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Sujet Editorial du 21 juillet 2012 : commentaires

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Sujet de la discussion Editorial du 21 juillet 2012 : commentaires

Une fois n’est pas coutume, cet édito commence par un point d’orgue : le grand Jon Lord, qui était à Ritchie Blackmore ce que Charlie Oleg est à Simone Garnier, s’en est allé. Laissant un paquet de Children in Time orphelins, il emporte avec lui sa fameuse recette pour changer le B3 en C4, et mettre le feu sur l'eau comme dans une salle, sans jamais blesser personne.

On n'en dira pas autant du dernier cinglé à avoir sévi à Aurora dans le Colorado, lors d'une avant-première du nouveau Batman, blessant une cinquantaine de personnes, en assassinant douze. Batman, évidemment, n'a rien pu faire. Mais on s'étonnera en revanche qu'après la tuerie de Colombine qui avait eu lieu 13 ans auparavant à quelques kilomètres de là, après un film de Gus Van Sant sur le sujet encensé par la critique internationale, après le retentissant pamphlet documentaire de Michael Moore sur le même thème, ce soit le même naufrage du même Titanic contre le même iceberg qui se déroule dans le même océan glacé. Serait-ce qu'à l'image du Batman de Nolan coincé derrière son écran, l'art ne soit devenu que ce divertissement stérile qui ne pèse en rien sur la société? Ce truc qui gesticule et bavarde en pure perte, sans que personne ne prête plus attention à ce qu’il a à dire?

Le plus drôle dans cette sinistre histoire, c'est qu'en fouillant les affaires de l'assassin, on retrouvera probablement des films, des livres, des disques ou encore des jeux vidéo dont les imbéciles diront qu'ils sont à la racine de cette folie meurtrière. Ce même genre d'imbéciles qui autrefois expliquaient avec le plus grand sérieux qu'écouter Elvis rendait lubrique, que le hard rock poussait au suicide, que porter des Blue Jeans rendait stérile. Et que leur voix d’imbéciles couvrira les vraies questions posées par l’artiste Gus Van Zant ou le pamphlétaire Michael Moore. Alors dans 13 ans à nouveau, à 30 kilomètres de là, l’histoire se répétera encore et encore. Et on aura tort de dire simplement que c’est un problème d’Américains quand la France est le quatrième fabricant d’armes au monde…

La plume contre l’épée, il ne reste que cela pour alerter et questionner. Or en la matière, les articles de la semaine sur  AudioFanzine vous promettent quelques belles plumes pour faire trembler les épées : un excellent plug-in de saturation signé Brainworx, les dernières enceintes sorties chez Dynaudio, une sélection des produits les plus intéressants annoncés au dernier NAMM, et le casque Beats Pro de Monster

Sur ce, bon week et à la semaine prochaine.

Los Teignos
From Ze AudioTeam

Playlist de l’été : 3/ Deep Purple - Child in time

 

__________________________________________________________________________________
Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?

 

2
Bonjour,

En mélangeant chronique politique (intelligemment rédigée et rythmée) et chronique musico-économique,
Ne participez vous pas au bavardage que vous dénoncez ?

Un peu à la façon d'un Laurent Ruquier qui, de façon très perverse, floue le politique dans le divertissement.
Le politique, c'est la télé, le divertissement, ou le sens des lois, et des décision budgétaires et fiscales ?
Par expérience je sais qu'il ne faut pas avoir les mêmes compétences pour briller dans une émission de télé et analyser de façon globale l'état économique d'un pays pour donner des orientations budgétaires précises.

A l'heure du post modernisme tout se croise dans le flux, soit.
Mais restons honnêtes avec nos pratiques non ?
C'est une des rares libertés offertes au musiciens et "sondiers", non ?

Avez vous déjà eu l'idée d'inviter Steve Albini à l'un de vos éditoriaux ?
Il ne sera probablement pas au fait des dernier plugs in du moment, mais aura peut être une vision intéressante sur la société américaine.
je rappelle qu'il est Chicagoan, une ville largement étudiée par Michael Moore dans son film sur Colombine...

Nous dirons peut être un jour que le cynisme à ses limites et que le fait de travailler sur un site spécialisé n'empêche pas une certaine retenue quant à l'exercice de style...

Merci tout de même de nous avoir remémoré Charlie Oleg ! Yeah
3
J'adore comment tu écris. Etre musicos ne veut pas dire être sourd, aveugle et muet.

