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Sujet MAHLER, encore et toujours

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Sujet de la discussion MAHLER, encore et toujours
C'est juste indescriptible. J'en reviens toujours à me dire : comment peut-on aller plus loin que ça? Sa musique avait au moins siècle d'avance quand il l'a écrite, enfin je crois qu'elle est juste éternelle. Eblouissante de sincérité, d'humanité, une musique qui n'essaye pas de vous duper, une musique qui aussi fragile et complexe que nous.

Citation : La musique de Mahler me frappe souvent par sa ressemblance avec une bible, un catalogue des sentiments, des problèmes, des expériences et des caractères humains. [...]

Pour moi, les symphonies de Mahler sont une unité, une gigantesque symphonie en onze mouvements, mieux encore, un seul grand roman de onze chapitres, composé des dix symphonies et de "Das Lied von der Erde" (Le Chant de la Terre). Tout dans ce roman est intimement lié et ne se comprend (et ne peut par conséquent être correctement interprété) que replacé dans le contexte de l'ensemble. La Huitième Symphonie par exemple ne peut être réellement comprise que mise en relation avec la Neuvième Symphonie et "Das Lied von der Erde". La Huitième Symphonie ne peut venir qu'avant "Das Lied von der Erde" et la Neuvième Symphonie, comme le dernier moment d'euphorie éprouvé par quelqu'un sur le point de mourir. Car seule la Huitième a l'apparence de la célébration, du bonheur et de la paix universelle. Grâce à l'expérience acquise, on ressent quelque chose de forcé dans cette célébration d'un optimisme illusoire. Elle représente un envol dans le grandiose; le Mahler hurlant, doutant, cherchant, est ici plus présent que jamais. Ceci devient particulièrement évident si l'on consulte les chapitres du roman qui suivent la Huitième. La Huitième Symphonie est inextricablement liée aux origines de la Neuvième de par sa luminosité et son empressement à affronter la mort.

[...] Un chef d'orchestre ne peut interpréter la musique de Mahler en respectant fidèlement la partition que s'il la dépeint comme déchirée, comme toujours luttant avec elle-même. Les éléments sont en perpétuelle lutte les uns contre les autres dans Mahler: là où la beauté existe, existe aussi la laideur et l'on doit souvent être très attentif à mettre suffisamment cette lutte en évidence. Les déchirements incessants de Mahler nécessitent un type spécifique d'interprète, quelqu'un lui-même en proie à ces déchirements (comme beaucoup d'artistes) ou pour lequel ces déchirements ont eu une résonance à travers les circonstances de sa propre vie. Un tel interprète devra obligatoirement faire ressortir ces éléments contradictoires. Dans la musique de Mahler, ces déchirements servent à la fois de coupures et de liens.

Je suis persuadé que nous n'avons réussi à comprendre la musique de Mahler que depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Je ne veux pas parler de l'aspect "technique" de la musique ni des similarités avec la musique contemporaine, mais de la compréhension globale qui sous-tend la musique. Une catastrophe telle que celle décrite dans le finale de la Sixième Symphonie ne peut être comprise qu'après Hiroshima et Auschwitz.

[...]

Les symphonies de Mahler sont merveilleusement proches de notre vie contemporaine et de notre réalité. Nous en sommes plus conscients à présent que nous ne l'étions dix ans auparavant. Mahler est le compositeur moderne par excellence. Sa musique reflète pratiquement la totalité de nos espoirs et de nos angoisses actuelles et ceci pour beaucoup, beaucoup d'entre nous.

Eliahu Inbal

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Minuslab ---> oui tout à fait, on lui a d'ailleurs par la suite reproché d'amener la musique de la rue dans l'orchestre symphonique... mais la musique populaire exprime des émotions qu'il ne voulait pas mettre de côté!
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je viens d'acheter l'intégrale par Eliahu Inbal
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Matte tes mails SNAF :bravo: