réactions à la news Compos collectives, saison 69 (saison érotique?)

Allez, notre petite histoire de compote telle que je l'ai vécue.
Je crois qu'on a commencé direct par un envoi d'arpège clair par JohnnyG. J'aimais bien. Je dis que je vais partir là-dessus. Je pond un rythme qui lui plaît... La voie est ouverte.

Je regarde un peu ce qui s'est passé en 1969 pour voir si un évènement ne m'inspirerait pas. Bon, on laisse tomber le premier pas sur la lune : trop bateau, rebattu, etc.
Je tombe sur les émeutes de Stonewall dont je n'avais encore jamais entendu parler.

J'ai une longue histoire personnellement avec la chanson française. Mais en dehors de travaux pour des clients ou de collaborations, cela fait maintenant 20 ans que je fais essentiellement de la musique instrumentale et que je n'écris plus. J'ai arrêté d'écrire car ce que j'écrivais n'était pas ce que j'avais envie d'écrire et de chanter.
Mais depuis quelques temps, l'envie de refaire de la chanson me titille, si je trouve un.e auteur ou autrice interprète.

Là, l'histoire des émeutes de Stonewall me donnent carrément envie de me réessayer à l'écriture. J'en parle à JohnnyG : je voudrais essayer de pondre un texte qui soit un hommage à ceux qui relèvent la tête et se battent pour leurs droits. Banco, feu vert.

Là, première phase sympa : je me plonge dans mes dictonnaires dont le dictionnaire analogique et commence à trouver des angles et quelques formules.
Ensuite, bonne période de souffrance. L'écriture, ça demande de la disponibilité d'esprit et je n'en ai guère en ce moment.
En plus, je n'arrive pas à écrire sur notre boucle arpèges + rythme. C'est trop léger. Il me faut un truc plus lourd.
Je fais alors le riff de synthé et j'envoie ça à l'ami JohnnyG en lui expliquant qu'on va sans doute devoir laisser tomber sa jolie grille d'arpèges qui bloque mon écriture et que je ne sais pas si on pourra la réintégrer parce qu'elle va être compliquée à marier avec la boucle de synthé. Plein de bienveillance comme tout au long de la coopération, il dit OK.

Bon, l'écriture se fait tant bien que mal, avec l'appui et des suggestions de JohnnyG. Finalement, lui qui était tenté de faire une saison sans sortir les grosses guitares, je l'invite à sortir l'artillerie pour le refrain. Il me sort guitares et basse. J'arrive à pondre un refrain. Ypluka.

Après, c'est des histoires classiques de compos collectives, avec le temps qui s'accélère, les disponibilités de chacun, etc. J'ajoute mon ordi de studio qui fait un peu des siennes et un oubli de disque dur...

et si ça fait 20 ans que je n'écris plus, ça fait aussi 20 ans que je ne chante plus, sauf sous ma douche. Mine de rien, j'ai pas mal galéré à placer rythmiquement ce texte sur ce tempo assez enlevé. C'est pas super super, mais bon, c'est les compos collectives, faut terminer dans les temps, alors relâchement, lâcher prise, on fera avec.
Mais voilà un truc à retravailler.

Ouh là, je suis bavard. Alors si ça vous dit, je vous parlerai dans un autre post d'une astuce de sound design que j'ai découverte à l'occasion de cette compo.

Enfin, j'imagine que ça dépend des vies de chacun. Quelqu'un qui a des horaires bien réglés, pas de famille à gérer et qui sait qu'il va pouvoir consacrer tant d'heures le soir ou tant de soirée à bosser sur la compo, ça va. Si en plus les deux membres du binôme ont leurs week-ends relativement disponibles, c'est bonheur.
Quand on a des plannings de boulot élastiques ou des horaires atypiques, une famille à gérer, de multiples activités (pro ou de loisir) qui peuvent interférer et obliger à faire des choix, c'est moins évident : le mois initialement prévu peut filer très vite et il n'est pas rare qu'on se retrouve dans le rush la dernière semaine.
On apprend donc qu'une compo collective, c'est un sprint : il ne faut pas traîner au départ, prendre très vite une direction qui convienne aux deux, faire très vite ses propositions à l'autre et écouter très vite les siennes, échanger pour garder un cap commun et ne jamais perdre de vue qu'une journée de retard pour faire un truc, ça peut donner une semaine de délai parce que le binôme n'aura peut-être plus de dispo avant X jours.
On rajoute à tout ça les difficultés de communication avec le binôme (même quand on s'entend bien), les trucs qu'il oublie, ceux qu'on oublie...
Faut donc pas se dire qu'on va faire un morceau de niveau album. Faut accepter les imperfections, ne pas refaire X fois un truc, assumer ce qui a été fait même si c'est imparfait ou pas tout à fait ce qu'on aurai voulu, ou encore qu'on trouve en cours de route une nouvelle direction meilleure.
Et si on a réussi à tenir le cap et à foncer, là, il restera éventuellement du temps dans les derniers jours pour peaufiner un peu son mix, refaire une prise améliorable, chercher un autre son sur telle ou telle piste.

L'autre recette d'une compote réussie, c'est quand l'un des participants fonce tout de suite sur une idée et prend en quelque sorte le morceau en mains, un peu comme ce qui s'est passé avec Props et BB Mitch, tant que ça laisse à l'autre la place artistique et technique de mettre sa patte et d'enrichir le morceau. Le risque étant la frustration si l'autre sent un manque de place ou encore si ce qui a été fait ne l'inspire pas.

Bref, c'est chaud. Donc, il faut déjà se réjouir d'avoir réussi à faire un morceau et à le rendre dans les temps.
Il ne faut jamais comparer ce qu'on a fait aux travail des autres : il y a des gens qui ont plus de temps, des gens qui auront été inspirés quand d'autres auront transpiré, des gens qui ont plus de pratique, musicale en général ou des compos collectives en particulier, des duos qui matchent nickel et d'autres dont les univers sonores sont moins faciles à concilier, des gens qui livrent des pistes quasiment mixées ou faciles à mixer et d'autres qui vont exiger du boulot d'editing, de correction, de recalage, ou encore avoir un son qu'il faut rentrer au chausse-pied dans le mix, etc.

C'est aussi ça la beauté du truc.