Le Taz
« Enfin une vraie bombe italienne ! »
Publié le 27/02/16 à 19:16
Rapport qualité/prix :
Excellent
Cible :
Les utilisateurs avertis
PRÉSENTATION
Ampli 100w, 4xEL34, 5x12ax7 + 1 12at7. Boucle d'effet (on/of, parallel/serie, level), deux canaux, un boost et un volume solo, deux fonctions bright (une par canal). L'ampli est léger, par rapport à mes coucous habituels, 17kg, c'est très appréciable. Le look comme l'assemblage sont très soignés, avec un style beaucoup plus consensuel que le reste de la gamme Brunetti, un design qui renvoit directement à Maseratti. La classe italienne quoi. La construction est tout simplement bluffante : c'est simple, sobre et luxueux à la fois, et fabriqué avec soin, des qualités que je n'ai pas forcément retrouvées chez d'autres marques boutiques parfois plus chères, comme Bogner, Splawn, Cornford ou Hook.
En terme de look, on est loin des "horreurs" que sont les XLRevo, 059 ou Pirata (et ça se vérifie aussi à l'oreille), on est sur du sobre et classieux. Plutôt Maserati que Lamborghini quoi. Il s'agit d'un modèle Custom Work, ce qui veut dire que cet ampli est entièrement réalisé à la main dans les ateliers de Marco Brunetti à Modène, ça ce ressent également dans le son et les performances : il ne joue pas dans la même cour.
UTILISATION
Ce qui a motivé mon achat, c'est la conception bien pensée, avec une orientation live : j'y trouve vraiment ce que comporterait un ampli dont j'aurais écrit moi-même le cahier des charges. Les 100w sont bien là, et même si le master est plutôt efficace, quand on pousse la bête à un volume de groupe, le grain se révèle, prend une autre dimension. A petit volume, il faut se servir du volume de la boucle (en série) pour retrouver le même feeling. Du coup, si le 100w est tout à fait exploitable, le 50w parait un meilleur choix. Ca joue énormément sur la couleur finale de l'ampli. On aurait aimé un boost réglable, mais il est bien dosé pour un passage crunch/lead naturel. On retrouve une fonction More Volume qui, comme son nom l'indique, permet de rehausser le volume lors d'un solo ou d'un pétage de plomb du batteur. Contrairement à la fonction solo d'un Splawn ou d'un Mesa, le réglage est ici très facilement dosable, le potard agit en douceur mais avec précision.
La boucle d'effet est ultra paramétrable, très transparente, impossible d'avoir une mauvaise surprise même avec des réglages schizophréniques des canaux (pas de plop au changement de canal quoi). Pas de master général, mais cela permet de conserver le corps de chaque canal et son caractère quel que soit le réglage. Le footswitch permet de gérer le changement de canal, le boost, le volume additionnel et la boucle d'effet. C'est donc très live dans l'esprit, mais si c'est encore trop, vous avez la possibilité de connecter un footswitch simple par jack sur l'une ou l'autre de ces fonctions, avec 4 embases disponibles. Franchement, c'est bien pensé, intuitif, pour moi c'est un sans faute !
SONORITÉS
Même si ce n'est pas ce que j'attendais initialement, j'ai été conquis par cet ampli. Même avec des utilisateurs comme Kiko Loureiro et surtout Dave Kilminster (Steven Wilson, Roger Waters), je m'attendais à un ampli aux sonorités modernes, comme le font les émules modernisateurs de Marshall (Friedman, Bogner, Splawn et compagnie), avec un voicing assez haut-perché dans les aigus, moins comme un véritable Marshall que comme un pseudo brown sound, assez éloigné de la sonorité sombre des premiers Van Halen... Bref. Loin du son ultrabright des plexis hotrod, là, on est vraiment dans les mids, juste ce qu'il faut de gras avec le minimum de brillance pour rester toujours défini et mordant. Là, on est plutôt dans le spectre sonore d'un Marshall 2550, le Silver Jubilee, avec un grain beaucoup plus fluide, plus de drive et de précision dans ce drive.
