Anonyme
Publié le 24/04/09 à 10:14
Un peu d'histoire : à la fin du XIXème siècle, les esclaves noirs fraîchement affranchis du delta du Mississippi vont poser les fondements du blues (contraction de l'expression "blue devils", les diables bleus, en français les idées noires). Les guitares étaient alors des instruments rares et chers que ne pouvaient s'offrir d'anciens esclaves réduits à la misère.
Mais s'ils n'avaient pas d'argent, ils avaient des idées. Ils fabriquèrent donc des instruments et notamment des guitares rudimentaires comme le Diddley Bow (une corde tendue sur une planche de bois) ou plus élaborées comme le modèle qui nous intéresse ici : 4, 5 ou 6 cordes et une boîte à cigare faisant office de ... caisse de résonance. On retrouve également des banjos de fortune construits à partir de boîtes à cigares dans les mains de militaires dans les années 1870.
C'est donc un voyage dans le temps que nous propose ce petit atelier de Montréal. Chaque modèle est entièrement fabriqué à la main. La plupart le sont sur commande, mais il est possible d'en trouver "de série". Evidemment il s'agit ici de véritable artisanat et ces instruments sont produits en petite quantité. A ma connaissance il n'existe qu'un revendeur en France, qui les commande directement.
C'est par ce magasin que j'ai commandé la mienne, sur mesure, avec un délai d'attente de 3 mois. Il est possible de tout choisir : 4, 5 ou 6 cordes, résonateur, ouïes, mini-humbucker, bois du manche (acajou ou érable), décoration, ...
La guitare en photo sur cette page est en fait la mienne.
- fabriquée à la main à Montréal
- manche érable traversant, touche palissandre 16 cases, jonction corps-manche à la 14ème case
- Diapason 655 mm, largeur au sillet 45 mm, mécaniques bain d'huile type Gibson
- mini-humbucker pour la mienne, potentiomètre de volume
- décoration San Luna pour la mienne
- livrée avec gig-bag de taille adaptée
La méthode de construction est en fait assez simple : un manche en érable traversant, une touche en palissandre, 6 cordes et une boîte à cigares que l'on adapte et fixe autour du manche.
Bon, pour être tout à fait sincère, la finition est assez médiocre. C'est artisanal mais pas réalisé par les meilleurs luthiers. Mais peu importe, cela apporte un réel cachet à l'instrument : vous pouvez faire croire que vous l'avez construit vous-même, et on vous félicitera !!! Et puis ses défauts font d'elle un modèle réellement unique.
Pas parfaite mais je l'aime comme ça et à vrai dire, une finition irréprochable ne serait pas dans l'esprit des pionniers.
UTILISATION
Comment dire ?
Un corps carré pas agréable du tout. Mieux vaut en jouer debout (attaches-sangle prévus).
Le manche ? Epais ! Fait pour les grosses paluches usées dans les champs de coton. Plus proche du manche à balai.
L'accordage ne tient pas longtemps : le strumming sauvage est à éviter.
Cette guitare est faite pour le blues : une progression I-IV-V, quelques improvisations minimalistes sur la gamme blues et chanter son malheur.
C'est pas pour le shred !!! Impossible d'ailleurs d'aller au delà de la 14ème case et même de la 12ème en barré.
Peu importe on s'éclate sur cet instrument atypique. J'ai même constaté que j'avais un peu bronzé et que mes cheveux devenaient crépus.
SONORITÉS
A vide, la sonorité est plus proche du banjo que de la guitare. Le sustain est plutôt faible malgré le manche traversant, mais pas si catastrophique ... malgré la boîte à cigares. La projection sonore est faible. Pas mieux qu'une demi-caisse, et encore ...
Une fois branchée, on retrouve un son toujours plus proche du banjo que de la guitare. C'est "roots", mais c'est exactement ce qu'on lui demande. La petite a tout de même une sacrée personnalité. Vous ne trouverez rien qui sonne pareil.
Je mets malgré tout un 8/10 car le son n'est quand même pas extraordinaire. Mais il correspond à celui des pionniers du blues.
Cette guitare n'est pas la reine du chant, mais quel charme désuet.
AVIS GLOBAL
Fabriquée sur commande à la main dans un petit atelier de Montréal. Bourrée de défauts mais aussi de charme, cette guitare rend un très bel hommage aux pionniers du blues.
Même s'il s'agit d'un instrument rudimentaire assez cher (550 euros pour la mienne), impossible de ne pas l'adorer.
