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Wurlitzer 200A
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Wurlitzer 200A
Anonyme
Publié le 28/10/09 à 23:50
En temps que wurlitzeriste passionné, j'aimerais apporter quelques réflexions au sujet des clichés et des idées reçues dont souffrent ces pauvres 200, 200A et autres 214. Le piano électrique Wurlitzer constitue la base de mon set de claviers, c'est mon instrument de prédilection (parmi ceux que j'utilise en live); j'avais un temps un chorus dont je me suis vite lassé, je préfère actuellement le son pur, sans effets, directement sonorisé (si possible avec une DI BBE munie d'un Sonic Maximizer - voir mon avis sur la BBE DI-100X); si vous tenez à un ampli à lampe, le Vox AC-30 est parfait, même meilleur que le Fender Twin Reverb pour le wurli. Même si le 200A est très répandu dans le rock principalement, et dans la soul, je trouve que cet instrument reste largement sous employé, ses réelles possibilités sont rarement exploitées à fond; le style Supertramp, devenu un cliché (accords staccato), n'est certainement pas la façon la plus intéressante d'en jouer, et les riffs groovy-minimalistes si efficaces ne sont pas ses seuls moyens d'expression. Car le Wurlitzer (cet avis doit être nuancé par le fait que je n'ai jamais touché personnellement un Rhodes - qui par ailleurs est un instrument tout aussi magnifique dans son registre propre), contrairement à ce qu'on pourrait penser, est plus polyvalent qu'un Rhodes, qui pour varier sa palette sonore et ses moyens d'expressions a rapidement besoin d'effets (wha-wha, phaser, filtres, effets "crunchy", ring mods etc.) alors que le Wurli se suffit à lui-même: la meilleure façon d'en améliorer le son est de l'épurer de toute transformation extérieure (mais je ne suis pas contre l'expérimentation à base d'effets sonores, si l'on cherche quelque chose d'autre qu'un classique "son de Wurli" ). Même une wha-wha n'est pas très utile, le son pur possède déja un groove énorme. Le wurli, malgré ou peut-être à cause du défaut bien connu d'une tenue de son relativement courte, possède un feeling, tant au niveau du son que du toucher, plus "pianistique" qu'un Rhodes, je dirais même qu'il est capable de remplacer le piano dans un groupe, voire de jouer un morceau destiné au piano (une Invention de Bach sur un wurli: inhabituel, mais ça sonne!), ce que ne peut un Rhodes qui lui demandera un jeu moins pianistique ("le Fender Rhodes ne doit pas être joué comme un piano", dixit Patrick Muller, pianiste-rhodiste d'Erik Truffaz). A part peut-être l'electro-jazz ou certains styles approchant, le wurli sera à l'aise dans des styles de musique très divers, du jazz au hip-hop en passant par le hard rock (je joue dans un groupe de rock progressif mêlant origines métalliques des guitares et aspirations-prétentions jazzistiques de ma part). Pour finir, je dirais que le wurli est une bête capricieuse, et j'ai parfois vraiment l'impression qu'à l'instar du cheval sensible à l'humeur du cavalier il est sensible à l'inspiration de son musicien, qu'il sonne moins bien si l'on est pas en grande forme, car c'est un instrument, comme tous ceux de la famille des électro-mécaniques, vivant, ce que ne seront jamais les meilleurs émulateurs et les meilleurs claviers-maîtres. Alors parfois, j'en ai marre de cette fragilité, de ce toucher irrégulier, de ces soixante-quatre notes seulement, de ce bruit de fond indésirable; mais ce qu'il m'apporte le compense au centuple. (Je sais, je peux être très pompeux…)

Mise à jour: désolé pour cet emballement, qui peut laisser penser que j'avais été prêt à défendre mon Wurli plus chèrement que ma propre vie... Eh bien, j'ai fini par le revendre! J'en avais effectivement marre (trop lourd, trop fragile, limité, irrégulier, bruyant, m'a couté trop cher). Un bête piano numérique convient parfaitement à la plupart des situations... Que ceux qui sont intéressés par le vintage réfléchissent à deux fois avant de craquer pour un instrument original...