Trois ans après son lancement par financement participatif, l’Osmose est enfin disponible pour les premiers acquéreurs. Alliant un clavier mécanique d’un genre nouveau à un moteur de synthèse des plus singuliers, voyons si notre attente a été récompensée…
Expressive E est une société française créée en 2015. Sa mission est d’apporter aux musiciens une nouvelle expérience plus intuitive dans la création sonore à travers une offre logicielle et matérielle novatrice. Présenté en 2016 après trois années de R&D ayant fait l’objet de plusieurs brevets, le Touché est le premier contrôleur physique développé par la marque. Il apporte un pilotage multidimensionnel intuitif et sensitif de sources sonores dans un boitier ergonomique unique USB/Midi adapté à la morphologie de la main. Fort de son succès bien mérité, la société se met alors à imaginer une déclinaison au format clavier.
Et si on offrait au claviériste de nouvelles potentialités de contrôle sonore via des touches multidimensionnelles indépendantes ? Si on y mettait un moteur sonore expressif ayant déjà fait ses preuves, dopé aux modélisations physiques les plus folles, pour en faire un vrai synthé ? Ce sera l’Eagan Matrix signé Haken Audio, qui propulse déjà la gamme Continuum de la marque américaine. En 2019, Expressive E lance un financement participatif pour ce clavier d’un nouveau genre, qu’elle baptise Osmose. Un Covid et une crise des composants plus tard, les premiers exemplaires sont enfin distribués aux « Early Birds », que l’on félicite pour leur patience. La fin de cette première vague est prévue pour cet été, puis viendra le tour des précommandes en magasins, avant qu’un stock ne se forme, vu le succès de la machine. Entretemps, Expressive E nous a gentiment prêté un exemplaire, que nous avons passé en OS 1.10, ce qui s’est fait sans problème depuis un vénérable PC en fin de vie sous Windows 10. Alors, ça valait le coup d’attendre ?
Clavier inédit
L’Osmose se présente comme un grand monolithe noir avec façade alu et boitier plastique rigide, mesurant 90 × 32 × 9 cm pour 8,3 kg. Le clavier, développé et breveté par Expressive E, impressionne immédiatement, avec ses 49 touches de 24 cm de long au total (15 cm pour les blanches, 10 cm pour les noires, en plus des 9 cm du bras de levier), dont le profil ressemble à des touches de piano. À l’air libre et surplombant le synthé, elles donnent à l’instrument un aspect à la fois mystérieux et classieux. Immédiatement, on sent le synthé peu ordinaire. Ceci se confirme dès que l’on pose les doigts sur le clavier. On sent une résistance progressive à l’enfoncement initial, puis une première butée (pression initiale). Passé ce stade, une seconde pression (aftertouch) permet d’aller plus loin, jusqu’à une butée finale, cette fois avec une course moindre (mais plus longue qu’un simple capteur de pression, qui parait bien raide en comparaison). Mieux, en bougeant les doigts latéralement, on découvre un jeu non négligeable : c’est le bend. Cela signifie que chaque touche de l’Osmose est capable d’envoyer trois modulations continues, dont deux simultanées : pression initiale + bend, aftertouch + bend.
Nous voilà donc avec un clavier mécanique totalement inédit. Cela n’a rien à voir avec un Roli ou un Continuum, qui offrent d’autres possibilités d’expression (3D réelle notamment avec la profondeur de touche) mais pas de mécanique à clavier. Pour un claviériste, l’accommodation est plus rapide sur l’Osmose. Elle n’est toutefois pas immédiate, loin s’en faut, c’est bien un nouvel instrument à maitriser, mais sans partir de zéro. Les guitaristes seront quant à eux ravis de pouvoir « bender » sans retenue… Précision importante, la pression initiale est bien un contrôleur continu, contrairement à un clavier à 2 ou 3 capteurs de vélocité ; cela signifie qu’on module un son en permanence (par exemple le volume), alors qu’un clavier classique ne constitue qu’un interrupteur (une fois déclenché, il faut relâcher et rappuyer pour redéclencher la note), c’est un instrument à interruption ou à percussion. Sur l’Osmose, la pression initiale s’apparente davantage à un instrument à vent ou à cordes frottées, cela ouvre déjà un tas de possibilités d’expressivité ! Chose insolite, la largeur des touches n’est pas constante (2 cm pour le do supérieur, 2,2 ou 2,3 cm pour les autres). Les concepteurs nous ont expliqué que cela résultait d’études faites sur différents types de claviers (pas seulement des synthés) et de choix mécaniques. La matière des touches a également été méticuleusement choisie pour permettre le meilleur contrôle possible. Tout cela (dimensionnement, résistance, matière) a été validé par des dizaines de musiciens bêta-testeurs, pour ne pas dire des centaines ! Par contre, l’espacement entre les touches est là aussi variable à cause du bend, si bien que certaines frottent ou claquent parfois.
