Premier instrument de la jeune société Groove Synthesis, le 3rd Wave se veut la réincarnation modernisée des PPG Wave 2.2/2.3. Plus de boutons, de polyphonie, d’oscillateurs, voyons ce que ce synthé hybride nouvelle génération a dans les circuits...
Le PPG Wave 2.3 est l’aboutissement des travaux de Wolfgang Palm débutés dans les 70’s sur des systèmes modulaires analogiques, avant de passer au numérique, pour terminer par des synthés hybrides. Il offre 8 voix basées sur la lecture de tables d’ondes numériques cuisinées dans des filtres analogiques. Le Wave 2.3 est aussi capable de s’interfacer avec le Waveterm B, une énorme unité en rack 19 pouces à écran cathodique capable d’échantillonner des sons puis de les transférer au synthé pour les jouer au clavier. En 1987, la lignée s’éteint. L’ADN est ensuite en partie repris par la marque Waldorf, du Microwave de 1989 au plus récent M.
C’est au NAMM 2022 qu’un petit groupe de passionnés du son des PPG Wave 2.2/2.3 présente sa propre vision d’un successeur du grand synthé bleu et noir, le 3rd Wave, signifiant littéralement 3e vague, mais aussi 3e oscillateur à table d’ondes, le PPG étant limité à deux oscillateurs partageant la même table. Dans cette petite équipe, pas les premiers venus, mais des concepteurs expérimentés passés par Digidesign/Avid et Sequential. Les deux premières vagues de production ayant été réservées au marché US pour des raisons de certification CE, nous avons dû attendre la troisième vague et une distribution un peu plus étoffée en Europe pour attraper un exemplaire de 3rd Wave et installer le nouvel OS 1.5…
Commandes généreuses
Les PPG Wave 2, 2.2 ou 2.3 étaient de gros synthés pleins de vide, qui auraient très bien pu tenir dans un quart du volume. On apprécie d’autant plus la taille généreuse, mais pas aussi encombrante du 3rd Wave, soit 98 × 36 × 13 cm pour 12,3 kg. La construction est tout en métal, de couleur bleue métallisée et noir satin mat. La façade est entièrement dédiée aux commandes en temps réel, avec au centre un écran graphique OLED couleur parfaitement lisible sous tous les angles. On trouve 41 potentiomètres, 36 encodeurs à détente et 39 boutons-poussoirs rétroéclairés (dont la forme 3D rappelle celle des PPG Wave, sans la souplesse d’enfoncement) pour éditer les sons, un plaisir incomparable aux pages absconses des PPG (leurs fameuses abréviations à deux lettres et les codes numériques des paramètres impossibles à mémoriser), dès qu’on sort de la section de commandes analogiques.
Ici, les potentiomètres et encodeurs ne sont pas vissés à la façade, mais bien ancrés et agréables à manipuler. Les commandes sont bien espacées, largement dimensionnées et logiquement réparties en modules : oscillateurs, enveloppes de table d’ondes, LFO, filtres, enveloppes classiques, effets, séquenceur, arpégiateur… Certains modules partagent leurs commandes (enveloppes de table d’ondes, LFO, enveloppes 3–4), une contrainte finalement surmontable, permettant même l’édition simultanée. Bref, ce tableau de bord est une invitation à la programmation. En bas à gauche, on trouve deux molettes classiques, toutes deux assignables. Le clavier est un modèle Fatar TP/9 semi-lesté à 5 octaves, sensible à la vélocité et à la pression mono, d’excellente qualité. Tiens, à quand une version équipée du poly-AT ?
La connectique est aussi généreuse que le panneau de commandes. Comme souvent, tout se passe à l’arrière. On commence par une prise casque (jack 6,35 stéréo), puis quatre paires de sorties stéréo (jack 6,35 TS). On peut assigner n’importe quelle partie multitimbrale à n’importe quelle paire de sorties, même plusieurs à la fois, c’est très souple. On trouve ensuite une entrée audio (jack 6,35 mono) permettant d’envoyer un signal externe dans le VCF ou le convertir en table d’ondes. S’ensuivent trois prises pour pédales (maintien, volume, CV assignable). Viennent ensuite les interfaces Midi (trio DIN et USB B Class Compliant, pour le pilotage Midi y compris les CC/NRPN de tous les paramètres, la réception du MPE, l’échange de programmes/tables d’ondes et les mises à jour du micrologiciel) et la borne IEC pour câble secteur (alimentation interne à détection automatique de tension et de fréquence, oh que oui !).
