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Award Valeur sûre 2024
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Trois ans après la sortie du PolyBrute, Arturia présente le grand frère de son synthé analogique star. Avec 12 voix de polyphonie et un clavier Full Touch d’un nouveau genre, le monstre semble promis à un bel avenir…

Artu­ria avait fêté ses vingt ans en sortant son premier synthé analo­gique poly­pho­nique, le Poly­Brute. Dotée de VCO variables, de deux VCF routables, d’une matrice physique très visuelle, d’une fonc­tion morphing géniale et d’une section effets de grande qualité, la machine nous avait immé­dia­te­ment tapé dans l’oreille. Mais quelques éléments étaient venus enta­cher notre plai­sir, en parti­cu­lier la poly­pho­nie limi­tée et le clavier très moyen. Qu’à cela ne tienne, les ingé­nieurs d’Ar­tu­ria ont repris leur ouvrage et au Super­booth 2024, la marque a présenté le nouveau fleu­ron de la gamme : le Poly­Brute-12. On l’aura compris immé­dia­te­ment, la poly­pho­nie a doublé, répon­dant au grief numéro un. Une fois le premier programme joué, on découvre que le clavier a fait un bond quali­ta­tif et tech­no­lo­gique, puisqu’il est non seule­ment de bonne facture, mais surtout équipé du Full Touch MPE, une inno­va­tion permet­tant un contrôle continu de la course initiale puis de la pres­sion, indé­pen­dam­ment pour chaque touche. Second grief plus qu’adressé. Tien­drait-on le synthé analo­gique poly­pho­nique ultime ?

Ergo­no­mie impec­cable

PolyBrute-12 2tof 06 Trois quart droiteLe Poly­Brute-12 respire la qualité de part en part. Pour commen­cer, l’em­bal­lage est soigné, avec carton double, cornières renfor­cées dans les angles, pains de mousse multiples, de quoi préser­ver ce magni­fique objet de mauvais trai­te­ments dans les trans­ports ; tout est prévu pour que le synthé arrive dans un état impec­cable. Sortir le masto­donte du carton n’est pas une mince affaire, avec ses 97×44×16 cm pour 23 kg. La prise de poids et de volume s’ex­plique par l’ajout de 6 cartes voix empi­lées sur les 6 premières, ainsi que d’une protu­bé­rance à l’ar­rière formée par les évents (5 grilles sur le dessus, 5 en sur le dessous), permet­tant d’évi­ter l’usage de venti­la­teurs pour refroi­dir l’antre de la bête. La couleur crème surprend, rappe­lant les échan­tillon­neurs Akai des 80’s et 90’s. Elle est élégante et se marie très bien avec les flancs et la traverse en bois.
Le panneau est hori­zon­tal et fixe, on aurait aimé un peu plus d’angle, mais cela aurait encore épaissi la brute. La machine est couverte de commandes : 53 poten­tio­mètres bien ancrés, 3 enco­deurs (2 gros de couleur alu et un petit blanc de tempo), 15 curseurs linéaires fluides, 40 boutons pous­soirs rigides et 112 boutons pous­soirs rétroé­clai­rés caou­tchou­teux. Les commandes sont logique­ment arran­gées par module et faciles à repé­rer. Par rapport au Poly­Brute, un inter­rup­teur a été ajouté : celui qui pilote les modes de clavier (voir enca­dré). L’er­go­no­mie est vrai­ment bien pensée, avec assi­gna­tions directes des 32 desti­na­tions dans la matrice, éditions locales (en main­te­nant la touche Settings et en mani­pu­lant certaines commandes, on ouvre un menu de para­mètres supplé­men­taires) et accès à tous les para­mètres globaux via un menu Système complet. On a une logique un bouton / une fonc­tion, trois modes de réponse pour les poten­tio­mètres (saut/seuil/rela­tif) et une matrice physique multi­co­lore 12×8 cases, permet­tant de choi­sir les programmes, connec­ter sources et desti­na­tions ou program­mer le séquen­ceur.
PolyBrute-12 2tof 34 GrillesLes fonc­tions Panneau, Compa­rai­son, Initia­li­sa­tion, créa­tion aléa­toire de sons sont présentes, mais elles sont parfois perdues dans les menus ou acces­sibles par combi­nai­sons de touches (on aurait préféré des touches dédiées). Une fonc­tion permet de prendre 5 instan­ta­nés des réglages au sein d’un programme pour rappel ulté­rieur. Toujours présente, la géniale fonc­tion Morphing permet de passer progres­si­ve­ment entre deux ensembles de réglages en façade (presque tous !) avec un poten­tio­mètre dédié, le contrô­leur Morphée ou un CC Midi. C’est idéal pour créer des ambiances évolu­tives impres­sion­nantes ou au contraire des tran­si­tions très subtiles. Cela concerne aussi bien les commandes conti­nues que les valeurs discrètes, telles que le routage des VCO vers les VCF ou les formes d’ondes des LFO. Lorsqu’on utilise l’ap­pli Poly­Brute Connect four­nie (stan­da­lone ou VST), on voit toutes les commandes concer­nées bouger en temps réel. Enfin, la valeur des para­mètres en cours d’édi­tion est affi­chée, sous forme graphique et/ou numé­rique, bravo !