Ergonomie et connectique
La sélection des programmes et l’édition se font sur la partie gauche. Outre le potentiomètre de volume général, on trouve un bel écran LED couleur entouré de touches et d’encodeurs. L’organisation générale de l’Osmose se fait en différents modes, menus, onglets et groupes de paramètres. Cela crée une arborescence plutôt complexe à intégrer, on aurait pu faire plus direct. Les deux modes principaux, Sound Engine (moteur interne) et External Midi (clavier de commande) fonctionnent indépendamment. On y accède via la touche « m ». Les réglages globaux sont accessibles dans la même page, en appuyant sur le 4e encodeur contextuel. Chaque mode se subdivise en 4 menus accessibles via les 4 touches situées au-dessus de l’écran. Chaque menu comprend plusieurs onglets, défilant avec l’encodeur supérieur gauche (cranté). Dans chaque onglet, on peut faire dérouler des ensembles de 4 paramètres avec l’encodeur inférieur gauche (cranté). Ces paramètres s’éditent avec les 4 encodeurs contextuels (lisses) situés sous l’écran. Les graphismes sont beaux et clairs, l’écran est parfaitement lisible, merci !
Au plan mécanique, les boutons sont très durs et les encodeurs bougent beaucoup sur leur axe, ce qui donne une impression de fragilité, alors qu’ils sont constitués d’axes métalliques semblant robustes. Sous les commandes, on trouve deux curseurs obliques (le premier à ressort central assigné au pitchbend et le second, sans rappel et assignable), deux touches de défilement de Presets et deux touches de transposition d’octave (+/- 2). La connectique est regroupée en partie gauche du boitier. À l’avant, il y a la prise casque en jack 6,35 avec potentiomètre de volume dédié rétractable, sympa. À l’arrière, on trouve deux sorties audio gauche/droite symétriques (jacks 6,35 TRS compatibles asymétriques), deux entrées pour pédales continues/interrupteurs assignables (jack 6,35 TRS), deux prises Midi DIN (entrée + sortie commutable en Thru), une prise USB (Midi uniquement, on aurait tant aimé l’audio, mais cela n’est pas prévu), une borne pour alimentation externe avec vis de verrouillage (type bloc extrême un peu cheap avec embouts interchangeables). Il n’y a pas d’entrées audio ou de prises CV/Gate comme sur certains Continuum, l’Osmose est avant tout destiné aux modulations polyphoniques Midi.
Expressivité sonore
La mémoire interne de l’Osmose renferme à ce stade plus de 500 Presets non réinscriptibles et 128 programmes utilisateur. Dans ces derniers, on peut stocker des modifications de certains paramètres de synthèse (sous forme de macros), la sensibilité des contrôleurs physiques et les modes de jeu. Ce n’est pas hyper généreux, mais Expressive E réfléchit à la possibilité de transformer simplement des programmes utilisateurs en Presets (la capacité mémoire théorique est de 8 à 9.000 emplacements). En utilisant des câbles symétriques, le niveau de sortie est bon, sans bruit de fond, nécessitant toutefois des ajustements entre les sons. La plage de dynamique de certains programmes peut être très importante suivant le jeu, attention aux oreilles. À l’expressivité liée à la mécanique inédite du clavier s’ajoute une expressivité sonore fantastique. On sent immédiatement que le moteur Eagan Matrix en a sous le pied, tant au plan de la variété sonore que des possibilités de métamorphoser un même son de manière drastique. C’est un instrument de musique d’un genre nouveau, expressif à souhait, qu’il va falloir bosser sérieusement. Ainsi, il n’est pas impossible (et même plutôt fréquent) de déclencher des modulations non souhaitées, telles que bend ou aftertouch, si on attaque pleine bourre comme un pianiste lourdingue. Du coup, on joue vite faux si on ne réduit pas la sensibilité des commandes (cela est prévu, on en reparle plus tard).
