Trois ans après la sortie du PolyBrute, Arturia présente le grand frère de son synthé analogique star. Avec 12 voix de polyphonie et un clavier Full Touch d’un nouveau genre, le monstre semble promis à un bel avenir…
Arturia avait fêté ses vingt ans en sortant son premier synthé analogique polyphonique, le PolyBrute. Dotée de VCO variables, de deux VCF routables, d’une matrice physique très visuelle, d’une fonction morphing géniale et d’une section effets de grande qualité, la machine nous avait immédiatement tapé dans l’oreille. Mais quelques éléments étaient venus entacher notre plaisir, en particulier la polyphonie limitée et le clavier très moyen. Qu’à cela ne tienne, les ingénieurs d’Arturia ont repris leur ouvrage et au Superbooth 2024, la marque a présenté le nouveau fleuron de la gamme : le PolyBrute-12. On l’aura compris immédiatement, la polyphonie a doublé, répondant au grief numéro un. Une fois le premier programme joué, on découvre que le clavier a fait un bond qualitatif et technologique, puisqu’il est non seulement de bonne facture, mais surtout équipé du Full Touch MPE, une innovation permettant un contrôle continu de la course initiale puis de la pression, indépendamment pour chaque touche. Second grief plus qu’adressé. Tiendrait-on le synthé analogique polyphonique ultime ?
Ergonomie impeccable
Le PolyBrute-12 respire la qualité de part en part. Pour commencer, l’emballage est soigné, avec carton double, cornières renforcées dans les angles, pains de mousse multiples, de quoi préserver ce magnifique objet de mauvais traitements dans les transports ; tout est prévu pour que le synthé arrive dans un état impeccable. Sortir le mastodonte du carton n’est pas une mince affaire, avec ses 97×44×16 cm pour 23 kg. La prise de poids et de volume s’explique par l’ajout de 6 cartes voix empilées sur les 6 premières, ainsi que d’une protubérance à l’arrière formée par les évents (5 grilles sur le dessus, 5 en sur le dessous), permettant d’éviter l’usage de ventilateurs pour refroidir l’antre de la bête. La couleur crème surprend, rappelant les échantillonneurs Akai des 80’s et 90’s. Elle est élégante et se marie très bien avec les flancs et la traverse en bois.
Le panneau est horizontal et fixe, on aurait aimé un peu plus d’angle, mais cela aurait encore épaissi la brute. La machine est couverte de commandes : 53 potentiomètres bien ancrés, 3 encodeurs (2 gros de couleur alu et un petit blanc de tempo), 15 curseurs linéaires fluides, 40 boutons poussoirs rigides et 112 boutons poussoirs rétroéclairés caoutchouteux. Les commandes sont logiquement arrangées par module et faciles à repérer. Par rapport au PolyBrute, un interrupteur a été ajouté : celui qui pilote les modes de clavier (voir encadré). L’ergonomie est vraiment bien pensée, avec assignations directes des 32 destinations dans la matrice, éditions locales (en maintenant la touche Settings et en manipulant certaines commandes, on ouvre un menu de paramètres supplémentaires) et accès à tous les paramètres globaux via un menu Système complet. On a une logique un bouton / une fonction, trois modes de réponse pour les potentiomètres (saut/seuil/relatif) et une matrice physique multicolore 12×8 cases, permettant de choisir les programmes, connecter sources et destinations ou programmer le séquenceur.
Les fonctions Panneau, Comparaison, Initialisation, création aléatoire de sons sont présentes, mais elles sont parfois perdues dans les menus ou accessibles par combinaisons de touches (on aurait préféré des touches dédiées). Une fonction permet de prendre 5 instantanés des réglages au sein d’un programme pour rappel ultérieur. Toujours présente, la géniale fonction Morphing permet de passer progressivement entre deux ensembles de réglages en façade (presque tous !) avec un potentiomètre dédié, le contrôleur Morphée ou un CC Midi. C’est idéal pour créer des ambiances évolutives impressionnantes ou au contraire des transitions très subtiles. Cela concerne aussi bien les commandes continues que les valeurs discrètes, telles que le routage des VCO vers les VCF ou les formes d’ondes des LFO. Lorsqu’on utilise l’appli PolyBrute Connect fournie (standalone ou VST), on voit toutes les commandes concernées bouger en temps réel. Enfin, la valeur des paramètres en cours d’édition est affichée, sous forme graphique et/ou numérique, bravo !
