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Musicien : déclaré ou pas ?

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Sujet de la discussion Musicien : déclaré ou pas ?
Nouvel article très instructif de Will Zégal sur indeson.com :


    "C’est un secret de polichinelle : beaucoup de musiciens amateurs (et parfois pros) de DJ, d’animateurs, de techniciens, brefs, de gens remplissant un rôle "d’intermittent du spectacle" acceptent souvent de jouer non déclarés.

    Non déclarés, ça veut dire payés au noir. On dit "au black" pour éviter les mots qui fâchent. ça ne reste qu’une esquive pour ne pas dire qu’on travaille au noir et qu’on fraude."


Suite de l'article ici : http://www.indeson.com/article.php?id_article=118

N'hésitez pas à poster vos commentaires.
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ici, c'est marche ou crêve. Et j'insiste sur le "ici".
Tu joues le jeu ou pas mais les dates sont déjà dures à trouver.
Certains clubs programment jusqu'à 3 groupes par soirée pour bénéficier du bénéfice qu'apportent les consommations des potes qui composent le "public" que ramène chaque groupe.

Certains bars n'hésitent pas à dire "ben faites passer un chapeau"
Bref, les potes sont vraiment des vaches à lait.

Et quand tu parles des conditions quelqu'elles soient pour être rétribué, y compris les cachets, le boss te fait : "regarde ce qu'on m'amène à écouter, ce sont les groupes qui veulent passer chez moi" en désignant 3 piles de CD d'une hauteur d'au moins 40 cm.
"C'est pas moi qui change, c'est juste à toi de voir si tu te plies"

C'est du vécu, quasiment une routine.
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Citation : Et j'insiste sur le "ici".


C'est où ?
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Kloug : je ne nie pas la difficulté de trouver des dates à certains endroits.

Je ne nie pas le côté requin de certains patrons. Aux gens de voir si oui ou non ils décident de se faire en... en jouant ce jeu ou pas.
Tant qu'il y aura des gens pour accepter, ça continuera.

Maintenant, le fond de l'article n'est pas là. Il s'agissait de rappeler que jouer au noir comporte des risques qui n'ont rien à voir avec la question d'éventuels contrôles.

Si on ne l'a pas compris, c'est que mon article est mal fait :((

Le jour où un de ces patrons aura une merde sérieuse dans son rade et qu'il se retrouvera dans la merde parce qu'un musicien se sera blessé et déclarera ça en accident du travail, on verra comment ses petits copains réagiront.

Au passage, s'il faut TROIS groupes pour faire venir assez de monde dans le bar, c'est vraiment la misère ! Ou alors les mecs vous bourrent sacrément le mou sur leur chiffre d'affaire !

On peut aussi se poser la question de la qualité de la programmation si la présence d'un seul groupe ne suffit pas à remplir le bar.
Par ici (j'insiste sur le ici, en Bretagne), le niveau des groupes qui passent est plus que correct. Moralité, il y a du monde.
Il a intérêt à être correct, d'ailleurs. Parce que le public est averti et tu ne lui fait pas bouffer n'importe quoi. J'ai vu des gens qui faisaient des trucs plutôt corrects sur bandes ou sur séquences se faire jeter !

En tant que groupe, je me poserais quand même sérieusement la question de l'opportunité qu'il y a à jouer (si c'est mal payé) devant un public composé essentiellement de mes potes et de ceux des éventuels autres zicos. :8O:

Pour conclure, je ne fais pas de jugement de valeur. Je ne dis pas "oh, il y a des vilains qui jouent au noir, c'est mal".
Mon but est plutôt de mettre en garde sur certains aspects qui sont rarement évoqués.
Evidemment, je ne perds pas tout espoir qu'un jour, musiciens comme organisateurs aient suffisamment conscience qu'il faut arrêter les conneries pour que tout le monde puisse bosser dans des conditions décentes.

Mais mon propos, une fois de plus, c'est faites gaffe à vos os.
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J'ai des très très bons souvenirs de tournées bretonnes, il y a dix - quinze ans. Les mentalités y étaient saines à ce moment. Puissent-elles le rester.

Ton article est très bien. En fait je m'interrogeais juste sur l'issue possible et le peu de poids qu'avaient nos voix à Paris. La réponse la plus polie est : créez une assoce et faites-moi une facture. Quand t'es zicos tu paies bien souvent toi-même tes charges, soit parce qu'il te faut acheter toi-même tes cachets, soit parce que tu es sous une assoce.

