albou
« Le drame de la rentabilité »
Publié le 01/06/24 à 01:00
Rapport qualité/prix :
Correct
Cible :
Tout public
Achetée en 2023 pour avoir une configuration complémentaire à ma Rickenbacker 360 assez avare en sustain et pensée essentiellement pour le son clean voire léger crunch de lampes, mais vite dépassée quand il faut aller au delà. J'ai finalement attribué ce spectre sonore à la Brighton.
La marque D'Angelico (disparue en 64 en même temps que son créateur John D'Angelico) est le produit d'une transaction entre investisseurs pour l'exploitation du nom. Et qui dit investissement dit rentabilité, communication, distribution à grande échelle et réduction des coûts de production. A partir de là, il ne faut pas se faire d'illusion : on ne prévoit pas de relancer la production artisanale originelle. Bien que ce ne soit pas un défaut de l'instrument, le nom sert surtout d'alibi et les modèles se sont rapidement éloignés des modèles d'époque. Mais peu importe, on saura la suite de l'histoire avec le manche dans la main.
Tout d'abord il s'agit d'un corps plein en substitut d'acajou d'un poids raisonnable. J'ai le modèle noir avec de discrètes paillettes donnant un côté "minéral" vraiment magnifique invisible au delà de 1m de distance. Le pickguard en tortoise blanc de forme unique concorde avec ce projet d'instruments originaux avec une construction de qualité même pour les asiatiques. Ca c'est une réussite : la peinture est sans défaut, pas de dépassements de plastiques, rien à dire sur la touche et les décorations sur la tête sont impeccables. Autre chose dans les qualités : le manche. Le vernis satiné donne l'impression d'avoir le bois brut dans la main ce qui est bien plus confortable qu'avec un verni brillant qui colle si on transpire. J'ai même eu besoin d'un temps d'adaptation pour les slides. Cependant, je suis en conflit avec les frettes qui sont vraiment énormes ! La justesse de la note change selon la pression : un accord en barré n'aura pas la même hauteur que le même accord avec le pouce par le dessus ce qui est assez désagréable, bien que ce ne soit pas un défaut. Je trouve ce choix étrange sur une guitare très classique.
On arrive maintenant aux défauts qui font autant plonger la note malgré une franche réussite de la fabrication.
Les mécaniques sont des Grovers Imperial et les micros sont des Seymour Duncan... tous fabriqués sous licence. Pour ceux qui ne sont pas familiers du concept, il s'agit d'une pratique très répandue où des fabricants de pièces détachées autorisent une marque à fabriquer eux-mêmes les pièces qui seront présentées comme des gages de qualité mais qui seront en fait au niveau du reste de l'instrument. Les pièces suivent les plans des modèles originaux mais subissent les limites du coût de production : j'ai une acoustique Ibanez de 84 dont les mécas tombaient en ruine et remplacées par de véritables Grovers et c'est sans appel, la Ibanez reste accordée pendant des semaines, après un bend sur la D'Angelico les cordes trop poussées sont déjà fausses. Par ailleurs, il est pas forcément évident de l'accorder à l'oreille à cause des frettes.
En ce qui concerne l'électronique, ça correspond au tout. On peut apprécier les push pull pour splitter les micros ce qui offre de nouvelles possibilités de combinaisons. Hélas, l'électronique ne se démarque pas non plus. Les potards sont inutilisables, excepté le volume du micro aigu qui permet de contrôler le gain des saturations. Cependant, on sent bien le fossé sonore dès qu'on baisse un potard, typique des circuits un peu trop cheap.
C'est le moment du son. Et rien de bien surprenant non plus, les humbuckers sont bien présents mais le grave manque globalement de précision et peut vite baver avec des crunch de lampes trop intenses. Ils réagit un peu mieux aux distorsions bien droites qu'il soit en double ou simple mais mieux vaut ne pas sortir du jeu solo et des power chords. Le micro aigu me plait déjà plus, en clean il est bien équilibré et réagit bien au crunch, les disto plus tranchées sonnent bien malgré un risque de devenir criard en fonction du son de base. Les sons splittés sont intéressants pour faire des combinaisons sur la position intermédiaire, car seuls ils n'ont pas grand intérêt en dehors du foyer et potentiellement dans des enregistrements maisons.
Ma conclusion est que cet instrument se démarque par une construction propre et un modèle un peu plus élaboré qu'une énième copie LP/Strat tout en restant traditionnel. Là, c'est du beau travail. Seulement les parties liées au jeu et à la sonorisation sont de qualité moyenne et comparables à des instruments moins chers.
Je suppose qu'elle prendrait de l'intérêt avec un remplacement complet de l'électronique et des Grovers authentiques mais cela en vaut-il vraiment la peine ?
Malgré une fabrication asiatique, on est amené à penser que son prix plus élevé est justifié par une qualité générale supérieur. Le soucis c'est que la priorité semble avoir été donnée au cosmétique au dépend du reste.