Construction luxueuse
La qualité de construction est impeccable : coque métallique, flancs bois, partie en Tolex et connectique vissée. Les molettes alu sont très agréables à manipuler. Elles sont placées en haut du panneau, leur position traditionnelle étant occupée par le Morphée, un contrôleur 3D en bois maison déjà présent sur le PolyBrute. Le plan horizontal contrôle deux axes par effleurement (X-Y) et l’axe (Z) s’obtient en enfonçant l’ensemble du bloc à la verticale, avec une course idéale et un ressort de rappel à résistance parfaite. L’écran graphique OLED reprend les mouvements du contrôleur en temps réel, c’est beau et utile. Les trois axes sont assignables au morphing ou à n’importe quelles sources via la matrice de modulation. En pratique, les molettes se retrouvent un peu loin et il arrive d’effleurer le Morphée sans le vouloir. Personnellement nous aurions inversé leurs positions respectives. Autre contrôleur original, le long ruban gravé en creux dans la traverse en bois située au-dessus du clavier. Il répond parfaitement sur toute sa longueur, selon différents modes d’action - absolu ou relatif – avec ou sans recentrage, nickel !
Côté connectique, on trouve une prise casque judicieusement placée à l’avant gauche (jack 6,35 avec volume indépendant en façade), tout le reste étant situé sur le panneau arrière. Les possibilités sont identiques à celles du PolyBrute : sorties stéréo (jack 6,35 TS) un peu isolées à gauche, suivies de deux jacks d’entrée/sortie synchro (3,5 mm), trois prises pour pédales (maintien + deux continues assignables), un interrupteur de protection mémoire, un trio Midi DIN, une prise USB-B et une fiche IEC pour cordon secteur (alimentation interne à détection automatique, 145W, rien que ça !). On regrette l’absence de prises CV/Gate et d’entrée audio. L’USB transmet le Midi, les programmes et le micrologiciel. Les commandes continues émettent des CC Midi ou NRPN via USB lorsque le synthé est connecté à l’appli PolyBrute Connect, de même pour le Morphée et le ruban.
Expressivité sonore
Dès l’allumage, nous sommes vite conquis par l’expressivité du PolyBrute-12, alliée à la qualité audio et l’absence notable de souffle, malgré des niveaux de sortie élevés. En interne, certains composants présents sur le premier PolyBrute ont été remplacés par des équivalents moins énergivores et l’étage de sommation a été revu pour encaisser les 12 voix avec le même rapport signal/bruit. Les changements de programmes se font sans bruit indésirable et les commutations sont relativement rapides (sans être immédiates). Le synthé compte 768 programmes réinscriptibles, dont 480 contenant des sons d’usine et quelques gabarits par thème. Ils démontrent parfaitement les possibilités sonores du synthé en tirant parti des fonctionnalités étendues du nouveau clavier. Il est d’ailleurs amusant de basculer en mode Full Touch certains programmes non prévus pour cela : ça ouvre le champ des possibles et on n’a pas l’impression de jouer sur le même instrument.
Les domaines de prédilection du PolyBrute-12 sont les larges pads évolutifs, les cordes généreuses, les cuivres expressifs, les basses pesantes, les leads tranchants, les percussions claquantes et les effets spéciaux déjantés. Nous apprécions la grande polyvalence et le bon équilibre sonore global de la machine. Le son est davantage moderne que vintage, les modulations avancées permettent de sortie de l’analogique soustractif classique, certains s’apparentant à des tables d’ondes ou à la synthèse vectorielle (fonction Morphing). Autre gros point fort qui saute aux oreilles, la qualité des effets, qui impressionne immédiatement, notamment les très belles réverbes à queue bien maitrisée.
