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Voivod K
« Le son de toute une génération... »
Publié le 28/12/22 à 12:50
Rapport qualité/prix :
Excellent
Cible :
Les utilisateurs avertis
Ayant un home-studio qui me permet d'enregistrer et de réamper de manière extrêmement satisfaisante et accessoirement étant fan de matériel (guitares et amplis plus précisément), j'ai sauté sur l'occasion quand un Dual Rectifier était en vente à une dizaine de kilomètres de chez moi pour 1200 euros avec le flight case. Pour information, cette tête (de 2009 si j'en crois le numéro de série) appartenait à un musicien pro et a bien tourné, tout en étant dans un état cosmétique excellent. Donc c'est dans un contexte studio et réamping que je vais parler en profondeur de la bête (qui a terme finira sur scène avec un de mes groupes). Je fais sonner le tout dans un Two-Notes Torpedo, et j'ai donc eu l'occasion de tester tout un tas d'IR de baffles. Autre précision, j'ai déjà plusieurs têtes que j'utilise énormément, une EVH5150III 50 Stealth, une Peavey 6505+ et une Cicognani Bruto MKII (très Marshall like).
Je l'utilise depuis 2 mois maintenant, de manière assez intensive. Alors que dire de plus que ce qui a déjà été dit ? On va s'attarder sur les réglages vu que c'est la pierre angulaire de cet ampli. Avec cet ampli, oubliez ce que vous croyez savoir sur tous les amplis à lampes. Avec un JCM800 ou un 5150, tu branches, tu mets tout à midi et ça envoie direct le steak avec un son exploitable. Avec une Dual Rectifier, t'as de la boue si tu la règles comme tu règlerais un des amplis pré-cités. On va déjà aller dans l'ordre des canaux...
Canal 1 :
Deux positions, clean donc, ou pushed qui comme son nom l'indique pousse le clean vers l'OD. Alors la Dual Rectifier n'est PAS un ampli pour du clean. En ayant un gain relativement faible, ça envoie déjà du bois avec une grosse attaque au médiator. Autre particularité, le gain joue beaucoup sur le volume, et même avec le master du canal clean à fond, si le gain est faible, ça ne sort pas des masses. Donc c'est assez délicat... Ne comptez donc pas faire un arpège ultra clean à la Fender avec cet ampli, c'est peine perdue. A la rigueur, c'est un canal crunch très convaincant. Pour faire ressortir vraiment le son (comparé aux autres canaux beaucoup plus nerveux), je pousse les boutons d'EQ à 3h00 et je fais de même avec la présence... C'est pas la panacée mais c'est un compromis pas trop vilain avec des micros passifs. Avec des actifs, on va baisser la présence et les aigus...
Canal 2 :
Trois positions, raw, vintage et modern... Raw, c'est assez maigrelet entre nous. Je n'utilise pas cette configuration car le grain est vraiment trop "sali" sans pour autant qu'il y ait beaucoup de dynamique, et une fois de plus, le volume est faible. Avec la position vintage, on attaque enfin les choses sérieuses. Du coffre, un bon overdrive chantant, du gain facilement paramétrable, et un EQ pas trop capricieux. Parfait pour un bon crunch avec des médiums présents et une dynamique qui restitue bien le jeu. On commence à entendre le caractère bien trempé de cet ampli. C'est d'ailleurs sur cette configuration que je joue ce canal... La position modern possède un peu les mêmes qualités que la précédente, à ceci près que le gain prend une claque et que les hauts médiums sont creusés, avec une grosse présence des bas médiums, ce qui est la marque de fabrique légendaire du Dual Rectifier, quelle que soit la série. En poussant le gain, on attaque vraiment le gros métal, et avec une OD en façade (j'utilise une Maxon OD808 et une EH East River Drive), ça arrache de manière assez viril. On commence d'ailleurs à galérer avec l'EQ et la présence, car en poussant le gain on s'aperçoit que la frontière entre un son des Dieux et la boue ou la scie circulaire est assez ténue. Un quart de tour sur la présence ou les médiums et vous avez vraiment des choses assez radicales qui apparaissent (et pas forcément inintéressantes)...
Canal 3 :
Comme le canal 2, les mêmes réglages, les mêmes qualités et défauts et surtout un gain plus important et des hauts médiums encore plus creusés. Aussi, il faut vraiment veiller à ne pas mettre trop de présence au risque de voir une tronçonneuse sur du métal vous sauter à la gorge, et il va falloir jouer avec les 3 boutons d'EQ et de gain pour avoir quelque chose dont vous rêvez... Et quand on y arrive, c'est vraiment la claque ! En position modern, c'est LE SON Dual Rectifier, avec une OD en amont qui vous permet de rajouter du gain sans trop en mettre sur l'ampli (au delà de 02h30 le gain commence à devenir ingérable et va ruiner le grain). En jouant sur ces paramètres et en choisissant le bon accordage et les bons micros, vous pouvez passer sans aucun problème du son Rammstein à celui de Metallica, en passant par les groupes de Rock Californiens, Cannibal Corpse ou Strapping Young Lad. C'est ultra agressif tout en ne fatigant pas l'oreille, et surtout, cet ampli a une dynamique ahurissante ce qui fait qu'on peut jouer sur le volume de la guitare et l'attaque du médiator pour passer d'un gros crunch à une saturation diabolique sur ce même canal sans rien toucher. Il faut être honnête une Dual Rectifier a beaucoup moins de gain qu'une 5150, une Soldano ou même une Rectifier Badlander, mais elle compense par une dynamique assez incroyable et ce grain inimitable.
