réactions au dossier Mois vert : Sondage sur le rapport des fabricants d'audio à l'écologie
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Gros Oeil
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Tamen pax et amor, oscula.
[ Dernière édition du message le 04/04/2023 à 14:58:11 ]
Los Teignos
J'étais trop gentil en vous croyant penser à une taxe ou un audit. Transposer vos actes dans un magasin de musique, ça donnerait quoi ? Un rayon "bio" où le piano "responsable filière bois contrôlée" échapperait au goudronnage du piano du pauvre sans label (car tout label se paie) et au client d'échapper au bidon d'huile versé sur sa tête en sortant du magasin, après avoir dégonflé les pneus de son SUV ?
Je réalise que vous seriez impitoyables avec toute société X que vous jugerez "pas assez verte".
C'est mal me connaître car je pense que la solution aux problèmes environnementaux est collective, et qu'elle viendra de chaque citoyen comme de chaque entreprise ou chaque état auquel on demande de se positionner clairement (le saviez vous : l'état français a été condamné à deux reprises pour inaction climatique par la Justice Française).
Perso, je ne suis pas encarté, et mon petit rôle à moi là-dedans, c'est de pousser les gens à s'interroger avant que les forêts crament cet été (et elle vont cramer, vous pouvez en être sûr), plus encore l'été prochain, avant qu'on restreigne les gens en eau potable sur notre sol et qu'on voit débarquer des pénuries sur des produits de première nécessité... Et si je le fais, c'est précisément pour qu'on puisse encore fabriquer des pianos...
Extinction Rébellion dont je ne fais pas partie utilise les images fortes d'actions coup de poing dans un monde de com. Vont-ils trop loin ? Peut-être, même si on appréciera cela en regard des propos d'Antonion Guteres, secrétaire général des Nations Unies :
« Les activistes du climat sont souvent dépeints comme de dangereux radicaux. Mais les vrais radicaux dangereux sont ces pays qui continuent d’augmenter la production d’energies fossiles. »
Antonio Guteres, hein, je rappelle, pas un obscur militant, mais le mec à la tête de l'ONU qui gère au quotidien le conflit Russie-Ukraine et qui, pourtant, est beaucoup plus inquiet face à l'inaction climatique parce qu'il sait ce qu'elle implique comme catastrophe à l'échelle mondiale : des milliards de morts et une faillite de toute ou partie du système en place.
Pour expliquer ces photos : L'ONU a fermement demandé depuis longtemps déjà à toutes les banques mondiales d'arrêter de financer de nouveaux projets d'extraction d'énergie fossiles, et la plupart des banques, bien conscientes des enjeux, répondent à cette demande, sauf quelques unes dont la plus grosse, BNP Paribas qui, non contente d'avoir en d'autres temps financé le génocide Rwandais, assume crânement de continuer son petit business sale, au prix de nombreuses vies. Qu'on verse de la peinture noire sur les marches d'un tel établissement, je ne sais pas si c'est malin mais entre nous, ce n'est pas bien grave car ça ne tue personne. Comme de dégonfler des pneus des SUV ou d'éteindre les panneaux publicitaires dans le métro...
Je ne suis clairement pas un partisan de la violence, mon arme à moi étant le stylo, mais le jour où ces "groupuscules", ces "extrêmistes" plus artivistes qu'autre chose, auront fait ne serait-ce que le millième des victimes des lobbys auxquels ils s'attaquent, on pourra effectivement s'inquiéter d'eux, se dire qu'ils sont dangereux, qu'ils sont une menace.