- PolyBrute-12_1audio 01 Morphing Pad201:08
- PolyBrute-12_1audio 02 Happy Delay200:49
- PolyBrute-12_1audio 03 Huge Polysynth201:20
- PolyBrute-12_1audio 04 Sextet Touch200:24
- PolyBrute-12_1audio 05 PPG Bass200:32
- PolyBrute-12_1audio 06 Wurly 2 Clavi200:52
- PolyBrute-12_1audio 07 Deep Space200:41
- PolyBrute-12_1audio 08 Q Factor202:08
- PolyBrute-12_1audio 09 Hard&soft Sync200:45
- PolyBrute-12_1audio 10 Touchy Sequencer201:51
VCO variables
Au-delà de la polyphonie double et du génial clavier, le reste des fonctions et commandes du PolyBrute-12 est similaire au PolyBrute d’origine. La suite de ce test va de ce fait un peu s’apparenter à une redite. Chacune des 12 voix analogiques du PolyBrute-12 est constituée de 2 VCO, un Sub-VCO, un bruit, 2 VCF et un VCA stéréo. Les VCO sont linéaires, ce qui les rend peu sensibles aux variations de température. Par contre, ils ont une tessiture plus limitée, d’environ 18 à 4.600 Hz, soit 8 octaves, ce qui limite le très haut du spectre. Cela pourra gêner les afficionados des modulations audio, type synchro ou FM. Leurs éventuelles petites dérives sont compensées par le CPU relié à une sonde de température. Tout cela fonctionne très bien. Les formes d’onde ne se cumulent pas mais se mélangent : on commence par mixer une dent de scie avec un triangle. La balance est alors mélangée à une impulsion. Ces deux dosages sont modulables via la matrice, ce qui donne une multitude de possibilités. On peut régler et moduler la largeur d’impulsion de chaque VCO (de carré jusqu’à l’extinction). Sur le VCO1, on dispose en plus d’un réglage Metalizer, qui replie le sommet de l’onde triangle ou de l’onde globale (au choix dans le menu), ce qui la rend de plus en plus métallique. Sur le VCO2, on trouve un suboscillateur sinus à l’octave inférieure, dont la balance est dosable avec l’onde principale. Cette section est vraiment souple pour un synthé polyphonique, on regrette toutefois l’absence de Supersaw.
Niveau accordage, en plus de la sélection globale d’octave avec les interrupteurs sous les molettes (-2 à +2), les VCO peuvent être réglés suivant différentes échelles : plus ou moins 1 ou 7 demi-tons en continu, 12 ou 24 demi-tons en chromatique, de –2 à +1 octaves. Il existe également 8 tempéraments : continu, chromatique, majeur, mineur, Phrygien, 9ème majeure, 9ème mineure, octaves & quintes. Le VCO2 peut suivre les modulations de pitch du VCO1 ou être accordé en continu, en chromatique, en octaves et quintes. On trouve aussi 8 réglages de simulation de dérive de fréquence, pour ce petit côté vintage parfois tant prisé. Le VCO2 peut synchroniser le VCO1, mais plutôt que se contenter d’un simple marche/arrêt, le niveau de synchronisation est continu. Cela permet de passer progressivement d’une synchro douce (harmoniques « accrochées » petit à petit) à une synchro dure (le cycle du VCO1 est forcé à la fréquence du VCO2). Ce réglage est une destination de la matrice de modulation et du morphing, top ! De la même manière, le VCO2 peut moduler la fréquence du VCO1 (FM exponentielle), pour encore plus de possibilités. A ces deux VCO s’ajoute un générateur de bruit à couleur continuellement variable entre rouge (sombre) et blanc (brillant).
