Revue et avis d'un utilisateur sur Spitfire Albion Loegria
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Scape27
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Membre depuis 12 ans
Sujet de la discussion Posté le 04/09/2012 à 19:00:22Revue et avis d'un utilisateur sur Spitfire Albion Loegria
Bonjour à tous,
Choses promises, choses dues, voici mon retour d’expérience sur Spitfire Audio Albion Loegria que j’utilise depuis quelques jours maintenant. En parallèle j’ai mis en ligne sur ma page SoundCloud deux compositions / démos réalisées ce week-end et qui, je l’espère, mettent en valeur sa très belle palette sonore. Elles devraient en tous cas vous apporter un éclairage complémentaire et utile à la revue qui suit.
Bonne lecture et bonne écoute !
https://soundcloud.com/jean-michel-george/pride-at-dawn (tous les sons sont issus de Loegria excepté les chœurs)
https://soundcloud.com/jean-michel-george/autumn-stroll (tous les sons sont issus de Loegria excepté le piano)
Le choix des instruments, leur très belle sonorité et le nombre volontairement réduit de musiciens dans les sections enregistrées font de Loegria une excellente librairie pour des orchestrations légères, intimes ou romantiques. Cela ne limite pas pour autant son utilisation au seul registre de musique de chambre. On peut s’attaquer à toutes sortes d’orchestrations mais je trouve pour ma part qu’on adopte assez naturellement une écriture plus aérée, plus dépouillée, tout simplement parce qu’on a envie de mettre en valeur les qualités intrinsèques de chaque patch. Car si on peut regretter qu’ils soient peu nombreux, ils sont en revanche tous très réussis. Je pense au grain si particulier des ensembles de cordes et notamment la délicate et subtile articulation du « Flautando » qu’on laisse volontiers planer au-dessus des passages les plus doux de nos œuvres fraîchement inspirées. Les legatos sont incontournables également avec des violoncelles profonds et chaleureux qui jouent à merveille leur rôle de soutien de lignes mélodiques graves. Parfaits pour apporter une touche dramatique ou mélancolique. Les pizzicato sont également très bons et s’étendent sur une honorable plage de notes. Il y a une bonne douzaine d’articulations de disponible parmi les instruments à cordes, toutes très réalistes et bien enregistrées, mais les trois que je viens de citer sont, de mon point de vue, celles qui ressortent le plus du lot.
Côté cuivres il n’y a que deux choix : « L’Euphonium » (sorte de tuba raccourci) mélangé à des cors français et joués à l’unisson par quatre musiciens (2 + 2). Son registre medium – grave et son timbre clair et précis en font une bonne alternative ou complément aux violoncelles lorsqu’il s’agit de renforcer des basses sans risquer de noyer l’ensemble dans un brouhaha. Le Sackbut (trombone assimilé aux périodes Baroque et de la Renaissance) à une bonne tessiture également et une plage dynamique surprenante qui lui permet de se prêter à toutes sortes d’usages : Joué avec délicatesse il ressemble dans les aigus à une trompette jouée avec une infinie douceur et dans les graves on se rapproche davantage d’un cor anglais. Mais dès qu’on passe aux articulations « marcato », avec une attaque plus franche, le son brillant et perçant du cuivre, suivi d’une une belle résonance, prend le dessus et décoiffe littéralement. De quoi réveiller en sursaut (ou plutôt en fanfare) l’auditeur bercé jusqu’à là par les nappes de violons enchanteresses …
La section des bois est plus chiche encore avec un choix unique de « simples » flutes à bec, ce qui peut paraître étonnant là aussi. Cependant le son est excellent, rond et accompagné pour certaines notes d’un vibrato du plus bel effet. J’aurais d’ailleurs préféré que ce vibrato soit contrôlable plutôt que d’être en dur dans l’échantillon car, pour le coup, on le repère un peu trop facilement. Il a du caractère (comme le camembert. Désolé …). L’attaque du souffle est réglable.
On trouve une petite section de percussions (intitulée Darwin) avec une sélection de tambours et de toms très dynamiques et sur lesquels on peut agir sur la hauteur du son et la tension des membranes (on imagine sans peine des diamètres de fûts hors normes). Il y a aussi un patch avec différents sons métalliques non-identifiés que je ne trouve pas très utile.
