Après le Jupiter-X, Roland étend sa gamme de synthés à modélisation avec le Juno-X, doté d’une interface conçue pour éditer les émulations des synthés vintage à un oscillateur de la marque, tels que les Juno-60 et 106. Voyons comment il se positionne…
![Test du Juno-X de Roland : Modèles bien assortis](https://img.audiofanzine.com/img/fr/article/cover/5215.jpg?fm=pjpg&w=704&h=396&fit=fill&s=e467e3b8f17eb5dd5c69a7e84f6289da)
La plateforme Zen-Core existe maintenant sur de nombreuses machines signées Roland, stations de travail, synthés, modules, BAR. Elle compte des modèles de plus en plus nombreux, basés sur l’émulation des principales gloires du passé de la marque nipponne, que ce soient des synthés analogiques, des synthés numériques ou des pianos acoustiques. Cette plateforme permet de modéliser le comportement global de ces machines tout en conservant une polyphonie suffisante, en renonçant à la précision extrême du précédent moteur générique de la marque (ACB) plus gourmand en calculs, basé sur la modélisation des composants individuels. Le Zen-Core permet aussi de créer des programmes multitimbraux en faisant tourner différents modèles simultanément.
Construction sérieuse
Le Juno-X est un grand synthé qui privilégie le confort de commandes largement dispersées et clairement organisées sur un panneau avant généreux. Du coup, on se retrouve avec un instrument mesurant 107 × 33 × 12 cm pour 11,6 kg. La construction est exemplaire : coque en solide métal peint et flancs en plastique rigide. Le format, la charte graphique et la disposition des commandes sont très largement inspirés du Juno-106, l’un des best-sellers toutes catégories confondues sorti en 1984. Les commandes sont parfaitement ancrées et agréables à manipuler, ça donne le sourire. Le Juno-X totalise 8 potentiomètres rotatifs, 7 encodeurs crantés, 21 curseurs linéaires, 31 petits boutons rétroéclairés et 24 touches larges rétroéclairées. On apprécie le soin dans les détails, par exemple la possibilité de régler l’intensité des LED selon leur mode marche/arrêt ou encore leur couleur par section, toujours dans les deux modes marche/arrêt.
Principes généraux
Ergonomie et écoute
![](https://img.audiofanzine.com/images/u/audio/500708.png)
- Juno-X_1audio 01 Hoover 3Filters00:30
- Juno-X_1audio 02 Power Flanger01:03
- Juno-X_1audio 03 Strings I II III00:34
- Juno-X_1audio 04 Dark Pad01:06
- Juno-X_1audio 05 Brass After Brass00:29
- Juno-X_1audio 06 Pad & Arp01:51
- Juno-X_1audio 07 Sarah-X00:57
- Juno-X_1audio 08 June GPT102:02
- Juno-X_1audio 09 June GPT201:25
- Juno-X_1audio 10 June GPT301:58
Modèles Juno
Au plan des réglages, on retrouve la bonne vingtaine de paramètres éditables des Juno-60/106, permettant d’aller droit au but. Le son est généré par un DCO modélisé accordable sur 16–8–4 pieds, accompagné d’un suboscillateur à onde carrée à l’octave inférieure et d’un générateur de bruit blanc. L’oscillateur peut générer simultanément une impulsion à largeur variable (marche/arrêt) et une dent de scie (marche/arrêt). Il n’y a donc pas d’interactions d’oscillateurs (vu qu’il n’y en a qu’un). Le pitch peut être modulé par le LFO, alors que la largeur de l’impulsion peut être réglée à la main, modulée par le LFO ou par l’enveloppe (Juno-60 uniquement). On peut doser le niveau du suboscillateur et du bruit. Le tout passe ensuite dans un filtre passe-haut statique (réglable sur 4 positions), suivi d’un filtre passe-bas résonnant 4 pôles. En position 0, le HPF amplifie bien les basses sur le modèle Juno-106, comme sur l’original (ce qui n’est pas le cas sur le Juno-60).
Le modèle Juno-X est le plus puissant des trois et le plus gourmand en polyphonie (16 notes). Il ajoute un certain nombre de paramètres aux modèles Juno-60/106 : formes d’ondes multiples dans le LFO, synchro du cycle au tempo, onde Supersaw dans l’oscillateur, déphasage et désaccordage du suboscillateur, séparation stéréo des ondes (gros son assuré !), réglages indépendants du niveau de chaque onde, suivi de clavier bipolaire, vélocité sur le filtre/le volume/le pitch, deuxième enveloppe de pitch, pression sur le filtre/le volume/le LFO. Plus complet, plus expressif, tout en conservant le caractère sonore des Juno, avec un recours au menu très mineur.
