Vous avez décidé de commencer la guitare électrique et venez de faire l’acquisition de l’instrument de vos rêves. Se posent maintenant de nombreuses questions au sujet du meilleur ami de votre guitare : l’ampli. Quelle puissance ? Quelle technologie ? Quel format ? Quelle marque ? Dans ce guide d’achat, nous allons détailler les différents aspects d’un ampli guitare afin de vous aiguiller au mieux lors de votre acquisition.
Petite histoire de l’amplification guitare
Dans les années 1920, la guitare a commencé à souffrir d’un cruel manque de volume, particulièrement dans les orchestres de Jazz. Se faire entendre face à une batterie, même très minimaliste, et une section de cuivres, a vite été un problème. Les fabricants comme Gibson ont alors développé des instruments aux dimensions plus importantes, ce qui se traduisait de manière acoustique par un volume plus élevé. Doubler le nombre de cordes a également été une solution envisagée pour augmenter le volume sonore de la guitare. La marque américaine National avait eu l’idée de construire des instruments en bois et acier, les fameuses guitares à résonateur, toujours dans l’optique de gagner quelques décibels.
Les premiers amplis…
Après ces diverses tentatives d’amplification mécaniques qui n’ont toutefois pas réellement résolu le problème, l’amplification électrique des instruments acoustiques a germé dans l’esprit des joueurs de Pedalsteel Hawaïens. Les premiers systèmes d’amplification étaient en réalité des dérivés de système de sonorisation légèrement modifiés dont il ne reste aujourd’hui quasiment aucune trace. Les premières utilisation d’amplis de guitare dont les enregistrements subsistent sont localisées à Hawaï aux alentours de la fin des années 1940. Cependant, des marques comme Stromberg-Voisinet et Vega Electrics avaient déjà développé des systèmes d’amplis pour banjo à la fin des années 1920. En 1932, Electro String Instruments a développé un petit ampli transportable avec des poignées intégrées au châssis en bois. En 1933, Rickenbacker a eu l’idée d’ajouter des coins en métal au châssis pour en assurer la protection pendant le transport. La même année, Dobro a commercialisé un ensemble micro magnétique + ampli ; le micro pouvait s’installer sur n’importe quelle guitare qu’on souhaitait amplifier et l’ampli possédait deux haut-parleurs de huit pouces. Gibson avait aussi développé quelques modèles d’amplis en 1934, qui sont restés au stade de prototypes. Tous ces amplis apparus dans les années 1930 n’étaient que des dérivés d’amplis de sonorisation. Ils développaient des puissances d’une quinzaine de watts.
Leo, Jim et les autres…
C’est en 1947 que Clarence Leonidas Fender a développé et commercialisé le premier ampli guitare, un petit combo qui n’offrait aucun contrôle sur le volume ni la couleur du son. Il se contentait d’amplifier le signal électrique généré par les micros magnétiques placés sur les guitares. Bien que des prototypes antérieurs subsistent, 1947 est l’année qui a vu naître le premier ampli commercialisé. Pendant les années 1940 et 1950, Fender a développé toute une gamme d’amplis (les fameux Tweed) développant différentes puissances, de 5 à 80 watts. Ce n’est que pendant l’année 1960 que Dick Dale, grand guitariste de Surf Music, a travaillé en étroite collaboration avec la marque de Fullerton pour développer un ampli de 100 watts. Bien que les balbutiements de l’amplification guitare soient localisés aux États-Unis, la Grande-Bretagne a eu un rôle capital à jouer dans son développement. Jim Marshall alors professeur de batterie et patron d’un magasin d’instruments de musique a eu l’idée de développer ses propres amplis guitare. C’est Pete Townsend, guitariste des Who, qui lui a demandé de concevoir un ampli plus puissant que ceux qui étaient disponibles à l’époque an Angleterre. En 1962 est donc née la première tête d’ampli guitare : le JTM45. C’était en réalité une ré-interprétation du Fender Bassman, avec les composants disponibles en Angleterre. Cependant, c’est à Jim Marshall qu’on doit le format « Stack », une tête d’ampli posée sur une enceinte. L’essor de la marque est en grande partie due à Eric Clapton, Jimi Hendrix et Pete Townsend qui ont rendu célèbres les JTM45, Stack et combos. Le virus s’est alors propagé et a touché Jimmy Page, guitariste de Led Zeppelin, qui a aussi adopté un JTM45 à l’époque.
Dans le même temps, Vox Amplification, anciennement JMI Corporation, a également connu un essor considérable grâce au succès de l’AC-30, très largement popularisé par les Beatles, entre autres. L’essor du Rock’n’roll puis du Blues Rock a contribué au développement rapide des amplis guitare à travers le monde. De nos jours, nombreux sont les acteurs de l’amplification, que ce soit en France, aux États-Unis, en Angleterre ou en Chine. On peut citer de manière non exhaustive Peavey, Mesa Boogie, Orange, ENGL, Diezel, Soldano, Blackstar, Laney, Magnatone, KelT entre beaucoup d’autres.