En complément de ces sons d’orchestre on dispose de plusieurs patchs d’ambiance qui sont dérivés de ces premiers mais qui ont été trafiqués et sculptées à outrance par divers processeurs d’effets jusqu’à rendre les sons d’origine méconnaissables. Ceux désignés sous le nom de « Stephenson’s Steam Band » sont des nappes douces et soyeuses, aux fade-in / fade-out très longs, apparemment destinées à être mêlées aux instruments acoustiques afin de « colorer » le son (avec parcimonie). Je n’ai pas eu le temps , ni l’envie à vrai dire, d’expérimenter avec ces « diffuseurs d’ambiance » (c’est l’Airwick du compositeur) que j’aurais plutôt tendance à ranger et à utiliser avec mes VST de synthés. Je suis assez sceptique aussi à l’égard des « Fentons Reversals » qui sont des nappes dans la même veine que les précédentes mais jouées à l’envers. Ca donne des attaques encore plus longues suivi d’un arrêt brutal lorsqu’on a atteint le début de l’échantillon. No comment …
Un des gros points forts des produits Spitfire c’est la possibilité d’agir sur le volume de chacun des quatre micros d’ambiance utilisés à l’enregistrement . On peut ainsi impacter considérablement et avec une grande finesse la présence des instruments. Contrairement à ce que je pensais l’effet va bien au-delà de ce qu’on obtiendrait en appliquant une reverb sur le seul micro de proximité par exemple. Je le souligne parce que (1) on n’a pas forcément en première approche l’idée de modifier ces réglages et (2) cela m’interpelle par rapport à ma librairie EWQL Symphonic Orchestra que j’ai acheté il y a quelques mois en version « Gold » (toutes les articulations du grand frère mais avec un seul micro de proximité) et que je suis maintenant tenté d’upgrader - moyennant 180 € - pour bénéficier du même principe de réglage des micros d’ambiance proposé dans la version « Platinum ». Cette dernière ne dispose « que » trois micros, en revanche on peut agir individuellement sur leur panoramique en plus du volume (au passage, si quelqu’un en a fait l’expérience je serai très intéressé d’avoir son témoignage …).
Au chapitre des doléances et en vrac je soulignerai ce qui suit :
La plage de notes couverte par les legato est malheureusement limitée par rapport aux autres articulations (selon l’éditeur pour maintenir un coût de revient et donc un prix de vente raisonnables) et par conséquent on n’évitera pas les situations fâcheuses dans lesquelles il faudra soit envisager de transposer intégralement sa composition pour rester dans la zone utilisable, soit palier les notes manquantes en recourant à une autre articulation. Quelque soit la parade c’est du bidouillage, une perte de temps et c’est suffisamment handicapant pour se dire que l’éditeur n’a sans doute pas fait le bon choix.
J’ai relevé dans certains échantillons des bruits ambiants ou des imperfections ce qui est fréquemment le cas dans les librairies d’instruments acoustiques, surtout dans leur version 1.0. Ici aussi les arguments de l’éditeur me laissent un peu perplexe, à savoir que cela fait parti des aléas de l’orchestre et qu’il serait donc contre-nature de gommer chaque petit défaut de jeu qui, finalement, participe à l’impression de réalisme globale … D’accord pour ce qui est de la justesse d’une note ou de l’exécution de certains phrasés (c’est bien pour ca qu’on apprécie les round-robin), en revanche le bruit d’une baguette d’archer qui percute involontairement la touche ou table d’un violon, j’aurais préféré l’entendre isolé dans un patch d’effets plutôt qu’à chaque fois que j’appuie sur la touche Mi-3 avec le pizzicato …
Il y a parfois des écarts de volume criants entre certaines articulations d’un même patch. Les tremolos de cordes par exemple sont exagérément forts. Ce n’est pas grave en soi mais ca choque et il faut ajuster le volume en conséquence.
Je pense que beaucoup d’autres souligneront ces petits défauts de jeunesse et qu’ils seront réglés dans une prochaine mise à jour.
Pour conclure :
La qualité et le grain sonores de Albion Loegria font que je suis globalement très satisfait et admiratif de cette librairie. Il n’empêche que j’ai vite déchanté par rapport à l’idée première que je m’en faisais. En effet, à l’image du premier « Albion » je pensais disposer d’une palette d’instruments plus riche et plus variée, mais surtout je croyais que Loegria se plaçait en concurrent direct de ProjectSAM Symphobia 1, 2 ou Orchestral Essentials, c'est-à-dire avec un arsenal de patchs d’ensembles pré-orchestrés et prêts à l’emploi permettant de s’attaquer à des BO orientées « grand spectacle » ou à des orchestrations symphoniques musclées. Ce n’est clairement pas la vocation de Loegria. Je suis donc à nouveau dans l’indécision quant à mon prochain achat et mon budget n’étant pas élastique à l’infini il semblerait que le dilemme se résume ainsi : Symphobia ou Albion 1 ?
