventés pour la guitare, ils datent du début du XXème siècle. Ils sont très sensibles aux bruits électrostatiques et captent toutes sortes de parasites. Ils ont quand même contribué à forger l’histoire du Rock. On les trouve principalement sur les instruments de type Fender (Stratocaster, Telecaster, Jaguar …). Un autre micro simple bobinage intéressant est le P-90. Il est un peu plus gros de par la taille de sa bobine, et génère un son un peu plus puissant et chaud. Il reste très sensible aux parasites et bruits électrostatiques.
Micros doubles ou Humbuckers : ils ont été inventés pour diminuer les bruits de fond (d’où leur nom « Hum bucker »), offrent plus de puissance et de rondeur. Certains micros doubles peuvent être « splittés », on utilise alors une seule des deux bobines pour donner une sonorité de micro simple.
Configuration électronique
Un micro dispose le plus souvent d’un réglage de volume et de tonalité. Certaines guitares possèdent un volume général et une tonalité générale, d’autres disposent de contrôles indépendants pour chaque micro. Selon les guitares, les micros peuvent être câblés de différentes manières : en série, en parallèle, en opposition de phase … Toutes ces options, souvent accessibles via un sélecteur de micros, offrent autant de sonorités différentes.
L’électronique d’une guitare est la plupart du temps un montage assez basique avec quelques potentiomètres, un ou plusieurs condensateurs, quelques dizaines de centimètres de câble et une sortie jack. Il existe cependant d’autres systèmes beaucoup plus complexes avec plusieurs sorties, des potentiomètres avec push/pull, des switches supplémentaires qui peuvent transformer la cavité électronique en véritable casse-tête. Pour débuter, nous vous conseillons plutôt une configuration électronique simple.
Depuis quelques années, des chevalets intégrant des capteurs piézo-électriques (ceux des guitares électroacoustiques) ont fait leur apparition. On peut alors combiner le son du piézo à celui des micros magnétiques.
Les sons des principales guitares électriques
Vous l’aurez compris : le type de guitare, sa forme, les bois qu’elles utilisent comme leur accastillage ou leur électronique concourent, conjugués à l’amplificateur, à faire le son de l’instrument. Pour cette raison, nous vous proposons un ensemble de vidéos vous permettant de comparer douze modèles de guitare au travers de différents styles de jeu…
Et le reste du comparatif, par styles et types de sons, vous attend juste ici.
Choix de la finition
Au tout début de la guitare électrique, seul le vernis nitrocellulosique existait. Il s’agit d’un vernis très fin à base de coton. Comme la plupart des composants d’une guitare, ce vernis présente des avantages et des inconvénients. Il offre la particularité d’être extrêmement fin et donc de protéger un peu le bois sans l’étouffer et sans en freiner les vibrations. La finesse de ce vernis le rend également très fragile et sensible aux variations de température. Il est connu pour se faïencer en cas de chocs thermiques violents (c’est d’ailleurs un aspect très recherché par les collectionneurs et que nos confrères américains appellent « checking »). En plus d’être assez fragile, cette finition est compliquée à appliquer et coûteuse.
Dans les années 70, Fender a commencé à appliquer des finitions polyuréthane sur ses instruments, finitions beaucoup plus épaisses et moins fragiles. Ce vernis forme une couche de protection très épaisse qui encapsule le bois et freine un peu ses vibrations mais le protège aussi beaucoup plus. Cependant, il offre l’avantage de ne pas changer de teinte au fil des années et des expositions aux rayons UV ou à la fumée de tabac, contrairement au vernis nitro dont certaines teintes se dégradent très vite. On garde à l’esprit les Les Paul des années 1958 et 1959 qui sont presque toutes sorties de l’usine en finition Cherry Sunburst et dont le rouge s’est estompé sur 98% de ces guitares, parfois au bout de quelques semaines d’exposition aux UV. Le vernis polyuréthane ou polyester est le plus répandu à l’heure actuelle ; seule la marque Gibson continue la fabrication de guitares électriques en n’utilisant que du vernis nitrocellulosique. Chez Fender, seuls les modèles d’inspiration vintage fabriqués aux États-Unis disposent de ce type de vernis.
On peut distinguer deux types de vernis : les vernis brillants et les vernis mats. Pour le corps de la guitare, cela joue uniquement sur l’esthétique. Cependant, pour le dos du manche et la touche (dans le cas d’une touche en érable) cela aura une influence sur le confort de jeu. Il faut essayer les deux finitions pour savoir laquelle on préfère. En général, les guitaristes préfèrent que le dos du manche soit mat (ou satiné), mais ce n’est pas le cas de tout le monde.
Conclusion
Nous arrivons au terme de ce dossier sur la découverte des différentes caractéristiques à prendre en considération pour choisir sa première guitare électrique. Reste qu’une fois dans la boutique ou chez un vendeur d’occasions, il reste encore bien des recommandations à observer pour être sûr de faire un bon achat, ce que nous ferons lors d’un prochain article… N’oubliez pas non plus que le son que vous obtiendrez avec votre guitare électrique dépendra en grande partie de l’ampli dans laquelle vous la branchez et pour choisir ce dernier, ce guide ne sera pas de trop. Enfin, ne manquez pas de jeter un œil sur ces articles dédiés au choix d’une guitare ou d’un ampli pour le genre particulier du Metal.