Et encore une fois, il me semble que tu ne mesure pas l'ampleur du problème vu la vision caricaturale que tu énonces : ce n'est ni de parler de piano bio avec ou sans label (il est bien naïf d'ailleurs de penser que le bio va résoudre les problèmes écologique car il n'y a pas de manière "bio" d'extraire du métal, par exemple, cependant que lorsque ce métal va venir à manquer, bio ou pas, on ne pourra plus l'inventer), c'est de dire qu'en continuant dans une politique de déni comme le fait l'ensemble de nos grandes entreprises ainsi que nos institutions, toute la valeur qui restera bientôt à un piano, c'est d'être un combustible pour avoir de l'énergie. Et en tant que musicien, je ne veux certainement pas ça. Et le seul moyen que ça n'arrive pas, c'est de l'anticiper et donc d'en parler...
Si votre priorité absolue (en musique) est d'avoir des instruments bio, qu'attendez-vous pour créer une société qui les fabrique ? Pourquoi exiger des autres ce que vous ne créez pas vous-même ?
Jolie proposition qui nie toute liberté d'expression et de critique. Critiquerait-on Mac Donald alors qu'on pourrait ouvrir soi-même un resto à burgers ? Une compagnie aérienne alors qu'on peut se fabriquer un avion ? Un film quand on n'a jamais fait soi-même de film ? Un homme ou une femme politique alors qu'on n'a jamais eu de responsabilité politique soi-même ? Discuter du 4-4-2 du PSG alors qu'on n'a jamais été footballeur pro ? De l'action de la justice, de la police ou de l'armée alors qu'on n'a jamais été juge, policier ou militaire ? Bref, penser comme cela, c'est juste remettre en question le droit qu'a chacun d'exprimer un avis, abandonner toute la base de la citoyenneté et signer un chèque en blanc pour les spécialistes qui savent ce qu'ils font, soit le meilleur moyen de voir une société partir en vrille très vite...
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Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?
[ Dernière édition du message le 01/04/2023 à 13:43:43 ]
Los Teignos
Pas simple en effet.
Même pour AUDIOFANZINE. Comment continuer avec un modèle économique reposant largement sur la publicité, donc sur l argent des plus riches et l influence que cela leur confère.
Pourriez vous aujourd hui sérieusement publier un article à charge sur le bilan écologique de Fender, Thomann ou Roland sans mettre en péril l existence même du site ?
Et ce n est pas spécifique à votre média. C est pareil pour tous. Les annonceurs principaux en France sont les constructeurs automobile, les cosmétiques et la malbouffe. Des secteurs globalement assez nocifs et opposés aux changements radicaux de société. Comment faire changer les choses tant que les principaux médias (TV, presse, radio, internet, etc..) dépendent de leur bon vouloir pour exister ? L indépendance éditoriale est un leurre sans indépendance économique.
Tous les médias engagés ont d ailleurs compris ce problème en se passant de pub (reporterre, mediapart, ou le canard enchaîné à une autre époque)
Avez vous commencé à réfléchir à ce sujet ?
Je sais que ce n est pas simple et que personne n à trouvé de solution miracle pour se passer de l argent des grands groupes à ce stade...
Amitiés
Oui, ce n'est pas simple, sachant que comme tu le dis, la liberté de la presse et son indépendance sont toutes relatives, plus encore dans la presse spécialisée. L'idée pour l'heure, chez AF, c'est d'informer sur le sujet et d'être dans un No Blame, No Shame qui serait contre-productif à tous les niveaux car je sais qu'à l'intérieur de chaque société, il y a des gens pour pousser les choses dans le bon sens, pour appeler à plus de responsabilité, tenter de bosser autrement et que conjuguée à l'action de ces gens, la pression du consommateur, l'importance qu'il donne aux aspects environnementaux, finira par exercer une contrainte pour ceux qui ne joueraient pas le jeu. C'est comme cela que ça s'est passé pour Apple sur bien des points et je suis à peu près certain que dans les 5 prochaines années, il n'y aura plus une marque dans l'audio qui n'aura pas le soucis, au moins dans sa com, de son impact environnemental.
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Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?
[ Dernière édition du message le 01/04/2023 à 12:06:26 ]
giauc
Pas simple en effet surtout avec la maffia actuelle qui s’est accaparer le monde.
