réactions à la news Commentaires sur la news : Spotify annonce un vaste nettoyage de son catalogue et un changement de gouvernance
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Neo Alchemist
9122

Administrateur·trice du site
Membre depuis 4 ans
Sujet de la discussion Posté le 01/10/2025 à 17:30:00Commentaires sur la news : Spotify annonce un vaste nettoyage de son catalogue et un changement de gouvernance
La plateforme supprime 75 millions de morceaux, tandis que son fondateur Daniel Ek quitte son poste de CEO pour celui d’Executive Chairman.
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Mini-Maxi
203

Posteur·euse AFfiné·e
Membre depuis 1 an
11 Posté le 01/10/2025 à 23:11:00
Ce qui a tué le marché du disque c'est d'abord nous qui avons accourus comme des mouches:
Quand Napster est arrivé, la nouvelle s'est répandu en quelques semaines. Perso je me souviens exactement de la soirée où on m'en a parlé pour la première fois. On était sûrement conscient que ce n'était pas hyper éthique mais rien n'arrête des gamins qui veulent écouter de la musique. D'un coup nous avions accès à tout les disques, les nouveautés aussi. Une révolution dans nos vies.
De l'autre côté de l'Atlantique un gars travaillant dans une fabrique de CD sortait tout les jours les fameux disques cachés derrière son énorme boucle de ceinture texane. Plein d'albums ont fuités ainsi.
Tout cela, l'invention du mp3 aussi, est raconté dans ce livre:

Quand Napster est arrivé, la nouvelle s'est répandu en quelques semaines. Perso je me souviens exactement de la soirée où on m'en a parlé pour la première fois. On était sûrement conscient que ce n'était pas hyper éthique mais rien n'arrête des gamins qui veulent écouter de la musique. D'un coup nous avions accès à tout les disques, les nouveautés aussi. Une révolution dans nos vies.
De l'autre côté de l'Atlantique un gars travaillant dans une fabrique de CD sortait tout les jours les fameux disques cachés derrière son énorme boucle de ceinture texane. Plein d'albums ont fuités ainsi.
Tout cela, l'invention du mp3 aussi, est raconté dans ce livre:

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[ Dernière édition du message le 01/10/2025 à 23:30:51 ]

Leopal
662

Posteur·euse AFfolé·e
Membre depuis 21 ans
12 Posté le 02/10/2025 à 02:43:31
A un moment, je pense qu'il faudra changer de modèle. Les plateformes ne pourront pas éternellement encaisser 100.000 nouveaux morceaux par jour.
Je me demande si à la fin on ne devra pas filtrer via les labels, permettre aux artistes signés de diffuser, et laisser les amateurs diffuser leur musique par eux-mêmes sur des sites persos...
Je me demande si à la fin on ne devra pas filtrer via les labels, permettre aux artistes signés de diffuser, et laisser les amateurs diffuser leur musique par eux-mêmes sur des sites persos...
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Will Zégal
77600

