Lancée en 2014, la TR-8 revient en version boostée : mémoire décuplée, modulations en temps réel, chaînage de motifs, import de samples. Sarah Connor n’a qu’à bien se tenir…
Depuis la présentation de la TR-8, Roland a poursuivi le développement de sa technologie ACB dans les séries AIRA (synthés, modules, BAR, effets, mixeurs, matériel DJ) et Boutique, qui compte aujourd’hui 11 modèles (dont les TR-08 et TR-09, modélisant leurs aînées à trois chiffres). En parallèle, les utilisateurs de TR-8 ont pu compléter la palette sonore initiale consacrée uniquement aux TR-808 et TR-909 avec l’option 7X7, reprenant les sons de TR-707 et 727. Ceci n’a toutefois pas comblé pas les autres défauts de la TR-8 : mémoire insuffisante non exportable, motifs trop courts, absence de mode Song, paramètres sonores non mémorisables, mouvements des commandes non enregistrés. De même, les modélisations des TR semblaient un peu mieux réussies sur la série Boutique que sur la TR-8. Il était donc temps de faire progresser la machine, d’autant que son grand format, ses larges commandes et sa prise en main aisée lui donnaient un avantage certain sur ses petites sœurs. Avec la TR-8S, Roland compte bien reprendre les choses en main et en profiter pour aller bien au-delà de la simple imitation des BAR qui ont fait sa réputation… la TR ultime ?
Grande surface
La TR-8S est un appareil sérieux au look assagi : façade en alu noir et boitier en plastique rigide, avec un retrait astucieux sous les côtés et l’avant pour saisir l’appareil en toute sécurité. Tout cela pour 2,1 kg et 41 × 26 × 4 cm, dimensions idéales pour l’accès aux nombreuses commandes directes présentes, bien ancrées et offrant une excellente résistance au mouvement : 11 curseurs linéaires, 43 potentiomètres rotatifs, 2 encodeurs, 17 pads lumineux multicolores, 42 poussoirs rétroéclairés et 1 pad dynamique. La sérigraphie blanche sur fond noir apporte une certaine sobriété et on apprécie le recours modéré à la couleur verte dont abusait un peu trop la TR-8. À l’allumage, les pads s’illuminent (couleur en fonction du mode de jeu ou de l’état du pas), tout comme la périphérie des curseurs linéaires (couleur au choix parmi 12 pour chaque curseur, mémorisable dans chaque motif). Les commandes sont logiquement réparties : mode de jeu / programmation à gauche, accent et effets en haut, menus d’édition à droite et pads de programmation en bas. La partie centrale est très largement occupée par les commandes d’édition des instruments, comme une table de mixage à 11 tranches. Chaque tranche est composée d’un curseur de volume et de trois potentiomètres (Tune, Decay et Contrôle assignable).
Roland a également facilité l’accès direct à certaines fonctions bien pratiques : potentiomètre de volume des entrées audio (à côté du potentiomètre de volume global), touches effacement, copie, dernier pas, subdivisions de pas, tempo (touche Tap, encodeur, afficheur dédié 4 diodes 7 segments + point décimal), commandes d’effets, potentiomètre Shuffle, 8 touches de variation de motif, section Fill-in, isolement / coupure de piste, sélection d’une piste (ce qui permet d’éditer un même paramètre du menu pour les différents instruments). C’est d’autant plus important qu’il y a de nombreux paramètres disponibles, y compris dans les menus : cela nécessite donc d’entrer dans un éditeur (motif, kit, instrument, sample, effet maître, fill-in), de sélectionner le paramètre souhaité avec l’encodeur (secondé par la touche Shift pour sauter de page en page) et l’écran (2×16 caractères à LED vertes), de valider le choix avec la touche Enter, de changer la valeur, de revenir au choix du paramètre avec la touche Enter, etc. Sur ce point, on aurait préféré avoir deux encodeurs, l’un pour naviguer, l’autre pour éditer ; c’est le seul point d’ergonomie qui nous a interpelés. Les potentiomètres peuvent fonctionner en modes saut ou seuil, c’est appréciable, car on verra plus tard que leurs mouvements peuvent être enregistrés dans les motifs. Un pad dynamique permet d’enregistrer la vélocité de l’instrument sélectionné, suivant l’accent (128 valeurs) ; on peut certes régler sa sensibilité (légère, moyenne, forte ou fixe), mais nous l’avons trouvé imprécis, dommage.
