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Korg Kross-61
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Korg Kross-61

Clavier synthétiseur numérique de la marque Korg appartenant à la série Kross

Anonyme

« Couteau suisse de la meilleure forge qui soit! »

Publié le 30/11/16 à 11:57
Rapport qualité/prix : Excellent
Cible : Tout public
Partir en répét ou en live, en vacances, en avion, en car Macron ou en co-voiturage avec un instrument qui tient la route sous le bras, sans devoir se casser le dos ou employer une demie-douzaine de roadies? Voici ce que propose le Kross 61 avec ses 4,3Kg et sa poignée de transport!

J'ai remplacé mon antique Korg X5D par un Korg Kross récemment, une occasion intéressante, et je suis très satisfait du changement, Korg ayant toujours eu ma préférence pour les Rhodes et les orgues Hammond de toutes sortes.

Le Kross 61 est le remplaçant du X50, lui même en son temps remplaçant du X5D donc. On trouve le même format, mais du coté des sons et des fonctionnalités, c'est un monde qui les sépare, puisque le Kross intègre des fonctions complètes de séquençage MIDI classique à 16 pistes, mais surtout d'enregistrement audio de ce que l'on joue sur le clavier aussi bien que ce qui entre en ligne stéréo sur minijack ou sur le jack mic/instr. Ca change tout, car cela donne l'occasion à cette workstation, sans cela d'entrée de gamme avec la sympathique touche sonore Korg, de devenir à la maison aussi une pièce centrale du studio, et non plus seulement un atout incroyablement commode pour les déplacements.

Coté synthé, on trouve les classiques programmes double oscillateurs avec des modulations très complètes, basés sur 420 multi-échantillons, des combinaisons 16x multimbrales assignables dans tous les sens, un moteur d'effets 5 + 2 master FX, classés par banques thématiques sur une molette et ensuite à défiler sur une deuxième molette sans fin. Mais pas que, car chaque programme ou combi peut aussi héberger 2 arpégiateurs différents, une piste drumtrack (arps et drumtracks à choisir parmi une large palette très pertinente, j'y reviens), ainsi qu'un step sequencer assigné au set de drums et qui permet, grâce à 16 boutons en façade, de réarranger, compléter, augmenter, accentuer, etc., la piste drums en temps réel (jusqu'à 64 pas, c'est à dire tout de même 16 mesures en 4/4, de quoi offrir de la variation!)

Donc chaque programme peut sonner comme l'équivalent d'un motif sur Yamaha Motif/MOX, avec 4 instruments qui jouent de leur côté quelque chose de prépogrammé d'usine ou par ses propres soins, et pour pallier au problème des variations manquantes, on peut soit utiliser des programmes contigus, soit utiliser le step seq en temps réel, de façon à construire des plans jouables en live et permettant de faire la claque tout seul. Chaque combinaison aussi bien, mais avec là un clavier splittable/empilable/crossfadable jusqu'à 16 zones.

Que valent les sons du Korg Kross? Je dirais que si parfois les sons manquent de détail, les timbres sont tous là et fonctionnent d'autant mieux qu'ils sont joués dans des séquences ou des combinaisons. En effet on trouve tous les classiques, à commencer par des pianos qui fonctionnent très bien (cf. la démo de piano solo signée Eldar Djangirov me semble-t-il, dernière de la liste, à charger depuis le mode Global - savoir que le séquenceur a la mémoire volatile il faut enregistrer ses sauvegardes sur la carte SD/SDHC avant d'éteindre l'appareil sinon c'est perdu! Une fois le truc bien compris, on ne se fait plus la boulette, et cela permet une largesse de stockage infiniment plus souple que dans la mémoire fixée d'un séquenceur traditionnel, d'autant qu'ici on a droit à 220.000 événements MIDI à bord avant de devoir sauvegarder, soit une des meilleures capacités du marché, le double du Motif/MOX par exemple qui voit cette même quantité scindée en deux entre le mode Song et Pattern.)

Pardon pour la digression, donc des pianos qui, s'ils sont très clairs d'usine, ne demandent qu'à voir leur filtre de fréquence revu à la baisse pour donner des moelleux tout à fait dignes d'être joués en solo, avec des timbres de vieux pianos que je n'avais jamais entendu sur des stations de ce tarif, où l'on entend le bois comme en vrai, une gageure à ce tarif! Pour l'édition on dispose d'un VST fonctionnel qui permet de ne pas se perdre dans les menus d'un écran qui reste certes petit mais bien plus agréable à utiliser que chez Yamaha par exemple dans cette gamme de tarif low cost.