Will Zégal
Membre depuis 23 ans
13 Posté le 02/10/2025 à 08:23:48
Merci Mini-Maxi pour la référence de bouquin. Je vais essayer de le lire.
Mais je n'ai pas du tout la même analyse que toi.
A ma connaissance, la seule étude sérieuse, scientifique, universitaire sur le piratage de musique a été faite au Canada et elle montrait que ceux qui pirataient le plus étaient aussi ceux qui achetaient le plus de disque.
Avant l'arrivée du web, l'accès à la musique était extrêmement restreint car elle passait par des filtres : les radios FM qui, pour la plupart, passaient beaucoup la même chose (et dont l'offre était considérablement limitée quand on n'était pas dans une très grande ville) et les disquaires, eux aussi avec une offfre forcément restreinte et principalement mainstream, avec encore une offre très limitée.
Même pas mal de gens devenus par la suite journalistes musicaux vivant à Paris ou proche disaient que c'était une plaie pour obtenir des "imports" (ainsi qu'on appelait les innombrables disques qui ne sortaient tout simplement pas sur le marché français).
Quand le web est arrivé, et notamment Napster, ça a été une ouverture formidable pour les amateurs de musique. Un vrai bol d'air.
De son côté, l'industrie du disque n'a absolument pas voulu bouger de son modèle alors grassement rémunérateur de vente de disques physique. Alors que les consommateurs prêts à payer réclamaient d'autres usages, les maisons de disques restaient cramponnées à leur modèle.
Or, leur modèle était alors la vente en CD de fonds de catalogues déjà sortis en vinyles, aux coûts déjà amortis et qui leur rapportaient donc des marges monstrueuses, sachant qu'un CD qui coûtait moins cher à produire qu'un vinyle était vendu beaucoup plus cher.
Or, avec l'arrivée du CD, tout le monde a remplacé sa discothèque de vinyle par du CD. En d'autres termes, les gens ont racheté en CD ce qu'ils avaient déjà acheté en vinyle. Cela a fait la fortune des maisons de disque.
Quand la fameuse crise du disque est arrivée, "à cause du piratage" clamaient les requins des majors, l'inénarrable Pascal Nègre en tête, c'est qu'en fait les ventes de disques étaient revenus à leur niveau... d'avant l'arrivée du CD. Ce n'était pas une crise : c'est juste une bulle qui avait éclaté.
Interview de l'inventeur du MP3 : bien avant que sa technologie ne se diffuse, il est d'abord allé voir les maisons de disques. C'est avec elles en tête qu'il avait créé ce format, escomptant naturellement que ça permettrait aux maisons de disques de proposer de nouveaux services, de nouvelles façons de vendre la musique.
Les maisons de disque lui ont répondu que ça ne les intéressait pas.
Puis l'iPod est arrivé, avec sa possibilité de stocker et d'avoir dans sa poche des milliers de titres. Mais où trouver des milliers de titres ? Prendre le temps de ripper sa collection de disques ? Lol. Je viens de déménager et dans mon déménagement, il y avait encore 3 cartons de CD qui restent à ripper.
Alors oui, Napster a été le Grall des amateurs de musique.
Dans le même temps, les maisons de disque ont littéralement laissé tomber le réseau de disquaires qui, au moins, offraient du conseil à leurs clients, leur faisaient faire des découvertes et, pour certains, savaient se spécialiser, avoir des imports, etc. Bref, de bons vecteurs de vente, notamment de la musique de niche.
Ils les ont laissés tomber au profit des grandes surfaces. Car les directeurs artistiques venus du milieu musical qui régnaient avant dans les maisons de disques avaient été remplacés par des "chefs produits" venus d'écoles de commerces et qui croyaient qu'on pouvait vendre de l'art comme des paquets de yaourts. Alors plutôt que soutenir la production d'une grande diversité d'artistes, on met le paquet sur des stars avec des budgets monstrueux dont la moitié était en dépenses marketing. C'est l'époque où des maisons de disques ont viré des gens comme Nougaro ou Bachelet dont ils estimaient les volumes de vente insuffisants. C'est l'époque où un groupe de mon coin, acclamé par la critique qui le comparait à Björk, a été signé dans une major qui l'a viré dès leur premier album parce qu'ils n'en avaient vendu que... 30 000 exemplaires.
Rappelons aussi que Matmatah a dû vendre plus de 30 000 exemplaires de leur album autoproduit avant d'être signé par une maison de disque !
Non, plutôt que s'emmerder avec des milliers de références qui faisaient des ventes honnêtes, il fallait de la vente de masse, des stars qui se vendent à millions d'exemplaires. Dans ce schéma, les disquaires n'avaient pas leur place : vive les supermarchés.
Supermarché dont les rayons, très limités, ne contenaient donc quasi plus que des têtes de gondole, des machins hyper mainstream.
Quand je suis arrivé en 1990 dans la ville de 70 000 habitants où je vis, il y avait 3 disquaires. Et pas des petits magasins, mais de taille équivalente aux supérettes actuelles.
Avant 2000, il n'y en avait plus.
