Après avoir consulté notre Guide des effets guitare, ces derniers n’ont plus aucun secret pour vous. Mais comment bien choisir ses effets ? Où se les procurer ? Quel format choisir ? Autant de questions qui trouveront leur réponse dans ce guide d’achat afin que vous ayez toutes les cartes en main lors de votre prochaine acquisition de pédales d’effets.
Choisir ses effets
Étape incontournable dans la vie de chaque guitariste, la confection d’une chaîne d’effets est un passage jalonné de questions. Dans un premier temps, sondez précisément vos besoins et vos envies et essayez de cibler précisément le type de sons vers lequel vous souhaitez vous diriger. Après cette première phase de reconnaissance, définissez un budget global qui vous permettra par la suite d’établir un budget pour chaque pédale. Cette information vous permettra de réduire le champ de recherche et de gagner un temps précieux. Les sites des revendeurs regorgent de références, le marché des pédales d’effets connaissant un essor vertigineux depuis ces quinze dernières années, et il est facile d’être submergé par ces très nombreux articles différents. Bien que le marché des pédales d’effets soit extrêmement chargé, une contrainte budgétaire permet d’écrémer les résultats. Mais quand on est débutant, même une fois les résultats de recherche écrémés, on se retrouve devant une foultitude de pédales de formats différents sans savoir lequel choisir…
Rack ? Pedalboard ? Multi-effets ?
Si de nombreuses stars de la guitare se déplacent avec leurs racks d’effets qu’ils pilotent via des footswitches depuis la scène, l’usage des effets en rack, pour le commun des mortels ne disposant pas de roadies, se fera plutôt en studio où leur connectique plus professionnelle sera appréciée (XLR, sorties numériques, entrée MIDI). Il n’est en effet pas simple de trimballer un rack énorme et très lourd de salle en salle et cette mode qui a connu un âge d’or dans les années 80 semble s’estomper peu à peu.
Pour disposer d’effets facilement utilisables sur scène comme à la maison, on se tournera plus volontiers vers les pédaliers multi-effets ou les pédales simples qu’on installera sur un pedalboard. Le choix entre l’une et l’autre de ces solutions est affaire de goût, tant du point de vue ergonomique que de l’importance qu’on accorde au débat Numérique Vs Analogique. Voyons donc les avantages et inconvénients des deux solutions…
Même si des exceptions existent, la plupart des pédaliers multi-effets sont numériques. Ils présentent un côté tout-en-un assez pratique pour le transport, la maintenance et l’alimentation. Ils offrent également des connectiques complètes qui facilitent l’utilisation avec une sono ou un ordinateur. Toujours au chapitre des avantages, les multi-effets présentent un rapport quantité/prix largement supérieur à celui des pedalboards, à nombre égal d’effets. Enfin, un multi-effets permet des changements de sons assez drastiques en une fraction de secondes grâce au système de presets là où pour commencer de rivaliser avec cette souplesse, un pedalboard traditionnel devra obligatoirement être équipé d’un switcher pour gérer différents routings à la volée (mais pas les réglages des effets). Or, ce genre d’équipement, comme le TheGigRig G3, alourdit significativement la note.
Côté défauts de la solution multi-effet, on notera que la plupart ont un côté « usine à gaz » qui en déroutera plus d’un. De fait, on a rarement besoin de tous les effets inclus dans ces machines tandis que leur nombre peut alourdir l’ergonomie : on est alors loin d’un contrôle aussi simple et direct que celui offert par les pédales traditionnelles. Par ailleurs, ces engins intègrent bon nombre de modélisations d’amplis et d’effets qui, aux oreilles de certains puristes, ne sont pas à la hauteur des originaux analogiques. Enfin, bien que la rapport quantité/prix soit à l’avantage des multi-effets, les prix grimpent quand même assez vite si on souhaite se procurer un pédalier suffisamment puissant, polyvalent et fiable.
Dans le camp d’en face, les pédales offrent elles-aussi de nombreux avantages. On dispose ainsi des vraies versions de nombreux effets de légende, ce qui ravira les puristes, d’autant qu’en optant pour la solution Pédales, vous accédez à des dizaines de milliers de références plus ou moins rares, plus ou moins barrées… et plus ou moins chères. C’est en effet l’un des points forts des pédales : au prix d’un modeste investissement, on peut les acquérir une à une pour se constituer un rig petit à petit, monter en gamme progressivement… De plus, chaque pédale de votre pedalboard possèdera ses propres potentiomètres et switches, ce qui sera bien plus intuitif à l’heure des réglages. Enfin, les fabricants proposent en général des pédales aux visuels souvent bien plus aguichants que le côté austère et froid des multi-effets.