Construc­tion luxueuse

PolyBrute-12 2tof 05 GaucheLa qualité de construc­tion est impec­cable : coque métal­lique, flancs bois, partie en Tolex et connec­tique vissée. Les molettes alu sont très agréables à mani­pu­ler. Elles sont placées en haut du panneau, leur posi­tion tradi­tion­nelle étant occu­pée par le Morphée, un contrô­leur 3D en bois maison déjà présent sur le Poly­Brute. Le plan hori­zon­tal contrôle deux axes par effleu­re­ment (X-Y) et l’axe (Z) s’ob­tient en enfonçant l’en­semble du bloc à la verti­cale, avec une course idéale et un ressort de rappel à résis­tance parfaite. L’écran graphique OLED reprend les mouve­ments du contrô­leur en temps réel, c’est beau et utile. Les trois axes sont assi­gnables au morphing ou à n’im­porte quelles sources via la matrice de modu­la­tion. En pratique, les molettes se retrouvent un peu loin et il arrive d’ef­fleu­rer le Morphée sans le vouloir. Person­nel­le­ment nous aurions inversé leurs posi­tions respec­tives. Autre contrô­leur origi­nal, le long ruban gravé en creux dans la traverse en bois située au-dessus du clavier. Il répond parfai­te­ment sur toute sa longueur, selon diffé­rents modes d’ac­tion - absolu ou rela­tif – avec ou sans recen­trage, nickel !
PolyBrute-12 2tof 26 ArrièreCôté connec­tique, on trouve une prise casque judi­cieu­se­ment placée à l’avant gauche (jack 6,35 avec volume indé­pen­dant en façade), tout le reste étant situé sur le panneau arrière. Les possi­bi­li­tés sont iden­tiques à celles du Poly­Brute : sorties stéréo (jack 6,35 TS) un peu isolées à gauche, suivies de deux jacks d’en­trée/sortie synchro (3,5 mm), trois prises pour pédales (main­tien + deux conti­nues assi­gnables), un inter­rup­teur de protec­tion mémoire, un trio Midi DIN, une prise USB-B et une fiche IEC pour cordon secteur (alimen­ta­tion interne à détec­tion auto­ma­tique, 145W, rien que ça !). On regrette l’ab­sence de prises CV/Gate et d’en­trée audio. L’USB trans­met le Midi, les programmes et le micro­lo­gi­ciel. Les commandes conti­nues émettent des CC Midi ou NRPN via USB lorsque le synthé est connecté à l’ap­pli Poly­Brute Connect, de même pour le Morphée et le ruban.

 

