MK2 : 3 lettres qui font autorité dans le monde du DJing et qu'Hercules a choisi d'associer à la deuxième version de sa DJ Console, best seller des mixeurs MP3 d'entrée de gamme. Objectifs avoués : se rapprocher des DJ traditionnels tout en conservant les recettes qui ont fait le succès du premier modèle.
Petite révolution lors de sa sortie, la DJ Console peut se vanter d’avoir fait un beau carton auprès du grand public et des aspirants DJ. La réussite fut telle qu’elle ne manqua d’ailleurs pas d’attirer l’attention de nombreux constructeurs, plus ou moins réputés, qui s’empressèrent de copier l’engin, ou de décliner son concept de façon plus professionnelle.
A l’heure où nombres de platines, lecteurs et autres consoles se dotent d’une connectique USB, Hercules se devait donc de transformer l’essai, ne serait-ce que pour protéger son terrain de chasse : l’entrée de gamme des interfaces audio pour DJ.
C’est évidemment la mission attribuée à la nouvelle mouture de la DJ Console, qui arbore avec fierté 3 lettres magiques pour tout DJ qui se respecte : MK2. Dixit le constructeur, MK2 est l’abréviation de « Make 2 » (sic), c’est à dire « Seconde Version ». Au programme : un certain nombre de nouveautés donc, tout en conservant l’atout majeur du produit : sa mobilité.
Caractéristiques et nouveautés
Toutes les facettes de cette nouvelle console ont évolué, aussi bien au niveau fonctionnel qu’esthétique. Seule la taille reste inchangée (235×200×65mm), et dès l’ouverture de la boite, on redoute que les problèmes d’ergonomie rencontrés avec la première version soit de nouveau présents. L’esprit mobilité du prédécesseur est conservé : toujours le même couvercle aussi difficile à retirer, et cette bandoulière à l’utilité contestable. Concernant cette dernière, une double fonctionnalité aurait put être envisagée, comme l’intégration du câble USB à l’intérieur…On peut rêver non ?
Cette version fonctionne sur PC uniquement, et il vous faudra pour la faire tourner à plein régime, disposer d’une config raisonnable : Pentium III / Athlon 800 Mhz ou supérieur, port USB 2.0 ou 1.1 (les Hub USB sont acceptés uniquement s’ils sont alimentés), 256Mo de RAM (mais 512 Mo voire 1 Go ne seront pas du luxe) et Windows XP (dommage pour les utilisateurs de Win 2000)
Notons que le kit du Dj sera lui aussi conseillé : casque audio, lampe de poche, cendrier (encore qu’on trouvera peut-être là une utilité au couvercle), enceintes, câbles USB, câbles audio, le Cd d’installation au cas où, etc.
Le mode d’emploi est quant à lui succinct (28 pages) mais utilisable et compréhensible. On aurait quand même apprécié avoir quelques informations ou tutoriaux sur le logiciel fourni : VirtualDj 3.x.
Surface de travail
On retrouve sur la surface :- Les 2 Jogs permettant de naviguer et scratcher dans les morceaux, en avant ou en arrière. Ils s’utilisent aussi pour accélérer ou ralentir le fichier numérique en lecture. Notons que ces derniers ont été surélevés de 5 mm afin de ne pas être sur le même niveau que les autres contrôleurs, ce qui s’avérait gênant sur la première édition.
- 1 cross fader et 2 faders. Eux aussi ont eu leurs dimensions modifiées, mais cette fois ci à la baisse, afin d’éviter tous conflits avec d’autres commandes (et en particulier les Jogs). Là encore, Hercules semble avoir pris en compte les réflexions faites par les utilisateurs concernant l’ergonome de la première DJ Console.
- 2 boutons pitch et 2 boutons pitch Bend.
- 2×4 boutons de contrôle de lecture, Cue, Suivant, précédent.
- 6 potars d’égalisation.
- 4 boutons de modification de tempo (dont les Auto-beat de secours pour le calage automatique).
- L’ingénieux stick central et ses 2 boutons émulant la souris afin de faciliter la navigation et surtout de minimiser les actions manuelles.
- 2×3 lanceurs d’effets et de boucles identique à la précédente version.
- Et, grande évolution, 2 boutons de sélection de source. En effet, c’est un sujet que nous aborderons plus loin : la Dj Console MK2 accepte désormais d’autre source audio.
Les touches ont conservé leur toucher aussi doux et surtout leur luminescence : les boutons sont phosphorescents, ce qui permet de les distinguer même dans le plus sombre des environnements. L’esthétique a aussi été revue, avec un parti prix plus agressif : la MK2 fait ainsi moins 'jouet’ que son aînée, même si en soupesant l’objet ou posant la main dessus, l’effet du plastique prend le dessus.