La fonction edge agit comme une Presence (absente de l'ampli) que l'on pousserait à fond. Et tout comme Judge Fredd, je trouve le résultat assez dégueulasse, mais cette fonctionne n'est heureusement pas utile à l'usage avec ce coucou. Le son est globalement très équilibré, plus proche du véritable son d'Eddie dans les années 70 avec une couleur légèrement vintage dans le grain, savamment dosé pour permettre de pousser assez loin le drive.
En l'état, sans l'ajout de pédales, vous irez d'un registre allant des années 60 aux années 80 et au début des 90's. C'est un son assez unique, qui propose une balance unique entre le côté "liquide" revendiquée par le fabriquant, et le côté organique du drive. Pour le métal moderne, c'est hors sujet, mais pour le reste, c'est tout-terrain, avec du caractère néanmoins. Du blues au hard-rock musclé et virtuose, on est dans le vrai, pas dans l'émulation de tel ou tel guitariste, comme trop souvent. Il reste donc très fidèle au signal, aux guitares et pédales qu'on lui "propose".
- Le clean est la première bonne surprise. Sur pas mal de hot rod plexi, il est juste anémique, terne ou au contraire ultra-bright, rarement flatteur et parfois inexploitable. Ici, non seulement il est utilisable, mais il est magnifique. Enfin, n'attendait pas la rondeur d'un Twin ou de certains vieux Fender. C'est du cristallin. Le paradis pour les pédales (c'est d'ailleurs pour ça que Kilminster l'a choisi). On peut se créer des cleans à la fois cristallins et amples, comme des sons hendrixiens, des cleans légèrement crucnhy, comme un plexi cranké. Le résultat est pur. Et si vous commencez à coller quelques reverbs ou delay planants dans la boucle, vous resterez scotché quelques heures en face de la bête. Il est d'une souplesse et d'une pertinence rare. Il n'aura pas le charme d'un vrai plexi ou d'un blackface, il n'a pas autant de caractère, mais reste somptueux et souple d'utilisation, parfait pour l'utilisation en live. On a généralement le choix entre très typé ou pas assez. On a ici un parfait équilibre des deux, permettant d'avoir un clean somptueux en plus du drive ou une base de travail plus neutre. Pas étonnant que Dave Kilminster ait choisi cet ampli pour ses tournées avec Roger Waters (tournée Dark Side et The Wall) ou encore Steven Wilson.Le switch bright permet de finir le fine tuning de ce canal. Jusqu'ici, je n'ai jamais trouvé un "switcher" qui offre un beau clean et un beau canal saturé à la fois, l'un des deux tirait son épingles quand l'autre est tout au plus un pis-aller. Et bien le canal saturé est loin d'être en reste, ni moche, ni insipide, bien au contraire !
- Le canal saturé fut donc ma deuxième grosse surprise. Je m'attendais à un grain moderne, dans l'esprit du canal bleu du Bogner XTC en espérant un peu plus de caractère. Et bien ce n'est pas un canal bleu, et pour le caractère, on est servi ! Ici, on a bel et bien un son assez typé Marshall, granuleux et organique. Quand on pousse le drive, on va plus loin que ce que donne un Plexi ou un JTM45 mis à fond, mais dans la même veine, en plus sombre et avec un volume réglable qui ne fait pas saigner les oreilles. Ca ne va pas plus loin, sauf à enclencher le boost intégré. On peut donc s'en contenter comme une base de travail avec des pédales de boost. Il me fait penser également à un Marshall 2555 (Silver Jubilee) mais avec plus de mordant, moins mastoc ou raide dans le drive.
Pour le classic rock, le hard et le blues, c'est juste parfait ! On enclenche le boost, et là, ça devient méchant. Il agit un peu comme un treble booster. Il faut donc revoir l'égalisation en pensant à l'équilibre des brillances entre les deux modes, mais on trouve naturellement un compromis très musical. Bref, un grain Marshall, avec un voicing repensé, et qui ne bave jamais. C'est chantant, ça permet de passer des plans typiquement années 80 (tapping, légato, etc.) sans souci, mais pour autant, on garde un authentique grain vintage et de la dynamique. Très franchement, ce canal n'a pas à rougir face aux sons d'un Marshall 2203, il a le même genre d'authenticité dans son grain organique. En groupe, il est présent et comme un 2203, épouse le son d'ensemble, lui donne de la texture, du liant. Si vous avez déjà joué un 2203 seul puis en groupe, vous comprendrez ce que je veux dire. C'est la situation live qui révèle tout son potentiel, son petit côté graineux dans les aigus lui assurant un placement dans le mix naturel tout en restant détaillé et précis.
