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La solution simple pour optimiser le volume de lecture en ligne (et ailleurs).

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Sujet de la discussion La solution simple pour optimiser le volume de lecture en ligne (et ailleurs).
Je vois cette question très souvent, avec des réponses parfois farfelues :
« Quel est le niveau idéal pour obtenir le meilleur résultat sur les plateformes de streaming ? »

De plus en plus de personnes ont réalisé que la normalisation du volume sonore est une réalité. Ils savent que les titres avec un (trop) gros niveau sonore verront leur niveau baissé pour empêcher les utilisateurs d'être perturbés par des changements soudains de volume lorsqu’ils écoutent de la musique en ligne. Ils ont probablement entendu des chiffres : -14 LUFS pour YouTube, -16 pour iTunes et Pandora, -14 pour Spotify et TIDAL ... lequel devriez-vous choisir ? Y a-t-il un nombre parfait ou devez-vous soumettre différents masters pour chaque plateforme ?

Dans cet article, je tente de répondre à cette question, simplement et clairement.
Mais avant cela, il est important de réaliser que poser cette question passe à côté de trois points essentiels.

Le premier est:

1 - Il n'y a pas de valeurs de sonie idéale - juste des directives que vous pouvez suivre
Bien que toutes les plateformes de streaming mesurent le volume et réduisent parfois le volume des titres, elles le font toutes de manière différente. Elles n’utilisent pas toutes les unités de sonie LUFS et elles ont toutes choisi des niveaux de référence légèrement différents.
Vous ne pouvez donc pas choisir une sonie idéale qui convient à toutes les plates-formes, car il n’y en a pas.
Mais la bonne nouvelle est que vous n’avez pas besoin de faire ce choix.
Tout l'intérêt de la normalisation du volume est que chaque service de diffusion en continu mesurera le volume et ajustera le volume de lecture en fonction de ses propres règles.

Vous pouvez donc faire sonner votre musique aussi fort que vous le souhaitez, si vous le souhaitez : elle sera simplement baissée au niveau du volume.

Ce qui signifie que cibler un son intégré spécifique est un faux problème. Beaucoup de gens se demandent s'ils devraient viser un volume intégré de -14 LUFS, par exemple, parce que c'est le volume utilisé par TIDAL, et que Spotify a récemment choisi une norme quasi similaire (bien qu'ils n'utilisent pas LUFS pour effectuer leurs mesures, ce n'est donc qu'une valeur approximative). Le -14 LUFS a été récemment adopté par YouTube, et n'est que 2 dB plus fort que Apple Sound Check… donc dans l'ensemble, cela semble être une très bonne valeur à garder à l'esprit.

Mais cela nous amène au deuxième point clé que j'ai mentionné :

2. Le volume sonore intégré n’est pas le meilleur moyen de faire des choix de volume sonore
Le volume sonore intégré est une valeur globale pour une chanson, un album ou toute section audio. Juste un nombre. Il prend en compte les moments les plus forts et les plus calmes, mais vous ne pouvez pas savoir ce qu'ils étaient, simplement en regardant le nombre.

Imaginons deux chansons, équilibrées à l'oreille. L'une d'elles pourrait être du rock, avec presque le même volume à court terme tout au long, oscillant autour de -14 LUFS. Si tel est le cas, c’est ce que lira la lecture de volume intégré dans tout le morceau.
Mais maintenant, imaginons une chanson plus variée sur le plan dynamique, avec des passages qui jouent très fort, mais avec une introduction faible en volume et des couplets plus doux. Ces sections plus calmes réduiront la lecture globale intégrée de la sonie - jusqu'à -16 LUFS, peut-être.

Jusqu'ici tout va bien : vous ne pouvez pas dire en regardant le volume intégré si vous avez deux titres qui jouent « à fond les ballons tout au long », ou un qui joue parfois fort et parfois doux, avec une dynamique plus variée. So what ?
Vous les avez assortis à l'oreille, et lorsque vous les écoutez l'un après l'autre, ils sonnent très bien. Les sections de plus grande amplitude des deux titres sont à des niveaux similaires, et les parties plus calmes fonctionnent pour la chanson qui varie la dynamique de manière plus importante. Qui se soucie si les mesures sont légèrement différentes ?

