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Sujet C'est quoi l'intermodulation ?

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Sujet de la discussion C'est quoi l'intermodulation ?
Voilà,

ça m'a l'air assez complexe, et j'aimerai que quelqu'un m'aide à vulgariser cette notion.

pour commencer j'aimerai mieux comprendre cette phrase :

"Au delà de 15 kHz, les sons sont inaudibles, quoi que des conjonctions de sons inaudibles puissent engendrer, par intermodulation, des perceptions sonore"
(source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Timbre_%28musique%29)

merci !
2
Hum ... je me demande si cet article ne confond pas intermodulation et battement ...
3
Salut,

Nan il s'agit bien de l'intermodulation et pas du battement (qui donne la largeur de bande critique).
L'article n'est pas super... C'est vrai que ça demanderait des explications. J'essaie de le faire simplement.


Quand un système est parfaitement linéaire il n'ajoute pas de distorsion harmonique à un signal.
De plus, si l'on injecte (la somme de) deux sinusoïdes de fréquences différentes f1 et f2, la sortie du système linéaire ne comportera des composantes que sur ces deux fréquences.


Si le système n'est pas parfaitement linéaire (un ampli qui s'approche de la saturation) il ajoute des distorsions. Par exemple, un ampli qui sature déforme le haut et le bas de la sinusoïde qui ressort écrasée (au lieu d'être une sinusoïde parfaite les crêtes sont moins "pointues" et s'arrondissent ; dans le cas extrême il ressort même quasiment un signal carré).

Exemple ici où le signal en bleu sature dans les alternances négatives

1924003.png

Là c'est déjà presque un écrêtage ; la saturation peut arriver de manière plus douce.


Maintenant, imagine que l'on a ampli avec une tension de saturation S (si on dépasse S ou -S, l'ampli sature. Tant que l'on est entre -S et S l'ampli est linéaire) :
- On injecte une sinusoïde d'amplitude A < S : Tout va bien, il n'y a pas de saturation.
- Si l'on augmente A on peut voir la tension dépasser S périodiquement : C'est le cas précédent avec la saturation sur les crêtes de la sinusoïde.
- Si l'on A < S mais que l'on ajoute une tension constante U (sur le graphique ça revient à translater verticalement la sinusoïde de la valeur U) : On peut avoir une saturation dès que A + U > S ou U-A < -S.

Autrement dit, même si la sinusoïde est de faible amplitude, la tension d'offset que l'on ajoute va faire taper les crêtes dans la zone de saturation.
En faisant varier la valeur U tu peux faire saturer ou non la sortie :
- En mettant U = 0 la sinusoïde est sagement entre -S et S ;
- Si l'on augmente U = S, la moitié de la sinusoïde va se retrouver au-dessus de S.

Tu vois alors que la saturation de la sinusoïde dépend de la tension U et qu'il y a un lien entre les deux.

Maintenant au lieu de jouer avec des valeurs constantes de U, on va ajouter une autre sinusoïde (U est une tension sinusoïdale). On a :
- La sinusoïde de départ d'amplitude A1 et de fréquence f1 ;
- La sinusoïde ajoutée d'amplitude A2 et de fréquence f2.

On va prendre un cas assez simple à s'imaginer pour faire le lien avec le cas précédent de l'offset constant. A1 est petit devant A2 et f1 est grand devant f2.
Ce que tu vas voir sur le graphique c'est une sinusoïde de fréquence f1 et d'amplitude A1 dont la valeur moyenne se déplacer en hauteur entre A2 et -A2 à une fréquence f2.

Comme ça :

sinusoide2.gif

La ligne horizontale rouge est la tension de saturation S : Tant que le signal est dessous il n'y a pas de distorsion, dès que l'on dépasse il y a saturation et distorsion.

La distorsion ajoute des harmoniques au signal ; comme tu peux l'imaginer, j'espère, tu vois que les harmoniques vont être fonction des fréquences f1 et f2 (en jouant sur f1 et f2 tu n'arriveras pas à la saturation avec la même périodicité).

