Le pub sans papier
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Pictocube
Bonjour à tous,
C'est un sujet qui pré-occupe de plus en plus de monde je crois, à bien des niveaux et qui mérite surement son topic puisque beaucoup de sujet se croise autrour de ce thème.
Voici donc ce sujet pour parler des réfugiés, sans papiers et autres migrants... Vos avis, votre implication, votre vision, etc. si possible en évitant de devenir une annexe du café du commerce donc en se focalisant sur du concret et de l'expérience.
Personnellement je déteste ce mot de "migrant" qui n'est à mes yeux qu'un élément de novlangue de plus, un migrant va au chaud quand il a froid... On oublie tout ce que véhicule la notion de réfugié. Pourquoi ce remplacement ? Parce qu'un réfugié a besoin d'un refuge et que tous, à un moment sommes confrontés à ce besoin, quelque soient nos vies, on a tous au moins une fois ressentit ce besoin de se réfugier que ce soit chez soi, dans les jupes de sa mère ou au sommet d'une montagne, alors on y est sensible ainsi.
Ici la situation est la suivante : https://www.change.org/p/monsieur-le-pr%C3%A9fet-des-hautes-alpes-non-%C3%A0-l-expulsion-des-r%C3%A9fugi%C3%A9s-soudanais-des-hautes-alpes-vers-la-norv%C3%A8ge
Personnellement ça fait 3 mois que je donne du temps pour ces personnes, on se mobilise aussi pour empêcher la fermeture d'un lieu d'accueil sur Gap et pour collecter des trucs qu'on envoie dans la Roya chez Herrou.
Tant qu'il y aura des couilles en or, il y aura des lames en acier
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Pictocube
Citation de Spawn-x
Je suis chargé de projet et coordinateur du secteur ados d'une grosse MJC implantée dans un des quartiers "politique de la ville" de Metz. J'y travaille donc avec des ados souvent venus d'horizons très variés et parmi eux, 4 (2 cousins, et 2 sœurs sans lien de parenté avec les deux premiers) sont arrivés de Syrie (bientôt 3 ans pour les filles, et 2 ans pour les 2 garçons). Ils ont entre 12 et 15 ans.
Depuis plusieurs mois, nous travaillons sur un projet vidéo intitulé "Montre Nous Tes Trésors" qui consiste à donner une nouvelle image de ce quartier craignos en le montrant au reste de la population "favorisée" sous l'angle et le point de vue de la jeunesse qui y vit.
Ils nous racontent, leurs rêves, leurs envies, mais aussi leurs passions, leurs petits plaisirs dans le quartier, les voisins qui ont le coeur sur la main, ou les rencontres qui les ont marquées et/ou changées. Mais ils racontent aussi, pour les Syriens, leur pays, sans la guerre. Le parfum du Jasmin, le grand souk aussi vaste qu'une ville où l'on trouve de tout, ses odeurs d'épices. Ils racontent aussi leurs jeux favoris, le "Jeu des 7 pierres" et nous racontent comment, l'été dernier ils ont appris à leurs copains du centre aéré comment y jouer et à quel point tous ont apprécié. Ils nous racontent leur famille, leur grand-mère qui croit dur comme fer qu'ils sont plus intelligent et perspicaces que les autres enfants et qu'à ce titre elle sait qu'ils auront une belle vie.
Ils nous racontent comment fabriquer une boisson chaude à base de cumin qu'ils adorent. Les fêtes de Laid qui durent jusqu'au petit matin et qui regroupe la famille, les amis, le quartier.
Les étincelles dans leurs yeux nous donnent à tous, cameramen, réalisateur, tech-son, des frissons et des larmes aux yeux.
J'ai la lourde tâche de tout ce projet, et mon travail de montage est un crève-cœur tant je voudrais tout garder à l'écran!
Et pourtant, malgré tout ce qu'on sait de ce qui se passe en Syrie, aucun de ces 4 là ne s'est jamais plaint. Aucun n'a parlé de la guerre, si ce n'est une unique fois à la fin de l'interview pour dire: "C'est ça mon pays... Plutôt, c'était ça... avant la guerre..."
Pourtant, depuis près d'un an que je travaille avec eux, la plus âgée des quatre s'est parfois livrée. Un peu.
Au détour d'une dispute entre deux camarades du quartier, elle nous a un jour remis les idées en place en disant: "Vous ne vous rendez pas compte de la chance que vous avez! Vous êtes ici en sécurité, avec des amis, votre famille, une école à fréquenter. Moi, rien qu'en traversant la route pour essayer d'y aller, j'ai failli mourir au moins 10 fois..."
La perspective est lumineuse, et à la fois si sombre.
Mes enfants m'entendent à la maison parler de tout ça avec leur mère. Il écoutent, puis, interrogent. Et lorsqu'ils leur arrivent de fréquenter mon centre aéré, ils y rencontrent ces jeunes Syriens amoureux de leur pays et ils les questionnent. Avec pudeur, mais ils parlent avec eux de ce que leur papa leur a raconté. Ils leur demandent si c'est vrai tout ce qu'ils entendent dire sur leur pays.
Depuis quelques mois que je travaille sur tout ça, ma vision des choses a bien changé. Mes enfants m'y ont aidé, et "mes ados" aussi.
Quand on sait que ces 3 familles Syriennes que je fréquente sont parmi les quelques-unes qui ont pu quitter leur pays dignement, soit en vendant leur maison pour financer leur exile, soit en bénéficiant du soutient de leur famille, et quand on sait que malgré ces conditions "à peu près décentes" ils ont malgré tout traversé des océans de merde, on ne peut que déplorer le sors des autres, ceux qui n'ont que leurs pieds pour fuir.
