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Un poème par jour

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Sujet de la discussion Un poème par jour
Comme en ce moment je cré un topic à la con par jour, aujourd'hui je propose que chacun mette un vrai poème qui existe et qui est libre de droit, par jour.
Personne ne lira le poème du dessus, ou alors on mettra des :aime: ou :aime2: ou encore, plus rare des trop kawai. Encore que nous pourrons avoirs des poèmes salaces, voire érotiques.

Je commence par Jean RICHEPIN (1849-1926)

Citation : Epitaphe pour n'importe qui

On ne sait pourquoi cet homme prit naissance.
Et pourquoi mourut-il ? On ne l'a pas connu.
Il vint nu dans ce monde, et, pour comble de chance,
Partit comme il était venu.

La gaîté, le chagrin, l'espérance, la crainte,
Ensemble ou tour à tour ont fait battre son coeur.
Ses lèvres n'ignoraient le rire ni la plainte.
Son oeil fut sincère et moqueur.

Il mangeait, il buvait, il dormait ; puis, morose,
Recommençait encor dormir, boire et manger ;
Et chaque jour c'était toujours la même chose,
La même chose pour changer.

Il fit le bien, et vit que c'était des chimères.
Il fit le mal ; le mal le laissa sans remords.
Il avait des amis ; amitiés éphémères !
Des ennemis ; mais ils sont morts.

Il aima. Son amour d'une autre fut suivie,
Et de plusieurs. Sur tout le dégoût vint s'asseoir.
Et cet homme a passé comme passe la vie
Entrez, sortez, et puis bonsoir !

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OK, alors :

Citation : Premier amour


Quand un homme aime une femme
D'abord, il la prend sur ses genoux
Il a soin de relever la robe
Pour ne pas abîmer son pantalon
Car une étoffe sur une étoffe,
Ça use l'étoffe.
Ensuite, il vérifie avec sa langue
Si on lui a bien enlevé les amygdales
Sinon, en effet ce serait contagieux.
Et puis, comme il faut occuper ses mains,
Il cherche, aussi loin qu'il peut chercher
Il a vite fait de constater
La présence effective et réelle de la queue
D'une souris blanche tachée de sang
Et il tire, tendrement, sur la petite ficelle
Pour avaler le tampax.

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:aime: Quel Dévian ce Boris.

Victor HUGO (1802-1885) La légende des siècles

Citation : Le satyre

Un satyre habitait l'Olympe, retiré
Dans le grand bois sauvage au pied du mont sacré ;
Il vivait là, chassant, rêvant, parmi les branches ;
Nuit et jour, poursuivant les vagues formes blanches,
Il tenait à l'affût les douze ou quinze sens
Qu'un faune peut braquer sur les plaisirs passants.
Qu'était-ce que ce faune ? On l'ignorait ; et Flore
Ne le connaissait point, ni Vesper, ni l'Aurore
Qui sait tout, surprenant le regard du réveil.
On avait beau parler à l'églantier vermeil,
Interroger le nid, questionner le souffle,
Personne ne savait le nom de ce maroufle.
Les sorciers dénombraient presque tous les sylvains ;
Les aegipans étant fameux comme les vins,
En voyant la colline on nommait le satyre ;
On connaissait Stulcas, faune de Pallantyre,
Gès, qui le soir riait, sur le Ménale assis,
Bos, l'aegipan de Crète ; on entendait Chrysis,
Sylvain du Ptyx que l'homme appelle Janicule,
Qui jouait de la flûte au fond du crépuscule ;
Anthrops, faune du Pinde, était cité partout ;
Celui-ci, nulle part ; les uns le disaient loup,
D'autres le disaient dieu, prétendant s'y connaître ;
Mais, en tout cas, qu'il fût tout ce qu'il pouvait être,
C'était un garnement de dieu fort mal famé.