L’Osmose tire évidemment son épingle du jeu sur les sons de cordes frottées (on peut jouer sur l’attaque, le volume de maintien et le vibrato de chaque note), les cordes pincées (on peut attaquer très fort puis « bender » chaque note), les instruments à vent (on pilote le bruit, le niveau de sortie, les harmoniques, le vibrato), les percussions répétitives (on module le volume, la vitesse de répétition, le timbre) et les effets spéciaux les plus déjantés, à faire déjanter encore plus grâce aux nombreuses possibilités de modulations continues. Les sons de synthèse ne sont pas en reste, que ce soit des reproductions de synthés analogiques polyphoniques, des solos à feedback, des synthés type FM/Phase ou des textures hybrides que l’on vient enrichir du bout de chaque doigt de la main (et même de chaque pied, pour les plus souples). Les couleurs sonores sont celles de synthés numériques à modélisation physique, c’est très précis, très large bande et très expressif. Pas le moindre aliasing ou bruit parasite à l’horizon. L’Osmose ne remplace pas un bon synthé analo ou un lecteur de samples, il les complète à merveille.
- Osmose_1audio 01 Bass Monster00:43
- Osmose_1audio 02 Ladder bass00:34
- Osmose_1audio 03 Double Slap00:35
- Osmose_1audio 04 Crossynthar01:03
- Osmose_1audio 05 Chamber Strings00:34
- Osmose_1audio 06 Chorus Formants01:07
- Osmose_1audio 07 Analog ADSR00:43
- Osmose_1audio 08 Copper Club00:33
- Osmose_1audio 09 Ladder Blues01:18
- Osmose_1audio 10 Futazz00:17
- Osmose_1audio 11 Organ 200:49
- Osmose_1audio 12 Bansuri01:05
- Osmose_1audio 13 Flûte Traversière00:36
- Osmose_1audio 14 Carbon Marimba00:28
- Osmose_1audio 15 Tubular Bell00:54
Sound Engine (Part 1)
Non content d’être un contrôleur à clavier mécanique original, l’Osmose est également un puissant synthé offrant jusqu’à 24 voix de polyphonie suivant la complexité du moteur sonore. En revanche, il est à ce stade monotimbral, souhaitons qu’Expressive E le dote à l’avenir de possibilités bi- ou multitimbrales, pour pouvoir empiler plusieurs sons ou séparer le clavier. Dans le mode Sound Engine, on accède à 4 menus distincts : Presets, Synth, Sensitivity et Playing. Le premier permet de sélectionner les sons d’usines (plus de 500) ou utilisateur (128) selon deux ensembles de catégories (type d’instrument et caractère sonore). Le défilement se fait soit avec un encodeur doté d’un interrupteur poussoir pour valider, soit avec deux touches dédiées. Il n’y a donc pas de pavé numérique pour choisir rapidement des programmes éloignés, ni de listes de favoris (à ce stade, car une refonte de la gestion des programmes est en cours de développement). Un Preset ne peut être écrasé, mais on peut le modifier et le sauvegarder dans une mémoire utilisateur (avec ou sans les réglages Sensitivity et Playing dont nous parlerons bientôt).
