Voici une rapide introduction à la technique de layering utilisée pour produire les sons qui alimentent le REPLIKANT2.
Replikant2 permet de charger vos propres sons en sélectionnant le preset "USER" puis en effectuant un glisser-déposer du fichier audio.
Nous allons aborder ensemble comment produire vos propres sons à injecter dans le Replikant2, vous allez voir que ça n'est pas sorcier.
Il y a quelques prérequis : d'abord il vous faut un séquenceur audio capable d'utiliser des plugins tiers.
Ensuite, pour les besoins de ce tutoriel, vous devrez vous munir d'un plugin absolument nécessaire : le MSED de Voxengo. Disponible à cette adresse : https://www.voxengo.com/product/msed/
Rassurez-vous, les plugins que je vous propose d'utiliser ici sont gratuits (mais ouverts à une donation à l'auteur), disponibles pour Mac et Windows.
Comme le Replikant2 est un lecteur d'échantillons, il faut de la matière à échantillonner. Nous allons donc utiliser 4 synthétiseurs :
- Tyrell N6 de chez U-HE, disponible ici : https://u-he.com/products/tyrelln6/
- Helm de Matt Tytel, à récupérer là: https://tytel.org/helm/
- Noisemaker de TAL Software, par ici : https://tal-software.com/products/tal-noisemaker
- Nil's K1V de Nils Schneider à télécharger là : https://www.nilsschneider.de/wp/nils-k1v/
Nous avons maintenant 4 sources sous le coude. Il faut donc 4 pistes sur le séquenceur.
Pour que les choses soient un peu plus simples à prendre en main, nous allons tout de suite mettre une première limite : chaque instrument jouera la même note. Cela éviter des soucis d'accordage et de dissonnance par la suite. Notre note de référence pour le Replikant2 est le C3. Le choix n'a pas été fait au hasard, c'est ce qui donnait le meilleur rendu à la fois dans les basses et dans les aigus.
Une petite précision technique : Replikant2 fonctionne comme un Mellotron (le sampler à bandes des années 60/70) il utilise un son et le joue plus lentement ou plus vite pour obtenir un note plus basse ou plus haute, c'est un choix délibéré qui a des conséquences. D'abord sur la texture du son mais surtout sur la durée possible d'une note puisque la fonction "sample loop" de Kontakt n'est pas active, les notes ne peuvent donc pas avoir une durée illimitée. C'est encore une fois un choix, le rôle du Replikant n'étant pas de produire des boucles parfaites. Pour faire court, vous devrez enregistrer votre C3 assez longtemps pour qu'il soit transposable en C6 (par exemple) et puisse avoir une durée suffisante. Nous allons donc partir sur des échantillons d'une durée supérieure ou égale à 1 minute. Il n'y a pas de limite, vous pouvez créer une ambiance de 10 minutes si vous en avez envie.
Dernier point : Replikant2 utilise la fonction DFD de Kontakt. Cela signifie que Kontakt ne charge pas l'échantillon dans la RAM de votre ordinateur mais fait du "streaming", de la lecture directement depuis le disque (Direct From Disk). Un compromis intéressant qui permet de jouer des échantillons longs sans surcharger la RAM. Au prix d'un SSD aujourd'hui c'est toujours intéressant.
Revenons à la conception du son.
Nous disposons de 4 sources qui vont toutes jouer la même note. En théorie ça devrait faire un bon gros pâté sonore. Surtout que vous n'avez choisin aucun preset. Nous allons commencer par faire un tri, en supposant que vous avez déjà un peu de pratique des 4 synthétiseurs. Cela est nécessaire pour faire un choix à peu près éclairé.
Quel est l'objectif de ce tri ? Savoir quel instrument sera au premier plan et quel autre sera en arrière plant. C'est à cela que va servir MSED.
MSED dispose de quelques réglages mais les plus essentiels sont le MID GAIN et le SIDE GAIN. Quand Mid Gain est à 0, vous avez un son 100% sur les côtés. L'indication de phase devrait vous alerter. Inversement, un son 100% Mid est MONO. Plus un son est MONO et plus il est au premier plan (dans notre construction sonore). Vous n'avez pas l'obligation d'avoir des réglages extrêmes, vos sons principaux peuvent tout à fait comporter une portion de SIDE et inversement, ça sera à l'oreille.