Les problèmes débutent lorsque vous inversez ce processus : plutôt que de mesurer les titres à l’oreille, vous voulez choisir leur niveau sonore via un instrument de mesure. Grossière erreur !

Si vous utilisez vos oreilles, tout ira bien, mais ce n’est pas ce que les gens demandent, hélas : ils veulent une réponse chiffrée. Si vous suivez simplement les chiffres et faites correspondre les choses à une valeur de sonie intégrée, en faisant mesurer les deux chansons à -14 LUFS par exemple, la chanson la plus variée sonnera 2 LU trop fort par rapport à ce que vous auriez choisi à l'oreille. La valeur LUFS intégrée ne vous dit rien sur la variété dynamique du morceau. En d'autres termes, notre opinion sur ce que le son intégré ressent comme changement de dynamique, selon la chanson, le style de musique et l’arrangement etc. ne sont pas pris en compte.

Ne vous inquiétez pas, il existe une solution à cela, mais avant d’y arriver, je veux juste souligner le troisième point, le plus simple et probablement le plus important dans tout ceci :

3 - Le niveau sonore doit être une décision artistique
Vous l’aviez probablement déjà deviné : le volume ne devrait pas être une question de nombres ou de chiffres : dans un monde idéal, vous choisissez simplement ce qui sonne le mieux.

Et la bonne nouvelle est que nous allons dans cette direction ! Étant donné que les niveaux de volume sont ajustés lors de la lecture, vous êtes libre de faire ce choix en fonction de ce qui convient à la musique, et vous n'avez pas à vous soucier du fait que quelqu'un d'autre «triche» et essaie d'améliorer le son en le rendant plus fort, car cela ne fonctionnera pas puisque la plateforme appliquera une normalisation. (Jusqu'à un certain point - voir la toute fin de cet article…)

PARLONS CHIFFRES !
OK, j'ai dit que je répondrais simplement et clairement à la question « à quel volume » - et je le ferai.
Mais à partir de ce qui est écrit ci-dessus, vous aurez maintenant compris que je ne recommanderai aucun des nombres LUFS suggérés ci-dessus, ni aucun volume intégré.
Au lieu de cela, ma recommandation utilise des valeurs de sonie à court terme, et c'est ceci :

Pas plus fort que -9 LUFS à court terme aux moments les plus forts, avec une mesure « True Peaks » ne dépassant pas -1 dB.

C’est tout. Pas trop déçus ?
Si vous suivez cette suggestion, votre titre sonnera au bon volume, dans presque tous les genres. Vos masters seront suffisamment forts pour sembler « compétitifs», tout en conservant beaucoup de punch et de contraste dynamique. Ils tiendront la comparaison avec tout le reste, sur toutes les plateformes de streaming, et ils ne seront pas normalisés à la baisse. En fait, ils pourraient être un peu baissé, mais ce n’est pas la fin du monde car les autres titres dans ce cas le seront aussi. Les plateformes appliquent les mêmes règles pour tous.

OK, expliquons maintenant comment fonctionnent les chiffres !
La théorie est simple : faites en sorte que tous les moments les plus forts soient similaires en volume, et pas trop forts, puis équilibrez tout le reste avec eux musicalement. Faites travailler vos oreilles, pas votre vue.

Cela fonctionne ! Cela évite le problème de l’utilisation du volume intégré comme cible, où vous obtiendrez des valeurs plus faibles pour la musique avec une dynamique plus variée, même si les moments les plus forts sont tout aussi forts. Mais cela vous donne toujours une référence utile : une cible, sans devoir viser absolument le centre. Il peut y avoir des moments parfois plus forts, s'ils fonctionnent musicalement, et bien sûr, vous pouvez être plus doux si vous le souhaitez : prenez toujours des décisions basées sur des considérations musicales, pas sur des chiffres. C'est la ligne directrice la plus simple et la meilleure que l’on puisse conseiller.