Caméléon sonore
Le 3rd Wave démarre en 30 secondes, le temps de charger ses tables d’ondes. Il contient 5 banques de 100 programmes multitimbraux réinscriptibles, accessibles grâce à deux encodeurs dédiés (auxquels s’ajoutent les deux premiers encodeurs situés au-dessus de l’écran en mode programme). Toutes les mémoires sont déjà préchargés avec des sons d’usine, parfois agrémentés d’une séquence. On peut organiser ses programmes préférés en 10 listes de 50 favoris, très utile pour le live. Par contre, on ne peut pas les filtrer par catégorie ou trier par nom, ce que nous avons suggéré aux concepteurs d’ajouter dans une prochaine mise à jour.
Au préalable, la qualité audio est excellente, avec un bruit de fond négligeable, des niveaux de sortie très élevés et une réponse en fréquences impressionnante. Nous avons été impressionnés par les graves pesants et les aigus tranchants. Ici, pas de médium criard, mais plutôt une grosse puissance dans les extrêmes, sans pour autant manquer de médiums. Le punch est incontestablement au rendez-vous, les basses défoncent littéralement tout, vraiment, l’image stéréo est large, d’ailleurs on ne se privera pas de moduler les voix ou les couches sonores dans tous les sens avec le panoramique.
Les programmes d’usine sont d’excellente qualité. Ils démontrent le côté caméléon du 3rd Wave. Déjà, dans l’imitation des PPG Wave 2, avec des tables d’ondes spécifiques basse résolution qui coupent dans le mix et produisent les artefacts numériques caractéristiques de l’ancêtre (imaging dans les graves et aliasing dans les aigus). Ensuite, dans les textures FM ciselées, grâce aux capacités de FM linéaire entre les oscillateurs, ce qui permet de créer des algorithmes à 3 opérateurs (jusqu’à 12 si on empile les 4 canaux multitimbraux). On tombe aussi sur quelques ondes empruntées au Fairlight, dont la fameuse voix ARR1 « Sarrar ».
Les programmes démontrent également les excellentes prédispositions de machine à imiter bon nombre de synthés analogiques, même avec ses ondes numériques. Les synchros d’oscillateurs sont monstrueuses, le VCF fait merveille, avec un grain remarquable et une saturation bien crade. Le SVF numérique le complète parfaitement grâce à ses modes progressifs et sa pente plus douce. Les effets séparés ajoutent une couche de vernis très agréable à cet ensemble absolument exceptionnel. Là où on aimerait quelques améliorations, c’est dans l’ajout de nouvelles courbes de vélocité avec une réponse plus fine pour le jeu léger. De même, le compresseur intégré est parfois trop prononcé ; on peut certes le désactiver, mais on aimerait un dosage de ratio et/ou gain.