JMG
Choses promises, choses dues, voici mon retour d’expérience sur Spitfire Audio Albion Loegria que j’utilise depuis quelques jours maintenant. En parallèle j’ai mis en ligne sur ma page SoundCloud deux compositions / démos réalisées ce week-end et qui, je l’espère, mettent en valeur sa très belle palette sonore. Elles devraient en tous cas vous apporter un éclairage complémentaire et utile à la revue qui suit.
Bonne lecture et bonne écoute !
https://soundcloud.com/jean-michel-george/pride-at-dawn (tous les sons sont issus de Loegria excepté les chœurs)
https://soundcloud.com/jean-michel-george/autumn-stroll (tous les sons sont issus de Loegria excepté le piano)
Le choix des instruments, leur très belle sonorité et le nombre volontairement réduit de musiciens dans les sections enregistrées font de Loegria une excellente librairie pour des orchestrations légères, intimes ou romantiques. Cela ne limite pas pour autant son utilisation au seul registre de musique de chambre. On peut s’attaquer à toutes sortes d’orchestrations mais je trouve pour ma part qu’on adopte assez naturellement une écriture plus aérée, plus dépouillée, tout simplement parce qu’on a envie de mettre en valeur les qualités intrinsèques de chaque patch. Car si on peut regretter qu’ils soient peu nombreux, ils sont en revanche tous très réussis. Je pense au grain si particulier des ensembles de cordes et notamment la délicate et subtile articulation du « Flautando » qu’on laisse volontiers planer au-dessus des passages les plus doux de nos œuvres fraîchement inspirées. Les legatos sont incontournables également avec des violoncelles profonds et chaleureux qui jouent à merveille leur rôle de soutien de lignes mélodiques graves. Parfaits pour apporter une touche dramatique ou mélancolique. Les pizzicato sont également très bons et s’étendent sur une honorable plage de notes. Il y a une bonne douzaine d’articulations de disponible parmi les instruments à cordes, toutes très réalistes et bien enregistrées, mais les trois que je viens de citer sont, de mon point de vue, celles qui ressortent le plus du lot.
Côté cuivres il n’y a que deux choix : « L’Euphonium » (sorte de tuba raccourci) mélangé à des cors français et joués à l’unisson par quatre musiciens (2 + 2). Son registre medium – grave et son timbre clair et précis en font une bonne alternative ou complément aux violoncelles lorsqu’il s’agit de renforcer des basses sans risquer de noyer l’ensemble dans un brouhaha. Le Sackbut (trombone assimilé aux périodes Baroque et de la Renaissance) à une bonne tessiture également et une plage dynamique surprenante qui lui permet de se prêter à toutes sortes d’usages : Joué avec délicatesse il ressemble dans les aigus à une trompette jouée avec une infinie douceur et dans les graves on se rapproche davantage d’un cor anglais. Mais dès qu’on passe aux articulations « marcato », avec une attaque plus franche, le son brillant et perçant du cuivre, suivi d’une une belle résonance, prend le dessus et décoiffe littéralement. De quoi réveiller en sursaut (ou plutôt en fanfare) l’auditeur bercé jusqu’à là par les nappes de violons enchanteresses …
La section des bois est plus chiche encore avec un choix unique de « simples » flutes à bec, ce qui peut paraître étonnant là aussi. Cependant le son est excellent, rond et accompagné pour certaines notes d’un vibrato du plus bel effet. J’aurais d’ailleurs préféré que ce vibrato soit contrôlable plutôt que d’être en dur dans l’échantillon car, pour le coup, on le repère un peu trop facilement. Il a du caractère (comme le camembert. Désolé …). L’attaque du souffle est réglable.
On trouve une petite section de percussions (intitulée Darwin) avec une sélection de tambours et de toms très dynamiques et sur lesquels on peut agir sur la hauteur du son et la tension des membranes (on imagine sans peine des diamètres de fûts hors normes). Il y a aussi un patch avec différents sons métalliques non-identifiés que je ne trouve pas très utile.