Et en fait, lorsque l’on respecte cette règle, dans la plupart des styles musicaux populaires, le volume intégré se situe souvent dans la plage de -11 à -14 LUFS où de toute façon tout ira bien pour toutes les plates-formes de streaming.
Optimisez, ne maximisez pas, saisissez l'opportunité de la dynamique.
Maximiser le volume ne fonctionne plus (Loudness war is over), et viser une sonie intégrée spécifique ne fonctionne pas de manière optimale, fiable ou musicale.

Mais décider du niveau de volume pour maîtriser les sections de musique les plus bruyantes, les garder cohérentes et équilibrer tout le reste pour se sentir bien musicalement fonctionne, et cela vous aide à optimiser le volume de votre musique, en tirant le meilleur parti de la marge maximale que les services de streaming en ligne mettent à disposition.

C'est une opportunité fantastique - un vrai « win-win » (comme dirait Macron). Vous pouvez prendre les meilleures décisions pour votre musique en fonction de la musique elle-même, et être certain qu'elle sonnera bien en ligne et partout ailleurs, car ces consignes ne fonctionnent pas uniquement en ligne, elles illustrent la façon d’optimiser le volume et la dynamique depuis des années, même sur CD. Et devinez quoi ? Les auditeurs ajustent également les niveaux d’écoute ! Cela dépendra aussi de leur humeur, du moment de la journée, de leur envie…

Prenez vos décisions en matière de volume en fonction de la façon dont la musique sonne, plutôt que de nombres arbitraires - mais gardez un œil sur les directives, quand même.

Le diable se cache dans les détails.
La méthode décrite ci-dessus fonctionne bien, mais il y a quelques détails supplémentaires à connaître.

Premièrement, tous les services de diffusion en streaming normalisent à la baisse, mais tous n'augmentent pas le volume de la musique. Par exemple YouTube et TIDAL. Et ceux qui normalisent à la hausse essaieront d'éviter de provoquer un écrêtage de crête en conséquence, soit en limitant la plage dans laquelle les niveaux peuvent être augmentés (iTunes) ou en utilisant un limiteur de crête (Spotify).

Qu'est-ce que cela signifie ? Si vous masterisez votre musique avec une faible augmentation de volume, elle pourra ne pas sembler aussi forte que d’autres chansons similaires. Cela ne vous dérangera peut-être pas, mais si c'est le cas, cela vaut la peine de rester vigilant et d’agir en conséquence. C’est l’une des raisons pour lesquelles il faut surveiller le niveau de dynamique.

Et deuxièmement, cela peut sembler évident, mais le volume n’est pas tout ! Et de loin.

Pour avoir un bon son, vous avez toujours besoin d’une bonne chanson, d’une excellente performance, d’un excellent arrangement, d’un bon mix, d’une égalisation et d’une dynamique équilibrées… C’est la base du mixage : proposer un titre qui sonne bien. Le reste est secondaire. Avant tout, faites un bon mix, plaisant à l’oreille, que les auditeurs auront plaisir à entendre.

Vous êtes intéressé par les suggestions mais n'êtes toujours pas certain? Eh bien, vous n’avez pas à me croire sur parole. Vous pouvez vous rendre sur le site https://www.loudnesspenalty.com/

Vous saurez (gratuitement) exactement comment le volume de votre chanson sera affecté lors de sa lecture en ligne. Sur Spotify, YouTube, TIDAL et Pandora. Et cela vous donnera également une estimation décente pour Apple Sound Check. Mieux encore, il vous permet de prévisualiser le résultat, en direct dans votre navigateur, vous pouvez choisir (en bas à droite, voir photo).

techniques-du-son-3483123.jpg
techniques-du-son-3483126.jpg


Vous pouvez donc tester les idées de cet article par vous-même ! Créez un master en suivant les directives ci-dessus et écoutez la façon dont il sonnera par rapport aux versions qui sonnent plus ou moins fort sur votre service de streaming préféré, et choisissez celui que vous préférez. Personnellement, je trouve qu'une normalisation de -2 sur YouTube est acceptable pour les titres les plus bruyants. Au-delà, c’est inutile, d’après mon expérience. Sauf pour certains styles de musique, mais même là, je ne suis pas nécessairement convaincu

[ Dernière édition du message le 12/08/2024 à 14:08:34 ]

2
Super intéressant rroland ! ça va même me conduire à changer ma manière de procéder.
3
Excellent article comme on en voit rarement sur le sujet : en matière de normalisation et mesures LUFS les contre-informations et recommandations infondées sont fréquentes. C'est effectivement le bon sens qui doit l'emporter et c'est ce que tu utilises à juste titre dans tes recommandations.

