Rassembler différentes formes de synthèse dans un petit module autonome doté d’un séquenceur et couvert de commandes directes à un tarif abordable, tel est le propos du SH-4d. Voyons ce qu’il en est de cette proposition tout à fait alléchante…
Depuis plusieurs années maintenant, Roland décline sa plateforme Zen-Core dans de nombreuses variantes d’instruments électroniques : stations de travail, synthés, modules, BAR. En parallèle, la liste des synthés modélisés s’est agrandie, allant des vénérables analogiques aux best-sellers numériques de la marque. À tel point qu’on commençait à se demander ce que le constructeur nippon allait bien pouvoir nous mettre sous les doigts la prochaine fois : nouveau modèle, nouveau format ou carrément nouvel instrument ?
Il manquait à la collection un module multitimbral autonome piloté par un séquenceur à pas. C’est désormais chose faite avec le SH-4d. Mais plutôt que modéliser les synthés stars de la marque de A à Z, Roland a choisi de se concentrer sur différents modèles d’oscillateurs — certains inédits — traités ensuite par une base commune de filtres et de modulations. Avec sa façade généreuse orientée programmation directe et performance en temps réel, son prix serré n’a laissé personne indifférent. Après des efforts répétés, nous avons enfin réussi à en attraper un (en OS 1.02) pour faire toute la lumière…
Commandes et compacité
Le SH-4d est un module à plat contenu dans une façade en métal plié couvrant aussi l’avant et à l’arrière, fixée sur un boitier en plastique rigide. Sa surface de 36 × 20 cm pour 1,8 kg est recouverte de nombreuses commandes, assez serrées, mais tout à fait accessibles. On dénombre 26 potentiomètres, 6 encodeurs à détente (dont 3 à poussoir), 4 curseurs de 30 mm, 42 grosses pastilles et 27 petites pastilles lumineuses. Les grosses pastilles forment deux ensembles distincts : en partie supérieure, une rangée de 16 touches, pour accéder aux parties sonores, aux programmes, aux pas du séquenceur ou à certains modules et fonctions ; en partie inférieure, un clavier de 26 touches, pour jouer/entrer des notes de synthé et des percussions. Les petites pastilles permettent quant à elles de naviguer dans les menus, activer/couper une partie, sélectionner le mode d’édition (son/motif), lancer la lecture/l’enregistrement des séquences, transposer le mini-clavier par octave, mettre du pitchbend, sélectionner les 8 banques de 16 motifs/les 4 groupes de 16 pas du séquenceur, activer les effets, activer/éditer l’arpégiateur et enclencher l’accéléromètre « D-motion » pour créer des modulations (pression, molette de modulation, pitchbend) en bougeant l’unité suivant deux axes.
En plus de la qualité de construction tout à fait correcte, on salue cette surface de contrôle vraiment bien pensée, qui limite considérablement la nécessité de naviguer dans les menus. L’ergonomie du SH-4d est globalement réussie, compte tenu des possibilités de synthèse et de séquençage offertes par la machine. On apprécie les possibilités d’initialiser un son, d’annuler une opération, d’accélérer le mouvement des encodeurs (Shift), d’assigner facilement une destination à une source de modulation, de copier/coller des paramètres. Le recours à la fonction Shift est fréquent, mais pas déstabilisant. L’écran LED monochrome 128 × 64 points joue bien son rôle, affichant les programmes, les paramètres et les valeurs, bien souvent sous forme graphique, notamment pour les oscillateurs. Le module est livré avec un câble USB-A vers USB-C et 4 piles alcalines AA promettant 4 heures d’autonomie, mais sans bloc externe d’alimentation (5V/500 mA requis).