Voici 2 semaines, à l'occasion du grand WE du 8 mai, ma femme et moi sommes partis passer 3 jours à Paris avec nos enfants pour leur faire un peu découvrir cette capitale où nous avons vécus avant leur naissance. Nos moyens étant ce qu'ils sont, nous sommes descendu dans un hotel correct, mais situé porte La Chapelle, en bordure de Périph'. Pour rejoindre la première station de métro, il nous fallait traverser un véritable bidonville de tente abritées sous les ponts du Périph'. Une véritable marée de tente de fortune à perte de vue sur environ 1km.
Ma femme, peu habituée à ces condition et ayant grandi dans des conditions relativement "bourgeoise", tendait le dos à chaque passage obligé. Mes enfants, d'abord inquiets lors du premier passage, se sont ensuite détendus en voyant d'une part les voitures et camionnettes des associatifs venus distribuer de la nourriture et d'où sortaient "des gens normaux" (se sont leurs termes), et d'autre part en écoutant mes propos leur expliquant que la plupart étaient des réfugiés qui ne voulaient de mal à personne.
Sans même que j'ai eu à prononcer le mot, mes enfants ont parlé eux même de la Syrie. Et à l'évidence, la plupart de ces sans-abris étaient Syriens.
J'ai eu mal pour mes enfants en les voyant se projeter à la place de tous ces gens. S'imaginant dormir sous ces morceaux de tissus, sous ces ponts bruyants de jour comme de nuit. Ce WE du 8 mais n'était par ailleurs pas des plus chaud, ce qui ajoutait encore un élément négatif au tableau.
Et puis les questions ont fusées.
-"Pourquoi ils restent ici?
-Comment font-ils leur toilette?
-Et pourquoi personne ne les aide?
-Ils vont faire comment en hiver?
-Tu crois qu'ils ont des nouvelles de leurs papa et maman?
-Pourquoi il est méchant Bachar Al-Assad?
-...?"
C'était difficile, m^m pour moi qui suit à peu près informé et au fait de la situation en Syrie et des raisons qui l'y ont menées, c'est difficile.
C'est difficile, mais je ne peux pas laisser faire sans au moins prendre le temps d'expliquer à mes enfants. Ils doivent savoir. Ils doivent être munis des outils pour pouvoir faire face... Alors je parle avec eux, souvent, beaucoup, j'explique, mais je fais aussi attention à ne pas en dire trop, à utiliser les bons mots... Et c'est dur...
Tant qu'il y aura des couilles en or, il y aura des lames en acier
j-master
t ça m'a donné encore plus envie de me tenir le plus loin possible de nos médias et notre TV...
c'est très intéressant ce sujet, et sur cette réflexion, je me demandais si au contraire, il ne faudrait pas faire aussi avec les médias ce que certains préconisent vis à vis de la politique (vous n'aimez pas la politique, faites en) :
si on n'aime pas les médias, est ce qu'on ne peut pas en faire ?...
"L'Homme est la nature prenant conscience d'elle même." - Elisée Reclus
cyar
j-master
S'il y a une libération de la parole négative et raciste, il y a aussi un mouvement inverse qui existe, de gens de plus en plus sensibles à la détresse humaine actuelle, et qui n'attendent qu'une chose, c'est d'être plus informés et pris en main pour aider.
Enfin, je me goure peut être...
"L'Homme est la nature prenant conscience d'elle même." - Elisée Reclus
Anonyme
Enfin, je me goure peut être...
Nope, c'est aussi mon impression. L'action favorise la réaction, en somme. c'était ptet pas le cas y a encore quelques années, où y avait que soit les médias de masse, soit une parole libérée mais raciste, qui étaient visibles.
Pictocube
T'as bien raison J-master.
Pour ma part j'ai choisis un chemin différent désormais mais je viens d'entrer au CA de la radio libre du coin...
Y'a pas mal de gens qui font des choses, je vais citer un exemple sur lequel il y a beaucoup à dire mais dont la renomée grandissante atteste du phénomène : Taranis news...
Mais bien d'autres :Ballast, les crises, lundiAM, l'impossible (qui ne publie plus à mon grand regret) qui sont des revues alternatives et abordent ces sujets de manière différente des médias traditionnel. Sur France Culture on a aussi droit dans certaine émission à des prismes intéressant, mais pas toujours bien sur...
C'est en cours je pense en bref
Tant qu'il y aura des couilles en or, il y aura des lames en acier
j-master
"L'Homme est la nature prenant conscience d'elle même." - Elisée Reclus
Spawn-X
Merci Pictocube.
Pictocube
Les gens qui arrivent sont moins riches que les premiers, leurs histoires sont insoutenables, même une fois sur le territoire de l'Europe ou de la France.
Si vous ne me voyez plus beaucoup c'est parce que je consacre le maximum de mon temps libre à cette situation, et quelques autres...
Un série de documentaires témoignages qui démarre :
N'hésitez pas à soutenir les prochains, il y a un tipee.
La mobilisation a été plus forte cette année mais on reste toujours beaucoup trop peu nombreux à marauder la nuit, heureusement cette année il y a eu peu de neige, les conditions étaient moins dangereuses que l'an dernier. Le harcèlement policier envers les maraudeurs a diminué mais nos 7 camarades condamnés l'an dernier pour avoir sauvé plusieurs vies humaines n'ont pas été gracié pour autant.
Aidez nous, ne serait-ce qu'avec un like sur facebook.
https://www.facebook.com/tousmigrants/
https://tousmigrants.weebly.com/
Vous y trouverez les vidéos de la grande maraude solidaire de mars, pour voir et pour ceux d'ici qui aiment me chercher dans les images de manif
Tant qu'il y aura des couilles en or, il y aura des lames en acier
[ Dernière édition du message le 01/04/2019 à 18:09:12 ]
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