Mais malgré ces avantages non-négligeables, les pédales présentent bien sûr aussi leur lot d’inconvénients. Monter un pedalboard peut vite devenir une opération cauchemardesque en termes de câblage et d’alimentation. Bien que le coup de main se prenne vite, les premières fois sont souvent assez laborieuses. Le choix du pedalboard sera du coup capital et nous vous conseillons vivement de choisir un modèle où l’implantation du bloc d’alimentation est prévue. Ceci dit, à moins de vous équiper d’un switcher comme le Boss ES-8, notez que chaque changement de routing devra s’effectuer à la main, en changeant l’ordre des pédales manuellement (donc en configurant tout son pedalboard à nouveau) : voilà qui occupera vos pluvieux dimanches…
Toujours dans la liste des inconvénients, on soulignera le fait que le marché des pédales d’effets est complètement gangrené par la spéculation « Vintage », sujet sur lequel nous reviendrons. Attention enfin à la pédalite aigüe : un travers qui peut vous faire inviter autour d’une table un mercredi soir pour partager votre passion, mais qui peut aussi vous éloigner de la musique au détriment du matériel, tout comme il peut vous fâcher avec votre banquier : un pedalboard complet peut être extrêmement dispendieux ! Et comme si cela ne suffisait pas, selon le nombre d’effets dont vous vous équipez, il sera vite bien plus encombrant et plus lourd qu’un pédalier multi-effet compact et léger.
Chaque solution vient avec son lot d’avantages et d’inconvénients. Il revient donc à chaque guitariste de choisir la solution qui lui convient le mieux, sachant qu’on conseillera les multi-effets à deux types de publics : les guitaristes qui veulent faire du Bal (ou devant gérer des chaînes extrêmement complexes et diverses sur scène) et donc disposer d’une solution tout-en-un polyvalente, et les débutants ne disposant pas d’effets sur leur ampli mais qui désirent s’initier à ces derniers. Les pédales seront destinées à deux catégories: les guitaristes qui cherchent LE son ultime, ceux qui n’ont besoin que de peu d’effets pour jouer et ceux, aux moyens plus modestes, qui verront là un moyen d’investir peu à peu dans leur rig sans se mettre dans le rouge direct. Sur le marché de l’occasion, quelques dizaines d’euros suffisent en effet pour accéder à des pédales hautement recommandable, surtout depuis que certaines marques se sont spécialisées dans ce segment de marché.
Où acheter ses pédales d’effets ?
Bien que les pédales ne soient pas les composantes les plus onéreuses d’un ensemble de matériel pour guitare (encore que …), leur achat en nombre peut représenter une somme d’argent conséquente. Heureusement pour vous, votre site bleu préféré regorge de petites annonces de matériel audio, dont beaucoup de pédales d’effets. Un achat d’occasion peut être un excellent moyen d’économiser quelques dizaines d’euros qui, multipliés par le nombre de pédales, seront des centaines d’euros au bout du compte. Du fait de leur prix souvent raisonnable, à moins de ne viser que les pédales des marques « Boutique », les pédales sont un bon moyen d’essayer tel ou tel son sans se ruiner. Nombreux sont les guitaristes qui achètent et revendent souvent leurs pédales d’effets. Cela permet de tester pas mal de références et d’entretenir le marché de l’occasion. Comme avant tout achat d’occasion, renseignez-vous le plus possible sur l’état de la pédale et son histoire (a-t-elle passé beaucoup de temps sur scène ? En studio ? Dans un environnement fumeur ?). Si vous n’êtes pas rebuté par quelques légères traces d’utilisation, nous ne saurons que trop vous conseiller de vous procurer vos pédales d’occasion car ce sont des produits généralement solides qui, s’ils ne sont pas maltraités, peuvent traverser les âges et passer de pied en pied. Si vous cherchez une pédale dont la production est malheureusement arrêtée, l’achat d’occasion est obligatoire. Certaines pédales vintage sont très demandées et assez rares, raison pour laquelle on observe des hausses de prix ahurissantes (à l’heure actuelle, il faut débourser 6 400 € en moyenne pour se payer un Klon Centaur original).
