Sujet de la discussionPosté le 02/12/2011 à 22:19:13La technologie a permis à des chercheurs américains de copier le fameux violon du luthier italien.
Souvent copiés, jamais égalés, tel pourrait être le slogan des Stradivarius. Les violons, créés par le luthier italien Antonio Stradivarius au 18è siècle, sont toujours aujourd'hui considérés comme l'excellence même. Mais tous ceux qui avaient tenté de reproduire la qualité du son de ces instruments s'étaient jusqu'à présent cassé les dents. Les progrès de la technologie vont peut-être mettre fin à trois siècles de mystère : des chercheurs américains ont réussi à "cloner" un Stradivarius grâce au scanner, rapporte la BBC.
Un moment de désœuvrement, une idée de génie
Tout commence en 1988. Steven Sirr est alors un jeune radiologue, professeur assistant à l'Université du Minnesota. Il emmène souvent son violon au bureau pour jouer pendant ses pauses. Un week-end, alors qu'il est appelé pour superviser le scanner d'une victime de fusillade, il apporte son instrument, qu'il pose à côté de la machine. "Lorsque le patient est parti au bloc opératoire, je me suis retourné, j'ai vu mon violon et je me suis dit : 'ça pourrait être intéressant de le scanner'", se souvient-il.
Alors qu'il s'attend à trouver seulement "une coque en bois entourée d'air", Steven Sirr est surpris du résultat. "J'ai vu un tas de détails dont je n'avais pas idée", raconte-t-il. Il montre les résultats du scanner à un ami luthier. Et pendant deux ans, les deux hommes scannent une centaine d'instruments. Résultat : ils découvrent des trous causés par des vers, des craquelures et d'autres petites lésions qui donnent aux instruments leur son particulier.
Un Stradivarius en 3D
Enfin, ils finissent par emprunter un Stradivarius. Le millier d'images révélées grâce au scanner permet au radiologiste et à deux luthiers de créer une image virtuelle en 3D du violon. "Nous avons utilisé les scanners pour déterminer la densité du bois dont est fait le violon, ce qui aurait pu n'être fait sinon qu'en le disséquant - et bien sûr c'était hors de question", explique Steven Sirr. Une machine a ensuite utilisé ces données pour sculpter les différentes parties de l'instrument dans des variétés de bois différentes. Elles ont finalement été assemblées et vernies à la main.
Trois copies du Stradivarius sont pour le moment nées de la technologie. "La qualité du son des copies est incroyablement semblable à celle de l'originale", s'enthousiasme Steven Sirr. "Lorsque nous avons fait ces violons, nous avons aussi copié les évolutions qui se sont produites depuis 300 ans, comme les déformations du bois", explique-t-il.
Steven Sirr espère désormais pouvoir répéter l'opération pour permettre à de jeunes musiciens de jouer sur des "copies presque parfaites". En juin dernier, un Stradivarius a été vendu aux enchère près de 12 millions d'euros.