Régime carné : doit-on le limiter ? L'interdire ? l'encourager ? Pour ou contre ?
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chapolin
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Drogué·e à l’AFéine
Membre depuis 20 ans
Sujet de la discussion Posté le 28/02/2020 à 00:30:48Régime carné : doit-on le limiter ? L'interdire ? l'encourager ? Pour ou contre ?
Tout est dans le titre et pour alimenter les débats, une lecture intéressante:
Spoiler - Cliquer ici pour lire la suite
Manger autant de viande est une aberration pour l'environnement et la santé
Autrefois l'apanage des pays riches, la consommation de viande ne cesse de se
démocratiser et d'augmenter dans le monde. L'élévation du niveau de vie dans les
pays en voie de développement amplifie les effets déjà catastrophiques d'une
surconsommation de viande non soutenable et inutile dans les pays occidentaux.
Entre 1950 et 2000, la consommation de viande au niveau mondiale a été multipliée par 5 alors
que la population a "seulement" doublé. Une tendance qui devrait se confirmer vu l'élévation du
niveau de vie dans de nombreux pays.
Dans le même temps, la consommation de végétaux a beaucoup faibli : 15 g de fibres par jour
soit 1/6ème de la consommation d'il y a 100 ans. En 2018, seulement un quart des français
consomment 5 fruits et légumes par jour, s'indigne le Professeur Joyeux, Chirurgien
Cancérologue.
En moyenne mondiale, un être humain consomme moins de 100 g de viande par jour. Dans les
pays développés, la consommation est supérieure à 180 g par jour alors que dans les pays en
développement elle n'est que de 72 g, avec de fortes disparités régionales (FAO, 2016).
Comme de nombreux pays dits "développés", c'est à partir des trente glorieuses (1945-1975) que
la consommation de viande en France a explosé jusqu'à devenir biquotidienne dans de
nombreux foyers. Dans le même temps, la consommation des produits traditionnels de base
(légumineuses, céréales, tubercules) a diminué.
Cependant, depuis le début des années 2000, la consommation totale de viande en France
diminue lentement.
En moyenne, un Français consomme plus de 84 kg de viande par an (124 kg par an aux
Etats-Unis), cela représente l'abattage de plus d'un milliard d'animaux par an (dont 97 % de
volailles) (FranceAgriMer, 2017). A l'échelle mondiale, 75 milliards d'animaux sont abattus
chaque année pour être plus ou moins consommés - le gaspillage alimentaire étant considérable
(FAO, 2016).
Consommation de viande en millions de tonnes (m) par grande région
FAO / World Economic Forum - Licence : DR
L'élevage : une pression considérable sur la surface agricole disponible
Le cheptel mondial d'animaux terrestres s'élève à 75 milliards. Autrement dit, pour un humain il
y a 10 animaux d'élevage. Un poids considérable pour l'environnement...
La production mondiale de viande était de 317 millions de tonnes en 2016, en constante
augmentation, (FAOSTAT) tandis que la production de lait était de 818 milliards de litres en
2015.
Or, pour entretenir autant d'animaux (61 % de la biomasse des mammifères sur Terre - The
biomass distribution on Earth), la demande en céréales augmente de manière considérable, les
céréales étant de plus en plus l'aliment de base du bétail, au détriment de l'herbe, des résidus de
culture et des déchets alimentaires comme auparavant.
C'est pourquoi, "les pâturages et les terres arables consacrés à la production de
fourrages représentent plus de 80 % de l’ensemble des terres agricoles mondiales.
Les cultures fourragères occupent un tiers de l'ensemble des terres arables, tandis que la
superficie totale des terres utilisées pour le pâturage équivaut à 26 pour cent de la surface
terrestre libre de glace." (FAO)
Ce n'est guère étonnant puisque pour pour produire un kilo de viande de boeuf, il faut
environ 13 kilos de céréales et 30 kg de foin (L et I. Urban, 2015), céréales qui auraient pu
nous nourrir directement.
Surface nécessaire pour nourrir une personne selon le mode d'alimentation par an aux Etats-Unis.
Source : Peters, C.J., Picardy, J., Darrouzet-Nardi, A.F., Wilkins, J.L., Griffin, T.S. and Fick,
G.W., 2016. Carrying capacity of U.S. agriculturalland: Ten diet scenarios. Elem Sci Anth, 4,
p.000116:
L'élevage engendre une pression insoutenable sur les sols dont l'état est devenu critique,
notamment à cause de la déforestation. Par exemple, plus de 80 % de la déforestation dans la
forêt amazonienne s'explique par la libération d'espace pour le pâturage ou la production de soja
et céréales qui seront exportés pour nourrir le bétail dans différentes parties du monde
(Greenpeace, 2009) ; et notamment en France où le bétail est nourri avec des importations de
tourteaux de soja, tournesol ou de maïs, souvent transgéniques.
Près de 75 % du soja produit dans le monde est destiné à l’alimentation animale, et plus d’un
million de kilomètres carrés de terres sont consacrés à la culture du soja, une surface presque
deux fois plus vaste que la France (Mighty Earth, 2018). Ceci provoque de graves atteintes aux
droits humains en raison de l’expulsion des autochtones en Amérique du Sud et une dégradation
inquiétante de la santé des populations locales due à l’utilisation d’engrais et de pesticides,
comme le glyphosate, dans les monocultures de soja.
En France, 26 millions d'hectares sont nécessaires pour nourrir ses habitants, c'est plus que la
superficie du Royaume-Uni. Or, 80 % de cette surface est monopolisée par la production de
viande et de lait.
L'élevage augmente également l'empreinte phosphore de l'humanité puisque le phosphore,
utilisé dans les engrais pour les céréales des animaux, provient principalement de l'extraction
minière et constitue donc une ressource non renouvelable qui est, de surcroît, répartie de façon
inégale dans le monde.
Ces conséquences environnementales ne sont pas une fatalité puisqu'à surface égale, les cultures
produisent 10 à 15 fois plus de protéines que la production de viande. Autrement dit, pourquoi
manger de la viande alors que les végétaux, bien plus efficaces, sont à la base des acides aminés
dont nous avons besoin pour synthétiser nos protéines ?
Enfin, la production animale entre maintenant en concurrence avec les agrocarburants et
bientôt les bioplastiques dans l'utilisation des surfaces agricoles.
Élevage et émissions de gaz à effet de serre
L'élevage est la principale source d'émission de méthane (CH4) et de protoxyde d'azote (N2O),
de puissants gaz à effet de serre. En effet, l'élevage est globalement responsable de 65 % du
protoxyde d’azote (N2O) et de 37 % du méthane (CH4) issus des activités humaines.
