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La banlieue rouge ou vos souvenirs du stalinisme municipal

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Sujet de la discussion La banlieue rouge ou vos souvenirs du stalinisme municipal
Vous avez vécu en banlieue rouge à l'époque de Georges Marchais voire de Maurice Thorez (Le Reverend).
Vous avez connu les joies des militants incapables d'exprimer une opinion sans l'aide de l'Huma (vécu).
Z'avez créché boulevard Vladimir Illitch Lénine, çui qu'est pas loin du centre commercial Gagarine.
Votre école s'appelait Paul Eluard, la médiathèque Jacques Duclos.

La CGT de l'époque avec le rougeoyant Georges Séguy à sa tête, se déclarait parfaitement indépendante de la mairie, surtout chez les employés municipaux...

Même si depuis ce temps là vous êtes profondément anti-coco, vous regrettez l'accès très facile à la culture, au ciné Picasso, pas loin de de la rue Leonid Brejnev.

Racontez nous vos banlieues rouges, elles vont devenir des banlieues brunes. Et là ça me fera pas marrer du tout.




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Hors sujet :
pour ma part j'ai vécu l'inverse.

La haute savoie, et particulièrement Annecy, est foncièrement à droite, avec un FN à 30% depuis les années 80, une somme à droite qui fleurte avec les 80%, un PS à 15% et donc PCF+Verts+ExtG se partageant les 5 derniers %

J'ai souvent entendu parler d'histoire de prof coco. Au collège et au lycée, les miens étaient violemment et ouvertement anticommunistes, du genre à dire en parlant de la WWII, que tuer des juifs c'est grave, mais des communistes non, parce qu'ils ont choisi d'être communistes, contrairement aux juifs qui sont nés comme ça (ça c'était le collège)

en 1ere et terminale le prof était gaulliste tendance anti coco, à un point tel, que même les fils de bourgeois de ma classe en étaient gênés (alors même qu'en début d'année, ils disaient que le communisme est une maladie mentale). Ce prof a fini par passer pour un guignol total quand un correspondant russe est venue passer une semaine et où il nous a sorti un discours assez différent de son habitude

Citation :
l'accès très facile à la culture

chez nous aussi c'était facile d'allumer la télé, sinon je ne vois pas de quoi tu parles!
par contre j'avais un accès facile aux pistes de ski, on peut pas tout avoir

Non je ne mettrai pas de pull

3
Regarde ce qu'il se passe dans les municipalités FN, fermeture des salles de spectacles, suspensions de subventions pour les asso, révision des ouvrages disponibles à la bibliothèque municipale, suspension des chèques cultures... De mémoire une des première mairie FN avait fait fermé une salle de spectacle mythique, du sous marin à Vitrolles. A l'époque c'était les Maigrets de connards.
4
Il s'adapte à leur electorat.


....


Qui n'en n'a rien à foutre d'une salle qui fait du bruit et qui empêche des vieux qui ont longtemps travaillé, et qui veulent maintenant une belle retraite au soleil, eux qui viennent de Paris, du Nord ou d'angleterre (selon qu'on annalyse ça du point de vue sud-ouest/sud-est), sans qu'il y ait des "djeun's" sui viennent les faire chier après l'heure du repas (18h15 grand max) :oops2:
Al bundy vs Georges abitbol
5
Samy, j'entends par accès facile à la culture qu'en banlieue parisienne les mairies cocos, très souvent, chialaient pas sur les cinoches, MJC et bibliothèques municipales. La programmation était de qualité au cinoche et les bibliothèques bien pourvues, et pas seulement en mémoires de Georges Marchais.

J-Skel, relis moi bien:
Citation :
Racontez nous vos banlieues rouges, elles vont devenir des banlieues brunes. Et là ça me fera pas marrer du tout.


Je pouvais pas causer des "joies" des mairies de droite, ses avenues Foch, Clémenceau, Joffre, Barrès, Thiers, Napoléon, Charlemagne, Jeanne d'Arc, j'ai jamais créché dans des villes de droite, et ce n'est qu'un hasard. Quant à la province, je connais pas non plus, le plus loin que mes exils, volontaires ou non, m'aient poussé c'est 12 bornes de Paname à Villeneuve St Georges, sa gare de triage, sa vue sur les zincs qu'atterrissent à Orly, la banlieue Sud Est chère à René Fallet.
Donc l'au delà des fortifs, depuis le temps que je fréquente je connais un peu. Même si je reste profondément parigot, arrière petit fils de bouseux, petit fils de péquenot comme tout parigot qui se respecte.

