Editorial du 18 mai 2013 : commentaires

C'est un grand terrain de nulle part
Avec de belles poignées d'argent
La lunette d'un microscope
Et tous ces petits êtres qui courent

Car chacun vaque à son destin
Petits ou grands
Comme durant les siècles égyptiens
Péniblement

Porter mille fois son poids sur lui
Dans la chaleur et dans le vent
Dans le soleil ou dans la nuit
Voyez-vous ces êtres vivants ?

Quelqu'un a inventé ce jeu
Terrible, cruel, captivant
Les maisons, les lacs, les continents
Comme un lego avec du vent

Impossible de parcourir le site Timelapse sans entendre résonner ces paroles que Gérard Manset avait mis dans la bouche d’Alain Bashung. En combinant ses technologies cartographiques avec les archives photographiques de la Nasa, Google nous offre la possibilité de scruter 28 ans d’évolution de la planète Terre, le spectacle fascinant d’une humanité en sempiternel mouvement dans un monde en perpétuelle évolution : mobilis in mobili. Ce sont des glaciers qui fondent ou des villes qui éclosent, des lacs qui s’assèchent ou des déserts qui verdissent, comme un précipité de ce que nous sommes vu d’un balcon extra-terrestre : terrible, cruel, captivant… Et si l’on voudrait remonter encore avant, on voudrait aussi voir toujours plus près, et entendre le vacarme que ça doit être à certains endroits, et la musique qui doit s’élever de certains autres. Car il y a dans cette multitude qu’on ne parvient pas à distinguer l’émergence du hip-hop et de la musique électronique, le rock énervé de Seattle ou le moonwalk de Michael Jackson, l’invention du sampler et l’essor de la MAO. Trois décennies vues du ciel se soldant hélas par un silence déplacé que, j’en suis sûr, vous aurez à cœur de remplir de musique.

Pour ce faire, vous serez peut-être intéressé par les trouvailles de Red Led et ses hommes cette semaine : le synthé analogique Dominion X / X SED de MFB, la boîte à rythme hard/soft SparkLE d’Arturia et les imposantes enceintes SM9 en provenance de Focal. Ou alors, vous décrocherez juste votre vieille guitare ou vous assiérez devant votre clavier pour écrire la bande-son de ce diapanorama qui mérite sans aucun doute une de ces musiques dont Satie avait le secret, et dont on ne sait jamais si elles transpirent la tristesse ou la béatitude. Comme un lego avec du sang...

Sur ce, bon week et à la semaine prochaine.

Los Teignos
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