En 2013, un rapport de la FAO soulignait que l'élevage était responsable de près de 15 %
des émissions annuelles de gaz à effet de serre (GES) dans le monde, une
contribution en forte augmentation qui dépasse maintenant l'ensemble du secteur des
transports (environ 14 % selon le GIEC).
En France, en 2016, l'élevage représentait 9,3 % du Pouvoir de Réchauffement Global (PRG)
(hors modification de l'occupation du sol), 3e secteur d'émission derrière le résidentiel (12,5 %)
et les voitures à motorisation diesel (12 %), selon les données CITEPA.
Ce secteur participe donc massivement au réchauffement climatique alors que son impact n'est
pratiquement jamais souligné ni même évoqué par les décideurs...
Le rapport de Foodwatch propose une illustration de l'effet sur le climat de 3 types de régimes
alimentaires. Une alimentation sans produits animaux émet de 7 à 15 fois moins de GES qu'une
alimentation qui contient de la viande et des produits laitiers.
Ce n'est donc pas étonnant que le poids de notre alimentation sur les émissions de gaz à effet de
serre soit le premier levier d'action individuel en France selon rapport de Carbone 4 publié en
juin 2019
En 2030, sans transition vers des repas bien plus végétalisés, l'élevage devrait représenter de 37
% à 49 % du budget maximum d'émissions de gaz à effet de serre acceptable pour rester en
dessous de 2°C ou 1,5°C respectivement (Harwatt Helen, Climate Policy, 11/2018).
Autres informations : celles fournies par le rapport spécial du GIEC sur les sols et le changement
climatique : passer à un régime alimentaire végétal permet de diminuer significativement les
émissions de gaz à effet de serre :
Potentiel technique d'atténuation des changements de régimes alimentaires d'ici
2050 selon une série de scénarios examinés par le GIEC. Les estimations
représentées ici incluent les effets supplémentaires de la séquestration du carbone
provenant de la préservation des terres.
GIEC / SRCCL - Licence : DR
Les conséquences environnementales de l'élevage
L'augmentation constante des élevages intensifs en France et surtout en région Bretagne a des
conséquences directes sur l'apparition des marées vertes. Ce phénomène se manifeste par la
pullulation de certaines algues vertes qui envahissent le littoral au point de dégager de fortes
concentrations d'hydrogène sulfuré (H2S). Or, ce gaz est toxique lorsqu'il est inhalé et peut être
mortel lorsque l'exposition est importante comme en témoigne la mort de nombreux animaux
aquatiques et de quelques animaux terrestres (animaux domestiques, sangliers...). L'élevage y
contribue de façon directe par les rejets de lisiers et indirecte par l'excès d'engrais apportés aux
cultures de céréales destinées à nourrir le bétail.
L'élevage détruit la biodiversité
Mécaniquement, la déforestation induite par la mise en culture d'espaces pour l'alimentation du
bétail entraîne un véritable massacre de la biodiversité. En effet, l'emprise croissante de
l'élevage, provoque la destruction accélérée des habitats naturels.
Actuellement, 60 % de la biomasse terrestre des mammifères provient des animaux d'élevages,
36 % des humains et seulement 4 % des mammifères à l'état sauvage. De même, 70 % de la
biomasse des oiseaux est constituée de volailles, 30 % d'oiseaux sauvages (The biomass
distribution on Earth ; Yinon M. Bar-On, Rob Phillips, and Ron Milo - PNAS June 19, 2018 115
(25) 6506-6511).
Autrement dit, le vivant sur Terre ressemble davantage à une ferme planétaire qu'à un éden. La
réalité a rattrapé la fiction.
L'élevage pollue et épuise la ressource en eau
Pour mesurer la consommation d'eau de l'agriculture, il faut considérer les sources de l'eau.
Ainsi, nous comptabiliserons l'eau bleue (eau disponible dans les lacs, rivières, nappes
souterraines) utilisée pour l'alimentation des animaux et l'eau grise (eau douce nécessaire pour
nettoyer les polluants induits par l'élevage) mais exclurons l'eau verte (eau issue des
précipitations atmosphériques qui est absorbée par les végétaux) dont la consommation est
neutre.
Si 94 % de l'eau nécessaire à la production de la viande de boeuf provient de l'eau de pluie, elle
est inévitablement souillée par le mode d'élevage conventionnel (antibiotiques, pesticides,
OGM...). Enfin, ces données ne prennent pas en compte l'utilisation de quelque 1 500 litres d'eau
dépensées pour "nettoyer" une carcasse de cache à l'abattoir...
La gestion des déjections animales dans les élevages intensifs provoque le lessivage des
nitrates et des agents pathogènes dans la nappe aquifère, qui met souvent en péril les réserves
d'eau potable.
L'élevage est la plus grande source sectorielle de polluants de l'eau : principalement
les déchets animaux, les antibiotiques, les hormones, les produits chimiques des tanneries, les
engrais et les pesticides utilisés pour les cultures fourragères, et les sédiments des pâturages
érodés.
L'élevage contribue à la pollution de l'air
Selon la commission européenne, l'élevage est responsable de 64 % des émissions d'ammoniac
(NH3 - la volatilisation des déjections des animaux en stabulation constituent la principale
source d'émission de NH3), une des principales causes des pluies acides. Les précipitations
s'acidifient au contact de l'ammoniaque présent dans l'air (gaz très soluble dans l'eau),
perturbent la photosynthèse et détruisent les éléments nutritifs du sol causant le dépérissement
forestier et l'altération des systèmes hydrologiques où on observe une réduction et une
disparition d'espèces aquatiques, très sensibles au changement d'acidité.
En outre, l'ammoniac participe significativement à la formation de particules qui peuvent
perdurer dans l'atmosphère pendant plusieurs jours et ainsi être transportées sur de longues
distances (plusieurs centaines de kilomètres). Les émissions d'ammoniac contribuent ainsi à la
formation des pics de pollution.
La viande de boeuf : l'élevage le plus polluant
Selon une recherche menée à l'Institut Weizmann et publiée dans PNAS en juillet 2014, la
viande de boeuf détériore environ dix fois plus l’environnement que les autres produits
alimentaires d’origine animale, parmi lesquels le porc et la volaille. En effet, ce type de bétail
exige en moyenne 28 fois plus de terres et 11 fois plus d'eau d'irrigation ; de plus, il émet 5 fois
plus de gaz à effet de serre et consomme 6 fois plus d’azote que les œufs et la volaille...