[ Dernière édition du message le 21/07/2012 à 07:43:19 ]

4
C'est bien ce qui s'appelle un "éditorial" - il ne s'agit pas nécessairement d'un article de fond.
Pour ma part, je le trouve bien senti, bien pensé, bien écrit, avec juste ce qu'il faut de provocation (des esprits chagrins parleraient de "mauvaise foi" peut-être). EN bref, comme je l'écrivais au début : c'est cela, un édito...
5
La France, 4 ème fabricant d'armes au monde.
On n'en parle pas souvent.
Donc elle vend des armes à tout le Monde !
Et il faut qu'elle en vende beaucoup pour gagner de l'argent.
Donc "elle" a intérêt à ce qu'il y ait des guerres.
Elles sont où, en France les usines?
En tous cas, merci de rappeler cela. Ca remet les pendules "à leur place".

Et toujours félicitations pour tes éditoriaux.

6
Merci à tous les trois pour vos commentaires.

Citation :
Bonjour,

En mélangeant chronique politique (intelligemment rédigée et rythmée) et chronique musico-économique,
Ne participez vous pas au bavardage que vous dénoncez ?

Un peu à la façon d'un Laurent Ruquier qui, de façon très perverse, floue le politique dans le divertissement.
Le politique, c'est la télé, le divertissement, ou le sens des lois, et des décision budgétaires et fiscales ?
Par expérience je sais qu'il ne faut pas avoir les mêmes compétences pour briller dans une émission de télé et analyser de façon globale l'état économique d'un pays pour donner des orientations budgétaires précises.

A l'heure du post modernisme tout se croise dans le flux, soit.
Mais restons honnêtes avec nos pratiques non ?
C'est une des rares libertés offertes au musiciens et "sondiers", non ?


Cet édito participe-t-il du bavardage ? La question est diablement bonne. Oui, dirais-je, parce qu'il est un message de plus dans une société saturée de messages, de sorte que la parole du politique comme celle de l'artiste ou celle du journaliste, finit par avoir un très mauvais rapport signal/bruit. Non, toutefois, dans ce cas précis, car cet édito, bien que partant d'un fait divers qui pourrait amener un commentaire politique, parle bien plutôt de la place de l'art dans notre société occidentale, et en parle dans une newsletter qui, a priori, est lue par pas mal d'artistes. Une question sur l'art posée à des artistes et que je pourrais résumer ainsi : l'art, jadis parole révolutionnaire au point que Platon voulait bannir le poète de la cité parce qu'il le jugeait trop dangereux pour établir un rapport sain avec la raison, est devenu un simple produit de consommation qui n'a plus de retentissement. Et on ne s'intéressera à son contenu que lorsqu'il pourra servir de bouc-émissaire à tel ou tel dérèglement de notre société. C'est vraiment là la question qui m'intéresse, plus que les lois américaines qui, comme vous le soulignez, sont du domaine du politique, que les analystes devront aider à prendre la juste décision. Si j'ai mentionné le fait que la France était un vendeur d'arme, c'était d'ailleurs uniquement pour éviter des réflexions basées sur un anti-américanisme primaire, pour ne pas se débarrasser de la question par un simple 'bah de toutes façons, ils sont zinzins aux US'. Parce que ce n'est pas un problème d'USA, c'est un problème d'occident. Aussi ne voulais-je pas poser le débat sur les armes (Moore et Sant l'ont fait avec autrement plus de pertinence et de légitimité que moi), mais poser cette simple question : qu'est ce qui fait que la parole artistique humaniste du 16ème siècle s'est transformée en révolution un peu partout dans l'Occident du 18ème siècle. Et qu'est ce qui fait que la chose ne semble ne plus fonctionner ? Comment en est on arrivé à émasculer l'art à ce point ?

Par ailleurs, je n'ai pas volonté là-dedans de faire du Ruquier ou de me substituer au politique, cependant que le site lui-même reste très concentré sur sa ligne éditoriale : la technique, point barre. Juste remettre un peu de sens parce que la musique, ce n'est pas que du matos. C'est de la condition humaine mise en notes. Et que si je ne crois pas forcément à l'efficacité d'un art engagé, je ne crois pas non plus que l'artiste puisse être un citoyen 'dégagé'. Mon rôle alors, tel que je me le suis défini au fil du temps avec cet édito, c'est de donner du grain à moudre à ceux qui en feront quelque chose, moins à coup de réponses qu'à coup de questions. Du moins j'essaye. Maladroitement parfois, certes, mais j'essaye.

Citation :
Avez vous déjà eu l'idée d'inviter Steve Albini à l'un de vos éditoriaux ?
Il ne sera probablement pas au fait des dernier plugs in du moment, mais aura peut être une vision intéressante sur la société américaine.
je rappelle qu'il est Chicagoan, une ville largement étudiée par Michael Moore dans son film sur Colombine...

Nous dirons peut être un jour que le cynisme à ses limites et que le fait de travailler sur un site spécialisé n'empêche pas une certaine retenue quant à l'exercice de style...