Donc ici, j'avais seulement envie de raconter la vie des banlieues rouges, enfin ce qu'il en reste, que chacun vienne raconter une banlieue parisienne loin des clichés, qu'ils soient angéliques ou abrutis du genre "dehors les bougnoules".

Le premier bouquin publié par Doisneau, avec des textes de Blaise Cendrars:

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6
Citation :
J-Skel, relis moi bien:
Citation :
Racontez nous vos banlieues rouges, elles vont devenir des banlieues brunes. Et là ça me fera pas marrer du tout.


En fait je répondais à ça :

Citation :
l'accès très facile à la culture
chez nous aussi c'était facile d'allumer la télé, sinon je ne vois pas de quoi tu parles!


Désolé.
7
GJx_LYny.jpg
flag
8
Pif ... zavez pas intérêt à dire du mal de Pif gadget
:gros yeux:
9
Ben les gadgets étaient un peu pourris comme même. :oops2:
10
Citation :
Samy, j'entends par accès facile à la culture qu'en banlieue parisienne les mairies cocos, très souvent, chialaient pas sur les cinoches, MJC et bibliothèques municipales. La programmation était de qualité au cinoche et les bibliothèques bien pourvues, et pas seulement en mémoires de Georges Marchais.


ma phrase était ironique, mais c'est vrai que je n'ai pas connu ça. Par ex. les mjc ne donnaient pas envie d'y rentrer.

Non je ne mettrai pas de pull

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Pif... les éditions Vaillant. Qui ? sur AF ? expliquait que Pif Gadget était interdit par ses parents, pour cause de propagande Bolchévique rampante ? :-D
Qui n'a pas lu Rahan, le fils des âges farouches, n'a rien entravé au matérialisme historique.
Pour ceux qui se faisaient trimballer à la fête de l'Huma, y'avait moyen de négocier des collecs complètes de Pif au stand Vaillant.

Oui, Sqoqo, on ne dit pas de mal de Pif, et J-skel, on n'y peut rien si t'as fait crever-exploser tes pois sauteurs mexicains en voulant faire un barbecue. :-D

On a récemment vidé la maison de mes grands parents, j'ai trouvé une "histoire du parti communiste-bolchévique" imprimé en 1950 à Moscou, édition de 1939. Ecrit, je cite, sous le contrôle de la commission internationale du comité central du PCUS. :bave:
Y'avait aussi les oeuvres complètes de Lénine, 50 volumes en français, éditions internationales du PCUS. Il m'arrivait plus jeune d'en lire quelques chapitres, imbitable salmigondis.
12
Attends j'avais le droit à 10 francs d'argent de poche, mais pas les dix francs bicolores à la con. Non, les dix francs massifs en bronze. Mais ce revenu universel était lié à une clause non discutable. Tu achèteras PIf gadget et pas ce torche cul capitaliste de Picsou magazine et si je te coince avec Mickey parade, ce sera goulag dans ta chambre avec pour seul lecture le livre 1 du capital. :-D
13
Dicentime, le petit Franc. :bave:

DicentimLePetitFranc_30052004.jpg
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Flag, moi j'ai pas grandi dans une banlieue rouge, mais dans un village (ou petite ville, 3000 habitants) rouge, dans le nord de la Lorraine minière, mi française, mi italienne, mi polonaise, mi arabe derrière.

J'ai connu les foyers populaires Gerard Phillipe, les salles Jean Vilar, les rues Youri Gagarine, Jacques Duclos, mais aussi Danièle Casanova, les rues Leon Blum dûes à 40 ans de tractations locales entre les sent la pisse du PS et les grabataires du PCF.

J'ai connu des potes dont la sonnette de la maison parentale avaient pour jingle l'internationale, avec le portrait du camarade Brejnev (mort physiquement depuis longtemps et cérébralement depuis plus longtemps encore) trônant dans le salon.

j'ai connu le paternalisme minier, dû aux actions conjointes de la CGT et CGC (les ouvriers étaient syndiqués à 90%, tous CGT, idem pour les cadres mais CGC), avec l'immense maison du diecteur, juste à côté de celles plus petites des ingénieurs, juste à côté de celles plus petites des chefs d'équipe, juste à côté de celles plus petites des ouvriers, personne ne payant de loyer, tout le monde se retrouvant au stade de foot le dimanche pour voir l'équipe locale.
Et les équipes locales de foot, dans lesquelles les joueurs étaient tous des mineurs cégétistes, elles ont donné un des meilleurs buteurs de l'histoire du foot pro français (Thadée Cisowski), un attaquant majeur de la dream team du mondial 58 (Piantoni), et plus tard, Platini.
Personne n'était raciste, d'ailleurs personne n'était français. L'immigration a d'abord été italo-polonaise, puis arabe, essentiellement algérienne en fait. Ca fait probablement plusieurs décennies qu'il y a plus un seul français de souche dans le nord du 54.
Le tout sous l'oeil bieveillant du parti communiste, qui refaisait dans ces patelines l'union des peuples des républiques socialistes soviétiques.