J'ai essayé pas mal de différents baffles (je possède un 412 Engl Vintage 30 et un 412 Mesa Rectifier Std mais je n'ai pas encore testé la tête dessus) avec le Torpedo, et il n'y a pas à tortiller du cul 107 ans : cette tête sonne très bien avec des V30, que ce soit le Mesa 412 Std ou Oversized, du Orange ou du Engl. Le côté creusé des hauts-médiums est compensé par ce type de haut-parleurs. Avec du G12T-75 Marshall ou des Greenback, la combinaison est beaucoup moins convaincante et flatteuse, l'ampli sonne plus criard et "boxy". L e G12H EVH s'en tire avec les honneurs et donne une grosse pêche aux bas médiums avec un grain serré... Bref, dans un contexte studio et réamping, c'est vraiment un ampli "joueur".
Aussi, j'ai testé des combinaisons d'amplis, et le mariage EVH5150III 50 Stealth qui a des hauts-médiums ultra ciselés et Dual Rectifier avec ses bas médiums pêchus est un mariage très heureux, que ce soit en double ou en quad tracking. Pas mal de groupes de Métal moderne utilisent ce type de combinaison.
Venons en aux autres réglages.Le footswitch permet de sélectionner les 3 canaux, la fonction "Output" qui est la sortie général, la fonction "solo" qui envoie quelques décibels de plus une fois enclenchée (et c'est paramétrable), et la boucle d'effets. La boucle d'effet est tout un programme qui va en dérouter plus d'un. Déjà, c'est une boucle parallèle dont le mix "effets/préamp pur" est paramétrable mais ne permet pas d'avoir une pure boucle en série comme sur une 5150. A la rigueur on est sur du 90% effets et 10% préamp quand on pousse le mix au maximum. J'utilise de toute façon la boucle avec le 90/10 car sans cela les effets sont durs à gérer. Aussi, la boucle est assignable à un des trois canaux, ou déclenchable via le pédalier, c'est selon la position du bouton "loop" en face arrière.
Passons sur les autres fonctions "légendaires" de la Dual Rectifier. Les fonctions Spongy / Bold et Silicon Diodes / Rectifier. La fonction Bold donne à l'ampli sa pleine mesure avec une tension maximale dans le circuit, c'est à dire que du 230 volts est envoyé dans le transformateur d'entrée, comme n'importe quel autre ampli à lampes. La fonction Spongy quand à elle simule l'utilisation d'un Variac en entrée de transformateur (ce que faisait Eddie Van Halen pour donner son fameux "Brown Sound"), ce qui réduit la tension d'environ 75 volts. Il en résulte un niveau de sortie moindre, mais un grain différent, plus serré. De plus, ce mode permet de moins "taper" dans les lampes de puissance, mais il y a moins de headroom. Je préfère le mode Bold personnellement... Ceci dit, c'est une possibilité intéressante. La fonction Silicon Diodes indique que le redressement du courant alternatif d'entrée (les lampes fonctionnent en courant continu) se fait via des diodes, donc du "solid state". C'est là que l'ampli donne sa patate maximale et que le grain est le plus "violent" avec des aigus et une présence agressifs. Le redressement (rectification) via les lampes 5U4GB réduit sensiblement le volume, mais atténue aussi ces aigus très agressifs. Du coup, le redressement via les lampes peut être très intéressant pour des parties de lead ou bien même le clean. Bref, vous l'aurez compris, on peut faire beaucoup de choses avec une Dual Rectifier, tout sauf ce qui se fait de façon standard sur d'autres amplis, et c'est là tout l'intérêt d'avoir ce type de tête dans son arsenal...
Pour résumer les points positifs :
- le son caractéristique qui a défini tout un tas de styles des années 90 et au delà.
- une polyvalence ahurissante avec des possibilités quasi-infinies.
- une gueule pas possible, avec un format un peu plus compact qu'une 5150 par exemple.
- la boucle d'effet paramétrable dans tous les sens.
- l'ampli de rêve pour qui veut vraiment trouver son propre son.
- superbe combinaison avec d'autres amplis high-gain plus typés médiums/hauts-médiums (5150, Marshall, Orange...).
- un respect total de la guitare et des micros utilisés. La différence entre du passif, de l'EMG ou du Fishman Fluence est criante. Idem avec le gain des micros.
- les harmoniques artificielles sortent très facilement. Mais c'est le lot de tous les amplis avec ce type de gain...
- ampli très peu bruyant. Avec le gain au 2/3 et une Tube Screamer en façade, on a moins de bruit que sur une 5150 sans la TS... Le câblage est bien conçu et les transformateurs sont placés de façon à ce que l’interaction (cross-talk magnétique) entre eux soit minimale.