VCF arrangés
Chacune des trois sources sonores (VCO1, VCO2, bruit) est dosée et routée vers l’un des deux VCF ou les deux à la fois. Avec le Morphing, on peut même doser progressivement le routage de chaque source vers chaque filtre, parfait ! Mieux, les deux filtres peuvent passer en douceur du mode série (VCF1->VCF2) vers le mode parallèle. En plus, ce réglage est modulable ! Cela en dit long sur la polyvalence sonore du synthé. Le VCF1 est un filtre Steiner-Parker résonant 2 pôles à variables d’état. Il peut passer en continu entre les modes passe-bas / réjection / passe-haut / passe-bande. La réponse du potentiomètre de fréquence de coupure est impeccable. La résonance peut pousser le filtre en auto-oscillation, sans baisse de niveau, générant des sons piquants et teigneux ; ce n’est pas un filtre Oberheim ! Le VCF s’ouvre bien à fond, mais on entend un résidu de VCO quand on coupe tout. Le Brute Factor apporte de l’agressivité sur les réglages extrêmes mais reste délicat à doser. Le VCF2 est un filtre en échelle de transistors, fonctionnant uniquement en mode 4 pôles. Là encore, la réponse du potentiomètre de fréquence de coupure est tout à fait lisse. La résonance pousse le filtre en auto-oscillation et on apprécie la compensation de gain pour pallier la perte de niveau des basses fréquences propre à ce type de filtre. On trouve un réglage de distorsion en sortie du VCF2, à savoir une saturation asymétrique douce et agréable, qui fonctionne bien avec ce filtre tout en rondeur.
Les fréquences de coupure des deux VCF peuvent être modifiées simultanément via un gros encodeur (décalage relatif). Le suivi de clavier est partagé (potentiomètre unique). Chaque filtre est doté d’un potentiomètre de modulation bipolaire par l’enveloppe de VCF, un potentiomètre de niveau de sortie et un réglage de panoramique modulable (accès par le menu). Ceux qui aiment la modulation de fréquence audio apprécieront la possibilité de moduler le VCF1 par le VCO2 et le VCF2 par le générateur de bruit.
En bout de chaine analogique, on trouve un VCA dont on peut régler différents modes de dispersion stéréo : par voix (chaque voix est dispersée dans le champ stéréo), par voix + filtre (suivant le réglage de mixage série / parallèle des filtres, on passe du réglage par voix à un réglage où le VCF1 est placé à droite du champ stéréo et le VCF2 à gauche). La distribution des voix peut être centrée (alternance gauche/droite variable) ou graduelle (passage de gauche à droite). Vraiment très bien conçu et spectaculaire. Nous avions parlé de la simulation de dérive des VCO, il en est de même pour d’autres paramètres vitaux : largeur d’impulsion des VCO, fréquence de coupure et résonance des VCF, temps des enveloppes, Sustain des enveloppes et vitesse des LFO.
Effets superbes
En sortie de VCA, le signal attaque une triple section effets musclée qui en compte quatre, un peu comme chez les Trois Mousquetaires : modulation avec EQ, délai et réverbe. L’effet de modulation est placé en série, les deux suivants sont en série ou en parallèle. Les effets peuvent être coupés par un simple interrupteur, pour un signal analogique pur. Il existe plusieurs types d’effets de modulation : chorus, phaser, flanger, distorsion, modulation en anneau, réducteur de bit, réducteur de fréquence, tri-chorus stéréo façon String Machine. La partie EQ comprend 8 présélections, histoire d’ajuster le timbre. Pour l’effet de modulation, on ne peut régler que l’intensité.