La connectique est regroupée à l’arrière : sortie casque stéréo (jack 6,35 TRS), sorties L/R (jack 6,35), entrée audio stéréo mini-jack (directement routée vers la sortie, sans passer par les filtres ou les effets, ni l’USB audio), entrée synchro mini-jack, entrée/sortie Midi DIN et prise USB-C. Cette dernière permet à la fois d’alimenter l’unité et de transférer les données Midi (notes, CC) et audio (6 canaux stéréo) à une STAN en temps réel, une fois le driver USB installé. Merci et bravo pour l’audio via USB, encore trop rare sur les synthés numériques, mais souvent au rendez-vous chez Roland. Cela nous consolera de l’absence de sorties analogiques séparées, dommage pour une machine multitimbrale, on ne peut pas tout avoir dans cette gamme de prix…
Hiérarchie et sonorités
Le SH-4d est un synthé polyphonique 60 voix maximum (suivant les formes de synthèse utilisées) et multitimbral sur 5 parties (4 parties synthé + 1 partie rythme, chacune ayant un canal Midi au choix, le canal de pilotage des sons par un clavier externe étant global pour la partie activée). Le synthé fonctionne par motifs rythmiques (Patterns) où sont mémorisés 5 séquences (1 par partie), les réglages communs, les réglages par partie et les numéros de programmes (Tones) assignés aux 5 parties (4 sons de synthé + 1 kit de percussions). Seul point noir d’ergonomie, la sauvegarde s’effectue séparément pour les 128 motifs, 256 sons de synthé utilisateurs et 64 kits de percussions. Il faudra bien penser à sauvegarder les sons édités avant de changer de motif, sinon c’est perdu ! De même, les 256 mémoires pour les sons de synthé utilisateur sont un peu justes pour un usage poussé. Toutefois, la procédure de sauvegarde propose de ne sauvegarder que les éléments édités (mais un par un quand même) ou d’écraser tout ce qui a été édité si on veut aller vite, ce qui est un moindre mal. On peut ensuite faire des backups/restaurations des mémoires via USB. Pour cela, il faut booter la machine en mode périphérique de stockage ; on aurait préféré une gestion par Sysex ou mieux, une petite appli pour pouvoir facilement gérer ses banques. A bon entendeur…
Côté sonorités, on dispose de 920 programmes synthétiques, 49 kits de percussions et 23 motifs (réinscriptibles pour ces derniers) préréglés. Une bonne base pour commencer. La qualité audio est excellente : bons niveaux de sortie, pas de bruit de fond. Le son est bien équilibré, avec des basses profondes, des aigus bien définis, des percussions solidement compressées et un bel espace stéréo. Les présélections sont orientées Electro et Ambiant, du synthétique pur et dur. Les motifs de démonstration évoluent dans le temps et dans l’espace, certains de manière aléatoire, que ce soit par le déclenchement d’événements ou le sens de lecture. Cela tranche avec les workstations classiques et ça rappelle que le SH-4d est avant tout un synthé. On apprécie au passage la section effets de qualité, qui permet des traitements différenciés par piste et des traitements globaux, tant d’ambiance que de postproduction. Bref, on sent que le SH-4d va facilement s’intégrer dans un mix et qu’il va même être capable de s’en charger en grande partie à lui tout seul. Et pour mieux illustrer nos propos, rien de tel que des extraits sonores, dont une très grande partie a été brillamment concoctée par Emmanuel C, qu’on applaudit des deux mains !