Le potard Egde est pensé pour éclaircir le drive quand les EL34 sont au taquet (à défaut d'une présence). Mais dans les conditions modernes de jeu, il est peu probable qu'un 100W en EL34 soit poussé tellement fort qu'il faille actionner ce switch pour retrouver les aigus perdus. Mais sait-on jamais ? A ce prix là, et vu la base saine et intelligente, c'est la seule faute du Mercury, qui mérite amplement d'être rectifiée par un techos pour avoir un bright moins franc, plus léger et élargir la palette de son. A l'usage en tout cas, je n'en ai pas eu besoin.
AVIS GLOBAL
Cet ampli affiche un cahier des charges et des fonctionnalités 100% modernes, offrant un sacré confort d'utilisation en live. Le format du footswitch (peu profond) permet de le glisser devant son pedalboard sans gêne. Rien à voir avec le reste de la gamme Brunetti de l'époque, en terme de son en tout cas. Le look est simplement classieux, et la finition soignée et clairement faîte à la main. J'étais un Brunetti-sceptique, après avoir été déçu par les Pirata, 059, MC5, Maranello et Star-T-Rack. Mais celui-ci est indubitablement une réussite. Il supporte la comparaison avec mon Cornford que je considère comme le monocanal ultime.
On a vraiment ce côté rauque, raw, qui manque à la quasi-totalité des Plexis-Hot Rod qui inondent le marché depuis quelques temps, avec un grain lisse et très haut perché dans les aigus. Celui-ci ne propose pas non plus un son clef en mains comme ses concurrents (sans doute parce qu'il a été conçu bien avant cette mode), il respecte le son des guitares et du guitaristes, il est utilisable en toute circonstance, sans brillance outrancière, ou ajout d'infra-basses pour métalleux. On est dans le vintage-moderne, il faudra passer par des pédales pour du son metal compressé et bien lisse.
J'ai joué sur un grand nombre de Marshall (quasiment tous les modèles à lampes, sauf les derniers joujoux bas de gamme), vintage ou plus modernes. J'ai joué sur d'autres têtes Brunetti entrée et milieu de gamme pas spécialement convaincantes de mon point de vue. Mon ampli principal un Cornford MK50H, un monocanal inspiré des JCM800 et des Soldano, j'ai également joué ou possédé tous les amplis de la gamme, à l'exception du combo Hurricane. J'ai eu quelques amplis boutiques prétendument inspirés des plexis : Naylor Duel 60, Hook Captain 34, Splawn, Ceriatone Yeti, Bogner Helios 50. J'ai également joué sur une bonne partie de la gamme Friedman (BE100, PT20, DS20, Runt50), types d'amplis sur lesquels j'ai fait une croix. Cette marque fait du son clef en main, qu'il vaut mieux aimer, car ils sont à peine ajustable, impossible de travailler le grain en profondeur. Bref, je ferai le procès de Friedman ou Splawn une autre fois. Tout ça pour dire que j'ai tâté un bon paquet d'amplis hot-rods, boutiques d'inspiration anglaise et que ce Brunetti est l'un des rares à m'avoir vraiment séduit.
Faire un son EVH est possible, mais il faudra le travailler. Par contre, il vous permet de faire votre son à vous, pas le son d'un autre ou un son "déjà produit" qui ne vous permet pas de créer un vrai son de groupe. Là, on peut sculpter le son, qu'il s'agisse du clean (vraiment exceptionnel pour ce genre d'ampli) ou du canal saturé, allant du classic-rock et blues à papa au heavy bien appuyé. Ajoutez à ça des fonctionnalités qui le rende exploitable à la maison et ultra-complet pour la scène, c'est quasi un sans-faute. On ne peut pas mettre 10/10 à un ampli, parce qu'il y a une part de subjectivité forcément... oh, et puis zut : je le mets quand-même, parce qu'un ampli qui peut me détourner de mon Cornford, c'est pas n'importe quoi !