Modèle XV-5080
Un Tone XV-5080 est constitué de 4 couches sonores (partiels). Chaque partiel comprend une fenêtre de tessiture et de vélocité avec fondus hauts et bas, un oscillateur, un filtre, un ampli et un EQ. Les partiels sont arrangés en structures, au sein desquelles ils peuvent interagir deux par deux : synchro, modulation en anneau ou cross modulation (sorte d’AM complexe). Les oscillateurs utilisent soit un multiéchantillon mono ou stéréo, soit une onde analogique modélisée VA, soit une onde PCM-Sync, soit une onde Supersaw, soit un bruit blanc. Pour les PCM, on compte plus de deux mille multiéchantillons ; il n’y a pas de synthèse Super Natural. Les oscillateurs VA, dérivés du V-Synth, peuvent faire appel à 9 formes d’ondes élémentaires : dent de scie, carrée, triangle (x3), sinus (x2), rampe ou Juno (dent de scie modulée) ; on peut faire varier la largeur d’impulsion de chacune. Les ondes PCM-Sync utilisent 48 formes d’ondes que l’on peut détruire sauvagement. La Supersaw dispose d’un Detune, ce qui ravira les amateurs d’EDM.
Modèle RD-Piano
Le cinquième modèle est le RD-Piano. Il s’agit de multiéchantillons PCM et d’un effet de résonance sympathique simulant le comportement des pianos acoustiques. C’est donc différent du modèle V-Piano du Fantom, qui pour sa part fait appel à une modélisation note par note. On peut l’assigner à l’une des quatre parties instrumentales, mais l’effet de résonance sympathique n’est disponible que sur la première. Le modèle contient cinq Presets de base, semblant faire appel à trois pianos acoustiques stéréo distincts (ABC), chacun avec trois niveaux de vélocité (mp, mf, f).
Modèle Vocoder
Le vocodeur est le sixième et dernier modèle fourni avec le Juno-X. Il est doté de deux présélections, l’une claire, l’autre douce. La qualité est excellente, avec une très bonne intelligibilité et une détection impeccable des consonnes et transitoires. Le générateur de bruit intégré fait aussi très bien son job. Dommage qu’on ne puisse éditer aucun paramètre. Nous avions fait le vœu au moment du test du Jupiter-Xm de pouvoir changer le signal de synthèse, adapter les bandes de fréquence, décaler les formants… Mais rien n’a évolué dans ce domaine. Le vocodeur étant traité comme un modèle d’instrument, on peut l’envoyer vers les effets comme un programme classique. Bien vu !
Section effets
Au niveau global enfin, on trouve un EQ paramétrique 5 bandes et un compresseur multibande, permettant de masteriser le signal final selon le style souhaité ou la salle de concert, avec de nombreux paramètres. S’y ajoutent deux effets micro : un réducteur de bruit et un compresseur. On peut doser l’entrée micro vers le chorus, le délai et la réverbe. Voilà qui est tout à fait complet, avec un très bon niveau de qualité.
Arpégiateur intelligent
Le Juno-X est équipé d’un i-arpégiateur basé sur l’intelligence artificielle, à mi-chemin entre un arpégiateur et un arrangeur, un peu comme le Karma de Korg. Il permet de générer des arpèges simples ou multitimbraux sur les parties 1–2–3–4 et un rythme sur la partie R. En façade, on choisit le type d’arpège et de rythme, on ajuste le tempo et c’est parti ! L’arpégiateur fait alors varier les motifs en fonction des notes jouées (fonction Play Detector Key) et du timing de jeu live (fonction Play Detector Beat). Plus on complexifie notre jeu, plus l’arpégiateur enrichit les motifs. On peut aussi désactiver ces fonctions dites intelligentes pour jouer des arpèges classiques. Le résultat dépend de ce que l’on joue et surtout du bon vouloir de la machine. C’est parfois bluffant, parfois décevant, souvent imprévisible.
Il pourra aussi consacrer du temps à la programmation d’arpèges par pas. On actionne pour cela le bouton Step Edit lorsque le motif en cours de jeu nous satisfait ou au contraire partir de rien. L’écran affiche alors l’arpège sous forme de grille de 64 pas x 16 notes maximum. On les édite par pages successives de 16 pas en ligne et 4 notes en colonne. Pour chaque pas, on peut entrer des notes, leur vélocité (de 0 à 127 par saut de 10) ou encore insérer une liaison ou un silence. Le bouton Part permet d’alterner les cinq parties multitimbrales. La touche Play/Stop permet quant à elle d’écouter le résultat obtenu. Dès qu’on est satisfait du résultat, on peut le sauvegarder dans la Scène en cours ou l’exporter sur clé USB afin de l’utiliser dans une STAN. Chaque partie contenant des données est alors exportée dans un fichier au format SMF type 0 intégrant le canal Midi utilisé par la partie. On nomme le fichier et le Juno-X ajoute automatiquement le numéro de partie aux fichiers générés, sympa. Les notes arpégées sont transmises en Midi sur le canal d’émission réglé en mode Scène, parfait !
Conclusion