Rassembler différentes formes de synthèse dans un petit module autonome doté d’un séquenceur et couvert de commandes directes à un tarif abordable, tel est le propos du SH-4d. Voyons ce qu’il en est de cette proposition tout à fait alléchante…

Depuis plusieurs années maintenant, Roland décline sa plateforme Zen-Core dans de nombreuses variantes d’instruments électroniques : stations de travail, synthés, modules, BAR. En parallèle, la liste des synthés modélisés s’est agrandie, allant des vénérables analogiques aux best-sellers numériques de la marque. À tel point qu’on commençait à se demander ce que le constructeur nippon allait bien pouvoir nous mettre sous les doigts la prochaine fois : nouveau modèle, nouveau format ou carrément nouvel instrument ?
Il manquait à la collection un module multitimbral autonome piloté par un séquenceur à pas. C’est désormais chose faite avec le SH-4d. Mais plutôt que modéliser les synthés stars de la marque de A à Z, Roland a choisi de se concentrer sur différents modèles d’oscillateurs — certains inédits — traités ensuite par une base commune de filtres et de modulations. Avec sa façade généreuse orientée programmation directe et performance en temps réel, son prix serré n’a laissé personne indifférent. Après des efforts répétés, nous avons enfin réussi à en attraper un (en OS 1.02) pour faire toute la lumière…
Commandes et compacité
En plus de la qualité de construction tout à fait correcte, on salue cette surface de contrôle vraiment bien pensée, qui limite considérablement la nécessité de naviguer dans les menus. L’ergonomie du SH-4d est globalement réussie, compte tenu des possibilités de synthèse et de séquençage offertes par la machine. On apprécie les possibilités d’initialiser un son, d’annuler une opération, d’accélérer le mouvement des encodeurs (Shift), d’assigner facilement une destination à une source de modulation, de copier/coller des paramètres. Le recours à la fonction Shift est fréquent, mais pas déstabilisant. L’écran LED monochrome 128 × 64 points joue bien son rôle, affichant les programmes, les paramètres et les valeurs, bien souvent sous forme graphique, notamment pour les oscillateurs. Le module est livré avec un câble USB-A vers USB-C et 4 piles alcalines AA promettant 4 heures d’autonomie, mais sans bloc externe d’alimentation (5V/500 mA requis).
Hiérarchie et sonorités

- SH-4d_1audio 1 Lofi Beat02:15
- SH-4d_1audio 2 SH Dream02:20
- SH-4d_1audio 3 FM Things02:12
- SH-4d_1audio 4 Night Drop02:03
- SH-4d_1audio 5 Sync Game01:44