Pour la construction et la "qualité" sonore cette guitare mérite une mauvaise note, mais je lui mets un 10/10 assumé : à l'heure de la mondialisation cette guitare est une petite merveille, une oeuvre d'art qu'on ne trouvera peut être plus après la crise financière mondiale que nous traversons.
Mais s'ils n'avaient pas d'argent, ils avaient des idées. Ils fabriquèrent donc des instruments et notamment des guitares rudimentaires comme le Diddley Bow (une corde tendue sur une planche de bois) ou plus élaborées comme le modèle qui nous intéresse ici : 4, 5 ou 6 cordes et une boîte à cigare faisant office de ... caisse de résonance. On retrouve également des banjos de fortune construits à partir de boîtes à cigares dans les mains de militaires dans les années 1870.
C'est donc un voyage dans le temps que nous propose ce petit atelier de Montréal. Chaque modèle est entièrement fabriqué à la main. La plupart le sont sur commande, mais il est possible d'en trouver "de série". Evidemment il s'agit ici de véritable artisanat et ces instruments sont produits en petite quantité. A ma connaissance il n'existe qu'un revendeur en France, qui les commande directement.
C'est par ce magasin que j'ai commandé la mienne, sur mesure, avec un délai d'attente de 3 mois. Il est possible de tout choisir : 4, 5 ou 6 cordes, résonateur, ouïes, mini-humbucker, bois du manche (acajou ou érable), décoration, ...
La guitare en photo sur cette page est en fait la mienne.
- fabriquée à la main à Montréal
- manche érable traversant, touche palissandre 16 cases, jonction corps-manche à la 14ème case
- Diapason 655 mm, largeur au sillet 45 mm, mécaniques bain d'huile type Gibson
- mini-humbucker pour la mienne, potentiomètre de volume
- décoration San Luna pour la mienne
- livrée avec gig-bag de taille adaptée
La méthode de construction est en fait assez simple : un manche en érable traversant, une touche en palissandre, 6 cordes et une boîte à cigares que l'on adapte et fixe autour du manche.
Bon, pour être tout à fait sincère, la finition est assez médiocre. C'est artisanal mais pas réalisé par les meilleurs luthiers. Mais peu importe, cela apporte un réel cachet à l'instrument : vous pouvez faire croire que vous l'avez construit vous-même, et on vous félicitera !!! Et puis ses défauts font d'elle un modèle réellement unique.
Pas parfaite mais je l'aime comme ça et à vrai dire, une finition irréprochable ne serait pas dans l'esprit des pionniers.
UTILISATION
Comment dire ?
Un corps carré pas agréable du tout. Mieux vaut en jouer debout (attaches-sangle prévus).
Le manche ? Epais ! Fait pour les grosses paluches usées dans les champs de coton. Plus proche du manche à balai.
L'accordage ne tient pas longtemps : le strumming sauvage est à éviter.
Cette guitare est faite pour le blues : une progression I-IV-V, quelques improvisations minimalistes sur la gamme blues et chanter son malheur.
C'est pas pour le shred !!! Impossible d'ailleurs d'aller au delà de la 14ème case et même de la 12ème en barré.
Peu importe on s'éclate sur cet instrument atypique. J'ai même constaté que j'avais un peu bronzé et que mes cheveux devenaient crépus.
SONORITÉS
A vide, la sonorité est plus proche du banjo que de la guitare. Le sustain est plutôt faible malgré le manche traversant, mais pas si catastrophique ... malgré la boîte à cigares. La projection sonore est faible. Pas mieux qu'une demi-caisse, et encore ...
Une fois branchée, on retrouve un son toujours plus proche du banjo que de la guitare. C'est "roots", mais c'est exactement ce qu'on lui demande. La petite a tout de même une sacrée personnalité. Vous ne trouverez rien qui sonne pareil.
Je mets malgré tout un 8/10 car le son n'est quand même pas extraordinaire. Mais il correspond à celui des pionniers du blues.
Cette guitare n'est pas la reine du chant, mais quel charme désuet.
AVIS GLOBAL
Fabriquée sur commande à la main dans un petit atelier de Montréal. Bourrée de défauts mais aussi de charme, cette guitare rend un très bel hommage aux pionniers du blues.
Même s'il s'agit d'un instrument rudimentaire assez cher (550 euros pour la mienne), impossible de ne pas l'adorer.
Pour la construction et la "qualité" sonore cette guitare mérite une mauvaise note, mais je lui mets un 10/10 assumé : à l'heure de la mondialisation cette guitare est une petite merveille, une oeuvre d'art qu'on ne trouvera peut être plus après la crise financière mondiale que nous traversons.