Succédant au SH-01 « GAIA », le GAIA 2 est un synthé à synthèse VA et tables d’ondes qui se veut abordable, compact, intuitif, polyvalent et extensible, pour la programmation rapide de sons variés et séquences évolutives. Va-t-il renouveler le genre ?

Devant la qualité et la puissance atteintes par les synthés logiciels, les constructeurs de matériel se sont rendus à l’évidence qu’un VST dans une boite avec des boutons et des touches n’est plus une réponse suffisante à la demande des musiciens. Par ailleurs, le segment du synthé d’entrée/moyen de gamme est aujourd’hui bien achalandé, avec une offre variée d’instruments numériques, hybrides, voire tout analogiques. Pas facile de se différencier dans cette complexité, qui plus est dans un contexte économique d’inflation, donc de gestion de priorités. Les moyens s’amenuisent, les surfaces disponibles aussi. On voit donc poindre une nouvelle génération de synthés compacts, voire très compacts, chez la plupart des constructeurs, au point que le synthé à clavier 3 octaves est en passe de devenir un standard, que ce soit avec des touches mini ou normales. Le GAIA 2 est arrivé dans ce contexte incertain et disputé il y a quelques mois. Avec un prix vite revu à la baisse, un look fort sympathique, des dimensions compactes, de nombreuses commandes directes et une émancipation assumée par rapport à son prédécesseur SH-01, voyons en quoi il peut sortir du lot.
Ergonomie réussie
USB toujours à l’honneur
Sonorités variées

- GAIA 2_1audio 01 Mod Pad01:16
- GAIA 2_1audio 02 WT Bass00:28
- GAIA 2_1audio 03 Wave Tines01:01
- GAIA 2_1audio 04 GAIA-30301:04
- GAIA 2_1audio 05 Motion Chord00:39
- GAIA 2_1audio 06 Simple Solo00:26
- GAIA 2_1audio 07 Pluckimba01:18
- GAIA 2_1audio 08 SH SawSub00:27
- GAIA 2_1audio 09 SH FastEnv00:38
- GAIA 2_1audio 10 SH Poly00:41
Tables d’ondes et VA
L’oscillateur 1 est basé sur les tables d’ondes, dont le point de lecture (128 indexes) est modulable en temps réel par une enveloppe, deux LFO ou des contrôleurs physiques. On trouve 63 tables d’ondes en mémoire interne : résonances, dents de scie tordues, impulsions variables, textures métalliques, percussions, bruits, voyelles, spectres, rythmes, accords, feedback, FM, basses, voix synthétiques. On ne peut hélas pas importer ses propres tables, contrairement à certaines machines concurrentes. On peut régler l’octave sur 6 octaves et ajuster finement la hauteur. Mieux, on peut moduler la phase ou déformer les ondes en audio (15 Wave Shapers intégrés) avec le pad à deux axes (déformation + saturation pour les Wave Shapers). Cela crée des contenus harmoniques variés et évolutifs, parfois chaotiques, parfois métalliques, parfois distordus. C’est surtout sur ce point que le GAIA 2 se distingue des autres synthés purement VA.
Filtre multi-mode résonant
La fréquence de coupure est directement modulable par le suivi de clavier (-200/+200 %), la vélocité et une enveloppe ADSR dédiée. La résonance est directement modulable par la vélocité, toujours sympa à prendre. En bout de course, on peut encore ajuster le volume du programme, l’action bipolaire de la vélocité au volume, la brillance, le panoramique, le tempo, le portamento, les différents modes de voix et la catégorie sonore. Cela se fait dans différentes pages menu, Roland aurait pu simplifier un peu en regroupant certains paramètres (notamment les niveaux), vu que le synthé est monotimbral.
Modulations limitées
Effets musclées
Le chorus combine différents modèles vintage et récents de la marque, parfois cumulables. Il y a peu de réglages en dehors du type de chorus : niveau de bruit, dosage des sons traité/direct et niveaux d’entrée/sortie. Enfin, la réverbe/délai propose les 7 algorithmes auxquels Roland nous a habitués sur ses derniers synthés : Shimmer, modulation, Integra-7, SRV-2000, délai stéréo, délai double et écho à bande. Là encore, de nombreux paramètres sont à disposition ainsi que des possibilités de modulation par le LFO et des dosages des signaux traité/direct. Enfin, au plan global du synthé, on trouve un compresseur multibandes suivi d’un EQ paramétrique 5 bandes, avec différents gabarits pour ceux qui ne veulent pas éditer les très généreuses trentaines de paramètres disponibles. Une très belle section effets alliant qualité, diversité, souplesse et quantité !
Arpèges et séquences à mouvements
On peut enregistrer en temps réel (avec métronome, en doublage) ou en pas à pas, avec édition après coup. Le séquenceur enregistre les notes, la vélocité et le mouvement de 4 lignes de paramètres (potentiomètres en façade). Ces mouvements peuvent être lissés en lecture. Par pas, on peut aussi définir une durée de note, une probabilité, des roulements (fla, ratchets x3, ratchets x4, une note sur 2). Des fonctions utilitaires sont prévues : duplication, copie/collage, décalage de note/de pas, effacement des notes, effacement des mouvements, initialisation du motif. Tout cela se fait sous la forme de listes déroulantes très claires. En cas de panne d’inspiration, une fonction de création aléatoire de motifs est prévue, sympa. Les notes arpégées et séquencées sont transmises en Midi.
Bonne impression
L’utilisation devient moins évidente lorsqu’on utilise un moteur additionnel ne correspondant pas vraiment aux commandes physiques. Il faut trouver ses repères (notamment via le menu). On regrette aussi que le synthé ne soit que monotimbral, notamment pour les empilages sonores, mais les trois oscillateurs par voix permettent des sons déjà épais. Les synthétistes les plus chevronnés pourront reprocher l’unique enveloppe sur les oscillateurs ou le manque de matrice de modulation, mais l’interface offre de bons contrôleurs en temps réels, en particulier le pad à mouvements fort sympathique. Finalement, une bonne surprise à tarif abordable, sérieusement construite, qui saura se montrer utile dans bien des situations où l’espace est devenu trop exigu.