- 3rd Wave_1audio 01 PPG 1900:30
- 3rd Wave_1audio 02 PPG 3100:53
- 3rd Wave_1audio 03 Digi Bass 100:23
- 3rd Wave_1audio 04 Analog Classic00:30
- 3rd Wave_1audio 05 OB-Y00:08
- 3rd Wave_1audio 06 Wave Perc01:16
- 3rd Wave_1audio 07 Sarrar00:36
- 3rd Wave_1audio 08 Tokyo Ga00:50
- 3rd Wave_1audio 09 Sync Wave01:08
- 3rd Wave_1audio 10 Digi Bass 200:21
- 3rd Wave_1audio 11 Propaganda Split00:20
- 3rd Wave_1audio 12 Hammer George00:18
- 3rd Wave_1audio 13 FM Bass00:34
- 3rd Wave_1audio 14 Spectral Speech01:06
- 3rd Wave_1audio 15 Bye Bye00:57
Programmes multitimbraux
Les programmes du 3rd Wave sont multitimbraux sur quatre parties. Selon les parties activées, on a 1×24 ou 2×12 ou 3×8 ou 4×6 voix, ce qui est très confortable et assez rare sur un synthé hybride. Si on n’utilise que des fonctions Splits ou des séquences (cf. plus tard), l’allocation des voix est entièrement dynamique, super ! Pour chaque partie, on peut régler l’accordage, le volume, le panoramique et l’assignation à différentes zones clavier. On peut ainsi définir jusqu’à quatre zones clavier et y assigner les parties de son choix, empiler plusieurs parties sur une même zone clavier ou combiner les deux : par exemple, parties 1–2–4 sur la zone 1, partie 2–3 sur la zone 2, partie 4 sur la zone 3 et parties 1–3 sur la zone 4, ce qui est déconcertant. En activant le mode Midi Multitimbral, on peut assigner des canaux Midi à chacune des quatre parties pour les piloter en réception. En émission, chaque zone clavier transmet sur le(s) canal (aux) Midi des parties activées, là c’est encore plus déconcertant ! Personnellement, nous aurions préféré des réglages classiques de tessiture, fondu et vélocité par partie, nous avons suggéré cette alternative aux concepteurs, mais modifier cela remettrait en cause la structure globale de l’instrument, y compris l’arpégiateur et le séquenceur.
L’édition est on ne peut plus simple : on active les parties à jouer et/ou à éditer avec les 4 touches de la zone Multi-Part et la touche Mode. On peut ainsi éditer une ou plusieurs parties en même temps avec les commandes directes en façade. Le réglage des valeurs des parties multitimbrales se fait via le menu, de manière très simple : sélection du paramètre avec les 4 touches contextuelles situées sous l’écran (accordage, volume, panoramique, zone), puis édition directe pour les 4 parties avec les 4 encodeurs au-dessus de l’écran. Quand on bouge une commande en façade, les pages de paramètres relatives au module sélectionné sont affichées, leur choix s’opère avec les 4 touches sous l’écran (onglets) et l’édition avec les 4 encodeurs situés au-dessus. Les graphismes sont assez austères, limités aux tables d’ondes et aux enveloppes. Si les fonctions Compare et Init sont bien présentes, il manque en revanche la fonction Panel.
Tables ou VA
Chacune des 24 voix est composée de trois oscillateurs, un filtre numérique, un filtre analogique et un ampli numérique. On a également 3 enveloppes de table d’ondes, 4 enveloppes classiques, 4 LFO et une matrice de modulation complète. Commençons par les oscillateurs. Chacun peut faire appel soit à une table d’ondes basse résolution (34 tables 8 bits dont les 31 originales du PPG Wave 2.3), soit à une table d’ondes haute résolution (64 tables programmables à 96 kHz dont 48 tables préchargées d’usine), soit à une onde à modélisation analogique haute résolution (7 types modulables). Cela représente trois moteurs sonores de résolutions différentes qui peuvent tourner en même temps. Les tables d’ondes offrent 64 ondes à cycle court dont on peut moduler la position de lecture par une enveloppe dédiée, un potentiomètre en façade (Wave Surfer), le suivi de clavier ou n’importe quelle source à choisir dans la matrice de modulation. La touche Wave Flow permet d’alterner transition abrupte/transition douce entre les ondes d’une table. On peut créer ses propres tables à partir d’un échantillon ou de l’entrée audio, le 3rd Wave se chargeant de fabriquer la table d’ondes automatiquement (voir encadré ci-après).