Dom > je crois bien que c'est Paris. Intra muros.
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Citation : J'ai des très très bons souvenirs de tournées bretonnes, il y a dix - quinze ans. Les mentalités y étaient saines à ce moment. Puissent-elles le rester.


Il semble qu'elles le restent.
Evidemment, on tombe toujours sur des connards. Mais dans 95% des cas, en tant que zicos :
- on est bien accueillis et bien traités. Respectés, même.
- Pas de difficulté notable à se faire payer
- Pas de difficulté à avoir des cachets déclarés
- Peu de plans lâchage, genre date promise annulée. Généralement, quand ça arrive, c'est vraiment un cas de force majeure. En plus, on est assez couverts à ce sujet par nos contrats.

A la limite, c'est comme toujours les mairies qui sont les plus emmerdantes : t'es payé aux calendes grecques.
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L'article et son sujet sont très intéressants et instructifs, l'aspect des risques pris à jouer au black n'étant pas souvent abordé.


En tant que pékin chanteur amateur (notoriété nulle hormis le petit réseau musical et amical, prestation de qualité... honnête :??: on va dire pour être lucide), je ne pratique que les lieux de concert improvisés : les bars. Je pense qu'on est quelques wagons dans ce cas.

Dans ce milieu, difficile de sensibiliser à la réglementation sociale un patron de bar qui prend déjà 1 ou 2 extras au black les soirs de concert, qui sert de l'alcool à des mecs déjà saouls (illégal), et qui en plus est confronté aux problèmes de voisinage, voire de copropriété.

Difficile de faire bouger les pratiques en l'absence de controle, tant que les deux parties s'y retrouvent : les uns font leurs armes, les autres font leur beurre.
Par ailleurs les risques exposés dans l'article, même s'ils existent (je pense surtout aux problèmes de vol ou dégradation de matériels) sont faibles.


Au total, et même si c'est regrettable au plan éthique, le vice a peut être des vertus : une application stricte de la légalité ne conduirait elle pas à limiter encore plus encore le nombre d'endroits où il est possible de se produire ?
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Je pense surtout qu'il faudrait une évolution de la législation, notamment un statut de musicien amateur permettant à ceux-ci de jouer dans un cadre légal sans que ça coûte une fortune.

Les patrons de bars ne sont pas les seuls "méchants". Dans mon coin, je connais pas mal de zicos, surtout membres de groupes de bals, qui enchaînent date sur date au noir. Certains jouent pratiquement tous les week-end sans jamais être déclarés. Pas parce qu'ils ont du mal à l'être, mais parce qu'ils s'y refusent. Ce fric gagné le week-end leur sert à arrondir leurs fins de mois (ils sont généralement par ailleurs salariés et souvent fonctionnaires), échappe aux impôts, etc.
Je trouve ce comportement absolument lamentable. Il fait concurrence déloyale aux musiciens qui essayent de vivre de la zique et ces gens profitent d'un système auquel ils refusent de contribuer. :fache2:

Ceci dit, je soupçonne les pouvoirs publics de ne pas beaucoup se bouger pour ces questions de travail au noir. Laisser faire une économie parallèle arrange surement bien plus que de légiférer, ce qui est délicat. Enfin, passons.

Le problème reste quand même concernant les risques. Si le bris de matos n'est pas trop courant, le vol l'est plus. J'ai entendu pas mal d'annecdotes de gens s'étant fait embarquer une guitare ou un micro sur scène. Tout simplement, au moment d'une pause, alors que personne ne fait trop gaffe, un type monte avec naturel sur scène et embarque le truc. Le public quand il le voit pense généralement que c'est un membre ou un collaborateur du groupe.

Le prblème des accidents corporel est déjà plus génant. Si ceux-ci sont heureusement assez rares, leurs conséquences peuvent s'avérer lourdes. Ainsi, j'encourage chaque musicien ayant un accident, même à première vue relativement bénin (sans aller jusqu'à un ongle cassé), à déclarer celui-ci en accident du travail. Et tant pis pour le négrier.
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Bon sang, c'est vrai que c'est fragile ce taf... qu'à tous vouloir y croquer, on le déssert. On baisse les prix, les conditions. J'entends même des débutants dire "nous on ne se fait pas payer, on veut juste jouer"
Quel dommage. Je leur réponds que le temps d'apprentissage, en amont de leur prestation, a une valeur, que les cours qu'ils ont pris pour progresser avaient un coût.