Cette étude a montré que le porc, la volaille, les œufs et les produits laitiers affectent dans des
proportions équivalentes l'environnement. Ainsi, les produits laitiers sont également
préjudiciables pour l'environnement, contrairement à une idée reçue.
La transition alimentaire est largement profitable pour l'environnement
Le Dr. Joan Sabaté, professeur en nutrition et épidémiologie à l'École de santé publique de
l'université de Loma Linda, a conduit une méta-analyse de 49 études dédiées à l'impact des
régimes alimentaires végétariens et végétaliens, en février 2020.
Les résultats sont édifiants. La transition alimentaire diminue en moyenne :
de 35 % les émissions en gaz à effet de serre ;
de 42 % l'occupation du sol nécessaire pour la production alimentaire ;
de 28 % l'usage de l'eau pour l'agriculture.
"De nombreuses autres études ont clairement démontré les bienfaits sur la santé des régimes
végétariens et végétaliens. Cette analyse confirme que la transition vers ces types de régimes
sont aussi significativement bon pour l'environnement également." ajoute Joan Sabaté.
L'élevage : une source majeure de bactéries résistantes aux antibiotiques
La plupart du temps, les éleveurs (non bio) administrent des antibiotiques de manière
préventive à l'ensemble de leur élevage plutôt que de manière curative (aux seuls animaux
malades), ce qui augmente considérablement la quantité d’antibiotiques distribués.
Ainsi, en France, la consommation d’antibiotiques dans les élevages intensifs est massive, et
peine à diminuer : 131 tonnes d’antibiotiques ont été vendues sur l’année 2017 pour les seuls
élevages de bovins, contre 124 tonnes en 2016 (Anses, 2018).
Au niveau européen, l'EFSA constate également une forte consommation d’antibiotiques dans
les élevages de veaux de boucherie. Elle souligne le risque d’antibiorésistance, et l’augmentation
de la mortalité des veaux sur le long terme que cette consommation engendre. Selon elle, les
systèmes d’élevage qui augmentent la prévalence de maladies, et de fait la consommation
d’antibiotiques, devraient être évités : « Bien que l’utilisation d’antibiotiques comme facteurs de
croissance soit limitée par la législation européenne, ils sont encore utilisés en grandes quantités
dans les élevages de veaux, à la fois à titre prophylactique et thérapeutique (...) La contribution
des résidus d’antibiotiques au développement de bactéries résistantes est préoccupante. »
Parmi ces antibiotiques administrés, un certain nombre (ampicilline, amoxicilline, colistine,
benzylpénicilline néomycine par exemple) sont classées d’« importance critique » (la catégorie la
plus haute) par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour les risques d’antibiorésistance
engendrés pour les consommateurs. Ce sont en effet des antibiotiques couramment utilisés en
médecine humaine pour traiter des infections sérieuses, et dont l’effet pourrait décroître si la
population consomme des pathogènes résistants via l'alimentation.
L'exploitation et la souffrance animale dans les élevages
Considérés comme de simples protéines sur pattes dans l'élevage intensif, les animaux souffrent
comme jamais. Rien n'est venu enrayer l'extension de ce modèle et la toute puissance des filières
agroalimentaires qui le portent.
Les conditions d'élevage, de transport et d'abattage, souvent méconnues du grand public, sont
bien souvent inacceptables, comme en témoigne ce nouveau scandale dans un abattoir.
Malheureusement, les associations qui luttent pour le respect des animaux et la transparence se
heurtent à de puissants intérêts financiers qui méprisent le bien-être animal et dupent les
consommateurs avec des publicités rassurantes.
Aujourd'hui, l'éthique passe après la marchandise qu'est la viande ; la souffrance et
l'environnement après les intérêts économiques. Ce système industriel perdure contre toute
raison et contre une partie de plus en plus grande de l'opinion publique, tout en bénéficiant
d'importantes subventions et du soutien des pouvoirs publics, comme des décideurs.
Or, il est impossible de produire une telle quantité de viande sans entasser les animaux, les
adapter de force par des mutilations à des conditions de vie qui limitent drastiquement leurs
comportements. Étendre les ailes, se dresser, fouiner, ronger, explorer, élever ses petits, se
déplacer, prendre l'air... La liste des comportements entravés est longue dans la plupart des
élevages. Les sélections génétiques se sont faites au détriment des animaux et poussent les
organismes au maximum.
En outre, les pratiques actuelles de l'élevage visent à produire des "matières animales" à
moindre coût et le plus rapidement possible. C'est pourquoi la durée de vie normale des
animaux d'élevage est très fortement réduite comme l'indique le tableau ci-dessous :
Le vrai visage de l'élevage en France
Des hangars immenses, des silos imposants, des dizaines de milliers d’animaux enfermés. Voilà
à quoi ressemblent la plupart des fermes professionnelles qui se sont développées depuis les
années 1970.
En France, plus de 80% des animaux sont élevés en bâtiments fermés, parqués en
cage ou sur des caillebotis sans accès à l'extérieur. Les poissons d'élevage sont
maintenus à des densités inouïes.
Ainsi :
83 % des 800 millions de poulets de chair sont élevés sans accès à l'extérieur ;
68 % des 48 millions de poules pondeuses sont élevées en batterie de cages ;
99 % des 36 millions de lapins sont élevés en batterie de cages ;
95% des 25 millions de cochons sont élevés sur caillebotis en bâtiments...
Or, il est illusoire d'espérer améliorer le sort d'un si grand nombre d'animaux, nécessairement
confinés dans des espaces restreints, et « traités » par un nombre réduit de travailleurs. Il faut
donc diminuer significativement sa consommation de produits animaux, tout en se tournant
vers les produits français issus de l'agriculture biologique.
Élevage, viande et santé humaine
L'élevage est en soi un facteur de risque pour notre santé. Les systèmes industriels de production
sont depuis longtemps la norme dans les pays développés et deviennent de plus en plus
répandus dans les pays en développement. Le nombre incroyable d'animaux élevés en
confinement, dotés d'une variabilité génétique très pauvre, et soumis à une croissance rapide
dans des conditions effroyables, crée des conditions idéales pour l'émergence et la propagation
de nouveaux pathogènes.
Sans oublier les scandales qui ont éclaboussé l'industrie agro-alimentaire : vache folle
(encéphalopathie spongiforme bovine), hormones de croissance, grippe aviaire, fièvre aphteuse,
traçabilité toujours défaillante avec la vente de viande avariée importée...
Ainsi, les systèmes modernes d'élevage sont des incubateurs à virus, listeria
monocytogènes, salmonelles, campylobacters, E. coli, et autres promoteurs de « grippes » en
tout genre. Comme l'indique un rapport de la FAO : « il n'est pas surprenant que les trois-
quarts des nouveaux pathogènes ayant affecté les humains dans les dix dernières
années proviennent des animaux ou des produits animaux ».