Vérifiez bien que le mode sélectionné dans MSED est "INLINE".
Alors voici une petite liste de points à suivre :
1- Choisir le ou les sons qui auront la première place, leur attribuer un rôle imaginaire
2- Paramétrer les sons de l'arrière plan par rapport à ceux du premier plan, ce sont les figurants, ils sont là pour mettre en valeur les acteurs principaux et remplir un peu la scène en utilisant MSED.
3- Utiliser des égaliseurs pour chaque instrument. Deux objectif d'égalisation : couper tout ce qui est en trop et faire rentrer dans le mix ce qui est conservé. Ne pas hasiter à utiliser deux égaliseurs par instrument, l'un pour couper dans le gras et l'autre pour affiner le réglage. Un layering c'est une mayonnaise, s'il y a trop de tout ça ne prend pas.
4- Faire une écoute à deux niveaux régulièrement : on édite chaque instrument en utilisant le SOLO mais on s'assure de la validité des choix en écoutant l'ensemble. C'est un mixage un peu particulier mais le principe est le même.
La chaîne que je vous conseille pour chaque piste est la suivante :
synthé -> égaliseur "grossier" -> égaliseur "fin" -> Voxengo MSED
Le rôle de MSED est de placer le son dans un espace Mid/Side. Pour simplifier, il va permettre de mettre une piste au centre de l'attention et une autre un peu en retrait, sur les côtés. Avec l'utilisation du réglage WIDENESS de Replikant2 on peut passer d'un son MONO (réglage complètement à gauche) à une largeur STEREO complètement farfelue (réglage complètement à droite). Le traitement Mid/Side réalisé avec les instances de MSED va alors se révéler des plus utiles.
Gardez toujours un oeil attentif au niveau de chaque piste et aux indications du Master, gconservez de la lattitude pour que le son puisse être utilisable dans Replikant2. Pour faire court, éviter de sortir un mixdown au dessus de -2dB. L'utilisation d'effets, le jeu en accords, le paramètre de SATURATION de Replikant2 vont ajouter du gain à l'ensemble.
Je suppose que vous commencez à comprendre le principe. Si ça n'est pas encore tout à fait évident pour vous, je vous suggère de lancer une instance de Replikant2 dans Kontakt (full), de mettre la réverbération à 0, de couper le delay et neutraliser les filtres puis de jouer la même note en essayant différents réglages de WIDENESS. Vous allez sentir la différence.
Quelques petits indices pour vous aider :
1- Choisissez bien vos sons de départ, évitez les attaques trop longues pour vos premiers essais, mais poussez le "decay" pour tenir les notes le plus longtemps possible.
2- Commencez par ajouter des sons relativement simples pour prendre vos repères. Rien n'interdit d'utiliser des sons avec des modulations multiples mais ça n'est pas évident pour débuter.
3- Les effets ont un intérêt dans le layering. Replikant2 n'est pas le plus adapté pour jouer un solo à la Joe Zawinul, c'est un synthé à textures et ces textures se révèlent souvent avec des effets. A vous de savoir quand il y en a trop, vous vous en rendrez compte en baissant leurs paramètres progressivement.
4- Imaginez ce que vous allez vouloir faire du son définitif mais ne vous fermez pas trop de portes.
5- N'ayez pas peur d'utiliser des réglages de panoramique : deux sons en arrière plan chacun à 70%, l'un droite et l'autre gauche, les deux autres au premier plan, 10% droite/gauche c'est une piste de départ plutôt efficace.
6- Sauvegardez votre progression et gardez le fichier de session pour plus tard, vous voudrez probablement revenir dessus plusieurs jours après.
Essayez de vous mettre dans la peau d'un luthier en train de fabriquer un nouvel instrument. Vous avez les mêmes questions à régler : il y a de la technique, de l'inspiration et du savoir-faire. Ce n'est pas immédiat mais ça vient progressivement.
N'histez pas à poser des questions en commentaire. Je peux apporter des précisions si nécessaire.