En complément de ces sons d’orchestre on dispose de plusieurs patchs d’ambiance qui sont dérivés de ces premiers mais qui ont été trafiqués et sculptées à outrance par divers processeurs d’effets jusqu’à rendre les sons d’origine méconnaissables. Ceux désignés sous le nom de « Stephenson’s Steam Band » sont des nappes douces et soyeuses, aux fade-in / fade-out très longs, apparemment destinées à être mêlées aux instruments acoustiques afin de « colorer » le son (avec parcimonie). Je n’ai pas eu le temps , ni l’envie à vrai dire, d’expérimenter avec ces « diffuseurs d’ambiance » (c’est l’Airwick du compositeur) que j’aurais plutôt tendance à ranger et à utiliser avec mes VST de synthés. Je suis assez sceptique aussi à l’égard des « Fentons Reversals » qui sont des nappes dans la même veine que les précédentes mais jouées à l’envers. Ca donne des attaques encore plus longues suivi d’un arrêt brutal lorsqu’on a atteint le début de l’échantillon. No comment …
Un des gros points forts des produits Spitfire c’est la possibilité d’agir sur le volume de chacun des quatre micros d’ambiance utilisés à l’enregistrement . On peut ainsi impacter considérablement et avec une grande finesse la présence des instruments. Contrairement à ce que je pensais l’effet va bien au-delà de ce qu’on obtiendrait en appliquant une reverb sur le seul micro de proximité par exemple. Je le souligne parce que (1) on n’a pas forcément en première approche l’idée de modifier ces réglages et (2) cela m’interpelle par rapport à ma librairie EWQL Symphonic Orchestra que j’ai acheté il y a quelques mois en version « Gold » (toutes les articulations du grand frère mais avec un seul micro de proximité) et que je suis maintenant tenté d’upgrader - moyennant 180 € - pour bénéficier du même principe de réglage des micros d’ambiance proposé dans la version « Platinum ». Cette dernière ne dispose « que » trois micros, en revanche on peut agir individuellement sur leur panoramique en plus du volume (au passage, si quelqu’un en a fait l’expérience je serai très intéressé d’avoir son témoignage …).
Au chapitre des doléances et en vrac je soulignerai ce qui suit :
La plage de notes couverte par les legato est malheureusement limitée par rapport aux autres articulations (selon l’éditeur pour maintenir un coût de revient et donc un prix de vente raisonnables) et par conséquent on n’évitera pas les situations fâcheuses dans lesquelles il faudra soit envisager de transposer intégralement sa composition pour rester dans la zone utilisable, soit palier les notes manquantes en recourant à une autre articulation. Quelque soit la parade c’est du bidouillage, une perte de temps et c’est suffisamment handicapant pour se dire que l’éditeur n’a sans doute pas fait le bon choix.
J’ai relevé dans certains échantillons des bruits ambiants ou des imperfections ce qui est fréquemment le cas dans les librairies d’instruments acoustiques, surtout dans leur version 1.0. Ici aussi les arguments de l’éditeur me laissent un peu perplexe, à savoir que cela fait parti des aléas de l’orchestre et qu’il serait donc contre-nature de gommer chaque petit défaut de jeu qui, finalement, participe à l’impression de réalisme globale … D’accord pour ce qui est de la justesse d’une note ou de l’exécution de certains phrasés (c’est bien pour ca qu’on apprécie les round-robin), en revanche le bruit d’une baguette d’archer qui percute involontairement la touche ou table d’un violon, j’aurais préféré l’entendre isolé dans un patch d’effets plutôt qu’à chaque fois que j’appuie sur la touche Mi-3 avec le pizzicato …
Il y a parfois des écarts de volume criants entre certaines articulations d’un même patch. Les tremolos de cordes par exemple sont exagérément forts. Ce n’est pas grave en soi mais ca choque et il faut ajuster le volume en conséquence.
Je pense que beaucoup d’autres souligneront ces petits défauts de jeunesse et qu’ils seront réglés dans une prochaine mise à jour.
Pour conclure :
La qualité et le grain sonores de Albion Loegria font que je suis globalement très satisfait et admiratif de cette librairie. Il n’empêche que j’ai vite déchanté par rapport à l’idée première que je m’en faisais. En effet, à l’image du premier « Albion » je pensais disposer d’une palette d’instruments plus riche et plus variée, mais surtout je croyais que Loegria se plaçait en concurrent direct de ProjectSAM Symphobia 1, 2 ou Orchestral Essentials, c'est-à-dire avec un arsenal de patchs d’ensembles pré-orchestrés et prêts à l’emploi permettant de s’attaquer à des BO orientées « grand spectacle » ou à des orchestrations symphoniques musclées. Ce n’est clairement pas la vocation de Loegria. Je suis donc à nouveau dans l’indécision quant à mon prochain achat et mon budget n’étant pas élastique à l’infini il semblerait que le dilemme se résume ainsi : Symphobia ou Albion 1 ?
JMG
Auteur-compositeur-interprète franco-britannique
Compose pour l'image et pour d'autres artistes.
ifury
35
Nouvel·le AFfilié·e
Membre depuis 13 ans
2 Posté le 30/09/2012 à 06:47:45
Merci pour ce résumé très utile. Je me demandais justement si loegria était un bon complément à albion 1. Je possède déjà le EW symphonic orchestra platinum et j'ai vu sur certains forums des commentaires disant que albion 1 et EW symphonic orchestra ne se mixaient pas très bien ensemble ( room et sonorité). Je me demandais aussi si c'était vraiment le cas.
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