La consommation de viande rouge nuit à la santé
La surconsommation de viande a pour effet d'augmenter la prévalence des affections suivantes :
cancers (colon, prostate, intestin, rectum), maladies cardio-vasculaires, hypercholestérolémie,
obésité, hypertension, ostéoporose, diabète de type 2, altération des fonctions cognitives, calculs
biliaires, polyarthrite rhumatoïde.
"Différents facteurs semblent poser problème dans la viande rouge. Le fer notamment qui joue
un rôle oxydant, favorisant les maladies inflammatoires et le vieillissement lorsqu'il est présent
en trop grande quantité, en particulier chez les hommes ou les femmes ménopausées. Les
graisses présentes dans la viande rouge, en majorité saturées ou de type oméga-6, pourraient
également jouer un rôle" explique le site La Nutrition.fr
Des chercheurs de l'Inserm ont montré que des femmes qui ont une alimentation plus riche en
viande, fromage et en produits laitiers avaient un risque augmenté de 56 % de développer un
diabète par rapport à celles qui avaient un régime alimentaire plus riche en fruits et légumes.
La viande est cancérogène
Le Fonds de recherche mondial sur le cancer a présenté en 2010 un examen détaillé de 7000
études cliniques portant sur les liens entre alimentation et cancer. Il en ressort que les viandes
transformées peuvent être dangereuses pour la consommation humaine et sont fortement liée à
une augmentation du risque de cancer colorectal. Et en octobre 2015, le CIRC a classé la
consommation de viande comme cancérogène.
Les viandes transformées (jambon, bacon, saucisses, pepperoni, salami, et presque toutes les
viandes présentes dans les plats préparés comme les pizzas, lasagnes ou raviolis) sont
généralement fabriquées avec un ingrédient cancérogène : le nitrate de sodium. Le
nitrate de sodium est principalement utilisé comme un colorant (rose) qui fait croire que la
viande est fraîche. Or, le nitrate de sodium (ou salpêtre du Chili) se combine avec les protéines
de la viande pour donner des nitrosamines, hautement cancérigènes.
Une étude menée par l'Université d'Hawaï en 2005 a montré que la consommation de viandes
transformées augmentait le risque de cancer du pancréas de 67 %, tandis qu'une autre étude a
montré qu'il augmentait le risque de cancer colorectal de 50 % !
Autre additif alimentaire ajouté : le glutamate monosodique ou glutamate de sodium (E 621).
Présent dans pratiquement tous les produits de viande transformés, il serait lié à des troubles
neurologiques tels que la migraine, la maladie d'Alzheimer, la perte de contrôle de l'appétit,
l'obésité...
Manger de la viande n'est pas indispensable
Contrairement à une idée reçue, les produits d'origine animale ne sont pas
indispensables à la santé humaine. La position conjointe des diététiciens américains et
canadiens, émise en 2003, a formulé un bon résumé de cette réalité. Ces deux organisations, qui
regroupent maintenant plus de 100 000 diététiciens, ont endossé le fait que « les régimes
végétariens (y compris le végétalisme) menés de façon appropriée, sont bons pour la santé,
adéquats sur le plan nutritionnel et bénéfiques pour la prévention et le traitement de certaines
maladies ». Cette position de l'Association américaine de diététique (ADA) a été réaffirmée en
2009 et en 2016.
De surcroît, la tertiarisation de nos sociétés et notre mode de vie de plus en plus sédentaire ne
justifient plus cette surconsommation de viande.
Soulignons enfin, qu'il y a plus de 600 millions de végétariens dans le monde mais c'est
dans les pays riches que la consommation de produits animaux est la plus forte, alors que
paradoxalement, nous bénéficions de la plus grande variété alimentaire. Un état de fait qui ne
répond à aucune nécessité nutritionnelle et cause des dommages environnementaux
catastrophiques. Or, l'élevage y est soutenu par des aides publiques conséquentes...
Christophe Magdelaine / notre-planete.info
Manger autant de viande est une aberration pour l'environnement et la santé
Autrefois l'apanage des pays riches, la consommation de viande ne cesse de se
démocratiser et d'augmenter dans le monde. L'élévation du niveau de vie dans les
pays en voie de développement amplifie les effets déjà catastrophiques d'une
surconsommation de viande non soutenable et inutile dans les pays occidentaux.
Entre 1950 et 2000, la consommation de viande au niveau mondiale a été multipliée par 5 alors
que la population a "seulement" doublé. Une tendance qui devrait se confirmer vu l'élévation du
niveau de vie dans de nombreux pays.
Dans le même temps, la consommation de végétaux a beaucoup faibli : 15 g de fibres par jour
soit 1/6ème de la consommation d'il y a 100 ans. En 2018, seulement un quart des français
consomment 5 fruits et légumes par jour, s'indigne le Professeur Joyeux, Chirurgien
Cancérologue.
En moyenne mondiale, un être humain consomme moins de 100 g de viande par jour. Dans les
pays développés, la consommation est supérieure à 180 g par jour alors que dans les pays en
développement elle n'est que de 72 g, avec de fortes disparités régionales (FAO, 2016).
Comme de nombreux pays dits "développés", c'est à partir des trente glorieuses (1945-1975) que
la consommation de viande en France a explosé jusqu'à devenir biquotidienne dans de
nombreux foyers. Dans le même temps, la consommation des produits traditionnels de base
(légumineuses, céréales, tubercules) a diminué.
Cependant, depuis le début des années 2000, la consommation totale de viande en France
diminue lentement.
En moyenne, un Français consomme plus de 84 kg de viande par an (124 kg par an aux
Etats-Unis), cela représente l'abattage de plus d'un milliard d'animaux par an (dont 97 % de
volailles) (FranceAgriMer, 2017). A l'échelle mondiale, 75 milliards d'animaux sont abattus
chaque année pour être plus ou moins consommés - le gaspillage alimentaire étant considérable
(FAO, 2016).
Consommation de viande en millions de tonnes (m) par grande région
FAO / World Economic Forum - Licence : DR
L'élevage : une pression considérable sur la surface agricole disponible
Le cheptel mondial d'animaux terrestres s'élève à 75 milliards. Autrement dit, pour un humain il
y a 10 animaux d'élevage. Un poids considérable pour l'environnement...
La production mondiale de viande était de 317 millions de tonnes en 2016, en constante
augmentation, (FAOSTAT) tandis que la production de lait était de 818 milliards de litres en
2015.