Je me rappelle du disquaire chez qui j'allais au moins une fois par mois pour m'acheter un disque ou deux que j'avais découvert à la radio ou par des amis. Je repartais presque toujours avec 4, 5, 6 disques parce qu'il me faisait découvrir des choses : il connaissait mes goûts, il connaissait la musique "tiens, si vous aimez ça, vous devriez écouter ça : ça devrait vous plaire" Bingo.
Où y a t-il aujourd'hui des vendeurs qui savent faire ça ? Même pas à la Fnac où, là aussi, les vendeurs autrefois hautement spécialisés et compétents ont été remplacés par des pousseurs de cartons.
Je me rappelle des startups proposant la création de services de streaming aux maisons de disques. Celles-ci n'en voulurent pas. Je me rappelle de la bataille pour une licence globale, une redevance sur le prix des abonnements internet redistribuée aux artistes sur la base des statistiques de téléchargement. Elles ont aussi lutté contre de toutes leurs forces.
Au lieu de ça, les maisons de disque ont tout fait pour criminaliser leurs clients. Il y a peu encore, des gens recevaient des courriers de menace de Hadopi.
Dans aucun autre secteur économique on ne voit ça. Si le marché évolue, on suit le marché. On ne se bat pas contre ses clients, mais pour sa clientèle.
Même Spotify, elles n'en voulaient pas. A t-on oublié que ce salaud et Ek et les maisons de disques ont été en guerre pendant des années ? Ek, un pirate "légal", s'en sortait en prétendant vendre la musique et rémunérer les maisons de disques et les artistes... de façon totalement insuffisante. Comment payer correctement les gens avec des abonnements illimités à moins de 10 € quand le prix d'un album était de plus de 10 € en sortie ?
Ek justifiait ses prix trop bas en disant qu'il ne gagnait pas (encore) d'argent, ce qui est vrai : Spotify et Eck n'ont toujours vécu que sur leur capitalisation boursière.
C'est comme si je montais une sandwicherie discount et que je me servais chez le boulanger en payant les baguettes 1/10 de leur prix en prétextant que je n'étais pas "encore" rentable, mais qu'un jour...
Finalement, il y a quelques années, le conflit a été réglé. Spotify a-t-il augmenté les redevances ? Non. Il a échangé des actions avec les maisons de disques. Ainsi, celles-ci sont passées de l'autre côté de la barrière : là où avant, elles partageaient au moins un peu les intérêts des artistes (avoir des redevances correctes sur le streaming), elles ont désormais les intérêts des actionnaires du streaming sur le dos des artistes : moins ceux-ci gagnent, plus les actions rapportent et prennent de la valeur.
Dire que ce sont les amateurs de musique qui ont tué le disque, cela me semble terriblement injuste. Ce qui l'a tué, c'est l'avidité des maisons de disque (et de leurs actionnaires, car toutes étaient entre temps devenues des multinationales), leur aveuglement quant aux besoins de changement des usages et aux évolutions technologiques qui le permettaient et la demande de leur marché. Et l'opportunisme de requins comme Ek qui s'en foutent de vendre à perte le travail des autres (ou de ne carrément pas le payer) tant que ça fait sa fortune.
A ma connaissance, Spotify n'est toujours pas rentable (ou ne l'était encore pas il y a peu) et gagne toujours son pognon grâce à la bourse.
La preuve que le piratage n'était pas un choix de cœur des amateurs de musique est qu'ils se sont jetés sur les offres "légales" payantes quand elles sont apparues.
Un des gros mensonges de cette histoire a été de professer que les chiffres du piratage correspondaient à des chiffres de ventes perdues. Tous ceux qui ont téléchargé des morceaux sur le web, tous ceux qui ont copié les disques durs des copains savent bien qu'ils n'auraient jamais acheté autant de musique. On s'est comportés comme des gourmands qui auraient eu l'accès gratuit à une pâtisserie, mais c'est pas parce que tu repars avec une forêt noire pour 8 personnes, 10 religieuses au chocolat, 15 pains aux raisins et 10 croissants que tu vas tous les manger. Encore moins que tu aurais acheté tout ça.
Que cette disponibilité gratuite de la musique ait pu nuire aux ventes ? Encore une fois, je n'en suis pas convaincu : l'étude canadienne montrait que les plus gros pirates étaient bien ceux qui achetaient le plus de la musique.
Combien d'artistes avons-nous découvert par des copies gratuites et dont nous avons ensuite acheté des albums ?
Aujourd'hui encore, malgré la facilité du piratage, malgré l'accès gratuit à la musique par Youtube, énormément de gens non seulement payent un abonnement à un service de streaming, mais achètent des disques physiques. Avec la prise de conscience du vol légalisé que sont les plateformes, il semble même que les ventes d'albums en physique (notamment en vinyle, mais on voit même le retour des cassettes) décolle.
Si les requins du disque ont hurlé à la faute au piratage, c'est surtout pour cacher leur incompétence et leur conservatisme crasse.