- SH-4d_1audio 1 Lofi Beat02:15
- SH-4d_1audio 2 SH Dream02:20
- SH-4d_1audio 3 FM Things02:12
- SH-4d_1audio 4 Night Drop02:03
- SH-4d_1audio 5 Sync Game01:44
- EC Multi 100:43
- EC Multi 200:48
- EC OCS FM Bass Filter00:18
- EC OCS FM Dripper EP00:19
- EC OCS FM Marimba Phone00:23
- EC OCS Juno 106 Brilllant00:18
- EC OCS Juno 106 Funk Bass00:12
- EC OCS Juno 106 Sub Space00:24
- EC OCS Juno 106 Super Moon00:23
- EC OCS Juno 106 Viola00:26
- EC OCS Ring Modulate00:44
- EC OCS SH 4d Bass00:21
- EC OCS SH 4d Cinematic00:32
- EC OCS SH 4d Minor Riser00:31
- EC OCS SH 4d String00:21
- EC OCS SH 101 Bass Attack00:35
- EC OCS Sync Polymisterio00:19
- EC OCS Sync Punch00:15
- EC OCS Sync00:21
Oscillateurs modélisés
Chacune des 4 parties synthé fait appel à différentes synthèses pour ses oscillateurs, qui passent ensuite dans un filtre passe-haut statique et un filtre multimode dynamique, avant d’être modulées par 2 enveloppes, 1 LFO et une matrice de modulation. Les modules de synthèse et d’effets occupent la majorité de la façade, où ils sont clairement arrangés. Commençons par les oscillateurs. On dispose de 11 modèles distincts couvrant différentes formes de synthèse : VA soustractive générique (modèles SH-4d et SH-3D), synchro d’oscillateurs, modélisation de SH-101, modélisation de Juno-106, FM, modulation en anneau, tables d’ondes, accords, dessin d’onde à main levée et PCM.
SH-4d propose 4 oscillateurs simultanés mélangeables, capables chacun de générer l’une des 11 ondes proposées : dent de scie, carrée, triangle (3 types), sinus (2 types), rampe, Juno (dent de scie modulée), Supersaw (désaccordable) et bruit blanc. Chaque oscillateur peut être accordé sur plusieurs octaves et finement, synchronisé (1–3 et 2–4), modulé en largeur d’impulsion par le LFO et grossi. SH-3D combine 3 oscillateurs mélangeables et un LFO additionnel. Les oscillateurs ont des réglages similaires au modèle précédent, le LFO est quasi identique au LFO principal. Sync met en jeu un oscillateur modulé par une enveloppe AD de pitch et un oscillateur maitre, comme dans les synthés analogiques. SH-101 modélise l’oscillateur à 4 ondes simultanées dosables du SH-101 : impulsion (manuelle ou modulée par le LFO), dent de scie, suboscillateur (carré à –1 octave, carré à –2 octaves, impulsion à –2 octaves) et bruit. Juno-106 en fait de même, sauf que les ondes d’impulsion et dent de scie sont simplement activables (et non dosables).
FM simule un algorithme élémentaire à 2 opérateurs FM (un porteur, un modulateur) et une enveloppe de modulation ADS®. Chaque opérateur peut utiliser une onde sinus, triangle, carrée ou dent de scie. On peut régler le ratio entre les opérateurs, la largeur d’impulsion et la grosseur de chacun, ce qui est aussi inhabituel qu’intéressant. Ring est un modulateur en anneau de deux oscillateurs FXM (modulation de fréquence interne), créant des sons métalliques plus ou moins agressifs ; différents réglages permettent d’altérer le spectre audio, notamment renforcer les basses. Wavetable offre 31 tables variées constituées de 128 indexes (ondes) dont la position de lecture est modulable avec le LFO et une enveloppe AD. Chord est un modèle capable de générer une vingtaine d’accords automatiques, avec différentes formes d’onde (sinus, triangle, carré, dent de scie) et impulsion variable. Drawing permet de dessiner une forme d’onde sur 32 pas à partir des 4 curseurs en façade, avec transition plus ou moins abrupte entre les pas, sympa à essayer. PCM enfin permet d’empiler 4 sons PCM à partir de 53 multiéchantillons accordables et dosables : ondes analogiques, ondes numériques, orgues, cloches, percussions, piano acoustique JD, Wurly et bruits. Pas de quoi remplacer une workstation, bien évidemment, mais toujours utile pour compléter la panoplie sonore.