Je vais aussi mettre une série de photos:
Ca amène à 2 questions:
-1 : qui sont les plus grands souilleurs (ce sont les banques qui financent en grande partie tout ça).
-2 : quels moyens d’actions pacifiques ont fait réagir banques et multinationales jusqu’à présent ?
Il faudrait bien comprendre quels sont les enjeux et ou se situe le problème.
Los Teignos
Disons que j'ai l'impression qu'il y a un réel effort chez pas mal de banques pour répondre à l'appel de l'ONU et ne plus financer que des projets d'énergie low-carbon... Et je pense qu'elles s'y sont mises autant par bon sens (comprendre que le pétrole n'est pas un marché qui a un grand avenir quand on sait qu'on va passer le deuxième et dernier pic pétrolier dans quelques années) que par pression politique aussi. Et puis, il y a plein de gens qui se sentent concernés par les photos que tu viens de montrer dans les banques aussi... Ceci étant dit, dans les banques comme dans les multinationales, je pense que le premier argument qui parle, c'est de voir le CA s'effondrer, ce qui explique qu'un Total ne change rien à sa politique en dépit d'un greenwashing zélé. Le jour où pour des raisons environnementales, ils verront leurs recettes plonger, alors ils se tourneront vers d'autres solutions : pour l'heure, on leur permet de défoncer l'Angola en toute impunité, donc il n'y a aucun frein à leurs activités. À moins que des règlementations et des lois les contraignent avant cela : c'est là où ça devient du ressort des politiques environnementales de chaque état et des pressions que peuvent exercer les citoyens sur ces politiques. Si demain, au niveau Français ou Européen, on décide de remettre Total dans le droit chemin, alors Total n'aura pas d'autres solutions que de se plier aux lois...
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Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?
[ Dernière édition du message le 01/04/2023 à 12:58:20 ]
Anonyme
Pour en revenir au sujet, ce n'est pas aux marques de faire la démarche car ce n'est pas leur rôle, ni leur ADN pour la plupart. C'est à la société civile de proposer des normes, de mesurer les impactes (pas que écologique) et de définir l'application de la politique (au sens noble) choisie démocratiquement. Il y a pleins de moyens à mettre en place pour améliorer/rendre plus vertueux l'industrie des la musique, des instruments et de la culture audio. Ça a sa place sur AF. Comme dit par beaucoup, il n'y a pas vraiment le choix. Mais la radicalisation est à exclure et ça commence avec le respect de l'opinion des autres. Les moyens choquants des actions des associations que tu mets en lien Los Teignos appelent par exemple à une réaction similaire exactement contraire.
Bref le sujet est intéressant, important, mais la politisation et la violence sur les questions écologiques n'ont pas leur place sur AF.
Los Teignos
Quant à la vidéo d'une performance artiviste qui est en lien depuis plus d'un an sur ma signature, elle ne promeut aucune violence : la seule violence qu'on y trouvera, c'est celle des images et informations qu'elle contient, c'est la violence du monde, de la situation environnementale dans laquelle nous nous trouvons et du silence qui l'entoure. Pour le reste, ce sont des prises de paroles et des artistes qui illustrent le fait que les médias n'informent pas les populations à hauteur des enjeux de la crise environnementale. Cette vidéo n'invite pas à voter pour ceci ou cela. Enfin, il n'y a pas de promotion de parti politique ni d'appel à la violence dans aucun texte que je n'ai jamais pu écrire en 19 ans sur AF. Merci donc de ne pas diaboliser ou de hurler à la dictature sous-jacente. C'est tout l'inverse bien au contraire : les dictatures naissent quand les citoyens regardent un peu trop leurs pompes sans se soucier du cap tenu par leurs institutions... Et je le re-souligne : deux condamnations déjà, en sachant qu'une plainte a été aussi déposée au niveau de la Cour Européenne des Droits de l'Homme contre l'État Français et l'État Suisse. Et moi, en bon pacifiste naïf que je suis, je me dis que lorsque notre État appliquera les décisions de sa propre justice, peut-être que les gosses se sentiront un peu plus dans l'obligation de respecter eux-aussi la loi et arrêteront de jouer avec de la peinture noire parce qu'effectivement, c'est précisément à la société civile de tracer les lignes pour la BNP ou Total. Sauf que comme elle ne le fait absolument pas, ça donne lieu à ça...