Pour émuler un synthé analogique, rien de tel qu’utiliser l’une des 7 ondes VA proposées : dent de scie, impulsion variable, triangle, sinus, Supersaw désaccordable, bruit rouge-blanc variable, bruit blanc-bleu variable. Leur cycle peut être redéclenché ou libre, ce qui améliore la modélisation des synthés analogiques dans lesquels le cycle des VCO est libre. Ensuite, pour chaque oscillateur, on peut définir le pitch (C0-C8), l’accordage fin, l’onde initiale de lecture dans la table (ou la modulation continue de l’onde VA) et le niveau. Régler le total des niveaux des trois oscillateurs au-dessus de 100 crée de la saturation avant filtrage, ce qui peut être intéressant dans certains cas. Par rapport aux PPG Wave, non seulement on passe à trois oscillateurs, mais les tables d’ondes sont totalement indépendantes. Mieux, on peut les faire interagir : synchro de 1->3, 3->2, 2->1 et FM linéaire dosable de 1->3, 3->2, 2->1. De quoi enrichir considérablement le contenu harmonique, donc la palette sonore du synthé. Limite liée au processeur, la synchro des oscillateurs n’est pas possible entre tables d’ondes haute résolution, sans doute une question de capacité de calcul à 96 kHz pour les 72 oscillateurs simultanés.
Deux filtres en série
Le mélange des 3 oscillateurs attaque ensuite 2 filtres placés en série : un filtre numérique multimode 2 pôles à variables d’état (SVF) et un filtre analogique passe-bas 4 pôles (LPF). L’ordre de ces filtres n’est pas commutable, c’est lié à leur nature. Les filtres peuvent en plus recevoir le signal de l’entrée audio, avec niveau programmable. Commençons par le SVF, qui ressemble à s’y tromper à une émulation du filtre 2 pôles SEM : on peut passer progressivement entre les modes passe-bas/réjection/passe-haut via un potentiomètre, ou passer en mode passe-bande en pressant la touche idoine. La fréquence de coupure est réglable sur 256 pas, ce qui lui donne une réponse assez lisse et précise. La résonance ne va pas jusqu’à l’auto-oscillation ; de même elle n’écrase pas les basses quand on la pousse. La quantité de modulation par l’enveloppe de filtre est bipolaire et on peut la piloter par la vélocité depuis la façade. On peut aussi régler l’action du suivi de clavier sur la fréquence de coupure via le menu.
Le LPF est généré par un circuit analogique SSI2140 (inspiré du SSM2040), le même qui équipe le Take 5 et les Prophet-5/10 Rev4 de Sequential. Il dispose d’un réglage de saturation en sortie. La fréquence de coupure se règle toujours sur 256 pas et la résonance pousse cette fois le filtre en auto-oscillation. Si on le souhaite, la résonance peut être compensée, une excellente nouvelle, le meilleur des deux mondes en somme, très rare sur un VCF, bravo ! Ici aussi, la quantité de modulation par l’enveloppe de filtre est bipolaire et on peut la piloter par la vélocité directement depuis la façade. Là aussi, on peut régler l’action du suivi de clavier sur la fréquence de coupure via le menu. En sortie de VCF, les voix sont modulées par une enveloppe d’amplitude (on peut aussi directement lui router l’entrée audio). Elles peuvent ensuite être placées dans l’espace stéréo, via le réglage de panoramique de partie ou alternées en stéréo suivant une largeur dosable, comme sur les vénérables PPG Wave 2.
Les voix peuvent être jouées en polyphonie ou à l’unisson (mono ou polyphonique, avec choix du nombre de voix et désaccordage). Ce réglage est mémorisé dans chaque programme, tout comme le facteur de fluctuation (Drift) qui agit sur l’accordage des oscillateurs, les fréquences des filtres et les temps des enveloppes, afin de simuler le comportement des synthés vintage. Le résultat est tout à fait crédible sans pousser dans la caricature. Toujours au niveau du programme, on trouve les réglages de Glide (temps et type : pente ou vitesse constante), l’assignation de la molette de pitch, les courbes de réponse du clavier (vélocité et pression), la compression du signal avant effets (pour éviter la saturation) et le niveau de l’entrée audio (routée vers le LPF).