Or, pour entretenir autant d'animaux (61 % de la biomasse des mammifères sur Terre - The
biomass distribution on Earth), la demande en céréales augmente de manière considérable, les
céréales étant de plus en plus l'aliment de base du bétail, au détriment de l'herbe, des résidus de
culture et des déchets alimentaires comme auparavant.
C'est pourquoi, "les pâturages et les terres arables consacrés à la production de
fourrages représentent plus de 80 % de l’ensemble des terres agricoles mondiales.
Les cultures fourragères occupent un tiers de l'ensemble des terres arables, tandis que la
superficie totale des terres utilisées pour le pâturage équivaut à 26 pour cent de la surface
terrestre libre de glace." (FAO)
Ce n'est guère étonnant puisque pour pour produire un kilo de viande de boeuf, il faut
environ 13 kilos de céréales et 30 kg de foin (L et I. Urban, 2015), céréales qui auraient pu
nous nourrir directement.
Surface nécessaire pour nourrir une personne selon le mode d'alimentation par an aux Etats-Unis.
Source : Peters, C.J., Picardy, J., Darrouzet-Nardi, A.F., Wilkins, J.L., Griffin, T.S. and Fick,
G.W., 2016. Carrying capacity of U.S. agriculturalland: Ten diet scenarios. Elem Sci Anth, 4,
p.000116:
Citation :
Mode d'alimentation Surface nécessaire
Dominante carnée 10 800 m2
Omnivore 10 000 m2
Végétarien 2 200 m2
Végétalien 1 300 m2
L'élevage engendre une pression insoutenable sur les sols dont l'état est devenu critique,
notamment à cause de la déforestation. Par exemple, plus de 80 % de la déforestation dans la
forêt amazonienne s'explique par la libération d'espace pour le pâturage ou la production de soja
et céréales qui seront exportés pour nourrir le bétail dans différentes parties du monde
(Greenpeace, 2009) ; et notamment en France où le bétail est nourri avec des importations de
tourteaux de soja, tournesol ou de maïs, souvent transgéniques.
Près de 75 % du soja produit dans le monde est destiné à l’alimentation animale, et plus d’un
million de kilomètres carrés de terres sont consacrés à la culture du soja, une surface presque
deux fois plus vaste que la France (Mighty Earth, 2018). Ceci provoque de graves atteintes aux
droits humains en raison de l’expulsion des autochtones en Amérique du Sud et une dégradation
inquiétante de la santé des populations locales due à l’utilisation d’engrais et de pesticides,
comme le glyphosate, dans les monocultures de soja.
En France, 26 millions d'hectares sont nécessaires pour nourrir ses habitants, c'est plus que la
superficie du Royaume-Uni. Or, 80 % de cette surface est monopolisée par la production de
viande et de lait.
L'élevage augmente également l'empreinte phosphore de l'humanité puisque le phosphore,
utilisé dans les engrais pour les céréales des animaux, provient principalement de l'extraction
minière et constitue donc une ressource non renouvelable qui est, de surcroît, répartie de façon
inégale dans le monde.
Ces conséquences environnementales ne sont pas une fatalité puisqu'à surface égale, les cultures
produisent 10 à 15 fois plus de protéines que la production de viande. Autrement dit, pourquoi
manger de la viande alors que les végétaux, bien plus efficaces, sont à la base des acides aminés
dont nous avons besoin pour synthétiser nos protéines ?
Enfin, la production animale entre maintenant en concurrence avec les agrocarburants et
bientôt les bioplastiques dans l'utilisation des surfaces agricoles.
Élevage et émissions de gaz à effet de serre
L'élevage est la principale source d'émission de méthane (CH4) et de protoxyde d'azote (N2O),
de puissants gaz à effet de serre. En effet, l'élevage est globalement responsable de 65 % du
protoxyde d’azote (N2O) et de 37 % du méthane (CH4) issus des activités humaines.
En 2013, un rapport de la FAO soulignait que l'élevage était responsable de près de 15 %
des émissions annuelles de gaz à effet de serre (GES) dans le monde, une
contribution en forte augmentation qui dépasse maintenant l'ensemble du secteur des
transports (environ 14 % selon le GIEC).
En France, en 2016, l'élevage représentait 9,3 % du Pouvoir de Réchauffement Global (PRG)
(hors modification de l'occupation du sol), 3e secteur d'émission derrière le résidentiel (12,5 %)
et les voitures à motorisation diesel (12 %), selon les données CITEPA.
Ce secteur participe donc massivement au réchauffement climatique alors que son impact n'est
pratiquement jamais souligné ni même évoqué par les décideurs...
Le rapport de Foodwatch propose une illustration de l'effet sur le climat de 3 types de régimes
alimentaires. Une alimentation sans produits animaux émet de 7 à 15 fois moins de GES qu'une
alimentation qui contient de la viande et des produits laitiers.
Ce n'est donc pas étonnant que le poids de notre alimentation sur les émissions de gaz à effet de
serre soit le premier levier d'action individuel en France selon rapport de Carbone 4 publié en
juin 2019
En 2030, sans transition vers des repas bien plus végétalisés, l'élevage devrait représenter de 37
% à 49 % du budget maximum d'émissions de gaz à effet de serre acceptable pour rester en
dessous de 2°C ou 1,5°C respectivement (Harwatt Helen, Climate Policy, 11/2018).
Autres informations : celles fournies par le rapport spécial du GIEC sur les sols et le changement
climatique : passer à un régime alimentaire végétal permet de diminuer significativement les
émissions de gaz à effet de serre :
Potentiel technique d'atténuation des changements de régimes alimentaires d'ici
2050 selon une série de scénarios examinés par le GIEC. Les estimations
représentées ici incluent les effets supplémentaires de la séquestration du carbone
provenant de la préservation des terres.
GIEC / SRCCL - Licence : DR
Les conséquences environnementales de l'élevage
L'augmentation constante des élevages intensifs en France et surtout en région Bretagne a des
conséquences directes sur l'apparition des marées vertes. Ce phénomène se manifeste par la
pullulation de certaines algues vertes qui envahissent le littoral au point de dégager de fortes
concentrations d'hydrogène sulfuré (H2S). Or, ce gaz est toxique lorsqu'il est inhalé et peut être
mortel lorsque l'exposition est importante comme en témoigne la mort de nombreux animaux
aquatiques et de quelques animaux terrestres (animaux domestiques, sangliers...). L'élevage y
contribue de façon directe par les rejets de lisiers et indirecte par l'excès d'engrais apportés aux
cultures de céréales destinées à nourrir le bétail.