Les types d’amplis : combos, stacks, etc.
Comme nous l’avons vu dans le rapide historique, deux conceptions d’amplis existent : combos et stack. Le combo regroupe toutes les composantes de l’ampli au sein du même châssis, le circuit électronique et le(s) haut(s)-parleur(s). Le stack, qui fit son apparition en 1962, a été inventé par Jim Marshall pour développer davantage de volume. À l’époque, l’ampli avec le plus de haut-parleurs était le Fender Bassman avec quatre gamelles de 10 pouces. L’idée de Jim Marshall était de doubler ce nombre de haut-parleurs. Il a donc pensé à dissocier les haut-parleurs du circuit électronique de l’ampli. À l’époque, l’enceinte dédiée à accompagner la tête JTM45 était équipée de huit haut-parleurs de 12 pouces. Plus tard, pour des raisons pratiques, la marque l’a séparée en deux enceintes de quatre haut-parleurs. Si seuls ces deux formats, combo et stack, étaient disponibles sur le marché pendant de nombreuses années, d’autres types d’amplis ont récemment fait leur apparition. La catégorie combo a été étoffée au fil du temps avec l’apparition de formats plus nomades ou destinés à une utilisation domestique.
En 1969 apparut le premier ampli portable, le fameux Pignose. Roland a révolutionné ce concept avec l’apparition de la série Cube. Ce sont des petits amplis très polyvalents et surtout super compacts, donc très faciles à transporter. Cela permet de jouer de la guitare n’importe où pourvu qu’on dispose d’une prise électrique. La marque a même poussé le concept jusqu’au bout avec le Cube Street qui, comme son nom l’indique et grâce à une alimentation par piles, permet de jouer dans la rue de manière totalement autonome en profitant d’effets intégrés et de plusieurs canaux. Il s’agissait d’un premier pas vers la rationalisation des amplis, tant en termes de puissance que d’encombrement. Plus récemment, on a vu apparaître des amplis d’appartement pour un usage domestique. Yamaha a su frapper fort avec sa série THR qui s’est inscrite très vite en numéro un des ventes de cette catégorie. Combos, amplis de voyage, amplis d’appartement ou stack, vous trouverez aujourd’hui l’ampli idéal quels que soient vos besoins. Mais une fois le format choisi, reste à choisir la technologie adéquate.
Les différentes technologies d’amplification
L’amplification à lampes / tubes
Pour amplifier un signal électrique, plusieurs solutions sont envisageables en utilisant différents composants électroniques. Les premiers amplis utilisaient des lampes, que ce soit pour la pré-amplification du signal ou son amplification. Dans la mesure où c’était le seul composant connu à l’époque pour remplir ce rôle, ce choix semblait logique. Comme tous les composants électroniques, les lampes offrent certains avantages mais aussi quelques inconvénients. Il s’agit tout d’abord d’un composant fragile puisque son enveloppe (qui contient l’anode, la cathode, le filament et la grille) est en verre. Et comme elles sont des composants qui ont besoin d’une tension très élevée pour fonctionner, les lampes sont souvent associées à d’imposant transformateurs d’entrée et de sortie qui alourdissent de manière considérable le poids global de l’ampli et dégagent beaucoup de chaleur.
L’utilisation des lampes dans les premiers amplis présentait par ailleurs un problème du point de vue sonore. Elles fournissent une amplification claire jusqu’à un certain seuil au-delà duquel elles vont saturer, tordre le signal. C’était un vrai souci à l’époque où on cherchait simplement à obtenir des sons clairs. D’où l’apparition d’amplis comme le High Powered Twin chez Fender, qui, avec ses 80 watts, repoussait le seuil de saturation et permettait donc d’obtenir un son clair plus fort. Une lampe a aussi besoin d’atteindre une température idéale avant d’offrir un rendement et un son optimaux, d’où la présence d’un circuit de chauffage. Enfin, une lampe, comme une ampoule d’ailleurs, a une durée de vie limitée. C’est un consommable, au même titre que les cordes de votre guitare, qu’il faudra changer.
Cependant, ces inconvénients sont conjugués à des avantages non négligeables. Du point de vue sonore, c’est un composant qui fournit une chaleur et un grain particuliers et inimitables. En termes de jeu, les lampes fournissent un ressenti doux et très dynamique ; chaque nuance du jeu du guitariste sera retranscrite aux haut-parleurs avec beaucoup de musicalité.