Le deuxième effet est un délai stéréo, synchronisable à l’horloge. Les types disponibles sont : BBD simulé, pingpong, délai stéréo, délai long, BBD pingpong, Karplus, délai stéréo avec élargissement, délai parallèle et BBD avec élargissement. On peut en régler la régénération, la division temporelle et l’atténuation de certaines fréquences (8 types). Enfin, la réverbe vient clôturer le bal. Elle offre plusieurs algorithmes très différents : hall, plaque, plaque brillante, pièce, scintillement, ressort et plaque avec retard. On peut en régler le niveau, le temps et le filtrage de certaines fréquences. Globalement, il y a peu de paramètres dans cette section effets, mais l’essentiel est là. La qualité sonore est vraiment excellente, en particulier les réverbes absolument magnifiques.
Modulations classiques
Le PolyBrute possède un portamento polyphonique, à vitesse ou temps constant (avec possibilité de synchronisation à l’horloge), variant de 0 à 10 secondes, capable de fonctionner en mode continu ou chromatique. Viennent ensuite 3 LFO, oscillant de 0,02 à 100Hz, donc jusque dans l’audio. Les deux premiers sont assez similaires. Ils offrent 7 formes d’ondes (les classiques, S&H, aléatoire), peuvent être synchronisés à l’horloge suivant différentes divisions temporelles et fonctionnent selon plusieurs types de déclenchement (mono, polyphonique libre, polyphonique redéclenché). Le LFO1 possède un réglage de phase alors que le LFO2 a un fondu d’entrée. Le LFO3 est un peu différent : plutôt que choisir une forme d’onde, on paramètre une courbe en continu (de creusée à bombée) et une symétrie (torsion de gauche à droite). Les réglages de vitesse / synchro et redéclenchement sont semblables à ceux des autres LFO. On trouve aussi un réglage direct de modulation de l’intensité du LFO3 par le LFO1. Enfin, les 3 LFO peuvent moduler de manière unipolaire ou bipolaire. Voilà qui est complet et original.
Passons aux trois enveloppes : VCF, VCA et modulation. Elles sont de type ADSR, avec des temps variant de 2 ms à 18 s. Sur les enveloppes de VCF et VCA, la vélocité peut être assignée à la quantité de modulation, aux temps ou aux deux, via le menu. L’enveloppe de modulation possède quant à elle un délai jusqu’à 18 s. Via le menu, on accède aux réglages de bouclage des enveloppes (2 fois, 3 fois ou infini) et de vitesse des segments AD (normale, percussive). Pour compléter le tableau, on peut mémoriser une séquence d’automation simple dans chaque programme, c’est-dire le mouvement d’un réglage en façade ou contrôleur qui sera déclenché dès qu’on joue une note. L’enregistrement se fait en temps réel, de manière relative, mais il n’est pas possible d’éditer quoi que ce soit après coup. La lecture peut se faire en coup unique ou en boucle tant que la première note jouée (seule ou en accord) est maintenue, de 1/8 à 8 fois la vitesse d’enregistrement. Sympa !
Modulations matricielles
Le PolyBrute-12 offre une matrice de modulation totalisant 12 lignes de sources x 32 colonnes de destinations, à concurrence de 64 points de connexion par programme. Elle est physiquement représentée par un pavé de 12 × 8 boutons rétroéclairés multicolores permettant de relier rapidement les sources et les destinations, avec contrôle visuel instantané, par paquet de 8 destinations assignables. Les 12 lignes de sources sont fixes : enveloppe de VCF, enveloppe de modulation, numéro de voix, LFO1, LFO2, LFO3, numéro de note / séquenceur, vélocité, pression, molette + Morphée X, ruban + Morphée Y, pédale d’expression n°2 + Morphée Z. Il n’y a donc aucune source audio dans la liste, tout est numérique à des fréquences classiques, en-dessous du domaine audio.