Tronc commun
La sortie des oscillateurs arrive dans un premier filtre passe-haut 1 pôle, commun à toutes les voix. À partir de là, il n’y a plus qu’une seule forme de synthèse, celle d’un synthé soustractif classique modélisé. Ce point est essentiel et distingue le SH-4d des précédents synthés Zen-Core de la marque (type Jupiter-X/Juno-X, Fantom…), qui modélisent de manière différenciée l’ensemble des modules suivant le moteur de synthèse choisi (JP-8, JX-8P, Juno-106, SH-101, RD, XV, etc.). Le second filtre est une modélisation inédite de VCF multimode en échelle de transistors avec résonance et réglage de saturation. Il peut fonctionner en modes passe-bas 4 pôles, passe-bande 2 pôles ou passe-haut 4 pôles. La résonance est agréable, peu sifflante et flirte avec l’auto-oscillation (il faut un peu de signal entrant). Si elle a naturellement tendance à écraser un peu les basses, jouer sur le Drive redonne un bas de spectre spectaculaire, rond et sans agressivité, parfait ! La réponse de la fréquence de coupure est parfaitement lisse (1024 valeurs). Elle peut être directement modulée par le suivi de clavier (dosable), une enveloppe dédiée (modulation bipolaire) et le LFO. Le signal passe ensuite dans l’ampli final, où on peut régler le niveau et le panoramique de la partie. Un EQ 3 bandes semi-paramétriques avec médium paramétrique permet de peaufiner le son de chaque partie, utile en contexte multitimbral.
Côté modulations, on est sur du classique Roland : 2 enveloppes ADSR (préassignées au filtre et à l’ampli), un LFO (10 formes d’onde classiques dont S&H, avec vitesse/synchro Midi, fondu, synchro de démarrage, phase, puis quantités d’action sur le pitch, le filtre, l’ampli et le panoramique) et une matrice de modulation comprenant 2 à 4 cordons (suivant le modèle d’oscillateur). Chaque cordon comprend 1 source et 4 destinations. Parmi les sources, les CC Midi, le pitchbend, la pression, la vélocité, le numéro de note, le LFO et les enveloppes. Parmi les destinations, les paramètres de chaque oscillateur (pitch + ceux liés au modèle choisi), la coupure du filtre, la résonance, le niveau d’ampli, le panoramique, l’envoi vers la réverbe, l’envoi vers le chorus, les paramètres du LFO, les paramètres des enveloppes et la profondeur de modulation des enveloppes. La quantité de modulation est bipolaire et se règle au niveau de chaque destination, costaud ! Roland a même prévu un mode d’assignation directe des sources et destinations, bien joué ! Au niveau de la partie, on peut régler le niveau, la transposition, le mode de voix (mono/poly), les fluctuations analogiques (imperfections), le legato, le portamento (vitesse, mode normal/legato), la réponse de la vélocité sur le filtre, la réponse de la vélocité sur l’ampli, la réponse du pitchbend et la catégorie sonore. De quoi bien moduler !
Kits éditables
Si les Jupiter-X/Xm et Juno-X souffrent de l’impossibilité d’éditer les kits de percussions, ce n’est heureusement pas le cas du SH-4d. On peut ainsi créer ses propres kits de 26 instruments (un par touche du mini-clavier), soit en partant des 49 kits Presets, soit en repartant de zéro, sans oublier de sauvegarder le tout dans l’un des 64 emplacements utilisateur. Chaque note est constituée de 2 ondes, un filtre, un ampli et un EQ. On choisit les 2 ondes parmi une liste de 481 : samples de percussions acoustiques, samples de percussions électroniques, formes d’ondes, bruit divers. Puis on les accorde (+/— 48 demi-tons et finement), on règle leur balance, on dose leur FXM (modulation de fréquence) et on règle l’enveloppe AD de pitch.