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Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?
[ Dernière édition du message le 01/04/2023 à 15:20:12 ]
e-miel
Conclure qu'une société X n'est écologique que si elle communique façon greenwashing, c'est insulter toutes les sociétés aimables qui respectent leurs clients en évitant les slogans écologiques moralisateurs. Si j'avais une société (j'y pense sérieusement) je ne parlerais pas d'écologie, seulement de mes produits.
La première chose est de penser du bien des gens, la vie est assez difficile, les gens ont assez de problèmes, pourtant ils sont aimables donc soyons aimables en retour.
Les fanatiques goudronneurs/dégonfleurs cassent ce qu'ils estiment être en-dessous d'eux, leur discours "vert" est un leurre pour se réhausser et justifier leurs actes. Je leur donne raison sur un point : ils sont au-dessus des lois donc méritent leur réputation de supériorité, tenter de leur parler fait immédiatement de nous un perdant, je les évite et je plains ceux qui ont affaire à eux. Chacun est libre de changer, mais pourquoi changeraient-ils quand ils ont l'immunité ? Le frisson d'impunité c'est comme une drogue.
Que faut-il faire ? Penser du bien des gens, mais la plupart des gens le font déjà, donc que faire de plus ? Rien, tenir à ses convictions.
Anonyme
Encore une fois, je pense que c'est un mouvement d'ensemble, et des citoyens, et des entreprises et des institutions : on voit quand même des entreprises s'atteler au sujet. Ne se reposer que sur la société civile dont tu parles est parfaitement illusoire dans la mesure où rien n'a été fait depuis les accords de Paris où les états se sont pourtant engagés. Le réchauffement qu'on attendait pour 2100, on va donc l'atteindre en 2030-2035 selon le GIEC. Grâce à des citoyens qui l'ont traduit en justice, l'État Français a été condamné à deux reprises pour inaction climatique, et il ne s'est rien passé pour autant. Donc non, attendre que la société civile norme les choses, ça ne fonctionne pas et à moins d'un sursaut, c'est hélas la nature qui va poser toute seule ses limites très bientôt et les pose déjà à l'autre bout du monde.
Quant à la vidéo d'une performance artiviste qui est en lien depuis plus d'un an sur ma signature, elle ne promeut aucune violence : la seule violence qu'on y trouvera, c'est celle des images et informations qu'elle contient, c'est la violence du monde, de la situation environnementale dans laquelle nous nous trouvons et du silence qui l'entoure. Pour le reste, ce sont des prises de paroles et des artistes qui illustrent le fait que les médias n'informent pas les populations à hauteur des enjeux de la crise environnementale. Cette vidéo n'invite pas à voter pour ceci ou cela. Enfin, il n'y a pas de promotion de parti politique ni d'appel à la violence dans aucun texte que je n'ai jamais pu écrire en 19 ans sur AF. Merci donc de ne pas diaboliser ou de hurler à la dictature sous-jacente. C'est tout l'inverse bien au contraire : les dictatures naissent quand les citoyens regardent un peu trop leurs pompes sans se soucier du cap tenu par leurs institutions... Et je le re-souligne : deux condamnations déjà, en sachant qu'une plainte a été aussi déposée au niveau de la Cour Européenne des Droits de l'Homme contre l'État Français et l'État Suisse. Et moi, en bon pacifiste naïf que je suis, je me dis que lorsque notre État appliquera les décisions de sa propre justice, peut-être que les gosses se sentiront un peu plus dans l'obligation de respecter eux-aussi la loi et arrêteront de jouer avec de la peinture noire parce qu'effectivement, c'est précisément à la société civile de tracer les lignes pour la BNP ou Total. Sauf que comme elle ne le fait absolument pas, ça donne lieu à ça...