Le panneau arrière est entièrement occupé par une généreuse connectique : sortie casque, sortie mix gauche / droite et 6 sorties audio individuelles (configurables en 3 paires stéréo ABC), entrée audio gauche / droite (pour traiter un signal via les effets ou le faire pomper). Toute cette connectique audio est au format jack 6,35 mm. Poursuivons par la sortie Trigger (une piste dédiée permet d’y enregistrer des pas pour déclencher un appareil externe compatible), la fente SD Card (pour charger / enregistrer des données, nous y reviendrons), l’interface MIDI (entrée / sortie), la prise USB 2 (MIDI et audio, voir plus bas), l’interrupteur de puissance et la borne pour alimentation externe (bloc à l’extrémité, seule faute de goût dans cet ensemble très pro). C’est donc un quasi sans-faute et une évolution majeure par rapport à la TR-8. Les sorties individuelles peuvent être utilisées en mode normal (sorties séparées, la percussion assignée étant retirée de la sortie Mix stéréo), boost (idem, avec niveau augmenté de plusieurs dB) ou Trigger (la percussion assignée à la sortie séparée envoie un signal Trigger à cette sortie, tout en restant présente à la sortie Mix stéréo, astucieux !) La prise USB 2 permet, une fois le driver installé (Windows 7/8/10 ou Mac OS 10.13/10.14), de véhiculer les signaux MIDI et audionumériques (Mix stéréo, 11 instruments séparés en mono, entrée audio) et 4 en entrée (Mix stéréo, multi ABC stéréo), histoire de pouvoir utiliser sa STAN préférée sans conversion. Bien vu !
Bimoteur sonore
La TR-8 se limitait à 16 kits de 11 instruments, la TR-8S passe à 128 en mémoire interne ! Il existe deux moteurs sonores : ACB, c’est-à-dire des sons modélisés sur les TR historiques et samples (autres sons de TR, percussions traitées, vocalises courtes, basses synthétiques, pêches diverses, nappes …). La machine renferme plus de 400 sons internes, dont environ 20% de type ACB et 80% de samples. Cette liste peut être complétée par des samples utilisateur (cf. paragraphe suivant), traités comme les samples internes. On retrouve la qualité sonore des BAR modélisées, ainsi que les paramètres éditables ; des grosses infrabasses sur les kicks, des caisses claires bien claquantes, des cymbales ciselées, des toms bien ronds, sans oublier les bords de caisse, cloches, claps, congas si caractéristiques. Les sons ACB sont dédiés à modéliser les TR-808, 909, 707, 727, 606 et 626. Difficile de dire si une TR-8S modélise mieux une TR-808 / 909 qu’une TR-08 / 09, c’est pour nous parfaitement réussi, surtout avec une petite compression en sortie via l’effet maître si on veut que ça sèche un peu plus. Les autres sont générés par sampling, y compris des sons de TR post-traités ; certains d’entre eux sont bouclés (nappes, basses).
Voyons maintenant les paramètres de synthèse, qui varient suivant le type de moteur. Les sons ACB reprennent les paramètres éditables des TR d’origine ; c’est par exemple l’attaque du kick, le timbre de la caisse claire ou la couleur des toms. Comme les tranches des instruments en façade sont identiques, elles ne sont pas dédiées à ces paramètres spécifiques, qui nécessitent donc de passer par le menu. Pour tous les instruments, on peut y changer l’accordage, le déclin, le niveau, le gain (-40 à + 40 dB), le panoramique, l’envoi vers la réverbe, l’envoi vers le délai, la destination du LFO (parmi plus de 20 paramètres) et la quantité bipolaire de modulation par le LFO. Pour les samples uniquement, on peut modifier la fréquence (par demi-ton), la vitesse de lecture (bipolaire), la largeur (doublement désaccordé + espacé en stéréo), la réduction de bit, l’attaque de volume, le maintien de volume (suivant une durée fixe ou un nombre de pas), le type de filtre (LP/HP), l’enveloppe de filtre (AD), sa modulation (bipolaire) et la réponse de la vélocité sur le filtre.