Le résultat passe ensuite dans un filtre multimode, du même type qu’une partie synthé, avec enveloppe ADSR (mais sans Drive, dommage). Puis le son passe par un ampli avec enveloppe ADSR, niveau et panoramique. Tout se termine dans un EQ 3 bandes semi-paramétrique, toujours par note. On peut ensuite définir comment chaque note est jouée/dosée/routée : déclenchement multiple ou auto-coupure, coupures exclusives (ex : hi-hat ouvert/fermé, snare/rimshot), comportement d’enveloppe (ADR ou ADSR), gain de chaque forme d’onde, routage vers l’effet MFX de la partie rythmique ou direct, dosage vers les effets de motif (délai, chorus, réverbe). Tout cela se règle très facilement pour chaque instrument du kit en appuyant sur les 26 touches de percussions, puis en utilisant les commandes directes pertinentes ou le menu, pour le coup très facile à comprendre et sans navigation. Vraiment bien pensé tout ça !
Effets complets
La section effets du SH-4d hérite du savoir-faire développé pour ses prédécesseurs récents, Jupiter, Juno et Fantom. En dehors des EQ par partie synthé et par note dans les kits de percussions, on trouve un multieffets par partie (donc 5 MFX) et 4 effets communs par motif : chorus, délai, réverbe et MFX. Pour chaque partie, on peut activer le MFX respectif, puis régler les niveaux d’envoi vers le chorus, le délai et la réverbe dans la page Mixer. Au niveau motif, on peut doser les niveaux d’envoi du délai et du chorus vers la réverbe ainsi que les niveaux d’envoi du chorus et de la réverbe vers le MFX. Vraiment très souple !
Chaque MFX (de partie ou de motif) est capable de produire 93 algorithmes différents : filtres (EQ, booster, Enhancer, Exciter, auto wahwah), phaser (Small Stone), flanger (SBF-325), chorus (CE-1, SDD-320, Juno-106), modulations (tremolo, autopan, HP tournant), distorsions (saturations, fuzz, ampli), effets dynamiques (compresseur, limiteur, Gate), délais (simples, multiples, mono, stéréo, échos), Looper, effets lo-fi, ainsi que de nombreuses combinaisons. Entre 5 et 30 paramètres sont disponibles par effet, certains synchronisables au tempo. Par contre, aucun n’est modulable en temps réel, c’est la grande différence avec les gros synthés et workstations de la marque.
Le chorus de motif compte 10 algorithmes : chorus stéréo, CE-1, SDD-320, Juno-106, JV, délai stéréo, délai synchro, délai -> trémolo, double écho stéréo, triple écho stéréo. On peut définir le niveau et la quantité d’envoi vers la réverbe. Les autres paramètres (entre 1 et 12) dépendent de l’algorithme. On passe ensuite au délai de motif, décliné en 5 types stéréo, proches des délais déjà présents dans les effets chorus, avec possibilité de synchronisation des temps. Ici aussi, on peut définir le niveau et la quantité d’envoi vers la réverbe. Les paramètres (entre 5 et 12) dépendent de l’algorithme choisi. Enfin la réverbe de motif est dotée de 9 algorithmes principaux : Integra-7 (5 types), Warm Hall, Hall, GS (8 types), SRV-2000 (15 types), SRV non linéaire, GM2 (6 types), Gate et Shimmer. On trouve 2 à 13 paramètres suivant le type de réverbe.
Au niveau global de la machine, on trouve encore deux effets système type mastering : EQ semi-paramétrique 5 bandes (3 médiums paramétriques) et compresseur 3 bandes largement paramétrable (attaques, relâchement, seuils, ratios, gains, « genoux »), ce qui permet au synthé de s’adapter à des conditions de jeu très variées. Bien vu ! Cette section effets est aussi quantitative que qualitative, on sent que Roland maitrise parfaitement ses effets, y compris les réverbes, et on apprécie de retrouver tout ce qui est présent dans les gros synthés de la marque (mises à part les modulations dynamiques des MFX).