Mais je voyais ça comme ça parceque j'étais gosse. En réalité, les mecs des mairies tapaient dans la caisse comme pas possible, ayant installé un système mafieux pour que les mines de fer, richissimes=, les alimentent sans fin. Ils n'ont rien foutu pour la culture, qui se limitait aux commémorations en grandes pompes du 8 mai, desquelles les USA et la GB étaient absentes (les portraits de Staline et Duclos en 4mx3 en 1985, fallait oser).
Aucun foyer musical, la musique c'était pour les faibles et les suppôts du capitalisme. Une bibliothèque pour enfants sans aucune bédé, mais avec les oeuvres intégrales de Lénine, Marx et Engels (!), et de manière générale une impression de misère totale, alors que les gens étaient blindés de thunes.

Maintenant les gens votent FN, autres temps, autres moeurs.

[ Dernière édition du message le 11/03/2017 à 11:02:38 ]

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Belle participation, merci Youtou. :bravo:
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Ha j'ai oublié : la zik occidentale, sans être interdite, n'était ni tolérée ni promue, sauf Jean Ferrat. J'ai assisté à des soirées g=(genre fête nationale) surréalistes quand j'étais gosse, avec une programmation allant de Jean Ferrat à Reggiani, en passant par... de la musique classique russe (Prokoviev je le connais plus que par coeur) ! :-D

Bon, ça c'est vraiment quand j'étais gosse. Dans la toute fin des 80's, les maires cocos en place depuis 1955 (candidats uniques obtenant 98% des inscrits sur les listes électorales) n'avaient plus la lumière à tous les étages, et ont été progressivement remplacés par des maires toujours cocos, mais qui s'inspiraient plus largement de ce traitre à son sang de Gorbatchev que des camarades Brejnev, Tchernenko et Andropov ; tout a changé.
Les festivals hiphop ont vu le jour, y a même eu des ateliers de djeuns ados faisant du graff', et pas pour dessiner des marteaux et des faucilles.
Tout a foutu le camp.
17
J'ignorais que pif gadget était un produit pur PCF

Je lisais ça chez mes grands parents, il en avait plein (mon père et mes deux oncles étaient des lecteurs assidus)
Al bundy vs Georges abitbol

[ Dernière édition du message le 11/03/2017 à 11:42:18 ]

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Histoire Fraîche camarade :

Ma génitrice 19 ans à peine sortie de l'école se voit embauchée comme secrétaire de direction à l'antenne CGT arsenaux/thompson CSF de Brest. Voilà tout se passe bien, puis un jour visite du camarade Krazuki. Bon la réunion matinale avec la nomenklatura locale bat son plein. Voilà que vers dix heure du matin ma mère interrompt le soviet et demande
:" Monsieur Krazuki où dois je réserver pour ce midi ?"
La réponse ne se fit pas attendre :
" Ecoute Armelle, (oui il avait retenu son prénom, bien que ne l'ayant croisé que quelques seconde le temps d'une poignée de main) premièrement moi c'est Henri, il n'y a pas de Monsieur Krazuki."
Puis après avoir sorti son porte feuille de sa poche, il lui tend un billet de cinquante balles.
"Tiens, descends donc chez l'épicier au coin de la rue, achetes y du saucisson, un bout de pâté, un camembert, des baguettes et un coup de pif et viens casser la croûte avec nous."

Le genre de truc qui marque.
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Flag, ça m'intrigue.

j'ai vécu mon enfance au pays de la bondieuserie, avec la rue St Raphaël, rue St Gilles, rue du Cardinal machin, rue des pénitents, rue des capucins, impasse de l'abbé machin, rue frère Théodore, montée du séminaire ... le collège St Louis, le pensionnat Notre Dame de France ou le Lycée St Jacques de Compostelle...
on allait voir des concerts à la salle Jeanne d'Arc.
Et avec les pôtes qui habitent des bleds paumés de la campagne, avec du fumier sur la route, qui s’appellent aussi St germain machin, St Jean Truc, Bidule St Marcel ...

par contre d'un point de vue architectural, la cathédrale Romane du XIIe siècle et le centre historique, c'est autre chose que le palais des sciences Joseph Staline.

