réactions à la news Les compos inspirées: saison 23
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Merci pour la qualité de l'accueil !
"tendu et en même temps apaisant" : en plein dans le mille de mon intention...
Je pourrais revenir sur le fil conducteur, mais le plus intéressant est cette question de "la sonorité des instruments"
Vaste sujet.
J'y reviendrai à tête reposée, promis !
Chose promise, j'y reviens.
« Il y a cependant un détail qui me chiffonne et dont j'ai mis un peu de temps à déterminer la nature. Cela tient à la sonorité même des instruments. »
Ce n’est pas la première fois qu’une telle remarque est faite en ce sens, que ce soit moi qui soit concerné, ou d’autres. Elle est souvent suivie, ou précédée de ce genre de remarque : il y a une « gêne », cela est « désagréable », cela « chiffonne », etc.… Mais, au-delà du caractère épidermique de ces désagréments, elle mérite d’être considérée : c’est vraiment « une question de principes » qu’elle met en évidence, je crois.
*
C’est la problématique "synthétique/acoustique".
Tous les sons, évidemment, sont "acoustiques" (vibrations transmises par l'air, etc.), mais passons sur cette argutie lexicale, et ne considérons que la question de l’origine - de ces vibrations.
Alors, quel est exactement la question : que les sons "semblent" d’origine synthétique ? ou bien, que telle soit "effectivement" leur origine ?
*
Bien sûr, comme tout compositeur conscient j'imagine, c'est une question que je me suis moi-même posée, depuis assez longtemps déjà. Je ne voulais pas concocter une théorie générale de la chose, applicable universellement, mais seulement décider quelle réponse pratique je pouvais moi-même y apporter, pour moi-même.
Ce n'est pas une théorie "générale", mais c'est tout de même une théorie, c’est-à-dire quelque chose de l’ordre d’un projet, et d’un projet que j'espère cohérent... Mais que je voudrais bien l’exposer ici de façon aussi rapide que possible…
Alors, je vais commencer par la conclusion. On pourra ainsi se dispenser de subir les arguments, si l’on veut prendre les raccourcis.
Donc : mon principe premier et dernier est le suivant :
Je fais de la musique avec des notes, et non pas avec du son.
Ce qui suppose qu’une note, ce n’est pas, d’abord, un son.
Une note, c’est une relation.
Donc, je fais de la musique avec des relations.
Voilà, je viens de dire tout ce que j’ai à dire ici, d’une certaine façon.
Il est entendu qu’il s’agit de relation entre des sons.
Donc, si je dois faire de la musique, ce sera avec toutes les relations possibles entre tous les sons possibles – en principe.
(Nota bene : Je dis « je ». Je parle pour moi. Je ne prétends nullement que ce que je fais c’est bien, et que tous les autres qui font pas comme ça, ce serait de la daube. C’est juste que c’est comme ça, comme ça que, moi, je pratique la musique.
Je sais très bien que, justement, ce qui est venu avec certaines des formes de la modernité en musique, c’est l’importance du « son », considéré pour lui-même. Et cela ne date pas d’hier, mais d’avant avant-hier… Et, si je ne produis pas, moi, de la musique « de son », j’en écoute ! J’écoute tout !)
*
Je pourrais en faire des tartines là-dessus, mais, comme je me suis promis de faire aussi court que possible, je vais me contenter de développer ça à partir de notre question d’actualité : « synthétique / acoustique ».
Comme ne comptent pour moi que les relations, je ne regarde pas à l’origine. Ce peut être, vraiment, n’importe quoi !
Des sons ‘live’ produits, pourquoi pas, par des instruments de musique bien identifiés comme tels ; et des « bruits » s’il s’en trouve, d’origines aussi diverses qu’il est inimaginable ; et des sons empruntés dans des « banques » disponibles, si possibles gratuitement, qu’ils soient échantillonnés, ou bien produits par tous les synthétiseurs possibles, etc.
Et il va sans dire que tous ces sons peuvent être ensuite passés à la moulinette « éditoriale » : égalisation, réverbération, manipulation panoramique, et tutti quanti – selon le besoin.
On a comprit.
Donc, indifférent à l’origine effective du son, je le suis tout autant, indifférent, à ce que le son « semble » synthétique.
Je me pose juste là question : ce son A est-il, tel qu’il est, profilé comme je veux qu’il le soit, pour rentrer en relation, de la façon qui m’intéresse, avec ce son B, lui même préalablement profilé comme il convient.
(Après, et cela va de soi : j’admets que mon auditeur trouve que mes sons A et B sont également ‘caca boudin beurk’. C’est une autre affaire.)
