Un peu plus de dix ans après le KingKorg, Korg présente une version NEO compacte de son sympathique synthé à modélisation. De quoi grimper au rideau ?
Incontestablement, les constructeurs de synthés ciblent aujourd’hui un public de musiciens de plus en plus contraints par l’espace, que ce soit dans leur home studio ou sur scène. Les gammes sont déclinées en modèles compacts, voire très compacts. Chez Korg, on peut citer la série Wavestate / Opsix / Modwave, dotée de claviers à touches standard de 3 octaves pour quelques kilos, chacun orienté vers un domaine de synthèse spécifique – séquences d’ondes, algorithmes FM, tables d’ondes, passés dans différents modèles de filtres et d’effets. Présenté au NAMM 2013 et testé dans nos colonnes, le KingKorg était un grand synthé orienté modélisation analogique, ondes numériques et PCM, doté d’un filtre multimode, d’un vocodeur et d’effets, héritant du Radias de 2006, en version plus dépouillée et plus abordable. Cette année, Korg présente au NAMM une version compacte baptisée KingKorg NEO, nouveau membre de la série Wavestate / Opsix / Modwave. Voyons ce qu’embarque le petit roi.
Blanc bec
Contrôleurs et connectique
Le reste de la connectique est situé à l’arrière : prise pour bloc secteur externe bien cheap, interrupteur secteur poussoir, entrée/sortie Midi DIN, prise USB type B, entrée pour pédale assignable (continue ou interrupteur), entrée pour pédale de maintien et sorties audio gauche/droite (jack 6,35 TS). Exit donc la sortie CV/Gate du KingKorg, dommage. Les possibilités Midi sont complètes : échange de programmes, transmission/réception de CC, mise à jour du micrologiciel. Le KingKorg NEO transmet sur un seul canal mais peut recevoir sur deux canaux distincts, un pour chaque couche sonore A et B.
Caméléon sonore
En modifiant quelques paramètres depuis la façade, on peut se constituer une belle panoplie sonore, ensembles généreux, basses claquantes (merci au paramètre « Punch »), synchro métalliques (avec toutefois de l’aliasing dans les aigus), textures hybrides mystérieuses, chœurs synthétiques, arpèges agités, effets spéciaux. Les territoires sont vastes, des machines vintages analogiques/hybrides/numériques aux timbres plus « modernes ». Sans oublier les programmes de vocodeur de très bonne facture, que ce soit pour traiter une voix humaine ou tout autre type de signal externe. On déplore toutefois la nécessité de redéclencher les notes à chaque sélection d’une nouvelle onde d’oscillateur pour entendre le résultat (ce n’est pas le cas avec les autres paramètres) ; par ailleurs, l’édition des paramètres cachés dans les menus est pénible, car il faut les faire défiler un par un ou utiliser les touches de catégorie pour sauter de section. Enfin, il n’y a pas de fonction Compare, dommage…
![](https://img.audiofanzine.com/images/u/audio/504538.png)
- KingKorg NEO_1audio 01 Phatt Pad00:28
- KingKorg NEO_1audio 02 Toto Brass00:13
- KingKorg NEO_1audio 03 TD Arp01:11
- KingKorg NEO_1audio 04 Arp Ring01:09
- KingKorg NEO_1audio 05 Solo Synch00:15
- KingKorg NEO_1audio 06 Uni Sync00:24
- KingKorg NEO_1audio 07 MG Bass00:18
- KingKorg NEO_1audio 08 Boost Saw00:31
- KingKorg NEO_1audio 09 Acid Morph00:38
- KingKorg NEO_1audio 10 Sub Merged00:35
- KingKorg NEO_1audio 11 Ice Cavern00:22
- KingKorg NEO_1audio 12 Zoo Mallet00:34
- KingKorg NEO_1audio 13 Arp Atmos00:45
- KingKorg NEO_1audio 14 WS Mem00:43
- KingKorg NEO_1audio 15 Main Title00:19
- KingKorg NEO_1audio 16 Vocoder 100:19
- KingKorg NEO_1audio 17 Vocoder 200:20
- KingKorg NEO_1audio 18 Vocoder 300:15
Modélisations analogiques
Les ondes analogiques modélisées sont constituées de l’une des 4 ondes de base (dent de scie, impulsion variable, triangle et sinus), puis déclinées en différentes variantes : ondes simples, doubles, multiples à l’unisson (5 couches), intermodulées en interne sans consommer d’autre oscillateur (synchro, modulation en anneau, cross modulation, modulation de phase). Suivant l’onde, on peut moduler un ou deux paramètres internes : par exemple, la largeur d’impulsion, la structure harmonique, le désaccordage, le filtrage du bruit, le déclin du bruit, le pitch de l’onde virtuelle synchronisée, la quantité de modulation d’amplitude, la quantité de modulation de phase, le multiple harmonique… de quoi obtenir une vaste panoplie sonore avec des possibilités de modulation intéressantes.