Pour les Rhodes et les orgues, là chapeau Korg! Tout comme sur tous les claviers de la marque depuis le M1, on trouve très facilement les timbres correspondant aux enveloppes, aux effets et aux modulations de vélocité qui font des pianos électriques à tomber (meilleurs que chez Yamaha hormis le fait qu'il n'y ait que 4 multi-échantillon par oscillateur contre 8 dans la série Motif/MOX - je rappelle que l'on peut utiliser 2 oscillateurs à la fois en mode programme, donc 8 tout pareil!, mais ils sont plus petits et donc moins détaillés etc.) C'est très très fort parce que si vous brancher la sortie mono du Kross dans un ampli de guitare avec une bonne gamelle de 10 ou 12 pouces, sur un son de Rhodes, et il y en a des dizaines au choix avant de songer à éditer les siens propres, vous avez tout de suite le gros son qui tranche totalement avec la petitesse du Kross 61. Jusque là on aurait dit un jouet mais oups ah non pas du tout!, c'est un outil à visée professionnelle (je dis bien "à visée" professionnelle exprès pour ne fâcher personne) et à la salle de répèt ou en live vous vous en tirez sans rire aussi bien qu'avec un Nord dans ce domaine!

Les orgues sont basés sur des samples, rompler oblige, donc c'est moins souple qu'un orgue virtuel à tirettes, mais Korg a eu la bonne idée d'assigner la vitesse de la Leslie sur la molette de pitch désactivée du pitch, et une sorte de morphing des registres sur l'autre molette (j'oubliais aussi deux switches assignables au dessus des molettes et qui permettent de nombreuses modulations supplémentaires, "à la" Motif/MOX) Du coup sur des samples de base très bien choisis avec des leakeages de roues phoniques bien vieillies ou des overdrive bien dosées, les programmes d'orgue d'usine prennent un relief extrêmement satisfaisant et vivant, encore une fois à mille lieues de ce à quoi on s'attendrait dans cette gamme de prix! C'est le réel supplément d'âme des stations Korg, et celle-ci pas moins que les autres, sur le sont de base, on a une patate et des timbres à tomber! (pour les Rhodes et les orgues, Yamaha et Roland n'y arrivent pas aussi bien avec des machines pourtant 2X plus chères!)

Les basses ne sont pas en reste, ça descend gravement et avec une dynamique qui détonne, et toujours les meilleures fretless au monde, et tout un tas de basses synthétisées genre wobble et dubstep qui sont très bien foutues! (avec des modulations synchronisées qui permettent d'obtenir cet effet de pompe de compression side chain en deux coups de cuiller à pot, beaucoup de presets démontrent cela avec beaucoup de réussite!) Je ne vais tout passer en revue, Korg offre 512 sons supplémentaires à charger sur une carte SD, issus de programmations récentes ou reprenant des classiques du Triton, la première chose à faire après avoir fait le tour du propriétaire c'est de prendre une soirée à remplacer les sons que l'on n'aime pas de la banque d'usine par des sons issus de cette banque de secours, histoire de se trouver au plus vite avec des sons 100% utlisables : cette banque de 512, doublant quasiment la banque d'origine, permet de remplir toutes les cases et de virer tous les programmes anecdotiques (chacun verra midi à sa porte en la matière pour déterminer les programmes essentiels et dispensables)

On a donc très vite le gros son en effet, mais qu'est-ce que ça donne avec les arpèges, les pistes batterie, le séquenceur 64 pas? Eh bien le Kross s'en tire bien mieux que le Motif/MOX dans ce domaine, et avec pourtant des sons moins bien définis! C'est entièrement dû à des astuces de programmations bien pensées : les pistes de batteries tournent souvent sur un nombre de mesures assez longs pour le genre proposé, et à l'usage la première fois, on se trouve spontanément à faire tourner des plans qui collent parfaitement avec le rythme proposé. Idem pour les arpèges, elles sont discrètes, et on peut jouer par dessus sans empiéter sur le son des arpèges, même sur le même son, et ainsi elles proposent un accompagnement efficace (on croit un instant avoir affaire au Karma tellement ça fonctionne, mais non, c'est statique, seulement c'est très bien fait!) Le séquenceur 64 pas permet d'emblée de rapporter toute piste batterie à ses constituants élémentaires, et faute de variation accessible (chose possible sur Motif/MOX), on peut instantanément réduire la partie drums tout en conservant le beat (sur le même drumset ou sur un autre), pour des chorus supplémentaires, c'est bien pensé, et à l'usage c'est bien plus efficace que les motifs souvent trop brouillon et aux rythmes rentre-dedans pour que l'on s'y retrouve à improviser dessus. Les accompagnements du Kross d'usine sont d'ailleurs bien plus modernes que sur le Motif/MOXF, et moins pouët-pouët, il y a manifestement des musiciens plus jeunes à la création des presets chez Korg!