*
Tout de même, je viens de réécouter mon morceau (Wozu Dichter).
Pas facile, de garder la bonne distance : je m’en suis tellement farci, des oreilles jusqu’au cervelet… Tout le monde ici connaît ce genre de difficulté. Mais, tout de même, je n’étais plus du tout dans le feu de l’action…
Bref, ce n’est que mon avis, mais je le partage : les sons y sont exactement ce que j’ai voulu qu’ils soient, pour entrer en relation comme j’avais voulu qu’ils le fissent. Mais cela, c’est le point de vue du compositeur, et, en tant qu’auditeur, je n’en suis qu’un parmi d’autres, et, en tant que tel, mon avis ne compte pas plus que ça.
*
Une dernière anecdote (vécue), pour la route, mais sans croire qu’il faille en donner la « morale » :
Un peintre de ma connaissance, une fois, reçoit chez lui une galeriste, accompagnée de son mari, qui, lui, est peintre.
Exposé au mur du salon, un tableau d’assez beau format. La galeriste, d’un peu loin, pense que c’est peint à l’huile. Mais ça ne trompe pas son peintre de mari : il dit non, c’est de l’acrylique.
C’était de l’acrylique, bien sûr. Pourtant la galeriste n’était pas tout à fait, comme telle, une béotienne en la matière.
…
Et, puisque je suis en veine d’anecdotes picturales : Picasso, disant : « Oh, quand il me manque du rouge, je prends du bleu ! »
*
Si je répondais à ta question « quelles banques as-tu utilisées ? », en te disant que, « Oh ! comme je n’en ai pas qui soient en rouge, je les prends en bleu », tu penserais que je me moque. Ce qui n’est pas du tout mon intention.
Donc, pour répondre honnêtement à ta question : je mélange, en fait, des sons (de cordes, donc) de différentes provenances. L’intérêt est le même que dans un ensemble symphonique : chaque instrumentiste peut être assez médiocre comme soliste, cependant à eux tous, avec un chef un peu exigeant, ils peuvent produire un son assez satisfaisant.
Donc, ici :
‘Versilian Chamber Orchestra 2’
‘DSK Strings’
‘Sonatina Orchestra’
Et une petite couche de ‘FLS Strings’
...
Ah ah ! Tu te gausses, mon ami, mais c'est que tu ne sais pas à quoi vous avez échappé !
En cours de rédaction sur le site de Patrick, un essai en 85000 caractères, traitant de l'importance de l'apparente authenticité des sons en composition de musique assistée par ordinateur...
Chiche ?
...
Heu... 85000 caractères, ça fait combien de pages, en Lucida Sans Unicode corps 11 ?
...
Ah, tant que ça ?
Bon, je vais réfléchir...
Oh que oui, Thomas...
En voilà une, de discussion, qui monte et qui descend en rappel que veux-tu... en veux-tu ?
jensouniev
10297
Drogué·e à l’AFéine
Membre depuis 8 ans
patrick_g75
8745
Je poste, donc je suis
Membre depuis 17 ans
Citation de jensouniev :
Je suis en train de réécouter l’œuvre de Patrick. J'aime beaucoup l’ambiance : c'est tendu et en même temps apaisant. Les parallélisme entre les partie aiguës et graves qui se répondent (alto-contrebasse donnant la réplique à violon-violoncelle) animent une richesse sonore indéniable et servent un peu de fil conducteur.
Il y a cependant un détail qui me chiffonne et dont j'ai mis un peu de temps à déterminer la nature. Cela tient à la sonorité même des instruments.
.........
Merci pour la qualité de l'accueil !
"tendu et en même temps apaisant" : en plein dans le mille de mon intention...
Je pourrais revenir sur le fil conducteur, mais le plus intéressant est cette question de "la sonorité des instruments"
Vaste sujet.
J'y reviendrai à tête reposée, promis !
"Le jugement est un outil à tous sujets, et se mêle partout... " (Montaigne / Essais I / chap L)
http://patrickg75.blogspot.fr/
https://patrickg.bandcamp.com/
patrick_g75
8745
Je poste, donc je suis
Membre depuis 17 ans
Citation :
jensouniev :
Il y a cependant un détail qui me chiffonne et dont j'ai mis un peu de temps à déterminer la nature. Cela tient à la sonorité même des instruments.
Chose promise, j'y reviens.