Tout craignait ce sylvain à toute heure allumé ;
La bacchante elle-même en tremblait ; les napées
S'allaient blottir aux trous des roches escarpées ;
Écho barricadait son antre trop peu sûr ;
Pour ce songeur velu, fait de fange et d'azur,
L'andryade en sa grotte était dans une alcôve ;
De la forêt profonde il était l'amant fauve ;
Sournois, pour se jeter sur elle, il profitait
Du moment où la nymphe, à l'heure où tout se tait,
Éclatante, apparaît dans le miroir des sources ;
Il arrêtait Lycère et Chloé dans leurs courses ;
Il guettait, dans les lacs qu'ombrage le bouleau,
La naïde qu'on voit radieuse sous l'eau
Comme une étoile ayant la forme d'une femme ;
Son oeil lascif errait la nuit comme une flamme ;
Il pillait les appâts splendides de l'été ;
Il adorait la fleur, cette naïveté ;
Il couvait d'une tendre et vaste convoitise
Le muguet, le troëne embaumé, le cytise,
Et ne s'endormait pas même avec le pavot ;
Ce libertin était à la rose dévot ;
Il était fort infâme au mois de mai ; cet être
Traitait, regardant tout comme par la fenêtre,
Flore de mijaurée et Zéphir de marmot ;
Si l'eau murmurait : J'aime ! il la prenait au mot,
Et saisissait l'Ondée en fuite sous les herbes ;
Ivre de leurs parfums, vautré parmi leurs gerbes,
Il faisait une telle orgie avec les lys,
Les myrtes, les sorbiers de ses baisers pâlis,
Et de telles amours, que, témoin du désordre,
Le chardon, ce jaloux, s'efforçait de le mordre ;
Il s'était si crûment dans les excès plongé
Qu'il était dénoncé par la caille et le geai ;
Son bras, toujours tendu vers quelque blonde tresse,
Traversait l'ombre ; après les mois de sécheresse,
Les rivières, qui n'ont qu'un voile de vapeur,
Allant remplir leur urne à la pluie, avaient peur
De rencontrer sa face effrontée et cornue ;
Un jour, se croyant seule et s'étant mise nue
Pour se baigner au flot d'un ruisseau clair, Psyché
L'aperçut tout à coup dans les feuilles caché,
Et s'enfuit, et s'alla plaindre dans l'empyrée ;
Il avait l'innocence impudique de Rhée ;
Son caprice, à la fois divin et bestial,
Montait jusqu'au rocher sacré de l'idéal,
Car partout où l'oiseau vole, la chèvre y grimpe ;
Ce faune débraillait la forêt de l'Olympe ;
Et, de plus, il était voleur, l'aventurier.
Hercule l'alla prendre au fond de son terrier,
Et l'amena devant Jupiter par l'oreille.

"To boldly go where no man has gone before."

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Victor Hugo aussi, surement mon préféré:

Citation : Le Sacre

Sur l'air de Malbrouck

Dans l'affreux cimetière,
Paris tremble, ô douleur, ô misère !
Dans l'affreux cimetière
Frémit le nénuphar.

Castaing lève sa pierre,
Paris tremble, ô douleur, ô misère !
Castaing lève sa pierre
Dans l'herbe de Clamar,

Et crie et vocifère,
Paris tremble, ô douleur, ô misère !
Et crie et vocifère:
- Je veux être César !

Cartouche en son suaire,
Paris tremble, ô douleur, ô misère !
Cartouche en son suaire
S'écrie ensenglanté:

- Je veux aller sur terre,
Paris tremble, ô douleur, ô misère !
Je veux aller sur terre,
Pour être Majesté !

Mingrat monte à sa chaire,
Paris tremble, ô douleur, ô misère !
Ingrat monte à sa chaire
Et dit, sonnant le glas:

- Je veux, dans l'ombre où j'erre,
Paris tremble, ô douleur, ô misère !
Je veux, dans l'ombre où j'erre
Avec mon coutelas,

Être appelé: mon frère,
Paris tremble, ô doulaur, ô misère !
Être appelé: mon frère,
Par le czar Nicolas !

Poulmann dans l'ossuaire,
Paris tremble, ô douleur, ô misère !
Poulmann dans l'ossuaire
S'éveillant en fureur,

Dit à Mandrin: - compère,
Paris tremble, ô douleur, ô misère !
Dit à Mandrin: - compère,
Je veux être empereur !

- Je veux, dit Lacenaire,
Paris tremble, ô douleur, ô misère !
Je veux, dit Lacenaire,^
Être empereur et roi !

Et Soufflard déblatère,
Paris tremble, ô douleur, ô misère !
Et Soufflard déblatère,
Hurlant comme un beffroi:

- Au lieu de cette bière,
Paris tremble, ô douleur, ô misère !
Au lieu de cette bière,
Je veux le Louvre, moi !

Ainsi, dans leur poussière,
Paris tremble, ô douleur, ô misère !
Ainsi, dans leur poussière,
Parlent les chenapans.