Tu légitimises les actions violentes. C'est exactement ce que je disais plus haut. En gros tu donnes du crédit aux personnes qui pensent que puisque leurs opinions ne sont pas prises en comptes, la violence est légitime. Après tout, c'est l'avenir de l'humanité qui est en jeu. Le slogan d’ailleurs « Voter ne suffit plus » en dit assez. Ca devient le petit fascisme ordinaire et c'est même la norme dans certains endroits. Le pire ce sont les personnes qui disent avec la hargne des foules, mais comment peut on penser autrement (il ne me semble pas que ce soit ton cas Arnaud, mais je l'ai vu ici et ailleurs).
Le groupe d'activistes que tu sites dans ton lien ont aussi fait l'objet de condamnations. Certains ont même été condamnés à des peines de prisons. Beaucoup n'ont pas été condamné pourtant pour des faits graves de dégradations, ils n'ont même pas été poursuivit.
Pour revenir au sondage, le but d'une entreprise ce n'est pas de faire de l'écologie, c'est de dégager des bénéfices, de financer sont activité/existence.
Ca n'exclue bien sûr pas d'avoir une démarche dans ce sens, ou d'en faire une valeur (pas que de greenwashing), mais sans bénéfices... plus d'entreprise.
Une entreprise c'est aussi de l'emploi, de l'activité économique, de la technologie, etc. C'est également des taxes qui permettent de financer les écoles, les hôpitaux, la police, les transports publiques... Les activistes que tu cautionnes sont pour la suppression pure et simple, immédiate de toute activité économique sans tenir compte de toutes les implications.
[ Dernière édition du message le 02/04/2023 à 01:47:43 ]
LD55
Los Teignos
Le groupe d'activistes que tu sites dans ton lien ont aussi fait l'objet de condamnations.
Très probablement : la justice fait ce qu'elle a à faire. Quant au fait que certains n'ait pas été poursuivis, je le redis : quand l'état français lui-même est condamné à deux reprises et s'en fout royalement, se comportant lui-même comme un délinquant, qu'est-ce que cela a d'étonnant ? Qu'est-ce que cela veut dire de notre justice ? À un moment, si on veut que les gamins respectent la loi, il faut d'abord qu'elle soit respectée au plus haut niveau, surtout que ce n'est pas leur date de départ à la retraite qui est en jeu mais leur espérance comme leur qualité de vie. Surtout que de toutes nations, de toutes confessions, des scientifiques appellent même à la désobéissance civile, estimant que les États sont désormais nocifs pour les peuples. Le Secrétaire Général de l'ONU lui-même, sans appeler à la désobéissance vu son statut, a dit "be an activist" devant la passivité criminelle des États.
Et puis mettre en parallèle du dégonflage de pneus et du peinturlurage de banques avec des morts, je trouve que ce n'est pas tout à fait décent. La pollution, c'est déjà 7 millions de morts par an dans le monde, le réchauffement 300 000 morts, et je te dis ça sur les bases de vieux chiffres qui sont très probablement bien supérieurs aujourd'hui. Bon, tu me diras : on s'en fout des gens à l'autre bout du monde qui descendent dans les mines pour remonter le métal dont on fait nos pédales ou nos synthés et de ces autres qui cousent nos baskets, donc intéressons nous juste aux Français : la pollution atmosphérique, c'est 9% des décès prématurés en France par an, soit 48 000 personnes, et une baisse d'espérance de vie de deux ans pour les plus de 30 ans. Et encore, une récente étude plus précise tendrait à dire qu'il s'agit en fait de 17% des décès prématurés, soit près du double... Alors après c'est vrai, c'est pas bien de dégrader des sas de banque, des automates bancaires et des SUV. Mais c'est pas bien de tuer des gens non plus, je trouve, comme de se dire qu'on se contrefout de l'espérance de vie des générations futures.
le but d'une entreprise ce n'est pas de faire de l'écologie, c'est de dégager des bénéfices, de financer sont activité/existence.