- EC Multi 100:43
- EC Multi 200:48
- EC OCS FM Bass Filter00:18
- EC OCS FM Dripper EP00:19
- EC OCS FM Marimba Phone00:23
- EC OCS Juno 106 Brilllant00:18
- EC OCS Juno 106 Funk Bass00:12
- EC OCS Juno 106 Sub Space00:24
- EC OCS Juno 106 Super Moon00:23
- EC OCS Juno 106 Viola00:26
- EC OCS Ring Modulate00:44
- EC OCS SH 4d Bass00:21
- EC OCS SH 4d Cinematic00:32
- EC OCS SH 4d Minor Riser00:31
- EC OCS SH 4d String00:21
- EC OCS SH 101 Bass Attack00:35
- EC OCS Sync Polymisterio00:19
- EC OCS Sync Punch00:15
- EC OCS Sync00:21
Oscillateurs modélisés
FM simule un algorithme élémentaire à 2 opérateurs FM (un porteur, un modulateur) et une enveloppe de modulation ADS®. Chaque opérateur peut utiliser une onde sinus, triangle, carrée ou dent de scie. On peut régler le ratio entre les opérateurs, la largeur d’impulsion et la grosseur de chacun, ce qui est aussi inhabituel qu’intéressant. Ring est un modulateur en anneau de deux oscillateurs FXM (modulation de fréquence interne), créant des sons métalliques plus ou moins agressifs ; différents réglages permettent d’altérer le spectre audio, notamment renforcer les basses. Wavetable offre 31 tables variées constituées de 128 indexes (ondes) dont la position de lecture est modulable avec le LFO et une enveloppe AD. Chord est un modèle capable de générer une vingtaine d’accords automatiques, avec différentes formes d’onde (sinus, triangle, carré, dent de scie) et impulsion variable. Drawing permet de dessiner une forme d’onde sur 32 pas à partir des 4 curseurs en façade, avec transition plus ou moins abrupte entre les pas, sympa à essayer. PCM enfin permet d’empiler 4 sons PCM à partir de 53 multiéchantillons accordables et dosables : ondes analogiques, ondes numériques, orgues, cloches, percussions, piano acoustique JD, Wurly et bruits. Pas de quoi remplacer une workstation, bien évidemment, mais toujours utile pour compléter la panoplie sonore.
Tronc commun
Kits éditables
Le résultat passe ensuite dans un filtre multimode, du même type qu’une partie synthé, avec enveloppe ADSR (mais sans Drive, dommage). Puis le son passe par un ampli avec enveloppe ADSR, niveau et panoramique. Tout se termine dans un EQ 3 bandes semi-paramétrique, toujours par note. On peut ensuite définir comment chaque note est jouée/dosée/routée : déclenchement multiple ou auto-coupure, coupures exclusives (ex : hi-hat ouvert/fermé, snare/rimshot), comportement d’enveloppe (ADR ou ADSR), gain de chaque forme d’onde, routage vers l’effet MFX de la partie rythmique ou direct, dosage vers les effets de motif (délai, chorus, réverbe). Tout cela se règle très facilement pour chaque instrument du kit en appuyant sur les 26 touches de percussions, puis en utilisant les commandes directes pertinentes ou le menu, pour le coup très facile à comprendre et sans navigation. Vraiment bien pensé tout ça !
Effets complets
La section effets du SH-4d hérite du savoir-faire développé pour ses prédécesseurs récents, Jupiter, Juno et Fantom. En dehors des EQ par partie synthé et par note dans les kits de percussions, on trouve un multieffets par partie (donc 5 MFX) et 4 effets communs par motif : chorus, délai, réverbe et MFX. Pour chaque partie, on peut activer le MFX respectif, puis régler les niveaux d’envoi vers le chorus, le délai et la réverbe dans la page Mixer. Au niveau motif, on peut doser les niveaux d’envoi du délai et du chorus vers la réverbe ainsi que les niveaux d’envoi du chorus et de la réverbe vers le MFX. Vraiment très souple !
Le chorus de motif compte 10 algorithmes : chorus stéréo, CE-1, SDD-320, Juno-106, JV, délai stéréo, délai synchro, délai -> trémolo, double écho stéréo, triple écho stéréo. On peut définir le niveau et la quantité d’envoi vers la réverbe. Les autres paramètres (entre 1 et 12) dépendent de l’algorithme. On passe ensuite au délai de motif, décliné en 5 types stéréo, proches des délais déjà présents dans les effets chorus, avec possibilité de synchronisation des temps. Ici aussi, on peut définir le niveau et la quantité d’envoi vers la réverbe. Les paramètres (entre 5 et 12) dépendent de l’algorithme choisi. Enfin la réverbe de motif est dotée de 9 algorithmes principaux : Integra-7 (5 types), Warm Hall, Hall, GS (8 types), SRV-2000 (15 types), SRV non linéaire, GM2 (6 types), Gate et Shimmer. On trouve 2 à 13 paramètres suivant le type de réverbe.
Au niveau global de la machine, on trouve encore deux effets système type mastering : EQ semi-paramétrique 5 bandes (3 médiums paramétriques) et compresseur 3 bandes largement paramétrable (attaques, relâchement, seuils, ratios, gains, « genoux »), ce qui permet au synthé de s’adapter à des conditions de jeu très variées. Bien vu ! Cette section effets est aussi quantitative que qualitative, on sent que Roland maitrise parfaitement ses effets, y compris les réverbes, et on apprécie de retrouver tout ce qui est présent dans les gros synthés de la marque (mises à part les modulations dynamiques des MFX).
Arpèges et séquences
Le SH-4d est doté d’un petit arpégiateur à 5 motifs : haut, bas, alterné, aléatoire, ordre joué. On peut définir la division temporelle, la transposition de motif (+/— 3 octaves), le décalage de note (+/— 36 demi-tons), le % de Gate, le Shuffle (négatif/positif) et la vélocité (réelle ou fixe). Chacune des 5 parties peut avoir des réglages d’arpèges différents, mais seule la partie active peut faire tourner un arpège (l’arpège en cours est coupé quand on change de partie, même avec le mode Hold activé).
L’enregistrement se fait en pas à pas (sélectionné ou auto-incrémenté) ou en temps réel (mais sans métronome ni décompte !), avec calage sur le pas le plus proche. On ne peut pas descendre sous cette grille, il ne s’agit pas d’un séquenceur Midi comme on trouve sur une workstation ou une Elektron. Chaque pas renferme un certain nombre de données individuelles : note(s), vélocité(s), Gate(s) ou liaison au pas suivant, probabilité et subdivision. Cette dernière, très intéressante, permet de créer des fla ou des ratchets (2–3–4). On peut aussi enregistrer le mouvement des commandes en façade ou de CC Midi externes (jusque 4 par pas, en temps réel ou pas à pas) et les rejouer avec ou sans lissage.
L’édition se fait par pas et par note de manière très simple, grâce à la rangée de 16 boutons et au mini-clavier qui permet tout de suite de se repérer. Une fois la note sélectionnée, on en édite les paramètres à l’écran, très rapidement, sur deux pages max. Il existe quelques fonctions bien utiles pour gagner du temps : duplication de pas (par partie ou motif), randomisation de pas, effacement de motif, copie (pas unique, pas multiples, partie, motif). Voilà un séquenceur à pas très complet qui fait parfaitement ce pour quoi il a été conçu, avec une ergonomie là encore très bien pensée. Bien sûr, nous l’avons dit, il n’égale pas un séquenceur Elektron, avec son microtiming et ses Program Locks. Mais il est beaucoup plus simple à utiliser !
Conclusion