Se connecter
Se connecter

ou
Créer un compte

ou
Hot news
105 réactions

Le musicien tend-il vers la solitude ?

Etre home studiste, c’est souvent se débrouiller seul pour plein de choses : par nécessité ou par goût ? La question reste ouverte…

Véri­table révo­lu­tion appa­rue au siècle dernier, le phéno­mène home studio est souvent abordé sous le seul angle écono­mique, comme si la seule raison de son exis­tence était d’ac­cé­der à des outils de produc­tion musi­cale qui demeu­raient jusqu’alors l’apa­nage des studios pros. Il ne serait ainsi né que d’un simple désir de démo­cra­ti­sa­tion, comme le livre de poche en son temps.

Or, si l’ar­gu­ment pécu­niaire a sans doute gran­de­ment conduit à l’es­sor du Home Studio, au point de trans­for­mer l’in­dus­trie de l’au­dio en une indus­trie de masse et de permettre de produire des équi­pe­ments toujours plus abor­dables, il est inté­res­sant d’ob­ser­ver que cette évolu­tion du musi­cien s’ins­crit dans une tendance plus globale de nos socié­tés contem­po­raines, amor­cée à l’époque roman­tique : le repli sur soi.

Bien calé dans son fauteuil, le Home Studiste s’auto-suffit, il joue de tous les instru­ments ou recourt à des instru­ments virtuels comme BFD plutôt qu’à un batteur, il s’en­re­gistre et se mixe tout seul et de plus en plus, s’auto-diffuse, s’auto-promeut, s’auto-vend. Et le phéno­mène est loin de ne toucher que les amateurs : quan­tité de musi­ciens pro, notam­ment dans le secteur de la musique élec­tro­nique, accouchent désor­mais d’un album complet sans l’aide de quiconque, réfu­tant cette idée que le Home Studio ne serait qu’un pis-aller du studio pour ceux qui n’ont pas les moyens.

Du coup, même si nombre de musi­ciens sont encore dans l’échange humain dès qu’il s’agit de faire de la musique, qu’est-ce qui fait que pour une part gran­dis­sante d’entre eux, l’ac­com­plis­se­ment musi­cal demeure un chemin soli­taire. Serait-ce par volonté d’in­dé­pen­dance, arguant qu’après tout, on n’est jamais mieux servi que par soi-même et qu’un démiurge n’a pas à parta­ger le pouvoir avec quiconque dans son univers musi­cal ? N’y aurait-il pas là-dedans une peur ou un refus de l’autre, obser­vable dans bien d’autres compar­ti­ments de la société moderne ? Serait-ce que dans la musique, comme ailleurs, l’en­fer ce soit les autres ?

 


Vous souhaitez réagir à cette news ?

Se connecter
Devenir membre
Arnaud Cueff(Los Teignos)
Auteur·rice de l’article

Si j'ai fait de la guitare et un peu d'harmonica classiques en ENM dans mon enfance, c'est en autodidacte que j'ai fait l'essentiel de ma formation en matière de musique comme d'audio. Après des études de Lettres Modernes, j'ai travaillé pour la presse spécialisée puis web, tant dans le domaine des instruments de musique que dans celui des jeux vidéo (d'où mon pseudo). Je suis monté à bord du bateau Audiofanzine en 2004 en tant que rédacteur en chef, fonction que j'ai laissée quelques années plus tard à Grégoire Nachbauer (Red Led) tout en gardant un pied dans l'éditorial, en conservant notamment la rédaction de l'édito envoyé chaque semaine via la newsletter hebdomadaire du site comme en réalisant des tests, dossiers et contenus vidéo sur mes sujets de prédilection.