Ensuite, les points négatifs (qui sont les conséquences des points positifs) :
- une vraie usine à gaz qui peut rebuter ceux qui ne veulent pas se prendre la tête pour trouver un son.
- l'importance de noter très précisément ses réglages une fois ceux-ci obtenus. Ne comptez pas sur votre mémoire !!!
- la tête pèse son poids. Après c'est un 100W avec des transformateurs surdimensionnés, donc plutôt fiable...
- le niveau de sortie des différents modes sur les différents canaux est vraiment compliqué à gérer, et une petite modification d'ampli serait la bienvenue.
- pas de vrais cleans.
Évidemment, l'exclusivité de ce type d'ampli gomme les points négatifs, mais il faut en être conscient avant d'acquérir cette tête. Par exemple, une Laboga Mr. Hector vous rapprochera de ce son moderne sans pour autant avoir le côté usine à gaz. Si je devais refaire ce choix ? Bien entendu ! Avoir cet ampli était une de mes quêtes, et je n'ai pas fini d'explorer tous les "niveaux". Il trouve une place de choix entre mes autres amplis...
Petite précision : ma tête utilise des tubes de puissance 6L6GC, mais un switch permet de changer le bias (fixe sur cet ampli) pour y mettre des EL34. Pas mal d'utilisateurs sont passés aux EL34 (qui donnent souvent un son plus plein et rond que les 6L6GC plus agressives), donc peut être qu'un jour je ferai le test...
Pour ce qui est des tubes, il faut être honnête, Mesa n'est absolument pas réputé pour la qualité de ses tubes. Le tri n'est pas terrible et surtout la plupart des tubes ne sont pas dans les spécifications. Alors oui vous avez des paires et des quartets de puissance équilibrés (heureusement !), mais les specs des tubes sont très loin des standards requis. Idem pour les tubes de préamplifications (12AX7 / ECC83). Je possède un testeur de tubes Metrix 310 (un autre de mes hobbies) parfaitement calibré, et j'ai pu vérifier ce qu'avaient dans le ventre les tubes Mesa de ma Dual Rectifier (qui a été retubée voici quelques temps avant mon acquisition). Aucun tube en specs, et pas qu'un peu ! Des courants anodiques rachitiques sur toutes les 12AX7 (une moyenne de 0.5mA au lieu de 1.2mA !), et des 6L6GC pas en grande forme du tout (à peine 40mA en moyenne au lieu des 72mA nominaux pour ce type de tube, et un appairage plutôt médiocre avec des disparités de l'ordre de 20%). Alors on parle souvent des tubes comme une forme de pignole d'audiophile, mais ma "petite" expérience (qui se compte en décennies aujourd'hui) m'a permis tout de même de faire le tri entre le mythe et la réalité. Je possède du tube neuf (fabriqué par JJ, Sovtek ou Shuguang) mais aussi du NOS que j'ai patiemment caractérisé et trié. Et j'ai donc une liste assez complète de toutes les spécifications (courant anodique, transconductance, gain, résistance etc.), et je sais quel tube est bon ou pas...
Première étape, changement des tubes de puissance pour un quartet de Sovtek 6L6WXT+ parfaitement équilibré et en specs. Le son est plus vivant, le niveau de sortie est amélioré, le spectre sonore plus large et dynamique. Mais il restait encore pas mal de soucis au niveau de la qualité du grain...
Deuxième étape, les tubes de préamplification, et là c'est carrément le jour et la nuit. Le son était assez fin sur le canal clair et manquait de corps dans les basses. Pour les canaux 2 et 3, comme expliqué précédemment, le son devient boueux quand on pousse le gain au delà des 2/3 et on doit compenser en baissant les basses et un peu les médiums, ce qui dégrade le grain. J'ai donc viré les 5 12AX7-A estampillées Mesa (une Russe de chez Sovtek et 4 Chinoises), et collé en V1 une NOS RTC ECC83 fabriquée par La Radiotechnique avec des specs royales, une autre NOS RTC 12AX7S en V2 (visiblement une fabrication de chez Mullard) aux specs très correctes, une troisième NOS Valvo ECC83 Made In Germany en V3, une JJ ECC83s avec des specs nickel en V4 sur la boucle et pour finir, une quatrième NOS Miniwatt Dario 12AX7 Hollandaise ultra équilibrée et avec un gros courant anodique en V5 (Inverseuse de phase, à ne JAMAIS négliger). Branlette ? Pas branlette ? Le verdict est sans appel : un niveau de sortie qui a gagné au moins 6db, un son clair nettement plus plein, avec de belles basses rondes, un niveau de sortie de la boucle qui a sacrément augmenté également, et que dire des canaux 2 et 3 (dépendant des tubes V1, V2 et V3) : plus de gain, plus de volume, plus de basse exploitable, plus de médiums, moins d'aigus qui fuzzent, moins de boue, plus de corps. On peut pousser le gain presque à fond, les basses ne bavent plus comme elles le faisaient auparavant. Et bien entendu, le grain est parfaitement respecté, on retrouve tout ce qui fait d'une Dual Rectifier une Dual Rectifier. L'ampli a gagné une seconde jeunesse et au moins on peut vraiment jouer un peu plus sur la course des boutons en évitant la sortie de route...
