SATIS 2005

L'entrée dans un salon est toujours chose particulière, on s'habitue au bruit, on se perd dans les allées, on prend ses marques, on repère les stands où on ira laisser notre quota de bave et autres expressions aux yeux écarquillés. Mais le SATIS, ça ne se passe pas comme ça. On se perd... Oui. On s'habitue au bruit... Aussi. Mais sous le déluge d'écrans plats, de lumières pour le cinéma, de caméras, de perches, on n'arrive pas à prendre ses marques. "Ou keu sé kya du son ?" Il y a bien un stand Edirol devant l'entrée mais qui propose en grande partie du matériel vidéo et, au détour d'une petite allée, le stand M-Audio littéralement coincé sur deux étagères entre Wacom (tablettes graphiques), Avid (production/montage vidéo) et Adobe. On se met alors à courir désespéré en quête d'un environnement connu, et on ne voit que des racks étranges, des câbles extraterrestres, des asservis computer, des gobos, (de ravissantes hotesses) et enfin ! Le stand d'Audiofanzine. Ouf ! On est sauvé.

Côté sapins de noël, finalement c'est assez sobre. On note immédiatement l'incroyable Smart Console à l'ergonomie impressionnante avec cet argument : près de 90% des mouvements, des regards et du temps de réaction de l'utilisateur en moins pour une manipulation.

Le stand Publison et ses monstres aux faders vivants, ses 5 écrans par console et son lien avec France Télévision (bien que les stations Pyramix aient pris le relais depuis peu) est imposant, même si des plantages de Windows en pleine démo faussent un peu la crédibilité.

Fairlight, un peu mis à l'écart, dans un coin reculé du salon et distribué par Euromédia Technologies re-présente sa "Constellation" - déjà présentée au SATIS 2003- avec un logiciel de lecture vidéo, Pixis. Le tout en synchro séquenceur audio/lecteur vidéo. Le stand Digidesign, le seul à avoir apporté une cabine insonorisée, nous présente la D-Control et la D-Command avec les sets préfabriqués ICON : Music et Post déclinés en set de base, celui de 16 et de 32. On trouve également dans le salon un stand SSL qui expose une très jolie AWS 900 analogique qui contrôle fièrement une station Pro-Tools. Neve n'exposent quant à eux aucune console (à 3.800.000 € la console, on peut comprendre qu'ils l'aient laissée au chaud dans leurs locaux.) même si quelques racks sont de sortie sur le stand de la SAE.

Concernant la captation sonore, il y a quelques excellentes idées dont une à noter : la Sphère Schoeps (5.1), dont le nom n'est pas sans rappeler Le Cube (tm) de L'IRCAM qui, lui, émet selon un rayonnement multidirectionnel. Grand absent de ce salon : Steinberg, qui n'est représenté nulle part, privant ainsi le public parisien des nouveautés de leurs softs. Y aurait-il un lien ? Yamaha était aussi absent... On se console tout de même avec Pro-Tools 7 qui tourne au stand Digidesign et SSL, mais qui est loin d'être l'attraction. Pyramix par contre, dispose d'un mini-stand qui lui était dédié.

Le Broadcast tient quant à lui une place très importante dans ce SATIS (environ 1/3), notamment au travers de solutions complexes de studio de production mobile avec émetteur satellite, banc de montage "news", et autres monitoring vidéo et prompteurs. Un régal pour les yeux, un "à quoi ça sert ça ? et ça ?" qui traine sur les lèvres, et puis l'envie de travailler avec les grands monsieurs et dames qui ont le carnet de chèques sorti.

A traîner dans les allées, on s'en rend compte peu à peu : le son, tel qu'on le connait, du micro à la table en passant par le bon vieux XLR des familles, est bel et bien en train de vivre ses derniers souffles. Les câbles traditionnels sont remplacés par l'USB, les consoles par des interfaces de contrôle, et le son, qu'on cherchait dans ses plus beaux atours, est désormais dans des cartes à puces, des microprocesseurs et de la mémoire vive. Bien sûr, l'audio-numérique n'est pas une nouveauté, mais force est de constater qu'il devient complètement omniprésent. On s'était évertué à apprendre comment fonctionnaient les normes, de l'ADAT au MADI en passant par l'AES/EBU, voilà que maintenant l'IP (oui oui, Internet Protocol) prend le relai avec le signal HD vidéo, qui est multiplexé directement avec le signal audio via des serveurs et des liaisons dignes du Web Internet. Bizarre, vous avez dit bizarre ?

Dans ce contexte, qu'en est-il des innovations esthétiques ? Sont-elles une nouvelle étape dans la qualité du traitement du son ? A vari dire : non. Le matériel exposé au SATIS ne vise pas à sonner mieux, mais à sonner "plus vite", avec des coûts moindres. Dans certaines productions, plus de 15 % du coût total reviennent aux liaisons. Désormais, une solution IP avec du matériel acheté chez le revendeur informatique du quartier permet d'exploiter près de 500 canaux audio et de les dispatcher sur près d'un millier de points d'accès différents. D'autres innovations concernant la visualisation du son par des spectrographes digitaux, l'acheminement de l'audio-numérique, entre autres, étaient présentées. Mais la morale m'interdit de vous en parler tant ces sujets sont pointus et risqueraient de me faire appeler menteur.

Pour ce qui est du champagne, il coulait à flot du côté de la vidéo et du traitement de l'audio-numérique, avec des avancées technologiques vraiment impressionnantes. Le traitement du son, la qualité d'un préampli, les logiciels de mixage, eux, étaient plutôt au mousseux avec ça et là de bonnes idées tout de même. Parmi les choses sympathiques, on évoquera la présence de la gamme Tube-Tech sur le stand SMS France et le prototype de la M7, première réverb de Bricasti Design, une boîte fondée par deux anciens de Lexicon.

C'est aujourd'hui la dernière journée du salon. On finit de tourner autour des stands où les gens sont vraiment aimables et sympatiques (80% des visiteurs sont des clients), on regarde SATIS TV en direct sur les écrans plasma, on essaye de comprendre les nouveaux codecs vidéo et autres serveurs son, et on rentre chez nous retrouver le fer à souder, le Revox, les idées, et le bon vieux signal électrique qui se balade dans sa quête de grain.

Sébastien RENAULT
(Avec un peu de Los Teignos Inside ;))