Expres­si­vité sonore

PolyBrute-12 2tof 17 MorphéeDès l’al­lu­mage, nous sommes vite conquis par l’ex­pres­si­vité du Poly­Brute-12, alliée à la qualité audio et l’ab­sence notable de souffle, malgré des niveaux de sortie élevés. En interne, certains compo­sants présents sur le premier Poly­Brute ont été rempla­cés par des équi­va­lents moins éner­gi­vores et l’étage de somma­tion a été revu pour encais­ser les 12 voix avec le même rapport signal/bruit. Les chan­ge­ments de programmes se font sans bruit indé­si­rable et les commu­ta­tions sont rela­ti­ve­ment rapides (sans être immé­diates). Le synthé compte 768 programmes réins­crip­tibles, dont 480 conte­nant des sons d’usine et quelques gaba­rits par thème. Ils démontrent parfai­te­ment les possi­bi­li­tés sonores du synthé en tirant parti des fonc­tion­na­li­tés éten­dues du nouveau clavier. Il est d’ailleurs amusant de bascu­ler en mode Full Touch certains programmes non prévus pour cela : ça ouvre le champ des possibles et on n’a pas l’im­pres­sion de jouer sur le même instru­ment.
PolyBrute-12 2tof 22 ArturiaLes domaines de prédi­lec­tion du Poly­Brute-12 sont les larges pads évolu­tifs, les cordes géné­reuses, les cuivres expres­sifs, les basses pesantes, les leads tran­chants, les percus­sions claquantes et les effets spéciaux déjan­tés. Nous appré­cions la grande poly­va­lence et le bon équi­libre sonore global de la machine. Le son est davan­tage moderne que vintage, les modu­la­tions avan­cées permettent de sortie de l’ana­lo­gique sous­trac­tif clas­sique, certains s’ap­pa­ren­tant à des tables d’ondes ou à la synthèse vecto­rielle (fonc­tion Morphing). Autre gros point fort qui saute aux oreilles, la qualité des effets, qui impres­sionne immé­dia­te­ment, notam­ment les très belles réverbes à queue bien maitri­sée.

Poly­Brute-12_1audio 01 Morphing Pad2
00:0001:08
  • Poly­Brute-12_1audio 01 Morphing Pad201:08
  • Poly­Brute-12_1audio 02 Happy Delay200:49
  • Poly­Brute-12_1audio 03 Huge Poly­syn­th201:20
  • Poly­Brute-12_1audio 04 Sextet Touch200:24
  • Poly­Brute-12_1audio 05 PPG Bass200:32
  • Poly­Brute-12_1audio 06 Wurly 2 Clavi200:52
  • Poly­Brute-12_1audio 07 Deep Space200:41
  • Poly­Brute-12_1audio 08 Q Factor202:08
  • Poly­Brute-12_1audio 09 Hard&soft Sync200:45
  • Poly­Brute-12_1audio 10 Touchy Sequen­cer201:51

VCO variables

PolyBrute-12 2tof 09 VCO VCFAu-delà de la poly­pho­nie double et du génial clavier, le reste des fonc­tions et commandes du Poly­Brute-12 est simi­laire au Poly­Brute d’ori­gine. La suite de ce test va de ce fait un peu s’ap­pa­ren­ter à une redite. Chacune des 12 voix analo­giques du Poly­Brute-12 est consti­tuée de 2 VCO, un Sub-VCO, un bruit, 2 VCF et un VCA stéréo. Les VCO sont linéaires, ce qui les rend peu sensibles aux varia­tions de tempé­ra­ture. Par contre, ils ont une tessi­ture plus limi­tée, d’en­vi­ron 18 à 4.600 Hz, soit 8 octaves, ce qui limite le très haut du spectre. Cela pourra gêner les affi­cio­na­dos des modu­la­tions audio, type synchro ou FM. Leurs éven­tuelles petites dérives sont compen­sées par le CPU relié à une sonde de tempé­ra­ture. Tout cela fonc­tionne très bien. Les formes d’onde ne se cumulent pas mais se mélangent : on commence par mixer une dent de scie avec un triangle. La balance est alors mélan­gée à une impul­sion. Ces deux dosages sont modu­lables via la matrice, ce qui donne une multi­tude de possi­bi­li­tés. On peut régler et modu­ler la largeur d’im­pul­sion de chaque VCO (de carré jusqu’à l’ex­tinc­tion). Sur le VCO1, on dispose en plus d’un réglage Meta­li­zer, qui replie le sommet de l’onde triangle ou de l’onde globale (au choix dans le menu), ce qui la rend de plus en plus métal­lique. Sur le VCO2, on trouve un subos­cil­la­teur sinus à l’oc­tave infé­rieure, dont la balance est dosable avec l’onde prin­ci­pale. Cette section est vrai­ment souple pour un synthé poly­pho­nique, on regrette toute­fois l’ab­sence de Super­saw.
PolyBrute-12 2tof 13 VC0-VCFNiveau accor­dage, en plus de la sélec­tion globale d’oc­tave avec les inter­rup­teurs sous les molettes (-2 à +2), les VCO peuvent être réglés suivant diffé­rentes échelles : plus ou moins 1 ou 7 demi-tons en continu, 12 ou 24 demi-tons en chro­ma­tique, de –2 à +1 octaves. Il existe égale­ment 8 tempé­ra­ments : continu, chro­ma­tique, majeur, mineur, Phry­gien, 9ème majeure, 9ème mineure, octaves & quintes. Le VCO2 peut suivre les modu­la­tions de pitch du VCO1 ou être accordé en continu, en chro­ma­tique, en octaves et quintes. On trouve aussi 8 réglages de simu­la­tion de dérive de fréquence, pour ce petit côté vintage parfois tant prisé. Le VCO2 peut synchro­ni­ser le VCO1, mais plutôt que se conten­ter d’un simple marche/arrêt, le niveau de synchro­ni­sa­tion est continu. Cela permet de passer progres­si­ve­ment d’une synchro douce (harmo­niques « accro­chées » petit à petit) à une synchro dure (le cycle du VCO1 est forcé à la fréquence du VCO2). Ce réglage est une desti­na­tion de la matrice de modu­la­tion et du morphing, top ! De la même manière, le VCO2 peut modu­ler la fréquence du VCO1 (FM expo­nen­tielle), pour encore plus de possi­bi­li­tés. A ces deux VCO s’ajoute un géné­ra­teur de bruit à couleur conti­nuel­le­ment variable entre rouge (sombre) et blanc (brillant).