Tout ça pour 600 euros neuf ou 450 à 500 euros d'occasion, dans un format qui s'emporte partout, fonctionne même à pile (on pourrait sourire des photos de promo où le musicien est dans son canapé avec le Kross sur les genoux, mais c'est une réalité! je l'ai fait aussi, et au lit, et sur la terrasse - bon je ne dis pas dans mon bain, mais ce coté partout tout le temps correspond bien un usage réel du truc!) Au sujet de l'occasion sur Kross il faut bien réaliser que Korg ne renouvelle cette gamme de machine que tous les 6 à 8 ans, donc sorti fin 2014, ça laisse de quoi voir venir, il sera disponible en neuf encore très longtemps, et cela explique sans doute pourquoi on en trouve que peu d'occasion et encore assez cher, il ne faut pas s'inquiéter donc de ne pas pouvoir le payer le prix de l'argus, puisque celui-ci ne correspond pas au marché dans ce cas. Ce n'est pas comme dans les cas où une machine arrive à la fin de sa durée de vie, ici elle n'en est qu'au premier tiers de son existence.

Et quoi d'autre? Eh bien le séquenceur 16 piste maousse costaud pour commencer! Ah oui, comme autrefois pour composer des songs. Autrefois il y avait des pistes et des patterns dans les séquenceurs Korg, ici rien de tel, mais la possibilité, pour chaque piste, de boucler sur elle même n'importe quelle portion, de quoi proposer des improvisations avec des boucles de longueurs variables et se chevauchant de façon cycliques non triviale (à cause des différences des pairs et des impairs). Donc en un sens le côté pratique de la matrice 16x16 du séquenceur Yamaha avec ses boucles de longueurs variables est bien rattrapée ici par 128 songs où chacune peut héberger des projets avec des boucles de longueur variable et des solos sur la longueur, de quoi faire tout aussi bien et souplement, d'autant que les fonctions d'import des configurations depuis les modes programmes et combis est transparent et très simple (au passage, tout comme les split/layer qui fonctionnent très bien en important aussi les FX et en les répartissant automatiquement dans la config 5+2 commune, même quand il faut en sacrifier le mode layer et split le font de façon judicieuse en retenant les caractéristiques sonores les plus marquantes des programmes de base)

Mais justement, 5FX + 2MFX, n'est-ce pas un peu court pour un séquenceur 16 pistes? En effet quel que soit le mode on ne peut ajouter à cette réalité, 5 FX plus 2 master FX au total. D'abord les effets master, généralement on voudra là une réverbe et un chorus, mais le choix de routage et du type d'effet est très large et on peut offrir à ses créations une patine globale acceptable. Ensuite les 5 effets d'insert que l'on peut router en envoi ou tout aussi bien chaîner en 2 + 2 + 1 ou en 3 + 2 ou en 5 x 1, bref, c'est pas mal, mais ça ne permet pas d'arroser 16 pistes.. Alors que faire?

C'est là le coup de génie de Korg sur une machine de ce tarif, et qui permet d'envisager de faire du Kross la pierre angulaire d'une config hardware ou mixte : un enregistreur audio 16 bits 48kHz qui reprend tout ce que l'on joue au clavier, dont la lecture se synchronise (ou pas) au séquenceur MIDI (bonjour les rêves de loopers audio-MIDI aux tarifs inabordables!), et qui capture aussi l'entrée ligne stéréo, ou l'entrée mic/instr. Non seulement en une passe, mais en overdub sur chaque passe avec création de fichiers successifs pour pouvoir revenir sur ses pas et exporter tout ce petit monde ensuite dans son DAW. Et c'est une astuce géniale, parce que du coup on peut sauver le MIDI dans le séquenceur (qui pilote astucieusement, ainsi que le step seq, toute machine extérieure aussi bien et/ou en même temps que le moteur sonore du Kross), et l'audio dans l'enregistreur audio (à raison de 3h par carte SD de 2Go avec une limite à 32Go sur des cartes SDHC, autant dire sans limite de stockage dans la pratique!)