Mieux, chaque instrument dispose d’un effet d’insertion indépendant, à choisir parmi 12 types ; différents filtres, différents boosters, isolateur, renforcement de transitoires, compresseurs, distorsions et crusher ; pour chaque effet, de 3 à 10 paramètres sont accessibles, de quoi bien détruire le son d’origine si on le souhaite. Très fort ! Pour chaque instrument, le potentiomètre de contrôle est assignable à un paramètre au choix : panoramique, LFO, effet d’insertion, niveaux d’envoi vers les effets globaux, réglages ACB pour les percussions modélisées, paramètres de synthèse pour les samples. Qu’est-ce qu’on aurait aimé avoir un second potentiomètre de contrôle assignable et un potentiomètre de panoramique dédié par tranche !
Tous les paramètres de synthèse sont mémorisables au sein des kits, ce qui est une amélioration considérable par rapport à la TR-8. C’est au niveau du kit que l’on règle le LFO global : forme d’onde (cinq dont aléatoire), synchronisation au tempo et fréquence. C’est aussi au plan du kit que l’on assigne les instruments aux sorties audio (mix stéréo, une des 6 sorties individuelles ou une des 3 paires de sorties stéréo), que l’on choisit les couples d’instruments qui se coupent deux à deux (comme le HH ouvert / fermé), que l’on paramètre les entrées audio (instrument déclencheur du Sidechain, type de Ducking, gain, départs effets globaux) et que l’on choisit la couleur (parmi 12) du rétroéclairage périphérique de chaque curseur d’instrument. C’est enfin dans les kits que sont mémorisés les réglages d’effets globaux, nous y reviendrons dans un prochain paragraphe.
- TR-8S_1audio 01 Classic_201:21
- TR-8S_1audio 02 Stroke_200:34
- TR-8S_1audio 03 Syncro_201:03
- TR-8S_1audio 04 Future_200:47
- TR-8S_1audio 05 Acidtrance_202:10
- TR-8S_1audio 06 Arpeggio_201:30
- TR-8S_1audio 07 Salvar o Brasil_201:09
- TR-8S_1audio 08 SW Minipops2_200:55
- TR-8S_1audio 09 TR-808–1 dry_200:50
- TR-8S_1audio 10 TR-808–2 dry_200:46
- TR-8S_1audio 11 TR-909 dry_200:53
- TR-8S_1audio 12 TR-707 dry_200:35
- TR-8S_1audio 13 TR-727 dry_200:23
- TR-8S_1audio 14 TR-7X7 dry_200:52
- TR-8S_1audio 15 TR-6X6 dry_200:21
Import / export
La TR-8S est capable d’importer des samples utilisateur, d’où le « S ». Ils peuvent être mono ou stéréo, aux formats WAV (jusqu’à 96 kHz) ou AIFF (44 et 48 kHz), à des résolutions de 8–16–24–32–32F bits. Nous ignorons s’il y a une conversion et/ou une compression interne, mais nous avons vérifié qu’un sample stéréo est bien rejoué comme tel. On peut ensuite créer ses propres kits en mélangeant des samples internes et/ou importés. En plus des kits de TR, à nous les Linndrum, DMX, Drumtraks, Drumulator, DDD, RX, RZ, HR, SR, XR (pour les vieux nostalgiques qui n’ont pas peur de trier tous les sons disponibles sur le Web), une palette sonore inédite (pour les plus créatifs) ou des kits tout faits (pour les autres) ; bref, tout ce qu’on voudra bien y coller, à concurrence de la capacité mémoire permanente : 400 samples et 180 secondes maximum au total pour des samples mono à 44 kHz, ce qui n’est pas extraordinaire, mais somme toute assez logique vu l’orientation percussions de la machine.
Pour importer des samples, il suffit de formater une carte SD/SDHC à partir de la TR-8S, de la connecter à son PC pour y coller les samples, puis de la reconnecter à la TR-8S. Si on place les samples dans le répertoire du Sample, ils sont importés un par un ; pour importer plusieurs samples à la volée, il suffit de créer des sous-répertoires avec le PC et de choisir l’option Folder au lieu de File, les samples du sous-répertoire complet seront importés, bien vu ! La carte SD peut aussi être utilisée pour importer / exporter des motifs et des kits. Le site Aira comprend d’ailleurs différents kits et patterns supplémentaires prêts à l’emploi gratuits. Les motifs peuvent être sauvegardés et rappelés seuls ou avec leur kit, bien vu là aussi. Tout cela permet de gérer la mémoire interne (hormis les samples) en se passant d’un PC.