Le mode Synth permet d’éditer quelques ensembles de paramètres de synthèse, les effets, l’action du curseur de pitchbend, ainsi que l’assignation du curseur de modulation et des pédales. L’édition des paramètres de synthèse se fait sous forme de macrocommandes prédéfinies. Il n’y a aucune possibilité d’éditer des paramètres individuels, il faut pour cela passer par un éditeur bibliothécaire logiciel fourni (Mac/PC) en entrant dans la matrice (voir encadré ci-dessous pour ceux qui veulent prendre la pilule rouge). Il faut ainsi se contenter de quelques paramètres fixés lors de la création des programmes, à travers 6 macros contrôlant plusieurs paramètres simultanés. Cela peut concerner un formant, un corps, une résonance, un ratio, un mélange, une structure, un timbre, un filtre, un vibrato, une modulation… cela permet de pas mal déformer le son d’origine sans pour autant pouvoir accéder à tout ce qu’on veut (genre changer le temps de Release d’une enveloppe ADSR, si ce n’est pas prévu au départ). Ce serait bien qu’Expressive E trouve une solution pour ouvrir un peu plus les accès sans passer par l’éditeur externe. Concernant les effets, on trouve un effet global, un EQ et un compresseur. L’effet global offre une réverbe (allant d’une petite pièce à des espaces infinis) et cinq types de délai. C’est peu, mais le son est au rendez-vous et les paramètres sont pertinents. On aimerait bien quelques combinaisons (genre chorus + délai + réverbe) et d’autres effets plus exotiques. L’amélioration de cet effet est d’ailleurs déjà au programme. L’EQ est un filtre en étagère avec réglage d’inclinaison bipolaire, fréquence et mixage. Le compresseur, enfin, permet de redonner du gain et de la vivacité au signal. C’est une version simplifiée du compresseur intégré au moteur Eagan Matrix accessible via l’éditeur externe.
Sound Engine (Part 2)
Le mode Sensitivity permet de régler la réponse du clavier : bend (intervalle, sensibilité, courbe, stabilisation, mode d’activation), pression initiale (point de déclenchement, courbe, avec des présélections pour ne pas partir de zéro), aftertouch (courbe, avec là aussi des présélections), réglages par défaut des Presets (qui ne mémorisent pas les réglages de sensibilité, contrairement aux mémoires utilisateur). On peut aussi geler à tout moment les réglages de sensibilité, afin de les maintenir en l’état quels que soient les programmes utilisateur sélectionnés.
Enfin, le mode Playing permet d’accéder à deux fonctions très intéressantes. La première, Pressure Glide, permet de générer un portamento entre deux notes liées. Quand on passe de l’une à l’autre, on contrôle la transition. Quand les deux notes sont maintenues, le pitch est entre les deux. L’intervalle de prise en compte peut être défini par demi-ton ; au-delà de cette valeur, les deux notes sont jouées sans portamento, en polyphonie. Sympa et parfait pour simuler des cordes solo legato réalistes. La seconde fonction est un arpégiateur original. On peut charger un Preset ou programmer l’arpège : maintien, tempo (avec synchro Midi), motif (18 déclinaisons : classiques, convergences, alternances, accords, aléatoire, jouée), division temporelle, Gate, octave, Swing, Ratchet, inertie. Là où l’Osmose se démarque, c’est dans la possibilité d’arpéger chaque note telle qu’elle est jouée, avec ses trois axes de modulation. Cela crée des arpèges hyper vivants. Mieux, on peut moduler deux paramètres de l’arpège avec les contrôleurs physiques (les 2 curseurs, les 3 axes de notes, les pédales), ce qui décuple l’expressivité de ce module très réussi.
Mode External Midi
C’est dans ce mode que l’on règle la manière dont l’Osmose pilote les instruments Midi externes, via la prise DIN ou USB, se transformant ainsi en contrôleur Midi d’un genre nouveau. Il fonctionne indépendamment du mode Sound Engine et n’a qu’une seule mémoire globale, ce qui est gênant quand on a un set varié de synthés. Expressive E prévoit d’ajouter des mémoires utilisateur dans une prochaine mise à jour. L’Osmose peut travailler en MPE (modulations Midi polyphoniques utilisant plusieurs canaux Midi pour transmettre les données, un canal global et un canal par note) ou classique (un seul canal Midi qui transmet les notes et les modulations, dont la vélocité et l’aftertouch polyphonique, mais le bend global). En USB, le contrôle Midi externe se fait sur un port différent du contrôle de l’éditeur Eagan Matrix.