VCF arran­gés

PolyBrute-12 2tof 18 VCO VCFChacune des trois sources sonores (VCO1, VCO2, bruit) est dosée et routée vers l’un des deux VCF ou les deux à la fois. Avec le Morphing, on peut même doser progres­si­ve­ment le routage de chaque source vers chaque filtre, parfait ! Mieux, les deux filtres peuvent passer en douceur du mode série (VCF1->VCF2) vers le mode paral­lèle. En plus, ce réglage est modu­lable ! Cela en dit long sur la poly­va­lence sonore du synthé. Le VCF1 est un filtre Stei­ner-Parker réso­nant 2 pôles à variables d’état. Il peut passer en continu entre les modes passe-bas / réjec­tion / passe-haut / passe-bande. La réponse du poten­tio­mètre de fréquence de coupure est impec­cable. La réso­nance peut pous­ser le filtre en auto-oscil­la­tion, sans baisse de niveau, géné­rant des sons piquants et teigneux ; ce n’est pas un filtre Oberheim ! Le VCF s’ouvre bien à fond, mais on entend un résidu de VCO quand on coupe tout. Le Brute Factor apporte de l’agres­si­vité sur les réglages extrêmes mais reste déli­cat à doser. Le VCF2 est un filtre en échelle de tran­sis­tors, fonc­tion­nant unique­ment en mode 4 pôles. Là encore, la réponse du poten­tio­mètre de fréquence de coupure est tout à fait lisse. La réso­nance pousse le filtre en auto-oscil­la­tion et on appré­cie la compen­sa­tion de gain pour pallier la perte de niveau des basses fréquences propre à ce type de filtre. On trouve un réglage de distor­sion en sortie du VCF2, à savoir une satu­ra­tion asymé­trique douce et agréable, qui fonc­tionne bien avec ce filtre tout en rondeur.
PolyBrute-12 2tof 30 PB12Les fréquences de coupure des deux VCF peuvent être modi­fiées simul­ta­né­ment via un gros enco­deur (déca­lage rela­tif). Le suivi de clavier est partagé (poten­tio­mètre unique). Chaque filtre est doté d’un poten­tio­mètre de modu­la­tion bipo­laire par l’en­ve­loppe de VCF, un poten­tio­mètre de niveau de sortie et un réglage de pano­ra­mique modu­lable (accès par le menu). Ceux qui aiment la modu­la­tion de fréquence audio appré­cie­ront la possi­bi­lité de modu­ler le VCF1 par le VCO2 et le VCF2 par le géné­ra­teur de bruit.
En bout de chaine analo­gique, on trouve un VCA dont on peut régler diffé­rents modes de disper­sion stéréo : par voix (chaque voix est disper­sée dans le champ stéréo), par voix + filtre (suivant le réglage de mixage série / paral­lèle des filtres, on passe du réglage par voix à un réglage où le VCF1 est placé à droite du champ stéréo et le VCF2 à gauche). La distri­bu­tion des voix peut être centrée (alter­nance gauche/droite variable) ou graduelle (passage de gauche à droite). Vrai­ment très bien conçu et spec­ta­cu­laire. Nous avions parlé de la simu­la­tion de dérive des VCO, il en est de même pour d’autres para­mètres vitaux : largeur d’im­pul­sion des VCO, fréquence de coupure et réso­nance des VCF, temps des enve­loppes, Sustain des enve­loppes et vitesse des LFO.