Pour conclure, il est important d'avoir des tubes de bonne facture. Récents ou vieux, peu importe. La première règle, c'est déjà de mélanger les constructions (Une EH + une JJ + Tung-Sol + une Sovtek, ça fait la farce) ce qui permet de ne pas "cantonner" le grain d'un ampli sur un type de spectre en fréquences. La seconde règle, c'est d'être à peu près sûr d'avoir des tubes en forme, et là j'avoue que c'est compliqué quand on n'a pas le matériel, car par expérience la moitié des tubes neufs vendus ne sont pas en spécifications. D'où mon intérêt pour faire mes propres mesures... La troisième règle, c'est d'avoir un (très) bon tube en inverseuse de phase, celle qui est juste avant les tubes de puissance. En neuf, on peut privilégier les JJ ECC803s et Sovtek LPS (plaques longues), elles sont en général parfaites dans ce rôle-ci.
Ce serait dommage de sous exploiter un tel ampli à cause de tubes complètement rincés...
Update 23 septembre 2023 :
Toute bonne chose a une fin... pas forcément la tête qui elle marche encore sans problème, mais le pédalier Big Foot a fini par lâcher. Au départ je pensais à un problème avec les switchs temporaires, qui eux sont facilement remplaçables moyennant un peu de démontage et de soudure, mais le fait est que c'est le PCB (donc un ou des composants) qui posent problème. J'ai testé la connectique avec le câble 7 pins, il marche sans problème. Du coup, pas de possibilité de sélectionner le canal 2 ni le solo à partir du pédalier. Toutefois, je n'exclus pas un souci au niveau de la sélection des canaux sur la tête, n'ayant pas eu l'occasion de tester le pédalier sur une autre tête identique. Aussi, quasiment aucune possibilité de changer le pédalier. Mesa Boogie l'a toujours au catalogue mais ne le produit plus depuis un bon moment, aucun schéma électronique n'est disponible et le marché de l'occasion est bouché, avec des prix des fois assez indécents. On a bien compris que le modèle économique de Mesa Boogie est de faire de l'exclusif, donc du fric... Maintenant, il va falloir que je trouve une solution, probablement avec du switcher Midi, car une tête 3 canaux sans pédalier, c'est quand même un sacré gâchis pour qui veut faire de la scène... A suivre.
Update du 17 août 2024 :
Suite du (long) roman : j'ai franchi le cap en investissant dans un "switcher Voodoo Lab - Control Switcher" pilotable en Midi qui possède 4 switchs ON/OFF qu'on peut assigner aux 3 canaux de la tête ainsi qu'à la fonction Solo ou la fonction Loop. Pour cette dernière, pas la peine de tergiverser, j'ai modifié l'ampli et la boucle est en série et en mode ON permanent. Je m'explique : je suis un afficionado des amplis à boucles en série pour la simple et bonne raison que ce sont celles qui sonnent le mieux (question d'expérience). Le son du préampli est intégralement envoyé dans la boucle et revient traitée par les effets qui y sont présents. Plus aucun problème de mix. entre le son dry et le son wet, qui engendre tout un tas de problèmes de phase et donne souvent des sons dégueulasses avec un buffer inadapté aux pédales dans la boucle. La Dual rectifier est réputée pour avoir une boucle très capricieuse, donc j'ai décidé d'ouvrir la bête et de procéder à une opération qui consiste à court-circuiter tout l'étage qui fait office de mixeur et de buffer. On peut trouver facilement la procédure en fouillant sur le net. Le résultat, une boucle en position ON permanente et en série pure. Je vous assure que la qualité du son de la boucle est la grande gagnante ! Et si je la shunte en mettant le pedalboard en court-circuit entre Send et Return, le son de l'ampli est entièrement préservé, c'est entièrement transparent. Mais je ne me suis pas arrêté là. J'ai aussi remplacé le potard de gain du troisième étage par un potard logarithmique 1 MOhm à la place du potard 250 kOhm d'origine : le résultat est un gain qui attaque plus fort d'entrée, et qui à midi envoie la pleine mesure de ce que l'ampli à dans le bide sans rajouter de la boue. Aussi, j'ai giclé la capa électrolytique 1µF du bypass de la cathode du tube d'entrée (V1) et remplacée celle ci par une capa polyester de 0.47µF. Pourquoi faire ? Eh bien la capa de 0.47µF permet de repousser la fréquence de coupure du filtre passe-bas de l'étage d'entrée des très basses fréquences (quelques dizaines de Hertz donc presque des infra-basses) vers les très bas médiums à environ 120 Hz : en conséquence, je dégage de l'équation une bonne partie de la bouillasse présente de manière inhérente sur tous les canaux de la tête. Entre la capa et le potard, j'obtiens une sorte de clean-boost sur le canal 3 et je "nettoie" les canaux 1 et 2 du surplus de basses. Au final, un ampli beaucoup plus exploitable, un clean vraiment propre et plus "fenderien", un canal 2 qui respire vraiment le gros crunch Marshall et le gain du canal 3 qui donne sa pleine mesure avec un côté plus tight moderne. Avec une OD devant, c'est l'avoinerie façon EVH5150III ou Bogner Uberschall, tout en ne dévoyant pas ce grain typique Dual Rectifier. Le résultat est une tête à 100% exploitable pour mes besoins, devenue plus polyvalente, et avec le switcher midi c'est un véritable plaisir. La modification m'a coûté environ 8 euros en composants (autant prendre un bon potard), donc quand on sait ce qu'on fait ce serait dommage de passer à côté de l'occasion... Avec le recul, je ne comprends pas trop certains des choix des designers de Mesa sur cette série de Dual Rectifier, mais c'est un autre débat...