« Il y a cependant un détail qui me chiffonne et dont j'ai mis un peu de temps à déterminer la nature. Cela tient à la sonorité même des instruments. »
Ce n’est pas la première fois qu’une telle remarque est faite en ce sens, que ce soit moi qui soit concerné, ou d’autres. Elle est souvent suivie, ou précédée de ce genre de remarque : il y a une « gêne », cela est « désagréable », cela « chiffonne », etc.… Mais, au-delà du caractère épidermique de ces désagréments, elle mérite d’être considérée : c’est vraiment « une question de principes » qu’elle met en évidence, je crois.
*
C’est la problématique "synthétique/acoustique".
Tous les sons, évidemment, sont "acoustiques" (vibrations transmises par l'air, etc.), mais passons sur cette argutie lexicale, et ne considérons que la question de l’origine - de ces vibrations.
Alors, quel est exactement la question : que les sons "semblent" d’origine synthétique ? ou bien, que telle soit "effectivement" leur origine ?
*
Bien sûr, comme tout compositeur conscient j'imagine, c'est une question que je me suis moi-même posée, depuis assez longtemps déjà. Je ne voulais pas concocter une théorie générale de la chose, applicable universellement, mais seulement décider quelle réponse pratique je pouvais moi-même y apporter, pour moi-même.
Ce n'est pas une théorie "générale", mais c'est tout de même une théorie, c’est-à-dire quelque chose de l’ordre d’un projet, et d’un projet que j'espère cohérent... Mais que je voudrais bien l’exposer ici de façon aussi rapide que possible…
Alors, je vais commencer par la conclusion. On pourra ainsi se dispenser de subir les arguments, si l’on veut prendre les raccourcis.
Donc : mon principe premier et dernier est le suivant :
Je fais de la musique avec des notes, et non pas avec du son.
Ce qui suppose qu’une note, ce n’est pas, d’abord, un son.
Une note, c’est une relation.
Donc, je fais de la musique avec des relations.
Voilà, je viens de dire tout ce que j’ai à dire ici, d’une certaine façon.
Il est entendu qu’il s’agit de relation entre des sons.
Donc, si je dois faire de la musique, ce sera avec toutes les relations possibles entre tous les sons possibles – en principe.
(Nota bene : Je dis « je ». Je parle pour moi. Je ne prétends nullement que ce que je fais c’est bien, et que tous les autres qui font pas comme ça, ce serait de la daube. C’est juste que c’est comme ça, comme ça que, moi, je pratique la musique.
Je sais très bien que, justement, ce qui est venu avec certaines des formes de la modernité en musique, c’est l’importance du « son », considéré pour lui-même. Et cela ne date pas d’hier, mais d’avant avant-hier… Et, si je ne produis pas, moi, de la musique « de son », j’en écoute ! J’écoute tout !)
*
Je pourrais en faire des tartines là-dessus, mais, comme je me suis promis de faire aussi court que possible, je vais me contenter de développer ça à partir de notre question d’actualité : « synthétique / acoustique ».
Comme ne comptent pour moi que les relations, je ne regarde pas à l’origine. Ce peut être, vraiment, n’importe quoi !
Des sons ‘live’ produits, pourquoi pas, par des instruments de musique bien identifiés comme tels ; et des « bruits » s’il s’en trouve, d’origines aussi diverses qu’il est inimaginable ; et des sons empruntés dans des « banques » disponibles, si possibles gratuitement, qu’ils soient échantillonnés, ou bien produits par tous les synthétiseurs possibles, etc.
Et il va sans dire que tous ces sons peuvent être ensuite passés à la moulinette « éditoriale » : égalisation, réverbération, manipulation panoramique, et tutti quanti – selon le besoin.
On a comprit.
Donc, indifférent à l’origine effective du son, je le suis tout autant, indifférent, à ce que le son « semble » synthétique.
Je me pose juste là question : ce son A est-il, tel qu’il est, profilé comme je veux qu’il le soit, pour rentrer en relation, de la façon qui m’intéresse, avec ce son B, lui même préalablement profilé comme il convient.
(Après, et cela va de soi : j’admets que mon auditeur trouve que mes sons A et B sont également ‘caca boudin beurk’. C’est une autre affaire.)
*
Tout de même, je viens de réécouter mon morceau (Wozu Dichter).
Pas facile, de garder la bonne distance : je m’en suis tellement farci, des oreilles jusqu’au cervelet… Tout le monde ici connaît ce genre de difficulté. Mais, tout de même, je n’étais plus du tout dans le feu de l’action…
Bref, ce n’est que mon avis, mais je le partage : les sons y sont exactement ce que j’ai voulu qu’ils soient, pour entrer en relation comme j’avais voulu qu’ils le fissent. Mais cela, c’est le point de vue du compositeur, et, en tant qu’auditeur, je n’en suis qu’un parmi d’autres, et, en tant que tel, mon avis ne compte pas plus que ça.