Effets superbes

PolyBrute-12 2tof 12 FX SeqencerEn sortie de VCA, le signal attaque une triple section effets musclée qui en compte quatre, un peu comme chez les Trois Mousque­taires : modu­la­tion avec EQ, délai et réverbe. L’ef­fet de modu­la­tion est placé en série, les deux suivants sont en série ou en paral­lèle. Les effets peuvent être coupés par un simple inter­rup­teur, pour un signal analo­gique pur. Il existe plusieurs types d’ef­fets de modu­la­tion : chorus, phaser, flan­ger, distor­sion, modu­la­tion en anneau, réduc­teur de bit, réduc­teur de fréquence, tri-chorus stéréo façon String Machine. La partie EQ comprend 8 présé­lec­tions, histoire d’ajus­ter le timbre. Pour l’ef­fet de modu­la­tion, on ne peut régler que l’in­ten­sité.
PolyBrute-12 2tof 16 FX SequencerLe deuxième effet est un délai stéréo, synchro­ni­sable à l’hor­loge. Les types dispo­nibles sont : BBD simulé, ping­pong, délai stéréo, délai long, BBD ping­pong, Karplus, délai stéréo avec élar­gis­se­ment, délai paral­lèle et BBD avec élar­gis­se­ment. On peut en régler la régé­né­ra­tion, la divi­sion tempo­relle et l’at­té­nua­tion de certaines fréquences (8 types). Enfin, la réverbe vient clôtu­rer le bal. Elle offre plusieurs algo­rithmes très diffé­rents : hall, plaque, plaque brillante, pièce, scin­tille­ment, ressort et plaque avec retard. On peut en régler le niveau, le temps et le filtrage de certaines fréquences. Globa­le­ment, il y a peu de para­mètres dans cette section effets, mais l’es­sen­tiel est là. La qualité sonore est vrai­ment excel­lente, en parti­cu­lier les réverbes abso­lu­ment magni­fiques.

Modu­la­tions clas­siques

PolyBrute-12 2tof 10 Env LFOLe Poly­Brute possède un porta­mento poly­pho­nique, à vitesse ou temps constant (avec possi­bi­lité de synchro­ni­sa­tion à l’hor­loge), variant de 0 à 10 secondes, capable de fonc­tion­ner en mode continu ou chro­ma­tique. Viennent ensuite 3 LFO, oscil­lant de 0,02 à 100Hz, donc jusque dans l’au­dio. Les deux premiers sont assez simi­laires. Ils offrent 7 formes d’ondes (les clas­siques, S&H, aléa­toire), peuvent être synchro­ni­sés à l’hor­loge suivant diffé­rentes divi­sions tempo­relles et fonc­tionnent selon plusieurs types de déclen­che­ment (mono, poly­pho­nique libre, poly­pho­nique redé­clen­ché). Le LFO1 possède un réglage de phase alors que le LFO2 a un fondu d’en­trée. Le LFO3 est un peu diffé­rent : plutôt que choi­sir une forme d’onde, on para­mètre une courbe en continu (de creu­sée à bombée) et une symé­trie (torsion de gauche à droite). Les réglages de vitesse / synchro et redé­clen­che­ment sont semblables à ceux des autres LFO. On trouve aussi un réglage direct de modu­la­tion de l’in­ten­sité du LFO3 par le LFO1. Enfin, les 3 LFO peuvent modu­ler de manière unipo­laire ou bipo­laire. Voilà qui est complet et origi­nal.
PolyBrute-12 2tof 14 Env LFOPassons aux trois enve­loppes : VCF, VCA et modu­la­tion. Elles sont de type ADSR, avec des temps variant de 2 ms à 18 s. Sur les enve­loppes de VCF et VCA, la vélo­cité peut être assi­gnée à la quan­tité de modu­la­tion, aux temps ou aux deux, via le menu. L’en­ve­loppe de modu­la­tion possède quant à elle un délai jusqu’à 18 s. Via le menu, on accède aux réglages de bouclage des enve­loppes (2 fois, 3 fois ou infini) et de vitesse des segments AD (normale, percus­sive). Pour complé­ter le tableau, on peut mémo­ri­ser une séquence d’au­to­ma­tion simple dans chaque programme, c’est-dire le mouve­ment d’un réglage en façade ou contrô­leur qui sera déclen­ché dès qu’on joue une note. L’en­re­gis­tre­ment se fait en temps réel, de manière rela­tive, mais il n’est pas possible d’édi­ter quoi que ce soit après coup. La lecture peut se faire en coup unique ou en boucle tant que la première note jouée (seule ou en accord) est main­te­nue, de 1/8 à 8 fois la vitesse d’en­re­gis­tre­ment. Sympa !