J'adorerais avoir Steve Albini en interview, le seul problème étant que dans le contexte du site, nous n'en resterons qu'au strict domaine technique avec lui, à cause de la ligne éditoriale évoquée plus haut et parce que, si cet édito est ce qu'il y a de plus freestyle dans ce que nous proposons, c'est aussi pour permettre au site de rester concentré sur son sujet de base et ne pas devenir les inrocks. Avoir des invités dans l'édito ? C'est en revanche une idée à creuser...

Citation :
Nous dirons peut être un jour que le cynisme à ses limites et que le fait de travailler sur un site spécialisé n'empêche pas une certaine retenue quant à l'exercice de style...


Je peux vous garantir en tout cas qu'il n'y a pas de cynisme ou de calcul dans ma démarche. Je me suis pris plus d'une fois des seaux de merde pour avoir franchi les mauvaises lignes aux yeux de certains. Et je ne les avais pas franchies par désir d'audimat, mais bien parce que les questions que je me pose, je trouve intéressant de les poser à une communauté d'artistes. Parce que leur réponse m'importe, surtout lorsque le débat peut s'engager.

Citation :
Merci tout de même de nous avoir remémoré Charlie Oleg ! Yeah


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Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?

 

[ Dernière édition du message le 21/07/2012 à 23:28:52 ]

7
Bonjour,
L'entete du sujet était quand meme la disparition d'un géant de la musique pop rock
C'est grace à ce genre de musique et de musicien,que je suis devenu organiste classique
D'accord,il ne faut pas confondre un B3 et un orgue à tuyaux,mais le fait est là,tout comme,à force d'écouter Hendrix, je suis un adepte des trilles et de son contrepoint
digne des plus grands compositeurs(cf band of gipsys)
patrice
8
Salut la team, pour une fois je ne suis pas très content de l'édito, je pensais avoir assez absorbé de cette soupe très bizarrement nommée Dark Night hier, mais non, AF en remet une louche ce matin...
Encore un coup comme celui-là et je vous mets dans le même sac que bé-éf-ém-tévé et hitailai :8O:
En attendant je vous adore, bon week-end!
9
Bonjour,
Comme toujours, un editorial sensible, musical et intelligent. Rassurant, en ces temps d'obscurantisme généralisé. C'est indispensable que des hommes comme Los Teignos refusent le bouillon "d'inculture" indigeste servi quotidiennement, afin que les artistes puissent s'exprimer librement et rendre le monde plus acceptable.
Et il en faut, du talent ....
Merci infiniment et chapeau bas, Los Teignos
Philippe
10
Citation :
Le plus drôle dans cette sinistre histoire, c'est qu'en fouillant les affaires de l'assassin, on retrouvera probablement des films, des livres, des disques ou encore des jeux vidéo dont les imbéciles diront qu'ils sont à la racine de cette folie meurtrière.


Pour une fois, objection votre Honneur ! Je ne vois pas ce qu'il peut y avoir d'imbécile à faire le rapprochement entre ce que mange une personne et ce qu'elle digère. Sans être un homéopathe patenté, je vois bien ce qui se passe dans ma cour de récréation entre le comportement des élèves qui ont des cartes de catcheurs aux muscles proéminents et le comportement des élèves qui n'ont pas ce genre de cartes. Et je ne parle que de ce que je vois dans ma cour, sans augurer ce à quoi ils peuvent jouer chez eux. Depuis 30 ans que j'enseigne, je constate quand même un accroissement de la violence scolaire gratuite. Qu'est-ce qui m'interdirait de penser qu'il y a un rapprochement à faire entre les jeux vidéos de rôles (pas du tout drôles) et le comportement des élèves ? Serait-ce l'enseignement ou les parents qui auraient changé à ce point en devenant des références de terreur et de violence ? On sait bien que non ! Alors qu'est-ce qui a changé pour les enfants ? La suprématie du ou plutôt des écrans, toutes sources confondues avec l'amalgame et la banalisation de tout ce qu'on peut y voir : émissions de "divertissement" où il faut soit écraser, tout au moins se moquer du voisin, journal télévisé où on nous rabâche depuis 16 mois que des Iraniens meurt tous les jours, etc. Et on se "console" de jeux avec des courses et accidents de voitures, et des fusillades de moins en moins virtuelles au fur et à mesure que la technologie permet de plus en plus de réalisme (tiens, quel rapport avec la réalité ?), et des empires à construire au détriment de ceux à détruire.
Faut dire que, pour excuser nos chères têtes de moins en moins blondes, quand on a un hymne national, qui pousse au crime depuis plus de deux siècles, la gangrène est profonde... d'autant plus qu'on doit en tirer une certaine gloire !