Ampli 100w, 4xEL34, 5x12ax7 + 1 12at7. Boucle d'effet (on/of, parallel/serie, level), deux canaux, un boost et un volume solo, deux fonctions bright (une par canal). L'ampli est léger, par rapport à mes coucous habituels, 17kg, c'est très appréciable. Le look comme l'assemblage sont très soignés, avec un style beaucoup plus consensuel que le reste de la gamme Brunetti, un design qui renvoit directement à Maseratti. La classe italienne quoi. La construction est tout simplement bluffante : c'est simple, sobre et luxueux à la fois, et fabriqué avec soin, des qualités que je n'ai pas forcément retrouvées chez d'autres marques boutiques parfois plus chères, comme Bogner, Splawn, Cornford ou Hook.
En terme de look, on est loin des "horreurs" que sont les XLRevo, 059 ou Pirata (et ça se vérifie aussi à l'oreille), on est sur du sobre et classieux. Plutôt Maserati que Lamborghini quoi. Il s'agit d'un modèle Custom Work, ce qui veut dire que cet ampli est entièrement réalisé à la main dans les ateliers de Marco Brunetti à Modène, ça ce ressent également dans le son et les performances : il ne joue pas dans la même cour.
UTILISATION
Ce qui a motivé mon achat, c'est la conception bien pensée, avec une orientation live : j'y trouve vraiment ce que comporterait un ampli dont j'aurais écrit moi-même le cahier des charges. Les 100w sont bien là, et même si le master est plutôt efficace, quand on pousse la bête à un volume de groupe, le grain se révèle, prend une autre dimension. A petit volume, il faut se servir du volume de la boucle (en série) pour retrouver le même feeling. Du coup, si le 100w est tout à fait exploitable, le 50w parait un meilleur choix. Ca joue énormément sur la couleur finale de l'ampli. On aurait aimé un boost réglable, mais il est bien dosé pour un passage crunch/lead naturel. On retrouve une fonction More Volume qui, comme son nom l'indique, permet de rehausser le volume lors d'un solo ou d'un pétage de plomb du batteur. Contrairement à la fonction solo d'un Splawn ou d'un Mesa, le réglage est ici très facilement dosable, le potard agit en douceur mais avec précision.
La boucle d'effet est ultra paramétrable, très transparente, impossible d'avoir une mauvaise surprise même avec des réglages schizophréniques des canaux (pas de plop au changement de canal quoi). Pas de master général, mais cela permet de conserver le corps de chaque canal et son caractère quel que soit le réglage. Le footswitch permet de gérer le changement de canal, le boost, le volume additionnel et la boucle d'effet. C'est donc très live dans l'esprit, mais si c'est encore trop, vous avez la possibilité de connecter un footswitch simple par jack sur l'une ou l'autre de ces fonctions, avec 4 embases disponibles. Franchement, c'est bien pensé, intuitif, pour moi c'est un sans faute !
SONORITÉS
Même si ce n'est pas ce que j'attendais initialement, j'ai été conquis par cet ampli. Même avec des utilisateurs comme Kiko Loureiro et surtout Dave Kilminster (Steven Wilson, Roger Waters), je m'attendais à un ampli aux sonorités modernes, comme le font les émules modernisateurs de Marshall (Friedman, Bogner, Splawn et compagnie), avec un voicing assez haut-perché dans les aigus, moins comme un véritable Marshall que comme un pseudo brown sound, assez éloigné de la sonorité sombre des premiers Van Halen... Bref. Loin du son ultrabright des plexis hotrod, là, on est vraiment dans les mids, juste ce qu'il faut de gras avec le minimum de brillance pour rester toujours défini et mordant. Là, on est plutôt dans le spectre sonore d'un Marshall 2550, le Silver Jubilee, avec un grain beaucoup plus fluide, plus de drive et de précision dans ce drive.
La fonction edge agit comme une Presence (absente de l'ampli) que l'on pousserait à fond. Et tout comme Judge Fredd, je trouve le résultat assez dégueulasse, mais cette fonctionne n'est heureusement pas utile à l'usage avec ce coucou. Le son est globalement très équilibré, plus proche du véritable son d'Eddie dans les années 70 avec une couleur légèrement vintage dans le grain, savamment dosé pour permettre de pousser assez loin le drive.