Modu­la­tions matri­cielles

PolyBrute-12 2tof 11 MatriceLe Poly­Brute-12 offre une matrice de modu­la­tion tota­li­sant 12 lignes de sources x 32 colonnes de desti­na­tions, à concur­rence de 64 points de connexion par programme. Elle est physique­ment repré­sen­tée par un pavé de 12 × 8 boutons rétroé­clai­rés multi­co­lores permet­tant de relier rapi­de­ment les sources et les desti­na­tions, avec contrôle visuel instan­tané, par paquet de 8 desti­na­tions assi­gnables. Les 12 lignes de sources sont fixes : enve­loppe de VCF, enve­loppe de modu­la­tion, numéro de voix, LFO1, LFO2, LFO3, numéro de note / séquen­ceur, vélo­cité, pres­sion, molette + Morphée X, ruban + Morphée Y, pédale d’ex­pres­sion n°2 + Morphée Z. Il n’y a donc aucune source audio dans la liste, tout est numé­rique à des fréquences clas­siques, en-dessous du domaine audio.
PolyBrute-12 2tof 15 MatriceL’as­si­gna­tion d’une desti­na­tion à l’un des 32 empla­ce­ments dispo­nibles en colonne s’ef­fec­tue en main­te­nant le bouton rond rela­tif à la colonne choi­sie tout en bougeant le para­mètre à assi­gner en façade. Si le para­mètre n’est acces­sible que par les menus, on passe par l’en­co­deur de modu­la­tion, mais ça va vite. Parmi les desti­na­tions, citons tous les para­mètres de synthèse et d’ef­fets, mais aussi la vitesse de la séquence de mouve­ment ou la largeur stéréo. Une fois la matrice prête, le routage se fait en allu­mant les boutons lumi­neux aux inter­sec­tions source/modu­la­tion souhai­tées, à concur­rence des 64 cordons virtuels mention­nés précé­dem­ment. Le gros enco­deur « Amount » permet de doser la quan­tité de modu­la­tion bipo­laire. La valeur est indiquée par l’af­fi­cheur 3 diodes / 7 segments. On peut même modu­ler un cordon de modu­la­tion par une source (genre la molette pilote la quan­tité de modu­la­tion du pitch par le LFO2). L’er­go­no­mie est vrai­ment super intui­tive et sans égale sur le marché.