Mais je n'ai pas du tout la même analyse que toi.
A ma connaissance, la seule étude sérieuse, scientifique, universitaire sur le piratage de musique a été faite au Canada et elle montrait que ceux qui pirataient le plus étaient aussi ceux qui achetaient le plus de disque.
Avant l'arrivée du web, l'accès à la musique était extrêmement restreint car elle passait par des filtres : les radios FM qui, pour la plupart, passaient beaucoup la même chose (et dont l'offre était considérablement limitée quand on n'était pas dans une très grande ville) et les disquaires, eux aussi avec une offfre forcément restreinte et principalement mainstream, avec encore une offre très limitée.
Même pas mal de gens devenus par la suite journalistes musicaux vivant à Paris ou proche disaient que c'était une plaie pour obtenir des "imports" (ainsi qu'on appelait les innombrables disques qui ne sortaient tout simplement pas sur le marché français).
Quand le web est arrivé, et notamment Napster, ça a été une ouverture formidable pour les amateurs de musique. Un vrai bol d'air.
De son côté, l'industrie du disque n'a absolument pas voulu bouger de son modèle alors grassement rémunérateur de vente de disques physique. Alors que les consommateurs prêts à payer réclamaient d'autres usages, les maisons de disques restaient cramponnées à leur modèle.
Or, leur modèle était alors la vente en CD de fonds de catalogues déjà sortis en vinyles, aux coûts déjà amortis et qui leur rapportaient donc des marges monstrueuses, sachant qu'un CD qui coûtait moins cher à produire qu'un vinyle était vendu beaucoup plus cher.
Or, avec l'arrivée du CD, tout le monde a remplacé sa discothèque de vinyle par du CD. En d'autres termes, les gens ont racheté en CD ce qu'ils avaient déjà acheté en vinyle. Cela a fait la fortune des maisons de disque.
Quand la fameuse crise du disque est arrivée, "à cause du piratage" clamaient les requins des majors, l'inénarrable Pascal Nègre en tête, c'est qu'en fait les ventes de disques étaient revenus à leur niveau... d'avant l'arrivée du CD. Ce n'était pas une crise : c'est juste une bulle qui avait éclaté.
Interview de l'inventeur du MP3 : bien avant que sa technologie ne se diffuse, il est d'abord allé voir les maisons de disques. C'est avec elles en tête qu'il avait créé ce format, escomptant naturellement que ça permettrait aux maisons de disques de proposer de nouveaux services, de nouvelles façons de vendre la musique.
Les maisons de disque lui ont répondu que ça ne les intéressait pas.
Puis l'iPod est arrivé, avec sa possibilité de stocker et d'avoir dans sa poche des milliers de titres. Mais où trouver des milliers de titres ? Prendre le temps de ripper sa collection de disques ? Lol. Je viens de déménager et dans mon déménagement, il y avait encore 3 cartons de CD qui restent à ripper.
Alors oui, Napster a été le Grall des amateurs de musique.
Dans le même temps, les maisons de disque ont littéralement laissé tomber le réseau de disquaires qui, au moins, offraient du conseil à leurs clients, leur faisaient faire des découvertes et, pour certains, savaient se spécialiser, avoir des imports, etc. Bref, de bons vecteurs de vente, notamment de la musique de niche.
Ils les ont laissés tomber au profit des grandes surfaces. Car les directeurs artistiques venus du milieu musical qui régnaient avant dans les maisons de disques avaient été remplacés par des "chefs produits" venus d'écoles de commerces et qui croyaient qu'on pouvait vendre de l'art comme des paquets de yaourts. Alors plutôt que soutenir la production d'une grande diversité d'artistes, on met le paquet sur des stars avec des budgets monstrueux dont la moitié était en dépenses marketing. C'est l'époque où des maisons de disques ont viré des gens comme Nougaro ou Bachelet dont ils estimaient les volumes de vente insuffisants. C'est l'époque où un groupe de mon coin, acclamé par la critique qui le comparait à Björk, a été signé dans une major qui l'a viré dès leur premier album parce qu'ils n'en avaient vendu que... 30 000 exemplaires.
Rappelons aussi que Matmatah a dû vendre plus de 30 000 exemplaires de leur album autoproduit avant d'être signé par une maison de disque !
Non, plutôt que s'emmerder avec des milliers de références qui faisaient des ventes honnêtes, il fallait de la vente de masse, des stars qui se vendent à millions d'exemplaires. Dans ce schéma, les disquaires n'avaient pas leur place : vive les supermarchés.
Supermarché dont les rayons, très limités, ne contenaient donc quasi plus que des têtes de gondole, des machins hyper mainstream.
Quand je suis arrivé en 1990 dans la ville de 70 000 habitants où je vis, il y avait 3 disquaires. Et pas des petits magasins, mais de taille équivalente aux supérettes actuelles.
Avant 2000, il n'y en avait plus.