Je l'utilise depuis 2 mois maintenant, de manière assez intensive. Alors que dire de plus que ce qui a déjà été dit ? On va s'attarder sur les réglages vu que c'est la pierre angulaire de cet ampli. Avec cet ampli, oubliez ce que vous croyez savoir sur tous les amplis à lampes. Avec un JCM800 ou un 5150, tu branches, tu mets tout à midi et ça envoie direct le steak avec un son exploitable. Avec une Dual Rectifier, t'as de la boue si tu la règles comme tu règlerais un des amplis pré-cités. On va déjà aller dans l'ordre des canaux...
Canal 1 :
Deux positions, clean donc, ou pushed qui comme son nom l'indique pousse le clean vers l'OD. Alors la Dual Rectifier n'est PAS un ampli pour du clean. En ayant un gain relativement faible, ça envoie déjà du bois avec une grosse attaque au médiator. Autre particularité, le gain joue beaucoup sur le volume, et même avec le master du canal clean à fond, si le gain est faible, ça ne sort pas des masses. Donc c'est assez délicat... Ne comptez donc pas faire un arpège ultra clean à la Fender avec cet ampli, c'est peine perdue. A la rigueur, c'est un canal crunch très convaincant. Pour faire ressortir vraiment le son (comparé aux autres canaux beaucoup plus nerveux), je pousse les boutons d'EQ à 3h00 et je fais de même avec la présence... C'est pas la panacée mais c'est un compromis pas trop vilain avec des micros passifs. Avec des actifs, on va baisser la présence et les aigus...
Canal 2 :
Trois positions, raw, vintage et modern... Raw, c'est assez maigrelet entre nous. Je n'utilise pas cette configuration car le grain est vraiment trop "sali" sans pour autant qu'il y ait beaucoup de dynamique, et une fois de plus, le volume est faible. Avec la position vintage, on attaque enfin les choses sérieuses. Du coffre, un bon overdrive chantant, du gain facilement paramétrable, et un EQ pas trop capricieux. Parfait pour un bon crunch avec des médiums présents et une dynamique qui restitue bien le jeu. On commence à entendre le caractère bien trempé de cet ampli. C'est d'ailleurs sur cette configuration que je joue ce canal... La position modern possède un peu les mêmes qualités que la précédente, à ceci près que le gain prend une claque et que les hauts médiums sont creusés, avec une grosse présence des bas médiums, ce qui est la marque de fabrique légendaire du Dual Rectifier, quelle que soit la série. En poussant le gain, on attaque vraiment le gros métal, et avec une OD en façade (j'utilise une Maxon OD808 et une EH East River Drive), ça arrache de manière assez viril. On commence d'ailleurs à galérer avec l'EQ et la présence, car en poussant le gain on s'aperçoit que la frontière entre un son des Dieux et la boue ou la scie circulaire est assez ténue. Un quart de tour sur la présence ou les médiums et vous avez vraiment des choses assez radicales qui apparaissent (et pas forcément inintéressantes)...
Canal 3 :
Comme le canal 2, les mêmes réglages, les mêmes qualités et défauts et surtout un gain plus important et des hauts médiums encore plus creusés. Aussi, il faut vraiment veiller à ne pas mettre trop de présence au risque de voir une tronçonneuse sur du métal vous sauter à la gorge, et il va falloir jouer avec les 3 boutons d'EQ et de gain pour avoir quelque chose dont vous rêvez... Et quand on y arrive, c'est vraiment la claque ! En position modern, c'est LE SON Dual Rectifier, avec une OD en amont qui vous permet de rajouter du gain sans trop en mettre sur l'ampli (au delà de 02h30 le gain commence à devenir ingérable et va ruiner le grain). En jouant sur ces paramètres et en choisissant le bon accordage et les bons micros, vous pouvez passer sans aucun problème du son Rammstein à celui de Metallica, en passant par les groupes de Rock Californiens, Cannibal Corpse ou Strapping Young Lad. C'est ultra agressif tout en ne fatigant pas l'oreille, et surtout, cet ampli a une dynamique ahurissante ce qui fait qu'on peut jouer sur le volume de la guitare et l'attaque du médiator pour passer d'un gros crunch à une saturation diabolique sur ce même canal sans rien toucher. Il faut être honnête une Dual Rectifier a beaucoup moins de gain qu'une 5150, une Soldano ou même une Rectifier Badlander, mais elle compense par une dynamique assez incroyable et ce grain inimitable.