C'est ce que l'on appelle l'intermodulation (ouf !).

Ce que l'on peut montrer ensuite (je t'épargne les calculs) c'est que les distorsions dues à la saturation vont faire apparaître des composantes du signal à des fréquences clefs qui dépendent de f1 et f2, notamment aux fréquences :
- f1+f2 ;
- f1-f2 ; <- c'est celle-ci qui va nous intéresser.
- 2*f1 - f2 ;
- etc.


Pour revenir à l'oreille : Elle n'est pas un système linéaire... Et elle crée donc des distorsions.

Si tu lui envoies deux signaux de fréquences f1 et f2 supérieures à la limite de la bande audible, tu peux très bien te retrouver avec une composante de la distorsion que l'intermodulation va faire tomber à f1-f2 dans la bande audible (par exemple f1 = 20000Hz et f2 = 20100Hz : f1-f2 = 100Hz).

[ Dernière édition du message le 03/12/2014 à 00:06:23 ]

4
Bonjour,
Citation :
Si tu lui envoies deux signaux de fréquences f1 et f2 supérieures à la limite de la bande audible, tu peux très bien te retrouver avec une composante de la distorsion que l'intermodulation va faire tomber à f1-f2 dans la bande audible (par exemple f1 = 20000Hz et f2 = 20100Hz : f1-f2 = 100Hz).
Sûr ?
Je crois me souvenir qu'il faut que les signaux soient dans la bande pour récupérer quelque chose, donc peu de gens seraient concernés.
Et j'ai déjà fait des essais avec des signaux à plus basse fréquence (que j'entends), et les seuls cas où j'ai entendu quelque chose d'autre étaient quand le système de reproduction commençait à saturer (et je ne parle pas de l'erreur classique de prendre des signaux qui créent du repliement).

Passer pour un idiot aux yeux d'un imbécile est une volupté de fin gourmet. (G. Courteline)

[ Dernière édition du message le 03/12/2014 à 07:44:58 ]

5
Merci pour les explications, mais dans le contexte de l'article mentionné, je ne vois pas où il est fait mention d'amplification ou de système non linéaire en général. Et donc à quel titre l'intermodulation est concernée.
6
Pour répondre à Danguit : Non je n'en suis pas sûr. Vu la tournure ampoulée de la phrase il est bien possible que ça ne concerne effectivement que peu de personnes.

Pour répondre à numa : L'article de Wikipédia n'est pas explicite :| ... Si je faisais un parallèle avec l'amplification c'est pour donner un exemple relativement simple des effets de la non-linéarité d'un système et expliquer grosso-modo l'intermodulation à Douks et pourquoi elle peut produire des fréquences plus basses que les fréquences d'excitation.


Ce dont je suis sûr c'est que battement et intermodulation sont des phénomènes liés aux non-linéairités de l'oreille (de la membrane basilaire pour être précis).
La "bande" de la membrane basilaire n'est pas la même que pour ce qui suit ; certaines de ses vibrations peuvent ne pas être traduites par un son perçu. Cumulé avec ses non-linéarités ceci pourrait, pourquoi pas, donner des perceptions.


Une théorie est fumeuse si aucune expérimentation ne la valide. Justement, l'article de Wikipédia donne une référence à la fin de la phrase citées par Douks :
Laurent Demany, « Perception de la hauteur tonale », dans Botte & alii, Psychoacoustique et perception auditive, Paris, Tec & Doc,‎ 1999.

Il me semble l'avoir lu mais ça date. Je vais essayer de me la procurer pour voir de quoi il s'agit exactement.


Edit : En tapant "membrane basilaire intermodulation" sur google je tombe sur pas mal de liens qui évoquent ce phénomène.
Je continue à chercher un exemplaire en ligne de la source donnée par l'article de Wikipédia....