Notons par ailleurs que les efforts de redimensionnement des contrôleurs effectués par Hercules n’améliorent pas significativement le manque d’ergonomie de la machine. L’espace est plus que minime et c’est avec des pincettes qu’il faut modifier un paramètre. Le fait de changer de niveau les contrôleurs est une bonne chose sur le fond, mais leur différence de taille n’est, hélas, pas assez prononcée. Des Jogs incrustés dans le châssis, dans le style des Ipod, aurait grandement clarifié la surface de contrôle et évité les accidents de mix ou autres conflits. Peut encore mieux faire…
Sur la tranche
En face avant, 3 Commandes et 2 connecteurs sont disponibles :
- Le réglage du volume Micro avec une fonction « Talkover », diminuant le volume de la musique lorsque vous parlez, activable par pression.
- L’entrée micro en jack 6.35 avec son voyant de saturation accolé.
- Une nouveauté en la présence d’un sélecteur de source pour l’écoute au casque : vous pouvez au choix écouter la platine A, la platine B, le son diffusé en salle (master) ou le « Split », c’est à dire le morceau diffusé sur un côté du casque et le morceau à venir sur l’autre.
- Le potentiomètre de volume de casque, puissant et efficace dans les environnements nuisant à la bonne écoute de son mix.
- La sortie casque en jack 6.35.
Le grand chambardement a lieu en face arrière avec des nouveautés… et des disparitions. Les sorties 5.1, les entrées/sorties MIDI et les entrées/sorties optiques ont ainsi été supprimées et la place gagnée permet désormais de disposer, de gauche à droite, de :
- 2 sorties stéréo indépendantes en RCA ou mini-jack pour vous relier, soit à votre ampli, soit à une table de mixage externe.
- 2 entrées stéréo indépendantes RCA : pour brancher des lecteurs cd ou des platines phono. Mais attention ! Il vous faudra choisir le type par l’intermédiaire de commutateurs line/phono, pas très accessibles et qui aurait mérité d’être sur la façade. De plus il vous sera impossible de bancher 2 CD et 2 platines vu qu’il n’y a que 2 entrées ! Plug/Unplug assuré… Autre chose, concernant vos cellules de platines vinyles, veillez à en avoir des modèles avec un fort niveau de sortie (9.5mv minimum) sinon vous risquez d’avoir un son inaudible. Idem pour les Lines, si votre matériel est un lecteur mp3, ou un mini-disque, il vous faudra monter les gains à leur quasi maximum (bonjour la saturation) pour obtenir un niveau sonore équivalent aux fichiers son du PC.
- 2 connecteurs de masse pour les platines vinyles.
- Une entrée/sortie USB.
- Et nouveauté, une prise pour un adaptateur secteur (en option), si l’alimentation provenant du port USB de votre PC se révéle insuffisante, ou si vous utilisez des platines vinyles et que votre ordinateur n’est pas relié à une prise de terre (à la masse).
En somme, on a perdu le 5.1 au bénéfice de la modularité des équipements CD et vinyles. Mais heureusement la qualité sonore de la console, avec ses fameux (mais non moins conventionnel) 24 bits/48Khz, a été conservée. Car, rappelons-le, l’interface joue aussi le rôle de carte son compatible ASIO 2.0/WDM (donc ici, en stéréo, 2 sorties/2entrées).
Sur ce chapitre, on regrettera que les différences de niveaux entre les sources soient si marquées lorsqu’on n’utilise pas du matériel pro (+4db). Il est aussi regrettable que la console ne fonctionne pas en mode autonome (sûrement en raison de l’alimentation), car être obligé d’allumer son pc pour écouter un vinyle ou un CD n’est pas très pratique…
Le dessous
Pourquoi vous parler du dessous, tout simplement car un défaut de conception s’y cache ! En effet, les patins en caoutchouc présent sont extrêmement « volatiles ». Lors du test live effectué sur un vol Paris/Bratislava, soit 1 h 40 de vol, il ne restait plus qu’un seul patin collé ! Normal : ces derniers cachent des trous de vis, et coller quelque chose sur du vide n’a jamais donné de bons résultats. Notons aussi qu’à l’arrivée, un petit tour de tourne vis à été nécessaire sur les fixations des faders, avant que ces derniers ne disparaissent, et là c’est plus gênant ! La finition n’est donc pas extraordinaire : elle n’a évoluée ni dans le bon sens, ni dans le mauvais et s’avère similaire à celle de la première DJ Console.
Installation & configuration
L’installation de la console et du bundle logiciel, qui a fondu comme neige au soleil, s’effectue sans aucun problème. 2 mises à jour sont disponibles en ligne : 1 pour la console et l’autre pour Virtual DJ (qui nécessite un enregistrement du matériel), le logiciel faisant à lui seul office de bundle. Attention ! Ces mise à jour sont obligatoires. En effet, ce n’est qu’avec ces nouvelles versions de firmware que vous pourrez réellement mixer et modifier les paramètres du son, sur les sources CD et vinyle en même temps. Profitez en pour télécharger des skins et des effets supplémentaires…La configuration de la DJ Console se fait depuis une interface de contrôle dédiée, accessible par la barre des taches. Relativement claire, cette dernière permet de :
- Contrôler, grâce à des glissières, le volume et la balance des 2 sorties audio.