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Hors sujet :
Je viens réellement de regarder sur google map, le nom des rues est flippant, je ne pensait pas qu'il y aurait autant de St trucs !
après, c'était un gros centre religieux historiquement.

Référence en matière de bon gout capillaire et vestimentaire.
homme à tête de zizi.

http://soundcloud.com/djardin

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ça me parle plus aussi, les trucs genre rue des capucins (ou massif de la chartreuse)

et les premiers concerts dans des salles avec une vierge au-dessus de la scène (bon ça surprenait quand même la première fois, les églises étant surtout utilisées par les vieilles des villages)

Non je ne mettrai pas de pull

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Djardin et Samy, ça m'intéresse aussi ce côté bondieuserie municipal. Je connais pas mais à vous lire j'y trouve tellement de similitudes... Dieu=Marx, Lénine=Jésus, et pour les saints suffit juste d'avoir assez de Duclos, Gagarine, Thorez en réserve pour "baptiser" toutes les rues de noms de camarades à l'orthodoxie communiste inébranlable...

Par chez moi on a aussi un paquet de noms de rues d'anonymes, suffit de mater les plaques, tous sont des fusillés par les allemands. Ce qui impressionne c'est l'âge. Genre les 3 Fontanot, 2 frangins et leur cousin, italiens d'origine, de 18 à 22 ans. L'un des trois, Spartaco (avec un nom pareil...), a même eu droit à sa pomme sur l'affiche rouge du groupe Manoukian.
Dans ces cas là, ça me fait pas marrer, des mômes qui se font zigouiller pour résistance, respect.
Idem les stations de métro, Cariou, Môquet, Celton, noms de fusillés.

Pour en revenir à plus joyeux.
Je bossais dans une administration nationale comme standardiste, en CDD, en plein fief coco, le patelin où Georges Marchais et Jeannette Thorez-Vermeersch avaient leurs habitudes.
Une grève est déclenchée par les syndicats, CFDT, CGT, FO. Hasard, les employés de la municipalité passant par là, tout à fait par hasard, se mêlent au piquet de grève. Tous sont à la CGT, faut-il le préciser... Quant à l'administration pour laquelle je bossais son seul rapport avec la municipalité était sa localisation sur la commune.
Les jours de grève peuvent-ils être payés ? Si non, ça va être dur. Ils décident d'une collecte nationale dans cette même administration pour pallier aux éventuelles pertes de salaire. Ouais, mais si on arrive à se faire payer les jours de grève, on va quand même pas encaisser l'oseille de la collecte se disent-ils... Tous les chefs de la grève sont là dans mon standard, ça cogite dur... Reversons l'argent à des assoces. Pas con.
Quoi comme assoces ?
-Le SIDA ?
-Euh, non, pour beaucoup de monde, c'est encore trop typé PD-toxicos...
-Et l'ARC, le cancer, c'est consensuel, non ?
-Bof, on sait tous qu'ils utilisent l'oseille pour des congrès aux Bahamas.
(c'était, je le précise, 8 ans avant le scandale de l'ARC...)

J'ai levé le doigt, du haut de mes 21 ans, face au ban et à l'arrière ban du syndicalisme stalino-cégétiste, des purs et durs rougeoyants à la Séguy, des CFDTistes trotskards, des FOistes...j'avais une idée:

-Et si on donnait l'argent aux petits vietnamiens victimes du communisme ?
Oh putain, la gueule des stalino-cégétistes. Y'en a un qu'a failli clamser, apoplectique, un qu'a recraché son café, un autre qui cherchait son manche de pioche (celui qui marche si bien contre les trotskards).
Ca y est j'étais mis au ban, catégorisé ennemi du peuple, ça rigolait pas.
Heureusement, y'avait 2 délégués CFDT, bien plus à gauche que les cocos. La main sur la bouche, je les voyais bien en train de masquer une grosse envie d'éclater de rire...
L'un des délégués, qui plus tard allait fonder SUD, a sorti 50 balles m'a dit,
-Tiens, va au cinoche, ste plait... Faut pas se marrer avec des stals, ta provoc' moi ça m'a fait marrer mais eux, j'suis pas sûr...
Quelques années plus tard j'ai revu le co-fondateur de SUD, il s'en rappelait encore des petits vietnamiens victimes du communisme.:-D