En l'état, sans l'ajout de pédales, vous irez d'un registre allant des années 60 aux années 80 et au début des 90's. C'est un son assez unique, qui propose une balance unique entre le côté "liquide" revendiquée par le fabriquant, et le côté organique du drive. Pour le métal moderne, c'est hors sujet, mais pour le reste, c'est tout-terrain, avec du caractère néanmoins. Du blues au hard-rock musclé et virtuose, on est dans le vrai, pas dans l'émulation de tel ou tel guitariste, comme trop souvent. Il reste donc très fidèle au signal, aux guitares et pédales qu'on lui "propose".
- Le clean est la première bonne surprise. Sur pas mal de hot rod plexi, il est juste anémique, terne ou au contraire ultra-bright, rarement flatteur et parfois inexploitable. Ici, non seulement il est utilisable, mais il est magnifique. Enfin, n'attendait pas la rondeur d'un Twin ou de certains vieux Fender. C'est du cristallin. Le paradis pour les pédales (c'est d'ailleurs pour ça que Kilminster l'a choisi). On peut se créer des cleans à la fois cristallins et amples, comme des sons hendrixiens, des cleans légèrement crucnhy, comme un plexi cranké. Le résultat est pur. Et si vous commencez à coller quelques reverbs ou delay planants dans la boucle, vous resterez scotché quelques heures en face de la bête. Il est d'une souplesse et d'une pertinence rare. Il n'aura pas le charme d'un vrai plexi ou d'un blackface, il n'a pas autant de caractère, mais reste somptueux et souple d'utilisation, parfait pour l'utilisation en live. On a généralement le choix entre très typé ou pas assez. On a ici un parfait équilibre des deux, permettant d'avoir un clean somptueux en plus du drive ou une base de travail plus neutre. Pas étonnant que Dave Kilminster ait choisi cet ampli pour ses tournées avec Roger Waters (tournée Dark Side et The Wall) ou encore Steven Wilson.Le switch bright permet de finir le fine tuning de ce canal. Jusqu'ici, je n'ai jamais trouvé un "switcher" qui offre un beau clean et un beau canal saturé à la fois, l'un des deux tirait son épingles quand l'autre est tout au plus un pis-aller. Et bien le canal saturé est loin d'être en reste, ni moche, ni insipide, bien au contraire !
- Le canal saturé fut donc ma deuxième grosse surprise. Je m'attendais à un grain moderne, dans l'esprit du canal bleu du Bogner XTC en espérant un peu plus de caractère. Et bien ce n'est pas un canal bleu, et pour le caractère, on est servi ! Ici, on a bel et bien un son assez typé Marshall, granuleux et organique. Quand on pousse le drive, on va plus loin que ce que donne un Plexi ou un JTM45 mis à fond, mais dans la même veine, en plus sombre et avec un volume réglable qui ne fait pas saigner les oreilles. Ca ne va pas plus loin, sauf à enclencher le boost intégré. On peut donc s'en contenter comme une base de travail avec des pédales de boost. Il me fait penser également à un Marshall 2555 (Silver Jubilee) mais avec plus de mordant, moins mastoc ou raide dans le drive.
Pour le classic rock, le hard et le blues, c'est juste parfait ! On enclenche le boost, et là, ça devient méchant. Il agit un peu comme un treble booster. Il faut donc revoir l'égalisation en pensant à l'équilibre des brillances entre les deux modes, mais on trouve naturellement un compromis très musical. Bref, un grain Marshall, avec un voicing repensé, et qui ne bave jamais. C'est chantant, ça permet de passer des plans typiquement années 80 (tapping, légato, etc.) sans souci, mais pour autant, on garde un authentique grain vintage et de la dynamique. Très franchement, ce canal n'a pas à rougir face aux sons d'un Marshall 2203, il a le même genre d'authenticité dans son grain organique. En groupe, il est présent et comme un 2203, épouse le son d'ensemble, lui donne de la texture, du liant. Si vous avez déjà joué un 2203 seul puis en groupe, vous comprendrez ce que je veux dire. C'est la situation live qui révèle tout son potentiel, son petit côté graineux dans les aigus lui assurant un placement dans le mix naturel tout en restant détaillé et précis.