Je me rappelle du disquaire chez qui j'allais au moins une fois par mois pour m'acheter un disque ou deux que j'avais découvert à la radio ou par des amis. Je repartais presque toujours avec 4, 5, 6 disques parce qu'il me faisait découvrir des choses : il connaissait mes goûts, il connaissait la musique "tiens, si vous aimez ça, vous devriez écouter ça : ça devrait vous plaire" Bingo.
Où y a t-il aujourd'hui des vendeurs qui savent faire ça ? Même pas à la Fnac où, là aussi, les vendeurs autrefois hautement spécialisés et compétents ont été remplacés par des pousseurs de cartons.
Je me rappelle des startups proposant la création de services de streaming aux maisons de disques. Celles-ci n'en voulurent pas. Je me rappelle de la bataille pour une licence globale, une redevance sur le prix des abonnements internet redistribuée aux artistes sur la base des statistiques de téléchargement. Elles ont aussi lutté contre de toutes leurs forces.
Au lieu de ça, les maisons de disque ont tout fait pour criminaliser leurs clients. Il y a peu encore, des gens recevaient des courriers de menace de Hadopi.
Dans aucun autre secteur économique on ne voit ça. Si le marché évolue, on suit le marché. On ne se bat pas contre ses clients, mais pour sa clientèle.
Même Spotify, elles n'en voulaient pas. A t-on oublié que ce salaud et Ek et les maisons de disques ont été en guerre pendant des années ? Ek, un pirate "légal", s'en sortait en prétendant vendre la musique et rémunérer les maisons de disques et les artistes... de façon totalement insuffisante. Comment payer correctement les gens avec des abonnements illimités à moins de 10 € quand le prix d'un album était de plus de 10 € en sortie ?
Ek justifiait ses prix trop bas en disant qu'il ne gagnait pas (encore) d'argent, ce qui est vrai : Spotify et Eck n'ont toujours vécu que sur leur capitalisation boursière.
C'est comme si je montais une sandwicherie discount et que je me servais chez le boulanger en payant les baguettes 1/10 de leur prix en prétextant que je n'étais pas "encore" rentable, mais qu'un jour...
Finalement, il y a quelques années, le conflit a été réglé. Spotify a-t-il augmenté les redevances ? Non. Il a échangé des actions avec les maisons de disques. Ainsi, celles-ci sont passées de l'autre côté de la barrière : là où avant, elles partageaient au moins un peu les intérêts des artistes (avoir des redevances correctes sur le streaming), elles ont désormais les intérêts des actionnaires du streaming sur le dos des artistes : moins ceux-ci gagnent, plus les actions rapportent et prennent de la valeur.
Dire que ce sont les amateurs de musique qui ont tué le disque, cela me semble terriblement injuste. Ce qui l'a tué, c'est l'avidité des maisons de disque (et de leurs actionnaires, car toutes étaient entre temps devenues des multinationales), leur aveuglement quant aux besoins de changement des usages et aux évolutions technologiques qui le permettaient et la demande de leur marché. Et l'opportunisme de requins comme Ek qui s'en foutent de vendre à perte le travail des autres (ou de ne carrément pas le payer) tant que ça fait sa fortune.
A ma connaissance, Spotify n'est toujours pas rentable (ou ne l'était encore pas il y a peu) et gagne toujours son pognon grâce à la bourse.
La preuve que le piratage n'était pas un choix de cœur des amateurs de musique est qu'ils se sont jetés sur les offres "légales" payantes quand elles sont apparues.
Un des gros mensonges de cette histoire a été de professer que les chiffres du piratage correspondaient à des chiffres de ventes perdues. Tous ceux qui ont téléchargé des morceaux sur le web, tous ceux qui ont copié les disques durs des copains savent bien qu'ils n'auraient jamais acheté autant de musique. On s'est comportés comme des gourmands qui auraient eu l'accès gratuit à une pâtisserie, mais c'est pas parce que tu repars avec une forêt noire pour 8 personnes, 10 religieuses au chocolat, 15 pains aux raisins et 10 croissants que tu vas tous les manger. Encore moins que tu aurais acheté tout ça.
Que cette disponibilité gratuite de la musique ait pu nuire aux ventes ? Encore une fois, je n'en suis pas convaincu : l'étude canadienne montrait que les plus gros pirates étaient bien ceux qui achetaient le plus de la musique.
Combien d'artistes avons-nous découvert par des copies gratuites et dont nous avons ensuite acheté des albums ?
Aujourd'hui encore, malgré la facilité du piratage, malgré l'accès gratuit à la musique par Youtube, énormément de gens non seulement payent un abonnement à un service de streaming, mais achètent des disques physiques. Avec la prise de conscience du vol légalisé que sont les plateformes, il semble même que les ventes d'albums en physique (notamment en vinyle, mais on voit même le retour des cassettes) décolle.
Si les requins du disque ont hurlé à la faute au piratage, c'est surtout pour cacher leur incompétence et leur conservatisme crasse.
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[ Dernière édition du message le 02/10/2025 à 08:34:28 ]