- Activer l’enregistrement des entrées ou du microphone. Une précision : en mode Asio 16bits vous enregistrez sur les canaux 1/2 et 3/4, alors qu’en mode 24bits seul les entrées 1/2 sont disponibles.
- Choix du mode ASIO ou WDM.
- Activer ou non la fonction Talkover.
- Verrouiller le cross fader
- Régler la courbe de ce dernier (pratique pour le scratch)
- Activer ou non le joystick central (remplaçant la souris)
- Activer l’utilisation d’un mixer externe. En effet, 2 modes d’utilisation sont possibles : soit vous mixez directement sur la DJ Console, soit vous préférez utiliser votre table de mixage, histoire de retrouver vos habitudes. Voici 2 visuels illustrant ces configurations :
Mixer dans la DJ Console |
Virtual DJ
Virtual Dj est l’unique logiciel fourni d’origine avec la Dj Console MK2. Mais étant donné que cette dernière envoie (comme la Dj Console 1) des messages Midi, tous les logiciels supportés sur la version 1 (Traktor par exemple) peuvent être utilisés (d’après le constructeur et sur le papier) avec ce nouveau modèle. Pourtant en regardant les avis d’utilisateur d’Audiofanzine, il semblerait que MixVibes ne soit pas compatible pour le moment…
Mais revenons à l’élu d’Hercules : Virtual DJ 3 DJ Console Edition… Cette version reprend l’intégralité des fonctionnalités de son prédécesseur avec quelques nouveautés intéressantes dont une nouvelle batterie d’effets :
- Vocal + : renforcement des médiums.
- Overloop : bouble de 1, 2, 4, 8, ou 16 temps.
- Flanger.
- Break : simule l’arrêt de la platine.
- Flipping double : effet de platine.
- Reverse.
- Backspin : scratch arrière automatique.
- Slide loop : lancement d’une boucle diminuant progressivement de durée.
- TK Filter 2 : Filtre de fréquence.
- Beatgrid : grille de battement personnalisable.
- Lecture des fichiers vidéo dans une fenêtre.
- L’ajout de nouveau effets et Skin via le site Internet www.virtualdj.com.
Sympathique, cette version n’est pas révolutionnaire pour autant et ceux qui ont goûté aux fonctionnalités avancées d’un Tracktor DJ 3 auront une sensation de régression. Rien de catastrophique toutefois puisque le calage automatique est correct et que les commandes répondent bien aux actions effectuées sur la console.
Un passage par le menu de configuration est obligatoire afin de déterminer la sensibilité et les corrections automatiques (limiteur, etc.) prises en charge, mais une fois la bête dressée, elle devient déjà plus plaisante.
Par ailleurs, on appréciera la possibilité d’utiliser des Vinyles Timecodés, à présent que la DJ Console sait gérer des platines. Enfin, il est tout à fait possible de passer à la version Pro de Virtual DJ, pour ceux qui se sentiraient bridés par celle-ci.
Un point négatif tout de même : l’impossibilité de contrôler le gain des différentes sources à même la console et, par conséquent, de devoir toujours se jeter sur le joystick ou la souris pour rectifier les hauteurs.
Conclusion
Cette nouvelle version s’oriente plus dans le sens du disco-mobile par rapport à son prédécesseur qui visait plus le « home sweet home » avec ses sorties 5.1. Ce n’est pas un mal sur le fond car l’acquisition de la DJ Console n’est provoquée que par une envie : celle de devenir DJ. Et pour devenir DJ, il faut se rendre sur les dancefloors.
Mais en vis-à-vis de ces louables intentions, on ne peut s’empêcher d’être déçu par certaines facettes du produit. En effet, avec cette deuxième mouture, la DJ Console n’a que peu évoluée sur certains aspects et, malgré le nouveau système de pré-écoute et la prise en charge de sources sonores externes, force est de constater qu’elle a même régréssé sur d’autres (au niveau du bundle notamment). De fait, l’ergonomie, la finition, l’impossibilité de fonctionner sans ordinateur (même si une alimentation externe est présente), l’impossibilité de mixer plus de 2 sources en même temps à moins de ne passer par une table de mixage externe sont autant de limitation qui donne le sentiment que le produit assume mal ses nouvelles ambitions.
Et même si le prix de 249 € continue de rendre le bébé d’Hercules très attractif pour ce type de produit, on se dit qu’il y avait beaucoup mieux à faire pour les possesseurs de la DJ Console 1, cependant que les grands débutants désireux de se mettre au mix MP3 trouveront sans doute plus leur bonheur avec la DJ Control MP3, vendue sous la barre des 100 € (une version qui reprend toute la partie 'Contrôleur MIDI’ de la DJ Console mais qui s’avère dépourvue d’interface audio.).
Les idées sont donc bonnes dans l’ensemble, la mise en œuvre moins. Du coup, on serait tenté de dire que cette version ne mérite pas les 3 lettres d’or MK2 que les démons du marketing lui ont peut-être un peu trop vite associées, et qu’on attend de pied ferme la DJ Console MK3.