L’amplification à transistors
Face aux inconvénients des amplis à lampes sont apparus les amplis à transistors. Le transistor est un composant électronique qui remplit le même rôle qu’une lampe, à savoir l’amplification d’un signal électrique. Le but est d’amplifier la tension alternative de quelques millivolts provenant de la guitare en un signal beaucoup plus important qui, une fois retranscrit aux haut-parleurs, fera bouger leur membrane. Au départ, les fabricants ont utilisé les transistors pour réduire les coûts de production et rendre leurs amplis plus fiables. On se souvient notamment de l’ampli Vox MT60 utilisé par les Beatles. Les transistors offrent bien d’autres avantages. Ce sont des composants fiables qui ne nécessitent pas nécessairement de changement, n’étant pas soumis à une usure drastique. Ils permettent aussi de concevoir des circuits beaucoup plus légers et donc des amplis plus compacts et faciles à transporter. Enfin, ils amplifient le signal de manière beaucoup plus claire et linéaire qu’une lampe. Le son qu’ils fournissent est évidemment différent de celui fourni par les lampes. On ne parle pas ici de « mieux » ou « moins bien », tout étant une affaire de goût et surtout de besoins. Le côté fiable et pratique des amplis à transistors leur a permis d’obtenir une part importante du marché, si bien que toutes les grandes marques, même les plus anciennes, leur ont fait une place au sein de leur catalogue.
Partant du principe que tout a du bon, certains fabricants ont fabriqué des amplis dits « hybrides ». Ces derniers emploient les deux technologies citées plus haut, lampes et transistors. Le plus souvent, on retrouve comme dans les amplis de la série Valvestate de Marshall, un pré-ampli à lampes et un ampli de puissance à transistors. La couleur du son est apportée par le circuit de pré-amplification qui, grâce à une ou plusieurs lampes, apporte une chaleur et un grain plutôt sympa. Ce son est ensuite amplifié grâce à un étage d’amplification à transistors qui n’offre pas de couleur particulière mais s’avère très efficace et surtout très léger. Cette configuration est celle qu’on retrouve le plus souvent dans les amplis hybrides mais certaines références utilisent la conception inverse : un pré-ampli à transistors accompagné d’un étage d’amplification à lampes.
L’amplification à modélisation
Depuis la démocratisation des multi-effets et simulateurs d’amplis numériques comme le petit haricot rouge de Line 6, le fameux POD dont il existe toujours une version au catalogue de la marque de nos jours, les fabricants ont intégré cette technologie à des amplis. Ils représentent notre dernière catégorie : les amplis à modélisation. Comme le nom peut l’indiquer, il s’agit d’une technologie numérique qui modélise le son et potentiellement les réactions de jeu de tel ou tel ampli. Au sein d’un combo, on retrouve donc une partie pré-ampli gérée numériquement, et une partie amplification qui utilise le plus souvent des transistors. Les amplis à modélisation sont souvent assez légers et robustes. De plus, comme les amplis à transistor, ils offrent une sonorité identique tous les jours et ne nécessitent pas de temps de chauffe. Un ampli à modélisation offre la particularité de n’être dédié à aucun style en particulier. Ce sont des amplis très polyvalents qui génèrent une foultitude de sons différents et disposent en général de beaucoup d’effets intégrés. Ils incarnent donc une excellente solution quand on débute la guitare et qu’on ne sait pas trop vers quelles sonorités s’orienter. Les effets intégrés permettent aussi de sa familiariser avec tel ou tel type de sons sans forcément investir dans des dizaines de pédales. Un ampli à modélisation étant articulé autour d’un processeur numérique, la plupart des fabricants offrent la possibilité de le mettre à jour régulièrement avec de nouveaux Firmware et des nouveaux sons.
Vous voici fixé sur les technologies. Reste à savoir sur quelle puissance jeter votre dévolu sachant que cette dernière, exprimée en watts, ne renvoie pas à la même puissance réelle suivant qu’on parle d’un ampli à transistors ou modélisation et un ampli à lampes…
Quelle puissance pour quel usage ?
Si les amplis de 100 watts sont apparus pour répondre à un besoin à l’époque où les guitares n’étaient pas nécessairement repiquées en concert, ils sont aujourd’hui (beaucoup) trop puissants pour la plupart des situations. De plus, à l’époque, on ne trouvait pas de réglage de gain (taux de saturation) sur les amplis. Pour les faire saturer, il fallait monter le volume et flirter avec le seuil de la douleur. Comme nous l’avons déjà vu, on peut trouver un ampli idéal pour chaque utilisation. Si cela passe par le format de l’ampli, cela passe également par sa puissance. Il faut donc savoir à quelle utilisation se destine l’ampli dont on a besoin au moment de son acquisition.