- Ca, dit Robert Macaire,
Paris tremble, ô douleur, ô misère !
- Ca, dit Robert Macaire,
Pourquoi ces cris de paons ?

Pourquoi cette colère ?
Paris tremble, ô douleur, ô misère !
Pourquoi cette colère ?
Ne sommes-nous pas rois ?

Regardez le Saint Père,
Paris tremble, ô douleur, ô misère !
Regardez le Saint Père,
Portant sa grande croix,

Nous sacre tous ensemble,
Ô misère, ô douleur, Paris tremble !
Nous sacre tous ensemble
Dans Napoléon III.


(extrait des Chatiments V. L'autorité est sacrée)
"Dreams of war, dreams of liars, dreams of dragons fire..."
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Citation : Chantre

Et l'unique cordeau des trompettes marines

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Erratum : il semblerait que ce soit khaledo l'auteur de ce poème et non apollinaire.
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37
Tain je les lis même pas les poèmes de V. Hugo, ça m'endort automatiquement :D:

Citation :
L'escale brésilienne



Je sors de la sieste et j'entre en escale,

Ouvert le hublot, lanterne magique,

M'offrant des maisons basses, impudiques,

Surprises à nu au ras de la cale

Et qu'illustre haut dans le ciel à vif

Le galbe de trois palmiers décisifs.

Des hommes, des chiens, des huttes s'engendrent

Et de vrais bambous qui font bouger l'air,

Ma rétine happe un oiseau plus tendre

De survoler l’herbe au sortir des mers.

Et je vois tanguer doux, le paysage,

Entre les barreaux blancs du bastingage

Comme un autre oiseau que berce en sa cage

Le vent transparent.



Le navire remonte et plisse

L'eau que le rivage descend,

Mon âme requise en tous sens

S'écartèle avec délices.



Roches et palmiers, une île enfantine,

La bave marine

A la plage fait un mouvant collier.

Au centre du golfe rythmé

Par quatre barques orphelines

Flottent des couleurs impromptues

Qui l'une de l’autre s'enivrent,

Et que des rames équilibrent

Tandis que l’ancre à jeun mord la vase charnue.

Time flies like an arrow, fruit flies like a banana.
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Fister Agricole: :?!:
http://www.myspace.com/orkestrafishnnoise - Que celui qui n'a pas traversé ne se moque pas de celui qui s'est noyé
39
:up:
Je me remets un peu à lire des trucs, ces jours-ci.
Donc voilà du Philippe Longchamp, extrait de "La compagnie des animaux tièdes", je découvre et j'adore:



Citation :

C'est un trafic, un trafic de secrets avec la nuit, un clandestin 
commerce dans la cité du crépuscule, trafic d'esclaves ou d'amour ou
d'ordures, c'est une terre entière, une ville comme une terre entière, une
ville de terre, avec la lumière au crépuscule poussiéreuse, c'est une ville
terreuse, un port et les pieds nus enfin se reposent, se reposent, se
marbrent de salissures reposantes, c'est un lit

de secrets en attente, c'est une ville d'allumettes en attente du feu,
les braises rouges des cigarettes dans l'obscurité des porches font des
signes, c'est un trafic, c'est une ville avec du feu qui court dans les
caniveaux, c'est une terre entière, un crépuscule que les autos quasi muettes
dans le chuintement adhésif de leurs pneus tirent vers la pleine nuit, c'est
une ville, c'est une femme qui

dans le lit se tourne et les draps jouent de son corps, c'est une ville
comme ce corps, c'est un commerce d'amour, c'est un port où des femmes dans
le crépuscule marchent par les rues, pieds nus, parfois marchent avec
l'allure dansante et les soudains arrêts pleins d'inquiétude des chevreuils,
c'est une ville de chasse, un trafic d'esclaves achetées dans les plaines
d'au-delà

contre des sacs de riz pour les semences, c'est une ville de salissures
reposantes, c'est une ville pour les fleurs et les parfums, pour le plaisir
noir et intense, une ville pour les mains, pour le noir repos d'après
plaisir, pour les mains nues, une ville pour le destin qui est toujours dans
les mains tenu comme un lot de braises, c'est une ville pour la compagnie des
reptiles qui sont si secrètement savants.

Time flies like an arrow, fruit flies like a banana.
40
C'est gai :(((
Time flies like an arrow, fruit flies like a banana.