Mini-Maxi
203

Posteur·euse AFfiné·e
Membre depuis 1 an
14 Posté le 02/10/2025 à 09:23:15
Mais Will, tu as passé la nuit à écrire ce message? 
Les utilisateurs par leur choix ont leur part de responsabilité mais ce qui tu décris est tout aussi vrai. Depuis la fin des années 90 la pression du capitale a laminé notre société.
Le livre évoqué commence sur un parallèle intéressant: quand la radio est arrivée dans les années1930 les fabricants de disques ont criés au scandale, cette forme de gratuité ayant eu un gros impact sur la vente de disques..

Les utilisateurs par leur choix ont leur part de responsabilité mais ce qui tu décris est tout aussi vrai. Depuis la fin des années 90 la pression du capitale a laminé notre société.
Le livre évoqué commence sur un parallèle intéressant: quand la radio est arrivée dans les années1930 les fabricants de disques ont criés au scandale, cette forme de gratuité ayant eu un gros impact sur la vente de disques..
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[ Dernière édition du message le 02/10/2025 à 09:23:42 ]

sacdesport
276

Posteur·euse AFfamé·e
Membre depuis 20 ans
15 Posté le 02/10/2025 à 09:46:17
Will....ton propos est juste...parfait !
Tout ce que je pense du sujet mais en mieux dit
Tout ce que je pense du sujet mais en mieux dit

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Spacionot (ex Cola Verde)
2793

Squatteur·euse d’AF
Membre depuis 13 ans
16 Posté le 02/10/2025 à 10:00:24
Alex Norström and Gustav Söderström. Une belle bande de ström 
ça me fait penser au cours de physique en 4éme avec les Angström.

ça me fait penser au cours de physique en 4éme avec les Angström.
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zogood
484

Posteur·euse AFfamé·e
Membre depuis 19 ans
17 Posté le 02/10/2025 à 14:38:56
Complètement en phase avec Will Zégal, parole de gros acheteur ayant eu aussi des mots avec Hadopi 
Avant de s'en prendre aux sites de streaming, regardons ces maisons de disques moribondes qui ont toujours refusé de voir le monde changer, qui servent de moins en moins les artistes (il y a une interview récente d'un type d'Universal - je crois - qui conseille aux jeunes de travailler leur notoriété sur les réseaux avant de venir le voir
) et qui se cramponnent pour grappiller quelques dollars de plus (par exemple, la remise en cause du "fair use" et le harcèlement exercé sur des youtubeurs comme Rick Beato).

Avant de s'en prendre aux sites de streaming, regardons ces maisons de disques moribondes qui ont toujours refusé de voir le monde changer, qui servent de moins en moins les artistes (il y a une interview récente d'un type d'Universal - je crois - qui conseille aux jeunes de travailler leur notoriété sur les réseaux avant de venir le voir

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noiZe
4585

Squatteur·euse d’AF
Membre depuis 20 ans
18 Posté le 03/10/2025 à 07:05:33
@Will: je ne serais pas contre le nom du groupe de ton coin, acclamé par la critique qui le comparait à Björk,.... (j’irai l’écouter sur Spotify
)

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updownleftright
1030

AFicionado·a
Membre depuis 10 ans
19 Posté le 03/10/2025 à 08:19:23

harmonique
154

Posteur·euse AFfiné·e
Membre depuis 21 ans
20 Posté le 03/10/2025 à 09:15:07
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