*
Une dernière anecdote (vécue), pour la route, mais sans croire qu’il faille en donner la « morale » :
Un peintre de ma connaissance, une fois, reçoit chez lui une galeriste, accompagnée de son mari, qui, lui, est peintre.
Exposé au mur du salon, un tableau d’assez beau format. La galeriste, d’un peu loin, pense que c’est peint à l’huile. Mais ça ne trompe pas son peintre de mari : il dit non, c’est de l’acrylique.
C’était de l’acrylique, bien sûr. Pourtant la galeriste n’était pas tout à fait, comme telle, une béotienne en la matière.
…
Et, puisque je suis en veine d’anecdotes picturales : Picasso, disant : « Oh, quand il me manque du rouge, je prends du bleu ! »
*
Si je répondais à ta question « quelles banques as-tu utilisées ? », en te disant que, « Oh ! comme je n’en ai pas qui soient en rouge, je les prends en bleu », tu penserais que je me moque. Ce qui n’est pas du tout mon intention.
Donc, pour répondre honnêtement à ta question : je mélange, en fait, des sons (de cordes, donc) de différentes provenances. L’intérêt est le même que dans un ensemble symphonique : chaque instrumentiste peut être assez médiocre comme soliste, cependant à eux tous, avec un chef un peu exigeant, ils peuvent produire un son assez satisfaisant.
Donc, ici :
‘Versilian Chamber Orchestra 2’
‘DSK Strings’
‘Sonatina Orchestra’
Et une petite couche de ‘FLS Strings’
"Le jugement est un outil à tous sujets, et se mêle partout... " (Montaigne / Essais I / chap L)
http://patrickg75.blogspot.fr/
https://patrickg.bandcamp.com/
[ Dernière édition du message le 14/06/2018 à 17:09:33 ]
LaGuibole
3048
Squatteur·euse d’AF
Membre depuis 19 ans
Citation :
Je pourrais en faire des tartines là-dessus
...
patrick_g75
8745
Je poste, donc je suis
Membre depuis 17 ans
Citation de LaGuibole :
Citation :Je pourrais en faire des tartines là-dessus
...
Ah ah ! Tu te gausses, mon ami, mais c'est que tu ne sais pas à quoi vous avez échappé !
"Le jugement est un outil à tous sujets, et se mêle partout... " (Montaigne / Essais I / chap L)
http://patrickg75.blogspot.fr/
https://patrickg.bandcamp.com/
decrep_fanfan
2622
Squatteur·euse d’AF
Membre depuis 21 ans
Anonyme
12318
Citation de patrick_g75 :
Citation de LaGuibole :Citation :Je pourrais en faire des tartines là-dessus
...
Ah ah ! Tu te gausses, mon ami, mais c'est que tu ne sais pas à quoi vous avez échappé !
En cours de rédaction sur le site de Patrick, un essai en 85000 caractères, traitant de l'importance de l'apparente authenticité des sons en composition de musique assistée par ordinateur...
patrick_g75
8745
Je poste, donc je suis
Membre depuis 17 ans
Citation de bassmanklm :
Citation de patrick_g75 :Citation de LaGuibole :Citation :Je pourrais en faire des tartines là-dessus
...
Ah ah ! Tu te gausses, mon ami, mais c'est que tu ne sais pas à quoi vous avez échappé !
En cours de rédaction sur le site de Patrick, un essai en 85000 caractères, traitant de l'importance de l'apparente authenticité des sons en composition de musique assistée par ordinateur...
Chiche ?
...
Heu... 85000 caractères, ça fait combien de pages, en Lucida Sans Unicode corps 11 ?
...
Ah, tant que ça ?
Bon, je vais réfléchir...
"Le jugement est un outil à tous sujets, et se mêle partout... " (Montaigne / Essais I / chap L)
http://patrickg75.blogspot.fr/
https://patrickg.bandcamp.com/
THOMAS charette
14716
Drogué·e à l’AFéine
Membre depuis 19 ans
Cette discussion sur le son me rappelle quelque chose hein patrick? 
Thom'
patrick_g75
8745
Je poste, donc je suis
Membre depuis 17 ans
Citation de THOMAS :
Cette discussion sur le son me rappelle quelque chose hein patrick?
Oh que oui, Thomas...
En voilà une, de discussion, qui monte et qui descend en rappel que veux-tu... en veux-tu ?
"Le jugement est un outil à tous sujets, et se mêle partout... " (Montaigne / Essais I / chap L)
http://patrickg75.blogspot.fr/
https://patrickg.bandcamp.com/
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