Un ampli pour travailler à la maison
Pour un usage uniquement domestique, une puissance comprise entre 5 et 20 watts sera largement suffisante. Attention, nous parlons ici de la puissance d’un ampli à transistors. Si un Yamaha THR30 et un Vox AC-30 développent tous les deux une puissance de 30 watts, le volume et le ressenti d’écoute ne sont pas du tout les mêmes. Nous recommandons un ampli à transistors ou à modélisation pour ce type d’usage. Leur côté souple, facile à transporter d’une pièce à l’autre et surtout leur volume en font des produits très adaptés pour travailler à la maison. Cependant, les fabricants proposent depuis quelques années de petits amplis à lampes d’une puissance d’un watt (comme le Marshall DSL1C testé dans nos colonnes). Ils permettent de profiter de la sonorité des lampes tout en incarnant une solution compacte.
Un ampli pour répéter
S’il vous faut un ampli pour répéter avec votre groupe, vous devez garder à l’esprit que votre ampli doit développer une puissance nécessaire pour jouer avec une batterie sans être noyé ni devoir le mettre à fond. Si vous optez pour un ampli à lampes, un ampli d’une puissance égale ou supérieure à trente watts sera nécessaire. Dans le cas d’un ampli à transistors, il vous faudra un ampli d’une puissance comprise entre 70 et 100 watts. L’idée derrière ces chiffres est encore une fois de pouvoir être entendu dans un mix de groupe avec batterie, basse, voix et potentiellement clavier.
Un ampli pour les concerts
Enfin, si vous achetez votre ampli pour l’utiliser dans un contexte de concert, deux options sont envisageables. Soit vous jouez systématiquement en étant repiqué (avec un micro devant l’ampli qui « repique » le son pour l’envoyer vers la console de mixage reliée à la sono de la salle) auquel cas la puissance importera peu dans la mesure où vous aurez des retours ; soit vous jouez sans être repiqué, auquel cas il faudra tenir compte de la taille moyenne des salles dans lesquelles vous jouez. En général pour les concerts, on choisit un ampli à lampes de 30 à 80 watts ou un ampli à transistors de 100 à 200 watts. Gardez toujours à l’esprit qu’il faut que vous soyez entendu dans le mix.
Or, pour cela, il faut aussi vous intéresser aux haut-parleurs équipant votre ampli, car leur nombre comme leur taille ou leur modèle va grandement influer sur le son que vous obtiendrez…
Quelle configuration de haut-parleurs ?
S’il existe des amplis de toutes les tailles, cette dernière dicte toujours, dans le cas d’un combo, la taille du/des haut-parleur(s). Reprenons par exemple le cas du petit Marshall DSL1C qui est équipé d’un haut-parleur de huit pouces. L’ampli est certes léger et compact mais offre une réponse en basses fréquences très limitée.
La taille compte…
Quand vous choisissez votre combo ou votre enceinte, identifiez clairement vos besoins afin de faire le bon choix en termes de configuration de haut-parleurs. Différentes solutions s’offrent à vous. La taille du haut-parleur aura un impact direct sur la quantité et la réponse des basses ; plus le diamètre du haut-parleur est important, plus le son sera ample et profond. Le diamètre est mesuré en pouces : 6 pouces, 8 pouces, 10 pouces, 12 pouces et 15 pouces. Une fois encore, il n’y a pas de taille meilleure qu’une autre, tout est affaire de goût et surtout de besoins. Certains aspects sont à prendre en compte lors du choix d’une enceinte. La puissance qu’elle peut encaisser, sa tolérance, qui doit être au moins égale à celle délivrée par l’ampli. Son rendement est également très important, il déterminera le volume sonore qu’elle produit et se mesure en dB/w/m (mesure fictive d’un haut-parleur pour 1watt à 1 mètre). Les grandes marques de haut-parleurs (Jensen, Celestion, JBL …) proposent de nombreuses références dans toutes les tailles ; là aussi, tout est affaire de goût et de besoins.
Et le nombre aussi…
Si la taille d’un haut-parleur a une incidence déterminante sur le son, le nombre de haut-parleurs installés sur le baffle joue énormément. La taille du caisson (ou Cabinet comme disent nos amis anglo-saxons) influe beaucoup sur la réponse en fréquences. Une enceinte équipée d’un Celestion Greenback sonnera différemment d’une enceinte équipée de deux Celestion Greenback, même si les matériaux utilisés pour les caissons sont identiques. On obtiendra plus de profondeur et de définition avec deux haut-parleurs plutôt qu’un, et encore plus de profondeur et d’assise avec une enceinte 4×12. Quand on joue en groupe, la membranes du/des haut-parleur(s) est susceptible de beaucoup osciller. La qualité du haut-parleur aura donc aussi une influence sur sa durée de vie et sur le son. Volume, son, réponse en fréquences, encombrement, poids, prix … autant d’aspects à prendre en compte quand vous choisissez votre enceinte ou votre combo.