Je me permet d'apporter quelques compléments d'information, par souci d'exactitude (mais sachant que ça peut changer à tout moment).

Citation :
Spotify a récemment choisi une norme quasi similaire (bien qu'ils n'utilisent pas LUFS pour effectuer leurs mesures, ce n'est donc qu'une valeur approximative)


En fait Spotify a abandonné la mesure ReplayGain et est passé à LUFS comme la majorité, il y a 6 mois.

Citation :
tous les services de diffusion en streaming normalisent à la baisse


Une majorité en effet, mais certains résistent encore... Je pense à SoundCloud et BandCamp par exemple. Cela dit il est probable qu'ils y viennent dans un futur proche.

Citation :
Et ceux qui normalisent à la hausse essaieront d'éviter de provoquer un écrêtage de crête en conséquence, soit en limitant la plage dans laquelle les niveaux peuvent être augmentés (iTunes) ou en utilisant un limiteur de crête (Spotify).


Encore un domaine dans lequel Spotify a fait des changements récents. Actuellement, Spotify limite l'audio de façon intrusive lorsque l'utilisateur sélectionne le réglage "loud" de la normalisation (cible -11 LUFS), ce qui est tout de même rare. Le limiteur plafonne à -1dBTP avec une attaque de 5ms et un release de 100ms. Sur les autres réglages (normal/-14LUFS et quiet/-23LUFS) le limiteur ne sert qu'à conserver une marge mais ne touche pas à l'audio : le volume n'est remonté que dans la limite de la marge disponible.

Spotify applique également la normalisation par album entier si vous écoutez un album dans l'ordre (fonction désactivée en mode shuffle), de façon à respecter les différences de volumes voulues par le producteur/artiste entre les chansons.

Un comité technique de l'AES planche depuis plusieurs mois sur une révision majeure de la TD1004 qui devrait représenter un pas en avant vers l'unification des algorithmes. A priori la valeur recommandée sera -16LUFSi pour tous. Plusieurs acteurs majeurs ont participé aux discussions avec ce comité (dont Apple Music, Spotify, SoundCloud entre autres) et contrairement aux précédentes recommendations similaires (TD1004 originale ou EBU R 128 S2), on peut penser que celle-ci sera mieux comprise et appliquée. Un site web sera également publié pour éduquer le monde de l'industrie de la musique sur la normalisation, la dynamique et la sonie, ce qui devrait aussi permettre de mettre un peu d'ordre dans toutes les infos et contre-infos qui circulent à ce sujet.

Même si la majorité des professionnels de l'industrie continuent à produire des masters très forts (bien au-delà de -10LUFSi), un nombre croissant d'ingés mastering profitent de la généralisation de la normalisation pour revenir à une plage dynamique plus appropriée pour la musique.
4
Bel article sur le sujet rroland.
5
flag.
Je lirai plus tard.

Si tu as un avis, une religion, un parti politique, l'heure, la question à la réponse 42, une conception du monde, je m'en bats les reins.

6
Merci pour l'article et merci JM Boulier pour les précisions.
7
Super article, cela répond à la majorité des questions que je me posait sue ce sujet ! :clin:

Il faut faire ce qu'on a envie quand on en a envie

8
Flag et merci !
9
Tous ces chiffres ne donnent finalement qu’une idée du résultat subjectif car à niveau de sonie identique pour des productions de styles comparables, de bon musiciens (compo, arrangement et exécution), une bonne prise de son et un bon mix donneront un impact et une densité qui produira une impression plus forte qu’une prod moins bien ficelée.

Alan Parson a dit : "Audiophiles don't use their equipment to listen to your music. Audiophiles use your music to listen to their equipment."

10
Entièrement d'accord avec toi, Jean. J'essaie d'expliquer à mes élèves que les normes-cibles sont à prendre avec du recul, que ce n'est absolument pas une référence absolue, ni un but en soi.