L'élevage détruit la biodiversité
Mécaniquement, la déforestation induite par la mise en culture d'espaces pour l'alimentation du
bétail entraîne un véritable massacre de la biodiversité. En effet, l'emprise croissante de
l'élevage, provoque la destruction accélérée des habitats naturels.
Actuellement, 60 % de la biomasse terrestre des mammifères provient des animaux d'élevages,
36 % des humains et seulement 4 % des mammifères à l'état sauvage. De même, 70 % de la
biomasse des oiseaux est constituée de volailles, 30 % d'oiseaux sauvages (The biomass
distribution on Earth ; Yinon M. Bar-On, Rob Phillips, and Ron Milo - PNAS June 19, 2018 115
(25) 6506-6511).
Autrement dit, le vivant sur Terre ressemble davantage à une ferme planétaire qu'à un éden. La
réalité a rattrapé la fiction.
L'élevage pollue et épuise la ressource en eau
Pour mesurer la consommation d'eau de l'agriculture, il faut considérer les sources de l'eau.
Ainsi, nous comptabiliserons l'eau bleue (eau disponible dans les lacs, rivières, nappes
souterraines) utilisée pour l'alimentation des animaux et l'eau grise (eau douce nécessaire pour
nettoyer les polluants induits par l'élevage) mais exclurons l'eau verte (eau issue des
précipitations atmosphériques qui est absorbée par les végétaux) dont la consommation est
neutre.
Si 94 % de l'eau nécessaire à la production de la viande de boeuf provient de l'eau de pluie, elle
est inévitablement souillée par le mode d'élevage conventionnel (antibiotiques, pesticides,
OGM...). Enfin, ces données ne prennent pas en compte l'utilisation de quelque 1 500 litres d'eau
dépensées pour "nettoyer" une carcasse de cache à l'abattoir...
La gestion des déjections animales dans les élevages intensifs provoque le lessivage des
nitrates et des agents pathogènes dans la nappe aquifère, qui met souvent en péril les réserves
d'eau potable.
L'élevage est la plus grande source sectorielle de polluants de l'eau : principalement
les déchets animaux, les antibiotiques, les hormones, les produits chimiques des tanneries, les
engrais et les pesticides utilisés pour les cultures fourragères, et les sédiments des pâturages
érodés.
L'élevage contribue à la pollution de l'air
Selon la commission européenne, l'élevage est responsable de 64 % des émissions d'ammoniac
(NH3 - la volatilisation des déjections des animaux en stabulation constituent la principale
source d'émission de NH3), une des principales causes des pluies acides. Les précipitations
s'acidifient au contact de l'ammoniaque présent dans l'air (gaz très soluble dans l'eau),
perturbent la photosynthèse et détruisent les éléments nutritifs du sol causant le dépérissement
forestier et l'altération des systèmes hydrologiques où on observe une réduction et une
disparition d'espèces aquatiques, très sensibles au changement d'acidité.
En outre, l'ammoniac participe significativement à la formation de particules qui peuvent
perdurer dans l'atmosphère pendant plusieurs jours et ainsi être transportées sur de longues
distances (plusieurs centaines de kilomètres). Les émissions d'ammoniac contribuent ainsi à la
formation des pics de pollution.
La viande de boeuf : l'élevage le plus polluant
Selon une recherche menée à l'Institut Weizmann et publiée dans PNAS en juillet 2014, la
viande de boeuf détériore environ dix fois plus l’environnement que les autres produits
alimentaires d’origine animale, parmi lesquels le porc et la volaille. En effet, ce type de bétail
exige en moyenne 28 fois plus de terres et 11 fois plus d'eau d'irrigation ; de plus, il émet 5 fois
plus de gaz à effet de serre et consomme 6 fois plus d’azote que les œufs et la volaille...
Cette étude a montré que le porc, la volaille, les œufs et les produits laitiers affectent dans des
proportions équivalentes l'environnement. Ainsi, les produits laitiers sont également
préjudiciables pour l'environnement, contrairement à une idée reçue.
La transition alimentaire est largement profitable pour l'environnement
Le Dr. Joan Sabaté, professeur en nutrition et épidémiologie à l'École de santé publique de
l'université de Loma Linda, a conduit une méta-analyse de 49 études dédiées à l'impact des
régimes alimentaires végétariens et végétaliens, en février 2020.
Les résultats sont édifiants. La transition alimentaire diminue en moyenne :
de 35 % les émissions en gaz à effet de serre ;
de 42 % l'occupation du sol nécessaire pour la production alimentaire ;
de 28 % l'usage de l'eau pour l'agriculture.
"De nombreuses autres études ont clairement démontré les bienfaits sur la santé des régimes
végétariens et végétaliens. Cette analyse confirme que la transition vers ces types de régimes
sont aussi significativement bon pour l'environnement également." ajoute Joan Sabaté.
L'élevage : une source majeure de bactéries résistantes aux antibiotiques
La plupart du temps, les éleveurs (non bio) administrent des antibiotiques de manière
préventive à l'ensemble de leur élevage plutôt que de manière curative (aux seuls animaux
malades), ce qui augmente considérablement la quantité d’antibiotiques distribués.
Ainsi, en France, la consommation d’antibiotiques dans les élevages intensifs est massive, et
peine à diminuer : 131 tonnes d’antibiotiques ont été vendues sur l’année 2017 pour les seuls
élevages de bovins, contre 124 tonnes en 2016 (Anses, 2018).
Au niveau européen, l'EFSA constate également une forte consommation d’antibiotiques dans
les élevages de veaux de boucherie. Elle souligne le risque d’antibiorésistance, et l’augmentation
de la mortalité des veaux sur le long terme que cette consommation engendre. Selon elle, les
systèmes d’élevage qui augmentent la prévalence de maladies, et de fait la consommation
d’antibiotiques, devraient être évités : « Bien que l’utilisation d’antibiotiques comme facteurs de
croissance soit limitée par la législation européenne, ils sont encore utilisés en grandes quantités
dans les élevages de veaux, à la fois à titre prophylactique et thérapeutique (...) La contribution
des résidus d’antibiotiques au développement de bactéries résistantes est préoccupante. »
Parmi ces antibiotiques administrés, un certain nombre (ampicilline, amoxicilline, colistine,
benzylpénicilline néomycine par exemple) sont classées d’« importance critique » (la catégorie la
plus haute) par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour les risques d’antibiorésistance
engendrés pour les consommateurs. Ce sont en effet des antibiotiques couramment utilisés en
médecine humaine pour traiter des infections sérieuses, et dont l’effet pourrait décroître si la
population consomme des pathogènes résistants via l'alimentation.