Le reste des spécifications fonctionnelles
On commence à y voir plus clair mais d’autres aspects sont à considérer avant de sortir sa carte bancaire. Si les premiers amplis ne disposaient que d’un ou deux canaux, certains amplis actuels proposent quatre, cinq ou même six canaux parfois eux-mêmes divisés en plusieurs modes de fonctionnement.
Canal Plus
Ces canaux permettent simplement d’avoir plus de contrôle sur le son de l’ampli et surtout de pouvoir doser le taux de saturation avec précision. Ces canaux s’échelonnent en fonction de leur niveau de gain. Prenons l’exemple du Diezel VH4 qui offre quatre canaux, du plus clair au plus saturé. Cela permet à l’utilisateur de jouir d’une grande polyvalence et aussi d’avoir un contrôle précis sur le son. Encore une fois, tout est une affaire de besoins. Si vous jouez avec beaucoup de pédales d’effets et qu’il vous faut un seul son, vos besoins seront différents d’un guitariste de métal progressif qui préférera un ampli capable de développer beaucoup de saturation mais aussi des sons très clairs et des sons crunch, légèrement saturés.
Effets intégrés ?
Nous vous en parlions plus haut, certains amplis disposent d’effets intégrés. On les trouve en général sur les amplis à modélisation et à transistors. Cependant, certains amplis vintage comme les Fender Blackface du milieu des années 60 disposaient déjà d’une réverbe à ressort et d’un circuit de vibrato à lampes. Quand on débute la guitare, c’est agréable de pouvoir découvrir le monde des effets sans forcément devoir étendre son budget de quelques centaines d’euros. Cela permet d’explorer les différentes possibilités sonores avant d’investir dans des pédales. Il s’agit souvent d’algorithmes assez basiques (mais suffisants) bien que certains constructeurs comme Boss, véritable leader mondial dans les pédales d’effets, proposent des modélisations numériques de qualité comme on peut en trouver dans la série Katana. De plus en plus d’amplis possèdent une boucle d’effets, un point d’insert situé entre le pré-ampli et l’ampli de puissance. Cette boucle permet l’insertion d’effets temporels et de modulation afin qu’ils réagissent le mieux possible avec l’ampli. Bien que très pratique, une boucle d’effets n’est cependant pas obligatoire et certains musiciens préfèrent même placer leurs délais, réverbes et effets de modulation en face de l’ampli.
Les accessoires et fonctions qui font la différence
Si vous faites l’acquisition d’un ampli pour l’utiliser sur scène, un pédalier de contrôle peut être un aspect à ne pas négliger. S’il dispose de nombreux canaux et effets intégrés comme le Boss Katana, pouvoir changer de son sur simple pression d’un switch est très pratique en concert. De plus, dans le cadre d’un ampli à modélisation, vous pourrez vous concocter des presets avec des effets et sons différents que vous pourrez rappeler à volonté, au pied.
Dans le cas d’une utilisation domestique, veillez bien à choisir un ampli équipé d’une sortie casque. C’est un détail très utile pour jouer à n’importe quelle heure sans ennuyer votre conjoint·e ni vos voisins. Cette sortie casque est le plus souvent équipée d’une simulation de haut-parleur afin d’obtenir un son le plus agréable possible. Enfin, certaines références sont réellement dédiées au travail de l’instrument et sont donc équipés d’un looper et/ou d’une boîte à rythmes. Ce sont des outils très appréciables quand on commence la pratique régulière de la guitare, à jouer avec d’autres musiciens, un batteur en particulier, ou au métronome, excellent moyen de progresser rapidement.
Quelques marques et références incontournables
Parmi les pionniers de l’amplification guitare se trouve évidemment la marque américaine Fender. Soixante-dix ans après leur apparition sur le marché, ces amplis restent de nos jours très utilisés et réédités. Au fil du temps, Fender a su faire évoluer ses amplis, tant d’un point de vue esthétique que sonore. Plusieurs périodes rythment la production de la marque, périodes qui empruntent leur nom aux amplis en questions. Tweed, Blackface et Silverface sont les trois évolutions de ces amplis légendaires. Comme références incontournables et par ordre croissant de puissance, on peut retenir le Champ, le Princeton, le Deluxe et le Twin. Si les Blackface et Silverface sont connus et réputés pour leur son clair cristallin un peu creusé dans les médiums, les Tweed à l’inverse avaient tendance à saturer beaucoup plus rapidement et à développer pas mal de médiums. Joe Bonamassa utilise sur scène des High Powered Twin Tweed pour cette raison.