Modélisations numériques
Le pitch peut suivre dix tempéraments, dont un programmable en mode Global. On peut aussi simuler l’inconstance des oscillateurs analogiques sur une échelle de 0 à 127, cela fonctionne plutôt bien. De même, on trouve un portamento programmable et un mode unisson (2, 3 ou 4 voix simultanées) avec désaccordage et largeur stéréo. En mode mono, on peut redéclencher ou non les enveloppes. Chacun des trois oscillateurs est ensuite mixé avec précision avant d’attaquer le filtre.
Filtre inchangés
Enfin, on trouve 5 modèles de filtres « vintage imaginaires » : passe-haut et passe-bande de Prophet-5, passe-haut et passe-bande de TB-303, passe-bande de MS20… Toujours bons à prendre, l’objectif étant d’appliquer le mode de réponse de la coupure et le comportement de la résonance. Une fois le type de filtre choisi, on peut en régler la fréquence, la résonance et les quantités de modulation (bipolaires) de l’enveloppe 1, du LFO1, du joystick assigné au LFO1 (sur l’axe-Y) et de la vélocité appliquée à la fréquence de coupure ; du très classique… vient ensuite l’ampli final avec réglage de volume, panoramique, suivi de clavier et « punch », permettant de booster le niveau du signal dans la phase transitoire et ainsi faire claquer le son.
Modulations inchangées
Mieux, le KingKorg NEO intègre une matrice de modulations à 6 cordons virtuels. Il y a 12 sources (2 enveloppes, 2 LFO, vélocité, suivi de clavier, pitchbend, joystick-Y, joystick +Y et 3 contrôleurs Midi globaux) et 41 destinations possibles (pitch global, pitch de chaque oscillateur, volume de chaque oscillateur, contrôle(s) de chaque oscillateur, coupure du filtre, résonance, suivi de clavier du filtre, segments des enveloppes, fréquence des LFO, volume, panoramique, quantités de modulation des 6 cordons de modulation et les 5 paramètres d’effets disponibles. Les quantités de modulations sont bipolaires, parfait.
Pour terminer, un petit mot sur l’arpégiateur intégré. Il n’y a qu’un motif par programme, commutable sur l’une ou les deux couches sonores. Il est synchronisable au tempo, dispose d’un mode Latch et transmet les notes jouées en Midi. Il possède 6 motifs : haut, bas, alterné, alterné avec répétition des notes extrêmes, aléatoire et déclenchement d’accords. On peut définir la division temporelle (1/1 à 1/32 avec valeurs ternaires), le temps de Gate (en %), le swing (+ ou –100 %) et la tessiture (1 à 4 octave). On peut également activer/désactiver chacun des 8 pas d’un arpège et définir le dernier pas. Dommage que Korg ne soit pas passé à un arpégiateur indépendant par couche sonore…
Effets toujours comptés
Les effets de modulation proposent une sélection de flanger, chorus, U-Vibe, trémolo, phaser (simulation de Small Stone EH) et haut-parleur tournant ; on peut en régler la profondeur et la vitesse de modulation ; sur le haut-parleur tournant, la vitesse peut être commutée avec le joystick sur l’axe +Y. Enfin, les effets d’ambiance sont constitués de trois réverbes (hall, plaque, pièce) et trois délais (écho à bande vintage, délai stéréo, délai BPM) ; les paramètres éditables sont la profondeur et la vitesse ; pour les deux derniers délais, les temps sont synchronisés au tempo. Côté qualitatif, c’est pas mal du tout, c’est la quantité de paramètres éditables qui pêche un peu. Au plan global, l’EQ est de type 2 bandes Shelf. On peut régler le gain et la fréquence de chaque bande, très utile pour s’adapter à une salle. En revanche, Korg n’a pas jugé bon de reconduire la lampe analogique stéréo, ça n’est finalement pas bien grave. Voici une section effets simple d’accès, qui sonne bien, mais qui n’a pas évolué et reste limitée en quantité.
Vocodeur réussi
Comme sur tout bon vocodeur, on peut régler un certain nombre de paramètres du signal modulateur, très important pour une bonne intelligibilité : niveau, Gate, seuil, extraction des hautes fréquences pour régler l’intensité et la durée des sifflantes (HPF + Gate). On peut même décaler les formants (en plus ou en moins), les bloquer (« Formant Freeze »), les moduler avec une source assignable et régler la résonance des filtres. En sortie, tous les niveaux sont réglables, tout comme l’élargissement stéréo des bandes. Une belle réussite qui vient enrichir à merveille les différentes synthèses disponibles.
Conclusion