L'exploitation et la souffrance animale dans les élevages
Considérés comme de simples protéines sur pattes dans l'élevage intensif, les animaux souffrent
comme jamais. Rien n'est venu enrayer l'extension de ce modèle et la toute puissance des filières
agroalimentaires qui le portent.
Les conditions d'élevage, de transport et d'abattage, souvent méconnues du grand public, sont
bien souvent inacceptables, comme en témoigne ce nouveau scandale dans un abattoir.
Malheureusement, les associations qui luttent pour le respect des animaux et la transparence se
heurtent à de puissants intérêts financiers qui méprisent le bien-être animal et dupent les
consommateurs avec des publicités rassurantes.
Aujourd'hui, l'éthique passe après la marchandise qu'est la viande ; la souffrance et
l'environnement après les intérêts économiques. Ce système industriel perdure contre toute
raison et contre une partie de plus en plus grande de l'opinion publique, tout en bénéficiant
d'importantes subventions et du soutien des pouvoirs publics, comme des décideurs.
Or, il est impossible de produire une telle quantité de viande sans entasser les animaux, les
adapter de force par des mutilations à des conditions de vie qui limitent drastiquement leurs
comportements. Étendre les ailes, se dresser, fouiner, ronger, explorer, élever ses petits, se
déplacer, prendre l'air... La liste des comportements entravés est longue dans la plupart des
élevages. Les sélections génétiques se sont faites au détriment des animaux et poussent les
organismes au maximum.
En outre, les pratiques actuelles de l'élevage visent à produire des "matières animales" à
moindre coût et le plus rapidement possible. C'est pourquoi la durée de vie normale des
animaux d'élevage est très fortement réduite comme l'indique le tableau ci-dessous :
Le vrai visage de l'élevage en France
Des hangars immenses, des silos imposants, des dizaines de milliers d’animaux enfermés. Voilà
à quoi ressemblent la plupart des fermes professionnelles qui se sont développées depuis les
années 1970.
En France, plus de 80% des animaux sont élevés en bâtiments fermés, parqués en
cage ou sur des caillebotis sans accès à l'extérieur. Les poissons d'élevage sont
maintenus à des densités inouïes.
Ainsi :
83 % des 800 millions de poulets de chair sont élevés sans accès à l'extérieur ;
68 % des 48 millions de poules pondeuses sont élevées en batterie de cages ;
99 % des 36 millions de lapins sont élevés en batterie de cages ;
95% des 25 millions de cochons sont élevés sur caillebotis en bâtiments...
Or, il est illusoire d'espérer améliorer le sort d'un si grand nombre d'animaux, nécessairement
confinés dans des espaces restreints, et « traités » par un nombre réduit de travailleurs. Il faut
donc diminuer significativement sa consommation de produits animaux, tout en se tournant
vers les produits français issus de l'agriculture biologique.
Élevage, viande et santé humaine
L'élevage est en soi un facteur de risque pour notre santé. Les systèmes industriels de production
sont depuis longtemps la norme dans les pays développés et deviennent de plus en plus
répandus dans les pays en développement. Le nombre incroyable d'animaux élevés en
confinement, dotés d'une variabilité génétique très pauvre, et soumis à une croissance rapide
dans des conditions effroyables, crée des conditions idéales pour l'émergence et la propagation
de nouveaux pathogènes.
Sans oublier les scandales qui ont éclaboussé l'industrie agro-alimentaire : vache folle
(encéphalopathie spongiforme bovine), hormones de croissance, grippe aviaire, fièvre aphteuse,
traçabilité toujours défaillante avec la vente de viande avariée importée...
Ainsi, les systèmes modernes d'élevage sont des incubateurs à virus, listeria
monocytogènes, salmonelles, campylobacters, E. coli, et autres promoteurs de « grippes » en
tout genre. Comme l'indique un rapport de la FAO : « il n'est pas surprenant que les trois-
quarts des nouveaux pathogènes ayant affecté les humains dans les dix dernières
années proviennent des animaux ou des produits animaux ».
La consommation de viande rouge nuit à la santé
La surconsommation de viande a pour effet d'augmenter la prévalence des affections suivantes :
cancers (colon, prostate, intestin, rectum), maladies cardio-vasculaires, hypercholestérolémie,
obésité, hypertension, ostéoporose, diabète de type 2, altération des fonctions cognitives, calculs
biliaires, polyarthrite rhumatoïde.
"Différents facteurs semblent poser problème dans la viande rouge. Le fer notamment qui joue
un rôle oxydant, favorisant les maladies inflammatoires et le vieillissement lorsqu'il est présent
en trop grande quantité, en particulier chez les hommes ou les femmes ménopausées. Les
graisses présentes dans la viande rouge, en majorité saturées ou de type oméga-6, pourraient
également jouer un rôle" explique le site La Nutrition.fr
Des chercheurs de l'Inserm ont montré que des femmes qui ont une alimentation plus riche en
viande, fromage et en produits laitiers avaient un risque augmenté de 56 % de développer un
diabète par rapport à celles qui avaient un régime alimentaire plus riche en fruits et légumes.
La viande est cancérogène
Le Fonds de recherche mondial sur le cancer a présenté en 2010 un examen détaillé de 7000
études cliniques portant sur les liens entre alimentation et cancer. Il en ressort que les viandes
transformées peuvent être dangereuses pour la consommation humaine et sont fortement liée à
une augmentation du risque de cancer colorectal. Et en octobre 2015, le CIRC a classé la
consommation de viande comme cancérogène.
Les viandes transformées (jambon, bacon, saucisses, pepperoni, salami, et presque toutes les
viandes présentes dans les plats préparés comme les pizzas, lasagnes ou raviolis) sont
généralement fabriquées avec un ingrédient cancérogène : le nitrate de sodium. Le
nitrate de sodium est principalement utilisé comme un colorant (rose) qui fait croire que la
viande est fraîche. Or, le nitrate de sodium (ou salpêtre du Chili) se combine avec les protéines
de la viande pour donner des nitrosamines, hautement cancérigènes.
Une étude menée par l'Université d'Hawaï en 2005 a montré que la consommation de viandes
transformées augmentait le risque de cancer du pancréas de 67 %, tandis qu'une autre étude a
montré qu'il augmentait le risque de cancer colorectal de 50 % !
Autre additif alimentaire ajouté : le glutamate monosodique ou glutamate de sodium (E 621).
Présent dans pratiquement tous les produits de viande transformés, il serait lié à des troubles
neurologiques tels que la migraine, la maladie d'Alzheimer, la perte de contrôle de l'appétit,
l'obésité...