[ Dernière édition du message le 03/12/2014 à 18:23:58 ]

7
Pour avoir une idée de l'intermodulation, j'avais mis en ligne un petit fichier : http://dl.free.fr/jKeLSENzB
Si l'on reconnait une petite musique, c'est qu'il y a de l'intermod dans le système.
Et même à très fort niveau (au casque) je n'ai jamais rien entendu avec un système linéaire.
Comme c'est une idée répandue, pour essayer de mettre en évidence une non-linéarité de l'oreille dans des conditions normales, j'ai déjà fait des essais avec différentes fréquences et résultantes sans jamais constater d'intermod, d'où mon interrogation.

Passer pour un idiot aux yeux d'un imbécile est une volupté de fin gourmet. (G. Courteline)

[ Dernière édition du message le 04/12/2014 à 08:32:42 ]

8
Je pense que ton interrogation est totalement légitime. Même s'il est possible de mettre ceci en évidence, la vraie question est de savoir si c'est un phénomène important pour la reproduction d'un son.
Franchement, moi je n'entends pas de différence notable lorsque la fréquence d'échantillonnage d'un son passe de 96kHz à 48kHz...
C'est peut-être pour cela que je trouve aussi peu d'études sur ce sujet.


La non-linéarité de la membrane basilaire est un fait connu ; c'est elle qui est également responsable du phénomène de battement et de la bande critique en-dessous de laquelle il ne nous est pas possible de distinguer deux fréquences (pourtant différentes).

Pour les distorsions harmoniques et les intermodulations c'est compliqué à mettre en œuvre :
- Un tel phénomène doit avoir une grande variabilité d'un individu à un autre ;
- Il faut que la source soit "parfaitement linéaire" pour éviter que l'intermodulation perçue ne puisse être imputée au système de diffusion lui-même ;
- Il faut que la membrane arrive à "saturation" i.e. que les niveaux SPL soient assez forts (euh... Sans pour autant se faire mal à l'oreille).

Une alternative pourrait être d'utiliser deux hauts-parleurs (plutôt qu'un casque) diffusant chacun un signal (il pourrait y avoir distorsion pour chaque, mais plus d'intermodulation...).

Ce qui est possible également, c'est que la perception ne soit pas directe mais que l'on puisse mettre en avant une interférence due à la non-linéarité de l'oreille en 2*F1-F2 (un troisième signal sur cette fréquence pourrait rentrer en interférence).
C'est notamment le cas pour la distorsion de phase ; c'est ce genre de manip qui la met le plus souvent en évidence.


Chez moi j'ai en version papier la 2ème édition de "Master Handbook of Acoustics" par F. Alton Everest et "Signals, Sound, and Sensation" par Hartmann qui évoquent ce phénomène (à partir de 50dB SPL pour Hartman). Everest signale que c'est plus au moins audibles pour certaines fréquences et que l'écart doit être d'au moins 1kHz.
Par contre... Aucun des deux n'en dit beaucoup sur le protocole de test.

Je n'ai pas le matériel pour un test ; je continue à fouiller pour trouver des sources plus récentes et plus précises faute de pouvoir faire mieux.

[ Dernière édition du message le 04/12/2014 à 21:27:34 ]

9
Je ne m'étais jamais intéressé à la question et je n'ai pas le temps en ce moment, mais s'il faut considérer l'oreille comme un banc de filtres et non comme un détecteur large bande, par analogie avec l'électronique on peut effectivement avoir :
- 2 fréquences dans une bande et l'IM3 (et 5, 7... à un niveau moindre) qui tombe dans la bande et peut modifier le battement,
- 2 fréquences quelconques et une troisième tombant dans la même bande que les IM des 2 premières, créant un battement.
A l'occasion j'essayerai de faire la manip.

Quant à l'IM crée par le système de reproduction, il suffit de brancher un scope (vrai ou logiciel carte son) en sortie ou via un micro, et avec un signal 2 tons on voit immédiatement s'il y a un problème.

Edit : je viens de faire quelques essais (au casque) avec des signaux à 2 et 3 tons pour les cas cités plus haut et je n'entends rien de convaincant, donc à creuser.

Passer pour un idiot aux yeux d'un imbécile est une volupté de fin gourmet. (G. Courteline)

[ Dernière édition du message le 05/12/2014 à 08:01:38 ]