Autrement dit on peut faire bien mieux que sur les machine même à 16MFX + master (1 mfx par piste + master comme sur les stations FA de Roland), ici sur chaque piste on peut gonfler le son avec 5MFX + 2Matsre FX, et coucher ces pistes une à une sur l'enregistrement audio, de quoi produire des textures et des dynamiques autrement plus riches que chez les crèmeries d'en face! Idem pour la polyphonie, oui le Kross se limite à 80 voies de polyphonie (soit 64+16 si vous n'y aviez pas pensé de cette façon, autrement dit selon une architecture ancienne déjà présente dans le X5D il y a 20 ans PLUS 16 voies pour le step seq, arp ou drumtrack), mais alors et ta mère elle à combien de voies de polyphonie je demanderais, parce que couchées sur l'audio, on passe sans problème à des multiples de 80 (dans la limite des 16 bits du bus audio, mais qui sample tout de même à 48kHz, on a de quoi voir venir dans les sons à faire jouer ensemble, avant d'atteindre la limite audible on aura sans doute de loin buté contre celle de la composition musicale!

Et je veux insister sur cette solution technique de Korg, qui se révèle d'une souplesse incroyable : on n'a pas ici un undo comme une seule cartouche à n'utiliser qu'en cas de pépin comme sur un vulgaire looper Boss, non c'est bien plus redoutable, chaque overdub laisse le précédant libre d'être repris, autrement dit on a un historique des undos, autant de couches successives où revenir en arrière.

Au point des regrets, deux trois bricoles, le clavier n'a pas d'aftertouch, mais une bonne vieille pédale d'expression permet de faire plus précisément mieux, le clavier est assez moyen, comme sur les versions antérieures, mais c'est un trait d'époque, et pour 4,3Kg, franchement on s'en moque, ça le fait parfaitement, on a d'ailleurs 9 courbes de vélocité bien pensées qui couvrent toutes les situations, même celle du live où l'on joue bien plus lourdement que dans le silence de la nuit au casque. L'USB transmet du MIDI mais d'audio, mais il y a une entrée audio stéréo qui permet de récupérer le son de l'ordi et qui plus est de l'enregistrer à bord, au final c'est pas enregistrer le son des VSTis sur l'ordi et les jouer à partir du clavier, mais c'est kif kif et ça offre plus d'autonomie, puisqu'on peut jouer les VSTis depuis le clavier et les enregistrer dans la machine pour les intégrer au séquenceur, une façon de travailler qui serait comme revenu de la STAN : on peut utiliser ce super synthé logiciel dont on a pas fini de payer la licence, dans le séquenceur de la workstation, à l'ancienne et sans se casser les poignets sur la souris pour autant, c'est très pertinent et cela ravira tous ceux qui hésitent entre le hardware et le software, ou qui aiment les deux! Dernier point, pour faire des boucles audio tombant sur des mesures précises, il faut précharger des fichiers contenant du blanc, puisque l'enregistreur ne boucle qu'en secondes et non en mesures, mais c'est le genre de manip que l'on ne fait qu'une fois, ensuite on réutilise les fichiers template ainsi crées (Korg pourrait se fendre d'une mise à jour à ce sujet ce ce serait quand même sympa!)

Pour le reste, mais certains ont parlé de jouet à propos du Kross? Les pauvres, incapables de voir autre chose qu'un tesson de cul de bouteille de gros rouge qui tâche quand ils croisent une émeraude! Cette machine n'est pas du tout un pis-aller pour musicien en manque de Phynances, c'est un couteau suisse de la meilleure forge, qui permet de démultiplier ses usages, sa pratique, de ne plus jamais partir en vacances sans au moins un clavier, de ne plus jamais refuser un plan répèt ou live parce que c'est trop loin trop lourd, de ne plus jamais s'ennuyer en regardant la télé quand on n'a pas le courage de descendre au studio, qui remplace avantageusement la clope le dimanche matin après l'amour, et qui permet de capter la guitare du poteau, de construire des morceaux à base de capture de samples des dialogues des films en VO de la télé (ou de n'importe quelle source audio), tout en gardant précieusement les sources MIDI pour plus tard, bref, une workstation de poche, aux concessions qui en font une force (en un sens l'enregistreur audio est le séquenceur ultime de la bécane), et avec des sons modernes et bien sentis!

C'est le genre de clavier que l'on achète en regardant l'étiquette du prix et le poids sur la balance, et que l'on se retrouve à installer comme élément central 10 ans plus tard d'un studio où le hardware est redevenu le point de focal, il remplace groovestations, loopers, sequenceurs MIDI, claviers maîtres, interface MIDI, et tous leurs câbles et configs complexes, qu'on ne s'y méprenne pas, il suffit juste d'apprendre à travailler dessus!