Nous avons évoqué Jim Marshall plus haut mais il est difficile de ne pas le citer dans ce paragraphe. Le premier ampli de la marque anglaise était une réinterprétation du Fender Bassman, avec les composants disponibles à l’époque en Grande-Bretagne. Le JTM45 disposait donc de deux lampes de puissance, trois lampes de pré-amplification et d’une lampe de rectification. Cette dernière confère à l’ampli un caractère plus spongieux et moins agressif que celui de ses descendants. Parmi les amplis de légende de Marshall, on peut citer également le fameux Super Lead Plexi. Ce dernier reprend l’architecture du JTM45 mais avec une puissance supérieure (50 ou 100 watts) et une rectification par diode. Ces amplis ont littéralement forgé le son de guitare du blues, blues rock, rock, hard rock et heavy metal dans la mesure où ils ont été utilisés par presque tous les guitaristes de l’époque. Son panneau de contrôle recouvert de Plexiglas lui a valu son surnom : Plexi. À la fin des années 70, Marshall a fait évoluer ce circuit en lui ajoutant un contrôle de volume du pré-ampli ce qui permettait de le faire saturer à « faible » volume. On peut entendre ces versions sur les enregistrements live du groupe australien AC/DC de la même époque. Cet ampli, le JMP, a donné naissance dans les années 80 au JCM800, autre ampli légendaire de la marque. Reprenant le circuit du Plexi et l’architecture du JMP, le JCM800 dispose d’un peu plus de gain et développe un son immédiatement reconnaissable. Il est encore utilisé par de nombreux guitaristes de nos jours et la marque l’a même décliné récemment dans une version « mini », une petite tête de 20 watts.
Un autre acteur majeur de l’amplification guitare dans les années 60 est Vox. Son ampli phare, largement popularisé par les Beatles, U2 et Brian May est l’AC-30. Cet ampli développe des sonorités très brillantes et un grain particulier une fois poussé dans ses derniers retranchements. Écoutez les premiers albums des Beatles pour une idée du son « clair » et toute la discographie de Queen pour une idée du son saturé. L’AC-30 a été décliné dans plusieurs versions moins puissantes, notamment l’AC-15 et l’AC-10 proposé à l’époque dans une version Twin avec deux haut-parleurs de 10 pouces.
Mesa/Boogie a également joué un rôle majeur dans l’évolution des sons de guitare avec les Mark I, Mark IIC+, Mark III, Marc IV et Mark V. Les premiers amplis de la marque étaient des réinterprétations des amplis Fender de l’époque mais avec l’introduction des différents étages de gain en cascade. Cela impliquait un niveau de gain largement supérieur aux amplis concurrents de l’époque. Carlos Santana et Keith Richards ont immédiatement adopté le Mark I pour sa polyvalence et son caractère sonore. Plus tard, des groupes comme Metallica ont permis à la marque de se forger une solide réputation en utilisant les Mark IIC+ en studio et les Rectifier sur scène. Encore à l’heure actuelle, ces amplis restent de véritables références présents dans de nombreux studios. Ils se caractérisent tous par une grande polyvalence, un haut niveau de gain et un son un peu « craquant ».
Dans les années 80, Peavey a connu un essor considérable grâce à Eddie van Halen qui a développé son ampli signature : le 5150. Comme les amplis cités plus haut, le 5150 reste encore de nos jours une référence ultime quand on parle de « gros » son à l’américaine. L’ampli accueillait cinq lampes de pré-amplification ce qui lui permettait de générer beaucoup de saturation. Plus tard, la marque connaîtra un regain d’intérêt grâce à la série Bandit, des amplis à transistors d’entrée de gamme qui sonnent bien, sont fiables et au rapport qualité/prix très intéressant.
Nous pouvons terminer cette section sur les références incontournables par Soldano (la liste pourrait être bien plus longue, mais il faut bien l’arrêter !). La marque a été créée à San Francisco par Michael Soldano, électronicien de génie qui a commencé sa carrière en modifiant les amplis de l’époque (les JCM800, notamment) pour des guitaristes de renom. Lui est ensuite venue l’idée de concevoir son propre ampli, ainsi naissait le SLO-100 Super Lead Overdrive. L’ampli est une sorte de « Super JCM800 » entièrement construit à la main dans les ateliers de la marque, et demeure encore aujourd’hui un ampli « boutique » incontournable. La marque Neural DSP a d’ailleurs modélisé l’ampli dans un plug-in tant il est légendaire.
