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jctroyes
Révélateur de Timbre
Publié le 08/10/25 à 10:291 photo7 fichiers audioDans le monde de l’audio vintage, le Gates Sta-Level est une véritable légende, que l’on contemple souvent de loin au vu des prix d’occasion parfois frôlant les 5 chiffres . Pendant longtemps, les rééditions proposées par Retro Instruments ont représenté la seule alternative moderne mais déjà plus « abordable ».
Mais depuis quelques années, le très sérieux WesAudio propose/ait dans sa gamme “Vintage” le Timbre, aux côtés d’un clone du 1176 (voir mon avis). Le Timbre reprend de manière assumée la topologie du Gates Sta-Level, avec plusieurs aménagements que nous allons examiner.
Similitudes et différences avec l’original
WesAudio a réalisé un travail remarquable sur le…Lire la suiteDans le monde de l’audio vintage, le Gates Sta-Level est une véritable légende, que l’on contemple souvent de loin au vu des prix d’occasion parfois frôlant les 5 chiffres . Pendant longtemps, les rééditions proposées par Retro Instruments ont représenté la seule alternative moderne mais déjà plus « abordable ».
Mais depuis quelques années, le très sérieux WesAudio propose/ait dans sa gamme “Vintage” le Timbre, aux côtés d’un clone du 1176 (voir mon avis). Le Timbre reprend de manière assumée la topologie du Gates Sta-Level, avec plusieurs aménagements que nous allons examiner.
Similitudes et différences avec l’original
WesAudio a réalisé un travail remarquable sur les transformateurs d’entrée et de sortie, très proches des UTC d’époque utilisés par Gates (A-10, LS…), mais dans un format beaucoup moins lourd et encombrant.
Circuit électronique en classe A, sans composants CMS, mais avec des éléments modernes de belle facture et fiables.
Les lampes NOS 6386, issues de stocks d'époque, seront déterminantes dans la reproduction du comportement en compression. Des ECC81 et ECC82 complètent le circuit de compression et d’entrée. La gestion des tensions est solide et l’ergonomie des réglages reste fidèle à l’esprit de sobriété du Sta-Level.
Le changement majeur concerne l’étage de sortie : ici remplacé par des semi-conducteurs, là où l’original utilisait une amplification à lampes qui générait souffle et bruit de fond. On perd donc trois lampes, mais on gagne en rapport signal/bruit et en coût de maintenance.
Retro Instruments, de son côté, a choisi de conserver une architecture très proche du Gates d’origine, avec également un gros travail de nettoyage sur l’alimentation. WesAudio a aussi soigné cette partie, mais a surtout simplifié l’étage de sortie pour régler définitivement les problèmes de souffle et de distorsions parasites.
Résultat : le Timbre est très silencieux, même à forts niveaux de gain. Cette modification ne doit pas choquer : beaucoup de constructeurs vintage avaient opéré des évolutions similaires dès que la technologie l’a permis. Gates lui-même a exploré cette piste avec ses séries Solid Statesman (M-6543, M-6631, etc.), basées sur des transistors.
Les temps du Timbre
Au-delà de l’aspect esthétique et du câblage en l’air, l’autre grande évolution est l’ajout de modes d’attaque et de relâchement bien plus étendus que sur l’original.
À l’époque, le Sta-Level proposait déjà un kit optionnel de résistances permettant d’accélérer ou ralentir la récupération :
configuration standard :
retour à ⅔ du niveau en ~7 s, et à 90 % en ~28 s,
avec option : retour à ⅔ en ~2,2 s, et à 90 % en ~10 s,
ou plus lent : 11,2 s et 45 s.
Le mode Single et le mode Double du Timbre sont donc très proches de la philosophie de l’original. Le choix des lampes y joue un rôle central. Le Single reste idéal pour la musique acoustique, tandis que le Double est « programme-dépendant », donc plus adapté à la voix et aux sources variables.
Le mode Triple, lui, est une nouveauté moderne : plus rapide, il n’existait pas sur le Sta-Level.
Le Timbre s’inspire un peu en partie de la complexité à la Fairchild 660 et tout en étant plus musical qu’un Altec son concurrent direct de l’époque (dans le sens de la compression).On dispose donc de 18 réglages temporels qui se comportent différemment selon la source, le niveau d’entrée et le mode choisi (Single, Double, Triple).