J'ai essayé pas mal de différents baffles (je possède un 412 Engl Vintage 30 et un 412 Mesa Rectifier Std mais je n'ai pas encore testé la tête dessus) avec le Torpedo, et il n'y a pas à tortiller du cul 107 ans : cette tête sonne très bien avec des V30, que ce soit le Mesa 412 Std ou Oversized, du Orange ou du Engl. Le côté creusé des hauts-médiums est compensé par ce type de haut-parleurs. Avec du G12T-75 Marshall ou des Greenback, la combinaison est beaucoup moins convaincante et flatteuse, l'ampli sonne plus criard et "boxy". L e G12H EVH s'en tire avec les honneurs et donne une grosse pêche aux bas médiums avec un grain serré... Bref, dans un contexte studio et réamping, c'est vraiment un ampli "joueur".
Aussi, j'ai testé des combinaisons d'amplis, et le mariage EVH5150III 50 Stealth qui a des hauts-médiums ultra ciselés et Dual Rectifier avec ses bas médiums pêchus est un mariage très heureux, que ce soit en double ou en quad tracking. Pas mal de groupes de Métal moderne utilisent ce type de combinaison.
Venons en aux autres réglages.Le footswitch permet de sélectionner les 3 canaux, la fonction "Output" qui est la sortie général, la fonction "solo" qui envoie quelques décibels de plus une fois enclenchée (et c'est paramétrable), et la boucle d'effets. La boucle d'effet est tout un programme qui va en dérouter plus d'un. Déjà, c'est une boucle parallèle dont le mix "effets/préamp pur" est paramétrable mais ne permet pas d'avoir une pure boucle en série comme sur une 5150. A la rigueur on est sur du 90% effets et 10% préamp quand on pousse le mix au maximum. J'utilise de toute façon la boucle avec le 90/10 car sans cela les effets sont durs à gérer. Aussi, la boucle est assignable à un des trois canaux, ou déclenchable via le pédalier, c'est selon la position du bouton "loop" en face arrière.
Passons sur les autres fonctions "légendaires" de la Dual Rectifier. Les fonctions Spongy / Bold et Silicon Diodes / Rectifier. La fonction Bold donne à l'ampli sa pleine mesure avec une tension maximale dans le circuit, c'est à dire que du 230 volts est envoyé dans le transformateur d'entrée, comme n'importe quel autre ampli à lampes. La fonction Spongy quand à elle simule l'utilisation d'un Variac en entrée de transformateur (ce que faisait Eddie Van Halen pour donner son fameux "Brown Sound"), ce qui réduit la tension d'environ 75 volts. Il en résulte un niveau de sortie moindre, mais un grain différent, plus serré. De plus, ce mode permet de moins "taper" dans les lampes de puissance, mais il y a moins de headroom. Je préfère le mode Bold personnellement... Ceci dit, c'est une possibilité intéressante. La fonction Silicon Diodes indique que le redressement du courant alternatif d'entrée (les lampes fonctionnent en courant continu) se fait via des diodes, donc du "solid state". C'est là que l'ampli donne sa patate maximale et que le grain est le plus "violent" avec des aigus et une présence agressifs. Le redressement (rectification) via les lampes 5U4GB réduit sensiblement le volume, mais atténue aussi ces aigus très agressifs. Du coup, le redressement via les lampes peut être très intéressant pour des parties de lead ou bien même le clean. Bref, vous l'aurez compris, on peut faire beaucoup de choses avec une Dual Rectifier, tout sauf ce qui se fait de façon standard sur d'autres amplis, et c'est là tout l'intérêt d'avoir ce type de tête dans son arsenal...
Pour résumer les points positifs :
- le son caractéristique qui a défini tout un tas de styles des années 90 et au delà.
- une polyvalence ahurissante avec des possibilités quasi-infinies.
- une gueule pas possible, avec un format un peu plus compact qu'une 5150 par exemple.
- la boucle d'effet paramétrable dans tous les sens.
- l'ampli de rêve pour qui veut vraiment trouver son propre son.
- superbe combinaison avec d'autres amplis high-gain plus typés médiums/hauts-médiums (5150, Marshall, Orange...).
- un respect total de la guitare et des micros utilisés. La différence entre du passif, de l'EMG ou du Fishman Fluence est criante. Idem avec le gain des micros.
- les harmoniques artificielles sortent très facilement. Mais c'est le lot de tous les amplis avec ce type de gain...
- ampli très peu bruyant. Avec le gain au 2/3 et une Tube Screamer en façade, on a moins de bruit que sur une 5150 sans la TS... Le câblage est bien conçu et les transformateurs sont placés de façon à ce que l’interaction (cross-talk magnétique) entre eux soit minimale.
Ensuite, les points négatifs (qui sont les conséquences des points positifs) :
- une vraie usine à gaz qui peut rebuter ceux qui ne veulent pas se prendre la tête pour trouver un son.
- l'importance de noter très précisément ses réglages une fois ceux-ci obtenus. Ne comptez pas sur votre mémoire !!!
- la tête pèse son poids. Après c'est un 100W avec des transformateurs surdimensionnés, donc plutôt fiable...
- le niveau de sortie des différents modes sur les différents canaux est vraiment compliqué à gérer, et une petite modification d'ampli serait la bienvenue.
- pas de vrais cleans.