Manger de la viande n'est pas indispensable
Contrairement à une idée reçue, les produits d'origine animale ne sont pas
indispensables à la santé humaine. La position conjointe des diététiciens américains et
canadiens, émise en 2003, a formulé un bon résumé de cette réalité. Ces deux organisations, qui
regroupent maintenant plus de 100 000 diététiciens, ont endossé le fait que « les régimes
végétariens (y compris le végétalisme) menés de façon appropriée, sont bons pour la santé,
adéquats sur le plan nutritionnel et bénéfiques pour la prévention et le traitement de certaines
maladies ». Cette position de l'Association américaine de diététique (ADA) a été réaffirmée en
2009 et en 2016.
De surcroît, la tertiarisation de nos sociétés et notre mode de vie de plus en plus sédentaire ne
justifient plus cette surconsommation de viande.
Soulignons enfin, qu'il y a plus de 600 millions de végétariens dans le monde mais c'est
dans les pays riches que la consommation de produits animaux est la plus forte, alors que
paradoxalement, nous bénéficions de la plus grande variété alimentaire. Un état de fait qui ne
répond à aucune nécessité nutritionnelle et cause des dommages environnementaux
catastrophiques. Or, l'élevage y est soutenu par des aides publiques conséquentes...
Christophe Magdelaine / notre-planete.info
[ Dernière édition du message le 28/02/2020 à 00:57:42 ]
Anonyme
4548
11 Posté le 05/03/2020 à 16:51:58
Citation de El :
Les threads relou : pour ou contre
"#onpeutplusriendire, sauf quand c'est moi qui demande aux autres de la fermer"
Desmodue
5205
Je poste, donc je suis
Membre depuis 19 ans
12 Posté le 05/03/2020 à 19:23:15
Le truc qui m'agace un peu c'est ce détour quasi systématique par des arguments pseudo scientifiques (la santé publique... la planète et qui et que...) pour justifier une opinion philosophique tout à fait respectable en soi, en gros "je ne veux pas tuer d'êtres vivants pour les manger". Négligeons au passage que les végétaux sont aussi des êtres vivants mais admettons cette position de principe.
Si on s'en tient à la santé mangeons de tout ET en quantité raisonnable et ça devrait bien se passer. En n'oubliant pas au passage que quoi qu'il arrive "l'homme creuse sa tombe avec ses dents".
Si on s'en tient à la santé mangeons de tout ET en quantité raisonnable et ça devrait bien se passer. En n'oubliant pas au passage que quoi qu'il arrive "l'homme creuse sa tombe avec ses dents".
Dr Pouet
52037
Membre d’honneur
Membre depuis 20 ans
13 Posté le 05/03/2020 à 19:34:38
Citation de Desmodue :
Le truc qui m'agace un peu c'est ce détour quasi systématique par des arguments pseudo scientifiques (... la planète et qui et que...)
C’est pas du tout pseudo-scientifique. En France, notre surconsommation de viande (depuis les années 1970 en gros), est une cause importante d’émission de gaz à effets de serre. Et il y a d’autres effets néfastes (algues vertes dues aux élevages de porcs etc etc).
On peut ne pas adhérer aux arguments philosophiques. On peut aussi y adhérer. Mais sur les questions écologiques, il n’y a pas de débat, c’est factuel.
On peut le voir notamment ici :
https://jancovici.com/publications-et-co/articles-de-presse/ah-la-vache/
https://jancovici.com/changement-climatique/les-ges-et-nous/combien-de-gaz-a-effet-de-serre-dans-notre-assiette/
Citation :
La triste vérité est donc la suivante : manger bio c’est bien, mais pour le climat il faut surtout manger moins de viande (ce qui du coup rend plus facile de la manger bio, et autant ne pas s’en priver !). En outre manger autant de viande que maintenant interdit la conversion d’une large partie de l’agriculture au bio, car à cause de la baisse des rendements (pour la culture des céréales et fourrages mangés par les animaux) il faudrait bien plus de surface agricole que nous n’en avons de disponible
Citation :
L’agriculture est aussi indirectement responsable de la déforestation (autant que voitures et camions réunis), dont le déterminant principal est la conversion de surfaces boisées en surfaces cultivées. Et plus nous mangeons de viande, plus il faut déboiser : il faut 10 fois plus de surface cultivée pour manger un kilo de bœuf que pour manger un kilo de végétaux.
En France, pas loin de 80% de la surface agricole sert à nourrir des animaux, et cela n’inclut pas la surface mobilisée – au détriment de l’Amazonie ou de la forêt indonésienne – pour la production du soja ou de l’huile de palme que nous importons.
Manger moins de viande, et partant moins de laitages et de fromage, est donc un point de passage obligé dans la lutte contre le changement climatique.
Comment y arriver sans ruiner les éleveurs, qui font un métier plus difficile que l’essentiel des lecteurs de ce journal ? En faisant l’exact inverse de ce que vient de décider l’Europe : il faut remettre des quotas pour diminuer fortement les quantités, multiplier les chartes de qualité et les appellations d’origine, et tripler le prix au kilo en sortie de ferme. Ici comme ailleurs, nous ne résoudrons pas le problème du monde fini avec des outils « libéraux » conçus pour un monde infini qui n’existe plus.
[ Dernière édition du message le 05/03/2020 à 19:36:15 ]
Anonyme
4548
14 Posté le 05/03/2020 à 19:41:41
Merci pouet, j'ai failli poster une réponse beaucoup moins sympa
Dr Pouet
52037
Membre d’honneur
Membre depuis 20 ans
15 Posté le 05/03/2020 à 20:38:16
chapolin
10496
Drogué·e à l’AFéine
Membre depuis 20 ans
16 Posté le 05/03/2020 à 21:19:01
Très intéressant ces articles Pouet, çà file le tournis en matière de gâchis et aberration, nos dirigeants sont forcément au courant de l'impasse dans laquelle nous sommes , non ?
Anonyme
1612
17 Posté le 05/03/2020 à 22:51:04
Oui, mais ça permet de spéculer, de faire tourner cette machine qu'on nomme l'é-co-mie
Anonyme
9585
18 Posté le 06/03/2020 à 00:17:53
la machine a un petit grain de sable dans les rouages en ce moment.
Anonyme
1612
19 Posté le 06/03/2020 à 00:24:47
Effectivement, d'ailleurs chaque fin de reportage sur ce corona virus se fini quasi systématiquement par un bilan économique, c'est dire la conclusion que l'on en tire
Anonyme
3602
20 Posté le 06/03/2020 à 09:43:46
C'en est devenu aberrant d'avoir à volonté le choix de se qu'on bouffe et des régimes.
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