Modulations musclées
On passe maintenant au chapitre modulations, très fourni. À commencer par 4 LFO identiques, dont on peut régler la vitesse, la quantité de modulation bipolaire, la forme d’onde (triangle, dent de scie, rampe, carré, trois types d’impulsion, sinus ou aléatoire), la destination et le délai, directement en façade. Via le menu, on peut activer la synchro au tempo et le mode de redéclenchement du cycle (libre ou à chaque note). Les LFO peuvent osciller jusque dans l’audio, un bon point. On continue par les enveloppes de table d’ondes, à raison d’une par table (donc trois par voix). Elles sont de type 6 temps/6 positions. Le réglage de position définit à quel numéro d’onde se trouve l’enveloppe dans la table d’ondes à une étape donnée, avant de passer à l’étape suivante, dans le laps de temps programmé pour ce passage. Le panneau avant permet d’éditer rapidement plusieurs enveloppes séparées ou simultanées, puis de les activer toutes. On peut par ailleurs définir le point de bouclage et le point de relâchement via le menu, avec visualisation de la courbe d’enveloppe et sélection rapide du point de position à éditer. Ces enveloppes sont des modulations essentielles du 3rd Wave, permettant ces sons évolutifs typiques.
On trouve également 4 enveloppes DADSR, la première routée vers les filtres, la deuxième vers l’ampli final et les deux dernières (3–4) vers un paramètre au choix. Toutes sont réassignables via la matrice de modulation. Rappelons que les enveloppes de filtre et d’ampli possèdent deux courbes de réponse, exponentielle (par défaut) ou PPG (exponentielle plus progressive). Les enveloppes 3–4 peuvent quant à elle être modulées par la vélocité et bouclées via le menu. Ces enveloppes savent être extrêmement claquantes. Dernier point crucial pour rendre le son évolutif : la matrice de modulation. Le 3rd Wave offre une matrice à 16 cordons, afin de relier 26 sources à 117 destinations, avec quantités de modulation bipolaires. L’assignation se fait avec 2 touches et 2 potentiomètres en façade. On peut assigner directement les commandes en façade (en maintenant les touches sources/destination) ou passer par le menu déroulant, parfait. Parmi les sources disponibles : les 3 oscillateurs, les 4 LFO, les 4 enveloppes ADSR, les 3 enveloppes d’ondes, les 2 molettes, la vélocité, la pression, la pédale, le numéro de note, une fonction aléatoire, une valeur fixe, le bruit, l’entrée audio et la sortie audio. Il y a donc différentes sources à niveau audio internes et externes intégrées à la matrice, on sent bien là l’empreinte Sequential, bravo ! Parmi les destinations : les fréquences/niveaux/positions d’ondes/quantités de FM/dérives d’accordage/largeurs d’impulsion de chaque oscillateur, les fréquences de coupure/résonances/position ou saturation de chaque filtre, les fréquences/quantités de chaque LFO, les quantités/temps/niveaux de chaque enveloppe, la largeur stéréo et les paramètres d’effets. C’est vraiment très complet, signe des grands synthés.
Effets par paire
Le 3rd Wave offre deux effets par couche sonore, avec quelques arbitrages suivant le choix des effets. Les effets basés sur des temps peuvent être synchronisés à l’horloge. La plupart des paramètres est accessible en façade (activation, synchro, type, mixage, deux paramètres liés au type d’effet), le troisième paramètre étant accessible via le menu. Le premier effet peut produire différents délais (BBD, stéréo, à concurrence d’une seconde), différents ensembles (chorus, phaser, flanger, Leslie), une modulation en anneau et une distorsion. Le second dispose en plus d’une simulation d’écho à bande (modélisation d’un Echoplex) et d’une réverbe (pièce, hall, plaque, modélisées sur une Lexicon 480 L). La qualité est vraiment très bonne et les algorithmes bien choisis, on sent la patte de développeurs expérimentés dans le traitement du signal.
