Après une gestation de plusieurs années, la RD-9 est enfin disponible pour les afficionados de la patte sonore si singulière de la TR-909. Elle séduit d’emblée par sa taille généreuse, une ergonomie améliorée, des sorties séparées et un tarif hyper serré…
Notre premier contact avec la RD-9 remonte au Superbooth 2019, où le stand Behringer arborait une bonne dizaine de synthés fraichement sortis, ainsi que des RD-808 et RD-909. Ce n’était encore que des prototypes à l’époque. Si la RD-808 était bien avancée, la RD-909 n’en était qu’à ses premiers balbutiements, avec des réglages encore manquants dessinés sur le capot (potentiomètres de percussions). Toutefois, le prototype était en partie fonctionnel et tournait déjà. Nous avions été davantage impressionnés par la taille généreuse et les fonctionnalités avancées que par le son. Mais avec Luigi Scarano aux commandes, cette RD-909 première mouture allait être revue de fond en comble, tant sur le plan du moteur sonore que du système d’exploitation. Résultat, deux ans plus tard, une BAR rebaptisée RD-9 bien différente, gonflée à bloc, fin prête pour les productions EDM du monde entier…
Proportions avantageuses
Les percussions offrent différents réglages sonores et des boutons individuels (sélection/solo/coupure/assignation aux effets). Une rangée de 16 interrupteurs lumineux permet de programmer les pas des séquences. On trouve aussi un écran à 4 caractères (diodes 7 segments), des commandes de transport, une touche Tap, des sélecteurs pour les différentes sections d’une séquence, des touches de répétition automatique de pas ou de note, des sélecteurs de division temporelle, une touche de synchro, une section effets et deux potentiomètres de volume (général et casque). Tout cela est fort généreux et joue un grand rôle dans l’ergonomie de la machine, bien meilleure que la TR-909, que ce soit pour le jeu ou la programmation.
Arrière toutes !
Génération hybride
Chaque instrument possède des réglages spécifiques, reprenant tout ce qu’on trouve sur une TR-909 tout en ajoutant trois réglages activés avec le mode étendu (ignorés sinon). Le kick est le plus complet : tune (enveloppe sur le pitch global), volume, attaque, déclin, auxquels ont été ajoutés l’enveloppe de pitch sur l’oscillateur et le pitch de l’oscillateur. On passe à la snare, qui reprend les quatre réglages originels : pitch, volume, filtrage et timbre. Viennent ensuite les trois toms, dont on peut pour chacun régler le pitch, le volume et le déclin. On passe au rimshot et au clap, dont les seuls réglages concernent les volumes respectifs. Vient ensuite le hi-hat, dont on peut régler le volume global et les temps de déclin des modes ouvert et fermé ; s’y ajoute le pitch global en mode étendu, très utile. Enfin, les cymbales crash et ride, dont on peut régler les volumes et les pitchs respectifs.