Arpèges et séquences
Le SH-4d est doté d’un petit arpégiateur à 5 motifs : haut, bas, alterné, aléatoire, ordre joué. On peut définir la division temporelle, la transposition de motif (+/— 3 octaves), le décalage de note (+/— 36 demi-tons), le % de Gate, le Shuffle (négatif/positif) et la vélocité (réelle ou fixe). Chacune des 5 parties peut avoir des réglages d’arpèges différents, mais seule la partie active peut faire tourner un arpège (l’arpège en cours est coupé quand on change de partie, même avec le mode Hold activé).
En revanche, le séquenceur à pas est bien multipistes. Un motif comprend 5 parties, chacune constituée d’une séquence polyphonique 8 voix, avec des réglages complètement indépendants : durée (1 à 64 pas), division temporelle (1/8, 1/16, 1/32, 1/4T, 1/8T, 1/16T), sens de lecture (avant, arrière, alterné, inversion des pas pairs/impairs, aléatoire), offset global de Gate (par rapport aux pas individuels), Shuffle, lissage des mouvements, premier pas, dernier pas, niveau et panoramique. Cela permet des motifs très complexes où la polymétrie répond à la polyrythmie. Il est très facile de couper une piste ou une percussion, ce qui augmente les possibilités d’expression live. C’est d’autant plus important que le séquenceur n’a pas de possibilité de chainage de motifs (pas de mode Song), il faut pour cela le faire à la main ou via Midi.
L’enregistrement se fait en pas à pas (sélectionné ou auto-incrémenté) ou en temps réel (mais sans métronome ni décompte !), avec calage sur le pas le plus proche. On ne peut pas descendre sous cette grille, il ne s’agit pas d’un séquenceur Midi comme on trouve sur une workstation ou une Elektron. Chaque pas renferme un certain nombre de données individuelles : note(s), vélocité(s), Gate(s) ou liaison au pas suivant, probabilité et subdivision. Cette dernière, très intéressante, permet de créer des fla ou des ratchets (2–3–4). On peut aussi enregistrer le mouvement des commandes en façade ou de CC Midi externes (jusque 4 par pas, en temps réel ou pas à pas) et les rejouer avec ou sans lissage.
L’édition se fait par pas et par note de manière très simple, grâce à la rangée de 16 boutons et au mini-clavier qui permet tout de suite de se repérer. Une fois la note sélectionnée, on en édite les paramètres à l’écran, très rapidement, sur deux pages max. Il existe quelques fonctions bien utiles pour gagner du temps : duplication de pas (par partie ou motif), randomisation de pas, effacement de motif, copie (pas unique, pas multiples, partie, motif). Voilà un séquenceur à pas très complet qui fait parfaitement ce pour quoi il a été conçu, avec une ergonomie là encore très bien pensée. Bien sûr, nous l’avons dit, il n’égale pas un séquenceur Elektron, avec son microtiming et ses Program Locks. Mais il est beaucoup plus simple à utiliser !
Conclusion
Le SH-4d est une très bonne surprise. Il concentre, dans un module compact bien construit polyphonique 60 voix, un générateur multioscillateurs multitimbral sur 4 parties synthés et une partie rythmique basée sur des kits entièrement éditables. Le nouveau filtre multimode est réussi et les possibilités de modulation, sans être pléthoriques, permettent pas mal de subtilités grâce à une matrice bienvenue. Du coup, la panoplie sonore, très orienté synthé, est relativement large. Côté motifs, on dispose d’un séquenceur à 64 pas, multipistes sur 5 parties, entièrement éditable, avec enregistrement en pas à pas et en temps réel, capture du mouvement des commandes en façade et réglages indépendants pour chaque partie. Le tout est embelli par de nombreux effets très qualitatifs. Ce concentré de fonctions est servi par une interface couverte de commandes bien agencées et une ergonomie générale bien pensée, qui évite de se perdre dans les menus. Les seuls véritables reproches concernent le système de sauvegarde à plusieurs étages largement perfectible et les limites du séquenceur par essence même (absence de microtiming et de mode Song). Grâce à sa compacité et ses possibilités d’alimentation par piles, il sera le compagnon idéal de tout compositeur EDM itinérant ou serré dans son studio.