Évidemment, l'exclusivité de ce type d'ampli gomme les points négatifs, mais il faut en être conscient avant d'acquérir cette tête. Par exemple, une Laboga Mr. Hector vous rapprochera de ce son moderne sans pour autant avoir le côté usine à gaz. Si je devais refaire ce choix ? Bien entendu ! Avoir cet ampli était une de mes quêtes, et je n'ai pas fini d'explorer tous les "niveaux". Il trouve une place de choix entre mes autres amplis...
Petite précision : ma tête utilise des tubes de puissance 6L6GC, mais un switch permet de changer le bias (fixe sur cet ampli) pour y mettre des EL34. Pas mal d'utilisateurs sont passés aux EL34 (qui donnent souvent un son plus plein et rond que les 6L6GC plus agressives), donc peut être qu'un jour je ferai le test...
Pour ce qui est des tubes, il faut être honnête, Mesa n'est absolument pas réputé pour la qualité de ses tubes. Le tri n'est pas terrible et surtout la plupart des tubes ne sont pas dans les spécifications. Alors oui vous avez des paires et des quartets de puissance équilibrés (heureusement !), mais les specs des tubes sont très loin des standards requis. Idem pour les tubes de préamplifications (12AX7 / ECC83). Je possède un testeur de tubes Metrix 310 (un autre de mes hobbies) parfaitement calibré, et j'ai pu vérifier ce qu'avaient dans le ventre les tubes Mesa de ma Dual Rectifier (qui a été retubée voici quelques temps avant mon acquisition). Aucun tube en specs, et pas qu'un peu ! Des courants anodiques rachitiques sur toutes les 12AX7 (une moyenne de 0.5mA au lieu de 1.2mA !), et des 6L6GC pas en grande forme du tout (à peine 40mA en moyenne au lieu des 72mA nominaux pour ce type de tube, et un appairage plutôt médiocre avec des disparités de l'ordre de 20%). Alors on parle souvent des tubes comme une forme de pignole d'audiophile, mais ma "petite" expérience (qui se compte en décennies aujourd'hui) m'a permis tout de même de faire le tri entre le mythe et la réalité. Je possède du tube neuf (fabriqué par JJ, Sovtek ou Shuguang) mais aussi du NOS que j'ai patiemment caractérisé et trié. Et j'ai donc une liste assez complète de toutes les spécifications (courant anodique, transconductance, gain, résistance etc.), et je sais quel tube est bon ou pas...
Première étape, changement des tubes de puissance pour un quartet de Sovtek 6L6WXT+ parfaitement équilibré et en specs. Le son est plus vivant, le niveau de sortie est amélioré, le spectre sonore plus large et dynamique. Mais il restait encore pas mal de soucis au niveau de la qualité du grain...
Deuxième étape, les tubes de préamplification, et là c'est carrément le jour et la nuit. Le son était assez fin sur le canal clair et manquait de corps dans les basses. Pour les canaux 2 et 3, comme expliqué précédemment, le son devient boueux quand on pousse le gain au delà des 2/3 et on doit compenser en baissant les basses et un peu les médiums, ce qui dégrade le grain. J'ai donc viré les 5 12AX7-A estampillées Mesa (une Russe de chez Sovtek et 4 Chinoises), et collé en V1 une NOS RTC ECC83 fabriquée par La Radiotechnique avec des specs royales, une autre NOS RTC 12AX7S en V2 (visiblement une fabrication de chez Mullard) aux specs très correctes, une troisième NOS Valvo ECC83 Made In Germany en V3, une JJ ECC83s avec des specs nickel en V4 sur la boucle et pour finir, une quatrième NOS Miniwatt Dario 12AX7 Hollandaise ultra équilibrée et avec un gros courant anodique en V5 (Inverseuse de phase, à ne JAMAIS négliger). Branlette ? Pas branlette ? Le verdict est sans appel : un niveau de sortie qui a gagné au moins 6db, un son clair nettement plus plein, avec de belles basses rondes, un niveau de sortie de la boucle qui a sacrément augmenté également, et que dire des canaux 2 et 3 (dépendant des tubes V1, V2 et V3) : plus de gain, plus de volume, plus de basse exploitable, plus de médiums, moins d'aigus qui fuzzent, moins de boue, plus de corps. On peut pousser le gain presque à fond, les basses ne bavent plus comme elles le faisaient auparavant. Et bien entendu, le grain est parfaitement respecté, on retrouve tout ce qui fait d'une Dual Rectifier une Dual Rectifier. L'ampli a gagné une seconde jeunesse et au moins on peut vraiment jouer un peu plus sur la course des boutons en évitant la sortie de route...
Pour conclure, il est important d'avoir des tubes de bonne facture. Récents ou vieux, peu importe. La première règle, c'est déjà de mélanger les constructions (Une EH + une JJ + Tung-Sol + une Sovtek, ça fait la farce) ce qui permet de ne pas "cantonner" le grain d'un ampli sur un type de spectre en fréquences. La seconde règle, c'est d'être à peu près sûr d'avoir des tubes en forme, et là j'avoue que c'est compliqué quand on n'a pas le matériel, car par expérience la moitié des tubes neufs vendus ne sont pas en spécifications. D'où mon intérêt pour faire mes propres mesures... La troisième règle, c'est d'avoir un (très) bon tube en inverseuse de phase, celle qui est juste avant les tubes de puissance. En neuf, on peut privilégier les JJ ECC803s et Sovtek LPS (plaques longues), elles sont en général parfaites dans ce rôle-ci.