L’assignation d’une destination à l’un des 32 emplacements disponibles en colonne s’effectue en maintenant le bouton rond relatif à la colonne choisie tout en bougeant le paramètre à assigner en façade. Si le paramètre n’est accessible que par les menus, on passe par l’encodeur de modulation, mais ça va vite. Parmi les destinations, citons tous les paramètres de synthèse et d’effets, mais aussi la vitesse de la séquence de mouvement ou la largeur stéréo. Une fois la matrice prête, le routage se fait en allumant les boutons lumineux aux intersections source/modulation souhaitées, à concurrence des 64 cordons virtuels mentionnés précédemment. Le gros encodeur « Amount » permet de doser la quantité de modulation bipolaire. La valeur est indiquée par l’afficheur 3 diodes / 7 segments. On peut même moduler un cordon de modulation par une source (genre la molette pilote la quantité de modulation du pitch par le LFO2). L’ergonomie est vraiment super intuitive et sans égale sur le marché.
Arpégiateur…
Le PolyBrute est équipé d’un séquenceur et d’un arpégiateur. Ils s’utilisent avec la même zone de commandes que la matrice de modulation, ainsi qu’un pavé situé en partie droite de la façade, comprenant des paramètres spécifiques et des commandes de transport. Les réglages de séquences et d’arpèges sont sauvegardés dans chaque programme. Il y a trois modes de fonctionnement : séquenceur, arpégiateur classique et arpégiateur matriciel. Certains réglages sont communs à tous les modes : touche de maintien, métronome, division temporelle, swing, tempo (avec touche Tap) et Gate.
L’arpégiateur classique peut scanner jusqu’à 32 notes, représentées par la zone de matrice (notes programmées en rouge, note en cours en pourpre). En mode Hold, les nouvelles notes jouées sont ajoutées au motif en cours tant qu’une note est maintenue. La vélocité est reproduite telle que jouée, ce qui permet une bonne expressivité. Il existe 7 types de motifs : haut, bas, pendulaire, alterné (avec répétition des notes extrêmes), ordre joué, aléatoire et motif. Les arpèges peuvent être transposés de 1 à 4 octaves. A tout instant, on peut copier un motif d’arpège vers le séquenceur.
…et séquenceur
Le séquenceur comprend 64 pas polyphoniques de 12 voix, intégrant la vélocité jouée, l’accentuation, le glissement et trois pistes de modulations. La lecture peut être déclenchée par la touche Play ou l’appui sur une note, suivant quatre directions : avant, pendulaire, aléatoire et probabilisée (après la lecture d’un pas, il y a 50% de chances de passer au pas suivant, 25% de lire à nouveau le pas en cours et 25% de revenir au pas précédent). La transposition se fait en temps réel (clavier ou note Midi). Chaque groupe de trois lignes de la matrice représente un glissement, un accent et des notes. Les LED correspondantes sont allumées en rouge. On peut facilement activer/désactiver ces trois pistes pour chaque pas. On peut tout aussi facilement lier plusieurs notes en maintenant les boutons extrêmes correspondant à la durée souhaitée pendant au moins une seconde. Cette durée est indépendante de la longueur des pas. L’enregistrement se fait en pas à pas (un peu comme l’édition) ou en temps réel. Les notes sont entrées avec leur vélocité, leur durée et leurs liaisons. Les trois pistes de modulation s’enregistrent un peu comme les notes, à ceci près que la séquence ne boucle pas une fois au dernier pas, ce qui évite d’écraser les modulations tout juste enregistrées. Les modulations apparaissent en bleu. L’écran est d’une aide précieuse pour visualiser et modifier les valeurs de chaque pas, notes ou modulations, avec des graphismes très parlants. Bravo !
Enfin, il existe un mode arpégiateur matriciel, sorte d’hybridation entre le séquenceur et l’arpégiateur. On dispose de 16 pas polyphoniques 6 voix avec accent, glissement et transposition sur plus ou moins une octave. En fonction des notes jouées, les notes programmées dans chaque pas (allumées en bleu) sont reproduites et transposées en temps réel. Les quatre sens de lecture possibles sont les mêmes que ceux du séquenceur. Quel que soit le mode, les notes arpégées ou séquencées peuvent être transmises en Midi, parfait !