Effets spéciaux
Les effets globaux se règlent au sein des kits. Au menu, une réverbe, un délai et un effet maître. Ils sont placés sur le mix stéréo global (donc ne sont pas envoyés sur les sorties séparées, fort logiquement). Chaque instrument peut être routé vers la réverbe et le délai, avec dosages indépendants, similaire à deux départs auxiliaires sur une console de mixage. Il en est de même pour le kit tout entier et les entrées audio, chouette ! L’effet maître agit pour tout le monde, en sortie. Commençons par détailler la réverbe : elle dispose d’un potentiomètre de niveau ; via les menus, on peut choisir le type (ambiance, pièce, hall 1, hall 2, plaque, modulation), le temps, le niveau, le pré-délai, la coupure des graves, la coupure des aigus et la densité. Niveau qualité, c’est beaucoup mieux que sur la TR-8, rien à voir ici, c’est propre, clair, bien maîtrisé et utile en toute circonstance.
Passons au délai : il dispose de potentiomètres de niveau, temps et feedback ; les menus permettent de régler le type (mono, ping-pong, écho à bande), la synchro au tempo, le niveau, le temps (absolu ou relatif au tempo) et le feedback ; suivant le type de délai, on peut aussi égaliser le signal traité, régler les temps de ping-pong ou ajuster les paramètres de la bande modélisée (égalisation, panoramique des trois têtes de lecture, saturation de la bande, fluctuation de la vitesse…) ; du beau boulot ! Parlons maintenant de l’effet maître. Il s’agit d’un multieffets embarquant des traitements de type mastering : filtres, boosters de fréquences, compresseurs, distorsion, fuzz, basse-fidélité, flanger, phaser, bruit ; les paramètres éditables diffèrent suivant le type d’effet choisi ; il y en a entre 3 et 10 ; pour certains effets impliquant une résonance, un limiteur débrayable permet d’éviter les saturations excessives ; un puissant multieffets qui n’a rien d’un gadget ! Dans chaque motif, le dosage des effets est modulable dans chaque pas ; mieux, certains paramètres d’effets sont également modulables ; il suffit pour cela de les assigner au potentiomètre Contrôle. Encore un point de nette amélioration par rapport à la TR-8 !
Quelques mots maintenant sur l’effet Scatter. Il agit avant l’effet maître, sur le mix stéréo, en mélangeant l’ordre et le sens de lecture de portions du motif, suivant 10 algorithmes. Un peu comme si on découpait en tranches une boucle audio pour la recomposer. L’effet peut être plus ou moins prononcé et inattendu, prenant tour à tour la forme de bouclage de phrase, d’inversion de lecture ou de grains synthétiques, avec des résultats souvent surprenants. Terminons par la fonction Sidechain de l’entrée audio ; il s’agit de créer un effet Ducking appliqué sur le signal d’entrée, une sorte de pompage du volume en fonction du motif joué. Pour cela, on définit quelle piste parmi les 11 instruments ou la piste Trigger Out impose le pompage et la quantité d’effet souhaité. À essayer !
Motifs valables
La TR-8S est capable de mémoriser 128 motifs de 16 pas maximum. Un motif stocke le numéro de kit (qui peut être bloqué lors d’enchainements de motifs), le tempo (qui peut être forcé en global), l’échelle de temps (1/8T, 1/16T, 1/16, 1/32), le Shuffle (qui peut aussi être forcé en global), la division du fla, le Scatter et bien entendu les séquences des pistes d’instruments, de Trigger Out et d’accentuation (128 valeurs par pas). On pourrait penser que 16 pas c’est insuffisant : c’est pour cela qu’un motif comprend 8 variations (ABCDEFGH, chainables entre deux lettres) et 2 fill-in. Chaque variation de motif peut avoir sa propre longueur, tout comme chaque piste. En lecture, on dispose de certaines fonctions orientées performance live, outre les commandes de mixage, d’effet et d’accentuation : isolement / coupure d’une piste (Mute / Shift + Mute), décalage fin de tous les pas (Nudge), lancement d’une variation, lancement d’un fill-in (immédiat ou en enchainement, à la main ou automatiquement toutes les 2–4–8–12–16–32 mesures), changement de kit sans interruption du motif… Pour chainer plusieurs variations au sein d’un même motif, il suffit de maintenir les lettres extrêmes entre lesquelles la lecture doit s’effectuer ; tout cela est modifiable en live. En revanche, il n’existe pas de véritable mode Song pour enchainer les motifs avec des répétitions à chaque pas, c’est vraiment dommage !