Arpé­gia­teur…

PolyBrute-12 2tof 21 FX SequencerLe Poly­Brute est équipé d’un séquen­ceur et d’un arpé­gia­teur. Ils s’uti­lisent avec la même zone de commandes que la matrice de modu­la­tion, ainsi qu’un pavé situé en partie droite de la façade, compre­nant des para­mètres spéci­fiques et des commandes de trans­port. Les réglages de séquences et d’ar­pèges sont sauve­gar­dés dans chaque programme. Il y a trois modes de fonc­tion­ne­ment : séquen­ceur, arpé­gia­teur clas­sique et arpé­gia­teur matri­ciel. Certains réglages sont communs à tous les modes : touche de main­tien, métro­nome, divi­sion tempo­relle, swing, tempo (avec touche Tap) et Gate.
L’ar­pé­gia­teur clas­sique peut scan­ner jusqu’à 32 notes, repré­sen­tées par la zone de matrice (notes program­mées en rouge, note en cours en pourpre). En mode Hold, les nouvelles notes jouées sont ajou­tées au motif en cours tant qu’une note est main­te­nue. La vélo­cité est repro­duite telle que jouée, ce qui permet une bonne expres­si­vité. Il existe 7 types de motifs : haut, bas, pendu­laire, alterné (avec répé­ti­tion des notes extrêmes), ordre joué, aléa­toire et motif. Les arpèges peuvent être trans­po­sés de 1 à 4 octaves. A tout instant, on peut copier un motif d’ar­pège vers le séquen­ceur.

…et séquen­ceur

PolyBrute-12 2tof 29 ArturiaLe séquen­ceur comprend 64 pas poly­pho­niques de 12 voix, inté­grant la vélo­cité jouée, l’ac­cen­tua­tion, le glis­se­ment et trois pistes de modu­la­tions. La lecture peut être déclen­chée par la touche Play ou l’ap­pui sur une note, suivant quatre direc­tions : avant, pendu­laire, aléa­toire et proba­bi­li­sée (après la lecture d’un pas, il y a 50% de chances de passer au pas suivant, 25% de lire à nouveau le pas en cours et 25% de reve­nir au pas précé­dent). La trans­po­si­tion se fait en temps réel (clavier ou note Midi). Chaque groupe de trois lignes de la matrice repré­sente un glis­se­ment, un accent et des notes. Les LED corres­pon­dantes sont allu­mées en rouge. On peut faci­le­ment acti­ver/désac­ti­ver ces trois pistes pour chaque pas. On peut tout aussi faci­le­ment lier plusieurs notes en main­te­nant les boutons extrêmes corres­pon­dant à la durée souhai­tée pendant au moins une seconde. Cette durée est indé­pen­dante de la longueur des pas. L’en­re­gis­tre­ment se fait en pas à pas (un peu comme l’édi­tion) ou en temps réel. Les notes sont entrées avec leur vélo­cité, leur durée et leurs liai­sons. Les trois pistes de modu­la­tion s’en­re­gistrent un peu comme les notes, à ceci près que la séquence ne boucle pas une fois au dernier pas, ce qui évite d’écra­ser les modu­la­tions tout juste enre­gis­trées. Les modu­la­tions appa­raissent en bleu. L’écran est d’une aide précieuse pour visua­li­ser et modi­fier les valeurs de chaque pas, notes ou modu­la­tions, avec des graphismes très parlants. Bravo !
Enfin, il existe un mode arpé­gia­teur matri­ciel, sorte d’hy­bri­da­tion entre le séquen­ceur et l’ar­pé­gia­teur. On dispose de 16 pas poly­pho­niques 6 voix avec accent, glis­se­ment et trans­po­si­tion sur plus ou moins une octave. En fonc­tion des notes jouées, les notes program­mées dans chaque pas (allu­mées en bleu) sont repro­duites et trans­po­sées en temps réel. Les quatre sens de lecture possibles sont les mêmes que ceux du séquen­ceur. Quel que soit le mode, les notes arpé­gées ou séquen­cées peuvent être trans­mises en Midi, parfait !