On est dans un pays où un ingénieur ou un bac+4 a davantage d'égards (pour ne pas parler salaire) qu'un mec qui étudie la musique depuis 5 - 10 - 20 ans ou plus. :shootme:
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:up:
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Bon article. Il est évident que le fait de jouer non déclaré comporte des risques (casse ou de vol de matos, accidents).

Et pourtant, amateurs ou non, comment refuser des plans payés au black (je ne connais personne qui ne l'ait jamais fait) ? Je vais me faire ici l'avocat du diable. Concernant les casses de matos, il existe des assurances, pas très chères, qui prennent en charge le remboursement intégral du matos hors domicile en cas de vol, perte ou casse. Par ailleurs, un accident dans le troquet implique la responsabilité civile du tôlier...

Reste l'accident sur le trajet, non pris en compte ; la non reconnaîssance de l'accident de travail avec les indemnités qui vont avec... et bien sûr, en corollaire du travail au black, la concurrence déloyale et le fait que cette pratique dévoye le système.

Je ne suis pas "pour" un travail au black, bien sûr, mais les charges sociales qui pèsent sur les employeurs représentent près de 90% du montant total, sans compter la sacem (faut pas l'oublier celle-là) qui reste à la charge du tôlier. On comprend le pb quand, lorsqu'on demande, par exemple, 100 € par tête de pipe pour un concert, l'employeur doit verser près de 200€. Lorsque le musicien vient chanter tout seul avec sa gratte, c'est encore supportable. Quand c'est un quintet...

Quelle solution au pb ? Je n'en vois pas tant que ce pays n'apportera pas son soutien aux artistes et aux producteurs de spectacles privés. Après tout, il existe des associations qui reçoivent de très grosses subventions pour le "spectacle vivant" (festivals, salles de concerts...). Pourquoi ne pas étendre ces subventions sous forme d'exonérations de charges (par exemple) pour tous les tôliers qui organisent des spectacles ? Parce qu'ils font du bénéfice ? Et alors ? heureusement qu'ils en font car alors, comment pourraient-ils continuer à faire venir des artistes ?

J'ai été un temps président d'une assoce de musicos. Nous avions un projet d'organiser des concerts dans un troquet (le tôlier était d'accord) de la ville où je vis (Ajaccio pour ne pas la nommer). Une partie du cachet (y c. la régie) devait être payée par le troquet, une autre par des subventions. Le projet prévoyait un rapport 50/50. Un rapide calcul a montré que le montant des subventions demandées pour 2 concerts par mois sur 9 mois (le projet prévoyait des spectacles hors période estivale) avec des musicos de bon niveau était très inférieur à celui demandé pour un festival de 3 jours (mais avec des vedettes internationales). Devinez ce que nous ont répondu les pouvoirs publics ? "On ne peut pas accepter votre projet parce qu'il implique un particulier et donc on va financer le festival qui, de plus, va avoir un impact médiatique très important pour la ville (ou la région) et patati et patata". Et donc, nous sommes allés nous faire voir chez Plumeau. Vous connaissez Plumeau ? Et la haine en plus, bien sûr :furieux: .

Edit : Concernant le projet, à noter qd même que la sacem nous avait accordé des subventions... pour le montant des charges de sacem :mdr: (mais c'était déjà ça).
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Citation : mais les charges sociales qui pèsent sur les employeurs représentent près de 90% du montant total


Inexact. Enfin, plutôt, erreur de formulation puisque tu donnes des chiffres plus juste. ta tournure ferait penser que pour un salaire net de 100 euros, le coût pour l'employeur serait de 1000 euros.
Disons que le salaire net ne représente qu'un peu plus de 50 % du coût salarial total.

Citation : sans compter la sacem (faut pas l'oublier celle-là) qui reste à la charge du tôlier


Et alors ? Là, j'en ai marre qu'on râle sur les côtisations sacem. Il faut bien payer les auteurs. S'il y a des reprises, il est normal que leurs auteurs soient payés. S'il n'y a que des compositions originales du groupe, il est aussi normal que leur auteur soit payé. Enfin, s'il n'y a que des traditionnels (du domaine public) et des morceaux non déposés, on peut ne pas payer le ticket sacem.

La remise en cause du système sacem est un autre débat. Mais dans la mesure ou c'est celui-ci qui existe, ça me foute toujours en boule cette récrimination et volonté de toujours y échapper (moi je n'y suis pas inscrit).

Un patron serait sidéré qu'on lui suggère de ne pas payer ses fûts de bière. Il foutrait à la porte des gens qui viendraient dans son bar écouter la musique et squater ses tables sans consommer. Par contre, il trouve anormal de payer les auteurs et compositeurs. N'importe quoi. En plus, pour un petit bar, le ticket sacem, ça représente quelques demis vendus. Pour un qui ferait des concerts régulièrement, c'est négocié à l'année.