Dans le mode External Midi, on accède à 4 menus distincts : Config, Adjust, Sensitivity et Playing. Le menu Config permet d’appeler 4 configurations selon ce que peut recevoir l’appareil Midi ou la STAN piloté par l’Osmose : MPE (choix par défaut), Classic Keyboard (la pression initiale est transformée en messages de vélocité, la seconde pression est transformée en aftertouch par canal, le pitchbend est transmis uniquement par le curseur idoine), Poly Aftertouch (comme la précédente, mais avec transmission d’aftertouch polyphonique) et Multi Channel (sorte de MPE sans canal global). De quoi satisfaire la plupart des cas de figure. Le menu Adjust permet d’assigner le canal Midi, le type de message transmis par la première et la seconde pression (avec valeurs mini/maxi) et le numéro de CC transmis par chaque contrôleur continu (molette + 2 pédales, avec valeurs mini/maxi). Le menu Sensitivity est peu ou prou identique à son confrère du mode Sound Engine, à ceci près que des réglages de vélocité ont été ajoutés, puisque l’Osmose peut transmettre ce type de message dérivé de la pression initiale (ce qui n’est pas le cas pour le moteur interne). Enfin, le menu Playing est pour le moment vide (OS 1.10). Vivement que l’arpégiateur soit de la fête pour piloter des modules externes, ce qui est prévu par le constructeur.
Mode Global
Le menu Global est réservé à la configuration générale de la machine : luminosité de l’afficheur, accordage du synthé, réinitialisation des réglages globaux, source de l’horloge Midi externe, mode Midi Haken USB, Local Control Haken, mode Midi DIN, gestion des onglets de menus (défilement cyclique ou non, retour au premier onglet ou non) et calibration des pédales (type interrupteur ou continu, valeurs mini/maxi). Toutes les pédales ne fonctionnent pas avec l’Osmose, le constructeur fournit une (pour le moment courte) liste des pédales testées compatibles (à enrichir par les futurs utilisateurs selon leurs expériences). L’Osmose répond également à un certain nombre de CC Midi, dont le numéro est fixé par le constructeur. Ils concernent les 6 macros, le Sustain/sostenuto, le post gain et les paramètres d’effets (4 paramètres pour l’effet global, EQ, compresseur + mixage des effets).
Conclusion
L’Osmose est un synthé très singulier, tant par son clavier tridimensionnel insolite que par son puissant moteur multi-synthèses. On apprécie immédiatement les possibilités d’expression sans précédent, nécessitant toutefois un certain apprentissage pour en tirer toute la quintessence. Il pilote parfaitement le moteur sonore Eagan Matrix, dont les qualités sonores et l’expressivité ont déjà fait leurs preuves sur la série Continuum de Haken Audio. L’Osmose ne déboussole pas autant qu’un Continuum, mais il ne faut pas espérer jouer du Rachmaninov dessus en pensant tenir un contrôleur universel à clavier. Il est par ailleurs très bien construit et dispose de contrôleurs additionnels pour parfaire l’expressivité. La qualité audio, la variété sonore, la polyphonie confortable, les effets intégrés, l’arpégiateur rusé et les possibilités de clavier de commande sont autant d’atouts.
En revanche, l’éditeur Eagan Matrix, bien que brillant et novateur, n’est pas très intuitif, même pour les programmeurs les plus aguerris. L’interface est austère et l’ergonomie contraignante, ce qui fait décrocher la cible de musiciens non techniciens. Du coup, on souhaiterait pouvoir piloter davantage de paramètres individuels (une couleur de timbre, un filtre, un segment d’enveloppe…) depuis le synthé, au-delà des quelques macros prédéfinies, en particulier pour le live. Sans quoi l’Osmose pourrait fort bien se transformer en machine à Presets, comme le DX7 il y a 40 ans. Ce serait bien dommage quand on connait la puissance sous le capot et la diversité des synthèses proposées. On aimerait aussi avoir plus de mémoires utilisateur, des mémoires pour le pilotage externe et un zest de multitimbralité (l’audio via USB n’étant pas prévu). Au global, l’Osmose est un synthé innovant unique, un instrument de choix pour les musiciens — pas seulement claviéristes — qui recherchent un contrôle subtil des nuances sonores via un clavier mécanique inédit, avec un moteur de synthèse très singulier pour ceux, scientifiques ou aventuriers, qui veulent aller plus loin dans la création. Un Award Innovation 2023 sans hésitation !