Je ne recommande pas cette guitare. C'est un superbe instrument mais son prix est bien trop élevé pour un instrument ayant des sons et un accordage aussi approximatifs.
La marque D'Angelico (disparue en 64 en même temps que son créateur John D'Angelico) est le produit d'une transaction entre investisseurs pour l'exploitation du nom. Et qui dit investissement dit rentabilité, communication, distribution à grande échelle et réduction des coûts de production. A partir de là, il ne faut pas se faire d'illusion : on ne prévoit pas de relancer la production artisanale originelle. Bien que ce ne soit pas un défaut de l'instrument, le nom sert surtout d'alibi et les modèles se sont rapidement éloignés des modèles d'époque. Mais peu importe, on saura la suite de l'histoire avec le manche dans la main.
Tout d'abord il s'agit d'un corps plein en substitut d'acajou d'un poids raisonnable. J'ai le modèle noir avec de discrètes paillettes donnant un côté "minéral" vraiment magnifique invisible au delà de 1m de distance. Le pickguard en tortoise blanc de forme unique concorde avec ce projet d'instruments originaux avec une construction de qualité même pour les asiatiques. Ca c'est une réussite : la peinture est sans défaut, pas de dépassements de plastiques, rien à dire sur la touche et les décorations sur la tête sont impeccables. Autre chose dans les qualités : le manche. Le vernis satiné donne l'impression d'avoir le bois brut dans la main ce qui est bien plus confortable qu'avec un verni brillant qui colle si on transpire. J'ai même eu besoin d'un temps d'adaptation pour les slides. Cependant, je suis en conflit avec les frettes qui sont vraiment énormes ! La justesse de la note change selon la pression : un accord en barré n'aura pas la même hauteur que le même accord avec le pouce par le dessus ce qui est assez désagréable, bien que ce ne soit pas un défaut. Je trouve ce choix étrange sur une guitare très classique.
On arrive maintenant aux défauts qui font autant plonger la note malgré une franche réussite de la fabrication.
Les mécaniques sont des Grovers Imperial et les micros sont des Seymour Duncan... tous fabriqués sous licence. Pour ceux qui ne sont pas familiers du concept, il s'agit d'une pratique très répandue où des fabricants de pièces détachées autorisent une marque à fabriquer eux-mêmes les pièces qui seront présentées comme des gages de qualité mais qui seront en fait au niveau du reste de l'instrument. Les pièces suivent les plans des modèles originaux mais subissent les limites du coût de production : j'ai une acoustique Ibanez de 84 dont les mécas tombaient en ruine et remplacées par de véritables Grovers et c'est sans appel, la Ibanez reste accordée pendant des semaines, après un bend sur la D'Angelico les cordes trop poussées sont déjà fausses. Par ailleurs, il est pas forcément évident de l'accorder à l'oreille à cause des frettes.
En ce qui concerne l'électronique, ça correspond au tout. On peut apprécier les push pull pour splitter les micros ce qui offre de nouvelles possibilités de combinaisons. Hélas, l'électronique ne se démarque pas non plus. Les potards sont inutilisables, excepté le volume du micro aigu qui permet de contrôler le gain des saturations. Cependant, on sent bien le fossé sonore dès qu'on baisse un potard, typique des circuits un peu trop cheap.
C'est le moment du son. Et rien de bien surprenant non plus, les humbuckers sont bien présents mais le grave manque globalement de précision et peut vite baver avec des crunch de lampes trop intenses. Ils réagit un peu mieux aux distorsions bien droites qu'il soit en double ou simple mais mieux vaut ne pas sortir du jeu solo et des power chords. Le micro aigu me plait déjà plus, en clean il est bien équilibré et réagit bien au crunch, les disto plus tranchées sonnent bien malgré un risque de devenir criard en fonction du son de base. Les sons splittés sont intéressants pour faire des combinaisons sur la position intermédiaire, car seuls ils n'ont pas grand intérêt en dehors du foyer et potentiellement dans des enregistrements maisons.
Ma conclusion est que cet instrument se démarque par une construction propre et un modèle un peu plus élaboré qu'une énième copie LP/Strat tout en restant traditionnel. Là, c'est du beau travail. Seulement les parties liées au jeu et à la sonorisation sont de qualité moyenne et comparables à des instruments moins chers.
Je suppose qu'elle prendrait de l'intérêt avec un remplacement complet de l'électronique et des Grovers authentiques mais cela en vaut-il vraiment la peine ?
Malgré une fabrication asiatique, on est amené à penser que son prix plus élevé est justifié par une qualité générale supérieur. Le soucis c'est que la priorité semble avoir été donnée au cosmétique au dépend du reste.
Je ne recommande pas cette guitare. C'est un superbe instrument mais son prix est bien trop élevé pour un instrument ayant des sons et un accordage aussi approximatifs.