Allez, passons à la programmation des variations ou fill-in. On a le choix entre le mode pas à pas (grille) ou temps réel. En pas à pas, on choisit une piste (instrument, Trigger Out, accentuation) et on allume les pas où l’on souhaite qu’un évènement soit entré. Cela peut se faire séquence tournante ou arrêtée. Pour entrer des subdivisions de pas (répétitions automatiques de l’instrument), on appuie sur le bouton Sub, on entre la subdivision souhaitée (1/2, 1/3 ou 1/4) et on allume les pas à subdiviser ; idem pour entrer un fla. Pour entrer un accent, on appuie sur la touche Step de la section Accent, puis tout en maintenant le pas à accentuer, on règle la quantité d’accent (128 valeurs). Inversement, on peut rapidement entrer des pas peu accentués (Weak Beats) en appuyant sur la touche Shift et le pas considéré. Tout cela permet de créer rapidement des rythmes très expressifs, mais ça n’est que le début ! Pour ceux qui préfèrent le temps réel, Roland a tout prévu : en mode d’enregistrement d’instrument, on entre les instruments avec les 11 premiers pads lumineux de la rangée inférieure. On peut aussi utiliser le pad dynamique de droite après avoir sélectionné l’instrument avec les petits boutons en bas des tranches de mixage. Suivant la vélocité, les pads lumineux ont une intensité variable. En temps réel, on peut enregistrer des fla ou des roulements automatiques suivant deux subdivisions. La touche Clear permet d’effacer certains pas à la volée.
Mais ce n’est pas tout ! À l’instar des BAR Elektron, la TR-8S se voit dotée de la possibilité d’enregistrer le mouvement des potentiomètres en façade. Cela concerne les potentiomètres de chaque instrument, les réglages directs d’effets et l’accentuation. On voit tout de suite l’intérêt de disposer d’une surface de contrôle aussi généreuse. Rappelons que pour les tranches d’instruments, les trois potentiomètres sont l’accordage, le déclin et un contrôleur assignable à l’un des paramètres de synthèse décrit précédemment (commun ou fonction du moteur de synthèse ACB / sample). Les mouvements des curseurs linéaires (volume) ne sont pas enregistrables, on aimerait une option qui permette de prendre la main sur les réglages physiques. On regrette aussi de ne pas avoir un panoramique indépendant et/ou une seconde ligne de potentiomètres assignables, même via le menu. Spécificité bien pratique, on peut enregistrer des variations pendant que d’autres tournent. Il y a donc trois états différents pour une variation, repérés par la couleur des boutons de sélection : vert en lecture ; rouge en enregistrement + lecture, orange en enregistrement seul ; il y a même un clignotement pour différencier quand la variation est « en cours de lecture / enregistrement » ou « prête pour lecture / enregistrement ». Merci falkenmaze pour avoir pointé cette spécificité très utile ! Ultime fonction, qui plaira aux moins inspirés ou à ceux qui préfèrent le sort à la créativité, le générateur aléatoire de motifs.
Conclusion
La TR-8S représente un aboutissement dans la série TR lancée il y a plusieurs décennies. Elle conserve l’esprit BAR facile d’accès, avec ses modes de programmation par grille ou en temps réel, ses motifs 16 pas, ses fill-in et ses réglages directs des percussions. Combinant la modélisation de TR vintage et la lecture d’échantillons, elle corrige la plupart des défauts de la TR-8 : édition complète et mémorisation des sons, import de samples utilisateur, mémoire considérablement boostée pour les kits et les motifs, section effets digne de ce nom, enregistrement du mouvement des commandes, variations de motifs chainables, sorties séparées entièrement configurables, sauvegardes externes… tout en gardant ses qualités : modélisation sonore, commandes généreuses et espacées, workflow impeccable, interface audionumérique multipiste. On lui reprochera une mémoire de samples un peu juste, l’absence de véritable mode Song, l’unique contrôle assignable par piste d’instrument et la qualité du pad dynamique. Tout cela est acceptable au regard du prix. La TR-8S éclipse littéralement la TR-8 et trouvera sa place tant en studio que sur scène, pour ceux qui recherchent à la fois le son, le contrôle et le plaisir, sans avoir à braquer la banque du coin. Allez hop, Award Qualité / Prix 2018 !
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