Sinon, tout à fait d'accord sur le reste de propos. Et à propos d'aide aux petits lieux privés et à l'affectation des subventions, c'est un des points les plus problématiques du système. Et c'est pas d'hier.
La soi-disant réforme du statut des intermittents n'a d'ailleurs pas arrangé les choses en doublant les côtisations chômage. Ce qui fait que, au lieu d'encourager à travailler légalement en allégeant les charges, on encourage le travail au noir puisque les côtisations chômages sont désormais deux fois plus élevées que pour un salarié Lambda.

D'où aussi le laissé-faire des autorités. Tout le monde sait bien qu'une bonne partie des concerts dans les bars se font au noir, mais on laisse faire parce que ça évite de se creuser la tête pour proposer de véritables solutions alternatives.
Personnellement, je ne serai d'ailleurs pas pour une exonération totale de charges. Mais il y aurait des solutions à mettre en place. Clair.

En ce qui concerne la question du nombre de musiciens, je défends personnellement la position selon laquelle le prix d'un spectacle pour un organisateur ne doit pas être dépendant du nombre de musiciens, mais du niveau du spectacle.

Il est vrai que ça rend les choses plus dures pour les groupes conséquents. Mais c'est la qualité et la profusion du spectacle qui doit servir d'argument à son prix et non le nombre de musiciens.
Personnellement, je préfère payer plus cher pour aller voir un bon duo de guitaristes (par exemple) ou un bon piano-voix que pour aller écouter une chorale amateure de 30 personnes.
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Citation : ta tournure ferait penser que pour un salaire net de 100 euros, le coût pour l'employeur serait de 1000 euros.



Effectivement, ma formulation était incorrecte :oops: . Il faut simplement se souvenir qu'en moyenne, les frais généraux (dont les charges sociales) représentent près de 90% du cachet (et non du montant total), soit, pour un cachet de 100, des charges de 90.

Citation : Et alors ? Là, j'en ai marre qu'on râle sur les côtisations sacem. Il faut bien payer les auteurs. S'il y a des reprises, il est normal que leurs auteurs soient payés. S'il n'y a que des compositions originales du groupe, il est aussi normal que leur auteur soit payé



Je ne dis pas le contraire ; je dis simplement que c'est une charge pour le tôlier et que cette charge s'ajoute aux autres ; le tout faisant un argument supplémentaire en faveur du travail au black. Je ne conteste absolument pas (et généralement les tôliers ne le font pas) le fait que les auteurs compositeurs soient rémunérés sur le produit de leurs créations (après tout, c'est de leurs propriétés intellectuelles qu'il s'agit) comme je ne conteste pas le fait qu'il faut bien payer les charges sociales pour assurer l'employé (là, en revanche, le tôlier considère que l'artiste n'est pas son employé mais une sorte de "prestataire de service" ).

Lorsqu'il s'agit d'un petit troquet, les côtisations de sacem sont généralement forfaitaires ; par conséquent, le tôlier les paye, concerts ou pas. Mais lorsqu'il s'agit d'une organisation ponctuelle, les frais peuvent être parfois très élevés (organise un concert de musique contemporaine et tu risques d'être *très* surpris du montant des frais sacem ; bon, il est vrai que la plupart des musicos dont nous discutons ici ne jouent pas du xénakis :P: ).


Citation : En ce qui concerne la question du nombre de musiciens, je défends personnellement la position selon laquelle le prix d'un spectacle pour un organisateur ne doit pas être dépendant du nombre de musiciens, mais du niveau du spectacle.



Ca ne change rien au principe. Le prix du spectacle, qd il ne s'agit pas de musiciens bénévoles, tient compte, entre autres choses, des salaires individuels des artistes et intermittents, charges comprises. Evidemment, une fanfare de 30 musicos bénévoles, ça ne coûte pas beaucoup en dehors des frais éventuels de voyage et d'hébergements.
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D'un côté, les majors, leurs budgets délirants aux services d'artistes qui ciblent la ménagère de moins de cinquante ans. D'un autre l'état qui traque les abus du statut d'intermitants du spectacle. Au milieu Nous.

les saltimbanques

On aura jamais les beaux budgets ni les gros cachets. Tout au plus les réformes.

Je ne me plains pas. Je ne fais pas d'indignation. Je me rigole un peu, c'est mon plaisir.