Sujet de la discussionPosté le 05/09/2023 à 17:00:01Interview d'Adrien Pallot, ingénieur du son en mastering
Installé dans les studios de Chab, Adrien Pallot est un ingénieur de mastering renommé, mais aussi producteur, musicien et compositeur. Nous avons eu la chance de le rencontrer afin de lui poser quelques questions.
J'aime bien le passage sur les idées préconçues des gens qui bossent dans la musique, qui disent sur le ton de la blague que le mastering ne sert à rien.
Suivi de : si il n'y a rien à faire on ne touchera à rien.
J'en viens à me poser la question du cas où le mixeur a plus de compétences que celui qui masterise.
J'en viens à me poser la question du cas où le mixeur a plus de compétences que celui qui masterise.
Question intéressante, mais à mon sens c'est un faux problème.
Quand on fait du mastering, on se retrouve dans une position unique qui nous permet d'avoir un certain recul et une écoute objective. C'est impossible lorsque l'on est le producteur ou le mixeur du projet. Ce n'est pas une question de compétences, mais d'état d'esprit et de contexte.
L'ingénieur de mastering est le premier à pouvoir découvrir le morceau dans sa forme finalisée. Les musiciens, producteurs, ingénieurs du son, etc. ont entendu le morceau des dizaines, voire des centaines de fois. Le cerveau s'habitue inévitablement à certaines choses, qui finissent par échapper à l'attention ou au bon sens critique. Cela fait déjà une grosse différence. De plus, l'ingénieur de mastering a généralement un système de monitoring (enceintes + pièce/acoustique) de meilleure qualité, ce qui permet de mettre en évidence les axes d'amélioration ou certains défauts plus facilement.
Enfin, l'ingénieur de mastering écoute de nouveaux morceaux, souvent dans des genres très variés, à longueur de journée. Cela forme l'oreille à certains "codes" de genre ou à un certain "seuil" de qualité, qui sont des références bien utiles lorsque le moment est venu de faire les micro-ajustements finaux.
J'ai eu la chance de faire le mastering de certains mixes réalisés par des gens ayant une expérience ou une carrière bien plus impressionnantes que moi. Cela ne m'a pas empêché de faire du bon travail. Cependant, je serais totalement incapable de fournir un mix aussi bon que celui qu'ils m'ont envoyé. Quand on se spécialise dans quelque chose, on devient meilleur, au détriment d'autres choses. C'est inévitable.
Pour faire une analogie un peu grossière : le mécanicien qui va régler la F1 de Hamilton est totalement incapable de la conduire aussi vite que lui. Pourtant, il est le mieux placé pour faire son job efficacement.