Le potard Egde est pensé pour éclaircir le drive quand les EL34 sont au taquet (à défaut d'une présence). Mais dans les conditions modernes de jeu, il est peu probable qu'un 100W en EL34 soit poussé tellement fort qu'il faille actionner ce switch pour retrouver les aigus perdus. Mais sait-on jamais ? A ce prix là, et vu la base saine et intelligente, c'est la seule faute du Mercury, qui mérite amplement d'être rectifiée par un techos pour avoir un bright moins franc, plus léger et élargir la palette de son. A l'usage en tout cas, je n'en ai pas eu besoin.
AVIS GLOBAL
Cet ampli affiche un cahier des charges et des fonctionnalités 100% modernes, offrant un sacré confort d'utilisation en live. Le format du footswitch (peu profond) permet de le glisser devant son pedalboard sans gêne. Rien à voir avec le reste de la gamme Brunetti de l'époque, en terme de son en tout cas. Le look est simplement classieux, et la finition soignée et clairement faîte à la main. J'étais un Brunetti-sceptique, après avoir été déçu par les Pirata, 059, MC5, Maranello et Star-T-Rack. Mais celui-ci est indubitablement une réussite. Il supporte la comparaison avec mon Cornford que je considère comme le monocanal ultime.
On a vraiment ce côté rauque, raw, qui manque à la quasi-totalité des Plexis-Hot Rod qui inondent le marché depuis quelques temps, avec un grain lisse et très haut perché dans les aigus. Celui-ci ne propose pas non plus un son clef en mains comme ses concurrents (sans doute parce qu'il a été conçu bien avant cette mode), il respecte le son des guitares et du guitaristes, il est utilisable en toute circonstance, sans brillance outrancière, ou ajout d'infra-basses pour métalleux. On est dans le vintage-moderne, il faudra passer par des pédales pour du son metal compressé et bien lisse.
J'ai joué sur un grand nombre de Marshall (quasiment tous les modèles à lampes, sauf les derniers joujoux bas de gamme), vintage ou plus modernes. J'ai joué sur d'autres têtes Brunetti entrée et milieu de gamme pas spécialement convaincantes de mon point de vue. Mon ampli principal un Cornford MK50H, un monocanal inspiré des JCM800 et des Soldano, j'ai également joué ou possédé tous les amplis de la gamme, à l'exception du combo Hurricane. J'ai eu quelques amplis boutiques prétendument inspirés des plexis : Naylor Duel 60, Hook Captain 34, Splawn, Ceriatone Yeti, Bogner Helios 50. J'ai également joué sur une bonne partie de la gamme Friedman (BE100, PT20, DS20, Runt50), types d'amplis sur lesquels j'ai fait une croix. Cette marque fait du son clef en main, qu'il vaut mieux aimer, car ils sont à peine ajustable, impossible de travailler le grain en profondeur. Bref, je ferai le procès de Friedman ou Splawn une autre fois. Tout ça pour dire que j'ai tâté un bon paquet d'amplis hot-rods, boutiques d'inspiration anglaise et que ce Brunetti est l'un des rares à m'avoir vraiment séduit.
Faire un son EVH est possible, mais il faudra le travailler. Par contre, il vous permet de faire votre son à vous, pas le son d'un autre ou un son "déjà produit" qui ne vous permet pas de créer un vrai son de groupe. Là, on peut sculpter le son, qu'il s'agisse du clean (vraiment exceptionnel pour ce genre d'ampli) ou du canal saturé, allant du classic-rock et blues à papa au heavy bien appuyé. Ajoutez à ça des fonctionnalités qui le rende exploitable à la maison et ultra-complet pour la scène, c'est quasi un sans-faute. On ne peut pas mettre 10/10 à un ampli, parce qu'il y a une part de subjectivité forcément... oh, et puis zut : je le mets quand-même, parce qu'un ampli qui peut me détourner de mon Cornford, c'est pas n'importe quoi !