Conseils d’achat
Maintenant que vous avez tous les éléments pour faire le bon choix quant à votre premier ampli, voyons rapidement les quelques erreurs à éviter et les technologies les plus appropriées. Si votre ambition est de jouer à la maison, un ampli à modélisation avec effets, looper et boîte à rythmes intégrés reste un choix très judicieux. Le looper et la boîte à rythmes ne sont pas obligatoires et un bon ampli à modélisation avec effets est recommandable également. Les amplis au format Desktop comme les Yamaha THR, le Vox Adio Air ou le Boss Katana Air constituent un excellent choix dans cette catégorie. Si vous voulez jouer avec d’autres musiciens en répétition, il vous faudra choisir un ampli suffisamment puissant pour vous faire entendre, bien que pour des séances improvisées à la maison, un ampli Desktop puisse être suffisant. Encore une fois, dès qu’une batterie entre dans l’équation, il faut que l’ampli délivre une certaine puissance et donc un volume en conséquence. Dans ce cadre, nous vous conseillons de vous intéresser aux amplis à transistors comme le Boss Katana ou le Fender Champion 100. Si vous souhaitez un son avec un peu plus de caractère, Orange et Marshall proposent aussi des amplis à transistors très sympa, les MG et Crush. Enfin, si vous jouez sur scène, les amplis cités plus haut peuvent correspondre mais nous vous conseillons vivement un combo ou une tête d’ampli à lampes. Ils vous permettront d’avoir un son qui s’insère plus facilement dans un mix de groupe tout en développant la puissance nécessaire. Le Boss Katana répond à tous les besoins grâce à un astucieux système de réduction de puissance. Il peut être utilisé à la maison sans problème, mais aussi en répétition et sur scène.
Les différentes gammes
On peut diviser le segment des amplis guitare en trois gammes : entrée de gamme, moyenne gamme et haut de gamme. L’entrée de gamme atteint un premier pallier de 450 € environ, la moyenne gamme s’étale de 500 à 950 € et le haut de gamme débute autour de 1 000 € pour atteindre des tarifs autour de 5 000 €. En entrée de gamme, on peut retenir les petits combos Fender Champion, Marshall MG, Orange Crush, Blackstar ID Core, Roland Cube 10 et Vox VT40x.
Les Fender sont disponibles en plusieurs puissances et plusieurs tailles mais incarnent de très bons amplis pour commencer. Ils sont polyvalents et disposent de plusieurs canaux ainsi que d’effets intégrés très pratiques. Du côté de Marshall, la série MG à transistors est un véritable best-seller. Ce sont des amplis fiables, pratiques et disponibles en plusieurs tailles et puissances. On retrouve le grain sonore typique de la marque, ce qui est plutôt sympa, et les effets intégrés sont un vrai plus. Les versions les plus petites ne sont équipées que d’une réverbe et de deux canaux alors que les versions plus imposantes disposent de quatre canaux et d’une foultitude d’effets. La série Crush d’Orange est une vraie référence dans l’amplification à transistors. Comme chez Marshall, Orange a essayé d’intégrer un peu de son ADN sonore dans cette série d’entrée de gamme, et le résultat est plutôt chouette. La série intègre plusieurs amplis, du petit ampli de poche à la grosse tête de 120 watts. Deux canaux, une réverbe, une égalisation trois bandes, vous avez tout ce qu’il faut pour un bon son de guitare. Blackstar a frappé fort avec sa série ID:Core notamment grâce à l’utilisation de haut-parleurs FRFR qui permettent à ces petits amplis très compacts de générer un gros son. Effets intégrés, beaucoup de sons différents, connexion en USB pour l’édition des sons… ces amplis offrent beaucoup pour le prix. Les Roland Cube, Yamaha THR et Vox VT40 sont des références qui sont assez vite devenus des classiques. Le Cube de Roland propose une qualité sonore très satisfaisante avec des effets plutôt agréables, le tout dans un ampli super compact. Le Yamaha THR5 incarne le petit ampli de bureau idéal, compact, assez joli et développant un très bon son. Enfin, le Vox VT40X est le seul de cette gamme à disposer d’une lampe de pré-amplification. L’ampli intègre de très nombreux sons différents et effets, et son haut-parleur Bass Reflex lui permet de générer un très bon son. Vous avez accès à un éditeur logiciel en connectant l’ampli à votre smartphone ce qui est assez pratique bien que l’ampli dispose d’un grand panneau de contrôle sur lequel vous pouvez déjà ajuster beaucoup de paramètres. On peut également citer l’inévitable Boss Katana qui, dans sa version 100 watts, reste l’ampli de choix quand on joue à la maison, en répétition et en concert.
Dans les amplis de moyenne gamme, nous vous conseillons les Marshall Origin, Fender Blues Junior et EVH 5150 III LBX. La série Origin de Marshall développe les sonorités classiques de la marque (on pense tout de suite au fameux Plexi) mais à des tarifs tout à fait raisonnables. Ce sont des amplis tout lampes fabriqués au Vietnam et disposant d’un astucieux système de réduction de puissance. Cela permet d’exploiter l’ampli au maximum dans pas mal de situations. La gamme comprend des combos et têtes de différentes puissances pour correspondre à la plupart des utilisations.