Conclu­sion

PolyBrute-12 2tof 33 Arrière hautLe Poly­Brute nous avait beau­coup plu, par sa grande poly­va­lence sonore, sa construc­tion soignée et son ergo­no­mie réus­sie. Nous avions appré­cié ses VCO variables très flexibles, leurs routages souples, les deux VCF très complé­men­taires, les modu­la­tions géné­reuses avec notam­ment une matrice simple à appré­hen­der, le séquen­ceur et l’ar­pé­gia­teur aussi visuels que complets et la section effets de grande qualité. Nous avions égale­ment aimé les commandes directes à foison, que ce soient les molettes, le Morphée 3D, le long ruban incrusté et le Morphing, ouvrant le champ aux sono­ri­tés évolu­tives et expres­sives. Toutes ces quali­tés, le Poly­brute-12 en hérite en tota­lité.
Là où il prend le large, c’est en doublant la poly­pho­nie et en ajou­tant le fabu­leux clavier Full Touch MPE, qui met la pâtée à toute la concur­rence. Il ne faudrait pas se limi­ter à penser que le Poly­Brute-12 n’est qu’un Poly­Brute avec deux fois la poly­pho­nie et un clavier spécial, car c’est juste­ment là qu’il se méta­mor­phose en un autre synthé qui fait toute la diffé­rence. Il reste fina­le­ment peu de reproches à faire à ce magni­fique instru­ment qui touche la perfec­tion : les extrêmes aigus limi­tés des VCO linéaires, l’ab­sence de sources audio dans la matrice de modu­la­tion, l’ab­sence de prises CV/Gate, l’ab­sence d’en­trée audio vers les VCF et le poids qui commence à chif­frer. Voilà un synthé analo­gique poly­pho­nique haut de gamme taillé pour les studios et les scènes les plus élitistes. Nous lui décer­nons l’Award Valeur Sûre.

  • PolyBrute-12 2tof 01 Face
  • PolyBrute-12 2tof 02 Face
  • PolyBrute-12 2tof 03 Trois quart gauche
  • PolyBrute-12 2tof 04 Trois quart gauche
  • PolyBrute-12 2tof 05 Gauche
  • PolyBrute-12 2tof 06 Trois quart droite
  • PolyBrute-12 2tof 07 Trois quart droite
  • PolyBrute-12 2tof 08 Morphée
  • PolyBrute-12 2tof 09 VCO VCF
  • PolyBrute-12 2tof 10 Env LFO
  • PolyBrute-12 2tof 11 Matrice
  • PolyBrute-12 2tof 12 FX Seqencer
  • PolyBrute-12 2tof 13 VC0-VCF
  • PolyBrute-12 2tof 14 Env LFO
  • PolyBrute-12 2tof 15 Matrice
  • PolyBrute-12 2tof 16 FX Sequencer
  • PolyBrute-12 2tof 17 Morphée
  • PolyBrute-12 2tof 18 VCO VCF
  • PolyBrute-12 2tof 19 Env LFO
  • PolyBrute-12 2tof 20 Matrice
  • PolyBrute-12 2tof 21 FX Sequencer
  • PolyBrute-12 2tof 22 Arturia
  • PolyBrute-12 2tof 23 PB12
  • PolyBrute-12 2tof 24 PB12
  • PolyBrute-12 2tof 25 Trois quart arrière
  • PolyBrute-12 2tof 26 Arrière
  • PolyBrute-12 2tof 27 Arrière droite
  • PolyBrute-12 2tof 28 Arrière gauche
  • PolyBrute-12 2tof 29 Arturia
  • PolyBrute-12 2tof 30 PB12
  • PolyBrute-12 2tof 31 Trois quart arrière
  • PolyBrute-12 2tof 32 Trois quart arrière
  • PolyBrute-12 2tof 33 Arrière haut
  • PolyBrute-12 2tof 34 Grilles

 

9/10
Award Valeur sûre 2024
Fabrication (?) : Chine
Points forts
  • Polyphonie de 12 voix et bitimbralité
  • Clavier Full Touch MPE innovant super expressif
  • Souplesse des VCO à ondes continues mélangeables
  • Diversité des modes de filtrage et des routages
  • Fonction morphing idéale pour le temps réel
  • Simulation d’instabilité sur les VCO, VCF, enveloppes et LFO
  • Nombreux contrôleurs physiques dont le Morphée
  • Matrice de modulation facile à appréhender
  • Excellents effets intégrés
  • Séquenceur à mouvements et arpégiateur intuitifs
  • Automation Midi des commandes en façade
  • Accès à tous les paramètres globaux sans logiciel
  • Interface homme/machine très bien pensée
  • Excellente qualité de construction
  • Éditeur PolyBrute Connect standalone/VST fourni
Points faibles
  • Hauteur des VCO linéaires limitée dans les extrêmes aigus
  • Pas de sources de modulation audio dans la matrice
  • Pas de prises CV/Gate
  • Pas d’entrée audio
  • Relativement lourd
Auteur·rice de l’article
eric synthwalker(synthwalker)
Passionné de synthés, concepteur produits et rédacteur presse

J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis avril 1998 sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.


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J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis avril 1998 sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.