Les arbitrages concernent l’utilisation d’effets gourmands (écho à bande et réverbes) sur les parties 3 et 4. Cela limite l’utilisation d’un second effet sur ces parties. Il faut donc faire preuve de discernement. Bonne nouvelle, les développeurs nous ont confié plancher sur des simulations de réverbes Lexicon 224XL moins gourmandes, donc disponibles pour toutes les parties. On attend cela de pied ferme ! En attendant, nous leur avons suggéré de permettre de router les parties 3 et 4 privées de ces gros effets vers ceux des parties 1 et 2. On n’oublie toutefois pas que chaque partie peut avoir une sortie stéréo indépendante, ce qui lui permet d’être traitée avec des effets externes. Comme déjà signalé, les paramètres d’effets sont modulables via la matrice, une bonne manière d’intégrer des effets dynamiques aux programmes.
Arpégiateur et séquenceur
Le 3rd Wave possède un petit arpégiateur mémorisé par programme. Chaque couche peut avoir ses réglages, ce qui est parfait en superposition. Par contre, le scan des notes se fait globalement pour toutes les zones clavier en même temps, ce qui donne des résultats parfois étranges, comme l’enchainement d’arpèges différents quand on balaye plusieurs zones séparées. Il offre 5 modes classiques (haut, bas, alterné, comme joué et aléatoire), avec transposition sur 1–2–3 octaves et différentes durées de note (ronde à triple croche, en passant par les triolets et valeurs pointées). La fonction Hold permet de maintenir l’arpège en cours tout en ajoutant des notes. Les notes arpégées peuvent être transmises en Midi. Ce n’est pas l’arpégiateur le plus puissant de la planète synthés, mais c’est toujours appréciable d’en avoir un.
Passons au séquenceur. Dans chaque programme, on peut enregistrer 24 motifs de 32 mesures et les enchainer au sein d’une Song de 24 sections, avec 64 répétitions de motifs par section, sympa. La Song peut être jouée en coup unique ou bouclée. L’enregistrement des motifs se fait uniquement en temps réel et en superposition, avec quantification débrayable et modifiable après coup (ronde à triple croche ou désactivée). De même, on peut enregistrer le mouvement des commandes en temps réel. Les notes et mouvements sont enregistrés tels que joués et affectent directement les zones de split/couches programmées (ce n’est pas un séquenceur multipiste). Gros hic, on ne peut pas éditer quoi que ce soit (notes ou mouvements), donc si on se trompe, il faut effacer ce qu’on vient de jouer (notes ou mouvements) et recommencer. Bref, tout cela mériterait une bonne mise à jour, au plan des réglages et de l’édition ! Les notes séquencées sont transmises en Midi sur le ou les canaux Midi en fonction des assignations des parties aux différentes zones de split.
Waving goodbye
Le haut de gamme des synthés continue à s’étoffer et on trouve aujourd’hui une offre complète à plus de 2.500 € et même plusieurs modèles au-delà des 5.000 €. Le 3rd Wave se place dans cette catégorie où l’excellence règne à tous les plans : caractère sonore, expérience utilisateur, qualité de construction et puissance de synthèse. Voilà incontestablement l’œuvre d’une petite équipe de passionnés expérimentés, appuyée par de solides ressources capables d’industrialiser une machine aussi complexe. Il en ressort un synthé exceptionnel, héritage d’un passé où les tables d’ondes numériques côtoient les filtres analogiques, remis au goût du jour avec les capacités de calcul actuelles.
Là où le 3rd Wave prend à notre sens le dessus sur les PPG Wave 2 de manière spectaculaire, c’est au plan ergonomique : enfin des commandes complètes, enfin un écran qui affiche des paramètres compréhensibles avec des valeurs concrètes, enfin la possibilité de créer ses tables d’ondes en une prise, enfin un séquenceur qui ne plante pas le système. Sans oublier la possibilité d’intermoduler les tables d’ondes et l’ajout d’une sympathique section effets. Là où la machine doit encore progresser, c’est dans l’assignation des effets gourmands, les réglages de l’arpégiateur et, surtout, l’édition du séquenceur. L’équipe de Groove Synthesis a déjà démontré son écoute des utilisateurs et sa capacité à améliorer son produit, nous lui faisons donc confiance sur ces points. Le 3rd Wave est un instrument élitiste pour les amateurs de beaux sons évolutifs avec tout ce qu’il faut pour les créer, les manipuler et les jouer. Nous lui décernons un Award Valeur Sûre.