Ce serait dommage de sous exploiter un tel ampli à cause de tubes complètement rincés...
Update 23 septembre 2023 :
Toute bonne chose a une fin... pas forcément la tête qui elle marche encore sans problème, mais le pédalier Big Foot a fini par lâcher. Au départ je pensais à un problème avec les switchs temporaires, qui eux sont facilement remplaçables moyennant un peu de démontage et de soudure, mais le fait est que c'est le PCB (donc un ou des composants) qui posent problème. J'ai testé la connectique avec le câble 7 pins, il marche sans problème. Du coup, pas de possibilité de sélectionner le canal 2 ni le solo à partir du pédalier. Toutefois, je n'exclus pas un souci au niveau de la sélection des canaux sur la tête, n'ayant pas eu l'occasion de tester le pédalier sur une autre tête identique. Aussi, quasiment aucune possibilité de changer le pédalier. Mesa Boogie l'a toujours au catalogue mais ne le produit plus depuis un bon moment, aucun schéma électronique n'est disponible et le marché de l'occasion est bouché, avec des prix des fois assez indécents. On a bien compris que le modèle économique de Mesa Boogie est de faire de l'exclusif, donc du fric... Maintenant, il va falloir que je trouve une solution, probablement avec du switcher Midi, car une tête 3 canaux sans pédalier, c'est quand même un sacré gâchis pour qui veut faire de la scène... A suivre.
Update du 17 août 2024 :
Suite du (long) roman : j'ai franchi le cap en investissant dans un "switcher Voodoo Lab - Control Switcher" pilotable en Midi qui possède 4 switchs ON/OFF qu'on peut assigner aux 3 canaux de la tête ainsi qu'à la fonction Solo ou la fonction Loop. Pour cette dernière, pas la peine de tergiverser, j'ai modifié l'ampli et la boucle est en série et en mode ON permanent. Je m'explique : je suis un afficionado des amplis à boucles en série pour la simple et bonne raison que ce sont celles qui sonnent le mieux (question d'expérience). Le son du préampli est intégralement envoyé dans la boucle et revient traitée par les effets qui y sont présents. Plus aucun problème de mix. entre le son dry et le son wet, qui engendre tout un tas de problèmes de phase et donne souvent des sons dégueulasses avec un buffer inadapté aux pédales dans la boucle. La Dual rectifier est réputée pour avoir une boucle très capricieuse, donc j'ai décidé d'ouvrir la bête et de procéder à une opération qui consiste à court-circuiter tout l'étage qui fait office de mixeur et de buffer. On peut trouver facilement la procédure en fouillant sur le net. Le résultat, une boucle en position ON permanente et en série pure. Je vous assure que la qualité du son de la boucle est la grande gagnante ! Et si je la shunte en mettant le pedalboard en court-circuit entre Send et Return, le son de l'ampli est entièrement préservé, c'est entièrement transparent. Mais je ne me suis pas arrêté là. J'ai aussi remplacé le potard de gain du troisième étage par un potard logarithmique 1 MOhm à la place du potard 250 kOhm d'origine : le résultat est un gain qui attaque plus fort d'entrée, et qui à midi envoie la pleine mesure de ce que l'ampli à dans le bide sans rajouter de la boue. Aussi, j'ai giclé la capa électrolytique 1µF du bypass de la cathode du tube d'entrée (V1) et remplacée celle ci par une capa polyester de 0.47µF. Pourquoi faire ? Eh bien la capa de 0.47µF permet de repousser la fréquence de coupure du filtre passe-bas de l'étage d'entrée des très basses fréquences (quelques dizaines de Hertz donc presque des infra-basses) vers les très bas médiums à environ 120 Hz : en conséquence, je dégage de l'équation une bonne partie de la bouillasse présente de manière inhérente sur tous les canaux de la tête. Entre la capa et le potard, j'obtiens une sorte de clean-boost sur le canal 3 et je "nettoie" les canaux 1 et 2 du surplus de basses. Au final, un ampli beaucoup plus exploitable, un clean vraiment propre et plus "fenderien", un canal 2 qui respire vraiment le gros crunch Marshall et le gain du canal 3 qui donne sa pleine mesure avec un côté plus tight moderne. Avec une OD devant, c'est l'avoinerie façon EVH5150III ou Bogner Uberschall, tout en ne dévoyant pas ce grain typique Dual Rectifier. Le résultat est une tête à 100% exploitable pour mes besoins, devenue plus polyvalente, et avec le switcher midi c'est un véritable plaisir. La modification m'a coûté environ 8 euros en composants (autant prendre un bon potard), donc quand on sait ce qu'on fait ce serait dommage de passer à côté de l'occasion... Avec le recul, je ne comprends pas trop certains des choix des designers de Mesa sur cette série de Dual Rectifier, mais c'est un autre débat...