Je suis en train de rédiger un dossier pour expliquer aux gens du Ministère de la Culture qu'on monte une société de type communiste libertaire, mais avec un lexique de type bullshito-périphrasique.
Et du coup je pense à la fois à picto et à belmoufles, et c'est beau.
Sébas et Kate nous avaient rejoints après leur infiltration des milieux zapatistes. Enchantés. Ils rédigeaient ensemble le rapport qu'elle devait remettre à Human Rights Watch. Je ne refusais jamais une virée en kayak ou une partie de belote en leur compagnie, qui m'était toujours agréable.
On passait de longues heures tous les trois à divaguer sur la marche du monde en fumant des clopes sucrées. Il nous arrivait même d'avoir des projets, des idées de business.
Un soir, nous avions imaginé l'édition d'une méthode d'apprentissage des langues par le sexe, la drogue et le rock'n'roll. Un truc révolutionnaire. Prenons l'anglais pour faire simple. Une phrase comme « the bluejacket is in the living-room» est-elle susceptible d'éveiller l'intérêt d'un élève normalement constitué ? Non. On avait plus de chance avec : « Granny stole all my weed and she is stoned again », «the cat is in the oven» ou «do you mind if I fuck your sister ?» Ça ne pouvait que marcher. Mais nous avions rapidement abandonné le projet, conscients de la frilosité des milieux éducatifs face à l'expérimentation.