Chez Fender, la série Hot Rod est un très bon compromis de moyenne gamme. Selon vos besoins, vous pouvez jeter un œil aux Blues Junior, Hot Rod Deluxe III et Hot Rod Deville. Le Blues Deluxe est aussi un très bon ampli, avec un esprit et un son plus « bluesy ». Ce sont également des amplis à lampes, sans réduction de puissance cette fois-ci. Pour un usage domestique, même les 15 watts du Blues Junior détérioreront vos relations de bon voisinage. On retrouve un ampli de la série Hot Rod dans la quasi-totalité des salles de concerts qui existent dans la mesure où ce sont des amplis fiables et bien pensés, surtout la version III du Hot Rod Deluxe. Canal clair qui prend très bien les pédales, canal saturé efficace, boucle d’effets et réverbe, il y a tout ce qu’il faut. Enfin, si vous cherchez un son très saturé pour aborder des registres musicaux bien moustachus (hard rock, heavy metal, thrash), la petite tête EVH 5150 III LBX est une solution parfaite. On retrouve une architecture à deux canaux et un niveau de gain démentiel, le tout dans un châssis très compact et bien réalisé. La marque EVH dépend du groupe Fender Musical Instruments Corporation (FMIC pour les intimes), la plupart de ses produits sont donc fabriqués au Mexique dans l’usine Fender. Comme pour les amplis de la série Hot Rod, le EVH 5150 III LBX est très bien fabriqué et sonne très bien. Sa puissance de 15 watts en fait un ampli idéal en concert quand on est sûr d’être repiqué ou si on joue dans une petite salle. Pour la maison, l’ampli est également exploitable bien que, comme tous les amplis à lampes, il nécessite un certain volume pour fournir le meilleur son. EVH produit également une version 50 watts du 5150 III, ainsi qu’une version 100 watts pour les plus audacieux.
Enfin, du côté des amplis haut de gamme, on peut citer les Friedman BE-100 Deluxe, Soldano SLO 100 et Tone King Imperial MKII. Le Friedman BE-100 Deluxe est une version plus complète du fameux BE-100 qui a conquis de nombreux guitaristes professionnels depuis sa sortie. Dave Friedman est un véritable gourou des amplis à lampes, il répare, modifie et conçoit des amplis depuis une bonne trentaine d’années. Ses amplis se distinguent par une qualité de fabrication irréprochable et une signature sonore très particulière. On retrouve indéniablement le grain Marshall mais avec un caractère plus épais et plus présent, notamment grâce à une égalisation beaucoup plus efficace et centrée autour de fréquences différentes. Le BE-100 Deluxe est une véritable référence utilisée par des guitaristes comme Steve Stevens, Phil X et bien d’autres.
La marque Soldano possède une histoire un peu similaire à celle de Friedman dans le sens où Michael Soldano a commencé sa carrière en modifiant des amplis. Le premier ampli qu’il a conçu, le SLO 100, reste encore aujourd’hui un incontournable de l’amplification guitare haut de gamme quand on cherche un son extrêmement présent et direct. Le grain se rapproche une nouvelle fois de ce qu’on peut entendre chez Marshall mais avec un côté plus saturé, plus agressif et plus polyvalent. Enfin, on peut s’intéresser à la marque Tone King avec l’Imperial MkII (testé dans nos colonnes) disponible en combo ou tête + enceinte. Cet ampli développe les sonorités vintage qu’on associe à Fender avec un canal plus typé Tweed et un autre canal plus typé Blackface. Un atténuateur est intégré à l’ampli et permet de le pousser, même à la maison, ce qui est un vrai plus. La qualité de fabrication est simplement bluffante, les sons le sont tout autant.
Conclusion
Vous l’aurez compris, le choix de votre ampli de guitare électrique est intimement lié à vos besoin, à vos goûts, à votre budget et à la place dont vous disposez. Chaque type d’ampli offre des avantages certains pour une utilisation donnée. Même s’il et très tentant de s’équiper d’un trois corps Marshall qu’on mettra dans son salon, ce n’est pas nécessairement une solution idéale. À l’inverse, un petit ampli à modélisation ne servira pas à grand chose dans un local de répétition. La méthode la plus efficace reste encore de rendre visite à votre magasin de musique préféré et d’essayer les quelques références que nous avons évoquées dans ce guide d’achat. De nos jours, les fabricants ne cessent d’innover et de proposer des amplis toujours plus compacts, polyvalents et avec des sonorités plus que convaincantes. Les algorithmes intégrés aux amplis à modélisation sont de plus en plus réalistes et les amplis à transistors rivalisent de plus en plus avec les amplis à lampes. Encore une fois, seul un essai en bonne et due forme pourra aiguiller davantage votre choix.