Non, ça c'est justement une définition qu'il faudrait faire évoluer : le but premier d'une entreprise, c'est de produire un bien ou un service utile à la société dans la plus grande économie des ressources et de l'énergie possible en assurant évidemment, non sa croissance, mais sa survie. Et c'est justement cela qu'il faut renégocier dans tous les secteurs d'activités car on va vers un monde qui aura toujours moins d'énergie et de ressources, d'année en année. Et dans les ressources, il y a l'eau potable donc la nourriture.
Quant à l'histoire de la préservation de l'emploi et de l'économie, il faut bien comprendre que l'économie mondiale va trinquer sévère de toutes façons : il faut juste savoir si on veut trinquer à 35° ou à 50° avec plus ou moins d'eau potable et de nourriture, avec quelles guerres et maladies, savoir si on veut quelques centaines de millions de morts ou des milliards, et dans quelles conditions on veut que les survivants vivent. Jancovici résume très bien ça : « Le problème, c’est pas qu’on aille dans le mur ou pas. On va dans le mur ! Le problème, c’est à quelle vitesse on y va, à 50 km/h ou à 5 km/h ?»
Du coup poser la question de l'économie en amont de la question écologique, c'est prendre le problème complètement à l'envers, parce que les taxes dont tu parles, elles ne serviront pas à grand chose quand nous n'aurons plus assez d'énergie ou de ressources pour qu'un hôpital, une école, une police ou des transports publics fonctionnent. On aura beau avoir des milliards de dollars qu'on ne pourra pas acheter du métal qu'on ne peut pas atteindre et de l'eau qui n'existe plus. Sans même parler du réchauffement qui est un accélérateur de nos problèmes, jette juste un oeil au rapport Meadows, à ce que dit l'industrie de l'extraction, à ce que dit la FAO sur les cultures, à ce que dit l'OMS sur les pandémies et l'aptitude de nos structures de soin à supporter le réchauffement, comme les maladies que ça va générer, et relie les points entre eux en mettant ça en perspective des problèmes géopolitiques. Sincèrement, si nous pouvons encore bavarder comme deux vieux amis sur ce forum dans 15 ans, je ne serai pas mécontent mais ça n'a rien de garanti. Il y a cette phrase d'un anonyme indien qui résume très bien cela : « Lorsque la dernière goutte d'eau sera polluée, le dernier animal chassé et le dernier arbre coupé, l'homme comprendra que l'argent ne se mange pas. »
Après, là-dedans, que ce soit hyper dur pour les entreprises (dont AF) de se réinventer, de voir les chemins possibles, je ne le nie pas du tout et c'est bien pour cela qu'on a besoin d'un état fort et volontaire, d'institutions, et c'est bien pour ça aussi qu'on est ravi de voir quelques marques se prendre la tête sur ces sujets, ou du moins se poser des questions. Par ailleurs, je te le confesse : moi aussi je dois payer mon loyer, j'ai envie de vacances, de confort, de mieux, de plus, de faire plaisir à ceux que j'aime, et du coup, je suis pris entre deux feux, comme tout le monde, parce qu'à la fin, moi aussi j'ai envie de "croissance". Reste que, quelle que soit cette envie, cette volonté de maintenir le monde tel que nous l'avons toujours connu, il faut bien comprendre qu'après 300 000 ans d'insouciance pour Sapiens, c'est la fin de la récré et qu'aucun choix ne nous est laissé par les réalités physiques d'un monde qui s'épuise si ce n'est de faire au mieux avec ce qu'il reste. Comme dit Servigne : "l'utopie a changé de camp : est aujourd'hui utopiste celui qui croit que tout peut continuer comme avant."
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Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?
[ Dernière édition du message le 02/04/2023 à 04:42:44 ]
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