Si au contraire vous préférez faire l’acquisition de pédales neuves et écrire leur histoire vous-même, tous vos magasins de Musique préférés regorgent de rayonnages bien remplis. Des boutiques spécialisées dédiées aux pédales d’effets et à leurs accessoires peuvent aussi être un gage de confiance et de bons conseils. De plus, une visite en magasin vous permet d’essayer plusieurs modèles en direct avant d’acheter. L’étendue des produits disponibles sera également plus importante dans un établissement spécialisé dans le domaine. De plus, vous profiterez d’une garantie magasin ce qui ne sera pas nécessairement le cas avec un achat d’occasion, encore moins avec une pédale vintage.
Les pédales Vintage
Comme pour les guitares et les amplis, une partie du marché des pédales d’effets est dédié aux pédales vintage. Certains collectionneurs comme Josh Scott, patron de JHS Pedals, mettent un point d’honneur à posséder chaque variante de chaque pédale jamais construite. Dans ce cadre précis de la collection, ces dernières trouvent bien sûr leur place de manière assez logique. Mais pour un musicien lambda, il peut sembler assez ridicule de débourser 6 400 € pour un Klon Centaur original alors que des dizaines de copies -dont certaines très convaincantes- sont disponibles de nos jours pour une petite fraction de ce prix. L’exemple du Klon Centaur est très parlant mais sans aller jusqu’à ces délires, toutes les pédales vintage s’arrachent souvent à prix d’or. Certains guitaristes recherchent très précisément telle version de telle pédale parce qu’elle utilise tel transistor au Germanium, et sont prêts à dépenser des fortunes pour obtenir ce qu’ils veulent. Mais aux oreilles d’un musicien évoluant dans un groupe, un tel degré de snobisme peut sembler ridicule de nos jours. Il est en effet très difficile de déceler les différences sonores entre une Tube Screamer originale et une réédition une fois qu’elles sont placées dans un contexte de groupe, à plus forte raison sur une scène. Les fabricants mettent en outre aujourd’hui tout en œuvre pour développer des produits qui sonnent très bien et qui affichent un rapport qualité/prix convaincant. Le vintage est donc une histoire de préférences personnelles, sachant que l’écrasante majorité des effets, même les plus anciens et singuliers, ont été reproduits et sont disponibles sur les rayonnages de nos magasins préférés. Si l’adage « c’était mieux avant » peut se vérifier pour les guitares, il n’est pas nécessairement vrai en ce qui concerne les pédales d’effets.
YouTube VS la vraie vie
Finissons le tour de ces conseils avec une mise en garde. À l’heure actuelle, il est très facile d’obtenir toutes les informations que l’on recherche sur une pédale d’effet, et même plus. En naviguant sur la plate-forme YouTube, on peut trouver des centaines de vidéos de démonstration de pédales. Cependant, si ces démonstrations audio-visuelles peuvent être utiles, elles peuvent également induire l’acheteur/euse en erreur. Le/la guitariste qu’on voit et qu’on entend utilise du matériel probablement très éloigné du vôtre. Les sons ainsi entendus seront bien différents de ceux que vous pourriez tirer de la même pédale, avec votre matériel.
Le son généré par une pédale est en effet très dépendant des autres effets présents dans la chaîne, s’ils sont positionnés avant ou après, et bien sûr de l’ampli sur lequel on la joue. La légendaire Tube Screamer par exemple pousse l’ampli sur lequel elle est branchée pour obtenir une saturation. La couleur et la tonalité de cette saturation dépend donc entièrement de l’ampli utilisé. Si ces vidéos de démonstration constituent un support pratique pour se faire une vague idée du son d’une pédale, elles ne sont pas à prendre comme une vérité absolue. Soyez bien conscients que le son d’une pédale dépend de nombreux facteurs et de nombreuses variables. Le jeu du guitariste peut aussi avoir son influence sur le rendu sonore final. Nous vous conseillons donc, quand c’est possible, d’essayer vos pédales « en conditions », avec votre ampli, votre guitare et les autres effets que vous utilisez.
En bref
Maintenant que vous savez comment faire, il ne vous reste plus qu’à vous mettre en quête de vos pédales préférées et à scruter les petites annonces d’Audiofanzine à la recherche de la perle rare. Quant à nous, nous vous souhaitons un bon voyage dans le vaste monde des d’effets !