Difficile de parler en millisecondes ou secondes tant la réponse varie, mais une chose est claire : la fin de relâchement est particulièrement musicale, avec un amortissement naturel qui évite l’effet de pompage lors d’un retour brusque de compression.
Le son (voir les sons avec cet avis)
On n’est peut-être pas dans les “extrêmes” d’un Gates original et ceux en raison d’un nettoyage indispensable du signal. Supprimer les bruits parasites et les ronflements n’a jamais manqué à personne même si je suis d’accord pour dire que cette patte sonore donne une certaine ambiance. WesAudio à la volonté ici de rendre cette machine moderne ce qui ne veut pas dire sans coloration bien heureusement.
Chez Retro, la coloration est plus assumée et revendiquée (certains la jugent même excessive), pour corréler à l’esprit d’une reproduction.
Le Timbre, lui, apparaît comme une alternative moderne crédible : il ne renie pas l’âme du Sta-Level mais lui donne une nouvelle vie, faite d’une distorsion adaptative et musicale.
Il reste coloré (écoutez les exemples sonores !) et on peut le pousser dans ce sens. Mais globalement, le son est plus ouvert et lumineux, comme “réveillé”. Ce n’est pas un boost artificiel des aigus ni un EQ dynamique mais plus comme suivi d’enveloppe dynamique qui apporte cette impression de vie et de richesse spectrale lors des variations de jeux (voir exemple du saxophone ou Fender Rhode).
Ici pas de son embourbé par des transformateurs trop résonnant. Et pourtant le son gagne en assise et devient à la fois solide (c’est pas un Distressor non plus) et vraiment musical. Ça donne comme une couche de vernis sur le son.
J’aime beaucoup et je n’ai aucun équivalent dans mon parc matériel.
Une aiguille qui bouge…
L’aiguille du vu-mètre bouge de façon spectaculaire, de quoi faire pâlir un Manley Vari-Mu (dans la même gamme de prix en stéréo). À côté, mon Avalon VT-747 est hors sujet avec ses pénibles -3dB. J’avoue toutefois rester perplexe sur l’affichage de la réduction de gain : je ne suis jamais descendu sous –10 dB indiqués, souvent plutôt autour de –20 dB seul mon Distressor pouvait prétendre à de tels affichages avant l'arrivée du Timbre.
Cela dit, je n’accorde pas une importance capitale à l’aiguille, car les temps d’attaque et de relâchement varient tellement selon les réglages que la lecture devient secondaire.
À noter aussi : 30 minutes de chauffe sont indispensables pour que la machine et l’aiguille se stabilisent correctement sur sa position 0.
Concurrence
En stéréo, le Timbre se confronte à de belles références :
- Manley Vari-Mu,
- WesAudio NG TubeComp (le fleuron vari-mu moderne, pas tellement plus cher),
- GainLab Dictator (plus accessible, coloration assumée),
- IGS Audio (plutôt dans l’esprit du Fairchild 660),
- Gyraf Audio G10,
et bien sûr le Retro Sta-Level.
Ces modèles couvrent un spectre allant du respect fidèle de l’héritage (Retro) à l’innovation moderne (Wes NG TubeComp). La fourchette de prix et relativement proche si comparé à une configuration Stéréo.
Conclusion
Le Timbre est d’une grande facilité d’utilisation. Rarement on a l’impression de “trop pousser”, tant il encaisse sans broncher.
J’aime particulièrement régler simultanément Input et Output à la main, un peu comme avec un 1176 de chez Wes également (voir mon avis), ce qui permet de sentir la compression évoluer en temps réel.
C’est une machine qui est belle, simple sans être simpliste, séduisante par ce son adaptatif et lumineux. Avec son filtre side-chain intégré et ses multiples comportements temporels, elle est difficile à prendre en défaut.
Mon seul regret : ne pas en posséder un second pour travailler en stéréo en permanence !
Je l'utilise en configuration MS mais également sur des sources assez variable. On peut pratiquement tout faire avec c'est certainement une des machines les plus facile à utiliser.
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