Globalement, la RD-9 sonne vraiment comme une TR-909, avec une patate remarquable, un kick dévastateur, une snare explosive, un clap tranchant, des cymbales ciselées et une accentuation très sélective. On gagnera à utiliser les sorties séparées où le signal est logiquement plus élevé que sur la sortie principale, surtout pour faire des traitements externes séparés par percussion. La RD-9 permet une grande variété sonore avec ses réglages supplémentaires bien choisis. Dommage qu’on ne puisse les sauvegarder ou transmettre des CC Midi, on reste dans un contrôle analogique direct, comme l’ancêtre. Mais rien de choquant à cela…
![](https://img.audiofanzine.com/images/u/audio/493094.png)
- RD-9_1audio 1 Classic 901:26
- RD-9_1audio 2 District 901:03
- RD-9_1audio 3 Indus Time02:03
- RD-9_1audio 4 Ana Nine01:08
- RD-9_1audio 5 Indiv Perc02:27
- RD-9_1audio 6 Indiv Autorep00:50
Séquenceur boosté
La programmation se fait indifféremment en mode grille ou en temps réel. Le mode grille fonctionne aussi bien séquence arrêtée qu’en marche. Les commandes de transport facilitent ce choix. On sélectionne la percussion à entrer et on allume les pas où on veut qu’elle soit déclenchée. La machine permet de choisir si on veut que les modifications soient tout de suite sauvegardées ou après une procédure de sauvegarde, très appréciable. On peut ajouter de l’accent, globalement par pas ou pour chaque instrument, en appuyant deux fois sur le pas souhaité. En fonction du niveau réglé via le potentiomètre dédié, l’accent agit sur différentes caractéristiques prédéterminées pour chaque percussion (attaque, pitch, volume, release, etc., voire plusieurs paramètres simultanés). On peut aussi entrer les percussions en temps réel avec le pad Trigger (une par une) ou via un contrôleur Midi externe, tel qu’un clavier ou un multi-pad (plusieurs percussions en même temps, la vélocité permettant d’entrer l’accent par percussion à la volée).
Enfin, la RD-9 offre un mode Song permettant de chainer 16 étapes de séquences. Chaque étape contient un numéro de séquence issue de la banque en cours (1 à 16) et un nombre de répétitions (1 à 100). Une fois la première étape terminée, la Song passe à la suivante. On peut décider si elle s’arrête après la dernière étape, reboucle sur la dernière étape ou reboucle sur l’ensemble de la Song, super ! On aurait bien aimé pouvoir utiliser les 256 séquences pour créer une Song (et pas uniquement les 16 de la banque en cours) et disposer de plus de 16 étapes (par exemple 64). Pour contourner cette limite, on peut enchainer plusieurs Songs, qui seront lues une seule fois l’une après l’autre, avec arrêt, bouclage à la dernière séquence ou bouclage intégral (comme pour les séquences d’une Song), sympa. Tout comme les séquences, les Songs peuvent être exportées pendant le jeu et réimportées vers une STAN ou l’appli maison SynthTribe (réglages et édition de séquences), ce qui permet de franchir la limite des 256 séquences et 16 morceaux dans un contexte live, bravo !
Effets analogiques
Conclusion
On trouve aujourd’hui des cinglés qui proposent des TR-909 à plus de 6.000 € et des tarés qui les achètent ! Quand on écoute la RD-9, on redescend un peu sur terre par rapport à cette cote astronomique, avec une machine très fidèle à l’originale permettant de couvrir les mêmes styles musicaux (c’est bien là l’essentiel quand on se questionne entre les deux), bien plus intuitive tant l’ergonomie a été améliorée. On conserve les réglages sonores de la TR-909 auxquels s’ajoutent de nouveaux paramètres bien sentis. Le séquenceur est quant à lui nettement plus performant, avec plus de mémoire, 64 pas, la polymétrie, des outils pour jouer live, des probabilités et autres subtilités très intéressantes.
Sans oublier le filtre analogique avec automation et le générateur d’enveloppe, auxquels on peut assigner n’importe quelle percussion. Dommage qu’il ne traite que les percussions routées au bus global, mais cela aurait considérablement compliqué l’électronique, tout comme rendre le bus global stéréo avec des panoramiques prédéfinis comme sur la TR-909. Quant à la connectique, elle ne dépareille pas du modèle originel par sa générosité (mise à part la sortie globale mono, largement compensée par les sorties individuelles) et va parfois plus loin, avec un Midi solide DIN/USB et plusieurs sorties trigger pour s’interfacer avec le monde modulaire. On sent que la RD-9 a été développée par une équipe compétente dirigée par un spécialiste amoureux de la TR-909. Bref, pour une somme très modique au regard de ce qui est proposé, voilà une excellente BAR que nous conseillons très volontiers à tous les amoureux du son de la TR-909. Award qualité/prix sans hésiter !